(Onze heures cinquante-huit minutes)
M. Leitão :
Alors,
bonjour. Bonjour, tout le monde. Écoutez, il faut parler un petit peu d'économie
pour, essentiellement, deux raisons. La première, c'est que nous avons eu, la
semaine dernière, le 18 mai, la confirmation — comme si on en
avait besoin — que le taux d'inflation est encore très élevé :
6,8 % pour le mois d'avril. Et ça, c'était, si vous avez fait attention
aux détails, malgré le fait que le mois d'avril, le prix de l'essence avait
baissé, hein? Donc, pour le mois de mai, les chiffres sortiront à la mi-juin,
moi, je m'attends que ça soit encore un taux d'inflation encore plus élevé
puisqu'il y a eu le rebond important du prix de l'essence pendant le mois de
mai.
On voit aussi que les prix de l'alimentation
augmentent. La guerre en Ukraine est très loin de... est en train de s'enliser,
et ça va rester encore longtemps. Et, ce qu'on commence, maintenant, à craindre
beaucoup, c'est une véritable crise alimentaire parce que l'Ukraine... un grand
exportateur de grains et d'autres produits alimentaires, et qu'ils ne sortent
plus du pays. Donc, la situation alimentaire mondiale va se dégrader, et l'inflation
va demeurer très élevée pendant encore un bon bout de temps. Les banques
centrales commencent à nous dire que, dans ces circonstances-là, la hausse du
taux d'intérêt va être plus forte et pendant plus longtemps que ce qu'on
pensait avant. Et tout ça, probablement, veut dire que la croissance économique
mondiale, canadienne, québécoise va ralentir beaucoup.
Alors, dans un tel contexte, nous pensons
que le gouvernement doit agir, et doit agir maintenant. Ce n'est pas plus tard,
c'est maintenant qu'il faut commencer à se préparer à ce qui s'en vient. Et, en
plus, on a les moyens. Je finis avec ça, là, parce que je pourrais continuer
longtemps. On a les moyens, parce que vous avez aussi vu, la semaine dernière,
la publication du rapport mensuel des opérations financières, et le
gouvernement nous dit, maintenant, que, surprise, surprise, on a 2,8 milliards
de plus de revenus. Ce n'est pas une si grande surprise que ça. M. Lacroix,
on avait jasé un peu de ça, là, quand le PIB nominal atteint de tels niveaux, c'est
clair que les revenus de l'État augmentent beaucoup plus que prévu. Donc,
ironiquement, l'inflation, du moins à court terme, fait rentrer vraiment
beaucoup d'argent dans les coffres de l'État. Donc, l'État a les moyens, a les
moyens d'agir maintenant, et c'est maintenant qu'il faut agir parce que ce qui
s'en vient est vraiment préoccupant.
Et je pense que nos citoyens en général,
et ce n'est pas seulement les personnes les plus vulnérables, mais la classe
moyenne, ce n'est pas facile, ce n'est pas facile d'équilibrer le budget
familial quand on doit dépenser beaucoup plus en énergie, en essence et
beaucoup plus en alimentation. Donc, le budget familial est sous une grande
tension, et le gouvernement doit agir, et doit agir maintenant.
Je passe la parole à mon collègue député
de Pontiac.
M. Fortin :Merci, M. Leitão. Bonjour, tout le monde. Merci d'être
là. Aujourd'hui, après la période des questions, il y aura vote d'adoption
finale du projet de loi n° 96. Je le réitère, le
Parti libéral du Québec votera contre l'adoption du projet de loi n° 96 parce qu'on pense fondamentalement que la protection,
la promotion de la langue française, ça ne passe pas par outrepasser la charte
des droits et libertés, ça ne passe pas par limiter l'accès aux cégeps pour les
francophones, ça ne passe pas par un refus de protéger les langues des
Premières Nations et ça ne passe pas par des mesures qui peuvent inquiéter la
communauté anglophone par rapport à ses services, par rapport à ses droits non
plus.
