(Huit heures trente-trois minutes)
M. Leitão : Bonjour,
tout le monde. Merci d'être venus en si grand nombre. Écoutez, nous sommes à
quelques jours d'un budget, on en a déjà parlé amplement, un budget, par
contre, qui va avoir lieu dans un contexte qui est très, très particulier, un
contexte, bien sûr, postpandémique, mais surtout un contexte de grande
incertitude économique et de forte augmentation du coût de la vie.
Alors, nous avons déjà fait plusieurs
suggestions de mesures à prendre pour soulager, ne serait-ce que partiellement,
l'effet de la forte hausse du coût de la vie sur les ménages québécois. Mais je
veux surtout souligner, encore une fois, le grand niveau d'incertitude dans
lequel nous vivons. Donc, l'inflation... Et, regardez, je n'ai pas eu le temps
de vérifier, mais ça vient de sortir, il est 8 h 35... pardon, oui, 8 h 35,
là, c'est sorti à 8 h 30, les chiffres de l'inflation, je n'ai pas
encore vu, mais je suis certain que ce n'est pas un beau chiffre. Donc, l'inflation
augmente rapidement au Québec, au Canada, dans le monde occidental. Et
franchement je ne peux pas vous dire jusqu'où ça va aller, mais ça va continuer
de monter. La guerre en Ukraine se poursuit. Pour l'instant, vous avez constaté
qu'il n'y a pas encore... il n'y a pas eu de pénurie de pétrole. Il y a une
anticipation que ça pourrait... on pourrait arriver à ça, mais, pour l'instant,
il n'y a pas ça encore, et déjà les prix d'énergie sont fortement à la hausse.
Donc, la pression est très forte.
Alors, dans un budget, un gouvernement
doit être capable de tenir compte de ces incertitudes, comme j'avais déjà
mentionné, de garder une bonne réserve pour faire face aux éventualités, mais
aussi et surtout de se donner un plan stratégique, à quoi va ressembler l'économie
québécoise dans un environnement d'inflation plus élevée pour plus longtemps,
comment est-ce qu'on veut gérer cette économie-là, et aussi où les flux
commerciaux, donc les échanges internationaux, vont nécessairement être
affectés, non seulement par la pandémie et les effets de la pandémie, mais par,
un peu, cette diminution de l'intégration de l'économie mondiale.
Donc, moi, j'arrête ici... Pardon?
Une voix : 5,7 %.
M. Leitão : 5,7 %,
merci. Donc, la pression...
Une voix : 5,6 %.
M. Leitão : Merci. La
pression est à la hausse, et je pense que, pour le mois de mars, ça va être
encore plus.
Écoutez, moi, j'arrête ici. Je vais
laisser la chance à mon collègue de dire aussi quelques mots, et puis après on
répondra à vos questions. Merci.
M. Tanguay : Merci
beaucoup, Carlos. Alors, François Legault a commis une erreur historique en
décembre 2019 lorsqu'il a collé la hausse des tarifs d'hydroélectricité avec l'inflation.
On vient d'apprendre que, pour le mois de février, c'est 5,6 % de hausse d'inflation.
Évidemment, le calcul fait en sorte, pour ce qui est des tarifs d'hydroélectricité,
de majorer quelque peu, mais on sait que c'est au-dessus de 5 % pour les
cinq mois, donc octobre, novembre, décembre, janvier, février, qui vont dicter... — donc,
il reste, à ces cinq mois-là, sept autres mois devant nous, puis on ne voit pas
l'inflation diminuer — qui vont dicter la prochaine hausse, selon le
mécanisme mis en place et imposé par François Legault par le bâillon.
Ce qu'on demande, au Parti libéral, puis
on n'a pas commencé à le demander hier, là, on le demande depuis plusieurs
semaines, c'est de donner un répit aux familles québécoises. François Legault a
confirmé hier que le 1er avril prochain, dans deux semaines, ce sera 2,6 %
d'augmentation. Et, pour ce qui est des augmentations futures à venir, bien, il
dit : Ça ne sera pas 4 %, 5 %. On ne sait pas comment, quand,
combien il fera cette compensation-là, mais il va inventer une patch pour venir
corriger son erreur historique. Alors, nous, ce qu'on demande, c'est,
maintenant, un gel des tarifs d'hydroélectricité jusqu'à ce que le processus
indépendant soit remis en place.
