(Huit heures trente et une minutes)
La Modératrice : Bonjour.
Bienvenue à ce point de presse du Parti québécois. Ce matin, notre porte-parole
en matière d'habitation, Mme Méganne Perry Mélançon. Elle sera suivie du
chef du Parti québécois, M. Paul St-Pierre Plamondon. La parole est à
vous.
Mme Perry Mélançon :
Merci, Laura. Bonjour, tout le monde. Ce matin, je me présente devant vous à
titre de nouvelle porte-parole en matière d'habitation. Ça tombe bien parce que
ça bouge beaucoup dans ce dossier-là, ces jours-ci, et ce matin
particulièrement.
Je me suis toujours intéressée à ce
dossier, même avant d'être porte-parole, donc, je remercie mon chef d'avoir
entendu mon intérêt. Parce que c'est dès le jour où la ministre André Laforest
a mis le pied à Gaspé pour dire qu'il n'y avait pas de crise, elle l'a dit à
plusieurs endroits, à plusieurs occasions, mais, chez nous, ça a beaucoup
résonné, ça a fait réagir énormément. Donc, ça m'a amenée à faire un
documentaire, à aller documenter la crise du logement, aller vers les gens qui
vivent le problème et également les organismes qui travaillent en matière d'habitation.
Alors, j'ai déjà une bonne idée du portrait.
Et il faut dire que ça ne touche pas
seulement les grands centres, les enjeux de logement, ça touche également nos
régions du Québec. Alors, il faut être concerné et comprendre toutes les
réalités, qui ne sont pas les mêmes partout. Mais le phénomène, par exemple, de
l'itinérance cachée, bien, c'est partout, c'est partout, c'est chez nous aussi,
et j'en ai, des cas comme ça, dans mon documentaire.
Alors, comme vous voyez, bien, c'est un
intérêt que je porte. Tout le monde se sent vraiment mobilisé par rapport à cet
enjeu. On a des soldes migratoires positifs dans plusieurs des régions du
Québec. Mais, si on ne veut pas que ces données-là, ces statistiques-là
deviennent des départs, dans les prochaines années, bien, il faut s'attaquer à
l'enjeu de l'habitation.
Alors, ce matin, on apprenait que la
ministre va déposer son nouveau programme ou va nous annoncer un nouveau
programme qui remplacerait AccèsLogis, si on comprend bien. Il y a beaucoup,
encore, de questionnements de la part des groupes. Je partage leurs inquiétudes,
également, par rapport à comment on va administrer le nouveau programme. Est-ce
qu'il y aura encore les unités qui avaient été annoncées dans AccèsLogis?
Est-ce qu'elles vont être réalisées dans les prochaines années? Beaucoup de
questionnements sur les modalités. Est-ce qu'on va mettre en compétition le
privé avec le communautaire? Ça, c'est des grandes questions, parce que la mission
première d'Accès Logis était déjà d'avoir des logements abordables pour les
personnes les plus vulnérables, c'était 100 % de la mission. Alors là, si
on ajoute la notion de privé, là-dedans, est-ce qu'il y aura vraiment de l'abordabilité?
Est-ce que ce sera pérein, finalement, comme projet? Toutes sortes de questions
que je partage. Parce que ce qu'on entendait, les échos sur le terrain, c'était
plutôt qu'AccèsLogis était sous-financé du gouvernement précédent, les
libéraux, mais également de la CAQ. Donc, on se serait attendu à ce qu'il y ait
un renforcement du programme, qui avait déjà fait ses preuves et qui est une
référence en matière de logement dans le monde.
Alors, on reste encore sur notre faim. J'ai
hâte de voir ce qui va se passer avec le nouveau programme. Est-ce qu'il va
vraiment remplacer AccèsLogis? Mais clairement on est inquiets et on va relayer
les demandes et les inquiétudes des groupes en habitation.
