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Conférence de presse de M. Christian Dubé, ministre de la Santé et des Services sociaux

Version finale

Friday, December 3, 2021, 12 h

Salle Evelyn-Dumas (1.30), édifice Pamphile-Le May

(Douze heures six minutes)

M. Dubé : Bonjour, tout le monde. Ça va bien? Oui? Moi aussi. Bon, alors, premièrement, aujourd'hui, je suis très, très, très heureux de vous présenter notre fameux projet de loi, mais peut-être, pour les gens qui sont moins familiers à mes collègues de travail, à ma gauche, Marc-Nicolas Kobrynsky, qui est sous-ministre adjoint à la Direction générale de la planification stratégique et de la performance. C'est, en fait, la première fois au ministère, là, il y a à peu près un an, qu'on a nommé un responsable de la gestion des données au ministère. Et ce n'est pas, comme avant, la même personne qui est responsable des TI, c'est un poste que nous avons créé spécifiquement pour les données. Puis on aura l'occasion d'entendre ses commentaires aujourd'hui. De l'autre côté, je suis accompagné, à ma droite, de Reno Bernier, qui est sous-ministre associé à la Direction générale des technologies de l'information. Puis c'est lui, en fait, qui va mettre en place les systèmes qui vont assurer la fluidité de notre information.

En fait, on a avec nous, aujourd'hui, pour présenter le projet des données, la personne qui est responsable des données, puis ensuite, quand on aura terminé les données, bien, on va les mettre dans des nouveaux systèmes, un peu… Si je faisais le parallèle avec la vaccination, où on a été très innovants, bien, ici, à ma gauche, vous avez les données, vous avez le vaccin, et de l'autre côté, à ma droite, bien, vous avez celui qui a pris les données puis qui en a fait un passeport vaccinal avec un système qui a été excessivement performant. C'est un exemple concret de ce qu'on peut faire en ayant une bonne ségrégation entre les données et nos systèmes informatiques.

En fait, aujourd'hui, c'est vraiment une étape importante qu'on franchit dans notre but ultime de rendre notre réseau de santé beaucoup plus humain et beaucoup plus performant. Ça fait partie des préalables. Je vous parle souvent des préalables. J'utiliserais peut-être, aujourd'hui, les «fondations» de ce qui est notre programme de transformation de la santé. Puis, rappelez-vous, il y en a trois. Il y en a un sur les ressources humaines, dont on vous parle depuis longtemps. C'est important, si on veut changer, on doit mettre énormément d'emphase sur nos ressources humaines, mais dans laquelle on a fait… on a posé déjà beaucoup d'actions, puis on pourra y revenir, mais aussi les données. Les données, j'ai toujours dit que, si on avait les données, on était capables de mieux gérer notre système de santé. Et sur la question de l'informatique, bien, ça, on y reviendra plus tard parce que ce qu'il est important, aujourd'hui, de se concentrer sur la question des données.

Par contre, la présence de Reno est importante parce qu'on a déjà, à l'intérieur de nos systèmes actuels, beaucoup d'informations qu'on peut aller chercher avant de changer nos systèmes. Donc, je voulais quand même avoir, justement, la main gauche et la main droite avec vous, aujourd'hui.

C'est sûr que c'est un travail colossal qu'on est en train de faire pour transformer la santé. Ici, on parle d'un projet de loi qui va affecter 27 lois, non seulement la loi de la santé, mais on peut imaginer… puis dans… vous voulez aller plus en détail, on pourra vous donner cette liste, et c'est d'ailleurs pour ça que les parlementaires, dans leur jargon, parlent, entre autres, d'un projet mammouth, parce que travailler sur 27 lois avec plus de 220 quelques articles, c'est assez important.

Par contre, j'aimerais dire, avant d'aller dans un petit peu plus de détails, c'est sûr que la pandémie, on l'a vu, a mis en lumière des lacunes de notre réseau de santé, pas en termes d'accessibilité, puis je dirais encore plus, pas en termes de qualité de travail, mais, on l'a vu, le problème des données faisait partie des enjeux qu'on avait justement pour bien gérer la pandémie.

Les lois, donc, qu'on veut changer, qui vont être proposées au Parlement… En fait, on veut décentraliser. Vous m'avez entendu souvent parler de décentralisation, parce que ce qu'on veut faire, c'est deux choses, entre autres, c'est redonner de l'autonomie aux gestionnaires, puis ça, c'est important, avec les données, mais s'entendre avec les gestionnaires qu'on a les mêmes données qu'eux lorsqu'on est dans une perspective, par exemple, du ministère ou qu'on est au gouvernement.

On veut s'assurer qu'on va avoir une information fluide. Moi, je pense que le mot que je trouve le plus important, c'est de l'information qu'on a en temps opportun. Parce que des fois, c'est une information en temps réel, c'est-à-dire qu'on veut savoir ce qui se passe à l'instant même, des fois, on va se contenter d'une information qui vient une fois par semaine. Mais les mots à retenir, c'est qu'on veut avoir une information «fluide» puis «en temps opportun».

Avant de voir les grands changements, j'aimerais juste prendre quelques minutes sur la situation actuelle au niveau de nos données. Je l'ai dit, les règles qui encadrent les pratiques en matière de renseignements de santé... je l'ai expliqué, dans plusieurs lois, ce qui rend difficile, c'est non seulement d'avoir plusieurs systèmes, mais d'avoir différentes lois où on ne peut pas avoir une vue, ce qu'on appelle… Puis je me souviens, j'en ai parlé beaucoup avec Mme Castonguay, qui est la nouvelle commissaire. Elle, vous allez voir, dans sa vision de la santé puis lorsqu'elle veut mesurer la performance de la santé, parce que ça va être ça, son grand objectif, elle parle du continuum de soins. Puis en santé, c'est excessivement difficile d'avoir le continuum de soins.

Et ça, ce que ça veut dire, puis je pense que... Je ne pense pas qu'il y a beaucoup de Québécois qui n'ont pas vécu ça dans leur expérience avec la santé. Vous allez à l'hôpital et vous arrivez à la réception, puis la première question qu'on va vous demander : Est-ce que c'est votre première visite à l'hôpital? Même si, peut-être, dans votre vie, dans les dernières années, vous avez fait un, deux, trois, quatre hôpitaux, vous avez toujours besoin de refaire une carte d'hôpital. Il n'y a pas de continuum de qui est la personne. On est préoccupés par l'établissement, l'installation plutôt que le continuum de soins.

En fait, notre plus grand problème, il nous vient du fait que ces lois-là, les différentes lois dont je vous parle, ont été faites principalement dans les années 80-90. On sait tous qu'en 80-90, là, la force de l'Internet n'était pas là, la force de nos outils de communication n'était pas là. Et le grand principe dans ces années-là, c'était que c'était de la documentation papier, là. Rappelez-vous, quand vous entrez, des fois, dans un hôpital, vous allez voir des espèces de grandes bibliothèques avec les filières de papier rouge avec des collants. Puis, dans ce temps-là, on disait : Bien, la meilleure façon de protéger la sécurité de l'information, c'est de l'avoir dans une fiche qui ne sort pas de l'hôpital. Alors, imaginez-vous, là, je reviens, continuum de soins, vous rencontrez un médecin, après ça vous allez voir un spécialiste, il n'y a pas personne qui est capable d'avoir votre information.

En fait, je vais vous donner quelques statistiques juste pour vous donner l'ampleur de la transformation qu'il faut faire. Le réseau de la santé, là, c'est 34 établissements. Les établissements, c'est nos CISSS et nos CIUSSS dans 17 régions du Québec. On a 1 600 installations. 1 600 installations, là, c'est des hôpitaux, c'est des CHSLD. C'est ça, nos installations. Dans ces 1 600 installations là, on gère tous les jours 65 000 lits d'hôpitaux ou de soins de vie, c'est-à-dire 65 000 lits dans les hôpitaux et les CHSLD. Dans le réseau, on a plus de 330 000 employés. Il se fait 3 millions de visites à l'urgence chaque année, il se fait plus de 6 millions de consultations médicales dans les établissements, 15 millions de visites auprès du médecin de famille. Vous pouvez imaginer pourquoi qu'on travaille avec nos médecins de famille en ce moment, 15 millions. Il y a plus de 300 000 usagers en soins à domicile, 120 000 signalements à la DPJ. En fait, le réseau de la santé, là, c'est la plus grande organisation au Québec, la plus grande organisation de travail au Québec, puis c'est un budget, aujourd'hui, excluant les coûts spécifiques de la COVID, d'à peu près 50 milliards par année. 50 milliards par année, on fait le calcul, c'est 1 milliard par semaine que ça coûte pour tout livrer la marchandise qu'on a à livrer. Et, en plus, bien, on gère… on occupe à peu près 15 % du Plan québécois des infrastructures, ce qui veut dire à peu près 20 milliards dans nos établissements.

