(Huit heures quarante-sept minutes)
M. Leitão : Très bien, merci
beaucoup. Alors, bonjour, tout le monde. Merci d'être là.
Donc, ce matin, nous allons avoir une interpellation
avec le ministre de l'Environnement à la veille de la COP26. Donc, vous avez
compris qu'on va beaucoup parler de changements climatiques, de lutte aux
changements climatiques, de politiques climatiques du gouvernement. Pendant
cette interpellation, nous allons couvrir essentiellement quatre points. Évidemment,
ça prend deux heures. Donc, il y aura d'autres discussions aussi, je suis
certain, mais essentiellement quatre choses que j'aimerais couvrir avec le
ministre.
La première, c'est qu'on n'a pas encore
entendu, de la part du premier ministre, un sentiment d'urgence quant aux
changements climatiques. M. Legault, surtout, parle de changements
climatiques seulement comme une occasion pour vendre de l'électricité. Je veux
bien, là, c'est très bien, mais il faut… C'est beaucoup plus complexe et
beaucoup plus vaste que juste vendre de l'électricité aux États-Unis. Et donc
quel est véritablement le point de vue du gouvernement quant à l'urgence
climatique et la nécessité d'agir rapidement? C'est la première des choses.
Deuxième des choses, deuxièmement, comme on
avait déjà demandé en commission parlementaire, comme on s'était nous-mêmes
déjà engagés, nous, on aimerait que la carboneutralité en 2050, donc, cet
objectif-là soit inscrit dans la loi, que ça devienne donc une obligation
légale pour le gouvernement. C'est une façon beaucoup plus efficace de
s'assurer qu'on va atteindre cet objectif-là. 2050, c'est dans 29 ans. Ça
a l'air très loin, mais en même temps ce n'est pas si loin que ça. Alors, en
l'inscrivant dans la loi, ça rendrait cet objectif beaucoup plus réalisable.
Troisièmement, en ce qui concerne le
troisième lien, quand même, et on l'a encore vu dans les journaux ce matin, on
veut, mais pas seulement nous, je pense que toute la société québécoise veut
que le gouvernement finisse par déposer ses études d'achalandage, sur quoi il
se base pour dire que ce projet-là de 10 milliards de dollars, au moins,
est vraiment pertinent. Ils ont sauté l'étape de l'étude d'opportunité. Ils ont
décidé eux-mêmes qu'il y avait opportunité de procéder, mais où sont les études
pour démontrer une telle opportunité?
Et puis, finalement, c'est quand même
particulier de voir que le premier ministre s'en va à la COP26… Et tant mieux,
tant mieux. On ne va pas se croiser parce qu'on ne sera pas là en même temps,
mais il va y aller, très bien, il va parler, et tout ça est très bien. Mais
pourquoi le premier ministre n'a pas consulté, n'a pas parlé aux groupes
écologistes? Tous ses prédécesseurs, en tout cas, tous ses prédécesseurs récents,
avaient comme modus operandi de faire ça, de consulter les groupes pour essayer
de dégager un vaste consensus. M. Legault ne le fait pas. C'est
particulier aussi.
Donc, voilà, ça, c'est ce qu'on va essayer
de couvrir ce matin dans notre interpellation. Je serais maintenant prêt à
répondre aux questions des collègues.
Mme Richer (Jocelyne) : …la
crédibilité du gouvernement en matière d'environnement, en matière de lutte aux
changements climatiques, après trois ans?
M. Leitão : Je trouve que,
malheureusement, leur crédibilité ne s'est pas améliorée depuis trois ans, disons-le
comme ça, parce que... pour deux choses.
D'abord, un des premiers pas que ce
gouvernement a fait dans le chapitre… c'était la loi, dont j'oublie le numéro
maintenant, où... 40 quelque chose, je ne me rappelle pas vraiment du numéro,
mais où ils ont changé la structure qui était mise en place par le gouvernement
précédent, c'est-à-dire le Conseil de gestion du Fonds vert, ils l'ont éliminé,
et la société d'État Transition énergétique Québec. Parce que, justement, nous,
on avait reconnu les critiques au Fonds vert, et les critiques à la gestion
étaient bien fondées, et donc, en 2017‑2018, on a changé tout ça, et on a créé
TEQ, et on a créé le Conseil de gestion. Le premier pas qu'il pose, ce nouveau gouvernement,
c'est de défaire ça et de revenir en arrière, de ramener tout ça au ministère
de l'Environnement. Ça n'ajoute pas beaucoup de crédibilité.