Alors, maintenant, je laisse la parole à
mon chef. C'est un grand préambule, mais, vraiment, ça va être important de
suivre ça dans les prochaines semaines. Merci.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Merci, Méganne. Bonjour, tout le monde. Premier sujet ce matin, les primes non
payées aux infirmières. Vous vous souviendrez que les infirmières ont dit :
On ne veut pas des primes, ce qu'on veut, ce sont des conditions de travail qui
nous incitent à revenir dans le réseau public. Et la réponse du gouvernement, c'était :
Nous, on connaît ça, on va mettre des incitatifs qui va rétablir une confiance,
qui va rétablir un goût de retourner dans le réseau public. Et là on apprend
que ces primes-là ne sont toujours pas payées.
Donc, je vais revenir sur le mot «incompétence»,
là, parce qu'on va probablement parler de caribous ce matin, on va parler de
résidences de personnes âgées, on va parler de plein de dossiers dans le cadre
duquel le gouvernement ne livre pas, ne s'en occupe pas. Mais ça, c'est
honteux, là. Faire des représentations à un groupe dont on a tellement de besoin,
en ce moment, on a besoin de la contribution de toutes les infirmières, leur
promettre un versement, puis ensuite tout simplement ne pas le livrer, c'est à
l'image de ce gouvernement-là. Mais je veux le dénoncer, parce que comment
voulez-vous retrouver de la confiance en termes d'employés, dans notre réseau
public, si les représentations principales du gouvernement, là non plus, le
gouvernement n'est pas en mesure de livrer, il cafouille à nouveau?
Je veux vous parler aussi brièvement... je
veux réagir au point de presse de Québec solidaire, parce que je veux vous
parler de polarisation en temps de pandémie. Vous vous souviendrez qu'Éric
Duhaime a toujours ridiculisé les manifestations lorsqu'elles proviennent de la
gauche. Il s'est moqué de toutes les manières des carrés rouges, mais également
de d'autres manifestations touchant à l'environnement. Et là on a Québec
solidaire qui nous dit, ce matin : Bien, il y a les bonnes puis il y a les
mauvaises manifestations, il y a les bons manifestants puis il y a les mauvais
manifestants. Un discours très similaire à la droite radicale.
Le danger, en moment de pandémie, quand on
est fatigué, c'est que la droite radicale et la gauche radicale s'alimentent en
ne tolérant pas des discours différents de ce qu'eux-mêmes pensent. Puis, au
Parti québécois, nous, on est un parti démocrate, social-démocrate, mais
démocrate au sens de : Même quand on n'est pas d'accord, même quand on n'a
pas de sympathie... Moi, je n'ai aucune sympathie pour l'idée de jammer Québec.
J'ai une affection particulière pour le Carnaval de Québec parce que c'est mon
grand-oncle puis mon grand-père qui l'ont démarré. Ça ne me tente pas de voir
des restaurateurs sur Grande Allée perdre leurs ventes puis leur relance après
autant de misères.
Mais ma position demeure. Il y a des gens
qui veulent se faire entendre, puis ils sont prêts à se déplacer à Québec pour
se faire entendre sur les mesures sanitaires, bien, on va leur demander d'être
respectueux, mais on va nous-mêmes être respectueux en disant : Bien,
écoutez, on va écouter ce que vous avez à dire, mais on a des appréhensions par
rapport à la volonté de jammer Québec ou d'avoir une place pour un discours
haineux chez certains.
Mais je reviens à la polarisation. La
gauche radicale et la droite radicale ont des similarités en ce qu'elles ne
tolèrent les manifestations que si ce sont leurs manifestations. Puis je pense
qu'on a besoin, en ce moment, d'entendre tout le monde puis d'être ouvert, même
quand on n'est foncièrement pas en accord, parce que, quand on ferme la porte à
des gens qui veulent s'exprimer, bien, ils deviennent encore plus radicalisés,
ils se polarisent encore davantage. Puis moi, je ne veux plus alimenter la
polarisation.
Dernier point sur la polarisation. Moi, je
ne suis pas un journaliste, je n'ai pas les ressources d'enquête, là. Mais
regardez la prolifération des faux comptes, sur Twitter et Facebook, provenant
du mouvement conservateur, là. Il y a quelque chose qui ne tient pas la route,
là. Comment peut-il y avoir autant de comptes créés récemment avec des icônes
qui ne sont pas des personnes et qui répètent toujours les mêmes messages? Les
médias sociaux sont également une source de polarisation. Il va falloir se
pencher sur qui est derrière Fier Québec, qui est derrière tous ces faux
comptes qui répètent toujours qu'il y a 125 François Legault à l'Assemblée
nationale.
