(Onze heures vingt et une minutes)
M. Tanguay : Alors,
aujourd'hui, nous avions, lors de la rubrique Motion sans préavis, une motion
qui était présentée par le gouvernement de la CAQ, qui visait évidemment à
dénoncer le fait qu'il y a eu un rapatriement unilatéral de la Constitution il
y a maintenant 40 ans. Et ça a toujours été dans la ligne historique du
Parti libéral du Québec de désapprouver et de dénoncer le fait qu'il y avait eu
un rapatriement unilatéral de la Constitution canadienne.
En ce sens-là, nous avons voulu déposer un
amendement et nous avons communiqué quand même un amendement au gouvernement.
Et je vais vous lire les deux amendements que nous avons déposés, qui ont été
refusés, et qui expliquent pourquoi on a dit : Pas de consentement. Parce
que ça fait partie d'un tout. On voulait ajouter : «Qu'elle constate, l'Assemblée
nationale, le progrès économique, social et culturel du Québec. Qu'enfin, elle
reconnaisse que le fédéralisme canadien a permis au Québec de réussir son
projet de construction national.» Fin de la citation.
Ça, ça a été refusé par la Coalition
avenir Québec. Ça, c'était en ligne directe... Et puis le dernier exemple en
tête, c'est 2017, avec Jean-Marc Fournier. Exactement le même texte de la
motion avait été présenté par un parti d'opposition. Et nous avions déposé l'amendement
et qui avait été refusé, puis on avait dit : Pas de consentement.
Alors, tout ça pour vous dire que la
position du Parti libéral du Québec, elle n'a pas changé, elle a toujours été
la même. On dénonce toujours, évidemment, comme on l'a toujours fait, le
rapatriement unilatéral. Mais on veut souligner que le fédéralisme canadien a
permis au Québec, entre autres, d'être l'une des sociétés les plus évoluées,
une grande démocratie. Et ça, ça a été refusé par le gouvernement. Alors,
voilà, tout simplement.
Mme Lajoie (Geneviève) : Est-ce
que vous... Excusez-moi, là, je n'étais pas au courant, là, de.... Je ne me
souviens pas du libellé, là. Pouvez-vous me répéter juste le libellé?
M. Tanguay : Il n'y a
pas de problème. Le libellé qui a été refusé : «Qu'elle constate, l'Assemblée
nationale, donc, qu'elle constate le progrès économique, social et culturel du
Québec. Qu'enfin, elle reconnaisse que le fédéralisme canadien a permis au
Québec de réussir son projet de construction national.» La CAQ — fin
de la citation — a voté contre cet amendement-là.
Donc, quand on dit que le Parti libéral du
Québec est le seul parti véritablement fédéraliste à l'Assemblée nationale, la
CAQ nous en a donné une autre preuve ce matin en votant contre une motion qui
reconnaissait que le fédéralisme canadien, bien, ça a du bon aussi, puis on
voulait le souligner. La CAQ a dit non à ça. Alors, le Parti libéral se tient
seul du côté de la clôture où nous sommes le véritable parti fédéraliste
capable d'envisager l'avenir au sein de la fédération canadienne.
François Legault aura à expliquer pourquoi
son parti, ce matin, a refusé cet amendement-là. Pourquoi François Legault ne
voit-il pas, aujourd'hui, les succès du Québec au sein de la fédération
canadienne? Est-il en train de nous préparer un référendum, François Legault?
Est-ce qu'il pense que l'avenir du Québec ne devrait pas passer au sein du
fédéralisme? Pourquoi avoir donné l'ordre de voter contre cet amendement-là? Je
ne la comprends pas. Nous sommes cohérents au Parti libéral du Québec.
Mme Lajoie (Geneviève) : Donc,
selon vous, là, vous êtes désormais, vous êtes certains, le seul parti
fédéraliste à l'Assemblée nationale?
M. Tanguay : Tout à
fait, tout à fait. Et, ce matin, on en a une preuve.
