(Huit heures vingt-quatre minutes)
Mme Anglade : Alors,
bonjour. Bonjour à tous. Et très contente d'être avec mon collègue Monsef ce
matin. Ce matin, je veux porter la voix de milliers de femmes, aujourd'hui, qui
aimeraient avoir des enfants et qui ne le peuvent pas, qui ont des enjeux de
fertilité et qui veulent poursuivre ce rêve que d'avoir des enfants. Je le sais,
moi-même, comme mère de trois enfants, ce que ça peut changer dans une vie,
comme projet de vie, comment ça peut être important, et comment ce sont des
moments qui sont extrêmement intenses et parfois très difficiles pour les
femmes qui passent à travers.
Depuis le mois de novembre, il y a une loi
qui a été adoptée, mais les femmes qui ont besoin d'avoir des traitements en
fertilité n'ont pas de réponses à leurs questions et sont obligées, dans bien
des cas, d'arrêter leurs traitements. J'ai reçu de nombreux témoignages de ces
femmes, des femmes désespérées, celles qui caressent ce rêve qui semble s'éloigner
pour elles, les mamans de femmes qui sont touchées par ça, qui m'ont appelée,
avec lesquelles j'ai pu échanger, et, comme je dis, ça touche des milliers de
personnes.
Ce que je demande, aujourd'hui, à François
Legault : Le projet de loi a été adopté au mois de novembre. Est-ce qu'on
peut régler, au nom de ces femmes, ce problème-là une fois pour toutes, et qu'elles
puissent avoir accès à ces traitements de fertilité? C'était une promesse du
gouvernement. La loi est passée. Maintenant, peut-on juste s'assurer qu'elles
puissent recevoir les traitements nécessaires pour passer au rêve qu'elles
souhaitent vraiment accomplir? Merci.
M. Bellerose (Patrick) :
Mme Anglade, est-ce qu'on doit retirer le passeport vaccinal et le masque,
comme ça se fait ailleurs, ou si, au contraire, est-ce qu'il faut le garder le
plus longtemps possible, comme le gouvernement Legault le souhaite?
Mme Anglade : Bien, vous
voyez, dans les propositions qu'on avait faites avec la COVIE, on avait dit
qu'on devrait avoir un comité d'experts indépendants piloté par le Scientifique
en chef. Passeport vaccinal, par exemple, c'est supposé être une mesure
transitoire. Moi, je la ferais évaluer par un comité d'experts indépendants,
piloté par le Scientifique en chef, pour qu'il vienne nous dire de quelle
manière il voit les choses. Puis je pense que ça, ça peut se faire, à l'intérieur
d'une semaine, deux semaines, il peut avoir une évaluation. Voilà comment je
procéderais.
M. Lacroix (Louis) :
...il ne restera plus rien des mesures sanitaires, sauf le masque puis le
passeport vaccinal. Donc, tout le reste, toutes les autres mesures qui étaient
importantes pour protéger du virus sont toutes enlevées. Il va rester le masque
et le passeport vaccinal sur lequel on ne statue pas. Est-ce que c'est normal?
Mme Anglade : Je pense
qu'il faut statuer sur l'ensemble des choses, parce qu'il faut regarder la
manière de déconfiner. C'est de dire... Par exemple, pour le passeport
vaccinal, on avait dit que c'était une mesure qui était temporaire. «Temporaire»,
ça veut dire quoi? Ça veut dire quoi? Alors, ça, c'est le genre de
questionnement qu'il faut avoir. Et, encore une fois, je pense qu'un comité d'experts
indépendants ferait en sorte qu'on pourrait très bien l'évaluer rapidement. Ça,
c'est un exemple concret qu'on pourrait mettre de l'avant.
M. Bellerose (Patrick) :
...avis du Dr Boileau vous satisferait? Il va sortir aujourd'hui. Il peut
sortir, aussi, rapidement dans les prochains jours. Est-ce que l'avis du
directeur de la santé nationale... de la santé publique vous satisferait, à
savoir si on doit maintenir le passeport vaccinal et le masque?