Il y a un exercice, en ce moment, d'affaiblissement
de la démocratie québécoise à travers une propagande organisée. Je ne suis pas
journaliste, je n'ai pas ces pouvoirs-là de faire une enquête, mais je sonne l'alarme
sur la polarisation et je demande aux autres partis, à l'Assemblée nationale,
de cesser des discours qui vont amener plus de polarisation à un moment où,
vraisemblablement, on a besoin de stabiliser nos choses, là, parce qu'on sent que
la marmite est beaucoup plus chaude qu'elle ne l'était.
La Modératrice : On va
prendre les questions. Une question, une sous-question.
M. Lacroix (Louis) : Pour
vous, Québec solidaire, c'est la gauche radicale?, première des choses.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
En disant qu'il y a des manifestations acceptables puis il y en a d'autres
qui ne sont pas acceptables, c'est un discours aussi radical que celui d'Éric
Duhaime, qui a toujours ridiculisé les carrés rouges puis d'autres mouvements
de gauche qui, à mon avis, avaient parfaitement leur légitimité.
Je demande à tous les partis d'être
démocrates, respectueux du fait qu'il y a d'autres gens, dans notre société,
qui ne pensent pas pareil, puis que ce n'est pas une raison pour canceller,
pour ridiculiser, pour mépriser d'autres groupes. Ça envenime la situation.
M. Lacroix (Louis) : Qui
va être présent pour vous? Qui va rencontrer ces gens-là? Qui va aller voir
Rambo Gauthier au Parti québécois?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Nous, on ne sera pas présents en personne. On a posé...
M. Lacroix (Louis) : ...
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Non, pas du tout. Moi, je dis : Manifestez, on va porter écoute à ce
qui est dit. Mais j'ai posé des conditions, également, de civisme, compte tenu
de ce qu'on a vu à Ottawa. Moi, je n'envoie pas des députés du Parti québécois
ou le chef du Parti québécois à côté d'une croix gammée, oubliez ça, là. Puis,
si l'idée, c'est de jammer Québec puis d'assiéger la ville de Québec, aucune
chance qu'on cautionne ça. Mais, dans la mesure...
Des voix : ...
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Attendez, je veux juste... Mais, dans la mesure où les manifestations se
font dans l'ordre et de manière respectueuse, je ne veux pas non plus qu'on
alimente la polarisation en disant : Il y a des mauvaises manifestations.
Ça a lieu ce soir ou demain, là. Bien, on demande à ces gens-là de se comporter
avec civisme et respect pour les gens de Québec. La balle est dans leur cour.
Mme Côté (Claudie) : ...parce
que c'est clair, pour eux, ce qu'ils s'en viennent faire ici, là. Ils le disent :
On vient ici avec nos camions et on va rester aussi longtemps que nécessaire.
Ça s'appelle faire un siège puis jammer la ville de Québec, non?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Bien, si vous vous souvenez du mouvement Occupy puis si vous vous souvenez des
carrés rouges, il y avait, là, toujours cette réflexion-là. C'est-à-dire, une
manifestation peut durer très longtemps, tant qu'elle est dans un cadre
socialement acceptable. Moi, ce qui m'intéresse...
Journaliste
: ...
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Non, mais ils ont le droit de demeurer aussi longtemps qu'ils le veulent. La
ligne, c'est le Code criminel, le Code de la sécurité routière puis le Code
civil.
Mme Prince (Véronique) : Est-ce
que vous avez envoyé une directive à vos députés de ne pas se présenter à cette
manifestation-là?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Bien, on en a discuté, là, je n'ai pas envoyé de directive, ce n'est pas du
personnel administratif, là, mais on en a discuté. Puis on ne sera pas présents
à cette manifestation-là.