Alors, au-delà de tout ça, l'approche de
la Coalition avenir Québec en matière de vivre-ensemble, en matière de langue
française est problématique parce qu'elle met en face à face, un peu, les
besoins de différentes communautés. On l'a vu dans le refus éventuel du projet
d'agrandissement du collège Dawson, où on privilégie les collèges francophones
devant les collèges anglophones. Et on le dit comme ça. Ce n'est pas une façon
de faire acceptable pour nous, ce n'est pas une façon de gouverner, ce n'est
pas une façon de s'assurer un accès équitable aux services pour l'ensemble de
la population. Alors, aujourd'hui, on votera contre le projet de loi n° 96.
Mme Prince (Véronique) : Avez-vous
l'impression que, malgré vous, vous avez quand même donné un élan à ce projet
de loi là? Dans le sens qu'on n'en parlait pas tant que ça dans les derniers
mois, le gouvernement lui-même avait l'impression que ça ne levait pas, puis
là, quand les amendements ont été proposés par le Parti libéral, puis, après
ça, vous avez voulu modifier vos amendements, ça a été refusé, c'est comme si c'était
à ce moment-là que c'est arrivé vraiment dans le débat public. Est-ce que vous
avez fait lever, malgré vous, le projet de loi n° 96?
M. Fortin :Bien, je pense que c'est inévitable qu'à un moment ou à un
autre, au cours de l'étude d'un projet de loi, là, qu'il y ait certaines
évidences qui deviennent encore plus évidentes, qu'il y ait certains faits qui
soient soulevés. Au même moment que vous soulignez, le gouvernement a choisi de
mettre un cap sur le nombre d'étudiants dans les collèges anglophones, et ça
aussi, ça a soulevé...
Une voix : ...
M. Fortin :
C'était, en fait, le même jour. Mais c'est à ce moment-là, lorsque le
gouvernement a présenté des amendements supplémentaires également, où il y a eu
des interventions musclées de la part de plusieurs dans la communauté
anglophone. Alors, je pense que le moment était inévitable où plusieurs... tant
dans la communauté anglophone que chez les francophones qui voient un peu leurs
droits... leur accès aux cégeps anglophones brimé, c'était inévitable que ça
devienne un peu plus discuté sur la place publique.
Et là j'entends, justement, par rapport à
cet enjeu-là, de... j'entends de la part du Parti québécois qu'ils vont voter
contre entre autres parce que la loi 101 n'est pas appliquée aux cégeps.
Je tiens à les rassurer, la loi 101 est essentiellement appliquée aux
cégeps. À terme, c'est ce qui va se produire. Le gouvernement ne le fait pas
par la porte d'en avant, il le fait par la porte d'en arrière. Ils ne le diront
jamais vraiment comme ça, mais il va être plus difficile d'accès pour les
collèges anglophones pour un étudiant francophone. Et je m'excuse, ce n'est pas
vrai que, parce qu'on va dans un cégep anglophone, un francophone va perdre sa
langue, un francophone va être assimilé, ce n'est pas le cas. Alors, j'ai l'impression
qu'il y a des gens, à la Coalition avenir Québec, qui étaient contre l'application
de cette mesure-là, que ce soit le ministre Girard, le ministre Fitzgibbon, la
vice-première ministre, qui se sont fait flouer par Simon Jolin-Barrette parce
qu'à terme c'est ça qui va se produire, il va y avoir, essentiellement,
application de la loi 101 aux cégeps.
M. Laforest (Alain) : Est-ce
qu'il y a nécessité de protéger la langue française, particulièrement à
Montréal?
M. Fortin :Je pense qu'il y a toujours nécessité de protéger la langue
française.
M. Lacroix (Louis) : Mais
de quelle façon est-ce qu'on peut le faire?
