(Huit heures une minute)
M. Derraji : Bonjour,
bonjour. Ce matin, je suis accompagné de ma collègue députée de Fabre, Monique,
et porte-parole du dossier des aînés, mon collègue, Enrico, député de Marquette
et porte-parole dossiers saines habitudes de vie et...
M. Ciccone :
Sports.
M. Derraji : ...sports...
M. Ciccone :
Jeunesse.
M. Derraji : ...jeunesses,
aussi. Donc, aujourd'hui, je voulais, en premier lieu, revenir sur ce qui s'est
passé, hier, en commission parlementaire. Hier, en commission parlementaire, on
a étudié la levée de l'état d'urgence sanitaire. Hier, pour moi, c'était l'occasion
parfaite d'échanger avec le directeur de santé publique. Le directeur de santé
publique, il est là pour une seule mission, c'est protéger l'intérêt public et
de la santé publique de l'ensemble de la population.
Au début de la semaine, nous avons tous eu…
Et je vais la lire pour respecter ce qui a été dit. C'est que le premier
ministre comparait sa situation à une situation d'un rhume. Donc, hier, je
voulais savoir la situation et la description de la situation que Dr Beaulieu
avait en lien avec la situation pandémique. Donc, j'ai commencé l'échange avec
lui dans le but de savoir est-ce que c'est vraiment la meilleure chose à faire,
surtout venant de la bouche du premier ministre. Et c'est dans ce contexte que
nous avons vu l'échange.
Par la suite, vous avez vu l'attitude du ministre
de la Santé. Et je tiens juste à vous dire : Ce n'est pas la première fois
que le ministre de la Santé dérape un peu. Il a essayé, lors d'une
interpellation, de nous accuser de beaucoup, beaucoup de choses. Moi, je pense
que M. Dubé n'est pas habitué à la critique. Mais j'ai une bonne et mauvaise
nouvelle pour lui aujourd'hui… parce que ce n'est pas à lui de me dire quoi
faire et comment faire en commission parlementaire.
Donc, hier, hier, pour moi, que ce soit le
ministre de la Santé, que ce soit une de ses collègues, je me suis senti
intimidé et je me suis senti… que la partie gouvernementale limitait mon
travail de poser les bonnes questions. Et poser les bonnes questions, c'est
parce qu'hier le gouvernement… au même moment, le premier ministre disait, sur
la place publique, que la COVID ressemble à un rhume, et, en parallèle, il
vient demander le prolongement de l'état d'urgence sanitaire jusqu'au 31 décembre
2022.
Maintenant, je cède la parole à ma
collègue qui va vous parler de la situation des aînés.
Mme Sauvé : Bon matin, bon
matin à vous tous. Écoutez, je veux revenir un peu sur la semaine. Encore une
fois, encore une fois, on apprend des histoires d'horreur, et, cette fois-ci, c'est
sur le CHSLD Herron, alors qu'on a su, en raison d'un courriel, donc un écrit,
que, clairement, à partir de la nuit du 29 mars, des ministres savaient.
Mais vous savez, là, si on se rappelle
puis on se ramène un peu dans le temps, là… Cette semaine, c'est le CHSLD
Herron, mais ça fait des semaines, rappelez-vous avant les fêtes, là, ça fait
des semaines qu'il y a des histoires d'horreur qui sortent sur la gestion de la
crise, l'hécatombe dans les CHSLD. Il y a eu des rapports, il en reste un à
venir, celui de la coroner, il y a eu des livres, il y a eu des témoignages, il
y a eu des courriels. Et clairement, là, clairement, c'est rendu presque à
chaque jour, on apprend des éléments d'information de plus. Et ce qu'on sait,
maintenant, c'est qu'il y a plein de monde qui savait des situations, entre
autres, et cette semaine, au CHSLD Herron, et rien n'a été fait.
Nuit du 29 mars, courriel qui est en
train de dire à la ministre des Aînés : 154 aînés qui sont laissés à
eux-mêmes, urgence, préoccupations. Le 7 avril, trois jours avant que l'article
dans The Gazette sorte, la sous-ministre alerte encore la ministre
des Aînés en disant : Les résidents, là, ils ne sont toujours pas en
sécurité. Et, ce matin, ce qu'on peut lire à Radio-Canada, ce qu'on peut lire,
c'est que l'infirmière-chef Sophie Caron, elle nous dit, le 7 avril, ce
qui se passait sur le terrain. Il n'y avait personne, elle ne trouvait personne,
il n'y avait pas de médecin qui avait été là depuis cinq jours.
