(Seize heures dix-neuf minutes)
Mme Normandeau: Bien. Tout d'abord, merci d'être là. Vous me permettrez de vous présenter deux personnes qui m'accompagnent aujourd'hui: Sébastien Desrochers, qui est directeur du bureau des hydrocarbures, de même qu'Alain Lefebvre, qui est directeur général des hydrocarbures... de la direction... directeur général des hydrocarbures et des biocarburants. Donc, s'il y a des questions de nature plus technique, Sébastien et Alain seront là pour m'accompagner.
M. Chartrand (Yves): ...mais vous êtes... c'est des gens du gouvernement ou...
Mme Normandeau: Oui, des gens du ministère des Ressources naturelles.
M. Chartrand (Yves): Bon. O.K., d'accord.
Mme Normandeau: Voilà. C'est bien de le préciser, et non pas du ministère de la santé ou enfin... ou du ministère du Travail, enfin... bon.
Journaliste: Alors, M. Desrochers et M. Alain...
Mme Normandeau: Lefebvre, c'est ça.
Journaliste: Lefebvre. Pardon.
Mme Normandeau: Ça va? Alors, je souhaite vous faire part d'une décision, aujourd'hui, que j'ai prise relativement à l'assujettissement de certaines activités pétrolières et gazières au processus d'évaluation environnementale. Mais auparavant on se souviendra que, le 8 mars dernier, mon collègue de l'Environnement et du Développement durable rendait public le rapport du BAPE puis, avec lui, confirmait que les activités d'exploration gazière des basses-terres du Saint-Laurent seront assujetties à une évaluation environnementale. On se souviendra tous que cette décision a permis de donner suite à la principale recommandation contenue dans le rapport du BAPE.
Aujourd'hui, nous allons plus loin. Je vous confirme que les activités pétrolières et gazières au Québec qui feront appel aux activités de fracturation, situées à l'extérieur du territoire des basses-terres du Saint-Laurent, seront également assujetties à l'évaluation environnementale. Je prends cette décision par souci de cohérence avec la décision que nous avons prise le 8 mars dernier. Concrètement, ça veut dire que, s'il y a des activités de fracturation dans le domaine pétrolier, par exemple, cette décision sera prise par le comité d'experts, à la condition que les activités de fracturation permettent d'améliorer nos connaissances.
Évidemment, c'est une décision importante que je tenais à vous communiquer aujourd'hui. Tout d'abord, puis je le répète, un, parce que nous avons des projets ou des intentions en provenance de certaines entreprises, autant du domaine gazier et pétrolier. Alors, on souhaitait que les règles du jeu, à partir d'aujourd'hui, soient claires, toujours en lien avec la décision prise par notre gouvernement le 8 mars dernier et par souci de cohérence, parce qu'avec la recommandation, les recommandations du BAPE, nous souhaitons qu'il y ait une seule façon de faire, une seule façon de faire pour toutes les activités gazières et pétrolières qui se retrouveront sur tout le territoire québécois et qui feront appel aux activités de fracturation. Alors, comme ça, à partir d'aujourd'hui, les règles du jeu sont claires pour tout le monde. Il n'y a pas deux poids, deux mesures; il y a une cohérence avec la décision qu'on a livrée le 8 mars dernier.
M. Chartrand (Yves): Je vois ici, Mme Normandeau, que, bon, évidemment, le projet Pétrolia et puis... là-dedans. C'est ce que je vois.
Mme Normandeau: C'est-à-dire que Pétrolia nous a signifié son intention de procéder éventuellement à des activités de fracturation sur le territoire d'Anticosti.