On demande, dans un premier temps, compte
tenu de ce qu'on a vu à Ottawa, aux manifestants de démontrer qu'ils sont
capables de porter leur message sans pour autant manquer de respect ou tomber
dans un discours qui est haineux. Ça, c'est le point de départ. Mais, en même
temps, ne faisons pas exprès, là, pour démoniser, dévaloriser, polariser
davantage, avant même que ça commence, là, ça, c'est...
M. Pilon-Larose (Hugo) :
...ce matin, M. St-Pierre Plamondon, puis, au-delà du fait que j'ai l'impression
que vous dites la même chose que Québec solidaire, on ira réécouter tantôt, j'ai
l'impression que c'est vous, qui voulez polariser. Vous voulez polariser Québec
solidaire en les présentant comme étant la gauche extrême. Est-ce que c'est
pour mieux positionner le Parti québécois comme représentant la gauche du
centre?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Non, non, j'exprime un désaccord avec ce que Québec solidaire vient de
dire. Il n'y a pas de bonne manifestation et de mauvaise manifestation. Duhaime
a fait ça à plusieurs reprises, vis-à-vis Québec solidaire, les mauvaises
manifestations, ridiculiser, mépriser, puis je ne veux pas que Québec solidaire
tienne un discours qui alimente davantage la polarisation à droite.
Puis il faut se le dire, là, on est dans
un environnement où la polarisation prend de plus en plus d'espace, et ça vient
avec une part également, en ligne, de désinformation. Là, il faut se ressaisir
puis il faut être très responsable dans ce qu'on dit.
Puis moi, je veux qu'on réitère que, si
les gens veulent se déplacer de partout au Québec pour marquer leur désaccord
avec les mesures sanitaires, ils ont le droit, et nous devons les entendre, mais
on doit également poser des conditions. Puis c'est pour ça, là, je vous parle
de... Ça commence ce soir, apparemment. Bien, on s'attend à ce que les règles
soient respectées puis que ça se fasse dans l'ordre. Puis moi, je pense que c'est
le bon moment pour le Parti québécois de demander ça, parce que rien n'est joué,
tout se joue à partir de ce soir.
M. Pilon-Larose (Hugo) : Sur
un autre sujet, j'aimerais vous entendre concernant le revers qu'a subi le
ministre de la Justice concernant le bilinguisme des juges. Est-ce que vous
appuyez le ministre dans sa cause?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Moi, le constat que je fais, c'est : clairement, le ministre n'a pas le
tour avec les juges, là. Parce qu'il y a ce dossier-là, mais, souvenez-vous, le
tribunal spécialisé, qui a été porté, pendant des années, par Véronique Hivon,
qui est une idée, là, qui tombait parfaitement sous le sens, ça a été très
acrimonieux et difficile avec la magistrature. Donc, je ne sais pas si c'est la
technique Jolin-Barrette, là, qui crée cette situation-là, mais il me semble
que ce n'est pas compliqué, là. Un juge francophone ne devrait pas être
discriminé parce qu'il ne... Un avocat qui veut devenir juge ne devrait pas
être discriminé parce qu'il ne maîtrise pas l'anglais. Mais notre système
juridique impose une obligation à entendre un témoin, un justiciable dans la
langue anglaise. Le Code civil est comme ça, notre système est comme ça. Donc,
oui, ça prend des juges bilingues.
Donc, après, c'est une question d'équilibre.
Ça veut dire qu'on ne demandera pas systématiquement, partout au Québec, le
bilinguisme pour les juges, mais ça veut dire aussi qu'il va falloir imposer, à
certains endroits, à avoir un certain nombre de juges bilingues. A priori, là,
tout ça devrait s'équilibrer assez facilement. Je pense qu'on est devant soit
un conflit de personnalités ou un conflit entre deux pouvoirs qui veulent
chacun tracer leur ligne quant à jusqu'où un pouvoir peut aller. Mais,
pratico-pratique, cette question-là devrait se régler facilement, là.
