(Onze heures trente-quatre minutes)
M. Ouellette : Bonjour, tout
le monde. Nous venons de déposer... je viens de déposer à l'Assemblée une
seconde motion pour demander un rehaussement d'investissements dans la région
des Laurentides. La dernière motion avait été déposée le 6 mai 2021, et je
pense qu'on devait rappeler au gouvernement que c'est une motion qui avait été
adoptée à l'unanimité des membres de l'Assemblée nationale. La motion de ce
matin vient d'être adoptée, encore une fois, à l'unanimité, avec le ministre de
la Santé et des Services sociaux étant conjoint des deux motions.
Je suis accompagné, ce matin, de M. Marc L'Heureux,
qui est le président de la Coalition Santé Laurentides, qui est à ma droite, et
du Dr Simon-Pierre Landry, qui est porte-parole de la Coalition Santé
Laurentides, qui vont vous entretenir. Et après, ma collègue de l'Acadie, mon
collègue des Îles-de-la-Madeleine et mon collègue de Jean-Lesage vous donneront
leurs points de vue. Et, par la suite, M. L'Heureux et le Dr Landry reviendront
pour répondre à vos questions. Sans plus tarder, M. L'Heureux, je vous laisse
la parole.
M. L'Heureux (Marc) : Bien,
essentiellement, là, j'avais un texte, là, mais... Moi, je suis Marc L'Heureux.
Je suis préfet de la MRC des Laurentides, président de la Coalition Santé des
Laurentides, puis aussi vice-président du conseil des préfets et des élus des
Laurentides. On a formé une coalition parce qu'il y a eu une demande, on a eu
une demande des citoyens. On se rendait compte qu'on avait une perte au niveau
de la santé, une perte de services au niveau de la santé.
Vous savez, on a eu les médecins, on a eu
des regroupements de médecins, des regroupements de professionnels de la santé,
on a eu des regroupements communautaires aussi, on a eu les chambres de
commerce, les institutions supérieures d'enseignement aussi, de notre côté, les
usagers, les citoyens. Parce qu'en réalité je représente mon groupe de préfets.
On est huit territoires dans les Laurentides, et c'est 76 municipalités,
650 000 personnes. D'ailleurs, à cet effet, la population, elle a
doublé depuis 30 ans. Par contre, on a les mêmes six hôpitaux ou les mêmes
surfaces hospitalières depuis les 30 dernières années.
Les budgets, dans tous les services ou à
peu près tous les services, on est 15 ᵉ ou 16 ᵉ par rapport aux
autres régions au Québec. Donc, qu'est-ce qui arrive, c'est que, malgré
peut-être des années où on augmente à droite ou à gauche, on a exagéré un écart
par rapport aux autres régions. Puis même si toutes les régions ont besoin
d'argent, on le sait que... Tu sais, j'ai de l'empathie pour d'autres régions
aussi, là, mais si on va, de la même façon, augmenter les budgets à droite et à
gauche sans régler le déficit structurel qu'on a depuis toujours, d'historique,
on ne pourra jamais appliquer les fameuses... les 50 propositions que le
ministre a proposées, le ministre Dubé, pour, comment dire, essayer de refondre
le système de santé.
J'ai ici avec moi... on a aussi, là, avec
moi, un représentant des médecins, le Dr Landry, qui pourrait vous entretenir,
là, beaucoup plus sur l'aspect répartition des médecins, qui nous manque
vraiment. C'est vraiment important, la répartition des médecins chez nous,
parce qu'on est à 147 médecins par 100 000 habitants versus une
moyenne québécoise autour de 240 par 100 000 habitants. Ça fait que,
déjà là, même si on veut appliquer des propositions de refaire différemment la
santé, on a un déficit structurel où on devra augmenter les fonds dans le PQI
pour pouvoir investir dans nos infrastructures.
