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Conférence de presse de M. Robert Perreault, ministre des Relations avec les citoyens et de l'Immigration

Plan triennel d'immigration 2001-2003

Version finale

Tuesday, May 16, 2000, 15 h 13

Salle Evelyn-Dumas (1.30), édifice Pamphile-Le May

(Quinze heures treize minutes)

M. Perreault: Pour commencer, une brève déclaration. Aujourd'hui, dans le fond, ce que je rends public, ce sont les hypothèses qui vont être à la base de la consultation publique que j'entreprends sur le Plan triennal d'immigration pour l'exercice 2001-2003. Vous avez sans doute constaté que le leader en Chambre du gouvernement a fait la proposition pour que la commission de la culture de l'Assemblée nationale tienne, au mois de septembre prochain, des audiences publiques, de fait, au lendemain de la fête du Travail, auxquelles seront conviés l'ensemble des organismes du Québec.

Donc, je rend publics aujourd'hui à la fois les hypothèses qui sont les nôtres en termes de plan d'immigration de même qu'un certain nombre de documents d'appui, d'appoint qui vont permettre en quelque sorte d'éclairer ce débat. Alors, vous retrouvez dans votre pochette à la fois le document de consultation comme tel, qui s'appelle Immigration au Québec 2001-2003: un choix de développement . Vous retrouvez également un certain nombre de statistiques assez élaborées sur les caractéristiques de l'immigration au Québec. Vous retrouvez également certaines fiches signalétiques sur à la fois l'évolution et la capacité d'intervention du Québec en matière d'immigration. Parce que, évidemment, nous sommes toujours dans un régime constitutionnel où il y a deux ministères de l'Immigration. On corrigera ça un jour sans doute, mais ça n'est pas encore fait. Nous avons fait un tiré à part des scénarios de planification à l'immigration. Donc, c'est des scénarios que vous retrouvez dans votre document général, à la fin du document, les scénarios sur lesquels les gens seront amenés en quelque sorte à faire valoir leurs commentaires.

Alors, rapidement, d'abord vous présenter la personne qui m'accompagne, Mme Monique Proulx, qui est la directrice des politiques et programmes de la planification au ministère de l'Immigration en immigration, donc consultations, comme on doit le faire à tous les trois ans, puisque maintenant, au Québec, à tous les trois ans, il est prévu que le ministre dépose au 1er novembre à l'Assemblée nationale le plan triennal d'immigration et qu'il revoie chaque année les chiffres qui sont présentés.

Quels sont les éléments principaux de ce plan? Quelles sont les grandes lignes de ce plan cette année? Bien, je dirais, d'abord une volonté d'augmenter progressivement le niveau d'immigration au Québec. Nous atteignons chaque année, depuis quelques années, nos objectifs. Nous essayons de les fixer à chaque fois de façon réaliste, c'est-à-dire à la fois en termes de notre capacité de les atteindre, en termes de la capacité de la société québécoise d'accueillir ces personnes et également en termes de la capacité de ces gens de se trouver un emploi et de s'intégrer dans la société québécoise. Rappelez-vous qu'en 1999 nous avons accueilli un peu moins de 30 000 immigrants. Nous prévoyons, en l'an 2000, en accueillir un peu plus, puisque nous prévoyons en l'an 2000 que nous aurons probablement tout près de 32 800 immigrants, toutes catégories confondues.

