(Huit heures quarante-neuf minutes)
Mme Nichols : Bonjour.
Bonjour, tout le monde. Alors, on est ici pour vous parler, évidemment, là, de
la motion que mon collègue Carlos va présenter aujourd'hui. Bien sûr,
grandement préoccupée... puis je me sens, comme porte-parole de l'opposition
officielle en matière municipale et en matière d'habitation, je me sens
grandement, évidemment, là, interpellée pour soulever les points en habitation.
J'ai publié, d'ailleurs, là, une lettre ouverte récemment. La surchauffe immobilière,
l'accès à la propriété, la pénurie de logements, c'est tous des facteurs... je
pense que ça touche directement la population, puis nous, en tant qu'élus, on
est beaucoup interpellés par nos citoyens, un peu partout, des citoyens en
détresse.
D'ailleurs, là, la crise du logement, là,
ça approche. Le 1er juillet, ça s'en vient. On a beaucoup d'appels, dans
nos différents bureaux de comté, de gens qui sont à la recherche de logements,
qui ne sont pas capables non plus de payer des logements... des quatre et demie
à 1 300 $ par mois. Puis ce n'est pas juste dans la métropole, je
souhaite à le dire, c'est aussi dans les régions. Donc, beaucoup, beaucoup,
beaucoup de familles en détresse qui ne sont pas capables de se loger, mais
beaucoup, aussi, de jeunes ménages qui souhaiteraient avoir accès à la
propriété.
Puis ça fait, d'ailleurs, là, deux semaines
qu'on se lève à la période de questions au salon bleu puis qu'on interpelle le
ministre des Finances pour lui dire de mettre en place des mesures, justement,
là, pour refroidir le marché en lien avec la surchauffe immobilière, mais aussi
de mettre en place des mesures pour l'accès à la propriété. Alors cet
après-midi, bien sûr, nous ferons des représentations à cet effet. Peut-être
que mon collègue veut rajouter des points.
M. Leitão : Merci. Merci,
Marie-Claude. Alors, bonjour. Bonjour à tous. Écoutez, nous avons la motion du
mercredi où on va parler d'inflation. On va parler de hausse du coût de la vie,
qui augmente très rapidement et qui a un effet vraiment extrêmement important
sur la vie de tous les jours des citoyens québécois. Et les citoyens québécois
ne sont pas tous affectés par cette hausse du coût de la vie de la même façon.
La recette du gouvernement, lors du
budget, était un paiement de 500 $ pour les 6 millions d'adultes
québécois. Nous avons toujours trouvé que ce n'était pas la bonne façon d'aider
le monde, que cette aide-là, quand même, 3,2 milliards, aurait dû être
beaucoup plus ciblée, beaucoup mieux ciblée, et c'est ce qu'on mentionne encore
aujourd'hui.
Écoutez, juste hier, juste hier, on a vu
qu'aux États-Unis le président Biden a bien dit que, pour lui, pour sa
politique intérieure, la hausse du coût de la vie, c'est sa priorité, c'est ce
sur quoi il va travailler. Et moi, ici, il me semble que le gouvernement est
encore dans une mode de : Ah! bon, s'il y a lieu de faire quelque chose,
on fera quelque chose plus tard. Non, ce n'est pas plus tard, c'est maintenant
qu'il faut faire quelque chose. Voilà. On passerait maintenant...
M. Gagnon (Marc-André) : Concernant
le chemin Roxham, est-ce que c'était inévitable de se retrouver devant un
nombre record appréhendé de passages illégaux?
M. Leitão : Écoutez, puisque
cette question n'a pas encore été réglée entre le Canada et les États-Unis,
pour régulariser l'entrée au Canada de demandeurs d'asile, c'était presque
inévitable que cela arrive. Cependant, moi, je regarde cette question d'un
point de vue humanitaire, et ça serait, à mon avis, extrêmement contreproductif
de, comme certains proposent, de fermer le chemin Roxham. Alors, on le ferme et
puis quoi? On va juste déplacer le problème ailleurs. Et, encore une fois, en
regardant ça d'un point de vue humanitaire, je pense que… moi, je ne suggère
pas qu'on fasse ça. Je suggère qu'on regarde vraiment… le Canada et les
États-Unis, qu'ils remettent en place une manière de traverser la frontière de
façon régulière.
