(Huit heures une minute)
Mme Melançon : Bonjour,
bon jeudi. Alors, simplement, rapidement revenir sur la motion qui a été
adoptée hier, à l'unanimité, par les élus de l'Assemblée nationale, motion dans
laquelle il y avait un amendement très important du Parti libéral du Québec, je
tiens à le souligner. Parce que, dans la motion initiale du ministre du
Travail, on ne retrouvait pas d'exigence quant à l'enquête indépendante, et, comme
vous le savez, vendredi dernier, j'ai demandé, au nom de ma formation
politique, au nom du Parti libéral du Québec, à ce qu'il y ait une enquête
indépendante qui soit faite, alors, enquête qui aura lieu. Alors, c'est une
belle victoire, hier, pour l'ensemble des élus de
l'Assemblée nationale.
Et aujourd'hui, bien, ce qu'on souhaite,
c'est d'aller plus loin. Je déposerai, au nom du Parti libéral du Québec, bien
sûr, en collaboration avec Lise Thériault et avec Frantz Benjamin, une motion
importante qui exige ceci : C'est que, d'ici la fin de la session
parlementaire, on puisse prévoir que toute personne reconnue coupable ou
responsable par toute instance, au Canada ou ailleurs, d'infraction, de crime ou
d'inconduite à caractère sexuel ou en matière de harcèlement est réputée
inéligible à tout poste de direction ou de représentation dans ou pour une
association syndicale reconnue.
La raison pour laquelle nous souhaitons
présenter cette motion, c'est justement parce que, vous savez, en construction,
les travailleurs de la construction sont obligés d'être représentés par un
syndicat, et cette obligation-là... Lorsqu'on veut être dans un poste électif,
là... Si on doit être représentés, bien entendu que ceux qui nous représentent
doivent répondre à des critères d'admissibilité. Nous souhaitons qu'il y ait
des critères très clairs d'admissibilité à un poste électif, et c'est ce que
nous souhaitons annoncer ou proposer au gouvernement, et on verra si le ministre
Jean Boulet aura le courage d'aller jusque là. Parce qu'il faut se poser la
vraie question : Est-ce qu'il y a d'autres M. Grondin dans les
organisations actuellement? Là, on a mis... LaPresse a mis
en lumière une personne, et on veut savoir, en même temps, est-ce qu'il y en a
d'autres ou est-ce qu'il est possible qu'il y en ait d'autres. Alors, très
clairement, c'est ce que la motion que nous allons déposer aujourd'hui va
mettre en lumière.
D'ailleurs, il y a une question qui n'a
pas été posée et que je pose aujourd'hui, c'est de savoir est-ce que
M. Grondin est parti avec des primes de départ. Je pense que c'est une
question à laquelle on devra obtenir aussi des réponses. Je tiens à le
rappeler, là, M. Grondin avait fait une victime, et il est question
d'agression sexuelle. Ce n'est pas petit. Pendant que lui pouvait s'enrichir,
il y a une victime qui était chez elle en choc post-traumatique. Et
malheureusement il n'y a personne qui a cru bon dire haut et fort que
M. Grondin avait été reconnu coupable. Alors, pour moi, aujourd'hui, c'est
important qu'on puisse poser la question sur justement... la question à savoir
est-ce qu'il a eu une prime. Parce qu'on apprend que, lorsque le ministre du
Travail a téléphoné à la FTQ, on lui a annoncé que M. Grondin n'était plus
là. Moi, je veux savoir sous quel prétexte on lui a demandé de partir puis
est-ce que c'est avec une prime de départ. C'est important qu'on puisse poser
la question.
Alors, voilà. Je m'arrêterais ici pour le
moment. Lise, est-ce que tu avais des choses à ajouter? Merci.
Mme Thériault : …
Mme Melançon : Oui, voilà.