M. Pilon-Larose (Hugo) : ...est-ce
qu'il y a déjà eu un avocat qui a été discriminé parce qu'il ne parlait pas
anglais pour devenir juge?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
...en tout cas, c'est un cas d'espèce, là, c'est un cas de figure, si jamais ça
a déjà eu lieu.
M. Pilon-Larose (Hugo) : ...un
faux débat, tout ça?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Ce n'est pas un faux débat parce que, si on demande le bilinguisme pour
tous les juges au Québec, y compris en Abitibi, sur la Côte-Nord puis en
Gaspésie, là, il y a quelque chose.
Je pense qu'on doit réitérer qu'un juge…
un avocat unilingue francophone qui veut devenir juge ne devrait pas être
discriminé pour cette raison-là. Mais, sachant que notre système requiert
également des juges bilingues, bien là, à un moment donné, c'est-u juste une
question de l'équilibrer? Il y a d'autres raisons, dans la relation de M. Jolin-Barrette
avec la magistrature, là, qui expliquent, à mon avis, qu'on ne puisse pas s'entendre
sur quelque chose qui me semble...
M. Robillard (Alexandre) : …
La Modératrice : On va
prendre une dernière question en français, s'il vous plaît.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Ça va vite à matin!
M. Robillard (Alexandre) : C'est
ça. Moi aussi, je trouve que ça va vite. La… Excusez-moi, là, j'ai perdu
le fil.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Je m'excuse.
M. Robillard (Alexandre) :
...d'accord, finalement, avec la décision de la Cour supérieure dans le dossier
des critères de sélection des juges?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Bien là, la Cour supérieure s'est exprimée sur l'état du droit actuel. Je
sais que le projet de loi n° 96, aussi, tente de modifier, justement, à
quel point le ministère peut intervenir sur les questions de maîtrise de la
langue. Donc, il y a un cadre juridique qui est en transformation aussi, là,
ça, c'est un jugement basé sur...
M. Robillard (Alexandre) : ...du
Québec, le procureur, est-ce qu'il devrait en appeler de cette décision-là?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Bien, c'est ça, moi, je ne ferai pas de commentariat, là, sur la question
juridique précise. Politiquement, par contre, n'importe qui qui est de bonne
foi se rend bien compte qu'il y a moyen d'agencer le fait que...
M. Robillard (Alexandre) :
Mais vous êtes satisfait de la décision de la Cour supérieure sur les pouvoirs
du ministre dans la façon de déterminer les critères de sélection des juges?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Ce que je vous dis, c'est que, nous, au Parti québécois, il y a deux critères
qu'on veut qui soient respectés, ils sont simples : le fait qu'on ne
devrait pas être discriminé parce qu'on est francophone puis le fait qu'on
devrait pouvoir desservir une clientèle en anglais devant les tribunaux. Puis
les solutions, indépendamment de ce jugement-là... Parce que le jugement n'offre
pas de solution pour la suite, là. Moi, ce que je veux, c'est une solution.
Puis il me semble qu'il y en a une, là, c'est assez simple, si les gens se
parlent. Donc, au ministre Jolin-Barrette de rétablir des relations plus
constructives.
M. Robillard (Alexandre) :
...enjeu de santé publique, là, vous avez réclamé plus d'indépendance pour la Santé
publique. Or, cette semaine, on a été témoin d'une intervention du cabinet du
ministre Dubé, par son attachée de presse, là, dans un échange de M. Boileau
avec les médias, ici, au parlement, pour l'interrompre, en fait, là. Alors, je
me demandais : Ça, pour vous, est-ce que c'est un exemple du manque d'indépendance
de la Santé publique vis-à-vis du politique?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Non, là, vous faites référence à sa fille?
M. Robillard (Alexandre) : Bien,
oui...
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Moi, je ne veux pas faire de série d'inférences trop grandes, là, surtout quand
il y a des liens familiaux là-dedans. Ça, ce n'est pas tant...
M. Robillard (Alexandre) :
Je veux juste cadrer la question, là.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Oui.
M. Robillard (Alexandre) : Il
n'y a aucune référence au lien familial. Je suis vraiment sur : Vous, vous
revendiquez plus d'indépendance de la Santé publique, on est dans une
situation...