Et, dans les prévisions que nous mettons de l'avant, nous mettons trois scénarios, une espèce de fourchette qui varie entre des augmentations qui pourraient, sur trois ans, être de l'ordre de 10 % à 37 % du volume d'immigration annuelle, ce qui veut dire qu'on pourrait se retrouver en l'an 2003 avec non plus 30 000 comme l'an passé ou 32 000 immigrants comme cette année, mais soit à 36 000, soit à 40 000, soit à 45 000 immigrants, selon l'un ou l'autre des scénarios qui seront retenus suite à la consultation. Mais dans tous les cas, vous remarquerez que non seulement il n'est pas question d'aller à la baisse ni même de garder constant mais, au contraire, de faire un effort dynamique mais progressif pour augmenter le niveau d'immigration au Québec. Ça se veut une réponse au défi démographique général, au défi économique de notre société qui fait qu'une société reste dynamique dans la mesure où elle maintient, au plan démographique, une vitalité significative. C'est en même temps une approche qui se veut progressive et prudente et qui se veut tenir compte de la capacité de la société d'accueil, de la capacité de l'économie. Donc, je n'ai pas soumis de scénario qui nous embarquerait peut-être dans ce qu'on pourrait appeler des aventures – je ne sais pas, moi, des scénarios de 75 000, 100 000 personnes – je pense que ce serait une rupture trop brutale avec notre expérience et nos capacités, mais je crois cependant qu'on doit être plus dynamique en matière d'immigration et c'est le scénario présenté.

Deuxième élément qu'il est important de comprendre là-dedans, c'est que l'augmentation de cette immigration sera de plus en plus francophone. J'ai déjà indiqué les efforts qu'on a commencé à déployer dans ce sens. De plus en plus, des gens que nous sélectionnons à l'étranger devront avoir une certaine connaissance du français. On s'entend bien? Ce ne sont pas nécessairement des gens parfaitement bilingues ou connaissant parfaitement le français, mais ce seront des gens qui ont une certaine connaissance du français. Pourquoi? Parce que c'est plus facile de s'intégrer une fois sur place, c'est plus facile de se trouver de l'emploi une fois sur place, et ça fait également partie de nos enjeux qui ne sont pas que démographiques, de nos défis qui ne sont pas que démographiques, mais qui sont aussi linguistiques dans un Québec qui a décidé et fait le choix de vivre en français.

Donc, de plus en plus francophones, c'est le deuxième objectif, ce qui nous permettrait de passer... actuellement les personnes immigrantes sélectionnées par le Québec sont à moins de 50 % avec connaissance du français avant d'arriver au Québec. Nous souhaitons, selon les scénarios, augmenter ce niveau à tout près de 56 % ou même 62 % en 2003 sur les trois prochaines années, dépendamment des scénarios retenus.

Je vous rappelle que le Québec ne maîtrise que la moitié de son immigration, donc les personnes qu'on appelle les travailleurs indépendants que nous sélectionnons à l'étranger, les entrepreneurs investisseurs, les réfugiés que nous sélectionnons dans les camps reconnus par le Haut-commissariat aux Nations unies pour les réfugiés, mais que tous les autres immigrants qui arrivent au Québec dans le cadre de la réunion des familles ou dans le cadre des gens qui demandent l'asile mais à partir du pays, en arrivant à Dorval, en arrivant à Lacolle, par exemple, à la frontière américaine ou ailleurs, ces immigrants-là relèvent du gouvernement fédéral. Or, à plus de 95 %, ils n'ont aucune connaissance du français.

C'est donc dire que lorsque le Québec veut qu'au total – et c'est l'objectif qui est le nôtre – il y ait au moins 50 % de l'immigration totale qui ait une certaine connaissance du français, il en restera 50 % qui n'en auront pas même en arrivant ici, et sur les 50 % qui en ont une, une partie de ces gens-là en ont une limitée. Donc, si on veut atteindre cet objectif qu'au moins 50 % de l'immigration totale ait une certaine connaissance du français pour les raisons que je vous ai données, il nous faut faire un effort considérable que la part des gens que nous sélectionnons, elle, ait une part importante de gens qui connaissent le français. Autrement, on continuerait ce que nous vivons depuis des années, c'est qu'à chaque année au Québec, la majorité des gens qui émigrent ne connaissent pas le français. Alors, c'est le deuxième objectif.