M. Robillard (Alexandre) : Mais
M. Legault, il a quand même déjà dit, là, qu'il était fier d'être
Canadien, est-ce que...
M. Tanguay : Ça fait...
mais il ne l'a pas dit ce matin. Ça date de quand, ça, fier d'être Canadien? Il
ne l'a pas dit ce matin.
M. Robillard (Alexandre) : Il
l'a au moins dit en 2016.
M. Tanguay : Du bout de
lèvres. Mais entre dire une chose et, ce matin, un vote tangible, l'acceptation
ou le refus d'un amendement, c'en est une autre, alors, on peut bien le dire
par calcul politique. Mais, dans les faits, ce n'est pas ça qu'on a constaté ce
matin. Et dans les faits, ce qu'on constate ce matin, c'est que le Parti
libéral du Québec est le seul parti fédéraliste à l'Assemblée nationale. Et, en
ce sens-là, on ne comprend pas pourquoi ils ont refusé de reconnaître que le
fédéralisme canadien a permis au Québec d'être une société évoluée.
Mme Lajoie (Geneviève) : Les
gens qui vont voter pour la CAQ aux prochaines élections, là, est-ce qu'ils
peuvent... Est-ce qu'il y a un risque que, si c'est la CAQ qui est encore au
pouvoir, là, comme vous disiez tout à l'heure, il y ait un référendum?
M. Tanguay : Bien, ça
sera à François Legault de préciser la suite des choses. Ça sera à lui de le
préciser très clairement. Et, en ce sens-là, encore une fois, on ne s'explique
pas pourquoi ils ont voté contre cet amendement-là. Et, pour nous, libéraux, c'est
en ligne tout à fait directe depuis, évidemment, bien, bien, bien des années. C'est
en ligne directe avec notre approche qui fait en sorte que le Québec, le Québec
est une société qui évolue au sein du Canada, au sein du fédéralisme, a été
capable de tirer son épingle du jeu, est une société évoluée.
M. Robillard (Alexandre) : Mais
est-ce que vous pensez que M. Legault est souverainiste?
M. Tanguay : Ah! bien, ça
sera à lui à le préciser. Ce que je constate, ce matin, c'est que M. Legault
n'a pas réaffirmé, réaffirmé que l'avenir du Québec était au sein de la
fédération canadienne. Ce que nous avons déposé comme amendement aurait exprimé
cette idée-là. Il a été refusé par le gouvernement de la CAQ. C'est à lui à
répondre aux questions. Nous, nous sommes en ligne droite avec l'historique du
Parti libéral du Québec. Maintenant, François Legault doit préciser ses
intentions, doit préciser sa vision. Pour lui, est-ce que l'avenir du Québec
est toujours au sein de la fédération canadienne? Et pourquoi ne l'a-t-il pas
tout simplement exprimé ce matin, en reconnaissant que le fédéralisme canadien
a permis au Québec de réaliser son projet de construction nationale?
M. Robillard (Alexandre) : Qu'est-ce
qui vous fait penser qu'il y a un risque de référendum?
M. Tanguay : Bien,
écoutez, ça sera à lui de le préciser. Ça serait à lui de le préciser, de
préciser ses intentions. Parce que la citation que vous avez sortie à l'effet
qu'il disait qu'il était un fédéraliste, là, je m'en rappelle, ça fait au moins
quatre, cinq ans qu'il l'a dit.
M. Robillard (Alexandre) : Je
suis fier de ce qu'on a construit… et le Canada, puis ça a commencé ici, au
Québec, là. C'était un peu ça, sa...
M. Tanguay : Puis ça
doit faire plusieurs années de cela. Ce matin, il aurait eu l'occasion de le
dire : Je suis fier de ce que l'on a construit comme Québec au sein de la
fédération canadienne. Puis ils ont dit non. Maintenant, je vais arrêter là les
extrapolations, ce sera à lui à répondre.
