(Huit heures vingt-quatre minutes)
Mme Massé : Bonjour, tout le
monde. Hier, le ministre de l'Environnement et de la Lutte contre les
changements climatiques a déposé un projet de loi important. On accueille
positivement ce projet de loi, mais, bien sûr, le diable est dans les détails.
On a un projet de loi de 162 articles qui touchent 12 autres lois.
Mais, ceci étant dit, même si c'est un projet de loi qui est touffu, il était nécessaire.
Il était nécessaire parce que la planète a besoin qu'on pose des gestes forts.
Je pense que c'était essentiel que le ministre dépose un projet de loi comme
celui-là avant de partir pour la COP26, sinon le premier ministre serait pas
mal parti les mains vides.
Je pense que le 10 ans de martelage
de Québec solidaire sur l'urgence d'agir en matière de lutte aux changements
climatiques, sur l'importance d'agir pour se donner les moyens de maintenir le
plus possible le… voyons, d'éviter le réchauffement de la planète, je pense que
ça commence à rentrer et j'en suis fort aise.
Ceci étant dit, ça manque un peu
d'ambition, ça manque un peu d'ambition notamment sur la question de la vente
des voitures à essence. On le voit, le ministre ne fait que faire son
traintrain habituel, c'est-à-dire opter pour 2035, alors qu'il aurait dû
minimalement aller vers 2030. Pourquoi? Bien, pas plus tard qu'hier encore, un
rapport nous dit que, si on veut avoir des chances de limiter le réchauffement
climatique à un 1,5 degré, bien, il nous reste 10 ans. 2035, c'est dans
14 ans. Alors donc, Québec solidaire sera là pour s'assurer que la date de
2035 soit devancée. Et je pense que le ministre est capable de comprendre ça, il
le voit bien, là, il lit les mêmes rapports que moi. Et, dans ce sens-là, on s'attend
à ce que cette date-là, cette ambition-là augmente.
Un autre élément qui nous frappe, d'entrée
de jeu, c'est la question de la sous-traitance pour les inspecteurs. On dirait
que le gouvernement a peur d'embaucher à sa charge des inspecteurs pour agir
adéquatement sur le terrain. On a vu ce que ça a fait, l'augmentation massive
du privé, dans le système de santé, par exemple, dans d'autres secteurs publics
aussi. En transport, la perte d'expertise qu'on a lorsqu'on distribue comme ça
à l'extérieur des ministères les responsabilités, bien, encore là, il va
falloir que le ministre encadre adéquatement pour ne pas qu'on vive encore une
fois une perte d'expertise.
Mais, vous savez quoi, je suis rassurée
parce que Québec solidaire, avec ma collègue Émilise Lessard-Therrien, va
veiller au grain et s'assurer que ce projet de loi là, qui est bon, soit, en
fait, ce que la planète exige, et donc il devra être meilleur.
Mme Labrie : Merci, Manon. On
apprenait ce matin que, contrairement à ce que le ministre Jean-François
Roberge continue d'essayer de répéter, le recours au privé en éducation n'a
absolument, absolument rien d'exceptionnel, ça touche visiblement des milliers
d'élèves de tous les niveaux. 10 millions, dans les dernières années, qui
ont été dépensés au privé pour offrir des services aux élèves. Ça représente
des dizaines et des dizaines de milliers d'heures de services qui ont été
donnés au privé. Ça, c'est des dizaines de milliers d'heures qui auraient dû être
données au public, dans nos écoles, par des professionnels qui travaillent au
secteur public.
Des témoignages, j'en reçois à n'en plus
finir dans les dernières semaines, depuis qu'on a lancé notre site de
dénonciation, et il semble qu'on a vraiment ouvert une boîte de Pandore en
commençant à mettre au jeu publiquement ces témoignages-là. Le ministre semble
commencer à peine à prendre connaissance de l'ampleur du problème qu'il devrait
pourtant être déjà en train de gérer dans son ministère. Heureusement qu'on a
été là pour lui dire.