Le troisième objectif qui est inclus dans les documents, c'est les qualités des personnes que nous souhaitons sélectionner et, essentiellement, nous souhaitons toujours des gens dont les compétences professionnelles permettent une insertion rapide sur le marché du travail.

Vous avez également – et je termine avec ça – un deuxième communiqué, une annonce qui est également importante et qui marque un changement assez profond des habitudes du Québec en matière de sélection notamment d'immigrants professionnels hautement qualifiés. J'annonce aujourd'hui, j'ai déjà eu l'occasion de l'évoquer mais c'est la première fois que je l'annonce officiellement, à toutes fins pratiques, l'abolition de ce qu'on appelait la liste des professions inadmissibles au Québec. Vous aviez un certain nombre de professions... Si quelqu'un, qui souhaitait immigrer au Québec, faisait l'erreur ou avait le défaut d'avoir un métier, une formation qui était liée à cette profession, il devenait inadmissible. Il était refusé automatiquement. J'abolis cette liste, à l'exception d'un poste, celui de médecin – on pourra y revenir.

Donc, c'est le deuxième communiqué. Donc, des professions comme, par exemple, architecte, arpenteur-géomètre, avocat, comptable, chiropraticien, dentiste, huissier, infirmière – vous savez que nous sommes actuellement en sélection d'infirmières, notamment à Paris – tous les métiers, ingénieur, dans tous les domaines, vétérinaire, optométriste, pharmacien, technologue, c'étaient tous des métiers que si vous marquiez sur votre formulaire d'inscription que tels étaient votre formation et votre métier, vous étiez automatiquement inadmissible.

M. Delisle (Norman): Journaliste?

M. Perreault: Journaliste!

Des voix: Ha, ha, ha!

M. Delisle (Norman): Ce n'est pas admissible.

M. Perreault: La profession d'enseignant a été retirée, mais les journalistes, dans nos statistiques à nous, comme on dit, ce n'est pas un métier, c'est un état de vie, c'est un état de ...

Des voix: Ha, ha, ha!

M. Perreault: C'est une vocation. Donc, on abolit tout ça.

Pourquoi? Bien, dans le fond, parce qu'on entrevoit totalement différemment notre approche. Pour nous, par-delà le métier précis qu'une personne possède, ce qui est important, c'est sa capacité, ici, de s'adapter, soit en prenant le métier qu'elle avait, soit, compte tenu de sa formation, en s'en trouvant un qui est apparenté ou dans des univers de formation qui sont semblables. Une démarche auprès de l'ensemble des professions du Québec et j'ai communiqué notamment avec le président du Conseil interprofessionnel du Québec pour souligner l'importance pour les personnes immigrantes, ici, que l'ensemble des professions, donc des corporations professionnelles accélèrent les processus prévus de reconnaissance d'équivalences de la formation. Le Québec se prive de trop de gens, dans toutes ces professions, qui ont la formation et la compétence pour exercer leurs métiers et qui se heurtent sur place à des obstacles qui, dans bien des cas, les obligent à recommencer leur formation pour pouvoir pratiquer. Je ne dis pas qu'il est anormal qu'il y ait minimalement des vérifications d'équivalences, minimalement parfois un peu de recyclage, mais je pense qu'on doit à ces gens-là, si on veut vraiment les accueillir, d'ouvrir les portes.

Vous savez qu'ailleurs, règle générale, ce qui donne accès à l'exercice d'une profession, c'est la scolarité. Bon. On a un système différent ici. C'est les ordres qui donnent le permis d'exercice du travail. Je ne tiens pas à le remettre en cause, mais il est certain que cependant donc maintenant quelqu'un qui va dire: Je suis ingénieur, on ne dira plus: Vous ne pouvez plus immigrer au Québec. On va dire: Vous pouvez immigrer. On va l'informer cependant des obligations de l'Ordre et on va terminer avec l'Ordre un travail pour que la reconnaissance des équivalences, la facilitation du processus d'accès à la profession soient faites. Voilà, c'est l'essentiel de ce que j'avais à annoncer.