M. Chartrand (Yves): Donc, ils ne peuvent plus le faire maintenant?
Mme Normandeau: Effectivement. Ce qu'on dit, c'est que... ce qu'on dit à Pétrolia, à d'autres joueurs qui ont soit signifié des intentions, soit déposé une demande formelle au ministère, ce qu'on dit, c'est que dorénavant c'est le comité d'experts qui sera mandaté qui, lui, jugera s'il est pertinent d'autoriser vos travaux de fracturation, tout ça dans un seul et même objectif, c'est-à-dire d'autoriser... de nous permettre d'améliorer nos connaissances.
M. Chartrand (Yves): Il y a aussi le fameux gisement Old Harry là-dedans, si je ne me trompe pas.
Mme Normandeau: Dans le cas d'Old Harry, c'est autre chose, parce que, là, Old Harry, on est déjà en processus d'évaluation environnementale. Là, en passant, on parle ici des gisements non conventionnels, des gisements, donc, qui font appel à de la fracturation. On est dans le schiste, dans le pétrole de schiste et dans le gaz de schiste.
M. Chartrand (Yves): ...Juste... c'est marqué Corridor Resources, Anticosti, estuaire du Saint-Laurent, ce n'est pas ça? Ce n'est pas ça, le...
M. Plouffe (Robert): Il n'y a pas de fracturation dans Old Harry, c'est ça que vous dites?
Mme Normandeau: Il n'y a pas de fracturation dans Old Harry, effectivement. On est vraiment dans le domaine du non-conventionnel. Vous me permettez peut-être de préciser: Old Harry, c'est une autre dynamique, hein? On est en milieu marin, il y a un moratoire - alors, c'est une question très pertinente. Alors, ça me permet de dire que, là, ici, il s'agit, par souci de cohérence, d'améliorer nos connaissances pour toutes les activités liées au gaz ou au pétrole de schiste qui vont faire appel à des activités de fracturation. Parce que l'essentiel de la recommandation du BAPE, quelle est-elle? C'est de nous dire: Écoutez, on manque de connaissances au Québec pour toutes les activités liées au gaz, dans les basses-terres du Saint-Laurent, pour les gisements non conventionnels. Alors, ce qu'on dit, dans le fond, aujourd'hui, c'est qu'on étend dans le sens...
M. Plouffe (Robert): Mme Normandeau... Pourquoi vous avez pris cette décision, Mme Normandeau? Parce que les compagnies gazières se sont plaintes de ne pas être traitées équitablement par rapport aux compagnies pétrolières?
Mme Normandeau: Non, pas du tout. Un, par souci de cohérence avec la décision que nous avons prise le 8 mars dernier. On voulait éviter deux poids, deux mesures. Parce que, prenons l'exemple d'Anticosti, on sait qu'on est dans un contexte où il y a un potentiel de pétrole de schiste. Alors, pourquoi, dans le fond, appliquer une façon de faire pour le gaz de schiste dans les basses-terres du Saint-Laurent et appliquer d'autres règles pour le pétrole de schiste, alors qu'il faut faire appel à des techniques de fracturation dans les deux cas?
Alors là, les règles du jeu sont claires: on assure la cohérence avec la décision prise le 8 mars dernier et on s'assure, dans le fond, de créer les conditions qui nous permettraient d'améliorer nos connaissances. Mais, encore une fois, ce n'est pas le gouvernement qui va prendre cette décision d'autoriser ou non des activités, par exemple sur l'île d'Anticosti, c'est le comité d'experts qui va juger ou non la pertinence donc de donner une décision qui nous conduirait à des activités de fracturation.
M. Plouffe (Robert): Il pourrait accepter.
Mme Normandeau: Oui, tout à fait. Tout à fait. Mais il pourra accepter, toujours dans un seul et même objectif, c'est-à-dire d'améliorer nos connaissances.
Mme Lajoie (Geneviève): L'étude environnementale stratégique, en ce moment, elle est sur les gaz de schiste? Hein?
Mme Normandeau: Oui. En fait...
Mme Lajoie (Geneviève): Est-ce que, là, ça veut dire qu'elle va aussi couvrir le pétrole de schiste?