M. Fortin :Bien, au cours des derniers mois, là, on a fait une série
de propositions. On a présenté un projet de loi, également, ici, à l'Assemblée
nationale, pour faire en sorte que des cours de français étaient accessibles à
l'ensemble de la population : francophone, anglophone, nouvel arrivant au
Québec. Il y a des façons de protéger la langue française, on les a étalées en
long et en large.
M. Laforest (Alain) : Mais
pas avec cette loi-là?
M. Fortin :Mais non. C'est parce que, cette loi-là, ce qu'elle fait,
essentiellement, c'est qu'elle crée un face-à-face entre certaines parties de
la population. C'est l'approche du gouvernement en matière de langue française
au net, là, qui crée cette division-là, qui crée ce face-à-face-là. Et il y a
meilleure façon de faire pour protéger la langue française que d'outrepasser la
charte des droits et libertés. Et c'est normal qu'en outrepassant la charte des
droits et libertés certains citoyens soient inquiets de leurs droits et de leurs
libertés.
M. Lacroix (Louis) : Mais
vous rendez-vous compte que, quand vous adoptez cette position-là puis vous
dites tout ça, là, à un moment donné, vous avez un déficit de crédibilité parce
que, pendant le processus d'étude article par article, vous êtes arrivés avec
des amendements qui renforçaient l'obligation de suivre des cours de français
pour les anglophones? Puis, après ça, vous dites : Bien là, ça va trop
loin. Alors, vous n'avez pas un déficit de crédibilité en défendant cette
position-là?
M. Fortin :Moi, je pense que c'est normal à...
M. Lacroix (Louis) : ...une
erreur, ça? C'était une bulle au cerveau? C'était quoi?
M. Fortin :On a déjà fait état en long et en large de cette
situation-là. Mais ce que je vous dis, c'est que je regarde le projet de loi,
aujourd'hui, et, effectivement, je regarde la réaction de plusieurs, je regarde
les inquiétudes aussi de la part de francophones qui ne pourront pas avoir
accès à des collèges anglophones, alors qu'ils veulent simplement apprendre une
bonne maîtrise de la langue anglaise qui pourrait leur servir tout au long de
leur vie. Il y a des inquiétudes majeures par rapport à ce projet de loi là, et
je comprends les gens qui sont inquiets.
M. Robillard (Alexandre) : Est-ce
que l'exclusion de Mme Montpetit était sans fondement?
M. Fortin :Je vous avoue que, ces discussions-là, je n'en ai pas les
teneurs en long et en large, alors je ne peux pas me prononcer sur le fond de
la chose. Je fais confiance à la cheffe, et à l'information qu'elle avait, et
aux décisions qu'elle a prises.
M. Robillard (Alexandre) : Mais
est-ce que le fait qu'elle dise qu'il n'y ait pas de plainte formelle à
l'Assemblée nationale, c'est quelque chose qui, selon vous, là, devrait
discréditer la décision de Mme Anglade?
M. Fortin :Mais remettez-vous dans le contexte de ce moment-là, là. Il
y avait toutes sortes d'informations qui étaient livrées dans les journaux, il
y avait, également, de l'information qui était disponible à la cheffe pour sa
décision. Mais, sans avoir le fond des choses, je ne peux pas me prononcer,
moi, je fais confiance à la cheffe que la bonne décision a été prise dans cette
situation-là.
Mme Plante (Caroline) : Mais
donc est-ce que les députés ont pu en discuter? Est-ce que les députés ont été
consultés?
M. Fortin :Je n'ai pas l'intention de discuter des discussions de
caucus ici.
M. Laforest (Alain) : Étiez-vous
à l'aise avec cette décision-là, vous?
M. Fortin :Je fais confiance à la cheffe dans ces décisions-là.
M. Laforest (Alain) : M. Leitão,
étiez-vous à l'aise avec cette décision?