Puis je terminerai là-dessus. Hydro-Québec,
là, c'est à nous autres. Hydro-Québec, en 2021, là, a fait un peu moins de 3,6 milliards
de profits. C'est important lorsque l'on peut agir pour donner du répit aux
Québécoises et Québécois. Il doit reconnaître l'erreur historique, doit la
corriger et ne doit pas la corriger en faisant des patchs, en envoyant un
chèque. Parce que, dites-vous une chose, si ça augmente de 2,6 % et si ça
augmente de plus de 5 % à la prochaine, bien, c'est les tarifs qui
demeureront à ce niveau-là pour les années à venir. Alors, ce n'est pas en
envoyant un chèque une fois qu'il va régler le problème qu'il a lui-même créé.
Voilà. Merci.
La Modératrice : Débutons
avec les questions en français.
M. Gagnon (Marc-André) : Bonjour.
Peut-être une pour M. Tanguay. C'était jeudi dernier, je voyais sur votre
fil Twitter, vous avez dit : «La candidature de Jean Charest est une
excellente nouvelle pour la démocratie canadienne», que M. Charest est un
homme de coeur, et tout ça. En clair, donc, vous appuyez la candidature de Jean
Charest?
M. Tanguay : Non, ce n'est
pas une question d'appui. Je salue sa candidature. Vous savez, on ne va pas s'impliquer.
Je ne vais pas m'impliquer dans la campagne au leadership du Parti conservateur.
Moi, je connais Jean Charest depuis plusieurs années. C'est grâce à lui si je
fais de la politique
aujourd'hui. En 2012, donc, quand j'ai été élu... et
avant j'ai milité avec lui, j'étais président du Parti libéral du Québec. Très
fier d'avoir été un militant bénévole. Et, en ce sens-là, moi, j'ai salué sa
candidature. Je pense qu'il a des qualités, dans mon texte, je le disais. Et je
ne vais pas m'immiscer, mais je pense que c'est une bonne nouvelle pour la
démocratie. Et les membres du Parti conservateur décideront, c'est à eux autres
de faire campagne.
M. Gagnon (Marc-André) : Bien,
c'est parce que, dans le même message, vous dites que c'est un homme de coeur,
rassembleur. Alors, est-ce qu'il est assez rassembleur pour rassembler des appuis
de ses anciens députés au sein du Parti libéral du Québec?
M. Tanguay : L'avenir
nous le dira. Mais moi, j'ai salué la qualité de sa candidature, qui ne fait
aucun doute pour moi. Et donc je vais le laisser faire sa campagne.
M. Gagnon (Marc-André) : Et
le fait qu'il propose des projets d'oléoducs sur le territoire du Québec,
est-ce que ça, c'est contraire à la vision du Parti libéral du Québec?
M. Tanguay : C'est une
très bonne question. Je vais laisser les candidats à la chefferie du Parti
conservateur mener leur campagne. Nous, au Parti libéral du Québec, c'est
clair, là, des pipelines, on ne va pas en construire. Il faut se sortir des
hydrocarbures. On a un magnifique projet, qui s'appelle ÉCO. On veut investir
plus de 100 milliards de dollars pour remplacer le diesel, remplacer les
hydrocarbures par de l'hydrogène vert. Alors, au Parti libéral du Québec, non
au nouveau pipeline. Maintenant, les candidats à la course à la chefferie du
Parti conservateur, ils diront ce qu'ils ont à dire, puis ils feront leur
campagne, puis ils décideront entre eux autres.
M. Laforest (Alain) : M. Tanguay,
avez-vous été surpris par la position de votre ancien chef sur la loi n° 21?
M. Tanguay : Ah! bien, écoutez,
moi, encore une fois, je ne vais pas commenter, même indirectement.