Alors, clairement, le 7 avril, il n'y
avait rien qui avait été fait depuis le 29. C'est ça qui est dit, c'est ça, le
témoignage sur le terrain : Rien n'a été fait. Et, oui, les résidents du
CHSLD Herron étaient toujours, toujours dans un danger de sécurité, pas
seulement au niveau de la sécurité face à la COVID, dans l'hygiène, dans les
soins, même au niveau des médicaments qui leur étaient donnés, dans les soins
qui leur étaient apportés. 29 mars, courriel : Urgence, agissez. 7 :
Agissez, encore, parce qu'ils ne sont pas en sécurité. Il n'y a rien qui a été
fait. Où était la ministre des Aînés? Voilà.
M. Bellerose (Patrick) : M.
Derraji, j'aurais deux questions pour vous sur l'histoire qui est arrivée hier,
l'affrontement avec M. Dubé. Premièrement, qu'est-ce que ça change que M.
Legault ait dit : Le fait d'être vacciné, ça fait qu'on a des symptômes
assez légers, comme un rhume? Tu sais, ça fait deux ans qu'il dit : C'est
grave, c'est important, la COVID. Donc, qu'est-ce que ça change, cette
déclaration-là, pour vous?
M. Derraji : Oui, écoutez,
deux choses. En tant que quelqu'un qui a passé toute une vie en santé publique,
je partage l'ensemble des commentaires des médecins qui ont jugé irresponsables
les déclarations du premier ministre. J'ai Dre Amélie Boisclair… a souligné au
premier ministre que comparer la COVID au rhume est contre-productif,
présentement.
Vous savez, en santé publique, il y a une
chose très importante, le mot a une signification. Je suis content que, pour le
premier ministre... que ça s'est très bien déroulé. Je suis très content pour
lui. Et ça confirme le message qu'être doublement vacciné, triplement vacciné,
probablement, il y a des gens qui vont avoir des symptômes moindres. C'est
excellent. Mais dire, aujourd'hui, que ça ressemble à un rhume, venant du premier
ministre... Et hier j'avais en face de moi le directeur de santé publique, et
le directeur de santé publique était très clair, il a clarifié la situation
que, oui, pour certaines personnes, les symptômes, c'est des symptômes qui
ressemblent au rhume, mais il y a des gens, même doublement, triplement
vaccinés, qui se ramassent en urgence et passent des moments terribles. Donc,
moi, c'est sur le message.
M. Bellerose (Patrick) : ...j'ai
de la difficulté à suivre votre raisonnement. Parce que vous dites : Ce
n'est pas un rhume, c'est grave, c'est important. Par contre, vous vous
opposez, selon ce que je comprends, au projet de loi. Vous dites : Il dit
que c'est un rhume, et donc il faut quand même... au projet de loi, c'est
incohérent. Donc, c'est quoi, votre raisonnement? Est-ce que vous êtes pour le
projet de loi parce que vous considérez que c'est grave et donc qu'on doit
appliquer le projet de loi de M. Dubé?
M. Derraji : Oui, bien, je
suis contre le projet de loi de M. Dubé. Écoutez, hier, là, je ne sais pas si
vous avez suivi la commission parlementaire, des juristes... J'ai posé une
question très simple : Est-ce qu'on a besoin d'un projet de loi pour lever
l'état d'urgence? La réponse était claire : Non. Et, dans le raisonnement
que je voulais voir… Écoutez, on commence la semaine, le premier ministre, je
ne sais pas pourquoi il a dit ça, hein, je vous invite à lui poser la question,
il était avec sa future candidate, dans un contexte électoral... Et c'est la
première fois en 12 ans que ça sort de la bouche du premier ministre, le
mot «rhume».
M. Bellerose (Patrick) : Mais
M. Paré et M. Boileau vous disent : J'ai besoin de ces pouvoirs-là pour
pouvoir lutter contre la COVID. Donc, si vous considérez que c'est grave et
important, pourquoi vous êtes contre le projet de loi? Qu'est-ce qu'il y a dans
le projet de loi qui vous...
M. Derraji : En fait, bien,
c'est là où je dis à Dr Boileau : Expliquez-moi comment, sur l'espace
public — vous êtes directeur de santé publique — on dit que
c'est un rhume et on veut des pouvoirs exceptionnels jusqu'au 31 décembre
2022.
M. Laforest (Alain) : Revenons
à l'essence, M. Derraji.
M. Derraji : Oui.
M. Laforest (Alain) : Le
directeur national de la santé publique par intérim dit, hier : Si on lève
l'état d'urgence, il y a des morts. Vous êtes docteur en santé publique. Est-ce
que vous croyez que, si on lève l'état d'urgence, il va y avoir des morts?
M. Derraji : Écoutez, oui, je
suis docteur en santé publique, mais je n'ai pas l'ensemble du portrait que M.
Boileau a.
M. Laforest (Alain) : Donc,
est-ce que vous croyez ce que dit le directeur national de la santé publique?