En ce moment, il y a des argents qui sont
prévus, mais ils sont prévus déjà depuis 2018. Il n'y a pas d'argent qui a été
ajouté. Et ces argents-là vont permettre seulement de faire la rénovation ou la
mise à niveau des hôpitaux pour la moitié de nos hôpitaux, mais seulement au
tiers de ce qu'ils ont besoin. Donc, encore là, si on ne monte pas sur une
marche numéro un, là, on ne pourra pas appliquer les 50 propositions pour
redonner plus de soins à notre population. Ça fait que c'est ça, notre
engagement à la coalition. Merci.
M. Landry (Simon-Pierre) : Bonjour,
tout le monde. Merci d'être là. Merci aussi à tous ceux qui ont permis de faire
cette conférence de presse là, parce qu'on a été épaulés dans notre action,
justement, pour venir ici vous entretenir. Ça fait qu'on est venus des
Laurentides, finalement, pourquoi? Pour avoir notre juste part, ni plus ni
moins.
Moi, je suis un médecin d'urgence. Je suis
un médecin, aussi, de famille qui a ses 1 200 patients à
Mont-Tremblant, puis qui travaille à l'hôpital de Sainte-Agathe. Ça fait
10 ans je fais ce métier-là dans la région. Ça fait 10 ans,
finalement, que je vois les effets concrets du déficit d'investissements dans
notre région, année après année. Ce n'est pas compliqué, le temps d'attente à
l'urgence augmente à chaque année, la liste d'attente pour avoir un médecin de
famille augmente à chaque année. C'est tout à fait évident que ça va arriver si
vous avez juste 5 %... moins de 5 % des budgets qui vont à 7,5 %
de la population, alors que la population est en croissance et qu'elle vieillit
plus vite que le reste du Québec, étant donné qu'on est un centre de
villégiature avec beaucoup de retraités. Donc, c'est un peu la réalité.
On a rencontré le ministre Dubé ce matin.
On s'est sentis entendus. On attend maintenant les échéanciers. C'est à dire,
on veut un rattrapage financier à la hauteur de notre population, on veut une
accélération de la construction de l'hôpital de Saint-Jérôme. On veut aussi que
le gouvernement alloue, parce que c'est le gouvernement qui décide le nombre de
médecins qui vont dans quelle région, alloue des médecins en quantité
suffisante dans notre territoire, au prorata de la population. Encore une fois,
on ne demande pas plus que les autres régions. On veut juste, comme, se
rapprocher, finalement, de la moyenne québécoise. Alors, c'est pour ça que
j'étais venu témoigner ici. Et puis, bien, voilà. Je vous remercie d'être là puis
de nous entendre. On attend maintenant que le ministre nous envoie une petite
note. Merci.
Mme St-Pierre : Merci
beaucoup. Alors, ça me fait plaisir de prendre la parole. Je suis... Mon nom
est Christine St-Pierre. Je suis députée de la circonscription d'Acadie. Je
suis députée responsable de la région des Laurentides. J'ai été ministre
responsable de la région des Laurentides.
Alors, ce matin, c'est vraiment un cri du
cœur qui est lancé par la Coalition Santé Laurentides, un cri du cœur qui fait
en sorte qu'on voit un déficit de 2 milliards de dollars en
infrastructures et en équipements. Il faut absolument que cet investissement-là
soit accordé par le gouvernement du Québec.
Le boom démographique, il s'est accentué
au cours des dernières années, de la dernière année, parce qu'il y a eu la
pandémie. Beaucoup de familles ont décidé d'aller s'installer dans la région
des Laurentides. Le boom démographique, il est très important, et ça nous donne
une idée aussi des besoins en termes de médecins de famille. Le 1er avril
dernier, les statistiques disaient que 91 451 personnes dans la
région des Laurentides n'avaient pas de médecin de famille. C'est le pire ratio
au Québec. Quelques mois auparavant, on parlait de 85 000 personnes.
La CAQ, lorsqu'elle est arrivée au pouvoir et pendant la campagne électorale,
avait permis que tous les Québécois auraient un médecin de famille. La
situation empire.
La situation empire aussi en termes d'infrastructures.