M. Laforest (Alain) : Non,
non, mais est-ce que vous l'appuyez, là, en tant que... Le Parti libéral se
positionne comment par rapport à la loi n° 21...
M. Tanguay : Bien, on a
voté contre la loi n° 21. Vous ne serez pas surpris d'apprendre
qu'en ce sens-là aussi on disait, à l'époque, que c'était très clairement... en
mettant de côté les chartes, notamment la Charte québécoise des droits et
libertés, bien, il allait y avoir des contestations judiciaires. On voit que c'est
le cas, présentement. Le débat est parti de l'Assemblée nationale et est rendu
devant les tribunaux. On va laisser les tribunaux et les parties faire leurs
représentations. Mais nous, on a voté contre la loi n° 21.
Il y a des contestations judiciaires, puis on verra qu'est-ce que ça donnera.
Mais, très clairement, encore une fois, je ne vais pas commenter sur des
positions des candidats à la chefferie du Parti conservateur.
M. Laforest (Alain) : C'est
pas mal la position de Jean Charest, là, ce que vous dites là, là.
M. Tanguay
: Bien,
écoutez, moi, ce qui m'intéresse, c'est la position de mon Parti libéral du
Québec, et notre position est très claire là-dessus, là.
M. Lavallée (Hugo) : Bonjour.
Question pour M. Leitão, si vous permettez. Je serais curieux de vous
entendre, M. Leitão, sur cette idée, là, de faire un peu plus de place au
privé dans le système de santé. Est-ce que vous pensez que d'introduire une
certaine forme de concurrence ça pourrait être bénéfique?
M. Leitão : Je ne pense
pas que ce soit une question de concurrence. Avant d'y arriver, le privé est
déjà en santé, là, ça existe. Les cliniques médicales sont des cliniques
privées, là, les GMF sont des cliniques privées. Donc, ça existe déjà. Les
médecins ne sont pas des employés de l'État, ce sont des travailleurs
indépendants. Donc, le privé est déjà dans le système de santé. Là, je ne pense
pas que ce soit une... à mon humble avis, ce n'est pas une question de
concurrence, c'est une question de bien utiliser les ressources que nous avons
présentement. Il y a des cliniques privées qui ont des salles d'opération.
Donc, je pense que l'objectif serait d'optimiser ces ressources-là. À mon avis,
ce n'est pas une question de concurrence.
M. Lavallée (Hugo) : Une
autre question aussi, par rapport à la présentation du budget la semaine
prochaine. Quels devraient être les objectifs que le gouvernement devrait se
fixer au chapitre de la réduction de la dette? Parce qu'il y avait des
objectifs qui avaient été identifiés précédemment. On comprend qu'avec le
déficit ça remet un peu les choses en question. Quels devraient être les
nouveaux objectifs?
M. Leitão : Là, je pense
qu'on va perdre toute l'audience parce qu'on va commencer à parler de dette,
là. Oh mon Dieu! Mais c'est très important. Merci pour la question.
Oui, on a des cibles qu'on s'est données,
collectivement, en termes de dette-PIB et déficit-PIB. Moi, je pense que ces
cibles-là sont encore d'actualité. Donc, dans le budget de la semaine prochaine,
moi, je ne toucherais pas nécessairement à ces cibles-là. Donc, d'atteindre un
ratio dette-PIB 45 %, je pense qu'on peut et on doit maintenir cette
cible-là. Maintenant, la question qui se pose, c'est : O.K., une
fois qu'on a atteint cette cible, parce qu'on va y arriver dans relativement
peu de temps, qu'est-ce qu'on fait après? Est-ce qu'on se donne encore une
cible? Est-ce qu'on se donne encore un ancrage fiscal? Moi, je pense que oui.
C'est quoi, cette cible, cette nouvelle
cible qu'on se donnerait? Je ne sais pas. Est-ce que c'est 40 % du PIB?
Écoutez, j'entends plusieurs des commentateurs économiques, les économistes et
les financiers parler qu'au Québec on devrait cibler, on devrait essayer d'atteindre
la moyenne canadienne. C'est peut-être une cible à se donner, mais ayons ce
débat-là. Je pense que ce débat doit avoir lieu, et le budget serait une bonne
opportunité pour commencer ce débat-là. Mais commençons par maintenir les
cibles que nous avons présentement et puis penser sur le long terme.