M. Derraji : Ah! bienoui,
oui, je le crois. Je crois ce que le directeur de santé publique...
M. Laforest (Alain) : Donc,
on ne doit pas lever l'état d'urgence?
M. Derraji : Ah! mais il y a
deux choses complètement différentes, s'il vous plaît : il y a l'état
d'urgence et il y a les mesures sanitaires. Là, on ne va pas recommencer à
faire ce qu'on dit depuis plusieurs mois et semaines. Les constitutionnalistes,
hier, et les juristes, ils ont clairement dit qu'on n'a pas besoin d'un projet
de loi pour lever l'état d'urgence sanitaire. Il y a les mesures sanitaires et
il y a l'état d'urgence sanitaire. Un État de droit respecte les règles et
droits. Aujourd'hui, le ministre Dubé gouverne le ministère de la Santé avec
des arrêtés et des décrets...
M. Laforest (Alain) : …je
vous parle de santé publique, je vous parle de santé publique, M. Derraji. Je
vous parle de santé publique. En santé publique, est-ce qu'on doit maintenir
des mesures comme le réclame le Dr Boileau?
M. Derraji : Bien, Dr
Boileau, qui est directeur de santé publique, demande de maintenir certaines
mesures. C'est lui qui a l'ensemble des éléments et le portrait...
Journaliste : Vous êtes
contre?
M. Derraji : Je ne peux pas
être contre. C'est le directeur de santé publique. Il y a...
M. Bellerose (Patrick) : Vous
êtes contre, vous venez de le dire, là, il y a trois minutes.
M. Derraji : Non, non, mais
écoutez…
M. Bellerose (Patrick) :
Contre le projet de loi.
17
923
M. Derraji : Non, mais
le projet de loi, ça n'a rien à voir avec les mesures. Le projet de loi, c'est
l'état d'urgence...
M. Bellerose (Patrick) : Donc,
dans le projet de loi n° 28, quelles mesures font en sorte que vous êtes
contre le projet de loi?
17
923
M. Derraji : Oui,
bien, premièrement, tout ce qui touche les arrêtés ministériels, qui touche les
contrats. Écoutez, il y a cinq arrêtés. Un des arrêtés… Il y a 75 pages,
O.K.? Il y a des arrêtés, il y a les syndicats des professionnels de la santé,
que ce soit l'APTS ou la FIQ, qui disaient que leurs droits sont bafoués. Le
gouvernement veut prolonger l'état d'urgence pour avoir le contrôle total
jusqu'au 31 décembre. J'ai posé la question : Mais pourquoi le choix
du 31 décembre 2022 et non pas le 1er janvier 2023 ou le
31 janvier 2023? Il n'y a personne qui voulait répondre : Pourquoi le
choix arbitraire du 31 décembre? Ça a été dit, clairement, hier :
Bien, parce qu'il y a une élection au mois d'octobre. Le gouvernement ne veut
pas continuer à renouveler par décrets, comme ils l'ont fait hier, le
107e décret.
M. Bellerose (Patrick) : Donc,
il y a certains éléments qu'on pourrait conserver, par exemple sur la
vaccination, dépistage, mais les autres que vous avez nommés...
17
923
M. Derraji : Mais pour
le dépistage, écoutez, on peut faire un long débat sur le dépistage, O.K.?
C'est inconcevable, pour moi, aujourd'hui, qu'on me dit que le Québec n'a pas
sa capacité de dépistage. On dépiste déjà beaucoup de choses à l'intérieur de
la machine. On a déjà les installations. On a déjà les installations et on
dépiste.
Écoutez, parlons de la vaccination. Le
gouvernement a fermé beaucoup de cliniques de vaccination, et ils nous disent :
Écoutez, on a besoin de ce pouvoir pour recruter, à n'importe quel moment, les vaccinateurs,
d'avoir des locaux. On engage l'argent des contribuables pour des contrats
au-delà de cinq ans. Mon rôle, en tant que député, c'est quoi? C'est veiller
sur l'argent public. Il faut que les contrats suivent le parcours normal et il
faut qu'on respecte nos lois et l'État de droit.
M. Laforest (Alain) : Si on
retire les contrats, le projet de loi devient acceptable, c'est ce qu'on
comprend?
17
923
M. Derraji : Je
demande, au gouvernement, plus de transparence dans l'octroi des contrats, je...
M. Laforest (Alain) : Oui,
mais si ça, c'est retiré du projet de loi, là?