Mme Thériault : Bonjour,
tout le monde. Évidemment, je suis 100 % derrière les demandes de ma collègue,
Isabelle. On a discuté longuement, mais je vais demander au ministre Jean
Boulet de faire un pas de plus et d'aller plus loin. Vous savez, comme ministre
du Travail, c'est lui qui a la responsabilité de recommander au Conseil des
ministres les nominations pour les personnes qui vont représenter les syndicats
au niveau de la Commission de la construction du Québec et également au niveau
de la Commission des normes du travail. Je vais demander au ministre de faire
les vérifications pour s'assurer que tous les gens qui sont représentés à
l'intérieur de la CCQ et de la CNESST, qui sont issus du milieu syndical,
particulièrement la construction, qu'il n'y ait pas eu de jugement défavorable
qui a été rendu contre eux soit à la Commission des lésions professionnelles ou
au Tribunal administratif du travail.
Si ça avait été le cas et qu'on n'a pas
fait ces vérifications-là, ce qu'Isabelle demande aujourd'hui, c'est qu'on
vienne faire des modifications dans la loi. Mais je pense que le ministre a
l'obligation également, puisque c'est lui qui fait les recommandations et que
personne n'a vu ce qui s'est passé avec M. Grondin dans le passé... Bien,
si les vérifications avaient été faites, on aurait probablement trouvé ça. Et
le ministre a la responsabilité, lorsqu'il recommande au Conseil des ministres
de nommer des gens, que ce soit à la CCQ ou à la CNESST... Je vous rappelle que
ce sont des présidents de syndicat ou des représentants de syndicat et qu'en
matière de travail, que ce soit au niveau de la Commission des lésions
professionnelles du Québec ou vis-à-vis le Tribunal administratif du travail,
on doit montrer patte blanche. Il n'y a pas de place pour un représentant ou un
président de syndicat qui a fait de l'abus, du harcèlement, que ce soit sexuel
ou psychologique, définitivement.
Ces personnes-là siègent aux instances, ils
siègent dans les comités. Ça fait que, pour éviter qu'on ralentisse les
travaux, parce que, des fois, ça prend beaucoup de temps pour faire avancer les
choses et changer les positions, changer les politiques, bien, on peut-u
s'assurer que les gens qui travaillent là soient des gens qui soient tous
motivés par la même chose : changer pour faire en sorte que toutes les
politiques qui seront appliquées vont vraiment aller défendre les travailleurs
puis qu'on va se ramasser avec des dirigeants qui n'auront pas agressé ou fait
du harcèlement psychologique ou sexuel auprès de leurs propres travailleurs? Et
voilà. Merci.
Journaliste
: …
Mme Thériault
: Donc,
je vais laisser peut-être Frantz...
Journaliste
: Ah! O.K.
Excusez-moi…
Mme Thériault
: Merci.
M. Benjamin : Bien, bonjour,
tout le monde. Donc, premièrement, quel plaisir de partager ce point de presse
avec mes collègues, deux précieuses collègues, donc, Isabelle Melançon, donc,
notre porte-parole en matière de condition féminine, et la doyenne, donc, qui
est parmi nous aussi. Donc, très content, Lise, de partager ce point de presse
avec toi aussi.
Vous savez, comme ancien élu municipal, on
sait de quoi on parle, puisque, vous savez, la loi a été abrogée afin de rendre
inéligibles des élus qui se seraient rendus coupables de certains gestes
répréhensibles. Aujourd'hui, et depuis la semaine dernière, d'ailleurs, je dois
encore une fois féliciter Isabelle, nous avions demandé au gouvernement, nous
avions demandé au ministre du Travail une enquête, d'aller au fond des choses,
une enquête indépendante. Après plusieurs, moult hésitations, cette semaine
encore, lors des crédits, des échanges aux crédits en matière du travail, nous
avons réitéré cette demande. Et aujourd'hui nous croyons que le gouvernement
doit aller un peu plus loin. Il y a des gestes forts qui doivent être posés, et
ce geste fort, c'est la demande que nous faisions à travers cette motion
aujourd'hui.