Avec mon collègue Gaétan Barrette, nous avions annoncé la première phase de l'agrandissement
de l'hôpital de Saint-Jérôme, phase qui devait être livrée en 2023-2024.
Avez-vous vu une pelletée de terre depuis quatre ans? Il y a 10 députés
dans cette région-là, caquistes, dont cinq ministres, et absolument rien n'a
avancé.
Un autre dossier qui m'a tenu énormément à
cœur quand j'étais ministre responsable des Laurentides, je me suis battue pour
qu'on fasse l'annonce, l'annonce était budgétée, c'est le centre jeunesse pour
les enfants de la DPJ des Laurentides, un centre jeunesse qui allait être un
endroit moderne, adapté à ces jeunes en besoin. Avez-vous vu une pelletée de
terre pour le Centre jeunesse des Laurentides? La réponse est non.
Alors, ça a été non partout. C'est du
vent, ce que la Coalition avenir Québec a proposé. C'est encore du vent. Tant
mieux si vous avez rencontré une ministre, M. le Dr Landry, tant mieux si vous
avez rencontré le ministre, mais moi, à votre place, je ne mettrais pas
énormément d'espoir dans les belles paroles de la CAQ parce que ce ne sont que
du vent. Et je termine en saluant mon ancien collègue Sylvain Pagé, qui était
député dans une autre formation politique que la mienne, mais ensemble on se
parlait, puis ensemble on faisait avancer des dossiers. Merci beaucoup.
M. Arseneau : Bonjour,
tout le monde. Je vais à mon tour saluer Sylvain Pagé, l'ex-député de la région.
Mais je veux surtout, aujourd'hui, signifier qu'on n'a jamais vu, ou très
rarement, une coalition aussi forte provenant d'une région, où les élus se
rassemblent avec les gens du domaine de la santé, du milieu économique, du
milieu de l'éducation, du milieu communautaire pour demander au gouvernement d'agir,
d'agir après quatre ans d'inaction, quatre ans où on a pris la région des
Laurentides pour acquise et pendant laquelle les dossiers n'ont absolument pas
avancé. La situation a continué de se dégrader.
On l'a dit, la population a doublé ces
dernières années. En fait, on est en passe de devenir une région qui est aussi
populeuse que la région de Québec, et on est lourdement sous-équipés en matière
d'infrastructures de santé et également en matière de services. On a donc un
déficit d'investissements important à rattraper, et le gouvernement n'a pas
fait les gestes appropriés pour le faire. On avait des espoirs, pour le dernier
budget, pour une révision du PQI. Aucun nouvel investissement n'a été annoncé
au cours des dernières semaines. Et ça, c'est dramatique parce que, chaque
mois, chaque année qu'on perd, évidemment, ce sont les citoyens qui doivent
payer pour. Et on le voit dans les statistiques, par exemple, d'attente à l'urgence.
C'est le pire bilan, sinon l'un des pires bilans au Québec. Même chose pour l'accès
aux soins de santé, aux services d'un médecin. Et les infrastructures, elles,
on l'a dit, on a annoncé des demi-mesures, donc la moitié des fonds nécessaires
pour... ou le tiers des fonds nécessaires pour la moitié des établissements. C'est
largement insuffisant.
Alors, encore une fois, au Parti
québécois, nous voulons souligner le mouvement extraordinaire qui est créé par
tous les acteurs, toutes les forces vives de la région des Laurentides. On leur
signifie notre appui, et on demande au gouvernement de cesser de promettre des
actions et d'agir sans délai. Merci beaucoup.
M. Zanetti : Merci.
Alors, dans les Laurentides, on le sait, la population augmente vite, la
population vieillit aussi, puis il y a un déficit absolument inacceptable dans
la modernisation des hôpitaux.