Mme Normandeau: Exact. C'est ça qu'on vous dit aujourd'hui.
Mme Lajoie (Geneviève): Elle est étendue au pétrole de schiste.
Mme Normandeau: Elle est étendue au pétrole de schiste puis elle est étendue à toutes les activités gazières et pétrolières qui feraient appel à de la fracturation et qui se retrouvent à l'extérieur du territoire des basses-terres.
M. Dutrisac (Robert): Y en a-tu?
Mme Normandeau: Gaspésie, Anticosti, Bas-Saint-Laurent peut-être, on ne le sait pas. Peut-être. Alors, dans le fond, par souci de cohérence, on prend cette décision, par souci aussi d'uniformiser la pratique.
Mme Lajoie (Geneviève): Est-ce que ça veut dire que l'étude environnementale pourrait être plus longue?
Mme Normandeau: Sincèrement, je ne peux pas répondre à cette question-là, c'est le comité d'experts qui va lui-même établir son devis, puis qui va nous signifier quelle est la durée dont ils ont besoin pour faire leur évaluation environnementale. Ce que mon collègue de l'Environnement a eu l'occasion de dire, c'est que généralement ça dure en 18 et 30 mois, ce type d'évaluation, puis on le vit actuellement avec le milieu marin.
Dans le cas du golfe Saint-Laurent, on va être rendu à peu près à deux ans assurément en 2012. L'estuaire, ça a été un peu plus court. Dans le cas de l'estuaire, on a coupé court, parce qu'on n'est pas allés en consultation publique, parce qu'on s'est dit: Les recommandations sont... les constats sont tellement évidents. Alors, ça prend généralement entre 18 et 30 mois.
M. Journet (Paul): Combien de puits? Est-ce qu'on est en mesure de chiffrer, le nombre de puits ou d'endroits où il y avait déjà des gens qui avaient manifesté leur intention de procéder à la fracturation?
Mme Normandeau: Bien là, actuellement, il y a 29 puits qui ont été autorisés dans les basses-terres du Saint-Laurent, pour 31 permis émis au total. Alors là, actuellement il n'y a qu'une seule demande formelle qui est adressée au ministère pour la Gaspésie, mais on a des intentions actuellement.
Par exemple, Pétrolia, c'est un dossier qui a été largement médiatisé, ont des intentions, mais ils n'ont pas encore déposé formellement de demande au ministère.
M. Journet (Paul): Vous avez eu seulement une demande en dehors des basses-terres.
Mme Normandeau: Exact. Exact.
M. Journet (Paul): Puis, à Pétrolia à Anticosti, est-ce que c'était seulement du pétrole de shale... de schiste?
Mme Normandeau: De schiste, oui.
M. Journet (Paul): Seulement.
Mme Normandeau: Il faut dire, maintenant, «schiste». On pensait qu'il fallait dire «shale», mais c'est «schiste», selon l'Office de la langue française. Finalement, le débat est clos et réglé, on revient à «schiste».
Des voix: ...
Mme Normandeau: C'est vrai. Non, c'est le cas.
M. Dougherty (Kevin): Le BAPE dit «shale».
Mme Normandeau: Non mais, le BAPE dit «shale», absolument, je suis tout à fait d'accord avec toi, Kevin, mais ma collègue responsable de l'Office de la langue française a bien pris soin de me remettre une décision de l'office. Mais enfin, bref, je vous le dis, parce qu'on revient à «schiste».
M. Dougherty (Kevin): J'ai une question sur le comité. Aujourd'hui, il n'y a pas de comité d'experts?
Mme Normandeau: Pas encore formé.
M. Dougherty (Kevin): C'est-à-dire, on peut faire de la fracturation maintenant, ou tout est en suspens à partir d'aujourd'hui?