Nous demandons au gouvernement d'assumer ses
responsabilités pour rendre inéligibles, donc, des personnes qui se seraient
rendues coupables de ces gestes-là, qui va à l'encontre de tous les principes
et les valeurs que nous défendons dans la société québécoise. Donc, alors,
j'espère que cette motion-là sera adoptée à l'unanimité.
M. Lacroix (Louis) : Ça va? Je
ne suis pas avocat, là, mais j'ai l'impression que ce que vous demandez, Mme
Melançon, ça demande des modifications au Code du travail, j'ai l'impression,
n'est-ce pas? Donc, vous demandez au ministre Boulet de présenter, quoi, un
projet de loi?
Mme Melançon : Ça peut être
sous forme de papillon. Vous savez qu'il y a un projet de loi, le projet de loi
n° 4, sur lequel on travaille actuellement, où il est question de la
gouvernance, où on est capables, rapidement, d'y aller avec un papillon.
M. Lacroix (Louis) : …la fin
de session, là, forcément.
Mme Melançon : Moi, ce que je
demande, c'est que ce soit avant la fin de la session. Ce n'est pas vrai qu'on
va attendre la fin de l'enquête indépendante, qu'on ne sait pas quand elle va arriver,
avant de poser les gestes qui doivent être posés.
Alors, c'est une motion. On pourra étudier
le tout à l'intérieur, par exemple... Je le répète, là, il peut y avoir le projet
de loi n° 4. Et, si le ministre veut aller rondement, là, on va aller rondement
avec lui, mais encore faut-il qu'il y ait de l'appétit du côté du gouvernement.
Et, moi, c'est ce que je souhaite, c'est que le ministre ait le courage d'aller
là où il doit aller.
M. Lacroix (Louis) : Est-ce
que vous avez vérifié si ça contrevient à la charte des droits et libertés?
Mme Melançon : Je n'ai pas
fait la vérification, mais une chose est sûre, dans le... Aide-moi, c'est le
R-20? Vas-y, viens donc, Lise, parce qu'on en a parlé hier.
Mme Thériault : Je veux juste
vous rappeler que, lorsque j'étais ministre du Travail et que j'ai resserré les
critères au niveau de l'émission des permis de la Régie du bâtiment lorsque les
gens ont été reconnus coupables de fraude, de malversation… C'est un privilège
d'avoir un permis. Je considère que c'est un privilège d'être président de
syndicat, comme, pour nous, nous avons un privilège d'être élus. C'est à nous
de montrer patte blanche.
M. Lacroix (Louis) : Sauf qu'en
regard de la loi puis de la charte avoir un emploi pour gagner sa vie, ce n'est
pas un privilège.
Mme Thériault : Non, mais
être président d'un syndicat, être le représentant de son syndicat...
M. Lacroix (Louis) : Mais ça
demeure un emploi, là.
Mme Thériault : Non, je veux
juste vous rappeler, par contre, qu'au niveau de la construction tous les
employés de la construction sont obligés. Ce n'est pas un choix, c'est la loi
R-20 qui est faite comme ça, et tu es obligé. Donc, raison de plus pour qu'au
niveau des syndicats de la construction que les gens qui prétendent à être
présidents de leurs sections et représentants de leurs sections, à la
FTQ-Construction et à la FTQ-Construction, doivent tous montrer patte blanche
en matière de relations de travail dans leurs propres relations de travail.
Si tu es un président de syndicat, c'est
un privilège, parce que tu as été élu par tes membres. Tu peux continuer à
travailler dans ton syndicat, les présidents géreront leurs sections locales,
ce n'est pas ça qui est question ici. Il est question ici de la représentation
des présidents de syndicat de la construction à la CCQ, donc tous les
syndicats, que ce soient les filiales de la FTQ-Construction ou les autres
syndicats qui sont en construction. Ce n'est pas logique qu'un dirigeant
syndical ait pu agresser sexuellement une femme pendant deux ans et monter tous
les échelons, un en arrière de l'autre, pour se ramasser président de la
FTQ-Construction. Ce n'est pas logique.