C'est vraiment inacceptable que des gens
des Laurentides doivent venir jusqu'à Québec pour se faire entendre quand ils
ont tous des députés membres du gouvernement, dont cinq ministres. Trouvez-vous
ça normal? Ça n'a aucun bon sens. La Coalition avenir Québec font avec les
Laurentides ce qu'ils font avec bien des régions au Québec, c'est-à-dire qui
s'assoient sur leurs lauriers, ils les prennent pour acquis, ils ne livrent pas
la marchandise. Ils laissent des gens dans des situations terribles, des
situations qui étaient connues depuis des années. Quand on leur demande
pourquoi qu'ils ne font pas la job, ils disent que c'est la faute du
gouvernement d'avant. Ils ne peuvent pas dire ça après quatre ans. Ça, c'était
correct la première année, mais là, ça ne marche pas. C'est complètement
inacceptable.
Moi, je demande, aujourd'hui, au ministre
Dubé pas seulement de faire des belles promesses, mais d'allonger l'argent puis
de faire en sorte que cette situation-là soit réglée. Ça n'a pas de bon sens
que ça devienne encore un enjeu électoral, un problème qui a traîné à ce
point-là, pour un gouvernement qui a fait croire à tout le monde qu'il serait
un gouvernement des régions. Inacceptable. C'est honteux. Ça n'a aucun sens.
Merci.
M. Ouellette : Bon, on va
passer maintenant à la période des questions. Vous avez remarqué, derrière moi,
les porte-parole de chacun des partis des oppositions officielles sont
présentement en étude détaillée du projet de loi qui va abolir l'urgence
sanitaire, le projet de loi n° 28. Ça fait que c'est pour ça que le député
de Nelligan, le député de Rosemont et la députée d'Iberville ne sont pas avec
nous ce matin. Ça fait que, s'il y a des questions pour M. L'Heureux ou le Dr
Landry, ça va nous faire plaisir.
Mme Senay
(Cathy) :Can I jump
in and ask questions in English? For you, Mr. Ouellette. Are you the one who
tabled the first motion, in May 2021, to alert... There was another motion for
the Laurentians, to push the Government to increase the funding and increase the access to health care
services?
M. Ouellette :As Mme St-Pierre told you earlier, I was,
not raised, but I worked in Saint-Jérôme since 1986 in my other professional life. And I was the... For the
Liberal party, since I'm in politics in 2007, I was the one who took care of
the Laurentians. So, I know specifically the situation there. I'm still having
children living there. So, I'm well aware of what's going on in the «Laurentides».
So, it was normal for me to offer my help to the doctors and to those
representing the coalition, to improve the budget to help the citizens there.
Mme Senay
(Cathy) :Are you
surprised that it didn't evolve, it didn't evolve at the pace it should have
evolved in the Laurentians for health care services and access and funding?
17831 549 M.
Ouellette :It needs
more. It needs more. And you can see that, if you go to the Laurentians passing
by Highway 15 as example, there're so many people living there, and since the
last 35 years. We need to improve that, and for so long there was almost
nothing doing there. And, like Mrs. St-Pierre told you, the last announcements,
they were by Mr. Barrette, minister Barrette, in 2018, in 2016. I was there.
And it's a long process to convince the Government to hear their citizens. And
I think that being... presenting a second motion to the Government, the first
one was in 2021, and I need to renew that motion this morning, it's an other
sign that... there some signs there we need to do more today, especially that
the Government presented a new plan suggesting that they will solve all the
problems, but they're not putting the money and they're not improving the
services around the areas. And, like the Dr. Landry mentioned, he's working in
the field. And I think that his condition of work in Sainte-Agathe are not in
the best practices all the time. So, it's a... «c'est un cri du coeur» from those
representatives of the population. And, like it was mentioned earlier, there's
10 MNAs from the Government and
five ministers living in the Laurentians.
Mme Senay
(Cathy) : That's a shame?
M. Ouellette : They have to do something. I think that they need to be heard by
the Government. And I think
that the next step will be the citizens calling their office, knocking at their
doors and say: Hey! what are you doing? You were supposed to be our
representatives. So, you're not there just to have a freebie for four years,
you need to answer those questions.