Mme Anglade : Bien, oui,
si c'est la Santé publique qui le dit, qu'il y a des études en arrière de ça
pour le valider, très bien. Ce que je pense depuis le départ, depuis le début
lorsqu'on a parlé de cette escouade COVIE, c'est que ces questions-là devraient
relever d'un comité d'experts indépendants qui les étudie en parallèle. La
Santé publique, évidemment, émet ses avis. Si le Dr Boileau émet un avis là-dessus,
c'est parfait. Mais c'est ce genre de question là, à mon avis, qu'on devrait
mettre à un comité d'experts indépendants.
Mme Gamache (Valérie) :
Est-ce qu'on a besoin d'un projet de loi pour lever l'urgence sanitaire? Parce
que d'autres juridictions lèvent l'état d'urgence sans nécessairement avoir
recours à des mesures transitoires. Est-ce qu'on en a besoin ou c'est une
tactique politique de la CAQ?
Mme Anglade : François
Legault aime gouverner seul. Il aime gouverner seul. Il aime avoir les pleins
pouvoirs. L'urgence sanitaire, j'en ai parlé à plusieurs reprises, peut être
levée. Ce n'est pas en contradiction avec les mesures sanitaires. Mais l'urgence
sanitaire, cette manière de gouverner où il s'octroie tous les pouvoirs, où il
peut accorder des contrats — je vous rappelle qu'il y a un contrat de
36 millions de dollars qui a été accordé à PetalMD — on ne sait
toujours pas pourquoi ces contrats-là sont accordés, en plus, avec des
échéances sur parfois trois ans, quatre ans, cinq ans, 10 ans.
Tout ça, ça n'a pas sa raison d'être. Point. Donc, cette urgence sanitaire, c'est
une manière de gouverner par décret que le gouvernement aime, que François
Legault affectionne, et ça, je pense que ça n'a pas sa raison d'être.
Maintenant, s'il y a d'autres mesures qui doivent être encadrées, bien, qu'il
dépose, à ce moment-là, un projet de loi.
Mme Côté (Claudie) : Si vous
avez besoin d'un comité d'experts pour se pencher sur le passeport vaccinal,
entre autres, est-ce que c'est parce que vous remettez en doute la Santé
publique?
Mme Anglade : Le comité d'experts
indépendants... La réponse à ça, c'est : non, pas du tout. Mais le comité
d'experts indépendants, il existe en Grande-Bretagne, il existe en Europe, il
existe en Ontario. Ce n'est pas quelque chose qui est farfelu que d'avoir un
comité d'experts indépendants. Et d'ailleurs, je vous rappellerais qu'il y a
plusieurs scientifiques qui le réclament. C'est un autre moyen dont on se dote
pour éviter de ne plus jamais avoir à revivre ce que l'on a vécu dans les deux
dernières années, c'est-à-dire le jeu du yoyo avec les Québécois. Donc, c'est
un outil qui est à notre disposition et c'est pour ça que, depuis trois
semaines, je l'aurais mis en place, à la place de François Legault, et j'aurais
soumis un certain nombre de questions pour parler de déconfinement.
Mme Côté (Claudie) : ...ça
empêcherait de jouer au yoyo? Le comité d'experts, peut-être qu'il donnerait
les mêmes recommandations que la Santé publique.
Mme Anglade : En fait,
ce que ça permet de faire, c'est d'avoir une perspective sur le long terme, de
regarder ce qui se passe ailleurs, de voir les incidences directes.
Mme Côté (Claudie) : ...
Mme Anglade : Bien, il
est très clair que la Santé publique est dans toute la gestion de la crise. Mais,
encore une fois, si on regarde les meilleures pratiques, cette indépendance-là,
cette totale indépendance-là de la part d'un comité d'experts, amène
certainement une perspective différente dont le gouvernement aurait bien
besoin.
