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Point de presse de M. Sylvain Gaudreault, porte-parole du troisième groupe d’opposition en matière d’environnement et de lutte contre les changements climatiques, Mme Véronique Hivon, porte-parole du troisième groupe d’opposition pour la famille, et M. Joël Arseneau, chef du troisième groupe d’opposition

Version finale

Thursday, April 7, 2022, 8 h 40

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Neuf heures)

La Modératrice : Bienvenue à ce point de presse du Parti québécois. Ce matin, Mme Véronique Hivon, notre porte-parole en matière de famille. Elle sera suivie du chef du Parti québécois, M. Paul St-Pierre Plamondon. M. Joël Arseneau est aussi disponible pour les questions par la suite. La parole est à vous.

Mme Hivon : Oui, bonjour, tout le monde. Alors, on en est vraiment aux derniers milles des débats entourant l'adoption du projet de loi n° 1 sur les services de garde éducatifs à l'enfance. Et je dois vous dire qu'on est vraiment face à une occasion ratée par le gouvernement de faire les virages qui s'imposent, d'abord, pour consacrer, comme il le prétend publiquement, une place pour chaque enfant en service de garde éducatif à la petite enfance — malheureusement, ce droit-là n'est pas consacré dans le projet de loi — et, bien sûr, aussi, pour mettre fin à un régime à multiples vitesses qui fait la part belle, encore et toujours, aux garderies privées non subventionnées que l'on compte au nombre de 70 000 au Québec.

Et, quand on voit à quel point les parents n'ont pas de place, en ce moment, à quel point il y a des parents dont la seule option est une garderie privée non subventionnée et qu'ils ne peuvent y aller parce qu'elle est tellement dispendieuse que c'est mieux pour eux de rester à la maison, ça dit tout. Ça dit tout, aussi, en termes de qualité, parce qu'étude après étude il y a un décalage énorme entre les CPE et les garderies privées qui se reflète.

Et on voit encore, cette semaine, à quel point il y a des histoires d'horreur dans les garderies privées, des histoires de fraude, des histoires de liens avec les Hell's Angels, des histoires d'enfants qui ont réussi à s'échapper. Alors, si ça, ce n'est pas assez pour le ministre pour dire que, dans son projet de loi, il prend vraiment le virage vers la qualité, l'accessibilité et l'universalité, on se demande bien ce que ça va prendre. Et aujourd'hui il n'y a pas juste nous qui le disons, mais le regroupement de parents Ma place au travail va d'ailleurs être présent aujourd'hui dans les tribunes, eux aussi dénoncent cette occasion ratée du projet de loi n° 1 de prendre les virages qui s'imposent.     Alors, nos enfants méritent une place, nos enfants méritent une place de qualité, les parents méritent que ces enfants-là n'aient pas à gagner à la loterie. Donc, nos enfants méritent mieux, et c'est ce à quoi on se serait attendus d'un gouvernement qui se réclame de l'héritage du Parti québécois et de Mme Marois, mais qui ne respecte pas les principes à la base de ce réseau. Alors, sur ce, je passe la parole à mon chef, Paul.

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Merci, Véronique. Bonjour, tout le monde. Évidemment, je veux revenir sur le cas du CHSLD Herron. On a beaucoup parlé, hier, de la responsabilité des ministres, la responsabilité ministérielle, qui savait quoi, mais surtout est-ce que les ministres responsables prennent la responsabilité de ce qui s'est passé.

C'est un sujet important, mais je veux vous parler d'un autre sujet qui me préoccupe encore plus dans cette histoire-là. On apprend ce qui s'est réellement passé, au CHSLD Herron, au compte-gouttes, parce que les journalistes déterrent le mieux qu'ils peuvent la vérité, mais ça, ça implique que les ministres responsables ont caché cette vérité-là et ont même fait des déclarations qui sont absolument incompatibles avec les faits, absolument indéfendables.