Alors donc, pourquoi je vous parle aujourd'hui des données? C'est des données pour gérer l'ensemble de ça et d'avoir cette vue, des fois, très décentralisée et, des fois, très coordonnée pour que les grands décideurs et gestionnaires puissent faire les bons choix. Je pense que vous comprendrez maintenant pourquoi j'ai demandé à M. Bernier d'être là. Puis, je le répète, on n'est pas, aujourd'hui, dans des changements de nos systèmes informatiques, bien qu'on soit très en retard de ce côté-là aussi. Mais aujourd'hui, ce qui important, c'est de s'entendre sur les règles de base. Tantôt, je vous donnais le parallèle entre l'information sur le vaccin puis le passeport. On n'est pas en train de changer le passeport, là on est en train de changer l'accès aux données. Et je dirais qu'afin de s'assurer une cohérence, parce qu'on va changer presque une trentaine de lois, et de travailler correctement, je peux vous dire qu'on a consulté beaucoup les gens, puis notamment, je tiens à la préciser, beaucoup de discussions à mes collègues, notamment M. Kobrynsky, avec la Commission d'accès à l'information, pour être capable de faire les choses correctement. C'est beau, faire les changements.

Maintenant, pour qui les changements sont importants? Pour moi, je vois trois catégories. Premier, c'est le patient. Il faut avoir le patient en tête. Je l'ai dit tout à l'heure, continuum de soins, etc. Dans le jargon, j'aimerais dire que, maintenant, la donnée doit suivre le patient. Vous devez, un jour, vous devez, un jour, puis ça, c'est la vision, là, avoir l'information que vous avez et que nous avons sur le système dans votre téléphone ou dans votre ordinateur à la maison. C'est ça, la vision qu'on a. Et ça, le patient doit être capable d'avoir ça à la portée de la main.

Je reviens avec mon exemple du passeport vaccinal. Vous êtes capables de le faire. Ça a été fait à un temps record. Merci encore, Reno, à votre équipe d'avoir tout fait ça. Donc, le patient… Et il a besoin aussi d'avoir une trace de toutes ses consultations non seulement pour lui, mais aussi des professionnels qui sont allés voir son dossier. On est capables de voir, maintenant, que je suis allé voir un omni puis que, quelques semaines plus tard… bien, en ce moment, je dirais que c'est quelques mois plus tard, j'ai un rendez-vous avec un spécialiste — on va essayer de ramener les délais. Mais d'avoir ce suivi de consultation là et de voir qu'un autre spécialiste est allé voir mon dossier, ça, c'est très important, pour moi, et, je le répète encore une fois, tout ça dans un environnement sécuritaire. Ça, c'est pour notre patient.

Pour les gestionnaires, bien, ça, c'est sûr que c'est un peu plus mon dada, mais j'ai dit, tout à l'heure, en temps opportun, puis ça, pour moi, c'est majeur, ce que je vous dis aujourd'hui. On l'a vu, durant le début de la pandémie, on l'a vu particulièrement au début de la pandémie que le manque d'information en temps réel était critique. Il y a de l'information qu'on a reçue avec deux semaines, trois semaines de retard, puis moi, je pense qu'on ne peut pas revivre ça. On a vraiment à faire un rattrapage dans la collecte de l'information. Et d'ailleurs, je le répète, la Protectrice du citoyen, dans son rapport de la semaine dernière, a été très claire qu'on avait un déficit d'informations.

Puis je vous dirais qu'entre-temps on a réussi, grâce au travail de ces deux équipes-là, de dire : Avec les systèmes qu'on a, puis ça, c'est important de le dire, parce qu'on était en pandémie, on a pu, grâce à des décrets, grâce aux mesures d'urgence, avoir accès à de l'information qu'on n'avait pas tant qu'on ne change pas la loi aujourd'hui. Alors, comme on a très hâte d'arrêter les mesures d'urgence, bien, il faut se préparer à être capable d'avoir cette information maintenant, sans les mesures d'urgence, et c'est pour ça qu'on prépare, qu'on dépose ce rapport-là le plus rapidement possible.

La troisième catégorie… donc, j'ai parlé des patients, j'ai parlé des gestionnaires, parlons des chercheurs. Une des choses qui est fondamentale pour nous puis pour notre gouvernement, c'est qu'il faut s'assurer de la pérennité de notre réseau de santé. Puis, quand je dis la pérennité, tout le monde le sait, là, non seulement on a un enjeu avec nos ressources humaines puis il faut changer la culture, tout ce qu'on vous a dit, mais on a une pression incroyable, comme la plupart des pays du monde, mais on est peut-être un des pays qui a le plus grand enjeu de vieillissement de la population, notamment, avec le Japon, c'est sûr que ce vieillissement de la population met une pression énorme sur notre réseau de santé, on en est tous conscients. Parce que la population croît à un certain rythme par année, mais son vieillissement est encore plus grand. Alors, on le voit que les dépenses de santé, qui étaient à 25, 30 milliards il y a 10 ans, sont rendues à 50 milliards. Parce que justement le vieillissement de la population est plus grand que la croissance économique ou la croissance de toute la population.

Donc, pour garder un système pérenne, pour moi, ça passe par la recherche, ça passe par l'innovation, et ça... il faut donner autant à nos chercheurs internes qu'à des chercheurs externes la possibilité d'utiliser des données dans un environnement de confiance, de façon organisée, pour qu'on soit capables... un peu comme on le fait lorsqu'on dit «acheter québécois», mais d'avoir la donnée... C'est quand même un bassin, un potentiel. Puis les gens le disent. Quand les universitaires regardent le système de santé québécois, on a cet avantage-là d'avoir un bassin de 8 millions de personnes sur lesquelles on pourrait faire des recherches, mais c'est excessivement difficile pour nos différents chercheurs d'avoir accès à cette information-là, mais, je le répète, dans un contexte de sécurité.

D'ailleurs, c'est là où ça a été, je ne dirais pas difficile, mais ça a été long d'avoir une bonne conversation avec la Commission d'accès à l'information pour être certain que ces recherches-là pouvaient être faites dans un environnement qui satisfaisait la Commission d'accès à l'information. Puis je dois vous dire qu'on a eu beaucoup de, M. Kobrynsky, beaucoup de discussions avec eux, mais je pense qu'on a réussi à trouver un arrangement qui est correct. Puis d'ailleurs on vous donnera quelques exemples selon vos questions.

Je conclurais rapidement en disant deux choses ou peut-être trois. La première, c'est que je veux vous rassurer, parce que, souvent, j'entends le commentaire que, mon Dieu, c'est donc bien long à voir que ça donne des résultats, ce que vous faites. Moi, de ma petite expérience personnelle où j'ai été chanceux d'agir comme agent de changement, des changements de culture, des changements de système, des changements qui veulent faire une grande différence, ça prend du temps. Ce qui est important, c'est de le faire par étape, de poser les bons gestes. Et c'est pour ça que je dis aux gens : Oui, on peut avoir, de temps en temps, des petits succès qui nous encouragent à continuer dans la direction. Je le répète, je l'ai entendu assez souvent, vous m'avez entendu, la vaccination est un bel exemple de faire les choses autrement en innovant. Mais, en même temps, je demanderais aux gens d'être patients parce que, là, ce qu'on est en train de faire, on est en train de poser les jalons d'un grand changement à la Santé.

J'ai parlé des ressources humaines, là je vous parle des données, puis, quand on ira au système… mais ça prend du temps, des fois, à voir l'impact de ces changements-là. Mais on l'a vu, même, nous, durant la pandémie, en tant que gouvernement, étant donné les acrobaties que mes deux collègues ont réussi à faire avec les systèmes actuels puis les tableaux de bord, on a quand même réussi à avoir une bien meilleure information, d'être mieux connectés sur le terrain qu'on l'était au début de la pandémie. Et, pour ça, je les en remercie.

Les gens dans le réseau de santé m'ont donné l'autre fois une comparaison, ils m'ont dit… Dans le réseau de santé, vous avez souvent entendu l'expression : On travaille sur des 24/7, hein? Ce n'est pas des gens qui font du 9 à 5, 40 jours par semaine, c'est… dans le réseau de santé, dans la plupart de nos établissements, on travaille sur un 24/7, c'est-à-dire 24 heures par jour, sept jours par semaine. Mais, moi, si je faisais un parallèle avec les données en santé, bien, je peux vous dire qu'un petit peu avant la pandémie, là, si j'avais à décrire le système de santé, bien, les lumières n'étaient pas toujours allumées pendant le 24/7, on n'avait pas l'information. Ce qu'on veut, c'est qu'on veut que les lumières soient allumées… les lumières, c'est les données, on veut que les lumières soient allumées 24/7. Ça, c'est mon commentaire.