M. Carabin (François) :
Mme Anglade, je comprends que vous voulez entendre les scientifiques
là-dessus. Qu'est-ce que vous pensez, concrètement, de l'idée d'attendre au
mois de mars pour déposer...
Mme Anglade : L'idée de?
M. Carabin (François) :
Qu'est-ce que vous pensez de l'idée d'attendre au mois de mars pour déposer le
projet de loi sur la sortie de l'état d'urgence? Est-ce que c'est nécessaire d'attendre?
Mme Anglade : Non, non,
ce n'est pas nécessaire d'attendre au mois de mars du tout. Le décret d'urgence,
encore une fois, et puis, ça, je l'ai dit, j'étais la première à dire que cette
manière de gérer en état d'urgence, de décret en décret, c'était donner les
pleins pouvoirs au gouvernement. Il aime ça, François Legault aime gouverner
seul, mais la réalité c'est qu'on n'a pas besoin d'avoir ça pour gérer la
situation actuelle. Et, s'il a besoin de certains pouvoirs, qu'il nous le dise.
Et, encore une fois, on a même dit qu'on serait prêts à adopter une loi
rapidement, comme on l'a fait pour les manifestations devant les écoles. Je
vous rappellerais que, quand tu as eu le besoin d'adopter une loi rapidement,
on l'a fait à l'intérieur d'une journée. Pourquoi ne pas le faire dans ce cas-ci?
M. Carabin (François) :
Hier, la députée indépendante, Claire Samson, nous disait en mêlée de presse qu'elle
croyait que la levée de l'état d'urgence ferait en sorte que le gouvernement devrait
révéler les contrats qu'il a accordés grâce à l'état d'urgence. Est-ce que c'est
la même lecture que vous avez de la loi?
Mme Anglade : La loi
sans... Avec l'état d'urgence, il n'est pas obligé de faire la reddition de
comptes qu'il est normalement obligé de faire. Absolument. Il y a des contrats,
aujourd'hui, qui sont octroyés sous la loi de l'état d'urgence, sur lesquels on
n'a aucune visibilité. Vous, les journalistes, non plus, d'ailleurs, vous avez
très peu de visibilité là-dessus. Et c'est par hasard qu'on va apprendre qu'un
contrat a été donné, qui s'est donné sur une période plus longue, moins longue.
Des contrats de gré à gré sans qu'il y ait besoin de faire des appels d'offres,
ça, c'est extrêmement problématique d'un point de vue de la gestion de l'État
puis de la démocratie de manière générale.
Le Modérateur : On passe en
anglais.
Mme Senay
(Cathy) : So, Mrs. Anglade, yesterday, Mr.
Dubé and Mr. Legault we're saying Mr. Dubé will table his bill to lift the
public health emergency. But then they're asking the opposition its
collaboration for its adoption before the end of the session in mid-June. If
not, the public health emergency will stay on. So, how do you react that there
are basically throwing the ball in your court?
Mme Anglade : We've been saying for weeks that the Government doesn't need to have this emergency bill to operate. Right now,
François Legault really likes to govern alone. And the problem with that is
that he has an enormous amount of power and no necessity to come back to
Parliament and, really, to the parliamentarians, and reexplain his decisions.
So, this is really problematic. And I believe that this emergency state could
be raised, I though this months ago, could be raised. If there are things that
still need to have a bill in order to support them, then we're open, we're open
for discussion.
Mme Senay
(Cathy) : ...unnecessary to lift the public
health emergency. Other provinces, B.C., for example, is planning to lift the public health emergency, has done it
without a bill.
Mme Anglade : It is… Oh! it's absolutely necessary to lift the emergency bill. Now, if there is anything
else that the Government wants
to pass, like, they need to tell us. What is it? Why is it that they need to
have an extra bill? We're willing to listen. But the emergency state doesn't
need to stay the way it is today.