Mme Senay
(Cathy) : Dr. Landry, I would like to ask you,
first, how harder is your job, and since when it became harder at the hospital.
M. Landry
(Simon-Pierre) : Well, it's mostly that, each
year, it's getting worst. It's like, it was already difficult when I started in
2012. And I had come from B.C., I was trained there. And then I came back to Québec, and then I found that, you know,
waiting times in the emergency room were catastrophic. And that was in 2012.
But we're doing our best. We're sometimes getting new doctors and we're adding
shifts. But the space we're working in is unbelievably not adapted to the
population we need to serve. So, to answer your question, it's basically that
it was difficult when I started in 2012, but it's getting more difficult by the
years. And with the influx of population coming from other regions to the area
because of the pandemic, well, it's getting even harder.
Mme Senay
(Cathy) : You're working at the Saint-Jérôme Hospital?
M. Landry (Simon-Pierre) : I work in Sainte-Agathe. So, it's just north of Saint-Jérôme.
Mme Senay
(Cathy) : OK. Is there's still the dome at
Saint-Jérôme's Hospital?
M. Landry
(Simon-Pierre) : To my knowledge, yes. But I
don't work there, so… I work in Sainte-Agathe. So, we have, we call it
«roulottes», I don't know what the term is in English, but it's, basically, we
have temporary infrastructures that were supposed to be temporary. But,
obviously, they are just patching the problem when we knew, about 20 years ago,
that the situation would be dire. And it's like: Can we stop putting Band-Aids
on the problem and actually fixing the bleeding?
Mme Senay
(Cathy) : So, you have the same type of
temporary infrastructures than some schools?
M. Landry
(Simon-Pierre) : Exactly. It's the same idea,
but we're talking about people's health, here. So, we're talking about people
on stretchers in the hallways. I mean, when I was... again, when I was working
in B.C., like, it would have been unbelievable to have a patient in the
hallway, like an elderly patient with… requiring to be admitted to the
hospital. It would have been crazy to think that they are waiting for three
days in the emergency room.
Mme Senay
(Cathy) : And that's in Sainte-Agathe.
M. Landry
(Simon-Pierre) : But that's my reality. In
Saint-Jérôme, it's even worst. So, it's like, those infrastructures were built
in 1980, we're now in 2022, and it didn't change.
Mme Senay
(Cathy) : So, you had the meeting with
Minister Dubé and Mrs. Girault earlier today?
M. Landry
(Simon-Pierre) : We did.
Mme Senay
(Cathy) : Mrs. Girault said to us yesterday
that she knows that there is a catchup to do. So, like, do you have hope with
the meeting you had? Is Mr. Dubé promising you, like... or putting something on
the table for you?
M. Landry
(Simon-Pierre) : He did not. We had someone
who was listening to our struggle. I think Minister Dubé is a very good
minister in terms of his plan, you know, for... His new plan is good, it's good
work. But, now, I cannot put into effect that plan if I don't have the money to
put it into effect. So, it's like, he hears us, but when we're asking: OK, so,
when is the money coming to get these things done, we don't have a date yet.
Mme Senay
(Cathy) : Nothing? Nothing concrete?
M. Landry
(Simon-Pierre) : No.
Mme Senay
(Cathy) : And no more human resources at the
same time? I mean, if you need... I think you need more infrastructures first,
so money for infrastructures. Do you need also healthcare workers?
M. Landry
(Simon-Pierre) : We have, for example, nurse
practitioners, because there's a lack of family doctors. I work with three
nurse practitioners in my clinic. So, we would like to hire more, but we don't
have the funding to hire more nurses. So, it's not something... We cannot fix
the whole problem by doing just one thing. We need to invest in the
infrastructures, but at the same time accelerate the recruiting, and then the
training of professionals. But what I would say is that, I mean, the
Laurentians is a beautiful region. A lot of families want to settle there
because quality of life is wonderful. So, they want to work. It's just that
either, if you're a physician, you don't get the permits by the Government to
work there, because you're shipped to another region or whatever, or, if you're
a nurse practitioner, you do not necessarily have the funding to work. Because
you have to pay their salary, it's totally normal. So, this is the issue here.