Mme Sioui
(Marie-Michèle) : Est-ce que les exigences devraient être les mêmes
pour les élus de l'Assemblée nationale? Parce que, là, vous avez parlé de
fraude, il y en a un, précédent, ici, en matière de fraude. Il y en a eu un,
ex-député, qui a été reconnu coupable d'agression sexuelle, il n'est plus là,
là. Mais, je veux dire, est-ce que ça devrait être la même chose ici pour quel…
pour quoi exactement...
Mme Thériault : Honnêtement,
là, moi, je peux juste vous dire, là, que notre cheffe… O.K., on fait toutes
les vérifications qui s'imposent, mais vraiment toutes les vérifications qui
s'imposent. Puis là, ce qu'on parle, c'est surtout en matière de relations de
travail, Commission des lésions professionnelles, Tribunal administratif du
travail. Il n'y a pas de raison pourquoi un représentant syndical dans
l'industrie de la construction ait eu des jugements contre lui pour des actes
qui sont graves, je le rappelle… puisse avoir le privilège de monter chacun des
échelons et se ramasser à la grande table pour venir décider des politiques de
harcèlement sexuel puis de harcèlement au travail, des recommandations qui sont
faites au ministre pour changer le travail.
M. Bellerose (Patrick) : ...quand
même, d'être député.
Mme Thériault : Pardon?
M. Bellerose (Patrick) : C'est
un privilège, quand même, d'être député, comme vous dites.
Mme Thériault
: Oui.
M. Bellerose (Patrick) : Donc,
la question se pose : Est-ce qu'on devrait interdire à tous les candidats…
Mme Thériault : La même
chose, la même chose. Moi, là, ça fait 20 ans que je suis députée, j'ai
été élue sept fois par ma population. Si j'avais quelque chose, là, dans mon
dossier, vous pouvez être sûr qu'il aurait été sur la place publique bien avant
aujourd'hui. Il n'y a rien dans mon dossier. Puis moi, je considère que, oui,
c'est un privilège. Puis, oui, définitivement, je pense qu'il y a des gestes
qui ne sont pas acceptables dans notre société, pas du tout.
M. Bellerose (Patrick) : ...considère
qu'on devrait interdire à toute personne reconnue coupable d'agression sexuelle
de poser sa candidature comme député?
Mme Thériault : Bien,
honnêtement, là, ça prend du guts en maudit pour déposer sa candidature dans un
poste électif, comme député, si tu as ça qui est à ton... tu sais?
Mme Côté (Claudie) : Entre déposer
sa candidature puis l'interdire, c'est deux choses, Mme Thériault. Il y a
une vérification que vous… Vous faites une vérification diligente. Là, vous
demandez que ce soit interdit.
Mme Thériault : Je suis
convaincue que ma cheffe, elle est en accord avec les propos que je tiens ici.
M. Lacroix (Louis) : …juste
pour être clair, là, vous voudriez que ça soit étendu aussi. L'inéligibilité
pourrait s'étendre aux députés, c'est ce que vous réclamez? Vous dites : Quelqu'un
qui a... ça peut faire 25 ans...
Mme Thériault : Elle
peut s'étendre aux députés, elle peut s'étendre aux élus municipaux, elle peut
s'étendre à n'importe qui qui est représentatif de sa population dans un poste
électif. Ce que je demande...
M. Lacroix (Louis) : Un
député qui a été trouvé coupable d'une agression sexuelle, ou d'un crime sexuel,
ou de harcèlement, parce que vous avez mis le harcèlement psychologique
là-dedans tout à l'heure, devrait être inéligible à se présenter?
Mme Thériault : Bien,
moi, là, je considère, là, que, quand tu as fait notamment ce que
M. Grondin a fait... Ce n'est pas logique, qu'il ait été capable de monter
chacun des échelons, particulièrement au niveau des syndicats, qui, je le
répète, sont supposés de défendre les intérêts des travailleurs, défendre les
intérêts des travailleurs.
Mme Melançon : Et
travailleuses.