M. Lecavalier (Charles) : Bonjour.
M. Leitão : Bonjour.
M. Lecavalier (Charles) :
M. Leitão, est-ce que vous entrevoyez de l'espace dans les prochaines
années pour réduire les impôts au Québec?
M. Leitão : Réduire les
impôts? Écoutez, je pense que ce que nous avons... Si nous ne le savions pas
déjà, ce que la pandémie nous a révélé, c'est qu'en effet les services publics
au Québec sont extrêmement importants. Et je pense que tous les citoyens
veulent, bien sûr, avoir des services publics en santé, éducation, famille,
etc. Alors, ces services publics là doivent être financés. Et une chose que
j'ai dite depuis 2014, et je le maintiens, c'est qu'on ne peut pas, on ne peut
pas fournir des services publics à crédit. Donc, si on veut des services
publics, et on veut des services publics, et des services publics de qualité,
il faut qu'ils soient suffisamment financés.
Donc, dans ce contexte-là, est-ce qu'il y
a de l'espace pour réduire les taxes et impôts? La question se pose. Moi, je vous
dirais qu'à court terme, et par «court terme» je veux dire les prochaines
quelques années, je ne vois pas d'espace pour réduire taxes et impôts. Est-ce
que, si l'économie québécoise démarre vraiment — ce que je doute, là,
et on pourrait en parler, de ça — et si on a une croissance
économique mirobolante dans les années à venir... Peut-être qu'on pourrait
considérer ça, mais, à court terme, là, je ne vois pas de possibilité de grand
allègement fiscal...
M. Lecavalier (Charles) : Sur
les tarifs...
M. Leitão : ...permanent — excusez-moi — d'allègement
fiscal permanent. Des mesures ponctuelles d'aide, oui, ça, oui, mais des
changements permanents de taxes et impôts, je ne pense pas.
M. Lecavalier (Charles) : Sur
les tarifs d'électricité, le gouvernement Legault dit que, bon, écoutez, la
situation, là, de l'inflation actuelle, c'est temporaire, ça peut se régler,
mais que leur solution, là, qui était d'arrimer les tarifs à l'inflation, elle
reste bonne malgré ça. Pourquoi vous n'êtes pas d'accord?
M. Leitão : Deux choses
là-dessus. D'abord, la capacité du gouvernement d'anticiper l'inflation, là, on
pourrait en parler longuement. J'avais dit des choses, moi, en 2019, on me
disait que je vivais sur une autre planète. «Duh!» On est là. Donc, je serais
très prudent quant à la capacité de pouvoir prévoir à long terme c'est quoi,
l'inflation.
Et, dans le cas des tarifs
d'hydroélectricité, c'est particulièrement important parce que le gouvernement
a eu la mauvaise idée, la très mauvaise idée de lier les tarifs
d'hydroélectricité au taux d'inflation. Il n'y a aucune connexion. Hydro-Québec
est une utilité publique qui a un monopole. Les tarifs doivent être déterminés
par une entité indépendante, la Régie de l'énergie. On n'aime pas la régie? Pensons
à une autre chose. Mais il nous faut une entité indépendante qui établit les
tarifs d'un monopole. Ce n'est pas à l'État à faire ça, ce n'est pas au cabinet
du premier ministre de décider ça, ce n'est pas au ministre de l'Énergie de
décider ça.
Et puis, en plus, quel va être le taux
d'inflation à la fin de cette année? Je ne sais pas, mais il ne sera pas
beaucoup plus bas que ce qu'il est maintenant. L'erreur qui a été commise,
c'était de penser que l'inflation serait à 2 % pour toujours. Bien non. Comme
on dit en bon québécois, «stuff happens», et c'est ce à quoi on fait face
maintenant. Et, avec la guerre en Ukraine, la pression sur les prix des
matières premières, pétrole et autres, je pense que 2023 va être une année où
on va encore avoir un taux d'inflation élevé.