M. Cloutier (Mario): Questions en français, Gilles Morin.

M. Morin (Gilles): Oui, deux questions. D'abord, sur le dernier point, pourquoi vous excluez les médecins?

M. Perreault: Bon. Les médecins, d'abord, ce n'est pas exclu, au sens où il y a actuellement un travail conjoint qui se fait auquel participent tant le ministère de la Santé que mon propre ministère sur cette question spécifique de même que les gens du Collège des médecins. Il y a toutes sortes de considérations dans le cas des médecins.

M. Morin (Gilles): Au corporatisme?

M. Perreault: C'est plus complexe que ça. On me dit qu'il y a déjà – pas plusieurs centaines, je ne veux pas donner un chiffre qui apparaîtrait immense – plus d'une centaine sûrement, presque au-delà d'une centaine de personnes qui sont déjà immigrantes, au Québec, reçues citoyennes et citoyens, dans bien des cas, et qui ont la formation de médecin. Donc, peut-être qu'il faut se concentrer dans un premier temps sur le passage de ces personnes à la pratique.

Deuxièmement, dans le cas de médecins, évidemment, puisqu'on parle de la santé des gens, il y a des corrélations, il y a des réajustements qui sont un peu plus complexes que, parfois, dans d'autres professions. Et les gens travaillent actuellement à faire le tour de cette question. Nous, on attend un peu, de ce point de vue là, actuellement, les conclusions de ce groupe de travail. C'est évident que ça va dépendre des conclusions du groupe, mais, personnellement, je n'ai pas d'objection. C'est un peu ce que seront les résultats du groupe de travail qui déterminera la décision.

M. Morin (Gilles): Autre question: Pour bien comprendre, là, les francophones et les non-francophones admis, pouvez-vous nous dire, dans ceux qui ne sont pas soumis à la sélection du Québec, c'est-à-dire les réfugiés puis les réunions de familles, combien il y en a eu sur les 30 000 de l'an passé?

M. Perreault: O.K. À peu près, je dirais, 14 000. On va épargner les 152, là. Mais, comme ordre de grandeur, sur 30 000, environ 16 000 sont sélectionnés par le Québec, toutes catégories confondues, 14 000 sont de juridiction fédérale, donc viennent dans le cadre de la réunion de famille ou des gens qui demandent sur place au Canada, au Québec, l'asile.

M. Cloutier (Mario): Très bien. Sylvain.

M. Théberge (Sylvain): Oui. M. Perreault, comment votre ministère entend s'y prendre pour augmenter la proportion d'immigrants ayant une connaissance du français? Est-ce qu'on va favoriser certains pays? Quelle forme ça va prendre?

M. Perreault: Bon. D'abord, dans ce que j'annonce aujourd'hui et ce qui sera l'objet de la consultation, il y a bien sûr les niveaux, les volumes globaux, il y a les grandes orientations. À date, on sait très bien que, pour y arriver, il y a un certain nombre de décisions ou de gestes à poser. J'ai été, par exemple, à Paris à l'automne dernier voir un peu ce qui se passait au niveau de notre bureau de Paris. Vous savez qu'on a un certain nombre de bureaux du Québec à l'étranger pour la sélection des immigrants. Les principaux bureaux, du point de vue de la sélection des gens ayant une certaine connaissance du français, sont bien sûr Paris qui s'occupe de toute la France, la Belgique, la Suisse, également pour l'instant les pays de l'Afrique francophone.

Nous travaillons également de plus en plus sur l'Afrique du Nord, le Maghreb, et nous explorons l'hypothèse d'ouvrir un bureau au Maghreb. Actuellement, nous fonctionnons par mission dans les pays du Maghreb. Et l'autre, à part Mexico... Mexico également nous amène des gens qui, ayant l'espagnol comme langue maternelle, ont souvent comme langue seconde ou comme troisième langue le français. Et également Vienne pour tous les pays de l'Europe de l'Est où, là aussi, il y a un certain nombre de personnes qui connaissent le français.