Mme Thériault : Et des
travailleuses, définitivement. Il n'y a pas de femmes dans l'industrie de la
construction. 55 % sortent de l'industrie de la construction. Il y en a à
peine 3 %. Les chiffres se sont un peu améliorés depuis 10 ans, mais
moi, je pense qu'on a peut-être un ménage à faire. Définitivement, là, ce
qui s'est passé, c'est inacceptable. Puis oui à une enquête, mais, oui,
beaucoup plus loin, le ministre doit prendre ses responsabilités, c'est lui qui
recommande les nominations, doit faire les vérifications. Puis ce n'est pas
normal, ce n'est pas normal, je le répète, que quelqu'un qui a été reconnu
coupable, dans le milieu du travail, parce que c'est un syndicat, qu'il n'y a
pas personne qui était au courant puis que ça a passé, qu'il a pu monter tous
les échelons.
Est-ce que le président de la FTQ était au
courant? Je donne le bénéfice du doute à M. Boyer. Je le donne même à
M. Boisjoly, qui est le directeur général de la FTQ-Construction. Mais ce
n'est pas vrai qu'à l'intérieur de la structure de la FTQ-Construction il y a
un avocat qui a défendu… Puis les gens suivent, normalement, ce qui se passe en
matière de relations de travail puis tous les jugements qui sont rendus. Ça
fait que ce n'est pas vrai que personne ne savait. Il y a des gens qui
savaient. Moi, je veux que la lumière soit faite, je veux savoir comment il a
pu gravir, mais je veux aussi surtout que le ministre prenne ses
responsabilités puis que ça ne se reproduise plus. Voilà.
M. Bellerose (Patrick) : Notre
système de justice est basé sur le fait qu'on peut, justement, avoir une
certaine rédemption. Tu sais, on purge sa peine, on a une rédemption. Cinq ans
après, on peut avoir un emploi, on peut se présenter comme député. Est-ce que
vous considérez que ce n'est pas quelque chose de valable, cette idée-là, de
rédemption, du système de justice?
Mme Thériault : On peut
lancer le débat. Moi, je suis prête à débattre. Est-ce que... à vie, cinq ans,
10 ans, 20 ans? On peut lancer le débat. Mais, chose certaine, ce
n'est pas normal, et je l'ai dit, dans un syndicat, où tu es supposé de
protéger tes travailleurs, qu'un président a été reconnu… d'agression sexuelle,
harcèlement sexuel… Il est coupable, là, il a grimpé les échelons. On a des
questions à se poser.
Moi, quand j'étais ministre, là, quand il
y avait quelque chose qui ne marchait pas... Puis, rappelez-vous, à chaque fois
que j'avais des reportages dans l'industrie de la construction, puis il y avait
quelque chose qui ne marchait pas, on a loué des licences, on a augmenté les
amendes, on a… Du monde qui faisait de la fraude, ils n'en ont plus, de permis.
On a tout changé les règles. Moi, j'ai pris mes responsabilités quand j'étais
ministre. Ça ne marche pas? On change. Le ministre Boulet a la responsabilité
de changer et de vérifier son mode de nomination pour s'assurer qu'il n'y ait
pas personne qui ait eu des coches mal taillées puis qu'une affaire Grondin n° 2 ne puisse se reproduire.
Mme Sioui
(Marie-Michèle) : ...un climat particulier, à la FTQ, qui a permis que
ça arrive?
Mme Thériault : Je ne
suis pas à l'interne, je ne pourrais pas vous le dire.
M. Lacroix (Louis) : Vous
connaissez la FTQ, vous.
Mme Thériault : Non, je
ne suis vraiment pas à l'interne, je ne pourrais pas vous le dire. Puis, comme
j'ai dit, moi, je pense que M. Boyer ne le savait pas. Honnêtement, je
pense qu'il ne le savait pas, vraiment, puis je n'ai pas de problème à lui
donner le bénéfice du doute.