M. Leitão :
Bien sûr. Comme ce que mon collègue vient de dire, tout à fait, la cheffe
avait l'information et elle a pris sa décision, et j'ai entièrement confiance
dans la décision que notre cheffe a prise.
Mais, si vous voulez parler du projet de
loi n° 96, moi, j'aimerais ajouter quelque chose. L'histoire des six mois,
les six mois qu'on donne au... Parce que je veux que ce soit très clair, là. Nous
aussi, nous sommes entièrement contre ce délai de donner six mois à un nouvel
arrivant pour qu'il maîtrise la langue française. C'est impossible. Ça démontre
une méconnaissance profonde de la réalité de l'immigration.
J'ai fait un petit discours, là, mon petit
10 minutes, ce matin, au salon bleu, je vous invite à le réécouter,
c'était très bon. Mais j'ai raconté un peu mon histoire personnelle, parce que
c'est très important. Québec solidaire, ils ont leur point de vue, là, mais ils
n'ont pas le monopole de ces affaires-là, là. Ma mère, encore aujourd'hui, qui
a 87 ans, sa maîtrise du français est plus ou moins approximative. Pourtant,
ça ne l'a pas empêchée qu'un de ses fils devienne ministre des Finances du
Québec. Je pense que je m'exprime quand même relativement bien en français même
si ce n'est pas ma langue maternelle. Mes deux frères plus jeunes, qui étaient
plus jeunes que moi quand nous sommes arrivés, sont des enfants de la
loi 101, vous les entendriez parler, ce sont des Québécois, ils ont un accent
différent du mien. Moi, j'ai l'accent de ma femme, c'est un peu différent. Mais,
quand on est entre nous, les trois frères, là, on se parle en portugais. Est-ce
que c'est une menace à la langue française, le fait que nous parlons en
portugais, moi et mes frères? Bien non! Ce n'est pas notre langue maternelle,
mais c'est notre langue commune, nous nous exprimons en français.
Et c'est ce bout-là, là, vraiment, à moi,
personnellement, ça me dérange et ça me désole, surtout, d'entendre le premier
ministre mentionner, fois après fois, que l'immigration, c'est une menace à la
survie du français. Ça, là, je n'y arrive pas à...
M. Laforest (Alain) : Partons
de votre exemple. Oui, vous êtes une intégration, là, une réussite de l'intégration
au Québec, là, vous avez été ministre des Finances, nous êtes né au Portugal.
Comment on fait pour y arriver, justement, pour faire en sorte que des gens
puissent parler le cantonnais à la maison, le portugais, le yiddish et parler,
comme langue commune, le français, sortir des ghettos? Comment on y arrive?
M. Leitão : Bien, c'est ça.
C'est qu'il ne faudrait pas s'arrêter... Quand on étudie la question, quand on
regarde les indicateurs, à mon avis, il ne faut pas s'arrêter à regarder le
pourcentage de personnes, de citoyens québécois dont la langue maternelle est
le français. Il y a bien d'autres personnes, et surtout depuis la loi 101,
qui parlent français, qui maîtrisent le français. Donc, ce qu'une loi devrait
encourager, c'est d'encourager tout le monde à améliorer son français et à
s'exprimer en français. Et c'est ce bout-là qui n'est pas présent dans 96. Dans
le 96, c'est un marteau, bang! Et plus que ça, c'est un marteau qui accuse
directement la communauté anglophone : C'est votre faute si le français
est en péril. Ce n'est pas comme ça qu'on va arriver à créer une société où
tout le monde puisse vivre harmonieusement.
Mme Plante (Caroline) : M. Fortin,
sur Mme Montpetit, là, sans me dévoiler le contenu des discussions,
pouvez-vous juste me dire si vous avez pu, au caucus, en discuter?