Et ça, ça me préoccupe énormément parce qu'il y a le fait que le gouvernement aurait dû s'en occuper. Des questions assez importantes, comme par exemple : Croyez-vous sincèrement que la cellule de crise, pendant 10 jours, n'a jamais été mise au courant? Maintenant qu'on entend les appels téléphoniques au 8-1-1, maintenant qu'on a les courriels puis qu'on sait que les ministres sont au courant, la cellule de crise n'aurait jamais été mise au courant pendant 10 jours? Supposons que c'est le cas, les ministres, eux, étaient au courant. Pourquoi ont-ils déclaré avoir été mis au courant, la première fois, quand le dossier de la Gazette est sorti, 10 jours plus tard? Ça, c'est préoccupant, parce que ça veut dire que des ministres et des membres de ce gouvernement-là sont prêts à cacher la vérité pour préserver l'image du gouvernement, et ça soulève donc des questions de confiance.

Et vous me direz : Ce n'est pas la première fois qu'on prend le gouvernement à mentir à la population. Moi, je vous répondrai : Peut-être, mais dans ce cas-ci, il y a des dizaines et des dizaines de personnes qui sont mortes dans des circonstances effroyables, inhumaines, inacceptables, et mentir ou cacher de l'information, lorsqu'il y a des décès de cette nature-là, je regrette, ça ne passe pas, ça ne passe pas. La vérité, elle a une valeur lorsque des choses graves se produisent, puis qu'on ne souhaite plus jamais ça dans notre société. Moi, je veux la vérité puis je veux de la transparence. Et, à ce stade-ci, parce que les ministres cachent l'information, parce que le gouvernement est réticent à collaborer, il n'y a qu'une seule façon d'offrir à ces familles endeuillées la vérité, c'est une commission d'enquête publique et indépendante. C'est nécessaire, absolument nécessaire, maintenant qu'on comprend qu'il y a des gens au gouvernement qui veulent nous vendre une version des faits qui, en fait, ne colle pas.

Je veux également vous parler de Bay du Nord, Bay du Nord qui vient d'être autorisé par l'environnementaliste de carrière Steven Guilbeault. Vous savez que je vous dis et répète souvent que le Canada est un pétrogouvernement, et que, tant qu'on va consentir à rester dans cet état-là, on est condamnés à des décisions irresponsables. Parce que le lobby pétrolier pèse beaucoup trop lourd au Canada, ce qui veut dire qu'une partie de nos impôts québécois servent à donner des cadeaux et des subventions à cette industrie irresponsable. Et là on essaie de nous vendre à nouveau un projet irresponsable sur le plan environnemental, mais en nous sortant toutes sortes de bébelles de carboneutralité, un jour, alors qu'à la lecture du rapport du GIEC qui vient de sortir, c'est indéfendable.

Donc, à nouveau, le Québec doit décider par lui-même en matière d'environnement et cesser de collaborer avec ce gouvernement, cet État pétrolier qu'est le Canada. Et ça adonne aujourd'hui que Sylvain Gaudreault dépose notre projet de loi pour donner la primauté juridique du Québec sur toutes les questions environnementales. En d'autres mots, un projet de loi qui dit : En environnement, parce que ça nous tient à coeur et parce que c'est fondamental, c'est le Québec qui décide. Et ça fait... c'est une parmi de nombreuses mesures que le Parti québécois met de l'avant pour rappeler aux gens que, si on a à coeur l'environnement, on ne peut pas tolérer d'envoyer 2 milliards de nos impôts dans les sables bitumineux puis on ne peut pas tolérer que des soi-disant environnementalistes essaient de mettre de l'avant, de nous vendre des projets comme Bay du Nord qui n'ont plus leur place en 2022 à la lumière des données scientifiques. Sur ce, je vais prendre vos questions.

M. Bellerose (Patrick) : Dans le cas de Herron, M. St-Pierre Plamondon, vous parlez d'un «cover-up». Vous dites : Le gouvernement savait ce qui est arrivé, savait les conditions et cache sciemment ce qui est arrivé.

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Il cache plusieurs faits. Parce que rappelez-vous, la déclaration du premier ministre, c'est : Si on avait su quelque chose, évidemment qu'on aurait agi. Les ministres McCann et Blais ont dit : Moi, j'ai appris ce qui se passait dans les journaux. Elles ont eu un témoignage similaire devant la coroner. Là, les courriels sont là, les faits sont devant nous. C'était su une dizaine de journées à l'avance. On ne sait pas ce qui a pu se passer. Mais au-delà de la responsabilité de la ministre de veiller à ce que les vies soient protégées, ce qui est encore plus grave, c'est que, des mois plus tard alors qu'on sait que des gens sont morts dans des conditions inhumaines, on serait prêts à mentir, à déformer la vérité pour protéger l'image du gouvernement. On ne peut pas accepter ça comme société.