Puis, pour réaliser ça… puis on va déposer le projet de loi… on a déposé le projet de loi — excusez, j'en parle encore comme si on allait le déposer, ça fait assez longtemps qu'on y travaille — on a déposé ce projet de loi là, et, pour moi, ça fait juste commencer. J'espère qu'on aura une belle collaboration de l'opposition, parce que c'est un gros projet de loi. Je pense que les gens vont voir, lorsqu'on va pouvoir entrer dans le détail, là, au cours des prochains mois... j'ai très hâte de voir quand est-ce qu'il va être placé dans l'horaire législatif, mais je pense qu'on est en train de poser un gros jalon, une grosse étape dans la transformation de la santé, pour rendre, encore une fois, le réseau de la santé plus performant mais aussi beaucoup plus humain. Merci beaucoup.

Le Modérateur : On va maintenant passer à la période des questions réservée aux journalistes. Je vous invite à vous manifester, certains l'ont fait. On va commencer avec Patrick Bellerose du Journal de Québec.

M. Bellerose (Patrick) : Oui, bonjour à tous. M. Dubé, vos exemples portent souvent sur la pandémie, pour ce qui est de la gestion ou l'obtention de données en temps réel. On va se souhaiter de ne pas être en pandémie trop souvent. Ça va vous servir à quoi, en temps normal, d'avoir ces données-là? Est-ce que ça va être une efficience, une question de coûts? Est-ce qu'on va pouvoir réduire la surfacturation ou mieux négocier avec les médecins, là? Ça vous sert à quoi, ces données-là?

M. Dubé : Bien, il y a plusieurs aspects, je vais vous en donner, bon… mettre la pandémie de côté. Pour moi, d'être capable d'avoir l'information sur le retard des chirurgies, d'être capable d'être connecté non seulement sur tous les établissements, de savoir où sont les chirurgies qui sont en retard, avec quel type de spécialité, parce que ce n'est pas pareil, ce n'est pas pareil dans toutes les régions… Un bel exemple de ça : on est en train de regarder pour rattraper le retard dans les chirurgies. J'ai des régions où je pourrais aller faire plus de chirurgies parce que, maintenant, j'ai une vision globale. Puis je l'ai eue, là, cette vision globale là, ce n'est pas tout le monde qui est en retard du même nombre de chirurgies. C'est un bel exemple. Mais avant, quand on était en silo, bien, cette information-là, oui, le CIUSSS, par exemple, de l'Estrie l'a pour lui, mais, nous, on ne voyait pas cette vision-là. Vous me suivez?

Alors, quand vous me dites qu'est-ce que ça peut donner, c'est d'être capable de dire : On continue d'avoir une gestion locale, des données locales, mais on les regarde sur une base nationale pour être capable de faire des arbitrages, des fois. Ça fait que, juste en termes d'un élément très critique au rétablissement de la santé, c'est de faire le rattrapage dans nos chirurgies.

La gestion de l'urgence, prenons un exemple, c'est quoi, dans nos priorités, pour avoir un système, moi, je dirais, un système de santé qui est moderne, qui est efficace : les urgences. Pratico-pratique, on sait tous, là, vous les voyez les statistiques, on arrive à Noël, telle urgence est à 150 % de capacité, c'est toujours la même chose, là, avant la saison de Noël. Mais c'est beau avoir la statistique, mais quel est le détail — vous m'entendez souvent — granulaire derrière l'information?

Alors là, ce que mes gens font, avant de changer les systèmes, on est allé creuser l'information qu'on pouvait avoir, malgré les restrictions, puis là on regarde : Mais pourquoi telle urgence a tel taux? Là, on parle de fluidité hospitalière. Est-ce que c'est parce qu'il y a trop d'ambulances qui rentrent? Je garde ça simple, là. Est-ce que c'est un enjeu de triage? Est-ce que c'est un enjeu que les lits ne sont pas libérés assez vite puis les patients sont obligés de rester à l'urgence, puis ils ne montent pas aux chambres? Est-ce que les lits ne sont pas ouverts parce qu'il manque des infirmières? Vous voyez, là on est capable maintenant, avec cette vision-là qu'on fait avec encore des feuilles Excel, mais, au moins, on a commencé à se faire des tableaux de bord qui nous montrent cette information-là.

Cette information-là n'est pas juste importante pour moi, elle est importante quand nos gestionnaires au ministère, et les P.D.G. peuvent discuter ensemble puis de dire : Comment ça se fait que, toi, tu as un taux de NSA de 15 % de tes lits? NSA, là, c'est les gens qui ne sont pas remis au bon endroit, qui ne sont pas allés, par exemple, après une intervention, qui n'ont pas été mis, par exemple, dans un CHSLD. Bon. C'est une expression, c'est comme ça. Alors, pourquoi un établissement a 15 % de NSA, ce qui explique grandement le fait que son urgence est pleine puis les gens ne montent pas dans les chambres, alors que d'autres sont capables de travailler avec 5 % à 10 %? Vous me suivez?

C'est ces données-là qui, maintenant, vont pouvoir être très fluides, vont pouvoir… mais non seulement vont être disponibles, mais qu'on peut discuter. Parce que moi, quand je veux discuter avec un P.D.G., je ne veux pas me chicaner pour dire… Souvent, on se faisait répondre : Oui, mais ce n'est pas l'information que j'ai. Non, non, on a tous la même information puis on va travailler sur le problème. Ça fait que je dirais, un bel exemple, chirurgies, rattrapage, amélioration du service dans les urgences, je pense, c'est deux exemples.

M. Bellerose (Patrick) : Et j'ai une autre question à développement. Pour le patient…

M. Dubé : Oui, il faut que Marjorie me surveille, là, sur le temps, là.

Le Modérateur : C'est moi qui surveille, en ce moment…

M. Dubé : O.K. C'est beau. Excusez-moi. Je suis habitué…

Le Modérateur : …puis il va falloir faire des réponses plus courtes parce que, sinon, on ne s'en sortira pas.

M. Dubé : O.K. Je vais y aller rapidement.

M. Bellerose (Patrick) : Pour le patient, j'aimerais que vous donniez un exemple concret, imagé de ce que ça représente, ces changements-là, à court et à moyen terme. Je comprends que, dans un an, c'est une chose, puis, dans trois ans, c'est autre chose. À court et à moyen terme, pour le patient, qu'est-ce que ça change précisément, dans un parcours, par exemple, x?

M. Dubé : Bien, écoutez… Bien, je vais vous dire, si vous voulez une réponse courte, pour moi, c'est un citoyen numérique. C'est vraiment en collaboration avec Éric Caire. C'est d'être capable, un jour, d'avoir notre information soit sur notre téléphone soit sur notre ordinateur, d'être capable d'avoir accès à son dossier, d'être capable de permettre au médecin qui nous soigne, à l'infirmière qui nous soigne d'avoir accès à notre dossier, d'avoir accès à notre historique, de savoir que moi, je prends tel ou tel médicament, que je n'ai pas vu mon médecin depuis trois ans, que mon dossier, est-ce qu'il est à jour ou il n'est pas à jour. Ça semble banal de dire ça, mais on est encore, là-dessus, dans les années 80, puis il faut passer en des organisations qui gèrent 50 milliards par année.

Le Modérateur : Claudie Côté, TVA.

Mme Côté (Claudie) : Bonjour. Je vais continuer un peu là-dessus. Parce que, là, on comprend tous, là, qu'on met les assises légales pour avoir accès à de la donnée. La démonstration est très claire que ça va vous aider à mesurer la performance du réseau. Ça va être très utile pour les gestionnaires, on l'entend. Mais, si on n'a pas le contenant ou le dossier, là, où tout se retrouve, les informations, ça change quoi pour le patient dans le court terme? Rien du tout, il va quand même devoir avoir accès à ses affaires de façon séparée, là.

M. Dubé : Oui. Je vais commencer, puis je vais laisser Reno vous donner un commentaire, mais je veux juste situer la… Tout à l'heure, quand je vous donnais la réponse sur l'exemple avec la vaccination, O.K., on a un système qu'on travaille avec l'INSPQ. L'INSPQ a une partie des données qui vont avec celles de la RAMQ pour la vaccination, la vaccination qui n'a pas commencé avec la pandémie, là, vous savez, il y a un carnet de vaccination qui existe. Il y avait des systèmes en place déjà. On n'a pas tellement changé les systèmes. Ce qu'on a réussi à faire, c'est d'aller se connecter sur ces systèmes-là pour donner au patient, mais c'est connecté, je vous dirais, de façon un peu artisanale. Je pense que Marc-Nicolas serait d'accord avec moi parce que, souvent, il y a des pirouettes qu'on fait pour aller chercher ces données-là.