M. Carabin (François) : Bonjour,
messieurs. Juste pour préciser, là, je suis conscient que vous demandez au
gouvernement, dans le fond, de rouvrir sa loi...
M. Leitão : Oui, la
changer.
M. Carabin (François) :
...mais on revient à ce qui était le système précédent?
M. Leitão : Oui. On
revient à la Régie de... à un organisme indépendant — moi, je pense
que la régie faisait un bon travail — qui détermine les tarifs
d'hydroélectricité. Ce n'est pas Hydro-Québec, elle seule, qui peut, qui doit
les déterminer, ce n'est pas le gouvernement qui doit les déterminer, c'est un
organisme indépendant qui regarde les coûts d'Hydro-Québec et qui voit quel est
un montant, un niveau juste pour les tarifs.
M. Carabin (François) : Je
sors un peu de l'actualité du jour, M. Leitão. J'aimerais vous entendre
sur un audit qui a été déposé hier dans les états financiers du Fonds vert par
la VG. Elle dit qu'elle n'est pas en mesure d'obtenir l'ensemble des éléments
probants concernant les activités d'administration, un montant de
18,2 millions de dollars. C'est quoi, votre lecture de... Il est allé où,
ce...
M. Leitão : Écoutez, cette
histoire, ça, c'est un autre exemple d'une très mauvaise idée de la part du gouvernement,
qui avait… — je ne me rappelle pas le numéro de la loi, là, même si
j'ai siégé à cette commission aussi — qui ont décidé de prendre le
Fonds vert et de l'intégrer au ministère de l'Énergie. Donc, on a perdu
beaucoup d'informations.
Nous, on savait très bien... Nous, quand
on était au gouvernement, on savait qu'il y avait des enjeux de gouvernance,
donc on a créé le Conseil de gestion du Fonds vert pour, justement, nous
assurer que le Fonds vert serait géré de façon indépendante par, encore, un
organisme indépendant, crédible, qui pourrait bien superviser les opérations du
Fonds vert. Ça a été complètement bousillé par le gouvernement actuel et
finalement aboli. Alors, je comprends la VG, qui n'a pas l'information
nécessaire pour pouvoir arriver à un bon constat, parce que cette information
ne lui a pas été transmise.
M. Carabin (François) : Mais
est-ce que ça vous inquiète de voir qu'il y a encore, bien, 20 millions de
dollars qui...
M. Leitão : Oh! ça
m'inquiète beaucoup parce que, là, maintenant... Avant, il y avait un fonds qui
était quand même relativement, relativement indépendant, supervisé par un
conseil de gestion. Là, maintenant, c'est un département du ministère de
l'Environnement. Bonjour, la transparence.
M. Bossé (Olivier) : M. Leitão,
vous vous en souvenez certainement, il y a trois semaines, ici même, vous avez
dit : Peut-être qu'une inflation à 5 % ça deviendrait le bon vieux
temps.
M. Leitão :
«The good old days», oui.
M. Bossé
(Olivier) : Est-ce que vous maintenez encore ça?
M. Leitão : Oui.
M. Bossé (Olivier) : Et
pour les 12, 18 prochains mois, est-ce que vous êtes de ceux qui attendez
une récession?
M. Leitão : Bon, une
récession n'est pas inévitable, mais ça fait partie maintenant des scénarios
qu'on doit évaluer. C'est pour ça que je dis que, dans le budget, le
gouvernement doit avoir un plan stratégique pour faire face à toutes ces
éventualités-là. Je ne suis pas en train de dire que Carlos Leitão prévoit une
récession. Ce n'est pas ça du tout. Mais maintenant c'est possible, étant donné
la guerre en Ukraine, étant donné la forte hausse des prix des matières
premières. Donc, le taux d'inflation, on l'a vu, bon, ce matin, ici. La semaine
dernière, aux États-Unis, c'était déjà rendu à 7 %. Donc, les pressions
inflationnistes sont fortes. Les banques centrales sont dans une position très
délicate. Est-ce qu'elles haussent les taux d'intérêt? Oui, mais comment? À
quelle vitesse? Donc, oui, il y a des risques importants pour l'économie mondiale.