Je vais vous en partager un, témoignage,
ce matin, que je trouve emblématique, là, de l'ampleur du problème. C'est un
témoignage d'une enseignante du centre de services scolaire des Navigateurs,
qui m'écrit pour me raconter comment ça se passe réellement dans son école.
Elle me dit : «Nous n'avons plus de psychologue depuis deux ans. Je réfère
fréquemment des élèves, et environ 20 % de mes références sont prises en
compte. Certaines références traînent sur des tablettes depuis plus de quatre
ans.» En bonus, elle me dit aussi que ça fait plus de trois ans qu'ils ont des
sources d'eau non potable dans leur école.
Là, face à ça, le ministre, ce qu'il va
nous dire, là, puis il a commencé à le faire hier, c'est qu'on a besoin du
privé pour ne laisser aucun enfant derrière. Pour offrir des services à tous
les enfants, pour ne pas les abandonner, on aurait besoin du privé. C'est ça
qu'il a dit hier, il m'a répondu comme ça. Et ça, c'est exactement la logique
qui a entraîné la catastrophe actuelle dans le réseau de la santé. C'est
exactement le début du cercle vicieux dans lequel on est en train de se faire
entraîner. Au début, le gouvernement dit : On a besoin d'utiliser le privé
pour offrir les services. Là, il commence à mettre de l'argent là-dedans, au
lieu de le mettre pour régler le problème à la source, pour s'assurer qu'on les
recrute, les professionnels, dans notre réseau. Et là, plus on a recours aux
agences, plus les conditions de travail se dégradent et plus les professionnels
vont travailler au privé. Et là ça coûte de plus en plus cher au réseau public,
parce qu'on a de plus en plus besoin des agences, et les services publics sont
de plus en plus vulnérables.
Ça, c'est le récit de la catastrophe qu'on
vit dans le réseau de la santé depuis des années, et vous avez vu, là, à quel
point on est en situation critique par rapport à ça en ce moment. Est-ce que
c'est ça qu'on veut pour notre réseau d'éducation aussi, vraiment? On va encore
tomber dans le panneau de se faire dire qu'on a absolument besoin d'utiliser le
privé puis les agences en éducation, comme on en avait absolument besoin en
santé, comme ils nous disaient. Puis là, en ce moment, on sait que c'est un
cancer qui ronge le réseau de la santé.
Est-ce qu'on ne peut pas intervenir tout
de suite pour freiner cette utilisation-là dans le réseau public? Moi, c'est ça
que je veux que le ministre de l'Éducation fasse. Ça nous prend quelqu'un au
ministère de l'Éducation qui va être capable de nous faire un plan pour sortir
le plus rapidement possible du recours au privé dans le réseau public pour
garder nos professionnels. C'est ça que ça prend. Parce qu'honnêtement, là,
j'ai très peur que ce qu'on voit en santé ça soit l'état du réseau de l'éducation
dans quelques années.
La Modératrice
: Merci
beaucoup. On va prendre vos questions. Une question, une sous-question.
Mme Gamache (Valérie) : Mme
Massé, peut-être, sur le projet de loi n° 102. Peut-être
je n'ai pas entendu, mais quand vous dites qu'il faut devancer la date pour
arrêter la vente des voitures à essence neuves, vous, vous voyez ça dans un...
quoi, d'ici 2030, aussi rapidement que ça?
Mme Massé : Bien, je pense que
2030, minimalement, c'est une date, mais à voir... je n'ai pas eu le temps de
lire en long et en large le rapport qui est sorti hier, il parle de 10 ans. Le budget
carbone de la planète, là, d'ici 10 ans, il va être épuisé. Alors donc, ça
veut dire que plus rapidement, en adoptant, par exemple, un projet de loi
antipipeline, en interdisant l'exploration et l'extraction gazière et
pétrolière, en s'assurant de mettre au pas, de forcer l'offre sur la question
des véhicules électriques et hybrides... et on voit que ça fonctionne, là, actuellement,
les carnets de vente, c'est du deux, trois ans d'avance, alors donc... bien, il
faut attendre deux, trois ans, dans ce sens-là. Alors donc, c'est pourquoi je
pense que le gouvernement doit absolument devancer cette date-là. 2030, c'est
la proposition que fait Québec solidaire, mais je pense que plus ça va, plus je
suis en train de me dire que même peut-être que 2030 commence à être tard.