Mais, moi, ce que j'ai demandé parce que quand je suis arrivé — puis je vais laisser Reno répondre, j'essaie d'aller rapidement — on me disait : bien, ce que vous demandez, là, vous allez l'avoir dans cinq ans parce que faire cette transformation-là de ces gros systèmes ça va prendre cinq ans. Bien, moi, j'ai dit : Je ne peux pas attendre cinq ans, je ne peux pas attendre cinq ans pour gérer. Vous allez me trouver un processus intermédiaire de connexion, même si les systèmes ne sont pas parfaits puis même si on en a 9 000, plateformes. Il y a 9 000 plateformes de différents systèmes informatiques. Vous me suivez? Donc, on a déjà montré des bénéfices, sans avoir eu à changer…

Mme Côté (Claudie) : Mais le médecin, il n'aura pas plus toutes les informations dans un seul et même dossier, pour l'instant, ça… on est dans un horizon de deux ans, là.

M. Dubé : Je peux vous dire… peut-être que je peux laisser… on peut parler, juste peut-être montrer ce qu'on est en train de faire avec le hub ou avec le CRDS, Reno, je ne sais pas, là.

M. Bernier (Reno) : Oui, effectivement, c'est que pour… il faut être capable d'agir rapidement, on ne peut pas attendre effectivement un dossier parfait, là, dans quelques années, là. Donc, ce qu'on fait, actuellement, c'est qu'on trouve des solutions d'interface ou d'interconnexion entre des banques de données qui existent.

Puis juste pour vous donner un exemple, il y a beaucoup… il y avait beaucoup de portes d'entrée pour accéder à un rendez-vous pour les médecins de famille. Bien, ce qu'on a fait, c'est qu'on a fait un orchestrateur qui offre une porte d'entrée unique au citoyen et puis qui permet... Lui, après ça, il s'occupe de faire à la place du citoyen, là, il fait les liens qu'il faut avec les offres de rendez-vous qui existent. C'est un bel exemple. Puis maintenant, on est en train de travailler aussi pour introduire de l'intelligence artificielle dans tout ça. Donc, on est en action à ce sujet-là.

Donc, on se débrouille, mais c'est plus compliqué. Ce serait beaucoup plus efficient si on avait un dossier national, comme il est prévu, de nous donner les fondations avec ce projet de loi là, mais ça va prendre quelques années.

Mme Côté (Claudie) : En deuxième question, rapidement, sur un autre sujet, M. Dubé. Bon, il y a beaucoup de cas aujourd'hui, 1 355, ça faisait longtemps qu'on n'avait pas eu ça. En même temps, il y a le CCNI qui recommande une troisième dose pour tous les 50 ans et plus. Qu'est-ce qu'on va faire ici? Est-ce qu'on va aller de l'avant avec la recommandation de la troisième dose?

M. Dubé : Bien, commençons par la deuxième. Ça, c'est une très, très bonne nouvelle, on vous l'a dit qu'on attendait la réponse du CCNI. Dr Arruda était à la rencontre hier, là, alors donc, on lui a demandé d'avoir une réponse dans les prochaines heures pour être sûrs qu'on a le complément d'information de la CIQ. Alors, moi, j'espère bien être capable de vous annoncer quelque chose en début de semaine prochaine, là. Parce que je regardais l'Ontario, hier, l'Ontario l'ont annoncé hier, mais ils ont annoncé avec une date effective, je pense, de mi-décembre, le 13 ou le 15, je ne me souviens pas. Alors, c'est sûr qu'on a tous hâte de pouvoir commencer.

Puis là je voyais, rapidement, là, qu'on parle de 50 ans et plus, mais que ce n'est pas recommandé pour 18 à 49, mais on dit que ça peut se faire. Ça fait que c'est pour ça que j'aimerais mieux entendre le Dr Arruda sur ce point-là.

Sur la première partie de votre question, rappelez-moi, là, c'était...

Mme Côté (Claudie) : Bien, 1 355 cas aujourd'hui...

M. Dubé : Ah oui! je ne l'ai pas oublié. Écoutez, ça, c'est les données de jeudi, là, qui sont comptabilisées, qui... Jeudi, vendredi, on voit toujours une petite hausse puis on voit une baisse le week-end. La bonne nouvelle, c'est qu'on dirait que nos hospits continuent à tenir, hein? Rappelez-vous, on a toujours... Vous avez vu aujourd'hui, je pense qu'on a même... c'est stable dans les hospitalisations, c'est une augmentation de cinq, là, du côté des soins intensifs, mais au total c'est quand même juste cinq. Ça fait que ça, pour moi, c'est bon signe. Et rappelez-vous, je vous dis toujours : Les cas, c'est une chose, mais il faut se rendre à Noël avec un système hospitalier qui... Je ne peux pas m'empêcher, Mme Côté, de noter qu'encore aujourd'hui les cinq personnes qui sont rentrées aux soins intensifs étaient non vaccinées.

Le Modérateur : Caroline Plante, LaPresse canadienne.

Mme Plante (Caroline) : Bonjour, M. Dubé. J'aimerais savoir, si votre projet de loi n° 19 avait été adopté et mis en oeuvre au début de la pandémie, qu'est-ce que ça aurait changé? Est-ce qu'on aurait évité des morts? Pouvez-vous me donner un exemple très concret de ce que ça aurait changé pendant la pandémie?

M. Dubé : Bien, écoutez, c'est très, très difficile de mettre ça... de voir exactement l'impact du projet de loi. J'aimerais mieux vous dire, puis ça, j'y crois fermement, que notre gestion de la pandémie dans la deuxième vague reflète beaucoup plus ce qu'on va avoir avec le projet de loi. Parce que ce qu'on a réussi à faire, c'est d'avoir de l'information... Puis peut-être, Marc-Nicolas, tu peux en donner des exemples parce que toi, tu es là depuis le début, là, tu as vécu la première vague. Mais je vous dirais que la grande différence, c'est qu'on a réussi à avoir de l'information de gestion, mais avec ces pirouettes-là qu'on a réussi à faire. Puis moi, je le vois, là. Moi, je suis arrivé au début de la deuxième vague, mais je regardais le genre de rapports que, malheureusement, on avait en première vague... Mais peut-être que M. Kobrynsky, qui a vécu les deux, peut...

M. Kobrynsky (Marc-Nicolas) : Bien sûr, certainement. Je ne vais pas m'avancer sur si on aurait sauvé des morts ou non, mais je vais m'avancer sur le fait qu'on aurait eu une information de gestion, disponible aux élus et aux décideurs, d'une plus grande qualité. Ça, c'est certain.

M. Dubé : Et je prends, à titre d'exemple... une des réponses courtes, là. Regardez ce qui est arrivé lorsqu'on a mis en place... juste sur le dépistage. Le dépistage en première vague, là, savez-vous comment on savait qu'on avait dépisté de gens le lendemain? C'est en regardant l'épaisseur des fax. Moi, mon chef de cabinet, quand je suis rentré, il m'a dit, là : «Oh boy», ça, ça va être une grosse journée. On a un pouce et demi de fax à rentrer. Ça, c'était la réalité, ça. Alors, allez savoir d'où ils venaient, quel âge qu'ils avaient puis, etc., là, avant de faire ce tri de donnée là, là. Ça, c'était leur condition dans la première vague.

Ça fait que c'est pour ça que la première chose qu'on a faite, c'est de mettre un dépistage informatisé grâce au travail qui a été fait pour avoir des… Je vous donne juste cet exemple-là. Alors, quand on prenait des décisions dans la deuxième vague, de dire : Oh, attends une minute. Quelle clientèle on devrait favoriser? Où on devrait faire nos dépistages? Bien, on avait au moins de l'information. Ça fait que je donne cet exemple-là.

Mme Plante (Caroline) : Est-ce que vous reconnaissez, par ailleurs, que votre projet de loi va vous permettre d'avoir plus de données sur la performance des médecins de famille et notamment des données nominatives?