Je pense que les syndicats ont leur raison
d'être, c'est normal qu'ils soient là, ils défendent des dossiers, ils
défendent des intérêts. 100 % en arrière d'eux, je vais toujours l'être,
parce que je pense que c'est le travailleur qui va être le bénéficiaire. Mais,
quand tu as un travailleur… une travailleuse qui harcelée, agressée par un
président de syndicat, puis que le président de la section continue de monter
les échelons, un en arrière de l'autre, ça, c'est inadmissible, là.
M. Duval (Alexandre) : Mme Thériault,
il n'y a personne qui remet en question qu'il y a quelque chose qui a été
échappé, dans cette histoire-là, puis que, visiblement, l'enquête nous
permettra de savoir où est-ce qu'on l'a échappé. Mais la question de la
réhabilitation est quand même très importante, c'est un pilier de la justice
pénale au Canada.
Mme Thériault : Oui,
absolument.
M. Duval (Alexandre) : Y
a-t-il une fenêtre de temps qui va être incluse dans votre proposition? Parce
que, là, vous dites : Cinq ans, 10 ans, 20 ans, à vie. Qu'est-ce
que vous faites du principe de réhabilitation, même pour les postes électifs,
là?
Mme Thériault : Oui,
bien, honnêtement, la discussion est ouverte. Moi, je n'ai pas de problème à ce
qu'on puisse mettre du temps. On en discutera en commission parlementaire. Ça
me fera plaisir d'aller à la commission où M. Boulet sera... ou le projet de
loi n° 4, s'il décide de déposer
un papillon. C'est des choses qui peuvent se régler rapidement. Là, le libellé
de la motion aujourd'hui est inspiré directement de la Loi R-20, donc c'est
une modification à la Loi R-20. La loi, elle est déjà écrite, c'est un
papillon qu'on dépose pour s'assurer que quelqu'un qui a été reconnu coupable…
Par la suite, là, honnêtement, là, si le ministre veut rouvrir le débat, ça me
fera plaisir d'y contribuer, même si je ne suis plus parlementaire, à titre
d'ex-ministre du Travail.
M. Duval (Alexandre) : ...une
période de temps acceptable?
Mme Thériault : Non,
mais ça me fera plaisir de pouvoir contribuer à l'avancement des travaux.
M. Duval (Alexandre) : …c'est
quand même important. Je comprends que vous êtes prête à en débattre, mais
est-ce que vous avez une conception de ce qui serait une période de temps
acceptable d'inadmissibilité à un poste électif?
Mme Thériault : Non, je
pense qu'il faut aller voir qu'est-ce qui se fait ailleurs. Ça ne serait pas
logique de vous répondre ça là, là, comme ça, il faut être capable de
l'étudier. Moi, je suis de celles qui croient au pardon, également, mais il
faut mettre toujours en lien l'infraction avec le domaine dans lequel on est.
Est-ce que c'est acceptable qu'un professeur qui a agressé... tu sais, qu'une
personne qui a agressé des enfants sexuellement soit professeur? Il ne peut
pas, il ne peut pas. Est-ce que la question s'est posée : Y a-tu une
limite de temps? Non. Bien là, vous me posez la question. Je trouve que c'est
une question qui mérite la peine d'être débattue, c'est tout.
M. Pilon-Larose (Hugo) : Le
débat que vous soulevez est très intéressant, très complexe. Est-ce que de
mettre un échéancier à d'ici la fin de la session, ça relève du spectacle
parlementaire?
Mme Thériault : Non, pas
du tout.
M. Pilon-Larose (Hugo) : Et
pourquoi ne pas se donner le temps d'avoir ce débat-là de façon posée et entre
les partis?
Mme Thériault : La
première question à régler sont les nominations recommandées par le ministre.
Donc, la modification qu'on demande ici, là, c'est quelque chose qu'il peut
faire. Parce que, de toute façon, les vérifications, si on oblige à le faire
dans la loi, on va être sûrs qu'elles vont être faites. Ça, c'est la première
responsabilité. Par la suite...
M. Lacroix (Louis) : Mais,
vu le débat que ça soulève, même ici, en conférence de presse, est-ce qu'il n'y
aurait pas lieu de tenir des consultations là-dessus pour savoir, dans le
droit, ce qui est acceptable ou ce qui est même possible de faire?