M. Bergeron (Patrice) : Est-ce qu'il n'y a pas matière à parjure devant le coroner, à ce moment-là, si on...

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Bien, c'est... on a déjà eu cette discussion-là. Et moi, je pense que ça revient à la coroner de nous éclairer sur la crédibilité des témoignages, et, s'il y a eu des manquements à l'éthique dans les témoignages, de nous éclairer sur les mesures à prendre. Parce que si nos institutions... Sous serment, là, si des témoignages... On peut dire des choses, puis, en fait, elles s'avèrent ne pas être vraies, lorsqu'on est ministre… Vous comprenez qu'on ne peut plus avancer comme société. Donc, la coroner a quand même des pouvoirs assez larges, notamment en écrivant dans son rapport la crédibilité qu'elle entend donner à chaque témoignage pour éclairer la population.

Puis, je vous rappelle, ça arrive que le gouvernement ne dit pas toute la vérité, mais sur des questions différentes que celles-là, là. On ne peut pas accepter, comme société, que les gens en fin de vie puissent mourir dans ces conditions-là, puis qu'après, comme société, on se dise : On ne veut pas le savoir, pourquoi puis comment, puis c'est correct si le gouvernement ne nous dit pas toute la vérité, on passe à autre chose. On ne peut pas, on a une responsabilité envers ces gens-là, ces familles-là.

M. Bellerose (Patrick) : Ça vient directement du bureau du premier ministre, pour vous, là, on a dit à Mme McCann, on a dit à Mme Blais : Voici le discours public à avoir?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Bien, laissez-moi vous poser la question. De votre point de vue, quelles sont les chances qu'une cellule de crise entièrement dédiée à la gestion de la pandémie, pendant dix jours alors que les ministres responsables ont été informés de ce qui se passait à Herron… quelles sont les chances que cette cellule de crise là n'ait jamais eu aucune information?

M. Bellerose (Patrick) : Mais, par la suite, ils ont parlé de mensonges, quand on parlait de Herron…

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Bien, de témoignages qui sont...

M. Bellerose (Patrick) : ...au bureau du premier ministre de dire : Voici ce qu'on va dire publiquement sur ce qui est arrivé à l'époque?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Bonne question. Quelles sont les chances que Marguerite Blais et Mme McCann aient eu des témoignages et fait des témoignages devant la coroner sans les préparer avec ses collègues? C'est quoi, les chances?

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : Bien, si c'est le cas, la préparation n'a pas été très bonne parce qu'elles n'ont pas donné la même version des faits, toutes les deux.

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Oui, mais est-ce que, justement, le fait de ne pas donner la bonne version des faits a été discuté avec leurs collègues? La question se pose. Parce que c'est rare que des ministres vont témoigner sous serment devant une coroner sur des questions comme celles-là sans en avertir le PM, la cellule de crise, les gens de communication. Tu sais, il faut...

M. Bossé (Olivier) : C'est juste des questions que vous posez, ce n'est pas des affirmations que vous faites.

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : C'est des questions que je pose, mais je pense que ça vaut la peine de les poser.

M. Bossé (Olivier) : C'est sur la ligne, un petit peu, vous le savez.

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Non, non, j'ai le droit de poser ces questions-là, puis il faut les poser, là.

M. Laforest (Alain) : Bien, justement, parlant de questions, vous pensez quoi de la déclaration du premier ministre cette semaine qui dit que la COVID, quand on est vaccinés, c'est juste un rhume?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Bien, ça ramène la question de comment vivre avec le virus et comment réconcilier qu'on est encore en train de débattre d'un état d'urgence qui s'étire alors qu'en même temps le gouvernement, bien, avec des déclarations comme celles-là, minimise la situation sanitaire.

Moi, ce qui m'a intéressé, hier, c'est le témoignage des juristes, puis, peut-être, Joël pourra en rajouter. Mais, quand on a des juristes qui nous disent : Vous n'avez pas besoin d'un projet de loi transitoire pour mettre fin à l'urgence sanitaire, puis, techniquement, non, on n'est pas dans l'urgence sanitaire, ce qu'il faudrait faire, c'est ajuster la loi pour que les pouvoirs de gestion sur des choses comme la vaccination… La loi n'est pas...