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Il n'y en a pas d'indépendance, là. Je veux dire...
M. Robillard (Alexandre) : O.K.
Mais je veux juste savoir : Ça, pour vous, c'est un exemple du manque d'indépendance
de la Santé publique?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Non, ce n'est pas ça qui était... Les exemples les plus criants, c'est le fait
que, lorsque la Santé publique a dit : Moi, désormais, j'aimerais ça,
faire mes points de presse seule, de manière indépendante, le premier ministre
a répondu : Bien, il y a des fois qu'on va vous laisser faire, mais il y a
des fois, ça va passer par moi. Puis, souvent, les annonces de santé publique
qui sont faites par le PM, qui dit : Bonne nouvelle, aujourd'hui, la Santé
publique nous dit que... À sa face même, là, il n'y a pas d'indépendance, puis
on le sait depuis longtemps. Et, à mon avis, c'est un peu le traitement injuste
qu'attendait le Dr Arruda, là. Quand tu es tout seul de scientifique ou
presque dans une cellule d'experts en communication, bonne chance pour faire
valoir ton point de vue, donc...
La Modératrice : Une toute
dernière en français.
M. Lachance (Nicolas) :
Mais, hier, la Santé publique a fait un point de presse seule. Les
scientifiques étaient sur place...
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
C'est un bon pas. Moi, j'encourage.
M. Lachance (Nicolas) :
Ils annoncent même qu'il pourrait y avoir une nouvelle vague d'ici la fin
février. Et le PM n'était pas là, on en entend moins parler. Est-ce que ce n'est
pas un problème, ça aussi?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Bien, je veux dire, les points de presse séparés du politique, là, c'est un
gain parce que c'est quelque chose qu'on a demandé pendant plus d'un an. Est-ce
que ça garantit l'indépendance, vu la structure du ministère qui relève du PM,
vu la composition de la cellule de crise? Il ne faut pas se compter d'histoire
non plus. Mais on ne se plaindra pas, s'il y a des améliorations, notamment que
ces points de presse là soient séparés.
La Modératrice : On va passer
en anglais.
Mme Senay
(Cathy) : Mr. St-Pierre Plamondon, you're
saying regarding the Superior Court's decision, that it is normal, in Québec, that citizens ask for a judge in their own language, and
sometimes it's English. That's a right. But then, what do you made of the
judge's decision saying that the Minister of Justice went too far? He could not
interfere in the choices of judge.
M. St-Pierre
Plamondon (Paul) : You're not suppose to be at
this point where you need the judgment to try to get things working with the
judges. That's the issue, that's my point this morning.
There are two principals
that are obvious. There should not be discrimination towards lawyers who only
speak French and want to become a judge in Québec, and there's also a right for an English-speaking Quebecker to be heard in English before the courts. So, that means
that, if you ask bilingualism to all judges across Québec, it's abusive, and if
you have only judges that speak solely French, it's also problematic. So,
anywhere in between is a solution.
They should be able to
talk to each other and find that solution. When you're to the level where you
need a judgment to tell you : You shouldn't be doing that, what's the
solution now? Like, are we anywhere further? I think we have a dynamic that is
problematic between Mr. Jolin-Barrette and the judges, and it's been the
case with the specialized tribunals as well.
Mme Senay (Cathy) : ...the carnaval, it's the creation of your grandfather and...
M. St-Pierre
Plamondon (Paul) : Great-uncle and
grandfather. They were the owners of Manoir St-Castin — unfortunately, it's been destroyed — at Lac-Beauport. And, in the ‘50s, my grandfather was president of
the Chamber of Commerce of Québec, and they were just looking to bring tourists. So, what can we do? And
it's in a very Catholic or Christian Québec of the era, and the Carnaval seemed like a... In the Manoir
St-Castin, there were pictures of the first versions of the Bonhomme Carnaval
with my great-uncle, with my grandfather. So, like, if there's one guy who
thinks that Carnaval de Québec should happen, and that we need a Carnaval de
Québec because it's outside, so the measures... the COVID situation is not as
problematic as it is normally...
I mean, just show respect
for the rest of the population, and the population will listen much more.