M. Dubé : Ah! pas du tout. Non, non. On va commencer par la deuxième partie, là. On ne veut pas de données nominatives. Soyons clairs, là, puis j'en ai parlé avec les médecins, j'ai encore eu une bonne discussion la semaine passée avec le Dr Godin, ce n'est pas des données nominatives qu'on veut. Ce qu'on veut être capables, lorsqu'on regarde… Puis ça ne s'applique pas juste aux médecins, là, ça s'applique à l'ensemble du réseau. Alors, donner des statistiques sur…

Puis j'en ai parlé, aussi, avec les spécialistes, j'en parle avec ceux qui font du soin à domicile. Pourquoi quelqu'un, par exemple, qui travaille sur une route x de soins à domicile, c'est-à-dire que, dans sa journée, il fait 8 personnes... et que quelqu'un d'autre peut en faire 12? Bien, il faut être capable de comprendre qu'ils n'ont peut-être pas le même nombre de kilomètres à faire. Vous me suivez? Alors, ce n'est pas pour être capable de mettre une croix sur la personne. Au contraire, c'est de dire : Je veux comprendre tes conditions de travail. Je veux comprendre qu'est-ce que tu as à livrer.

Puis, en fonction de ça, je peux accepter que, peut-être, une personne en soins à domicile peut avoir 8, 10 clients/semaine, puis l'autre peut en avoir 12, 15 clients/semaine. C'est un peu l'approche. Mais ce n'est pas d'être nominatif, c'est d'être capable de rejoindre… Je parle toujours d'une cloche de distribution des gens. Moi, je n'ai pas besoin d'avoir les noms de ceux qui sont dans la cloche. Je veux savoir quelle est la performance et je veux savoir comment on peut les aider à avoir les outils nécessaires pour travailler.

Mme Plante (Caroline) : Une toute petite dernière sur comment est-ce qu'on va mesurer le succès de votre projet de loi? Qu'est-ce qui va faire en sorte qu'on va se dire : Ce projet de loi là nous réussit bien?

M. Dubé : Et ça, c'est une bonne question, puis je vais… Marc-Nicolas, il le sait que… je lui ai dit il n'y a pas plus tard que cette semaine. Prenez votre tableau, là, qu'on appelle le Sommaire exécutif sur la COVID, que vous recevez tous les jours de santé Québec, où on voit ceux qui ont été vaccinés, il y a eu combien de cas. Ce tableau-là, là, bien, il est uniquement sur la COVID. Ce que Marc-Nicolas est en train de me préparer, c'est le même tableau pour toutes les grandes statistiques de la santé. Puis ça, là, dans les prochaines semaines, prochains mois, hein, on va l'avoir à l'interne pendant un mois ou deux? Oui?

Une voix : Oui.

M. Dubé : Oui. Puis il va devenir disponible au public. Et ça, ça veut dire que vous n'aurez plus besoin de demander : lls sont à combien en retard, les chirurgies? C'est quoi, les taux d'absence de nos employés? Nos grandes statistiques qui vont nous permettre de mesurer notre amélioration, vous allez les avoir de la même façon que nous parce que je veux que ça soit transparent, comment on améliore la performance du réseau.

M. Lacroix (Louis) : Je vais risquer une question. Pour faire suite à ce que disait Mme Plante tout à l'heure, M. Dubé, lorsque vous avez tenu une conférence de presse le mois dernier ici, et il était question, à l'époque, de la performance des médecins de famille, vous aviez dit que vous connaissiez, en fait, les médecins, en fait, les médecins et leur performance, leur taux de performance, et vous vouliez transmettre ces informations-là aux P.D.G. des CIUSSS, à l'époque, et des CISSS. Alors, qu'est-ce qui va vous empêcher de le faire? Et qu'est-ce qui a changé depuis?

Là, vous dites, aujourd'hui, que vous ne voulez pas de données nominatives, mais, à l'époque, vous disiez que c'était important pour vous d'avoir ces données-là pour pouvoir faire en sorte que les P.D.G. de CISSS puissent eux-mêmes avoir l'information disponible dans leur région.

M. Dubé : Bien, écoutez, juste pour qu'on soit très clairs, là, je n'ai jamais vu des données nominatives et je ne les veux pas, je veux les avoir de façon individuelle. Les premières fois que… Puis il y a une différence entre… Je vous vois, là, froncer des sourcils, je vais être clair. Il y a une grande différence pour moi entre une donnée individuelle puis une donnée nominative. Individuelle, ça veut dire que j'ai l'information sur une personne, mais je ne peux pas savoir c'est qui, puis je ne veux pas savoir c'est qui, mais je veux juste savoir qu'une personne dans le réseau a telle information, voit tant de personnes, etc. Et ça, pour moi, c'est une grande différence.

Mais même cette information-là que j'avais sur une base dénominalisée, je ne peux pas la transférer aux P.D.G.. Et c'est ça qui est mon enjeu. Parce que moi, je le vois, je me dis : Oh mon Dieu!, quand je vois ces statistiques-là, il me semble que je serais capable d'améliorer ou pousser quelqu'un à faire une intervention différente, mais je ne suis pas capable de partager cette information-là.

Alors, tant que je n'ai pas le droit de le faire, je ne le ferai pas. Je vous l'ai dit la dernière fois, je ne changerai pas, mais j'ai très hâte que le projet de loi soit passé pour que non seulement le ministre, mais le ministère, les gestionnaires, ce qu'on appelle les DRMG, les directeurs médicaux dans les régions, puissent avoir ces conversations-là avec ceux qui le gèrent. Donc, je n'ai pas changé, je dis juste que j'ai hâte d'avoir la capacité de le faire par le projet de loi.

Le Modérateur : Simon Bourassa, Noovo.

M. Bourassa (Simon) : Oui. Bonjour, M. Dubé. Je vais aller directement à ma question sur un autre sujet pour accélérer les choses, là. Les tests rapides à faire soi-même à la maison, c'est disponible dans d'autres provinces canadiennes en pharmacie, là, depuis un bout déjà, là, ça va être offert en garderie au Québec. À quand l'arrivée des tests rapides à faire à la maison pour l'ensemble des Québécois?

M. Dubé : Bien là, je vais essayer d'avoir un appel avec M. Duclos aujourd'hui ou demain. D'ailleurs, je vais le dire, je le répète, là, une excellente collaboration avec l'arrivée de M. Duclos. Moi, je lui ai demandé, je vous l'ai dit l'autre fois, 10 millions de ce qu'on appelle maintenant des autotests parce que les tests qu'on rend disponibles, à partir de lundi, pour les services de garde, c'est des tests rapides habituels. Là, il faut passer à ce qu'on appelle, à l'autotest, qui est vraiment fait pour ça, dans des paquets de cinq, pour être capable de donner aux familles. Donc, bonne nouvelle pour lundi, services de garde.

Moi, j'ai l'impression qu'on est capable, puis là, on va touche du bois, là, si Daniel Paré peut me… je verrai ce qu'il va me dire en fin de semaine, là, mais je vous dirais que, moi, je pense qu'on est capable. Si le fédéral livre la marchandise, et je pense qu'ils sont capables de le faire, de nous donner assez d'autotests pour qu'on en ait avant les fêtes. C'est vraiment ça que je souhaite, puis je pense qu'avec la collaboration qu'on a… mais c'est un peu comme les vaccins, on est tributaire de l'approvisionnement du fédéral, mais je pense que tout le monde comprend que ça ne devrait pas être différent au Québec. Nous, on a… le dernier stock, le dernier inventaire de tests qu'on avait, c'était 1,5 million, puis on a décidé de vider nos tiroirs parce qu'on en avait envoyé aux entreprises, on en avait envoyé dans les écoles. Là, maintenant, ce qu'il nous restait, on a décidé que le plus important, c'était de dépister les non-vaccinés, puis les non-vaccinés, c'est 0-5 ans dans les services de garde.

Ça fait que là c'est normal que, si on veut le faire dans les familles, pendant le temps des fêtes, bien là, ça nous prend, au moins, des petits paquets de cinq dans chacune des familles. J'ose espérer, on est le 3 décembre, d'avoir ça pour Noël, je pense, c'est encore possible.

M. Bourassa (Simon) : …du prix de l'autotest, il va-tu être distribué gratuitement?

M. Dubé : Non, mais il y a deux choses qu'il faut faire, là, puis je ne veux pas aller dans le détail, parce qu'on est là-dedans, là, mais habituellement les tests nous sont fournis gratuitement par le fédéral, habituellement, là on va voir comment ça va se faire, j'ai confiance qu'on va s'entendre. Mais,  deuxièmement, moi, il faut que je m'assure du réseau de distribution : est-ce que je passe par les pharmacies, est-ce qu'on passe, encore une fois, par les écoles? Puis là, bien, il va falloir que j'aille négocier les tarifs avec les pharmaciens, etc., donc… mais on est là-dedans, là, je peux vous dire qu'on est là. Puis, en parallèle, bien, le fédéral, puis, en parallèle, on négocie pour être sûr qu'on a la meilleure distribution le plus rapidement possible.

Le Modérateur : Hugo Lavallée, Radio-Canada.

