(Neuf heures cinquante minutes)
Le Modérateur
: Alors,
le premier ministre François Legault va faire une courte déclaration et,
ensuite, va répondre aux questions des journalistes de la tribune de la presse.
M. Legault, à vous la parole.
M. Legault
: Bonjour,
tout le monde. Je veux revenir sur l'échange d'hier entre Gabriel Nadeau-Dubois
et moi, pour remettre le contexte, bon. D'abord, Gabriel Nadeau-Dubois m'a
traité de Duplessis, et ce que j'ai répondu, c'est que M. Duplessis avait
peut-être beaucoup de défauts, mais au moins il défendait la nation québécoise.
C'est à lui qu'on doit notre drapeau, notre Assemblée nationale, alors que M.
Nadeau-Dubois, pour moi, c'est un «woke».
Et il y a des gens qui ont demandé :
C'est quoi, un «woke»? Et, pour moi, un «woke», c'est quelqu'un qui veut nous
faire sentir coupable de défendre la nation québécoise, de défendre ses
valeurs, comme on l'a fait avec la loi n° 21, de
défendre nos compétences.
Ce n'est quand même pas rien, là, Gabriel Nadeau-Dubois
a dit hier, puis je le cite, là : «La bataille des champs de compétence,
ça ne nous intéresse pas tant que ça.» Tu sais, donc je veux bien qu'il me
traite de Duplessis, mais lui, il est vraiment à l'autre extrême. Défendre les
compétences du Québec, ça ne l'intéresse pas. Défendre les valeurs du Québec,
ça ne l'intéresse pas. Puis il voudrait qu'on se sente coupable de le faire.
Donc, c'est pour ça que je l'ai appelé «woke».
Mme Prince (Véronique) : Mais
est-ce que vous trouvez que c'est vraiment un débat d'intérêt public, ça, en ce
moment? Est-ce qu'on ne devrait pas plus parler, justement, d'autres choses
qu'il m'a traité de Duplessis, je l'ai traité de «woke».
M. Legault : Bien, écoutez, ce
n'est pas moi qui choisis les questions, là, c'est l'opposition. Donc, Gabriel
Nadeau-Dubois a décidé de m'attaquer en disant : Je suis un Duplessis. Ça
fait que là, j'ai comme dit : J'aime mieux être un Duplessis que d'être un
«woke». Je veux dire, c'est lui qui a amené ce débat-là.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Est-ce que tous les opposants à la loi
n° 21 sont des «woke»? Juste pour être clair, là.
M. Legault : Bien, écoutez,
c'est un des éléments. On est allés loin, là, on pourrait parler de ceux qui
ont brûlé des livres, ceux, tu sais, qui voient des gestes discriminatoires
partout. Revenons à ce qu'on a entendu au débat des chefs en anglais quand on
dit : La loi n° 21 puis la loi n° 96 pour défendre la langue
française, c'est discriminatoire. Bien, tu sais, pour moi, un «woke», c'est
quelqu'un qui voit de la discrimination partout.
M. Bossé (Olivier) :
M. Legault, est-ce que vous convenez que les valeurs québécoises, ce n'est
pas monolithique puis que ce n'est pas tout le monde qui a les mêmes valeurs, par
exemple, que le premier ministre, vous pouvez convenir de ça?
M. Legault : Bien, écoutez, la
grande majorité des Québécois, la grande majorité des Québécois appuie la loi
n° 21 qui interdit les signes religieux pour les personnes en autorité
comme les policiers. Or, il y en a qui disent que ça brimerait les droits de la
minorité, que ça serait discriminatoire. Ce n'est quand même pas rien. On peut
être en désaccord avec la loi n° 21, mais de dire que c'est
discriminatoire, puis la nation québécoise n'a pas le droit de défendre les
valeurs de sa majorité, bien, je pense que c'est un débat qui devient très important
au Québec. Il y a deux...
Des voix : ...
M. Legault : Non, pardon. Il y
a deux partis qui sont nationalistes, qui défendent la nation, c'est la CAQ
puis le Parti québécois. Puis il y a deux partis qui sont multiculturalistes,
peut-être que c'est un mot plus approprié, qui veulent que toutes les cultures
soient égales, qui s'opposent à l'intégration des nouveaux arrivants aux
valeurs, à la langue commune, à la nation québécoise, bien, c'est Québec
solidaire puis le Parti libéral. Donc, c'est quand même un débat, là, qui est
très important au Québec. Est-on nationaliste ou non?