M. Gagnon (Marc-André) : Est-ce
qu'il serait inhumain de le fermer de façon...
M. Leitão : Moi, je pense que
oui. Écoutez, on parle beaucoup, de nos jours, de ce qui se passe en Europe, ce
qui se passe en Ukraine. Je ne vais pas comparer la situation, mais on a vu que
les pays avoisinants ont accueilli des millions de réfugiés ukrainiens. La
moindre des choses, ici, c'est, à mon avis, de démontrer une certaine humanité
face à des personnes qui sont démunies et qui cherchent une nouvelle vie. Je
comprends qu'on ne peut pas non plus... que les frontières existent, et donc il
faut les traverser de façon régulière. Alors, travaillons sur un mécanisme avec
nos voisins américains pour régulariser cette situation-là.
M. Bergeron (Patrice) : Mais,
M. Leitão, pendant la pandémie, ça a été fermé. Et puis est-ce que c'était
inhumain qu'on le ferme à ce moment-là ou non?
M. Leitão : Non. Et, pendant
la pandémie, il y avait toutes sortes de facteurs, de raisons de nature
sanitaire qui justifiaient une telle action. Ces raisons-là n'existent plus
aujourd'hui. Encore une fois, c'est une question purement pratique. Disons que,
demain matin, on fermait le chemin Roxham, qu'est-ce qui se passerait après?
Ces personnes-là ne vont pas disparaître, elles vont trouver un autre moyen de
rentrer. Je pense, ça rendrait la situation plus difficile, pire que si on le
garde ouvert.
M. Bergeron (Patrice) : Cette
entente-là, au fond, elle est très avantageuse plus pour les Américains que
pour nous, non?
M. Leitão : Écoutez, c'est
vrai que ça met le Canada dans une situation un peu délicate d'avoir cette
façon de traverser la frontière qui est irrégulière, mais en même temps
contrôlée. C'est assez unique comme système. Il va falloir trouver une façon
plus durable de gérer ça, parce que ce qu'on a mis en oeuvre au Canada, avec le
chemin Roxham, c'est vrai que c'est étrange, dans le sens que c'est irrégulier
mais contrôlé.
M. Gagnon (Marc-André) : ...des
18 000 des 19 000. Quand on est rendu à 35 000, est-ce qu'il
faut mettre une limite à un moment donné?
M. Leitão : Écoutez, les
chiffres, vous les mentionnez, je n'ai pas la moindre idée. C'est beaucoup. La
seule chose que je vous dis, c'est... deux choses.
D'abord, bon, le contrôle des frontières,
c'est de juridiction fédérale. Donc, ce n'est pas le gouvernement du Québec, ce
n'est surtout pas l'opposition officielle à Québec qui va régler cette
situation-là. Deuxièmement, si on ferme ça, si on décide : ça n'a pas d'allure,
on ferme ça, qu'est-ce qui va se passer? Ce qui va se passer, c'est que ces
personnes-là, les milliers que vous avez mentionnées, vont trouver un autre
moyen de traverser la frontière. Un été, ça peut aller, là, bon. Ça peut aller,
dans le sens où les risques sont moins élevés. Mais qu'est-ce qui va se passer
plus tard, quand il va faire… en hiver, par exemple, quand ça devient un risque
pour la vie humaine, là?
Donc, moi, je préconise surtout de mettre
en oeuvre un mécanisme avec les Américains pour régulariser la traversée de la
frontière.