17
923
M. Derraji : Oui, s'ils
retiraient les contrats gré à gré et que les contrats publics suivent le
parcours normal, ça, c'est un bon premier pas. Deuxième pas, le ministre de la
Santé parle de la réforme de la santé. Moi, vous savez quoi, la semaine
dernière, là, j'ai eu un échange avec les membres de la FIQ et les membres de
l'APTS, aujourd'hui, il va y avoir d'autres membres. Bien, eux, ils se sentent
bafoués. Ils m'ont dit clairement : On sent que les deux mains du
gouvernement sont sur nos cous. Ça, c'est les gens avec qui le ministre compte
faire de l'interdisciplinarité, ça, ce sont nos anges gardiens. Ils ont déclaré
ça en commission parlementaire la semaine dernière. C'est eux qui travaillent
sur le terrain.
M. Laforest (Alain) : Mais
c'est quoi, le lien avec la COVID, là, avec l'état d'urgence, avec le fait que
le directeur national de santé publique a dit qu'il y aurait des morts? Il est
où, le lien, là?
17
923
M. Derraji : Ah! bien
parce que le ministre n'a pas l'obligation de suivre les règles à l'intérieur
du ministère parce qu'il gouverne par arrêtés, il peut tout faire avec les
arrêtés. Les arrêtés mettent tout sur le «hold», excusez-moi le terme, les
arrêtés ministériels, ils mettent tout… parce qu'on s'est donné ce mode de
gouvernance. Et, regardez, il y a plusieurs personnes qui critiquent, parce
que, probablement, le ministre Dubé a une lecture biaisée du réseau de la santé,
parce que, depuis qu'il est ministre, il navigue dans un système où il n'y a
pas de convention collective, il n'y a pas de contrepoids, parce qu'il aime ça
gouverner par les arrêtés, ils lui donnent tout le pouvoir, il peut déplacer le
personnel, il peut tout faire. Mais malgré tout cela regardez ce qui s'est
passé à Herron, regardez les bris de service.
M. Bellerose (Patrick) : Craignez-vous
d'alimenter un certain scepticisme, je dirais même, peut-être, les
complotistes, avec certaines déclarations, justement, sur le rhume, comma ça?
Hier, vous avez tweeté que M. Legault dit que c'est comme un rhume, mais... l'état
d'urgence sanitaire, la prochaine étape risque d'être l'état d'urgence pour la
grippe saisonnière...
17
923
M. Derraji : Oui, mais
est-ce que c'est moi qui...
M. Bellerose (Patrick) : Est-ce
que ce genre de déclaration là, qui a 1000 «likes»
et 372 partages, ne risque pas d'alimenter certaines personnes qui sont
sceptiques par rapport à la COVID ou au vaccin?
17
923
M. Derraji : Celui qui
alimente, c'est le premier ministre.
M. Bellerose (Patrick) : ...
17
923
M. Derraji : Oui.
Celui qui alimente, c'est le premier ministre. 17 923 C'est le premier ministre, c'est le...
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Mais M. Derraji, ça n'aurait pas été plus
honnête de mettre la première partie de sa phrase?
17
923
M. Derraji : Non, non,
écoutez...
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Ce que le premier ministre a dit c'est :
Quand on est vaccinés, c'est comme un rhume. Le début est quand même important,
là.
17
923
M. Derraji : O.K.,
mais c'est là où je ne suis pas d'accord avec le premier ministre. Écoutez, je
viens de vous dire : Dre Amélie Boisclair a souligné au premier ministre
que comparer la COVID au rhume est contre-productif, présentement. Ce que je
déplore, c'est que le premier ministre a fait un raccourci, lundi dernier, je
ne sais pas pour quelle raison. Je ne sais pas, après deux ans de pandémie,
qu'est-ce qui a poussé le premier ministre à dire que la COVID était un rhume.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Je comprends, mais le fait qu'il a fait un
raccourci, est-ce que ça excuse le fait que vous en faites un, vous aussi? Là,
vous coupez sa phrase en deux.
17
923
M. Derraji : Non, non,
mais écoutez, je suis dans un contexte de commission parlementaire et je
voulais savoir avec...
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Non, non, mais là je parle de votre tweet.
Vous auriez pu mettre sa phrase au complet. L'effet que vous recherchiez, si ça
se trouve, aurait été le même, là, mais vous auriez eu la déclaration au
complet, au moins.
17
923
M. Derraji : Je vais
vous partager ce que je voulais chercher, hier. C'est justement : Est-ce
que c'est responsable dire que c'est un rhume, à peu près? C'est ce que je
voulais chercher.
Mme Sioui
(Marie-Michèle) : Donc, pour vous, peu importe ce qui est au début de
la phrase, le seul fait de le comparer au rhume, c'est irresponsable?