Mme Senay
(Cathy) :But, Dr
Landry, and that will be my last question to you, what do you say to members of
your entourage or friends or families that you hear that they would like to
move in the Laurentians? What do you tell them?
M. Landry
(Simon-Pierre) :
I tell them to keep their doctors in Montréal, yes, because it's
very frustrating. I mean, every morning, I'm in my office, and I get letters of
patients saying: Here's my condition, I need a family doctor. I'm super sick.
And we just have to turn them away. So, the reality is, if we keep on that
track, it's for sure going to be a disaster, like, things are going to worsen
every year and then the wait times will get longer. And already, to get access
to a family doctor, it's basically a parking lot for patients, like, they get
stuck into the process. I don't see it becoming better if we do not have the
money to operate or the staff to give the services. And again, we're not asking
for the moon or a neurosurgical center, or we're not asking for more than other
regions, we're just asking for what's given on average to the Québec citizens
as a whole.
Mme Senay (Cathy) : Ma
dernière question, M. L'Heureux, en français : Êtes-vous patient dans la
vie, vous? Comme...
M. L'Heureux
(Marc) : Moi, je suis extrêmement patient, mais je peux être
convaincant aussi et tenace.
Mme Senay (Cathy) : Donc,
là, c'est quoi, votre plan de match? Parce que vous n'avez pas les ressources
pour accueillir... Avez-vous les ressources pour accueillir de nouvelles
personnes dans votre région? Comme préfet, vous faites quoi avec ça?
M. L'Heureux (Marc) : On a
les ressources... hospitalières, on n'a pas les ressources hospitalières pour
accueillir plus de monde dans la région, c'est sûr. C'est même... Il y a
30 % des actes médicaux qui se font à l'extérieur de la région. Donc,
calculez, là. Puis là on est en train de vouloir investir seulement au tiers de
trois hôpitaux... la moitié des hôpitaux, comme je disais tantôt, ça fait que
là... puis on a 30 % des actes médicaux à l'extérieur. Ça fait que, déjà,
c'est assez facile, au niveau comptable, de calculer qu'on a un enjeu, là,
majeur. Le gouvernement... le ministre Dubé était très à l'écoute. Il aime les
chiffres. C'est un gars qui va sûrement fouiller. Je l'ai invité à aller
fouiller dans son ministère, d'aller voir la réalité. On lui a appris que le
bureau de projet n'était peut-être pas à 100 % pour Saint-Jérôme. Donc, ça,
ça l'a accroché. Il nous a promis qu'il y avait peut-être du jeu dans ses
investissements d'infrastructures. On verra. Mais on n'a pas d'échéancier,
comme disait Simon. On lui a demandé l'échéancier — j'aime bien les
échéanciers moi aussi — et le plan d'action. Là, il nous dit d'être
patient et que quelque chose va venir. Mais je pense qu'on doit continuer
notre... tu sais, dans le fond, c'est un genre de combat, ou ce ralliement-là
qu'on a de la coalition. Puis il ne faut pas oublier aussi qu'on a
10 députés, hein, du côté du gouvernement, qui peuvent prendre des
décisions ou forcer le gouvernement à prendre des décisions ou faire
comprendre, dans le fond, au ministère. Là-dedans, il y a cinq ministres. Donc,
on parle d'à peu près un quart du Conseil des ministres, on parle de 15 %
de la députation à la CAQ. Moi, je pense que, si tout le monde travaille
ensemble, là, on va arriver. Parce que je comprends qu'il y a un enjeu, là,
global au Québec, là, pour la santé, mais il ne faudrait pas diluer notre
action à cause de ça. Comme je disais à M. Dubé, il faudrait monter sur la
première marche avant de commencer les 50 propositions.
Mme Senay (Cathy) : Sauf
que 30 % des actes médicaux se font à l'extérieur de la région des
Laurentides? Ils vont où les patients?
