(Quatorze heures vingt et une minutes)
M. Arseneau : Alors, bonjour,
tout le monde. J'aimerais réagir à l'annonce de ce matin concernant la nouvelle
mouture du troisième lien caquiste pour relier Lévis et Québec. C'est
hallucinant de voir le mauvais théâtre auquel on a eu droit ce matin.
Écoutez, les questions qui nous viennent
spontanément, là, si on veut être responsables, on se dit : Mais est-ce
que le gouvernement connaît les concepts de rigueur, de rigueur scientifique
pour... Où sont les études pour présenter un projet comme celui-là? Est-ce qu'il
reconnaît les changements climatiques? Est-ce qu'il se pose des questions,
parfois, sur l'étalement urbain? Est-ce que le concept de saine gestion des
finances publiques, là, ça a encore une résonnance, là, chez les gens qui sont
au gouvernement, qui sont membres de la Coalition avenir Québec? Toutes ces
questions, parce qu'elles n'ont pas trouvé réponse durant la conférence de
presse de ce matin.
Visiblement, les ministres du gouvernement
étaient en mode rattrapage, réparer les pots cassés, parce que leur dernière
mouture, celle de mai 2021, avait essentiellement fait l'unanimité contre elle.
Il n'y a pas un expert, il n'y a pas, en fait, personne qui comprend les enjeux
de la mobilité urbaine qui pouvait appuyer un projet comme celui-là, sur le
plan de sa faisabilité, évidemment, mais sur le plan financier également. Son
projet était critiqué de toutes parts.
Alors, aujourd'hui, ce qu'on voit, là, c'est
que c'est une quatrième napkin qui a été utilisée, là, pour essayer de corriger
le tir, puis de s'en aller en campagne électorale avec quelque chose à proposer
pour 2032, qui a l'air un peu plus crédible puis un peu moins coûteux. Et ça, c'est
extrêmement décevant de voir que le gouvernement continue de nous présenter du
vent. C'est du flou. En fait, beaucoup trop de questions restent sans réponse.
On se demande même, lorsqu'on évoque le bureau de projet : Mais qu'a fait
le bureau de projet? Qui est membre de ce bureau de projet puis sur quelle base
peut-on présenter un projet comme celui-là? On a vraiment l'impression que le
gouvernement nous prend pour des valises. C'est certainement un projet
passéiste. C'est la quatrième mouture, je le répète, à chaque fois on corrige
le tir, on n'a aucune preuve que ça va mieux fonctionner ou que c'est plus
crédible ou que ça répond à un besoin, à une fonction.
En résumé, c'est du grand n'importe quoi
que nous ont présenté, encore une fois, les ministres Guilbault et Bonnardel.
Alors, là-dessus, qu'attendre de plus, une cinquième mouture, au-delà de la
prochaine élection, une fois qu'on aura pu prouver que ce dossier-là ne sert à
rien. On va essayer de faire une pelletée de terre d'ici le mois d'octobre. C'est
lamentable, c'est décourageant, en fait. Quand le gouvernement va-t-il se
rendre compte, là, que ce projet-là, il est inutile, qu'on doit le ranger aux
poubelles puis qu'on doit développer la mobilité urbaine sur d'autres bases que
celles du troisième ici, dans la région de Québec?
Mme Prince (Véronique) : Vous
êtes très cynique. Vous croyez que ça ne se réalisera jamais, dans le fond?
M. Arseneau : Bien, je ne suis
pas le seul à penser que ça ne se réalisera jamais et de penser que le
gouvernement, avec les quelques informations qu'ils ont présentées ce matin,
ont un projet crédible en main. C'est presque le théâtre de l'absurde.
Écoutez, la dernière fois qu'ils ont
présenté un projet, là, on avait un plan, on avait des vidéos puis on avait des
chiffres très évasifs. Là, aujourd'hui, on arrive avec un chiffre hyperprécis,
il ne faut pas que ça dépasse 6,5 milliards. Puis on a des dessins qui,
eux, sont évasifs. On ne sait pas exactement d'où ça va partir, où ça va
arriver, comment on va pouvoir réaliser tout ça. On a deux tubes. On ne sait
pas s'il y a deux voies par tube, s'il y en a une cinquième, quelque part, qui
se cache pour du transport collectif. On va faire une... Le ministre a été
très, très vague là-dessus.
C'est décevant parce que ce n'est pas
crédible. Ce n'est pas sérieux. C'est vraiment ce qui est, en fait, désespérant
avec ce gouvernement, c'est qu'il s'accroche à ce projet-là, à cette idée-là,
visiblement, là, en pensant qu'à courte vue, en… la perspective électorale, on
va encore pouvoir convaincre des gens, là, de voter pour cette lubie
gouvernementale. C'est, en fait, la conclusion que je peux offrir, c'est que le
gouvernement n'a pas fait ses devoirs, mais probablement parce que c'est
impossible de présenter quelque chose qui tient la route et on en a le résultat
aujourd'hui.
Mme Prince (Véronique) : Mais
que pensez-vous du principe des voies réservées seulement aux heures de pointe,
des voies partagées?
M. Arseneau : Bien, je me
demande d'ailleurs... Parce qu'on veut une composante sur le transport
collectif pour aller chercher de l'argent au fédéral, c'est la seule raison
pour laquelle le gouvernement souhaite mettre en place, semble-t-il, une voie
réservée. Alors, est-ce que le gouvernement fédéral va donner de l'argent à un
projet comme celui-là, là, aussi mal ficelé, aussi bâclé, en fait, aussi
superficiel, sur la base d'un autobus qui va passer de temps en temps aux heures
de pointe?
Encore une fois, c'est ridicule, je pense,
pour les Québécois en général, pour les gens de la région, de la grande région
de la Capitale-Nationale. Puis je pense, c'est tout aussi ridicule pour un
bailleur de fonds, qui pourrait être le gouvernement fédéral, de penser que ce
projet-là, là, il y a quelques visées de transition écologique. On n'est pas du
tout là-dedans, là, on est en train de faire un lien autoroutier alors que les
rapports du GIEC sont clairs qu'il faut réduire la production de gaz à effet de
serre, notamment par le transport. Et le gouvernement, il choisit une voie
complètement différente. C'est un projet du XXe siècle, peut-être même
avant, pour des problèmes qui sont criants, qui sont majeurs et pour lesquels
on va... si jamais le projet avait des chances ou des risques, je devrais dire,
de se réaliser, on sait qu'on ne ferait qu'augmenter les problèmes de
circulation avec la demande induite. On sait que ça ne tient pas la route, ni
sur le plan environnemental, ni sur le plan de la mobilité, ni sur le plan de
l'étalement urbain.
Alors, ce projet-là, c'est à mettre aux
poubelles, il faut tourner la page, puis on se demande quand le gouvernement va
lui-même se l'avouer parce qu'on commence à penser qu'il n'y croit plus vraiment.
Le premier ministre n'était pas là, il a préféré aller à Mégantic faire une
autre annonce. J'ai bien hâte de lui poser des questions, à savoir s'il y croit
vraiment. Moi, je pense qu'il décroche, parce qu'essentiellement on n'a rien à
mettre sur la table qui soit crédible. Pour le gouvernement du Québec, je
dirais que c'est gênant.
Une voix : Merci beaucoup.
M. Arseneau : Merci beaucoup.
(Fin à 14 h 28)