M. Derraji : Pour moi,
c'est une évidence qu'il est vacciné, je sais, je le suis. Ce qui est
irresponsable, de la part du premier ministre, c'est dire : Un rhum, à peu
près. C'est qu'on est en pleine sixième vague, des cas qui augmentent, j'ai des
appels de régions de bris de service, et ce qu'il dit : Un rhume, à peu
près. Ce n'est pas le seul, regardez, il y en a d'autres : «Le PM aurait
dû préciser que c'était son expérience individuelle de la COVID. Sa déclaration
a certainement été maladroite. J'allais écrire quelque chose de semblable, mais
tu l'as exprimé parfaitement : ne pas confondre l'expérience individuelle,
anecdotique, avec les données sur la maladie et les conséquences sociales.» Ça,
c'est le gériatre Dr David Lussier.
Hier, ce que je voulais savoir, en
commission parlementaire… C'est que j'étais en face du directeur de la santé
publique, c'est l'occasion en or pour moi de parler avec un docteur responsable
de la santé publique. Je voulais voir, parce que je savais que, dans un
contexte de santé publique, on doit faire attention à ce qu'on dit, il faut
faire très attention au choix des mots : Le fait que le premier
ministre a déclaré que c'était un rhume, à peu près, est-ce que c'est
responsable ou pas? Lui, il était beaucoup plus rigoureux. Pour certaines
personnes... Et là c'est son droit, il est le directeur de santé publique, que
dire : Pour certaines personnes, ils vont avoir des symptômes similaires
au rhume, mais d'autres, c'est une aggravation, même en étant doublement
vaccinés, ils risquent de se ramasser dans un hôpital.
M. Bellerose (Patrick) : Mais
vous, de dire : Est-ce qu'on va mettre l'état d'urgence sanitaire pour une
grippe saisonnière... est-ce que ça, ce n'est pas dangereux dans le discours
public? Est-ce que ça ne vient pas alimenter un certain scepticisme?
M. Derraji : Mon rôle en
tant que député, à l'intérieur de ce Parlement, en commission parlementaire,
c'est poser toutes les questions. Si on va commencer à attaquer les
journalistes et les députés parce qu'ils posent des questions, bien, il vaut
mieux que je rentre en commission parlementaire avec un Scotch tape sur ma
bouche. Pour moi, je pose des questions, c'est ça, mon rôle en tant que député.
Mon rôle en tant que député, à l'intérieur de ce Parlement, c'est poser toutes
les questions. Je pose une question, ce n'est pas un fait, ce n'est pas un
constat, je soulève la question.
Le gouvernement vient, au début de la
semaine, de la bouche du premier ministre… Et je tiens à vous rappeler, il ne
l'a jamais fait, il l'a fait en présentant sa candidate, future candidate
caquiste, dans un contexte très électoral, en faisant cette annonce que je l'ai
eu la semaine dernière... Oui, je sais qu'il est triplement vacciné. Mais, «un
rhume, à peu près», moi, c'est ce message que je voulais, hier, questionner le
directeur national de la santé publique. Parce qu'en parallèle le directeur
national et d'autres P.D.G. sont venus appuyer la version du gouvernement,
qu'ils veulent le maintien de l'état d'urgence jusqu'au 31 décembre.
M. Laforest (Alain) : ...ce
que vous ne voulez pas?
M. Derraji : Non, moi,
je tends à un État de droit, un État de droit. Comme ça a été dit hier par des
légistes, un État de droit doit lever l'état d'urgence. Comment ça se fait
qu'on est les seuls en Amérique du Nord à gouverner par état d'urgence? Comment
ça se fait qu'ailleurs au Canada il n'y a pas d'état d'urgence, et, au Québec,
le gouvernement Legault persiste, et signe, et il veut continuer à gouverner
par un état d'urgence?
M. Bergeron (Patrice) : Question
là-dessus. Le directeur de la santé publique se présente hier, c'est le
deuxième sous-ministre à se présenter, là, pour défendre le projet de loi du
gouvernement, ce qui est assez inusité en partant, il se présente à titre
personnel. Et c'était le directeur de la santé publique par intérim, donc qui
relève du ministre pour sa nomination, sa confirmation. Quel est le type
d'indépendance qu'il a quand il se présente en commission parlementaire puis
qu'il vient défendre le projet de loi du gouvernement?
M. Derraji : Très bonne
question. On avait eu la même chose, après, avec trois P.D.G. du CIUSSS, on
l'avait avec M. Paré. Ils viennent comme des porte-parole du gouvernement.
Mais il a exprimé son point de vue, il a exprimé son point de vue en tant que
directeur national de la santé publique.
M. Bergeron (Patrice) : À
titre personnel. Il dit qu'il est totalement... là, il enlève son chapeau,
puis...
M. Derraji : Oui, mais à
titre personnel, j'ai des doutes, je ne sais pas.
Mme Sioui
(Marie-Michèle) : Est-ce qu'on peut faire ça, quand on a sa fonction?