Puis, deuxièmement, bon, écoutez,
deuxièmement, le gouvernement, aussi, ils ont déposé leur plan vert, le PEV, en
2019… non, 2020, pardon, budget 2020. Il n'y a pas grand-chose qui s'est
fait. Là, maintenant, on est presque deux ans plus tard. On verra bien
qu'est-ce qu'ils vont faire, mais trois ans d'inaction, autre que la seule
chose qu'ils ont faite vraiment, c'était de défaire le Conseil de gestion et
TEQ…
Mme Richer (Jocelyne) : Sur
une échelle de 0 à 100, quelle note vous donneriez…
M. Leitão : En matière d'environnement?
Mme Richer (Jocelyne) : Oui.
M. Leitão : Moins de 50.
Mme Prince (Véronique) : Le gouvernement
va davantage parler, peut-être, des véhicules électriques, qu'il veut
électrifier, à la COP26. Ça pourrait faire partie de ses arguments pour dire
que le Québec est vert. Et il veut… Son objectif, c'est qu'en 2035 tous les
véhicules neufs soient des véhicules électriques. Est-ce que c'est un objectif
qui est réaliste, à votre avis?
M. Leitão : Oui, je pense que
cet objectif est réaliste. D'ailleurs, moi, j'aurais même… Et d'ailleurs on
avait discuté de ça aussi en commission parlementaire. On avait proposé que ce
soit 2030 et pas 2035. Dans d'autres juridictions, c'est 2030 et pas 2035, mais
restons avec 2035, oui, c'est réalisable. Non seulement c'est réalisable, mais
c'est impératif. Il faut y arriver. Je comprends qu'on pourrait avoir certains…
mais comment on va faire, est-ce qu'on va… Oui, on va y arriver. On sait quoi
faire pour y arriver. Donc, il faut maintenir le cap. Je sais qu'il y a
plusieurs voix qui s'élèvent : Ah! on n'y arrivera jamais, est-ce que c'est
vraiment nécessaire? Oui, c'est vraiment nécessaire, et, oui, il faut y
arriver.
Mme Prince (Véronique) :
Est-ce que le Québec va être capable de développer le réseau pour ça? Tu sais,
le réseau de bornes électriques, etc., est-ce qu'on est en mesure de le faire?
Oui?
M. Leitão : Je vais trahir mon
âge. Je ne sais pas si vous connaissez le programme, un vieux programme, Six
Million Dollar Man, où ils disaient : «We have the technology.» Nous
avons les moyens pour y arriver. Ça ne sera pas simple. Je ne suis pas en train
de dire que c'est facile, mais on sait quoi faire, on sait comment faire, alors
il faut le faire.
Mme Prince (Véronique) :
Peut-être juste en complétant, là, je m'en voudrais évidemment de ne pas vous
poser une question sur ce qui s'est passé au caucus hier. Est-ce que vous
trouvez que vos collègues ont manqué de solidarité?
M. Leitão : Écoutez, notre
cheffe s'est prononcée sur cet enjeu-là. Nous avons discuté longuement au
caucus. Pour nous, pour moi, cet enjeu est réglé. On passe à autre chose.
Mme Prince (Véronique) : Mais
vous ne trouvez pas que ça a… Ça a porté une ombre sur le Parti libéral cette
semaine. Vous n'avez pas pu vous faire entendre sur les autres enjeux. Ça a
détourné l'attention, ça a détourné la discussion. Ce genre de chose là, c'est
nuisible, quand même, pour un parti, là.
M. Leitão : Ce genre de
choses, il ne faudrait pas qu'elles arrivent, et c'était ça, exactement, ce que
notre cheffe a dit hier. Il faut tourner la page, parce qu'il y a d'autres
choses, et ne plus revenir sur ça.
Mme Richer (Jocelyne) : …du
caucus, un manque de leadership? Qu'est-ce qui a manqué?
M. Leitão : Vraiment, ce n'est
pas dans mon habitude de commenter ce qui se dit au caucus. Je pense que je ne
l'ai jamais fait. Ce n'est pas à matin que je vais commencer à vous raconter ce
qui se discute au caucus.