Mme Normandeau: C'est une excellente question. C'est une excellente question. En fait, là, les entreprises savent à quoi s'en tenir à partir d'aujourd'hui, mais ce qu'on a dit comme gouvernement, c'est qu'on n'avait autorisé aucune activité de fracturation. Alors, même si, demain matin, il y avait une entreprise qui nous formulait une demande pour de la fracturation, il n'est pas question donc qu'on donne suite à cette demande-là, parce que maintenant il y a une nouvelle règle qui va s'appliquer, c'est un comité d'experts qui va juger de la pertinence ou non donc d'aller vers des activités de fracturation.
Mme Lajoie (Geneviève): Mme Normandeau, avez-vous parlé à M. Lucien Bouchard avant...
Mme Normandeau: Je ne lui ai pas reparlé depuis que vous m'avez posé la dernière... la dernière fois la question. Je ne lui ai pas reparlé.
M. Dutrisac (Robert): Mme Normandeau, vous vous êtes levée en Chambre, M. Charest aussi, pour dénoncer des crédits d'impôt pour accorder au forage, des crédits d'impôt. Est-ce que vous êtes contre? Est-ce que vous souhaitez l'abolition de ces crédits d'impôt là liés au forage ou même à toute activité minière?
Mme Normandeau: Bien, ce qu'on veut, c'est un régime de redevances le plus avantageux pour les Québécois. On a apporté des modifications au régime minier... au... en fait au régime de redevances au secteur minier l'année dernière. Ça va donner des résultats: un milliard de revenus anticipés, de redevances anticipées d'ici cinq ans. Là, il y a un budget demain. Notre collègue des finances, donc...
M. Dutrisac (Robert): C'était quoi, ce petit sourire?
Mme Normandeau: Non, mais, il y a un budget demain, vous allez peut-être en savoir davantage sur...
M. Dutrisac (Robert): ...sur la question des redevances...
Mme Normandeau: ...sur la question des redevances concernant le régime gazier.
M. Dutrisac (Robert): Mais vous êtes donc... j'en comprends que le régime de crédits d'impôt pour le forage, ça sera... vous ne souhaitez pas que ça soit aboli?
Mme Normandeau: En fait, ce que je vous dis... puis ça a toujours été ma ligne depuis le début, dès l'automne dernier, j'ai dit: Il faut changer les règles du jeu, il faut améliorer le système, à tous égards: sur le plan réglementaire, sur le plan législatif, sur le plan des redevances. Alors, notre collègue des Finances, mon collègue des Finances est allé cogner à la porte de l'Alberta, de la Colombie-Britannique, et là donc s'est employé avec ses troupes au ministère des Finances à voir comment on pourrait avoir un régime de redevance plus généreux. Notre régime date de la fin des années quatre-vingt, à une époque, finalement, où on ne savait même pas qu'on avait du gaz de schiste dans notre sous-sol.
Alors, c'est clair qu'il faut améliorer notre régime, puis il faut l'améliorer pourquoi? Un, pour qu'on en ait plus dans nos poches comme Québécois; deuxièmement, pour assurer à l'industrie de la prévisibilité dans le système des redevances, parce qu'une industrie... une entreprise qui souhaite... qui décide de venir investir au Québec, elle veut connaître les règles qui existent sur le plan fiscal, sur le plan réglementaire, sur le plan législatif. Alors, c'est dans cet esprit-là qu'on va travailler.
M. Chartrand (Yves): Je veux juste bien comprendre. Donc, dans le cas de l'estuaire du Saint-Laurent, ce que veut faire Corridor Resources, c'est...
Mme Normandeau: Dans le golfe. Dans le golfe, c'est ça.
M. Chartrand (Yves): Dans le golfe, ça, c'est une extraction traditionnelle...
Mme Normandeau: Exact.
M. Chartrand (Yves): ...donc qui n'est pas assujettie à ça.
Mme Normandeau: Exact. Bien, c'est parce qu'il n'est pas assujetti à ça, effectivement. Dans le cas du golfe, je le répète, on a une EES qui se termine en 2012.