Mme Senay
(Cathy) : What about vaccine passport? Saskatchewan is going
to… no longer ask for this requirement as of Monday.
Alberta took the decision few hours ago. So, what should happen with the
vaccine passport?
Mme Anglade : Two weeks ago, three weeks ago even, when we came with the idea of
having a COVIE committee in order to ease the restrictions, we said that we
wanted to have an independent committee, independent scientific committee. One
of the benefits of having such a committee is that you can say… you know, the
vaccine pass, you can ask them whether it's still relevant, in which
environment it is relevant. And I think, within two weeks, they can really make
the assessment and give it to the Government. I think this is the way I would proceed.
M. Wood (Ian) : ...
Mme Anglade : Predictability is a number of things: it is dates, but it is also
criteria and it is also a supply plan. So, the question I have for François Legault is: It's fine to give the dates, to have visibility, especially
that we've been asking for this for months. So, finally he came up with dates.
What I'm asking him to do now is to come up with all the supply plan supporting
the easing of the restrictions. So, what is he going to be doing with the schools and the ventilation? What is he going to be doing with support, the little
companies, the little restaurants that still need the help of the Government? There are many things that need
to happen in order for us to avoid ever going back to confinement again.
M. Wood (Ian) :...
Mme Anglade : Is it just a?
M. Wood (Ian) : Do you think this is just a major response for the protest?
Mme Anglade : Well, it is definitely an answer to the fact that people are really
unhappy. And they have the right to be unhappy after what we've gone through,
after what happened on December 30th, after the poor management of the
crisis from the Government. I
think they feel that they're paying a big price because of the way the Government has managed the crisis. Now, I
really believe that there are ways to approach this easy of the restrictions by
putting in place a plan like COVIE-19.
Mme Fletcher
(Raquel) : ...I assume that you'd like to see
some pieces of legislation going forward in the next few months concerning
things like, you know, if there is another variant or if there is another wave.
What have we learned? What can we put in place to actually make substantial change instead of, you
know, a year from now, going through this all over
again?
Mme Anglade : Well, clearly, again, in order for us to avoid what happened in the
first four waves, you need to ease the restrictions at the same time that you
put a plan in place. What is the plan in terms of supply, for example, in terms of supplies for
testing, rapid testing, PCR? What is the plan for the ventilation in schools?
We still don't have a plan from the Government in terms of what he's doing in order to protect society from a next wave. So, I'm happy to
see that people are going to be
able to live, to go back to a normal life, if you will, but at the same time, I
want the Government to tell us
how he's putting things in place in order to avoid the situation we've been in
for the last two years. It's not a particular bill that's going to do this, it's a level of
preparation that the Government
needs to make happen.
M.
Carabin (François) : ...vous interroger sur le REM, là. À qui devrait
revenir la responsabilité de mener ce projet-là, de REM de l'Est, à terme, le gouvernement,
la mairesse?
Mme Anglade : Ah! le projet
de REM, le projet de REM. Comment vous dire, d'abord, le niveau d'improvisation
que l'on a vu? Ce projet-là, ce projet-là était un projet pour lequel il n'y a
pas eu de consultation, du moins, il y a eu des consultations qui ont été
bidon. Ça a été... On voit bien qu'il n'y a pas d'acceptabilité sociale,
aujourd'hui, et pourtant il y a vraiment des besoins de mobilité. Et Chantal
Rouleau agit comme un rouleau compresseur. Alors là, ce qu'il faut qu'il y ait,
c'est qu'ils retournent à la table à dessin, qu'ils comprennent bien qu'il y a
des besoins en matière de mobilité, mais qu'ils impliquent tout le monde. Qu'on
arrête de faire des consultations bidon, qu'on mette tout le monde autour de la
table pour trouver des solutions. Mais il y en a, des solutions. Merci.
Le Modérateur : Merci
beaucoup.
(Fin à 8 h 39)