Because, we're all thinking about how we should be managing the COVID crisis,
if it's to go again for two, three years. What's a durable, sustainable way to
manage this? We're all thinking about it, and nobody has a perfect answer. So,
it's OK to listen to all sorts of groups, people who want as many measures as
possible, people who don't want any measures. We need to be respectful because,
when we show respect to each other, well, there are more solution and less hate.
And that's where we need to decide right now.
Mme Senay (Cathy) : As the leader of the PQ, what's the directive to your MNAs? Can
they come, this weekend, to meet with the protesters or not?
M. St-Pierre
Plamondon (Paul) : What we discussed is, given
what we demand, we don't want hate signs, we don't want buildings or any
statues to be vandalized, we don't want the city of Québec to be jammed, to be under siege, all this remains to be seen. So,
we're not going to go in person, but we think that everybody should be heard,
in a society. And we're better off not stigmatizing, giving a chance, saying :
Please, show us that this is going to go in order, this is going to go well, we're
better off doing this than to stigmatize and polarize even more by saying :
You guys are like this, and we are the right people to go and do
manifestations, you are not. Those kinds of speeches will just make the
situation even worse.
La
Modératrice : On va y aller avec une dernière question, sous-question
en anglais, s'il vous plaît.
M. Brennan (Andrew) : Merci.
But, from what I heard, both you and Mr. Nadeau-Dubois
are both saying respecting the right to demonstrate. I guess this is a question
of conviction and respecting a movement versus respecting the right to protest.
Now, this movement started and has a manifesto that was written, that wants to
defy democracy by going above elected officials and having the Governor General
and the Senate decide, ultimately, to end all measures. That is where this
movement, ultimately, and in written form, has started from. And they want to
come here. So, you're talking about polarization. Is the question about
standing up to conviction? Should you not be standing up for democracy as
you're saying : The PQ is a social democracy party?
M. St-Pierre
Plamondon (Paul) : We had the same situation
during the «carrés rouges». Some groups within the «carrés rouges» thought :
You shouldn't condemn violence, or that some illegal acts were OK in the
context. And my stance on that is you're better off saying : Please,
manifest in a legal way, and we will pay as much attention as possible, we will
listen. You're better off doing that to have a space for everyone in our
society, even though people don't agree at all, than to condemn ahead.
This manifestation, in
Québec, has not occurred yet. And it's not true to say that it's a very
organised and military disciplined organization. People are coming from all
parts of Québec, they have all sorts of motivations. I think we should aim,
right now, at asking them to be respectful and we should aim here, at the National Assembly, to hear everyone. Even
when we don't agree, we should hear everyone and not condemn ahead, because
it's when you stigmatize and you polarize ahead of the speech that people
really become polarized.
La Modératrice
: En terminant.
M. Brennan (Andrew) :
Just to make sure, what's the
difference between... I will not use the word «stigmatizing» for how you're
talking about Québec solidaire
and the Conservatives, the far right and the far left. But are you not, in
essence, doing the same thing by condemning them based on what they've said and
not giving them a chance to also respect other people's right to protest?
M. St-Pierre
Plamondon (Paul) : No, no. Criticizing another
party is not a problem in a democracy, it's the name of the game. That's what
we do. What I'm saying is, when Duhaime says : Some forms or some topics,
some subject matters of manifestation are ridiculous, and he's done that throughout
his radio career, he's playing the game of even more polarization. And what we
see, this morning, when Québec solidaire says : There are manifestations that are OK, some others are
not, I think it's the wrong way to go.
And this is a political
debate, it's not about stigmatizing. I disagree with what Québec solidaire said this morning. And I
think we should go far away from polarization and say : Whatever, if it's
left, right or center, if people are willing to talk to us outside the Assemblée nationale because they disagree,
they should have their space. And, in exchange, we ask that it's respectful,
within the rules. And we can do that. If we all focus on that, we'll have less
hate, less polarization, and more dialogue. And that's what we should be aiming
right now.
La Modératrice : Merci beaucoup. Bonne journée.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Merci.
(Fin à 8 h 57)