M. Chartrand (Yves): ...
Mme Normandeau: Oui. Alors...
M. Chartrand (Yves): ...
Mme Normandeau: Exact, qui est déjà en marche dans le cas de Corridor Resources. Il faut que vous sachiez que Corridor Resources détient des permis en territoire québécois depuis 1998. Alors, compte tenu, évidemment, du moratoire... compte tenu du... - du «conflit», quel grand mot! - compte tenu du litige qui nous oppose avec Ottawa, le permis de Corridor Resources a été suspendu depuis 1998. En retour, ils doivent payer une rente annuelle pour conserver leur permis. Mais on s'emploie à régler ce litige, n'est-ce pas, avec Ottawa depuis 12 ans, 13 ans maintenant.
M. Pépin (Michel): Et justement il y a une... il y a une élection possible à Ottawa, là. Est-ce que vous ne craignez pas que...
Mme Normandeau: Rumeurs. Rumeurs.
M. Pépin (Michel): Oui, rumeurs assez... bon, assez sérieuses quand même. Est-ce que...
Mme Normandeau: Avez-vous posé la question à M. Harper aujourd'hui? Il était à Québec.
M. Plouffe (Robert): Est-ce que le chef l'a rencontré, madame...
Mme Normandeau: Pardon?
M. Plouffe (Robert): Est-ce que votre chef l'a rencontré?
Une voix: ...
M. Pépin (Michel): Est-ce que vous ne craignez pas que ça retarde, justement, le règlement de ce litige, comme vous dites?
Mme Normandeau: Non, pas du tout. Les négociations vont très bien. Les négociations vont très bien.
M. Dutrisac (Robert): Il en avait été question entre M. Charest et M. Harper?
Mme Normandeau: Peut-être, je ne connaissais pas l'ordre du jour, je ne connaissais pas l'ordre du jour, mais peut-être. Non, c'est un dossier qui va très, très bien.
M. Harper lui-même a dit, lors de son dernier passage à Terre-Neuve, qu'il est tout à fait disposé à convenir d'une entente administrative avec le Québec, comme le gouvernement fédéral avait convenu d'une entente avec Terre-Neuve et la Nouvelle-Écosse.
M. Pépin (Michel): Mais il y a toujours un risque de changement de gouvernement, là, quand il y a des élections, donc...
Mme Normandeau: Ah oui! Mais évidemment, moi, ce que je souhaiterais, c'est qu'on puisse régler cette question-là avant un éventuel, peut-être, possible scrutin fédéral.
M. Pépin (Michel): Bien, c'est pour ça que je vous pose la question. Est-ce qu'il y a une possibilité qu'il y ait un règlement à très court terme, avant la tenue d'une élection?
Mme Normandeau: Bien, en fait, j'ai toujours... j'ai toujours été prudente quant à l'échéancier avec lequel on travaillait. Ce que je peux vous dire cependant, c'est que ça n'a jamais été si bien, ça n'a jamais été aussi bien sur la question d'Old Harry avec Ottawa. Parce que, là, on ne fait pas juste se parler, on ne fait pas juste jaser, là, ce qu'on fait aujourd'hui, c'est: On négocie; nos équipes de négociation sont à la table, et on négocie très activement.
M. Dutrisac (Robert): Ça va encore mieux que lorsque vous avez dit que ça... ça n'a jamais été aussi bien...
Mme Normandeau: Oui, parce qu'à l'époque...
M. Chartrand (Yves): Ça va finir par un mariage!
Mme Normandeau: C'est ce qu'on souhaite, c'est ce que je souhaiterais bien, un mariage avec Ottawa sur la question d'Old Harry, sincèrement, je le souhaiterais, mais je suis vraiment confiante.