Tu sais, quand on est maire, est-ce qu'on peut s'exprimer à titre personnel?
Quand on est directeur national de la santé publique, est-ce qu'on peut
s'exprimer à titre personnel?
M. Derraji : Vous
soulevez une très bonne question. Et vous savez quoi, c'est tellement... Je
voulais jouer mon rôle, hier, en tant que député… que le ministre a fait
quelque chose d'extrêmement grave de m'interrompre. Je vous dis, je vous
partage, j'ai senti l'intimidation en commission parlementaire. Je vous épargne
un détail, une de ses collègues m'a regardé avec un regard, j'avais
l'impression d'être en garderie et quelqu'un qui va venir me donner une gifle ou
me punir.
Mme Prince (Véronique) : Mais
c'est toujours comme ça, en commission parlementaire, M. Derraji, là?
M. Derraji : Non, non,
je suis désolé. Je suis désolé. En tout respect, toujours, le climat de respect
régnait dans les commissions parlementaires. C'est la première fois. Et je
tiens à vous le dire, ce n'est pas la première fois que j'ai ce sentiment avec M.
Dubé. Revenez à son échange en interpellation, au salon bleu, où il nous taxait
qu'on donnait l'appui à des gens qui encouragent le port des armes. Je
comprends que c'est difficile pour M. Dubé, je comprends que, pour M.Dubé,
c'est difficile, maintenant, faire face à la critique, mais il doit s'habituer.
Mme Prince (Véronique) : Mais
je ne suis pas sûre de comprendre, là, quand vous dites qu'il encourage le port
des...
M. Derraji : Bien, il y
a quelques jours, j'avais une interpellation, et il a fait comme ce qu'il a
fait hier, en lisant un document préparé par son équipe de spin, et il a
commencé à mettre dans le même panier toutes les oppositions. Et on était tous
unanimes que ce ne sont pas des propos à tenir. Et il nous prête des
attentions. C'est à l'époque où il y avait le convoi.
M. Laforest (Alain) : Bien,
c'est un intimidateur, c'est ça que vous dites?
M. Derraji : Je ne peux
pas aller...
M. Laforest (Alain) : Ça
fait deux fois que vous dites que vous avez été victime d'intimidation de lui,
là.
M. Derraji : Bien, je ne
suis pas l'expert pour dire que c'est un intimidateur. Probablement, mon collègue,
il est plus expert, il va dire… C'est lui le porte-parole, c'est lui le
porte-parole. Mais, écoutez, c'est un débat démocratique, vous jouez votre rôle,
vous nous posez toutes les questions, je suis là pour répondre. Probablement,
je vais répondre bien, parfois non. C'est ça, le rôle, c'est ça, mon rôle, en tant
que député dans une commission parlementaire. Écoutez, c'est grâce à vous qu'on
apprend aussi à poser les questions, en commission parlementaire, je tiens à
vous le dire.
M. Bergeron (Patrice) : M. Derraji,
comment vous faites pour... Je veux dire, vous êtes député depuis un certain
temps, vous êtes porte-parole en santé, vous affrontez, donc, des ministres qui
sont relativement solides. Vous vous êtes senti intimidé. Il me semble que vous
n'avez pas l'air d'une personne qui êtes facilement intimidée. Je ne comprends
pas comment ça se fait que ça vous a rendu intimidé, hier, alors que le
président de la commission contrôlait quand même ce qui se passait, là.
M. Derraji : Écoutez,
c'est un temps précieux que j'avais avec le directeur de la santé publique.
Quand vous êtes dans une discussion... Et j'ai une logique de temps, je dois
poser les questions et je dois être très pertinent. Ce que j'ai senti, hier,
c'est que le ministre n'a pas aimé mon échange avec le directeur de la santé
publique. Bien, s'il ne l'aime pas, c'est son problème, mais il ne peut pas
intervenir en pleine commission parlementaire pour arrêter mon échange. Et,
quand je vois ses collègues, surtout une que je ne vais pas nommer, avec un
regard, je vous le dis, j'avais l'impression que j'attendais une gifle par la
suite. C'est ça qui manquait à la scène, avec des regards où, genre, je n'ai
pas le droit de poser ce genre de questions. Mais je tiens juste à leur dire
que je vais continuer à poser mes questions.
M. Bergeron (Patrice) : Qu'est-ce
qui s'est passé pendant la suspension des travaux?
M. Derraji : Bien, le
président, il était très ferme et il a dit à plusieurs reprises : Le
ministre, vous n'avez pas le droit de faire ça. C'est moi qui ai insisté, parce
qu'il m'a interpellé en pleine commission, de revenir et de dire ça
publiquement. Parce que je veux que les gens voient l'attitude du ministre et
qu'il m'a arrêté pendant mon échange avec le directeur de la santé publique.