M. Duval (Alexandre) : Entretemps,
vous avez vu que le gouvernement du Québec a octroyé 50 millions de
dollars pour un nouveau lieu d'hébergement pour ces demandeurs d'asile. Sur
10 ans, est-ce que c'est la bonne chose à faire de dépenser ces sommes-là
à ce moment-ci puisque c'est une entente sur 10 ans? Et là, juste avant
vous, on avait un parti d'opposition qui venait nous dire : Bien, c'est la
preuve qu'ils ont abandonné pendant 10 ans.
M. Leitão : Bien,
écoutez, d'abord, je pense que le gouvernement du Québec doit continuer
d'essayer de faire du mieux qu'il peut pour accueillir ces gens-là. Accueillir,
dans le sens, leur donner un abri, là. On ne peut pas les laisser dans la rue
non plus.
Encore une fois, je reviens à ce que j'ai
déjà dit au début, là, il ne faut pas oublier notre humanité. Si des personnes
arrivent ici avec seulement une petite valise et rien d'autre, on ne va pas
leur dire : Bon, maintenant, débrouille-toi. Donc, oui, le gouvernement du
Québec doit continuer de faire du mieux qu'il peut pour héberger ces
personnes-là et pour les aider à s'intégrer du mieux qu'ils peuvent en
attendant la fin de leur processus.
Maintenant, 50 millions sur 10 ans,
écoutez, ces ententes fédérales-provinciales, ça se négocie souvent en temps
réel. C'est 50 millions sur 10 ans maintenant. Bah! il n'y a rien qui
empêche le gouvernement du Québec, encore une fois, cogner à la porte d'Ottawa :
Écoutez, là, ça nous coûte beaucoup plus cher maintenant, parce que le nombre
de personnes qui traversent est encore plus élevé. Nos facilités sont déjà
pleines à craquer. Il nous faut plus. Et ça se négocie. Franchement, je ne vois
pas le gouvernement fédéral vouloir ne pas accorder l'aide financière
suffisante.
M. Carabin (François) : Mme Nichols,
est-ce que pour servir les régions, ça prend des routes?
Mme Nichols : C'est une
belle question parce que le sujet est d'actualité, l'étalement urbain, la
densification. Moi, je pense que les... je suis d'avis… comme j'ai été
mairesse, j'ai été préfète, je pense qu'il y a une belle évolution dans le
monde municipal. Je pense qu'il faut maintenant créer des milieux de vie. Puis
surtout je pense qu'il faut être proche des acteurs.
On le voit, là, la nouvelle génération de
maires qui ont été élus ont une vision très différente que les maires voilà 20,
30, 40 ans, où l'asphalte, le béton était la priorité. Je pense que
maintenant la vision est différente, puis ce sont les acteurs principaux et ils
sont aussi élus par la population. Ça fait que la population a parlé. Ça fait
que je pense qu'il faut... je pense qu'ils ont raison quand ils disent :
Bien, il faut créer des milieux de vie, que ça soit en région… Puis
l'objectif, c'est de garder leur monde sur leur territoire. Bien sûr, ça
prend... il y en a déjà, là, des routes, là, mais je pense que le transport en
commun, je pense que des... ce sont évidemment, là, les solutions au lieu
que... Je vais donner l'exemple, là, du comté de Vaudreuil, là. Le comté de
Vaudreuil, là, c'est à l'ouest de Montréal. On est le premier comté, là, à
l'extérieur de Montréal. Il faut traverser deux ponts pour aller
travailler à Montréal. Si je reviens 15 ans en arrière, je vous dirais que
60 % de la population allait travailler à Montréal. Maintenant, c'est à
peu près 40 % de la population, parce que sur notre territoire, les
23 élus de la MRC Vaudreuil-Soulanges ont eu une vision du territoire pour
garder leur monde en place.
Ça fait que je pense que c'est ça qu'il
faut faire. Je pense que c'est ça la vision de l'avenir. La lutte aux
changements climatiques, notre cheffe l'a dit, hein, c'est la priorité du XXIe siècle,
puis c'est dans ce sens-là qu'il faut travailler.