M. Plouffe (Robert): Mme Normandeau, si vous le permettez, j'aimerais revenir sur l'annonce d'aujourd'hui. Dites-moi pourquoi, lorsque M. Arcand a fait l'annonce avec le BAPE, pourquoi il n'e l'a pas annoncé immédiatement? Êtes-vous en fracture avec M. Arcand, ce qui fait en sorte qu'on vous a gardé une petite annonce pour vous?
Mme Normandeau: Non, non, pas du tout, rassurez-vous. Je suis plutôt... je suis plutôt en communion avec mon collègue de l'environnement. Je suis condamnée à la communion avec lui. Non, je fais... je fais les blagues. On parle de mariage, de communion, de fracturation, là, c'est vraiment...
M. Plouffe (Robert): Mais pourquoi vous ne l'avez pas annoncé avant, là? Pourquoi nous arriver avec...
Mme Normandeau: C'est une bonne question, puis que j'anticipais, sincèrement. Bien, premièrement, notre collègue, mon collègue de l'Environnement a répondu à la principale recommandation du BAPE, qui recommandait une EES pour les territoires des basses-terres du Saint-Laurent. Alors, on a répondu à cette question-là.
Aujourd'hui, en fait depuis que cette décision a été prise, on s'est dit: Un instant! Il y a des intentions annoncées par Pétrolia, on a reçu une demande formelle, au ministère, de gazières qui souhaitent opérer des activités ailleurs que sur le territoire des basses-terres du Saint-Laurent. Alors, par souci de cohérence, on se dit: Il faut absolument s'assurer, dans le fond, d'avoir deux poids, deux mesures, d'avoir deux systèmes. Alors, c'est précisément pour cette raison-là que...
M. Chartrand (Yves): ...c'est arrivé après.
Mme Normandeau: ...que je confirme ça aujourd'hui. Puis, écoutez, voyez... il ne faut pas y voir d'intention, là, derrière. La question est légitime, mais il n'y a pas là de stratégie, d'astuce, là. C'est... ça arrive comme ça, puis c'est tout.
M. Pépin (Michel): Mais il y a Pétrolia qui veut exploiter en Gaspésie, là, qui...
Mme Normandeau: Anticosti.
M. Pépin (Michel): Oui. Il y a Anticosti, mais...
Mme Normandeau: Et en Gaspésie aussi.
M. Pépin (Michel): À Gaspé. Mais ça, il n'y a pas de fracturation, je suppose...
Mme Normandeau: Non.
M. Pépin (Michel): ...à Gaspé, hein, c'est bien...
Mme Normandeau: C'est-à-dire qu'actuellement ce qu'on vous dit dans le communiqué aujourd'hui, c'est qu'il n'y a pas d'activité de fracturation qui va être autorisée par le gouvernement, parce que le comité d'experts aura ce travail-là à faire.
M. Pépin (Michel): Je comprends bien. Ma question, c'est de savoir: Pétrolia, à Gaspé, est-ce que...
Mme Normandeau: Oui. Avec Haldimand, entre autres.
M. Pépin (Michel): Est-ce qu'il y a de la fracturation là ou pas du tout? C'est conventionnel?
Mme Normandeau: Non. Il n'y a pas de fracturation actuellement. Il n'y a pas de demande, c'est ça.
Journaliste: Mais acceptiez-vous la recommandation du rapport...
M. Pépin (Michel): Donc, c'est conventionnel?
Une voix: Oui.
Mme Normandeau: C'est-à-dire que... Vas-y, Sébastien, veux-tu?
M. Desrochers (Sébastien): Je dirais: Tant qu'on n'a pas de demande formelle de l'industrie, on ne peut pas présumer...
Mme Normandeau: ...si c'est conventionnel ou non.
M. Desrochers (Sébastien): ...de leur projet ou de ce qu'ils vont faire.
Journaliste: Mais c'est... c'est du schiste ou c'est conventionnel?
Mme Normandeau: Bien, là, on parle de quoi? De Gaspésie?
Journaliste: Oui. C'est ça.