Mme Thériault : Je
comprends vos questions...
M. Lacroix (Louis) : Parce
que, là, si on met un papillon dans le p.l. n° 4, là,
je vais dire une chose, ça...
Mme Thériault : Bien,
savez-vous quoi, on étudie des projets de loi qui sont omnibus, puis souvent ce
n'est pas les ministres qui portent les dossiers, c'est un ministre qui est à
côté.
Moi, je fais juste vous dire, là, la
question ne s'est jamais posée pour une personne qui a agressé sexuellement ou
qui a de la pornographie, s'il devient professeur, vous ne posez même pas la
question : Est-ce qu'on peut mettre une limite de temps, cinq ans, dix
ans, quinze ans? Pourquoi vous...
Journaliste : ...
Mme Thériault : Bien
oui, mais il y a une incompatibilité quand tu es président d'un syndicat de
travailleurs, il y a une incompatibilité, point. On ne l'empêche pas de gagner
sa vie, là, on l'empêche de représenter ses gens, et d'avoir tous les
privilèges, et d'aller siéger sur les comités respectifs qui en découlent.
M. Bellerose (Patrick) : Pourquoi
ne pas inclure d'autres types de crime, là? On sait, par exemple, qu'il y a des
dirigeants syndicaux qui ont déjà tabassé des gens, par exemple.
Mme Thériault : On est
prêts à rouvrir le débat. Moi, je vous dis que, là, présentement, c'est
l'affaire Grondin, c'est : Pourquoi il a pu grimper les échelons? Nous, ce
qu'on est en train de vous dire : On peut-u faire en sorte que ça n'arrive
plus puis, s'il y en a, on peut-u les tasser? Ça fait que faisons les
vérifications rapidement, n'attendons pas, parce que, si, dans deux semaines,
il y a d'autres victimes sur la place publique, là, bien, vous allez voir que
ce que je propose, là, ça a bien de l'allure, surtout si c'est dans un autre
syndicat de la construction.
M. Lacroix (Louis) : Là,
vous n'avez pas une crotte sur le coeur contre la FTQ?
Mme Thériault : Pas
pantoute, non, pas du tout. Non, non, non. Puis, non...
M. Lacroix (Louis) : C'était
quoi, l'expression qu'avait utilisée M. Arsenault?
Mme Thériault : Non,
non, non, on n'ira pas là, on n'ira pas là. Mais, honnêtement, moi, là, je
défends les travailleurs, les travailleuses, et je l'ai toujours dit, j'ai une
oreille pour le syndicat, une oreille pour le patronat, mais mon coeur, il est
aux travailleurs et aux travailleuses. Et ce qui s'est passé est inadmissible,
inadmissible. On doit faire les changements.
Comment vous pensez, vous, que la CCQ peut
travailler correctement avec des gens qui ont posé de tels actes, dans leurs
comités de formation, dans les comités de politiques? Aïe! C'est du beau show,
là. Je m'excuse, là, mais moi, j'appelle ça des larmes de crocodile, quelque
chose, là. Ça n'a pas de bon sens, il faut qu'on sorte ce monde-là, il faut qu'on
fasse le ménage. Bien, «let's go», allons-y.
Mme Melançon : Merci, tout le
monde.
Mme Thériault :
Merci.
Une voix : …English question.
Mme Thériault
: Oh! in English. Vas-y, Frantz.
Mme Henriquez
(Gloria) :
Today,
students at John Abbott College are going to be protesting Bill 96. I was just wondering what your
thoughts are on that, that they're taking the matter into their own hands.
M. Benjamin :
Well, it is clearly a situation where
you have citizens who express their opposition to Bill 96, and I think
Dominique Anglade has spoken, regarding Bill 96, what we, as the Liberal Party
of Québec… where we stand on that.
Des
voix : Merci.
Mme Melançon : Bonne journée,
là!
(Fin à 8 h 23)