(Neuf heures cinq minutes)
Mme Anglade :
Bonjour,
bonjour à tous, et merci à mes collègues de m'accompagner ce matin en ce jour
de budget.
Tous les voyants aujourd'hui sont au
rouge. L'inflation est à plus de 5 %, on a une épicerie qui coûte plus
cher, de l'hydroélectricité qui coûte plus cher, un logement qui coûte plus
cher pour tout le monde, avec des impacts considérables sur les familles. Il
nous manque aujourd'hui 300 000 travailleurs au Québec pour combler
plusieurs fonctions dans plein de domaines. On a, chez nos entreprises, dans
nos PME, des chaînes d'approvisionnement qui sont en rupture, qui sont brisées,
des contrats qui ne peuvent pas être rencontrés. On a des femmes qui sont
incapables de retourner sur le marché du travail parce que, tout simplement,
elles ne trouvent pas de place en garderie. La santé n'est pas en reste. Il y a
plus de 160 000 personnes qui sont en attente de chirurgie. Et
aujourd'hui on est passés de 400 000 Québécois qui n'avaient pas de
médecin de famille à plus de 1 million de Québécois qui n'avaient pas de
médecin de famille. Alors, oui, tous les voyants sont au rouge.
Et, au lieu de faire semblant que tout va
bien, on demande à François Legault de ne pas se mettre la tête dans le sable,
de ne pas faire de politique partisane, de regarder ce qui se passe, et de
faire son travail, et de s'assurer qu'on réponde aux besoins de la population
du Québec. Je m'attends, en voyant tous ces voyants-là au rouge, que le
gouvernement cesse son arrogance, cesse de justifier ses positions, qui sont
des positions où il politise les choses, et qu'il décide réellement d'aider les
Québécois, qui en ont drôlement besoin aujourd'hui. Je vais céder la parole à
mon collègue, Carlos Leitão.
M. Leitão : Merci,
Dominique. Alors, bonjour. Donc, à mon tour aussi de, brièvement, vous parler
un peu de ce à quoi on s'attend dans ce budget. Comme Dominique a mentionné,
tous les voyants sont au rouge. L'inflation est très élevée. Donc, oui, il devrait
y avoir quelques mesures ponctuelles pour soulager les familles, surtout
ceux... les plus vulnérables, mais il faudrait aussi que le gouvernement ne
répète pas les mêmes erreurs qu'ils ont commises pendant la pandémie, vous
savez, un manque de prévisibilité, un manque de prévoyance. Il nous faut aussi
des mesures structurantes, à moyen et à long terme, pour bien nous protéger des
pressions inflationnistes et pour préparer notre économie à l'économie du
futur, qui, elle, va être sensiblement différente de ce à quoi on s'attendait
avant 2019.
Finalement, il ne faudrait pas non plus
oublier la crise climatique. On a très peu parlé de ça dernièrement, mais elle
est toujours là, c'est toujours urgent et important d'agir. Depuis deux ans que
le gouvernement, dans ses budgets, traîne le même programme, il n'y a rien
dedans, franchement, là, là, je m'attendrais à voir des mesures importantes. Il
faut avoir des mesures significatives, importantes, structurantes dans le
changement... dans la lutte aux changements climatiques. Voilà. Merci. Je passe
la parole maintenant à mon collègue, Marc Tanguay.
M. Tanguay : Merci,
Carlos. Avec François Legault, quant aux tarifs d'hydroélectricité, c'est un
retour aux années 80, aux années 80, quand on décidait, de façon non
indépendante, combien les Québécoises et Québécois allaient payer
l'électricité. François Legault a commis une erreur historique en 2019 quand il
a lié l'inflation à la hausse des tarifs d'Hydro-Québec, ce qui fait en sorte
que — et ça a été confirmé, il ne changera pas ça, là — les
tarifs d'hydroélectricité, le 1er avril prochain, vont augmenter de 2,6 %,
et, l'an prochain, ce sera plus de 5 %. François Legault, il n'a pas
reconnu son erreur, il a dit : Écoutez, moi, je vais les décider de Québec,
dans mon bureau, les tarifs d'hydroélectricité.
Alors, on avait... on s'était donné, au
Québec, un processus indépendant qui dépolitisait. Puis cette année, c'est une
année électorale. Cette année, François Legault a politisé les tarifs
d'Hydro-Québec et, cette année, François Legault se propose d'envoyer un chèque
à toutes les Québécoises et Québécois. Ce n'est pas comme ça qu'on doit gérer
le Québec, en envoyant des chèques, dans un contexte d'année électorale, qui
plus est, et ce n'est pas un chèque une fois qui va changer la réalité et qui
va changer les effets de l'erreur de François Legault. Les tarifs
d'hydroélectricité demeureront à la hausse, plus 2,6 %, plus 5 %.
Alors, on lui
demande de revenir à un processus indépendant, qu'il sorte de la fixation des
tarifs d'hydroélectricité, qu'il s'enlève les mains de là et qu'il fasse en
sorte qu'il y ait, jusqu'à ce qu'on revienne à un processus crédible et
indépendant, qui ne soit pas partisan et politisé... mais qu'il revienne à un
processus indépendant et que, dans l'intervalle, ce soit un gel des tarifs
d'hydroélectricité. Et autre mesure — je conclurai là-dessus — que
nous avons proposée, au Parti libéral du Québec, c'est qu'il n'y ait pas de TVQ
sur le premier 4 000 $ de votre facture d'hydroélectricité. TVQ,
c'est quand même près de 10 %, ça paraît. Merci.
Mme Plante (Caroline) : Bonjour,
Mme Anglade.
Mme Anglade : Bonjour.