Mme Lajoie (Geneviève) : Vous
ne croyez pas qu'il est fédéraliste?
M. Tanguay : Bien, non.
Moi, je ne le crois pas, mais ça sera à lui à l'affirmer puis à le réaffirmer.
Puis, ce matin, il avait une belle occasion de le faire, occasion manquée.
Maintenant, je ne vais pas extrapoler sur un possible référendum, ce sera à lui
de préciser ses intentions.
M. Robillard (Alexandre) : ...question
peut-être plus de stratégie, parce qu'on sait que, souvent, pour le Parti
libéral, ça a été profitable d'utiliser la menace d'un référendum, là, que ce
soit avant ou pendant une campagne électorale. Est-ce que c'est ce que vous
souhaitez faire?
M. Tanguay : Écoutez, ce
matin, là, l'intervention que l'on fait, puis l'intervention que nous faisons
comme groupe parlementaire, ça ne relève pas de la stratégie politique, ça
relève de notre ADN au Parti libéral du Québec. Et, ce matin, François Legault
avait une belle occasion de réaffirmer la citation que vous nous soulevez, il y
a plusieurs années, puis il ne l'a pas fait ce matin. Alors, pourquoi il ne l'a
pas fait? Pourquoi ça ne lui tentait pas ce matin de dire que le Québec a su
évoluer au sein de la fédération canadienne? Ça veut dire quoi, la suite?
M. Robillard (Alexandre) : ...intéressant
pour recadrer l'échiquier, là, autour du débat souverainiste-fédéraliste?
M. Tanguay : Bien,
au-delà de la stratégie politique, ce qui m'anime ce matin, là, c'est ma
profonde stupéfaction de voir qu'un tel amendement a été refusé. Fédéralisme
canadien, bon pour le Québec, a été refusé par la CAQ. Alors, au-delà du calcul
politique, mon intervention ce matin, là, elle n'est pas du tout de cet
ordre-là. Moi, comme libéral, ça participe de mon ADN.
Mme Lajoie (Geneviève) : C'est
quoi, votre message, justement, aux fédéralistes du Québec?
M. Tanguay : Écoutez, le
message, c'est que le Québec a su croître au sein de la fédération canadienne,
a su s'épanouir. Ce qui faisait dire, entre autres, Mario Polèse, dans son
livre qui est paru il y a quelques années, disait que le Québec des
50 dernières années, force est de constater, est une des sociétés les plus
évoluées, les plus libres et les plus accueillantes et confiantes. Et ça, ça
s'est fait, ça s'est fait au sein de la fédération canadienne. Alors, nous,
notre message a toujours été à cet effet-là. Maintenant, encore une fois,
François Legault devra, suite au refus de ce matin, préciser sa pensée. C'est
tout ce que je dis. Maintenant, pour la suite des choses, ce sera à lui de
préciser sa pensée.
Mais pourrait-il encore une fois
réaffirmer? Allez lui poser la question : Pourquoi, M. Legault, vous
étiez contre d'affirmer, à matin, que le fédéralisme canadien a permis au
Québec de réussir son projet de construction nationale? François Legault a dit
non, ce matin, à ça. Pourquoi? C'est la seule question que je pose. Et ça,
c'est en ligne droite avec le Parti libéral du Québec.
Je dois vous rappeler qu'en 2017,
exactement les mêmes mots, les mêmes termes, le même débat, ça avait été
refusé, à l'époque, par les partis d'opposition. C'était Jean-Marc Fournier qui
avait demandé qu'on l'ajoute, ça avait été refusé. Il n'y avait pas eu de
motion qui avait été adoptée. Alors, est-ce que François Legault peut préciser,
il est premier ministre du Québec, lui, aujourd'hui, préciser la pensée, la
position de son parti ce matin?
Des voix : Merci.
M. Tanguay : Merci à
vous.
(Fin à 11 h 29)