M. Brennan (Andrew) :
Question en anglais?
La Modératrice
: Oui.
M. Brennan (Andrew) : Merci. M. Leitão, just to start off with, you
said, at the beginning, that Mr. Legault does not appear to have a sense
of urgency with the... Regardless, he's being invited to speak in terms... in
some capacity at the COP26. Do you think he should? Do you think his record on
environmental issues precludes him... I shouldn't say «preclude». Does his
record should give him the opportunity to speak?
M. Leitão : I
think that Québec's record on the fight against greenhouse gases… Québec's
record justifies that a Premier addresses that meeting, that conference. His
predecessor, M. Couillard, did that in 2015. So, yes, and it's not
necessarily the Premier himself, his personal... Whether we like it or not,
it's not that, it's Québec's record, which is a good record. As the Premier
himself says, we have the lowest level of greenhouse gas emissions per person
in North America, so we are doing something right. It didn't start in 2018,
obviously, but we are doing something right. So I think it's entirely
appropriate that the Premier addresses the Assembly. As I said earlier in French,
I think it's a little unfortunate, though, that he did not consult the
different groups, «la société civile», so that he could have a much broader
consensus on the point of view of Québec at this meeting.
M. Brennan (Andrew) : And what would we be looking to see the Premier do at COP26? Should
it be signing on… you know, joining nations like Denmark on the no-oil
coalition? I believe it's one thing that's been talked about. What should he
be… What do you think, in your mind, the Premier should be doing as part of
this very important conference?
M. Leitão : I
think… I don't know. He hasn't consulted me, so I don't know. But, given what
he said in his speech, I think he's going to highlight the fact that Québec has
turned its back on hydrocarbons, which we agree with, that position. So he
might join other coalitions in that direction, and, again, I think that will be
appropriate.
M. Brennan (Andrew) : What should he do? Because, you know, being an opposition critic, I
guess it's a question of what… you know, not criticizing, but questioning what
he should do. What do you think he should do?
M. Leitão :
He should do three things in my opinion.
The first thing that he
should do is to talk about and highlight the importance of generating clean
power, which we do in Québec, and invite all the jurisdictions to do that, and
offer Québec's assistance to all the countries, particularly less developed
countries, on how to develop and how to put in place modern systems of
distribution of electricity. So Québec has an expertise in this field, and we
could and should contribute to the global effort. That's one thing.
The second thing that the
Premier should do also is to point out that, beyond the generation of clean
electricity, which is important, but beyond that, there are also other aspects
that are important to control greenhouse gas emissions. Especially buildings, we
need to be much more energy-efficient, agriculture. So it's not just
transportation. Transportation is fine, electrical vehicles is fine, but we
need to go beyond that. So that's the second thing I think the Premier should
highlight, what is our plan towards heavy industry, for example.
And then the third
element, which is a little bit related to the first element, is that the
Premier should be ready to commit public funds to assist less developed
countries. The federal Government has done so, has announced a big commitment.
Our Government, before, in 2015, we had done the same thing. We had made a
commitment of $25 million in 2015. I think the Premier should also make an
announcement in that direction.
M. Brennan (Andrew) : Lastly, just going from the Québec Environment Minister to a Quebecker who's now the Environment Minister, what do you think of having
someone like M. Guilbeault now on that file and his years of activism in
environmentalism? Is he more in line with your goals, and the goals that the
previous Liberal government had, and also what the Liberal Party in Québec has
going forward, for you, to form a government?
M. Leitão : Yes, we are much, much more aligned. Now, Mr. Wilkinson, the
previous federal Environment Minister, was also, you know, I think, a good
Environment Minister, and I think M. Guilbeault will continue the work of Mr.
Wilkinson. And so, on that respect, you know, we got aligned with the federal
Government and we offer the federal Government any assistance that it might
need to get to the next level. And the next level, in canadian environmental
policy, has to do with the production of hydrocarbons, all the production, how
can we help to make sure that we accelerate the pace of our reduction in the
production of hydrocarbons in Canada.
Thank you. Alors,
si c'est tout, merci beaucoup, bonne journée, bonne fin de semaine. Il fait
beau aujourd'hui.
La Modératrice
: Merci.
(Fin de la séance à 9 h 1)