Mme Prince (Véronique) : Mais
je reviens encore à ça. On le voit souvent en commission parlementaire. Je veux
dire, si vous étiez vous-même au gouvernement, vous feriez peut-être la même
chose avec les partis d'opposition.
M. Derraji : Ce n'est
pas en commission parlementaire, quand on écoute les groupes. Vous savez, quand
on reçoit des groupes, c'est des groupes bénévoles qui viennent exposer leur
mémoire. C'est le moment d'échanger avec eux, c'est le moment de savoir leur
point de vue, O.K.? Si ça ne fait pas l'affaire du gouvernement, c'est son
problème. Et c'est là, le problème, c'est que Christian Dubé a de la misère
avec la critique, Christian Dubé n'aime pas la critique. Quand il se fait
critiquer, bien, il perd, et parfois ça se voit sur son visage. Écoutez, jeudi
dernier, il n'a pas dit, même, au revoir à tous les membres de l'opposition.
Bien, s'il est fâché, bien, écoute, c'est son projet de loi qui est brouillon,
qui est mal ficelé.
M. Bergeron (Patrice) : Juste
une question sur le tramway. Je ne sais pas qui pourrait commenter.
M. Derraji : Oui, je
vais répondre, oui.
M. Bergeron (Patrice) : Est-ce
que c'est une victoire pour M. Marchand, ce qui est arrivé hier?
M. Derraji : Je pense
que c'est une victoire pour la population de Québec. C'est un échec, le
gouvernement a l'air fou, vraiment, le gouvernement a l'air complètement fou, il
a fait perdre beaucoup de semaines au maire, et ça coûte de l'argent, cette
perte, pour, au bout de la ligne, signer un décret hier. Mais je pense que ce
n'est plus de l'acceptabilité sociale, mais c'est plus de l'acceptabilité
électorale qui guidait les décisions de M. Legault.
M. Laforest (Alain) : Ça
fait que, pour retourner en commission, est-ce que vous allez avoir besoin de
M. Ciccone?
M. Derraji : Écoutez,
M. Lacroix, je suis...
M. Laforest (Alain) : Non,
mais,M. Ciccone, vous vous sentez comment par rapport à ça, là, de
l'intimidation, là?
M. Ciccone :Bien, ce que je vous dirai, c'est qu'en plus de mes
fonctions de député je suis également président de séance. Il y a des contextes
particuliers. C'est sûr que, pendant des commissions, il va y avoir parfois des
échanges qui sont assez directs, où le ton va monter. Mais, comme président,
tu... puis je pense que le président a fait un excellent travail hier, là, tu
dois contrôler les discussions. Parce qu'il faut toujours avoir en mémoire,
comme président et comme législateur également, que les gens nous regardent à
la maison, on fait un travail pour le citoyen.
Et, pour répondre à votre question, là,
dans un contexte de consultations particulières où on donne un temps précis...
Le temps de l'opposition est la chose la plus importante, quand tu es dans
l'opposition. Le temps, chaque minute, chaque seconde compte. Alors, quand on
donne un temps précis qui respecte les règlements ici de l'Assemblée nationale…
Mais c'est un droit de parole qu'on donne à un député à l'opposition, puis ça,
on n'a pas le droit de lui enlever. L'article 32, ça s'appelle le décorum,
sur le décorum, et j'inviterai M. Dubé à lire l'article 32 de nos règles. Merci.
Mme Senay (Cathy) : Mr. Ciccone, I would like to ask you, your reactions, since you are
already MNA where the CHSLD Herron is located and you went there, you saw
things in April 2020. So, how do you react with this recording, this testimony
of Mrs. Caron?
M. Ciccone : Well, what we're seeing… what bothers me, makes me really, really
mad because I can't… As an MNA, what I had to live there, along with my fellow
citizens, it's the death of family members, how they were treated, the
circumstances. It's very tough to relive it day after day after day. And, in
this context of what we're seeing, with new information about how Mme Blais
knew about it, in March 29th, didn't do anything until April 10th when Mr.
Derfel…
Mme Senay (Cathy) : What we hear, it's a lot of emotion, it's traumatizing.
M. Ciccone :Exactly, and that's…
Mme Senay (Cathy) : It's a horror, this is like a tragedy. The Ministers are saying
that they let the CIUSSS de l'Ouest de Montréal take charge of this, then the
CIUSSS says : We took care of it, like, we were supporting CHSLD Herron,
they were not letting us in. So, it's a vicious circle, but people at home,
they want answers.