Une récession, ce n'est pas inévitable, mais c'est quelque chose qui peut
arriver. Il faut donc être prêt à faire face à une telle éventualité.
Mme Plante (Caroline) : Bonjour,
M. Leitão. Hier, M. Legault a eu une question sur une possible baisse
d'impôt. Il a répondu : Attendez de voir la campagne électorale, quelque
chose comme ça. Est-ce que ce serait irresponsable de promettre une baisse
d'impôt?
M. Leitão : Merci. Je
vous réponds ce que j'ai déjà... ce que j'ai dit tantôt à vos collègues. Ce qui
est absolument irresponsable et impensable, à mon avis, c'est de vouloir... ou
de promettre aux Québécois de livrer des services publics de qualité à crédit
en les finançant avec la dette, en les finançant avec les déficits récurrents.
Donc, on ne peut pas faire ça. On ne doit pas faire ça. On a fait ça pendant
40 ans, et ça nous a donné la situation actuelle d'une dette publique
quand même élevée.
Donc, si on veut, et je pense qu'on veut
des services publics de qualité, il faut les financer adéquatement. Est-ce que
ce financement adéquat est compatible avec une réduction de taxes et impôts? Je
vous dis qu'à court terme je ne vois pas, je ne vois pas un tel espace pour
faire des réductions significatives et récurrentes de taxes et impôts. Si le
gouvernement décide de le faire, de le promettre en campagne électorale, il
faudra qu'il nous dise... Bon, O.K., alors qu'est ce que vous allez couper? Ou
alors vous allez accepter des déficits. Ce n'est pas, quand même, si compliqué
que ça, c'est : ou bien c'est à déficit ou bien on coupe des dépenses.
Mme Plante (Caroline) : Alors,
on ne peut pas s'attendre à ce que le PLQ promette une telle chose en campagne
électorale, une baisse d'impôts et de taxes?
M. Leitão : Des
réductions récurrentes de taxes et impôts, écoutez, la plateforme est en train
de se faire, mais je n'ai pas encore vu ça, mes collègues non plus. Je ne pense
pas qu'on discute de telles choses. Donc, l'espace est très, très limité.
Est-ce qu'il y a de la place pour des transferts directs aux citoyens de façon
ponctuelle? Oui. Même des transferts directs aux citoyens de façon plus
permanente, ça aussi, oui. Nos programmes d'aide, d'assistance sociale et de
solidarité, je pense qu'on peut... mais ça fait partie des services publics.
Donc, on veut des services publics de qualité et qui peuvent vraiment aider nos
citoyens, mais il faut les financer adéquatement.
M. Laforest (Alain) : Donc,
si vous travaillez sur la plateforme, c'est que vous vous présentez?
M. Leitão : «Nice try.»
Mais je travaille sur la plateforme, oui, je vous confirme ça.
La Modératrice : Les
questions en anglais, s'il vous plaît.
Mme Senay
(Cathy) :
Mr. Leitão, Mr. Legault said yesterday that he
will... in the budget, there will be one payment for all Quebeckers to help
them to fight inflation and the cost of living. Is this a good strategy for
you?
M. Leitão :
It is not bad, but it's not sufficient.
It is not sufficient. And the Government... We understand it's not the Government's fault... or the Government has very little power, no power
to change the situation
regarding crude oil prices in the world market, but the Government does have one... well, two, but
at least one important lever
that it controls directly, and that's Hydro-Québec tariffs, the Hydro-Québec bill. So, that, they control directly. And we propose a few things
on that, and the one that I think is really important is to suspend the TVQ on the Hydro-Québec bill, that's a reduction of 10%, and suspend it temporarily until
the Government comes up with a
new model to set tariffs, because to link tariffs to inflation makes no sense.
So, that, the Government can do
directly, and they should. It's not just a question of sending some checks, and then we'll see what happens next year.
It's to put in place a process that helps citizens on the long term.
Mme Senay (Cathy) :
The 5.7% of inflation in February,
you're not surprised of this?