Alors, sur ces bureaux, nous désirons cibler un certain nombre d'interventions. Dans le cas de Paris, par exemple, nous avons rajouté des ressources en matière de sélection pour rattraper tous les dossiers en retard. J'ai fait des interventions auprès de Mme Caplan pour les délais d'émission de visas, puis dans certains cas, c'était rallongé. Évidemment, on décourage les gens dans ce temps-là. Si ça prend 18 mois pour avoir confirmation de votre décision... Vous avez 24 ans, à 18 et 20 mois là, vous avez le temps de vous faire une autre blonde puis d'imaginer une autre vie. Donc, il faut réduire ça à moins d'un an. Peut-être que ce n'est pas une mauvaise chose pour le gars en question mais pour l'immigration au Québec, c'est un problème.

M. Théberge (Sylvain): Gilles se sent un peu visé.

Des voix: Ha, ha, ha!

M. Perreault: Pour le gars qui fait l'immigration au Québec, c'est un problème. Donc, il faut réduire ça en dedans d'un an. Nous, on a pris l'engagement de traiter ces cas-là en priorité en dedans de moins de cinq mois, pour ce qui est de la sélection faite par le Québec. Après ça, ça prend le visa fédéral, c'est essentiellement les vérifications de sécurité. Par toutes sortes de mesures, on pense que ça peut être très bien fait, là aussi, en dedans d'un autre quatre, cinq mois, et pour ramener tout ça à 10, 11 mois au maximum.

On a donc rajouté des ressources. J'ai eu des discussions avec le bureau fédéral, la sous-ministre également avec son vis-à-vis. Vous avez vu que, récemment, il y a des budgets qui ont été rajoutés au fédéral. On me dit que les mesures, y compris à Paris au plan des visas, se corrigeraient. On a rajouté des budgets pour missions sur le Maghreb. On pense bien ouvrir un bureau, c'est l'autre mesure. On augmente... Pour savez qu'en France, actuellement, on a une personne qui, à temps plein, fait le tour des organismes, d'assemblées. J'ai moi-même assisté à une assemblée, il y a 300 ou 400 personnes dans la salle qui viennent, par suite à des annonces dans les journaux, parce qu'ils savent qu'on va parler du Québec, de l'immigration au Québec, de comment s'y prendre, des règles du jeu, etc. Nous allons doubler cette personne dans le cadre d'une entente que nous avons avec l'OMI en France, qui est l'Organisation des migrations internationales, qui un pied-à-terre près de la place de la Bastille et où il passe des milliers de personnes chaque année, de jeunes Français. Parce qu'en France, parmi les politiques en France, il y a tout ce qui s'appelle l'encouragement à l'émigration à l'étranger. Ça fait partie des politiques françaises. Alors donc, on aura quelqu'un qui sera à ce bureau-là pour recevoir ces jeunes-là, les informer.

Nous regardons actuellement, sur Vienne comme sur Mexico, les mesures qu'on devrait prendre pour augmenter le bassin, mais essentiellement c'est sur la France, sur le Maghreb, Vienne et ensuite Mexico. C'est nos principaux efforts. Donc, augmenter la promotion, augmenter les entrevues – j'en donne – dans des journaux français. Il y a des émissions de télévision. Vous savez, il faut en quelque sorte expliquer le Québec, informer les gens. Il y a des créneaux, il y a des clientèles cibles.

Maintenant, il y a des opérations plus ciblées. C'est le cas, par exemple, des infirmières, le Salon des infirmières à Paris actuellement. Là, on tombe devant des besoins de travailleurs plus stratégiques. Dans ces cas-là, par contre, on est plus dans un exercice à ce moment-ci d'immigration temporaire. Qui peut aussi se transformer un jour en immigration permanente, mais qui est d'abord une immigration temporaire.