Mme Lévesque (Fanny) : Les
échos sur le terrain, qu'est-ce que vous entendez, vous, à l'approche du 15
octobre, avec la vaccination obligatoire dans le réseau de la santé?
Mme Massé : En fait, les gens
ont besoin de sentir que ce gouvernement-là ne fait pas que les contraindre
mais les soutienne aussi. Alors, en matière de vaccination obligatoire, je
pense que la science démontre qu'en santé... la Santé publique nous dit que c'est
nécessaire, alors Québec solidaire a toujours été dans la perspective de Québec
solidaire. Mais ce que j'entends sur le terrain, puisque c'est votre question,
c'est que les gens ont besoin aussi qu'on ne fasse pas seulement leur imposer
des choses mais qu'on les écoute. Et notamment, si on regarde du côté des
infirmières, le temps supplémentaire obligatoire, elles n'en peuvent plus.
Elles quittent le navire, vous le savez, je n'ai pas besoin de répéter cette histoire-là.
M. Laforest (Alain) : Mais est-ce
que le ministre devrait, compte tenu de l'impact que ça risque d'avoir... On ne
sait pas trop les chiffres, la semaine passée, on était à 7 500 personnels
soignants... peut-être moins aujourd'hui. Dans 10 jours, est-ce que vous
craignez justement qu'il y ait encore plus de délestage, qu'il y ait encore
moins de services dans les CHSLD et même peut-être des résidences qui vont
fermer parce que le personnel n'est pas vacciné? Est-ce que ça fait partie de
vos craintes?
Mme Massé : Bien, écoutez,
depuis des semaines on dit au ministre que son plan a ce précipice-là devant.
Les moyens qu'ils nous ont fournis ne sont pas énormes, entre vous et moi. On
a, à Québec solidaire, proposé… mon collègue Vincent Marissal a proposé, fait
plusieurs pistes… D'ailleurs, ce matin, ma collègue Émilise Lessard-Therrien va
aussi amener une proposition en matière de sages-femmes, d'élargir le champ de
pratique pour essayer d'amener de l'air à notre système. Mais le problème,
sincèrement, c'est le ministre et le ministère qu'il a sur la table, et il est
là depuis un certain temps.
M. Laforest (Alain) : …
Mme Massé : Je vais laisser le
ministre nous expliquer, comme on lui a demandé la semaine dernière, comme on
lui a demandé la semaine d'avant, qu'est-ce qu'il va faire avec cette
réalité-là. Silence radio. J'ai besoin de réponses, nous avons besoin de
réponses.
Mme Lévesque (Fanny) : Vous
l'avez trouvée comment, la définition… En fait, le fait que M. Legault
utilise la définition du Petit Robert pour s'appuyer sur le fait qu'il
n'y a pas de racisme systémique au Québec, comment vous avez trouvé ça, cette
sortie-là, hier?
Mme Massé : Bien, écoutez, je
pense que M. Legault tente par tous les moyens d'argumenter sa définition.
Moi, vous savez, moi, mon point d'appui, mon point d'ancrage, moi, comme femme
blanche — j'invite peut-être M. Legault aussi à considérer ça — moi,
je ne le vis pas, le racisme systémique, mais j'écoute les gens qui le vivent,
j'entends ce qu'ils me disent. Et ce que ces gens-là me disent ne ressemble pas
à ce que le premier ministre décrit.