M. Ciccone :
It's not a vicious circle, let me tell you. When I had the call, I got the
call, April 10th, from Mme McVey, all right? She had the respect of calling me :
Enrico, there's a situation, something is coming out, you know, I think you
need to know. What did you think that I did after that? I got dressed and I
went to Herron. The next day, 6:00 o'clock, I was at Herron, and there was
some… there was the… «les Crimes majeurs» was there, from the… Montréal Police
was there. And what I was doing is that I was going under the yellow ribbon,
talking to the policemen, going back to the families that were all in front and
asking questions. They didn't know what was going on, and I was the
intermediate, I was there. Why didn't the Minister ask the cavalry in her
Ministry to say : Let's go there, and let's fix it, and make sure that nobody
else die? That did not happen.
Mme Senay (Cathy) : But why Mrs. McVey waited on April 10th to call you?
M. Ciccone : Well, listen…
Mme Senay (Cathy) : It's a long time.
M. Ciccone : Well, I'm telling you... yes, but let me tell you something. The important thing is that the information on
the 29th was there, there was a problem, there was an e-mail saying : Urgent.
A week later, there was another e-mail saying : You know what, there's a
problem, we will not be able to give the service to the persons, still. And 12
days later, the Minister woke up after an article in the newspaper. This is
called the Minister's responsibilities. You have to take charge, you have to
make a call every day. What did she do on the 30th, 31st, the 1st, the 2nd, the
3rd, the 4th, the 5th, the 6th, the 7th, the 8th, the 9th? What did she do?
Nothing. And that was long in the way I said it, but imagine 12 days for
people, citizens in their rooms, with no service, people were dying. People
were dying, and she didn't do anything, she didn't take the phone and say :
Do you need anything? Can I do something? Can my team do something? No. Ah! you
said : You were going to take care of it, that's fine, my job is done. Not
respectable.
Mme Senay (Cathy) : But now we hear these emotions, now we hear it, now, we are, like,
witness of this emotion for the first time. What should be done?
M. Ciccone : Yes, but because we have information.
Mme Senay (Cathy) : But what should the Government do, like, what should… ask?
M. Ciccone : They should have… hands on right away. I know, there's an inquiry
now, we are waiting for an inquiry. But what I'm saying is that, what we see at
Herron… we are learning things at Herron a little bit from Radio-Canada, Mr. Derfel, as we go. But we
are asking an inquiry, a public inquiry. You know why? Because the Province of Québec had many situations like that, that we don't know again, that we will have to learn.
If we have the inquiry, we will know exactly, exactly what happened not only in
Herron, not only in other places that they had demanded to inquire, but
everywhere in the Province of Québec. And they need to do that, they need to do that. Because, let me
tell you something, when that thing came out, the phone in my office started
ringing again, and it's not only the families, it's all the citizens of
Marquette, because we're very, very tight, and that hurts everybody, and we
still have no answers. Hopefully, we will have answers.
Mme Henriquez (Gloria) : Mr. Ciccone, I have a follow-up on that. So, you said we need an
inquiry to know exactly what happened. So, we know exactly what happened with
an inquiry, let's say it happens, or even the coroner's report. So, what do we
do? What should be done, once we know?
M. Ciccone : Well, after we know, I mean, we have to make sure that it never
happens again. We have the courage, we have the courage, our party has the
courage to ask for an inquiry. And you know what? Some things might get back on
us, but we owe it, we owe it to the families and the ones who died in miserable
conditions, we owe it to them. We will take our responsibility. The CAQ won't
take the responsibility, and
that is not acceptable.
Mme Henriquez
(Gloria) : The Minister of Justice said a
public inquiry is not needed because there is a coroner's report coming.
M. Ciccone : Yes, I know. But there's a very short mandate, a short mandate on
six places, six CHSLDs. We want an inquiry across Québec, because what we're seeing now, in Herron, is horrible, but it
happened everywhere else. Things like that happened in other places, maybe not
in the same level, but it happened also. Some mistakes were made, and we
cannot, we cannot, as legislators, accept that. We have to go through to the
end to make sure that nobody else dies in those conditions.
Mme Henriquez
(Gloria) : So, Herron seems to be just the tip
of the iceberg?
M. Ciccone : Well, it was the first one. We know it was the first one, and
that's why it has, how can I say that, so much projectors, you know, on it, and these lights on it
because it was the first one, you know, and… But the thing is, it happened. We have to get into action, we
cannot just say : Oh! OK, you'll take care of it? Perfectly, I will stay
and make sure you take care of it, and, if something happens, well, it won't be
me, it's her fault. That, we… cannot happen, we cannot throw somebody under the
bus like this. Everybody else have to take their responsibility. I will take my responsibility if I have to. I don't know what kind of responsibility I have to, but you know what, if I can take some responsibility, take some pain off some of
my families that are still crying right now, I will do it.
Le
Modérateur : Merci beaucoup. On doit céder la place.
M. Ciccone :
Merci.
(Fin à 8 h 32)