M. Cloutier (Mario): Normand.

M. Delisle (Norman): Oui. M. Perreault, quel va être l'impact d'une hausse massive d'immigrants sur l'île de Montréal et sur l'équilibre linguistique de l'île de Montréal où il y a déjà, si ma mémoire est bonne, 48 % de non-francophones?

M. Perreault: Bien, je ne peux pas vous répondre à cette question parce que ce n'est pas le scénario que je mets de l'avant. Donc, on n'assistera pas à une hausse massive d'immigration à Montréal. Si vous remarquez, par exemple Mme Caplan a annoncé, pour l'ensemble du Canada, un objectif de 1 % d'immigration. 1 % d'immigration, ça voudrait dire, si le Québec voulait appliquer une politique semblable, quasiment 75 000 immigrants par année. Alors que nous sommes déjà à 32 000 en l'an 2000, les hypothèses que je mets sur la table, entre 36 000 et 45 000, sont bien loin de cela. Donc, peut-être que, si on avait décidé de se fixer un objectif comme celui-là, on pourrait parler d'une immigration massive. Moi, je préfère considérer que ce qu'on met sur la table comme hypothèse, ce n'est pas le statu quo mais c'est une augmentation progressive et limitée qui nous semble conforme à la capacité d'accueil.

Il faut regarder ce qui se passe ailleurs. Actuellement, en France, même la droite française est en train de parler de la nécessité d'ouvrir les portes à l'immigration. Je regardais récemment aux États-Unis. Les Américains commencent à craindre, devant l'évolution de l'économie américaine, la surchauffe, le manque de main-d'oeuvre. Ils commencent à relancer l'hypothèse d'une immigration plus ouverte.

Dans un contexte d'un monde de plus en plus diversifié, je pense que c'est dynamique comme approche. Mais on reste, si vous regardez nos chiffres, plutôt prudents. Je dois vous dire qu'il y avait des gens qui me proposaient de passer carrément à 60 000 puis à 65 000 puis à 70 000, de régler, à travers ça, des problèmes de natalité au Québec, de dépopulation de certaines régions. Je crois qu'il faut avoir une approche beaucoup plus dosée, progressive.

M. Delisle (Norman): Je vous signale que ça ne répond pas à ma question, de savoir quelles vont être les conséquences sur l'impact linguistique. J'aurais une deuxième...

M. Perreault: Bien, d'après ce que vous me dites, une immigration massive. Moi, je ne vois pas, dans les hypothèses, qu'il y ait une telle chose. Deuxièmement... Non, mais, c'est important. Deuxièmement, je vous signale qu'il y a aussi, dans ces scénarios-là, une augmentation significative de la part, au total, de l'immigration francophone. Donc, on poursuit les deux. On va en chercher un peu plus mais pas n'importe lesquels. Ils devront connaître très majoritairement...

M. Delisle (Norman): Une deuxième question, purement technique. Dans nos papiers, on nous a donné un scénario numéro 4 dont vous ne nous avez toujours pas parlé encore.

M. Perreault: Vous êtes chanceux d'avoir ça, vous autres.

Des voix: Ha, ha, ha!

M. Perreault: C'est l'opposition qui vous l'a donné ou qui?

M. Delisle (Norman): C'est dans les papiers qu'on nous a remis à l'entrée. Il y a un scénario 4 où cette fois, le nombre d'immigrants va atteindre 55 000.

M. Perreault: O.K. D'accord, oui, vous avez raison. Bien, vous avez raison, on aurait pu, dans le communiqué, le faire valoir. Vous avez tout à fait raison. Le fait que j'en parle peu répond en partie à la question précédente, que vous m'avez posée.

M. Cloutier (Mario): Bernard.

M. Perreault: Mais effectivement, il y a des gens qui soutiennent qu'on devrait ouvrir beaucoup plus largement. Alors, le scénario est là pour la discussion, avec ses conséquences possibles.