M. Lavallée (Hugo) : Oui, bonjour à tous. M. Dubé, vous parlez souvent d'efficience, d'optimisation. J'ai été étonné tout à l'heure, dans les exemples que vous donniez, vous avez mentionné les chirurgies, les urgences, mais pas nécessairement le surdiagnostic. Est-ce que ça fait partie aussi de vos priorités? Parce qu'on voit que, d'un établissement à l'autre, par exemple, les taux de consultation en médecine spécialité dans les urgences, il y a des grands écarts. C'est un exemple parmi d'autres. Est-ce que ça pourrait, ces données-là, vous permettre de faire en sorte d'harmoniser les pratiques?

M. Dubé : Très bon point, Hugo. Je pense que... Tantôt, quand j'ai parlé des informations qu'on a, là, je regardais Reno en pensant… on a discuté, entre autres, le CRDS, plusieurs fois dans les dernières semaines. Le centre de rendez-vous des spécialistes, ça, c'est du jargon, là, CRDS, c'est quand un omni dit : Je vais aller vous référer à un dermatologue ou un spécialiste. Et il y a un nombre de rendez-vous qu'on vient de voir, là, qu'on a mis ensemble pour voir, justement, il y a combien de rendez-vous en attente dans le CRDS par région, par médecin, etc. On a maintenant cette information-là puis on peut voir, on peut voir, justement, dans… je vais donner un exemple, dans certaines… Prenons l'exemple, je reviens souvent en dermatologie, on a des gros enjeux de disponibilité en dermatologie. Alors, il va falloir dire : Est-ce qu'on met plus d'emphase sur la dermatologie? Comment on pourrait peut-être permettre, pendant un certain temps, pour baisser la liste d'attente, de faire plus de choses en dermatologie?

Maintenant, il y a un deuxième enjeu, c'est la pertinence. Puis c'est ça que je veux que nos deux fédérations de médecins, les omnis et les spécialistes, travaillent ensemble, parce qu'en ce moment, le guichet, là, il est pas mal plein, du nombre de... Mais est-ce qu'ils ont tous été pertinents? Puis, s'ils ne sont pas répondus après un an, est-ce qu'ils sont encore valables? Vous me suivez? Ça fait que c'est cette information-là.

Encore une fois, je le répète, vous le voyez, il y a une ligne commune. Beaucoup d'information en silo, mais il n'y avait personne qui regardait l'ensemble de l'information puis de dire sur quoi on peut agir. Puis je pense que le CRDS est un bel exemple de ça, l'interface entre le médecin de famille puis le médecin spécialiste.

M. Lavallée (Hugo) : Deuxième question, cette fois-ci pour une collègue d'Ottawa. Est-ce que vous estimez que les contrôles frontaliers qui ont été annoncés un peu plus tôt cette semaine sont suffisants? Et qu'est-ce que vous pensez de tous ces passages à la frontière, l'exemption pour les Américains aussi du test de dépistage? Êtes-vous satisfait de ce qu'Ottawa a annoncé?

M. Dubé : Bon, bien, je vais y aller en deux temps. Il faut, dans mes prochaines conversations… D'ailleurs, je l'ai dit à M. Duclos, que c'était peut-être… la partie qui me préoccupait le plus, ce n'est pas ce qu'ils vont faire mais quand ils vont le faire. Parce que c'est leur responsabilité. Là, ils ont une très bonne décision qu'ils ont prise de faire un test à l'aéroport, de demander d'avoir… Là, comment ils vont le conduire, au début? Est-ce que les gens vont amener le test avec eux puis revenir ou... Mais moi, c'est : Quand? Et, pour ça, je vais lui dire, puis je pense qu'il comprend très bien, c'est que, s'il faut, on va aller s'assurer que ça se fait. C'est clair, là, c'est leur responsabilité, mais, vous me connaissez, des fois, je veux aller voir sur le terrain pour voir si ça se passe.

M. Lavallée (Hugo) : ...à l'aéroport?

M. Dubé : Non, on ne fera pas la job, mais on va aller voir ce qui se passe.

Le Modérateur : Marie-Michèle Sioui, Le Devoir.

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : Bonjour. M. Dubé, vous avez répondu à Louis Lacroix que ça ne vous intéresse pas d'identifier les médecins par rapport à leur performance. Je veux rappelle que le premier ministre, il y a quelques semaines, a déclaré : On commence à les identifier. Donc, si ça ne vous intéresse pas, vous, ça intéresse, à tout le moins, le premier ministre. Vous vous octroyez, avec ce projet de loi là, le droit d'obtenir de la part des établissements des informations sur les ressources humaines, les employés, les stagiaires, entre autres. Comment on peut s'assurer que vous n'en aurez pas, des informations nominatives, puisque vous avez déjà cherché à le faire, puis surtout, que vous n'utiliserez pas ça pour améliorer votre rapport de force dans des négociations?

M. Dubé : Non, non. On se comprend bien, là, je vais remettre ça très, très clair, là. On n'a jamais eu d'informations personnelles, on a eu des informations individuelles, mais dénominalisées. On n'a pas besoin d'avoir... Quand on gère, là, je n'ai pas besoin de savoir le nom du médecin ou de l'employé pour être capable d'évaluer l'ensemble.

Prenons un exemple très clair, très, très clair. Moi, là, je vais avoir, dans une région X, les gens, là, vont comprendre très bien ce que je dis, là, un groupe de médecine familiale, un GMF qu'on appelle, hein? Moi, je veux savoir, dans un GMF qui a 10 médecins, est-ce qu'ils sont capables de prendre 10 000 patients. Ça, ça veut dire à peu près 1 000 patients. Je ne suis pas intéressé à savoir lequel des 10 fait combien, je veux savoir si cet... ce groupe de médecine familiale là est capable d'avoir 10 000 patients en charge. La bonne nouvelle de notre approche, c'est qu'on ne sera plus, justement, obligés de regarder uniquement un patient versus un médecin, mais on va dire... on va être satisfaits si le GMF prend en charge 10 000 patients.

Alors, de plus en plus, puis les jeunes sont très forts là-dessus, on a fait des sondages puis les jeunes patients nous disent : Moi, ce n'est pas tellement important pour moi d'avoir un médecin dont je connais le nom, mais je veux appeler à mon GMF puis que quelqu'un me réponde. Alors, je pense, c'est le plus bel exemple que je peux vous donner, Mme Sioui. Pour moi, ce n'est pas le nom individuel, mais c'est la performance de ce groupe-là.

Mme Sioui (Marie-Michèle) : Mais je vais avoir une sous-question. Je m'excuse, mais donc ça peut quand même vous servir à améliorer votre rapport de force parce que vous êtes capable de l'évaluer, la performance.

M. Dubé : Bien, ce n'est pas une question de rapport de force. Moi, ce qu'on me demande, là, je vous donne un exemple, on donne des budgets aux groupes de médecin familial pour payer leurs frais fixes, pour leur permettre d'opérer. Ça a été ça... Puis c'est un très, très bon concept, là, les GMF qui ont été mis en place il y a quelques années. Ce qu'on veut, c'est d'être capables de savoir : Les Québécois, est-ce qu'ils en ont pour leur argent avec ça? Puis prenons l'exemple... Moi, ce que je veux savoir... Puis j'ai été très clair avec le Dr Godin là-dessus puis son équipe. C'est tout à fait qu'on paie ce qu'on doit payer pour que le GMF soit là, mais est-ce qu'il respecte les heures d'ouverture, etc.? Et c'est ça qu'on veut comprendre. Pourquoi un GMF qui a les mêmes budgets qu'un autre, n'est pas capable d'avoir autant de patients? C'est une question d'heures d'ouverture? Alors, c'est le genre de discussion qu'on veut avoir.

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : ...sous-question, parce que j'aimerais vous entendre le dire. Comment vous allez...

M. Dubé : Bien, c'est la troisième sous-question, mais c'est correct.

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : ...vous assurer que les données ne tombent pas entre les mains d'entreprises privées, d'entreprises pharmaceutiques? Parce qu'on sait s'il y a plusieurs chercheurs, même au public, qui travaillent main dans la main avec les pharmaceutiques.

M. Dubé : Bon. Alors, ça, c'est sûr que c'est... D'ailleurs, je l'ai dit tout à l'heure puis je vais le redire, puis vous allez voir, quand on va avoir la commission parlementaire avec les gens qui vont venir, moi, je veux m'assurer, là... Puis je pense que Marc-Nicolas a fait un travail extraordinaire avec la Commission de l'accès à l'information. Pour moi, c'est prioritaire d'être capable de chercher les bénéfices de la recherche avec le privé, mais que les données restent au gouvernement et qu'on le fasse dans un contexte où la Commission d'accès à l'information peut venir vérifier que les choses se fassent correctement. Ça, pour moi, ce n'est pas négociable.