Le Parti libéral a déjà été nationaliste
québécois, entre autres, sous Robert Bourassa. Là, sous Dominique Anglade,
bien, quand on voit André Fortin qui aide Justin Trudeau à préparer ses débats,
bien, on voit que le Parti libéral du Québec, c'est vraiment devenu une
succursale du Parti libéral du Canada.
M. Laforest (Alain) : M. le
premier ministre, ça n'amène pas de monde dans les hôpitaux, ça. Ça n'amène pas
de bras dans les hôpitaux, ces débats-là, là. Et actuellement le ministre de la
Santé nous a confirmé qu'il manquait 5 000 personnes et que c'étaient
plusieurs centaines de millions que ça allait coûter, non récurrents. Est-ce
que c'est un plan improvisé que vous êtes en train d'organiser là?
M. Legault : Bon, d'abord, ce
qu'on a fait avec les infirmières, c'est qu'on a négocié des conventions
collectives, entre autres, avec la FIIQ. On a augmenté de façon importante...
appelez ça ratio ou appelez ça comme vous voudrez, on a augmenté de façon
importante le nombre de postes temps plein pour les infirmières. On a augmenté
de façon importante les primes de soir, de nuit, de fin de semaine, parce que
c'était difficile d'attirer des gens pour travailler sur ces quarts de travail
là. On a eu une pandémie qui a duré un an et demi. Non seulement il a fallu
soigner les patients COVID, mais ça a découragé des gens qui ont beaucoup, incluant
dans les derniers mois, quitté, malheureusement, le réseau. Donc, à un moment
donné, on ne peut pas faire de miracles.
Mme Prince (Véronique) : …de
l'argent non récurrent, M. Legault, c'est de l'argent non récurrent. Est-ce
que vous ne pensez pas qu'on met juste un plasteur sur le bobo, mais que ça ne
le guérit pas?
M. Legault : Bien, écoutez,
c'est certain que de former une infirmière, ça prend un certain nombre
d'années. Donc, oui, ça prend une solution qui est comme une passerelle, comme
on l'a fait avec les préposés aux bénéficiaires. Puis je pense que, pour les
prochains mois, on a besoin de bonifier la rémunération des infirmières pour
être capable d'en convaincre le plus possible de revenir dans le réseau.
Le Modérateur
: Tommy
Chouinard.
M. Chouinard (Tommy) : Vous
aviez dit qu'on va augmenter le salaire des infirmières au niveau des agences.
Quand on a parlé de ça au ministre des Finances, tantôt, il a dit : Non,
non, non, là, ce n'est pas ça, là, nous, on a des… ça va être des incitatifs
temporaires pour travailler dans le réseau public. Donc, c'est quoi, le plan,
exactement, là?
M. Legault : Bon, d'abord, il
faut savoir que, dans les agences privées, les infirmières sont souvent moins
payées que dans le public. Des fois, plus. Mais, moi, ce que je veux, c'est de
leur offrir, pour une certaine période, une rémunération compétitive, même peut-être
supérieure à ce qui est dans le privé. Parce qu'il faut récupérer toutes les
infirmières qu'on est capables de récupérer dans le réseau public, incluant
celles qui travaillent dans le privé actuellement.
M. Chouinard (Tommy) : Là,
vous le savez que techniquement, à partir d'aujourd'hui, c'est impossible, pour
les travailleurs de la santé qui ne sont pas vaccinés en ce moment, d'avoir
deux doses de vaccin au 15 octobre. C'est impossible : première dose;
il y a un délai, après, de quatre semaines pour la deuxième; on demande sept
jours de plus pour travailler dans le réseau de la santé. La date du
15 octobre, c'est immuable? Allez-vous accorder une période de grâce? Et est-ce
que tous ces gens-là, donc, sont condamnés, tel que vous l'avez annoncé, à
subir une suspension sans solde à partir du 15 octobre?