M. Plante (Bernard): Je voudrais revenir, M. Perreault, sur la question des médecins. Je comprends qu'il y a déjà un bassin, au Québec, de gens qui pourraient être susceptibles de pratiquer la médecine. On comprend également que les ordres qui régissent la profession sont très influents mais, au moment où il y a des besoins criants du côté des hôpitaux: manque de spécialistes, etc. pourquoi vous choisissez tout de même de fermer cette porte-là?

M. Perreault: Mais je répète: Nous ne la fermons pas; nous ne sommes pas en mesure actuellement de conclure définitivement dans le cas des médecins. Vous comprendrez que ce n'est pas par le biais, d'abord, de l'immigration, qu'on règle une question comme celle-là. Ce sont d'abord des enjeux, des équilibres de la profession médicale au Québec, du point de vue de l'accès à la profession, du nombre de médecins...

M. Plante (Bernard): ...qui n'existent pas pour les autres professions.

M. Perreault: ...qui sont beaucoup moins complexes pour les autres professions, qui peuvent exister mais beaucoup moins complexes. Et moi, j'attends les signaux de la part du comité qui a été mis sur pied pour faire le tour de la question.

M. Plante (Bernard): Êtes-vous patients?

M. Perreault: Je crois qu'on devrait avoir des résultats dans les prochains mois, et je n'aurai personnellement aucune difficulté à compléter l'opération enclenchée d'un point de vue d'immigration sous réserve que ça ne crée pas au secteur de la santé des difficultés qui ne sont pas à moi d'évaluer.

M. Morin (Gilles): Oui, mais M. Perreault, vous êtes en mesure d'admettre que dans les régions éloignées, ils se satisferaient d'avoir des médecins quelle que soit leur origine.

M. Perreault: Oui, mais ce n'est pas ça qui est l'enjeu. Écoutez, le Québec a plus de médecins par tête de pipe que d'autres provinces canadiennes. Alors, tout l'enjeu de l'organisation des soins de santé au Québec, de la répartition des médecins n'est pas d'abord et avant tout un enjeu d'immigration. Je comprends que lorsqu'on est un immigrant et que notre métier, notre formation est celle d'avoir été formée comme médecin, on souhaite, dans son pays d'accueil, pratiquer idéalement directement son métier ou quelque chose s'en rapprochant. Je comprends très bien cela. Et donc, moi, comme ministre de l'Immigration, je n'ai pas d'opposition à ça. Mais, en même temps, je suis obligé quand même de prendre acte que les défis actuellement de la question de l'équilibre, de l'organisation, de la dispersion sur le territoire des médecins, des équilibres entre les spécialistes, les médecins généralistes, tout ça, sont des questions qui dépassent tes, très largement la question de l'immigration. Alors, moi, je veux être au service de leur conclusion et non pas les devancer. Je pense qu'il ne faut pas mettre la charrue devant les boeufs.

M. Morin (Gilles): Juste un petit point technique, je ne sais pas si vous êtes en mesure d'avoir ça. Le degré de rétention des immigrants, mettons, sur cinq ans.

M. Perreault: C'est assez élevé.

Mme Proulx (Monique): Actuellement, c'est plus de 80 % des immigrants et évidemment il y a des variations selon les catégories d'immigration. Les pourcentages les plus élevés vont pour les réfugiées, les membres de la catégorie famille, les travailleurs, alors que chez les gens d'affaires, le pourcentage est nettement plus bas, chez les investisseurs en particulier, le pourcentage est beaucoup plus bas.

M. Morin (Gilles): De quel ordre?

Mme Proulx (Monique): Je pense que pour l'ensemble des gens d'affaires, actuellement, le pourcentage est de l'ordre de 40 %. Si vous permettez, je vous reviendrai là-dessus avec des chiffres plus précis. Dans ce document statistique, vous allez trouver l'information juste quant au taux de rétention.