Le Modérateur : Nicolas Lachance, Journal de Québec.

M. Lachance (Nicolas) : Bonjour, M. Dubé. Vous donnez souvent l'exemple de la réussite du passeport vaccinal. Le passeport vaccinal, c'est une technologie qui est somme toute simple et dont les informations qui sont à l'intérieur ne sont pas très à risque. Toutefois, avec ce projet de loi là, ça va permettre le transfert et la communication de renseignements qui sont beaucoup plus sensibles, hein, on peut en convenir. Et, bon, vous faites... Vous passez cette loi-là avant même que les technologies du gouvernement soient mises en place, sécuritaires et existantes. Il n'y a pas un risque de dérapage ici?

M. Dubé : Bien, écoutez, c'est pour ça que je pense qu'on le fait... on le fait dans l'étape ou le cheminement que j'ai expliqué tout à l'heure. Les systèmes, là, ils sont déjà en place en ce moment. Je vous l'ai dit, là, les systèmes, ils ne sont peut-être pas performants, ils sont peut-être archaïques sur un nombre... ils ont tous les défauts qu'on peut avoir, là, qui sont l'ajout de... Puis moi, j'ai déjà vu ça dans des entreprises, des entreprises qui fusionnent, qui ont plusieurs systèmes puis qu'il faut coordonner.

Donc, en ce moment, on n'est pas en train de réinventer la roue sur l'utilisation des données, hein? On n'est pas en train de dire : On veut s'en servir autrement. On veut juste y avoir accès. Mais c'est des systèmes qui existent.

Alors, ce qu'on veut, puis je vous dirais, s'il y a une chose que je veux qu'on retienne de ce projet de loi là, c'est la fluidité de l'information, ce qu'on veut, c'est qu'elle se promène. Bon, maintenant, quand vous me dites ça, moi, je vous dis, la condition qu'on a donnée, qu'on s'est fait demander puis qu'on a acceptée avec la Commission d'accès, c'est que cette fluidité-là des données, elle va être révisée par la Commission d'accès à l'information. Je résumerais ça. Alors, pour moi, c'est très, très clair.

M. Lachance (Nicolas) : Alors, juste pour bien comprendre. C'est parce que, même en février dernier, l'ancien sous-ministre à la Santé, Luc Bouchard, disait que ça fait des années que vous essayez de communiquer ces réseaux-là ensemble et que ça n'a jamais fonctionné. Qu'est-ce qui fait qu'aujourd'hui, soudainement, ça fonctionnerait?

M. Dubé : Bien, c'est parce qu'on les a challengés, puis ils ont prouvé que ça se faisait.

M. Lachance (Nicolas) : Sur la COVID, sur la vaccination…

Le Modérateur : Bien, c'est parce que, si tout le monde exagère, là, on n'en sortira pas, là. Je suis désolé, là, parce qu'il est… il faut libérer la salle bientôt. Fanny Lévesque.

Mme Lévesque (Fanny) : Bonjour.

M. Dubé : Bonjour.

Mme Lévesque (Fanny) : M. Dubé, juste pour être clair, là, est-ce qu'on peut s'attendre à ce que vous donniez le feu vert à la vaccination d'une troisième dose aux 50 ans et plus avant Noël?

M. Dubé : Ah! Ça, je vais laisser ça au Dr Arruda, mais je pourrais vous dire que ça va être très rapide la semaine prochaine. Dr Arruda et moi, on s'est parlé hier. Il attendait la décision qui a l'air d'être prise. Moi, je l'ai appris, comme vous, tout à l'heure, sur les réseaux sociaux. Je n'ai pas parlé encore à Dr Arruda, mais on s'était bien entendus que lui, il allait… bien, en tout cas, je pense qu'ils le font en parallèle avec le CIQ, là, que vous connaissez. Mais je ne veux pas commenter pour Dr Arruda, mais je pense que ça va se faire rapidement, là.

Mme Lévesque (Fanny) : Bon, vous avez parlé aussi de votre projet de loi que, bon, en vertu de l'urgence sanitaire, vous avez accès à certaines données présentement, que vous voulez arrêter de gouverner par décret puis tout ça. Là, le projet de loi, il n'est pas adopté. Il va y avoir des études. Ça peut prendre plusieurs mois en 2022, est-ce que vous avez prévu une sorte de passerelle entre les deux? Parce que, si on lève l'état d'urgence, est-ce que là, soudainement, vous n'aurez plus d'accès au tableau dont vous parlez? Donc, qu'est-ce qui va se passer entre les deux?

M. Dubé : Bon point. Bien, je pense que j'ai le droit de dire ça, là, sans faire un affront à l'Assemblée nationale, je pense qu'on a déjà dit publiquement, je pense qu'on l'a même dit en Chambre, que le projet de loi qu'on amènerait pour mettre un terme aux mesures d'urgence aurait des mesures de transition. Alors donc, je pense…

Mme Lévesque (Fanny) : …l'urgence sanitaire va s'accompagner d'un projet de loi avec certaines mesures qui vont rester en place?

M. Dubé : Pour avoir la transition parce que, lui, demain matin, il veut continuer… moi, je vais continuer à lui poser des questions, là. Ça fait qu'il va falloir qu'on trouve c'est quoi, la transition qui est correcte. Parce que vous avez raison, je pense, même si on a une très bonne collaboration, mettons, de l'opposition pour passer le projet de loi rapidement, bien, ça va se faire au printemps. Ça fait qu'il faut trouver cette passerelle-là, comme vous avez dit.

Le Modérateur : Juste avant de passer à l'anglais, on a Olivier Bossé, Le Soleil.

M. Bossé (Olivier) : Sur les autotests, M. Dubé, est-ce que, si vous les avez à temps, évidemment, ce serait d'en donner, à la sortie des classes de la dernière journée, à tous les jeunes pour qu'ils le ramènent dans leurs familles pour ne pas revenir malades à l'école?

M. Dubé : Bien, c'est pour ça, tantôt, j'ai… On n'a pas regardé encore, M. Bossé, on n'a pas regardé la distribution. On est en train de… Je parlais avec Mme Savoie, encore ce matin, là, quand j'ai vu les nouvelles que ça a l'air d'avancer. Mais il y a toute la question aussi… je vais parler des coûts. On a appelé au Trésor, ce matin, pour dire : Préparez-vous, on a vous demander de nous donner une autorisation de négocier. Mais c'est ce que je souhaite, là. Je ne sais pas comment on va les distribuer. On va parler à Daniel Paré. Puis, quand on… je pense qu'on a un point de presse qui est prévu pour mardi, ça devrait être… on vous dira où on est rendus. Puis j'espère que j'aurai parlé à M. Duclos en fin de semaine là-dessus.

M. Bossé (Olivier) : Pour les consignes des fêtes, je sais que c'est la Santé publique qui décide, mais vous répétez à chaque fois : Il reste du monde qui ne sont pas vaccinés, il reste du monde qui ne sont pas vaccinés. Est-ce que des consignes différenciées entre les vaccinés et les non-vaccinés, c'est quelque chose à laquelle vous pensez? Parce qu'à suivre votre logique de ce que vous dites jour après jour on peut penser que vous allez là.

M. Dubé : Bien, premièrement, ça serait la meilleure chose que les non-vaccinés aillent en chercher plus. Parce que, je veux dire, moi, si j'étais un non-vacciné, là… puis je comprends leurs questionnements, puis etc., mais ce n'est pas tous des non-vax, les gens qui ne sont pas vaccinés, on s'entend? Puis c'est des gens qui avaient peut-être besoin d'information supplémentaire, mais, avec l'information qu'on a aujourd'hui, je le dis toujours, le temps des fêtes qui s'en vient, l'hiver est quand même long et rigoureux, je pense qu'on…

Mais, par contre, je dirais à ceux qui sont vaccinés, parce que c'est ça, l'entente qu'on avait avec les Québécois : Vous allez avoir des avantages d'être vaccinés. Puis ça, en ce moment, quand je vois les hospitalisations rester au niveau où on est, ça fonctionne. Ça fait que laissez-nous vous revenir. On a dit qu'on vous reviendrait la semaine prochaine. La semaine prochaine, on verra. Mais chaque journée qui nous confirme…

Le premier ministre l'a dit cette semaine, si la situation reste comme elle est, c'est encourageant. Alors, même si on voit une augmentation des taux, puis que nos hospitalisations restent où ils sont, puis que c'est principalement des non-vaccinés qui vont aux soins intensifs… Je trouve ça malheureux pour eux, ils ont encore le choix d'y aller puis se protéger d'aller aux soins intensifs. Mais, si on est capables de limiter à ça…

M. Bossé (Olivier) : Il n'y aura pas de consignes particulières…

M. Dubé : On en parlera la semaine prochaine.

Le Modérateur : Parfait. Merci. On va passer aux questions en anglais et on va commencer avec Phil Authier, The Gazette.