M. Legault : Bien, écoutez,
comme je l'ai souvent dit depuis le début de la pandémie, on doit prendre des
décisions qui sont difficiles en regardant la balance des inconvénients. Est-ce
qu'il y a des patients au Québec, vulnérables, par exemple, qui iraient subir
une dialyse, qui accepteraient que l'infirmière qui fait affaire avec le
patient ne soit pas vaccinée? Moi, je pense que non. Bon, ça veut dire que ces
personnes-là ne pourront pas travailler, donc ça va venir augmenter notre
problème de manque d'infirmières. Donc, quelle est la moins pire solution?
Nous, on pense que la moins pire solution, c'est de retirer les personnes qui
ne sont pas doublement vaccinées.
Des voix
: ...
M. Lecavalier (Charles) :
…les infirmières, les infirmières d'agence, M. Legault.
M. Legault : Bien, d'abord,
là, il faut faire attention, là, il faut parler des personnes qui sont en
contact direct avec les patients, il faut voir si on est capables de mettre à
certains endroits certains employés. Mais, écoutez, on n'a pas le choix. Je le
répète, là, moi, si j'étais patient dans un hôpital, je n'accepterais pas
qu'une infirmière non vaccinée soit proche de moi.
Des voix
: ...
M. Authier (Philip)
:There are a lot of people that would be
wondering today why you're so interested in this woke debate, in this
discussion, why is the Premier of Québec so interested in this subject.
M. Legault : OK. I'm not the one choosing the Opposition's subjects. I was
surprised to see Gabriel Nadeau-Dubois talking about Duplessis instead of
talking about health care. But when he said that I'm like Duplessis, what I
said is that maybe Duplessis had many weaknesses, but at least he defended
Québec's identity.
And
Mr. Nadeau-Dubois said yesterday : I'm not interested in the debate
about jurisdictions. It's the first time I hear a leader of a party saying :
I'm not interested in the debate about jurisdiction. And this debate is very
important because, let's talk about health care, we need more money, more than
ever in health care, and we need to decide where to use this money. We have now
three parties who want to decide for us how to invest this money. So, the
debate about jurisdiction is really key to the challenges we have in health
care.
M. Authier (Philip)
: But what's the connection with woke? What's the connection with
woke?
M. Legault : What I said to Mr. Gabriel Nadeau is that I prefer to be
compared to Duplessis than to be a woke refusing to debate about jurisdiction.
Come on, in Québec, all premiers in the history of Québec defended the
jurisdiction of Québec. So, how come we have a new leader of Québec solidaire
saying : I'm not interested in this debate? Wow! It's something!
Mme Fletcher (Raquel) : …4,000 nurses that are missing from the health care system. We
could see another 20,000 suspended because they're not vaccinated. This is an
urgent issue. How are you going to fix it right now?
M. Legault : OK. Right now, what we're looking is : we don't exclude any
kind of financial incentives to bring back nurses in our network, because right
now we cannot train in a few months new nurses, it takes years. So, we are
planning to have a very, very important plan. It will be costly, but we need to
convince nurses to come back.
Mme
Fletcher (Raquel) : When? When can we see that?
M. Legault : I would say, I hope, in the next week.
Le Modérateur
:
Une dernière question en anglais.
Mme Senay
(Cathy) : Mr. Legault, how do you explain this
confusion between you, Mr.Dubé and Mr. Girard about how long this temporary
measure will last? It doesn't seem that... Nobody knows. You're talking about
the plan, and nobody knows how much it's going to cost, how long it's going to
last.
M. Legault :O.K. Yes, but we're
working on the plan. We know that it's a temporary measure until we have nurses
that have been qualified, and it takes years, all right? We need also… And we
think that it's like the chicken and the egg. Until we have enough nurses, the
working conditions will be very tough. But, as soon as we'll get enough nurses,
the working conditions will become better, and then… easier to keep nurses. So,
it's very tough to know…
The other point, also, is
about the actual collective agreement, it was just signed. So, what will be the
effect of this collective agreement in the next few months? We try to evaluate
the impact. We know it's temporary. We're trying to analyze for how much time
and how much will it cost to give enough incentives. That's what we're working
on about 24 hours a day.
Le Modérateur
:
Merci beaucoup, M. le premier ministre.
M. Legault
: Merci, tout
le monde.
(Fin à 10 h 2)