M. Laforest (Alain) : La déclaration du Dr Boileau, hier, de dire qu'il va y avoir des morts, sortir la loi, c'est exagéré, pour vous, là?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Ça ressemble beaucoup plus à de la politique qu'à de la science.

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : Mais est-ce que le Dr Boileau... Le Dr Boileau a dit qu'il était là à titre personnel. Est-ce qu'il peut s'exprimer à titre personnel?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : C'est comme si, moi, comme chef du Parti québécois, je dis : Oui, j'ai dit quelque chose, mais ça, ce n'était pas à titre de chef, là, ça, c'est à titre personnel. Il n'y a personne... Des fois, on voit ça en campagne, aussi, des déclarations regrettables où un politicien... Ce n'est pas comme ça que ça fonctionne, là. Le Dr Boileau représente en tout temps la Santé publique. Et j'ai beaucoup de difficultés à croire que c'est une affirmation scientifique que de qualifier des projets de loi puis des pouvoirs... Rappelons également, là, que ce projet de loi là s'appelle...

Une voix : ...

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Pardon?

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : Juste pour terminer votre phrase, vous avez dit : J'ai du mal à croire que c'est une affirmation scientifique que de qualifier des projets de loi, des pouvoirs de...

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Oui, quand on est dans le commentariat juridique et politique sur une loi, on n'est plus dans la santé publique et dans la science, je regrette. Ensuite, je vous rappelle que le nom du projet de loi, c'est la loi pour mettre fin aux mesures sanitaires, mais ce n'est pas ça que la loi fait, c'est parfaitement l'inverse. Ça devrait s'appeler «loi pour conserver des pouvoirs par décrets extraordinaires», entre parenthèses, même si, de l'avis de tous les experts, on n'est pas en urgence sanitaire, il faut, au contraire, apprendre à vivre avec le virus. Nous, ce qu'on...

Une voix :  ...

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Ce serait long, ce serait long, mais ça aurait le mérite d'être mieux intentionné que le titre actuel.

M. Bellerose (Patrick) : M. Boileau est venu dire : Si on perd ces pouvoirs-là, extraordinaires, je n'aurai plus les volontaires de Je contribue, on ne pourra pas poursuivre la vaccination, le dépistage, donc il y aura des morts.

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : C'est faux. Tu veux-tu y aller, Joël? C'est faux.

M. Bellerose (Patrick) : En quoi ça, est-ce que c'est... Mais juste… parce que c'est vous qui avez fait la déclaration.

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Oui.

M. Bellerose (Patrick) : En quoi ça, c'est plus de la politique que de la science?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : En politique, si on décide de mettre fin à l'urgence sanitaire en ne renouvelant pas ce statut-là… mais de s'assurer, en parallèle, puis ça fait deux ans qu'on a le loisir de le faire, qu'une loi qui mérite une rénovation, qui est la loi-cadre, que cette loi-là soit rénovée de sorte que les besoins organisationnels du gouvernement… On modifie la loi pour qu'on puisse faire de la vaccination, mobiliser des bénévoles. Cette rénovation-là aurait dû avoir lieu, aurait pu avoir lieu, elle peut toujours avoir lieu par des ententes avec les oppositions, on n'est pas de mauvaise foi.

Mais là ce qu'on voit, c'est un processus qui s'étire et des déclarations qui sont très politiques de la part d'un acteur qui, on l'espérerait, s'en tiendrait aux données épidémiologiques, à la science. Il y a des façons plus intelligentes d'assurer la capacité du gouvernement de travailler que d'être pris dans une étude d'un projet de loi qui arrive tardivement. Et c'est difficile à croire que le gouvernement a vraiment la volonté d'aboutir dans ce dossier-là.

Journaliste : Mais sa volonté de participer... Bien, en fait, il a participé à l'étude, là. Est-ce que ça, le fait qu'il ait participé, ça ébranle votre confiance à son endroit?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Non, il peut participer. Je vous dis juste qu'il faut mettre en veilleuse ou il faut relativiser l'affirmation sur la nécessité d'un projet de loi de la part d'un scientifique dont le travail n'est pas de qualifier juridiquement un cadre. Moi, j'ai entendu des professeurs de droit, hier, là, puis Joël était là, eux ont l'expertise pour nous dire qu'en fait on n'est plus en urgence sanitaire, que ce n'est pas nécessaire d'avoir une loi transitoire et que ce qu'il aurait fallu faire pendant deux ans, puis qu'on n'a pas fait, c'est de modifier la loi-cadre et de donner au gouvernement, là, les capacités organisationnelles requises.