Alors, tu sais, hier, je prenais
conscience qu'on a ici, au Québec, la Commission des droits de la personne et
de la jeunesse, dont le mandat, c'est de s'assurer de l'application de la
Charte des droits et libertés de la personne au Québec. Cette définition-là ne
ressemble pas à la définition que le premier ministre a prise dans Le petit
Robert. Alors, il a choisi où est-ce qu'il a pris sa définition, ça lui
appartient, c'est à lui à vraiment expliquer aux gens qui vivent le racisme
systémique pourquoi il ne reconnaît pas cette réalité-là.
M. Lacroix (Louis) :
M. Legault a dit hier qu'il allait être là pour deux mandats si la
population lui accorde cette opportunité. Alors, qu'est-ce que vous pensez de
ça? C'est une bonne chose pour le Québec que M. Legault soit là encore
deux mandats?
Mme Massé : Écoutez, le
Québec, les Québécois et Québécoises décideront bien ce qu'ils veulent avoir
comme gouvernement. Moi, ce que je vais me rappeler et je vais m'assurer que
les Québécois et Québécoises se rappellent, c'est que ce premier ministre là
avait promis qu'il réformerait le mode de scrutin pour s'assurer que chaque
vote compte au Québec, et il a fait exactement comme Justin Trudeau, il a
pris la poudre d'escampette, puis ce projet de loi là est mort au feuilleton, et
d'ailleurs il va probablement mourir pour vrai à la prorogation.
La Modératrice
: On va
prendre une dernière question en français.
M. Lacroix (Louis) :
Mais exactement, c'est... je voulais juste... juste là-dessus, en terminant,
parce que tous les projets de loi dont on ne voudra pas vont passer à la
trappe, là, avec la prorogation, et les projets de loi que vous avez présentés
aussi. Qu'est-ce que vous pensez de ça?
Mme Massé : Écoutez,
nous, par exemple, si vous parlez de mon projet de loi antipipeline, je vais le
représenter avec plaisir, parce que ce n'est pas moi qui veux, qui a besoin que
ce... absolument pas par ego, que ce projet de loi là soit appelé, c'est la planète
qui l'exige. Le rapport d'hier nous le rappelle, il ne nous reste même plus
10 ans pour garder le réchauffement en dessous de la barre de
1,5 degré, et ça, je pense que, là, ce n'est pas une vue de l'esprit, ce n'est
pas une vue de Québec solidaire, c'est une réalité scientifique. Il va falloir
que M. Legault s'y fasse.
La Modératrice
: On va
passer en anglais.
Mme Senay
(Cathy) : When you asked the Health Minister
what will happen after October 15, what did you get as
an answer?
Mme Massé : What happened after what?
Mme Senay
(Cathy) : After October 15 with the
mandatory vaccination, what did you get as an answer?
Mme Massé : I mean, we need that Mr. Dubé give a plan, give actions that
he will table to... because he knows that will happen since a month now, and we
asked for that. We suggest things, and now I think it's his responsibility. He
is the Minister, I'm not.
Mme Senay
(Cathy) : So, you have...
Mme Massé : ...I mean, everyone is scared, and I understand. The solution
cannot be again give less services to the public.
Mme Senay (Cathy) : Now that the Premier has his own definition of systemic racism,
what's next?
Mme Massé : It's a good question. Ask him. Because, he, as a white man... As a white woman, I'm not the
best person to define what systemic racism is. Maybe I think Mr. Legault
have to listen to the aboriginal people, have to listen to the First Nations,
the people who, every day, live with the impact of racism, of discrimination. I think it's very important.
And he's the one who have to explain why he chooses the «dictionnaire» Robert
definition and not, let's say, the Commission des
droits de la personne definition. He have to explain
that to the First Nations and to us too.
Journaliste
: Should Québec stop the sale of gas-powered vehicles even before
2030, do you think?
Mme Massé : I think it's important. I think it's important because all reports
said that we have to stop to use... «des hydocarbures», we stop to use that.
And a way to do that, it's to stop to sell car that needs fuel to just move.
And I think it's possible. Let's say... We see that electrical cars are really
in demand. And I think it's a good idea to not wait to 2035. It's too late.
It's too late.
Des voix
: Merci.
(Fin à 8 h 40)