M. Fortin :Bien, je pense que la décision a été effectivement
discutée. Cependant, l'information comme telle dont disposait la cheffe, quand
il y a des allégations, des informations de cette nature-là, c'est normal de ne
pas la partager et de garder ça dans un cercle restreint pour protéger les gens
qui peuvent être victimes, pour protéger l'ensemble de la situation. Alors,
effectivement, c'est de l'information que la cheffe avait et qui a été
discutée, là, dans un cercle très, très, très restreint. C'est normal, c'est la
chose à faire.
Mme Plante (Caroline) : Donc,
c'est une décision de la cheffe qui vous a été imposée?
M. Fortin :Et c'est pour ça je vous dis : Je n'ai pas l'information
sur le fond de la chose, alors je ne peux pas me prononcer sur est-ce que
c'était la chose appropriée à faire ou non. Moi, j'ai confiance que la cheffe a
pris la bonne décision dans cet enjeu-là.
Mme Plante (Caroline) : M. Leitão,
peut-être juste une petite question sur votre histoire que vous avez racontée.
Puis vous parlez de six mois. Québec solidaire, même s'ils vont voter pour le
projet de loi n° 96, disait quand même que cet article-là, c'est un manque
de compassion. Comment vous, vous le qualifieriez, cet article-là, sur le six
mois?
M. Leitão : C'est non
seulement un manque de compassion, mais un manque de connaissance de la réalité
de l'immigration. Ce qui est quand même étrange parce que, dans le caucus
caquiste, il y a quand même des personnes, puis je sais, qui connaissent bien
la réalité de l'immigration. Mais on dirait que, dans la haute sphère du
pouvoir caquiste, cette réalité-là demeure toujours méconnue. Et vraiment,
franchement, je ne comprends pas. J'ai même vu : Ah! mais regarde, en
Ontario, c'est comme ci, en Ontario... Mais non, ce n'est pas comme ça en
Ontario. En Ontario, il n'y a pas... vous savez, ce n'est pas décrit
formellement que l'État doit communiquer dans une langue autre que l'anglais,
mais il n'y a rien qui l'interdit non plus. Et la chose de la loi n° 96,
c'est qu'elle va interdire, interdire la communication entre l'État et les
nouveaux arrivants dans une langue autre que le français après six mois. Ça, je
trouve que c'est vraiment une mécompréhension totale de la réalité de
l'immigration.
M. Fortin :J'irais plus loin que ça, en fait, j'irais même plus loin.
Remettez-vous dans la peau d'un immigrant ou d'une immigrante, là. Souvent, on
a de la difficulté à arriver à la fin du mois, on a un, deux, trois emplois. On
a des enfants, des enfants qui ont des besoins auxquels il faut subvenir. On
tente par tous les moyens d'apprendre la langue commune ici pour bien pouvoir
prendre part à l'ensemble des activités sociétales ici. Et là on leur dit
qu'après six mois ils n'auront plus accès au centre local d'emploi dans une
langue qu'ils peuvent comprendre, ils n'auront plus accès aux services de base
du gouvernement dans une langue qu'ils peuvent encore comprendre. Ces gens-là
ont besoin des services du gouvernement pas mal plus que vous, et moi, et mon
collègue en ce moment. Alors, de les priver de ces services-là, il y a quelque
chose de méchant dans ce que le gouvernement propose aujourd'hui.
M. Leitão : Et j'ajouterais
un autre élément très personnel. Écoutez, on y va avec la personnalisation des
choses. Mon père, mon père avait quand même une meilleure maîtrise du français
que ma mère, mais mon père, malheureusement, assez tôt, à 65, 66 ans, a
commencé à souffrir de démence, alzheimer, et tout ça. Et, vous savez très bien,
dans une situation surtout d'alzheimer, une des premières choses qui arrivent,
c'est qu'on se replie sur notre langue maternelle. Les autres langues, on les
oublie, on n'est plus capable de communiquer. Donc, mon père, assez rapidement,
là, un ou deux ans après le début de sa maladie, n'arrivait plus à parler en
français ou en anglais, c'était juste en portugais. Donc, l'État, les services
de santé, doit être flexible pour pouvoir reconnaître de telles situations et
donner les services de santé et services sociaux aux citoyens dans la meilleure
des façons. Et il faut surtout être pragmatique et ne pas se fermer dans des
choses très... Écoute, j'arrête ici parce sinon ça ne va pas bien aller.