M. Laforest (Alain) : Mais lui-même, il n'a pas l'expertise de dire qu'il y avait des morts… qu'il pouvait y avoir des morts?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Bien, c'est parce que, là, quand tu es rendu à qualifier un projet de loi puis à le lier à des décès potentiels, je regrette, mais je vais me fier à des professeurs chevronnés en matière de droit qui ont pas mal tous dit la même chose hier, à savoir : On aurait pu tout simplement ne pas renouveler l'urgence sanitaire et s'entendre sur les points d'organisation qui sont nécessaires dans les circonstances.

Mme Prince (Véronique) : Mais, si ça n'ébranle pas votre confiance, est-ce que ça affecte sa crédibilité à vos yeux?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : …je vais m'en tenir au commentaire suivant, c'est un commentaire qui dépasse la science et qui est inadéquat parce que c'est vraiment une question juridique. Puis il y avait des experts dans ce domaine-là hier qui sont venus nous dire qu'il y a des façons pas mal plus efficaces de travailler que ce qu'on fait en ce moment.

M. Bergeron (Patrice) : Vous, M. Arseneau, vous étiez en commission parlementaire hier, là. C'est quand même rare, là, qu'un directeur de la santé publique vienne s'exprimer comme ça en faveur d'un projet de loi d'un gouvernement puis dit… ce qu'il fait de façon personnelle. Vous jugez que c'est totalement indépendant…

M. Arseneau : Bien, exactement. Souvenons-nous que le directeur de la santé publique, comme les P.D.G. de CISSS qui étaient présents hier, bien, ils ont été appelés à la consultation par le gouvernement pour cautionner le geste politique d'adopter un projet de loi comme celui-là. Alors, évidemment, on peut se demander s'ils ont toute la liberté, toute l'indépendance pour pouvoir témoigner de façon neutre sur un projet de loi. Puis on se demande également quelle est la pertinence qu'ils viennent le faire publiquement, alors qu'en privé on s'attend à ce que le gouvernement ait fait ses devoirs, ait consulté ses fonctionnaires, ait consulté les CISSS et les CIUSSS et qu'il ait… et, dans le processus d'élaboration, on peut penser qu'ils ont été mis à contribution.

Alors là, il y a comme cette situation où on a des gens qui ont vraisemblablement contribué à l'élaboration du projet de loi qui viennent le commenter par la suite. Et, comme par hasard, bien, ils sont plutôt complaisants dans leurs commentaires sur la façon dont le projet de loi correspond totalement à ce qu'ils souhaiteraient. Et ça n'ajoute rien au débat.

M. Bergeron (Patrice) : Il y a un parti de l'opposition, tout à l'heure, qui a demandé qu'on retire le projet de loi, tout simplement, de l'étude puis qu'on recommence à zéro. Est-ce que vous iriez jusque-là, vous?

M. Arseneau : Bien, en fait, le projet de loi... L'article 1, il faut le retirer, tout simplement. Et ça, les juristes l'ont répété hier. On ne peut pas avoir un projet de loi qui dit : Le projet de loi met fin à l'urgence sanitaire, alors que l'urgence sanitaire, pour y mettre fin, il s'agit simplement de ne pas le renouveler. Alors, ça, l'article 1 est fallacieux. Et le titre est fallacieux aussi, parce que ce n'est pas un projet de loi dont on a besoin pour lever l'état d'urgence sanitaire, c'est simplement de ne pas le renouveler.

Deuxièmement, mon chef l'a dit tout à l'heure de façon éloquente, si on voulait conserver certains pouvoirs opérationnels, par exemple, bien, il y a une loi qui aurait pu être déposée à cet égard. La question qui se pose, c'est : Est-ce qu'on met le projet de loi à la poubelle et qu'on en fait un autre beaucoup plus simple, beaucoup plus clair et précis sur certains éléments qu'on devrait mettre en place pour s'assurer, par exemple, qu'une campagne de vaccination puisse être déployée, avec tout le personnel nécessaire, qu'on puisse autoriser des vétérinaires et des pharmaciens, et ainsi de suite... bon, les pharmaciens sont déjà autorisés, mais d'autres professionnels à vacciner, par exemple? Ce pourrait être... Alors, on a deux choix : soit on le met de côté, on dépose un nouveau projet de loi beaucoup plus simple, soit on prend ce qu'on a sur la table, puis on élimine le superflu, puis on met, essentiellement, ce dont on a besoin.