M. Leitão : No, no, after what we've seen with the price of crude oil... And we
haven't seen yet the full impact of the war in the Ukraine because also food
products, namely wheat and corn, which Russia and the Ukraine are large
exporters... and there we are seeing now a decline in output and a decline in
exports. We have not seen a decline in oil exports from Russia, we talk about
boycott, but they're not there yet, oil continues to flow. But wheat, and corn,
and now the minerals, those shipments are beginning to be curtailed, and so
prices are going up, and going up strongly.
Mme Senay (Cathy) : Mr. Tanguay, I just have two questions for you, quickly. It's regarding a study that was done by McGill
and Concordia university teachers. They sounded... They had a survey of 629
university students, and a great proportion of them said that they would leave...
they're studying in law and for teaching, and they would leave because they
cannot wear their religious symbol or they are not at ease with Bill 21. 629
students, it's not a lot, it's very tiny sample, we have to be careful with
this, but does this give you an impression that we should consider students
being not comfortable with the effects of Bill 21?
M. Tanguay: I think that we had the occasion to debate, with respect to... when
it was time to adopt the Bill 21, who was adopted by the «bâillon». We had the
occasion, at that time, to mention these potential effects, negative effects,
negative impacts, and this is an additional piece of evidence that justifies
the vote that we took at that time. We voted against that bill. Now, there's a
judicial process, we'll see what happens. But we can see one of the negative
impacts and effects that we mentioned at that time during the debate,
unfortunately.
Mme Senay (Cathy) :
...emergency, are you surprised to
not... Do you understand why Québec needs a bill to lift the public health emergency and other Canadian
provinces didn't?
M. Tanguay :
Yes, you know, actually, it's
interesting, your question. We
suggested, many months ago, such a bill. But now the Government says that he's going to go within this direction. So, I think that
it's important to mention that,
still, we need to wear masks, for instance, we still need to have certain
obligations with respect to the pandemic. That being said, I think that we'll
have the occasion to read the bill. We will be very, very interested to see how
much powers the Government will
keep for itself, and that will be one of the concerns that we deal with. But
first we're going to read the law, the bill. But it's a suggestion that we've made many months ago
and...
Mme Senay (Cathy) : ...
M. Tanguay
: Sorry?
Mme Senay (Cathy) : But now you're stuck with it...
M. Tanguay :
No, it's better later than never. And I
think that it's important.
We'll read the bill, but rest assured that we'll be very, very thorough in
analyzing the bill and making sure that the Government will not keep all the powers as he has done for the last two years.
M. Wood (Ian) :
I just want to pivot back to the
economy for a moment. Yesterday, in the House, the Premier says : You
know, cutting checks is basically like a trademark at the Government. Is that... And you said you
support the idea of giving out payments, if necessary, to, you know, combat
things like inflation. Is that really a way to govern, you just start cutting
checks?
M. Leitão : No, no. Well, you do that, but you cannot limit yourself to just
doing that in a situation like the one we're living now, where inflation is
indeed very high, 5.7%, that came out just a couple of... just an hour, or so,
and I think the pressure will stay strong, and we'll probably have higher
numbers in the months to come, and that has a huge impact on our families
budget. So, yes, the Government
is justified in coming up with short-term measures to assist citizens, but the Government also has to consider more
permanent, longer terms solutions. And one of those permanent, longer term
solutions is a new way to set Hydro-Québec tariffs.
And here, I think, I also
would like to mention something else. We keep hearing from people on the Government side : But, come on, you know, Québec, we already have the lowest tariffs in North America, you know... come on. Well, the tariffs are
maybe low, and they are low, but the Hydro bill is not low. Because we, most of
us, Quebeckers, 95%, we heat our homes with electricity. So, our total heating and the
electricity bill is not that much lower, a bit lower, but not that much, than
in our neighbouring provinces and U.S. states because of the fact that we heat
our homes with electricity.
So, yes, I think we need
to have some help from the Government in the way that tariffs... prices are set,
because the system they put in place does not make any sense.
Une
voix : Thanks.
M. Leitão : Merci.
(Fin à 9 h 1)