M. L'Heureux (Marc) : Ils
vont à Laval, à Montréal, à Hawkesbury, en Montérégie.
Mme Senay (Cathy) : Puis
on parle de quel genre d'actes médicaux en général, les 30 %?
M. L'Heureux (Marc) : Tous les
suivis, tous les suivis qu'on n'a pas les équipements nécessaires, les scans,
plusieurs... Là, le docteur pourrait vous répondre là-dessus. Mais qu'est-ce
qu'il faut retenir de ça, c'est que même si les gens vont à l'extérieur, quand
tu pars de Mont-Laurier, tu t'en vas... tu y vas peut-être la première fois,
là, à ton suivi, mais là peut-être que la deuxième fois tu vas le manquer, ton
suivi. Peut-être tu vas dire : C'est trop loin. Mais là, ça va être pire après
ça, là, la personne va tomber malade pour vrai ou, en tout cas, va aggraver son
cas, et là ça va coûter encore plus cher au système de santé. Là, il faut
revoir... je sais que, dans les 50 propositions, c'est ça qu'ils cherchent
à revoir, tous ces aspects-là, mais avant toute chose, si on n'a pas l'espace,
comme disait Simon, si on n'a pas les endroits, les plateaux techniques puis la
répartition des médecins ou des spécialistes de notre côté, on a beau avoir des
vœux pieux, là, ça ne marchera pas. Il y a quand même une inscription comptable
qui doit se faire au PQI, là.
Mme Senay (Cathy) : 30 %,
c'est beaucoup, là. Je trouve que... I'm surprised about this
proportion.
M. Landry
(Simon-Pierre) :
Do you want to do it in English «ou français»?
Mme Senay (Cathy) : Vous
pouvez me l'expliquer juste en français...
M. Landry (Simon-Pierre) : En
français. C'est énorme. C'est énorme. Puis, en fait, ça a souvent été une
mauvaise justification pour dire : Bien, ils ont juste à aller à, ils ne
disent pas Hawkesbury, mais, tu sais, c'est un peu ça aussi, à un moment donné,
d'aller à Laval. Mais, encore là, tu sais, je reviens à ça, là, on parle de
soins de base, on ne parle pas de soins hyperspécialisés. Il y a des choses qui
vont juste se faire au CHUM, puis c'est tout à fait normal. Si vous avez un
cancer très spécialisé, vous avez besoin du spécialiste au Québec pour faire
ça. Mais la grande majorité des soins que les gens n'arrivent pas à avoir accès
en ce moment, là, c'est : tu te fractures un poignet, ton enfant a une
otite, ton père, ta mère est en perte d'autonomie, donc tu ne sais pas trop :
Est-ce qu'il s'en va en CHSLD, est-ce qu'il s'en va dans une résidence? Ça te
prend un médecin pour, finalement, faire une évaluation globale. Là, on parle
de services de base. On ne peut pas demander à des gens qui ont 80, 85 ans
de partir de Mont-Laurier pour aller se faire regarder l'oreille pour une otite
potentielle qu'une infirmière praticienne spécialisée à Mont-Laurier pourrait
faire pour une fraction du prix de ce que ça coûte de les déplacer vers Laval
pour faire quelque chose comme ça. Ça n'a pas de sens.
Mme Senay (Cathy) : ...I can just ask you in English: For seniors that need to have basic
health care, to drive all the way, it's a lot of effort for them?
M. Landry
(Simon-Pierre) :
It's a lot of effort, and it's not only painful for them in their
wallet, but it's also decreasing their well-being and health. Because I have
tons of patients, OK, who I
wanted them to access some care. I was telling them: You can only have an
access, in a timely fashion, if I send you to Montréal. But, for them, Montréal is like for us going to Toronto sometimes, OK? It's
like, it's far, it's almost like another province, another country almost. So,
then, what do they say? Well, they say: No, I'm not going to get the care I need
because I just don't feel like going to Montréal. I can't do it, you know. And it's something that happens all the
time. Merci.
(Fin à 12 h 5)