Journaliste : Vous sentez-vous intimidé, vous, par M. Dubé?

M. Arseneau :  Pas du tout, non.

M. Bergeron (Patrice) : Est-ce que vous avez vu une scène d'intimidation, hier, dans la commission parlementaire? Il y a un parlementaire, dans cette commission-là, qui a dit avoir été ciblé pour intimidation.

M. Arseneau : Bien, en fait, on a vu que le ministre, et ce n'était pas la première fois, se croyait tout permis. Il a voulu faire un genre d'obstruction, il a voulu intervenir lorsque mon collègue député de Nelligan questionnait le Dr Boileau. C'est comme si le ministre avait voulu se porter à la défense de M. Boileau. Et, bon, c'était contre-indiqué, ce n'est pas admis dans la commission. Donc, je pense qu'il a erré. Et il a été remis à sa place par le président, fort heureusement.

La Modératrice : Dernière en français, s'il vous plaît.

M. Bellerose (Patrick) : Qu'est-ce que vous avez pensé de la déclaration de M. Legault, sur le fait qu'une fois vacciné ça peut ressembler à un rhume, le fait d'avoir la COVID?

M. Arseneau : Bien, écoutez, on a l'impression que le premier ministre parle des deux côtés de la bouche lorsqu'il minimise les impacts de la COVID sur les Québécois en prenant son propre exemple, alors qu'on sait très bien qu'on continue d'avoir un cumul de plusieurs morts par jour chez les personnes qui sont, certes, plus vulnérables ou qui ont d'autres maladies, d'autres affections. Mais si la COVID continue de tuer… Présentement, pour le premier ministre, de banaliser l'effet que ça peut avoir sur un très grand nombre de personnes, bien, ça donne un drôle de message, d'autant plus qu'on veut conserver un certain nombre de mesures en place et qu'on veut stimuler la vaccination de troisième dose, peut-être même… et éventuellement, et c'est déjà commencé, en fait, la quatrième dose. Alors, ce message-là, évidemment, il sème la confusion dans la population, et c'est regrettable.

M. Laforest (Alain) : Il l'a échappé?

M. Arseneau : Je pense qu'il a échappé, oui, parce qu'il peut avoir ressenti, grâce à la vaccination… et ça, il l'a mentionné, soyons honnêtes, il a dit : Bon, moi, je suis triple vacciné et j'ai eu des symptômes légers, ça s'apparente à un rhume. Mais évidemment les gens pouvaient comprendre que c'était une déclaration plus générale et que ça visait à, justement, justifier le fait que les mesures populationnelles sont derrière nous, et qu'on n'aura pas à revenir à des mesures plus strictes, et donc à banaliser le fait que le virus continue de circuler, et il continue d'affecter les gens les plus vulnérables, et ça entraîne, évidemment, des décès à chaque jour.

M. Rodrigue-Comeau (Philip) : Est-ce possible de vous entendre, rapidement, sur le tramway?

La Modératrice : Une dernière en français.

M. Arseneau : Oui.

M. Rodrigue-Comeau (Philip) : Donc, pour vous, est-ce que c'est une défaite de la CAQ dans la région de Québec, des députés, des ministres de la CAQ qui ont milité contre la voie partagée pour les voitures?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Bien, je pense que c'est une victoire pour Québec et pour le maire, M. Marchand, victoire qu'on célèbre mais avec prudence. Parce que je vois difficilement comment on peut, une journée, exiger des choses sur le tracé, la configuration de la rue, exiger un référendum puis, tout d'un coup, on se rallie. Moi, je vais célébrer quand, vraiment, il y aura des confirmations de pelletées de terre et de commencement des travaux.