M. Perreault: Mais le chiffre général au Québec, c'est plus de 80 %, ce qui, à notre avis, quand on se compare au taux de rétention des autres pays dans le monde qui accueillent de l'immigration, c'est tout à fait comparable, c'est élevé. On ne sent pas de difficulté.

M. Morin (Gilles): Merci.

M. Cloutier (Mario): Questions en anglais.

Mme Grossman (Cheryl): Yes. Doctors, lawyers, architects, engineers, why weren't these people allowed in before?

M. Perreault: Well because, as you know, those professionals are not allowed to practice their profession except if they do have the certificate or the approval by their specific order. By some way it was a misrepresentation because if we said to the people: Well come in Québec you are a lawyer, you are a... and it will be a good place for you to make your life. And when he is here or it's the same thing in many other places in Canada but when he is here, for example, he cannot practice his profession. So at that time we thought that the best thing would be to right at the beginning tell them that they won't be able to get a job in their profession but we changed our way of understanding the situation since a few months, a few years and now we think that we have to make them aware about the fact that they won't be able to practice just with their diploma. They will have to pass by some exams from the orders but they may have a way to have a job here in a profession that has something to do with what is their original formation even though it's not exactly the same and we think that it may be a good way to become Quebeckers.

Mme Grossman (Cheryl): Why this change now in your opinion as to how to treat these people?

M. Perreault: Well as I said because we are open to more and more immigrants. We don't want to put some artificial barriers between them and us and if you have listened to what Mrs Caplan has said herself for the rest of Canada they are going in the same way now than we have done since few years ago.

Mme Grossman (Cheryl): So why not make this apply to doctors?

M. Perreault: Well you always have to understand that we cannot anyway it's not the Minister of Immigration that will be able to say: Look you can have a job in this profession or in this other one. It will always be the order as far as the law is the same that will be able to give the right to practice to an immigrant or any Quebecker. It's like this for all the Quebeckers. But for the doctors, as you say, that's the only profession that is still on the list as far as there is a committee between our Ministry and the Health Ministry and the doctors'Order. So, they are now looking at this specific question, and, for myself, I'm not against erasing this last profession on the list, but I'm waiting their conclusion, because I think that it's at them first to make the decision.

Mme Grossman (Cheryl): So, why must this profession in particular be looked at and the others not be looked at, the others automatically approved of?

M. Perreault: Well, it hasn't been automatically, it's after a survey and a decision...

Mme Grossman (Cheryl): Why is this, why?

M. Perreault: Well, because, as I said, you probably know that the doctors' profession has a very specific problematic, a very specific situation. So, I think that they have first to make up their mind, and then we'll help them, we'll follow.

Mme Grossman (Cheryl): O.K. And what exactly are you doing to raise the number of francophone immigrants, immigrants that speak French?

M. Perreault: Mostly by increasing our force in the Paris office, the Vienna and Mexico offices, where we have the most potential of attracting people who do know some French, and mostly people from Eastern countries, Eastern European countries, France, for sure, Maghreb and also people from Latin American, who, very often, do know as a second language French, for example.

Mme Grossman (Cheryl): And one last question. You talked about specific problematics in the medicine field. What are you talking about here? What must you look at specifically to consider whether or not to let doctors in?

M. Perreault: Well, as I said before, it's not up to me, it's not my business to look at...

Mme Grossman (Cheryl): What must they look at?

M. Perreault: Well, what I can say is that there is such a committee, they are doing their work, and, as soon as they will have finished their reflections on those questions, well, if I have to do so, I'll be glad to erase the last profession.

Mme Grossman (Cheryl): So, you don't know what they're looking at specifically?

M. Perreault: Mostly, they are looking at the different aspects of the situation of practising medicine in Québec.

Mme Grossman (Cheryl): O.K. Thanks.

M. Perreault: Merci.

(Fin à 15 h 46)

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