M. Gagnon (Marc-André) : Vous
pensez quoi de la lettre que la sous-ministre, Dominique Savoie, a envoyée aux
P.D.G. des CISSS et des CIUSSS en disant : Bien, si le projet de loi sur
la levée de l'urgence sanitaire n'est pas adopté d'ici la fin de la session, il
faudra peut-être envisager du délestage, cet automne, si on veut vacciner de
façon massive la population, encore une fois?
Mme Nichols : Bah! en
lien avec la santé, ce n'est pas moi qui va se prononcer, définitivement, à
moins que mon collègue veuille se prononcer, là. Moi, je vais rester dans les
affaires municipales et dans l'habitation. Mais je pense que notre collègue,
là, Monsef Derraji, est certainement le mieux placé. À moins que… Carlos,
est-ce que tu voulais rajouter quelque chose en santé?
M. Gagnon (Marc-André) : Mais
est-ce qu'il faut craindre l'obstruction? C'est un peu comme si Mme Savoie
mettait le...
M. Leitão : Écoutez, je
comprends un peu la déclaration de Mme Savoie. Maintenant, il me semble...
Écoutez, dans les autres provinces canadiennes, on est capable de vacciner
massivement la population sans avoir ce genre de réglementation lourde comme
nous avons ici. Alors, pourquoi est-ce qu'on ne pourrait pas faire ça ici? Donc,
l'épouvantail de dire : Ah! si on n'a pas ça, on ne pourra pas vacciner
massivement. Quoi, on ne l'a jamais fait, au Québec? Non. Il me semble qu'il y
a toujours une façon d'organiser des campagnes de vaccination massive.
Mme Senay (Cathy) :
Can I jump in English?
M. Leitão :
I'm not the boss, I don't know.
Une voix : …
Mme Senay (Cathy) :
Minister Jean Boulet said to Arcand, earlier this
morning, that the Québec Government will ask for the closing of Roxham Road.
M. Leitão :
The QuébecGovernment will ask?
Mme Senay (Cathy) :
Yes. Well, this is what the… «Le gouvernementquébécois demandera la fermeture du chemin Roxham», au 98,5. Ça,
c'était à 8 h 15, donc, et c'était le ministre Boulet.
Is there like a
contradiction, huge contradiction between this, if it is exactly the case that
the CAQ Government wants to
close the Roxham Road, and the 10-year housing investment of $50 millions
for asylum seekers?
M. Leitão : I don't think there's any… I don't know. Frankly, I don't think
there's a contradiction.
Mme Senay (Cathy) : No?
M. Leitão : However, I would say that… as I said before in French, I would say
that closing the «chemin Roxham», without having settled that question, does not solve anything. The
people that are currently crossing «irrégulièrement» the «chemin Roxham» will
find other ways to cross the border and it will make even more difficult for
the Canadian and the QuébecGovernments to face this situation.
So, in Canada, we have this very unusual mechanism
of having an irregular border crossing that is kind of regulated. I agree, this
is not a way to construct, you know, border policy. But, until and unless we
find an alternative with United States, closing unilaterally the «chemin Roxham», in my opinion, would not
solve anything.
Mme Greig (Kelly) : What message do you think they send to people looking for asylum?
Because we see the images of people crossing with tiny children, suitcases… like,
trying to get… find hope somewhere else. Is the message: Don't come here?
M. Leitão : That may well be, because, as you know, when people want to provide
a better life for themselves and for their families, you know, they search for
the best possible way. And this irregular border crossing, «chemin Roxham», is
now well known in the United States and amongst asylum seekers, in general. So, I think, at one point,
also, the federal Government
has to send a clear message that this is irregular and this is temporary, and
we will find a way to settle it. And so it has to be settled as soon as
possible.
So, we are in a little
bit of a contradictory situation whereby, from a humanitarian point of view, to close it immediately
and unilaterally, I think it will be worse, but, at the same time, this cannot
go on indefinitely. We have to find a way to make sure that border crossing
becomes more regular, which is not the case at Roxham.
Mme Greig (Kelly) :Thank you.
M. Leitão :Merci beaucoup. Thank you.
(Fin à 9 h 4)