Quand j'entends le gouvernement parler de la condition du financement fédéral, soyons prudents avant de célébrer. Parce que ce gouvernement-là, il y a quelques jours à peine, posait des conditions qui étaient à la limite du farfelu, compte tenu que c'est quand même un projet qui est attendu depuis longtemps. Donc, on réclame la part du financement du fédéral et on réclame un engagement total de la CAQ, peu importent les circonstances. Et donc on demeure prudents compte tenu du comportement du gouvernement au cours des derniers jours. On sait qu'une campagne électorale arrive, des fois, ça va vite qu'on a oublié ce qu'on a dit, puis on dit d'autres choses, là, comme on vient de le voir.

La Modératrice : On va y aller en anglais, s'il vous plaît.

Mme Senay (Cathy) : Good morning. I just would like to clarify the questions that you are raising on the CHSLD Herron. It's the third day of strong revelations on the tragic events in the spring of 2020. And now you question the fact that, maybe, there was a cover-up in the cell crisis. But what's the gain of having a cover-up or what's the gain of the Government covering up tragic events, that there is no minister that wants to close the eyes on this tragic event? Like, do you to that purposely, like, intentionally? I just don't get it.

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Well, first of all, the facts are as follows : some ministers did not say the whole truth or said things that are completely incompatible with the facts. That's the reality. What is the intention behind this? We can ask ourselves. The other question we need to ask ourselves is the following : What are the odds that the crisis…

Mme Senay (Cathy) : Cell.

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : …cell was never informed of the situation at Herron now that we know that, 10 days before the intervention, Ministers, two Ministers were aware of the situation, and political staff was aware of the situation. What are the odds that something that serious was never sent to the cell? It seems very unprobeable…

Mme Senay (Cathy) :  Strange?

M. St-Pierre Plamodel (Paul) : Strange and statistically almost impossible that they were never informed. But what I know for sure, that question must be asked. But what we know for sure is that what was said before the coroner and what was said in the media, that they learned through The Gazette the situation at Herron, is not true. There's no possible interpretation at this stage that those statements were correct. And that's very, very serious because it's one thing to make mistakes or to have complications, and then we need to have a public inquiry to understand how we can improve, but it's another thing to not say the truth about what happened and what you knew at what point. And that's very worrying because, then, you're dealing with a government that doesn't want to collaborate to get the full truth. And we had that situation with certain documents that the Government had said were never existing and then they found them, and then we discovered that they were made up on the same day they were delivered.        All this tells me that we have an issue that is very profound about a government that doesn't want the whole truth to be exposed.

Mme Senay (Cathy) : But the CIUSSS de l'Ouest de Montréal sent a long email to Thomas Gerbet, like, in the last few days, explaining they… it was a bad situation. It was… a good situation after March 29th, and then they were in support of CHSLD Herron, the CHSLD was not collaborating, opening its doors. So, I mean, we're just going around. Like, it's the third day we have strong revelations, but we're just going into circles.

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Oh! yes, people are throwing the hot potato to someone else. That's why you need a public inquiry, and that's why we need to be worried when we see that Ministers actually didn't say the truth, and that, thanks to journalists, we are realizing what actually happened. We need a public inquiry, we cannot let this go given the nature of those deaths, the scope of the tragedy from a human standpoint. We cannot let partial lies or a foggy understanding of what happened be the end result.

Mme Senay (Cathy) : That's my last question, did you listen to the testimony of the head of the nurses at the CIUSSS de l'Ouest de Montréal, her testimony to the police, that was the revelation of Thomas Gerbet this morning?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Bien, moi, je ne l'ai pas entendu. Toi, tu l'as-tu entendu?

M. Arseneau : We read the article.

Mme Senay (Cathy) : OK.

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Excuse-moi, je n'ai pas entendu, mais si tu veux que je l'écoute… If you want me to listen to it, we can just have a follow-up.

La Modératrice : Dernière en anglais.

Mme Henriquez (Gloria) : So, what does it say about this Government, everything that we've been learning day by day, bit by bit, and we will probably learn in the next few days and more… What does this say to you about this Government?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : It says the same thing that the fact that they refused, for several months now, a public and complete inquiry. It says that they have an interest in the truth not being known to everyone, obviously, because, otherwise, you start the public inquiry and, if you're before a coroner, you say the truth and you collaborate. And that's not what's happening, and it's very worrying given the seriousness, the gravity of what happened from a human standpoint for those families who lost someone. We cannot accept that.

La Modératrice : Thank you. Merci beaucoup.

(Fin à 9 h 27)