Mme Plante (Caroline) :
C'est sûr que, pour le contribuable, aujourd'hui, un des principaux éléments du
budget, ça va être une remise sous forme de chèque. Alors, qu'est-ce qu'on en
pense au Parti libéral? Est-ce que c'est une bonne idée ou ça prend quelque
chose de plus structurant?
Mme Anglade : Il faut absolument
qu'il y ait quelque chose de plus structurant. Puis, quand on dit quelque chose
de plus structurant, on a parlé de la baisse de la TVQ pour les produits
essentiels. Tout le monde doit acheter ces produits essentiels à la pharmacie,
que ce soient des médicaments sans ordonnance, que ce soit du savon, que ce
soient des shampoings, peu importe. Qu'on enlève la TVQ sur ces produits-là,
ça, c'est structurant.
Qu'on enlève la TVQ sur l'hydroélectricité
qu'on paie, qui est chère. Encore une fois, mon collègue le mentionnait, les
tarifs d'hydroélectricité qui ont été fixés avec l'inflation, c'est une erreur
historique. Nous, ce qu'on demande, c'est qu'il y ait un gel de ces tarifs-là
et qu'en plus on enlève la TVQ. Parce que se chauffer, là, ce n'est pas un
luxe. Ce n'est pas un luxe se chauffer au Québec, et c'est la raison pour
laquelle ça fait partie, justement, de ce que l'on veut faire.
Parfois, dans certains domaines, dans
certains endroits, certains secteurs, c'est nécessaire d'agir directement. On a
proposé, pour les aînés, par exemple, qu'il y ait 2 000 $ qui soient
retournés aux aînés de plus de 70 ans, sans impôt, directement dans leurs
poches. Pourquoi? Parce qu'elles ont besoin, ces personnes aînées là, de rester
chez elles plus longtemps, elles se servent des soins à domicile. C'est pour ça
qu'on est capables de retourner directement quelque chose pour nos aînés. Mais
ce n'est pas une mesure qui est temporaire, juste cette année, c'est une mesure
qui serait permanente.
Ça, ce sont des mesures concrètes qu'on
met de l'avant. Et même chose pour ces femmes qui ne peuvent pas retourner sur
le marché du travail, qu'elles puissent avoir 1 700 $ par mois
jusqu'à tant qu'elles puissent trouver une place en garderie, entre 12 et
18 mois. Je dis «ces femmes», évidemment, il y a des papas également
là-dedans, mais que tous ces parents-là qui ne peuvent pas retourner sur le
marché du travail puissent le faire.
Mme Plante (Caroline) : Puis,
bon, le gouvernement ne dit pas que c'est un budget électoraliste, mais est-ce
que vous croyez que c'est un budget électoraliste?
Mme Anglade : Par
définition, ça va être un budget électoraliste. Par contre, ce qu'on demande à
François Legault, c'est d'arrêter de tout politiser, comme il l'a fait avec
Hydro-Québec, comme il le fait dans ses prises de position. Il politise le
débat, il essaie de diviser les Québécois sur des enjeux. Nous, ce qu'on veut,
c'est qu'il réponde aux besoins de la population.
Mme Plante (Caroline) : Puis
avez-vous eu la chance de réagir aux propos, là, de M. Legault de la
semaine dernière, qui a qualifié la collègue députée de Sherbrooke de mère
Teresa? Avez-vous eu la chance de réagir à ça?
Mme Anglade : Lors du
8 mars, pour la Journée internationale des droits des femmes, j'ai pris la
parole au salon bleu et j'ai dit la chose suivante, qu'il y a des comportements
qui doivent cesser au salon bleu. Il y a des comportements qui sont
inacceptables. Et je faisais directement référence aux propos qu'avait tenus
François Legault lorsqu'il avait fait... on va... entre guillemets, du
«mansplaining» à l'endroit d'une des collègues à l'Assemblée nationale,
premièrement. Ça rejoint exactement les propos qu'il a tenus lorsqu'il a traité
notre collègue de mère Teresa. C'est une manière qu'on ne veut pas voir au
salon bleu. On a le droit au respect. Tout le monde a le droit au respect, et
ce n'est pas ce qu'il a su démontrer. Cette approche paternaliste doit cesser.
Mme Plante (Caroline) : Donc,
si vous ajoutez ces commentaires-là les uns aux autres, quelle conclusion
tirez-vous?
Mme Anglade : Bien, que
François Legault ne prend pas la pleine mesure des propos qu'il tient,
qu'encore une fois tout le monde, hommes comme femmes, à l'Assemblée nationale,
on a le droit d'avoir les discussions, on a droit de ne pas être d'accord sur
certains enjeux, mais on a droit au plus grand des respects dans les
propositions qui sont faites, et ce n'est pas ce que François Legault a
démontré.
Mme Plante (Caroline) : Est-ce
que le commentaire, là, de mère Teresa, est-ce que c'est une insulte?
Mme Anglade : C'est la
manière dont a été formulé... c'était clairement une manière de dénigrer la
personne en face et de la prendre de haut, une manière condescendante, une
manière arrogante de parler à un collègue. Et, encore une fois, on n'a pas
besoin d'avoir ce type de comportement là. Je reviens à la question du
«mansplaining». On n'a pas à avoir ce type de comportement là à l'Assemblée
nationale. Moi, vous savez, je... Bien, enfin, je... Quand je pense à ce genre
de comportement là, je pense réellement à mes trois enfants, puis je pense
particulièrement à mes deux filles, puis je me dis que, si mes deux filles
regardent ça puis qu'elles disent : Bien, voyons, pourquoi quelqu'un
dirait des choses comme ça? Je me dis que c'est le message qu'on leur envoie
également, et on a une responsabilité aussi pour les générations qui viennent.
Le Modérateur : Merci
beaucoup.
(Fin à 9 h 15)