Mme Normandeau: De Haldimand en particulier, parce qu'ils ont des... Alors, dans le cas d'Haldimand, on ne peut pas présumer si c'est du conventionnel ou non conventionnel parce qu'on n'a pas assez d'information actuellement pour le conclure.
M. Plouffe (Robert): Et est-ce que vous acceptez la recommandation de la page 202 du rapport du BAPE qui vous demande de récupérer le maximum pour les permis?
Mme Normandeau: Ah! Excellente question. Excellente question. Tout d'abord, on n'accepte pas la conclusion ou en fait l'hypothèse que soulève, je dirais... en fait, on n'accepte pas la conclusion à laquelle arrive le BAPE quant au chiffre de 5 milliards. Pourquoi? Parce que le Québec n'est pas l'Alberta. Et, là-dessus, là, le BAPE, là, vraiment a fait complètement fausse route. Pourquoi?
Parce que, un, en Alberta, il y a 15 000 puits actuellement qui ont été autorisés dans le domaine gazier et pétrolier. Au Québec, 29. L'Alberta est dans... l'exploitation gazière et pétrolière depuis maintenant plus de 50 ans. Ils en ont fait une industrie, il y a des activités, évidemment, c'est bien organisé, alors ça n'a rien à voir avec le Québec. Et le fait d'aller chercher 500 $ l'hectare, ça, ça a été possible par appel d'offres, ça a été possible parce que le sous-sol était connu, le potentiel était connu, ce qui n'est pas le cas au Québec.
Le potentiel au Québec, malgré le fait qu'on fait un peu d'exploration depuis 2006 - je dis bien «un peu» parce que 29 puits depuis 2006, là, comparés aux 15 000 puits de l'Alberta, c'est deux mondes complètement - le potentiel au Québec demeure encore théorique. Exemple concret, le Nouveau-Brunswick est allé en appel d'offres dernièrement pour le potentiel... son potentiel gazier. Ils ont obtenu 0,03 $ l'hectare. Au Québec, on en demande, pour la première année, là, pour les exigences liées aux travaux obligatoires, 0,10 $ l'hectare.
Ce qu'on convient par contre, c'est qu'il faut effectivement améliorer le régime. Mais jamais le Québec n'aurait pu aller chercher le 500 $ l'hectare auquel réfère le BAPE. Le BAPE, là-dessus, a complètement erré. Ils sont partis d'un scénario... ils ont comparé des pommes avec des oranges, finalement.
M. Chartrand (Yves): Vous extrapolez... Ce sont les arguments pile-poil de Lucien Bouchard, ça.
Mme Normandeau: Les arguments?
M. Chartrand (Yves): Les arguments pile-poil de Lucien Bouchard.
Mme Normandeau: Non, mais, la réalité, elle est là. Factuellement parlant, là, si on compare les deux systèmes, les deux provinces: Alberta, 15 000 puits forés, ils font du... en fait, le premier puits a été creusé en Alberta en 1914. Ça fait plus de... ça fait 60 ans qu'ils sont dans l'exploitation gazière et pétrolière. Au Québec, on commence à peine à faire des activités d'exploration, on connaît à peine notre potentiel. Le potentiel, il est théorique, au Québec, encore. Même chose qu'au Nouveau-Brunswick. Ils commencent tranquillement donc à s'intéresser à la filière gazière. Alors, c'est complètement ridicule de penser que le Québec aurait pu aller chercher 500 $ l'hectare.
L'Alberta peut le faire, même chose que B.C., parce qu'ils connaissent très bien leur sous-sol. Et, chaque fois, et à la fois l'Alberta et B.C., chaque fois qu'ils sont allés en appel d'offres, ils ont obtenu les enchères les plus importantes parce que le potentiel était...
M. Chartrand (Yves): ...assuré.
Mme Normandeau: ...assuré, effectivement. Ça va? Merci beaucoup.
(Fin à 16 h 37)