M. Dubé : Hello. Hello.

M. Authier (Philip) : Good afternoon to you all. Just a quick update. Are you able to indicate if there had been any more positive tests for the Omicron variant and how many suspected cases do you have?

M. Dubé : The day before… or Friday, so I think on Wednesday, remember I said that we would screen all the tests of one day. When I spoke to Dr Arruda during the… I think it's on Wednesday night, if I recall, they had, I think, one third of the screening of the number of positives, and they were none at that time, so that's encouraging. But that's the information that I have as of Wednesday night. That's encouraging.

M. Authier (Philip) : And in your Bill 19, we saw during the pandemic, we were hearing this rumour about the lack of information that the Government had, and how you couldn't even tell how many workers you had in the CHSLDs. How is this bill going to help you for future events, because it's obviously not adopted yet? How is this going to help you? And how does this affect the lives of a regular patient? You know the whole paper chase thing : you go to one doctor, he doesn't have your X-ray, and, you know, all that. Can you explain to us how is this going to help?

M. Dubé : Yes. Well, I think we all have our personal experiences of how the system… And I'm not being negative against anybody, but we have built the system by combining structure and structure, and unfortunately the building of those structures… but the system has not followed, and they're not integrated.

And the best example that I can give you is you go to a new hospital, because you're in Québec city, and you're registered to the Jewish in Montréal or you're registered to, whatever, Maisonneuve-Rosemont, and the first question they ask you is : Give me your card. But you say : I don't have a card of l'Enfant-Jésus. But, you're the same patient. So, I think we probably have 30 million of hospital cards, and we have 8 million people. That just give you an example of all the files, all the systems that are on the same patients. I think we… The vision that we have, and that's the reason we're dealing with data first and then we'll deal with systems, is we have 8 million patients that can move around in Québec, they can go from South Shore to downtown Montréal, but they're always the same patient. And if we can serve them by a GP on the island, and by a specialist in the 450, why not, if that's the best place we can serve them? But we need to have that fluidity of information for one patient.

M. Authier (Philip) : Thank you.

Le Modérateur : Cathy Senay, CBC.

Mme Senay (Cathy) :OK. So, I'll take Philip's question…

M. Dubé : Are you in 450 or…

Mme Senay (Cathy) : I'm 418, but my parents are 819, and my father is really bad with his health informations, so I guess it's going to get better for him in the near future.

But the second part of Philip's question was about human resources, that in the pandemic you didn't even know how many workers were there on the floor. The ombudsman said the same thing. So, how Bill 19 will counter this free-for-all in the health care system with human resources on the floor, and surgeries, and emergencies? How will you be able to have this chart of who is doing what and where we are?

M. Dubé : Maybe, Marc-Nicolas... Remember when we had that tough decision on vaccination of health care employees weeks ago? I remember that one. Before we got the information, what is the size of the Excel spreadsheet that you had to do with Daniel Desharnais?

M. Kobrynsky (Marc-Nicolas) : …so that would be a lot of columns.

M. Dubé : So, what I'm saying is : Just to know on a consolidated basis the information of what type of employees that we have in a CIUSSS, how many nurses, how many «PAB» and… Imagine, you need to do that 17 times, we have 17 regions, 34 CIUSSS, we're still collecting that in Excel spreadsheet. But at least the first step was doing it on an Excel spreadsheet. That's what theses guys have done. So, at one point, we were saying : We're still missing 8,000 employees that are not vaccinated, we look at the column or urgencies and CHSLDs and we said : We cannot make that decision, that doesn't work. You see?

Mme Senay (Cathy) : On the Excel file.

M. Dubé : On the Excel file. Now that we know... And I asked them, I remember, the day after this last presentation to you, I went back and said : Now, you're going to update that in two weeks. The guy almost fainted, because it took him three weeks to do one version of that. That's what I'm saying. Having the information once, in one format, making the right decision, that's what they've done. They know the data that they need to have. This guy, what he needs to do is put it in the system that is doing the information live 24/7, you see? That's a good example. 340,000 employees. That was the first time that we realized that we had 50,000 employees that were not on the floor.

Mme Senay (Cathy) :OK. And my last question is about the recommendation of NACI regarding a third dose. I mean... and other provinces are speeding things up. How come Québec is kind of behind for the third dose? Why are we waiting, like, why this decision has not been yet?

M. Dubé : Well, I think I'll let Dr Arruda… because, I think, what we might not see... And I really trust him because, remember, when he was taking tough decisions after even challenging CCNI on the… remember, he has made some very good calls during those tough decisions. I think Dr Arruda has a lot of respect for those institutions at the federal level, but he's in... If you want to know, Ontario has announced their decision, but they're saying : Yes, but we'll be effective on December 13th. I think Dr Arruda has a lot of respect and he said : Christian, I would rather wait having a formal decision. Dr Quach, as you know well, she's now presiding this group. So the relation between Dr Arruda and Dr Quach is very good, but I think we're there, but I think it's a matter of respecting each institution.

Le Modérateur : Raquel Fletcher, Global News.

Mme Fletcher (Raquel) : Good afternoon, Minister. I think that almost everyone understands the part about the information following the patients. I mean, the last time I was in triage, in ER, I had three different people ask me what my phone number was in the same ER.

M. Dubé : Only three times?

Mme Fletcher (Raquel) : Only three times, but I left before seeing the doctor, so I probably would have got asked a lot more times.

M. Dubé : Ah! OK, there you go. You're part of the 30% of people that leave the emergencies without a service.

Mme Fletcher (Raquel) : Well, we have other stuff to do, right, so… But the part that I still am unclear about is what you presented today is a legal framework, and I don't understand why you need to change the law in order to modernize the collection of data. I think it's really hard for Quebeckers to understand that the regional health authorities, like the CISSS and the CIUSSS, are not able to give you information… Like, basic information on surgery wait times, how crowded the ER is, like, this should be stuff that they already have the legal ability to do.

M. Dubé : And, hopefully, I can give you an answer... I'll try to be clear. The way those different laws were built, back in the 80s and 90s, it was based on the hospital, and it was based on the hospital because most of the information at that time was on paper, and, for matters of security, the information was protected by being left in the hospital. And what has been, I think, an important transformation a couple of years ago, by Dr. Barrette, when he merged, I don't know, the agencies, and I don't remember how many agencies, but over 100, and he went for 34 CISSS and CIUSSS, he changed the law by saying : Now, the information can fluctuate, can be between the establishments. That was a very nice play of words because establishment, which was used, before, as an installation, was now known as the CISSS and CIUSSS. You understand?

Now, what we want to do, we don't want to go through only the establishments, we want to go across Québec. Because, as you know, you will have one day, and you already have one day, to go between one place to another, and you need to have... the information needs to follow you. And this is, I think... We have, and I repeat that, sorry for repeating, 9,000 information systems in those 34 CIUSSS. So, we need to have the fluidity between those systems. That's what we have to do.

Mme Fletcher (Raquel) : That makes sense.

M. Dubé : Thank you.

Mme Fletcher (Raquel) :  I also have another question. About the Coroner's inquiry into CHSLDs, you're here today talking about the fluidity and transparency of information, and she is saying that you are not being forthcoming with the documents for her inquiry. And I have to ask because, obviously, that's been a big story this week. And does it not seem ironic to you that you're talking about...

M. Dubé : No, I think that's... and I'll say what I have said all along, the Ministry has been... this has been a tough time at the beginning of the pandemic. I said... and I think I recognized that, when the Prime Minister asked me to join Health, he knew that the information... he knew the information was not practical, was not adequate, was not accurate. There was no system. These guys have seen it in those days.

So, I think it's difficult, when you try to provide information, first, to know exactly what you have, because this has been very... in French, we say «brouillon» at the beginning. That's what we had. I think these guys have made quite an improvement. And unfortunately, maybe it has not been provided properly at the first inquiry that coroner Kamel has. But we said : Ask us anything, and we'll give it to you. Sometimes it takes more than one time, but…

And, I said it in «salon bleu», this Government has an advantage of showing that we didn't have all the information. This is what we can prove, that we could not make, as a Government... make the good decision because we didn't have information. And that's what, to me, why this project is so important, so that never… We can have all sorts of good reasons for facing a pandemic and making tough decisions, but never we should have a problem with having the information so the patients are protected. That's the goal of this project.

Le Modérateur : Voici ce qui met fin à cette courte conférence de presse. Merci beaucoup d'avoir été avec nous.

(Fin à 13 h 16)

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