Mme Senay
(Cathy) :
...I
listened to your speech earlier this morning.
M. Leitão :
Yes, excellent, it was excellent.
Mme Senay (Cathy) :
Well, it was very concrete. So, for
you, the six-months delay, it doesn't make sense.
M. Leitão :
No. And frankly I don't understand why
they insist so much on it, because it is not... that particular measure won't
do anything to promote and protect the French language. It really is... to me,
it is a mystery why they went with that, I mean. And there is a whole range of
measures like that in 96 that are not really, in my opinion, useful. So, why?
You know, like, little annoyances, but annoyances that become problematic.
Mme Senay (Cathy) :
It would have put a way more stress on
your parents, for example?
15391 M. Leitão : Yes, absolutely. Absolutely, yes. Yes, yes. And again, as André
pointed out, when we arrived, my father and my mother, they didn't have time to
go to school to learn the language. They have to work, they have to pay... we
had to pay the rent, we had to pay the groceries, you know. And the kids, my
brothers and sisters... I'm the oldest, so, I also, you
know, worked. So, the first thing first, we needed to
survive, and not just survive, but to make sure that we can have a better life
than that we had before. So, learning a language in a formal setting is perhaps
not the first priority of the recently arrived immigrant.
Mme Senay
(Cathy) :
So,
how would you qualify what QS is doing with its vote, even is Ruba Ghazal...
M. Leitão : I don't understand it, I don't understand. They're voting for the
bill, but against this particular... I find that difficult to explain. And I'll
go one step further, it's also QS that has proposed an amendment to extend the
rules and regulations of Bill 101 of the language legislation to businesses
with less than 25 employees. They went to go all the way down to 10 employees,
which, again, from a practical perspective, does not protect the French
language.
Mme Senay
(Cathy) :
Why
it took so long for the Liberals to speak out against Bill 96? Why you
haven't come out earlier about your own personal and family history about the
six-months delay? Why the Liberals took time, too much time to have a firm
position on Bill 96?
M. Leitão : Well, André.
M. Fortin : Well, this is a bill that has over 200 articles. It was
studied at clause by clause for months and months, and it did take time for a
lot these articles to come out and for people to really understand what this
bill means. But the reaction from the community, the reaction from the
immigrant community, the reaction from Francophones who realized, OK, we may
not have access to an anglophone CEGEP anymore is quite straight forward, and
quite honest, and quite direct, and... So, once that bill has been studied,
once we understand, once everybody understood all of the repercussions, it
became plainly obvious to us and to everybody else that this bill does not
accomplish what it sets out to accomplish and has a lot of clauses that are
very problematic for a lot of people.
Mme O'Malley
(Olivia) : Québec solidaire, today, they said that they're going to be voting for the bill, but
they're pretty confident that changing the six-months clause will be possible
even when they vote for it and after it passes. What do you feel about the
possibility of changing that deadline after the bill is passed?
M. Fortin : I heard some of the comments from Québec
solidaire in the Assembly, here, and they basically ripped
open their shirts and said: This is a problem for many immigrants, this is a
problem for First Nations communities, and yet they're still voting for it. This
is incomprehensible. It makes no sense to vote for something you fundamentally
disagree with and to say : Well, we'll just make changes later on down the
road. There are people that will have implications of this bill as soon as it's
passed. So, you could say : Oh! we'll change it down the road, but there
are people who will have their lives affected by this bill tomorrow, the day
after, and the day after, and until these changes can possibly be made. So, why
in the world would Québec solidaire vote for something which it says it's
against?
M. Leitão : Merci, merci.
(Fin à 12 h 20)