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Point de presse de M. Harold LeBel, porte-parole du troisième groupe d’opposition pour les aînés et les proches aidants, et en matière de maintien à domicile

Version finale

Thursday, December 10, 2020, 13 h 15

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Treize heures quinze minutes)

Le Modérateur : Bonjour à tous. Bienvenue à ce point de presse du Parti québécois. Va s'adresser à vous aujourd'hui M. Harold LeBel, porte-parole en matière d'aînés et proches aidants, en réaction au rapport de la Protectrice du citoyen. M. LeBel, la parole est à vous.

M. LeBel : Merci. Je pense que ça vaut vraiment la peine de revenir sur ce rapport-là, puis le rapport est rendu public. Il est accessible pour tout le monde. Ce que je voudrais, c'est que tous les intervenants, les gens concernés puis la population... d'aller lire le rapport, d'aller voir ce qu'il y a dans ce rapport-là.

Moi, ce qui m'a touché le plus, c'est quand la Protectrice du citoyen fait parler les gens du réseau, fait parler le personnel, fait parler les patients et les directeurs. Ce qu'on entend, ce qui est écrit dans ce rapport-là, donne froid dans le dos. On savait que ça avait été difficile dans les CHSLD. Mais on sait comment c'est fait, là, les nouvelles vont vite, puis on oublie des fois un peu trop rapidement. Mais, quand j'entends dire qu'il y avait des directives puis on disait à des aînés : Allez dans votre chambre, interdit de sortir, on va vous attacher, ça, moi, quand j'entends ça ou quand je dis... J'entends qu'il y a du personnel qu'il a fallu qu'il choisisse… parce qu'il manquait de monde, il manquait d'équipement, il fallait qu'il choisisse entre deux patients en détresse respiratoire. Imaginez, la personne doit choisir entre deux patients qui étaient en détresse. «J'ai vécu l'horreur à force d'assister au décès d'autant d'usagers auxquels j'étais attaché.» C'est des commentaires qui sont dans le rapport, qu'il vaut la peine de rappeler parce qu'il ne faut jamais, jamais oublier ce qui s'est passé au printemps passé.

C'est un rapport préliminaire. La protectrice propose différentes pistes de solution pour un premier rapport. Ce que le gouvernement doit faire maintenant, c'est d'agir maintenant parce qu'on est toujours en pandémie. Il se passe toujours des choses incroyables, puis qu'on ne doit pas accepter, dans nos CHSLD. Ça fait qu'il faut agir maintenant. Il y a des pistes de solution qui sont proposées par la protectrice. Il faut y aller. Mais moi, je me dis aussi qu'on ne pourra pas passer à côté d'une enquête publique, une enquête qui va permettre à tout le monde de voir, de savoir puis d'entendre les témoignages de gens qui ont vécu cette pandémie-là. Je ne dis pas que l'enquête doit partir demain matin. Le gouvernement doit agir maintenant à donner des services, mais on ne passera pas à côté d'une enquête publique.

Ce matin, j'ai posé la question parce que je savais que le gouvernement allait me dire que la Commissaire à la santé allait faire son enquête, une enquête indépendante, puis tout ça. Mais la commissaire, ce n'est pas une enquête publique qu'elle fait, la Commissaire à la santé, c'est une enquête privée, opaque. J'ai demandé… Bon, si j'avais, moi, à participer à son enquête, il faut que je signe un formulaire, un formulaire de consentement qui m'oblige à ne rien dire de ce que je vais entendre lors de la... avec la commissaire ou ce que je pourrais entendre lors d'audiences, de groupes de travail. Je ne pourrais pas rien dire. Je ne pourrais pas rappeler... vous en parler. Tout ce que je pourrais vous dire, c'est ce que moi, j'ai pu dire, et, si j'entends des choses, je ne pourrais pas rien vous dire. C'est opaque, vraiment opaque. C'est l'inverse de la transparence.

Et ça, ce matin, j'ai posé la question, et le ministre semblait être surpris qu'il ne connaissait pas le formulaire en question. Mais la ministre Sonia LeBel, puis je comprends, là, elle s'est levée un peu, elle a dit : Il faut trouver une réponse, puis tout ça. Elle me parlait d'une enquête publique, que ces formulaires de consentement là, c'est pour des enquêtes publiques qu'ils peuvent être signés, que c'est dans la normale. Mais je rappelle que, là, je ne parle pas d'une enquête publique, c'est privé. Une enquête de la Commissaire à la santé, c'est privé. Ça va se faire derrière des portes closes. On ne saura jamais qu'est-ce qui va sortir de là, sauf par la bouche de la commissaire.

Je rappelle que tout ce que la Protectrice du citoyen dit aujourd'hui, tout ce qu'on entend sur le terrain comme députés nous amène à nous dire qu'il faudra... On ne pourra jamais, jamais passer à côté d'une enquête publique. Aïe! On a fait des enquêtes publiques dans des drames qui étaient arrivés. On parle… Au viaduc de la Concorde, à Laval, il y a eu une enquête publique là-dessus. On parle de 4 000 morts, là, ici, 4 000 décès. On ne pourra pas passer à côté d'une enquête publique. Ça va venir un jour ou l'autre. On ne lâchera pas le morceau. C'est important pour qu'on sache la vérité. Et ce n'est pas l'enquête de la commissaire… En nous faisant signer des formulaires de consentement pour qu'on garde le secret, ce n'est pas par là qu'on va donner la vérité aux gens. Merci.

Le Modérateur : On va prendre les questions.

M. Lavallée (Hugo) : Oui. Concernant une enquête publique, ce matin, la question a été posée à la Protectrice du citoyen, puis elle a dit que... Bon, elle ne se prononçait pas sur le fond, sauf qu'en même temps elle disait : Il y a aussi des avantages à faire une enquête de manière privée, les gens se confient à nous plus facilement. Il n'y a pas la pression, là, d'être devant 1 000 avocats à la télé. Est-ce que ça n'a pas un bienfait, justement, de ne pas avoir une enquête publique, d'une certaine façon?

M. LeBel : Bien, si je vois... la commission Charbonneau, c'était public, mais il y avait des gens qui ont témoigné à huis clos. Ça fait que ça peut se faire, des témoignages à huis clos. Ça se peut. Une enquête publique n'empêche pas ça. Si les gens veulent témoigner, mais ils ne veulent pas paraître à la télé ou ils ne veulent pas que leurs témoignages soient rendus publics, qu'on puisse les identifier, ça se fait. Il y a moyen de le faire. Mais il faut quand même que l'enquête, fondamentalement, soit publique.

M. Lavallée (Hugo) : Bon, outre l'aspect de l'enquête publique, quand on voit le rapport, il y a des conclusions… enfin, des recommandations préliminaires qui sont faites pour inciter le gouvernement à agir dans l'immédiat. Avez-vous le sentiment que les correctifs qui devaient être mis en place immédiatement l'ont été de manière satisfaisante à ce jour?

M. LeBel : Bien, je pense, pour la gestion des CHSLD, ça se fait sur le terrain, là. Ils ont voulu rapprocher les décideurs des CHSLD. Ça, je pense qu'ils ont compris. La protectrice le propose, mais le gouvernement avait déjà compris ça, il avait... le processus est commencé. Où je trouve que c'est moins facile, c'est par rapport aux directives. C'est encore très compliqué, les directives qui sont envoyées sur le terrain. Par où ça passe, comment elles sont comprises, les directives, ça, c'est encore très, très compliqué.

Je pense à... Je le dis souvent, là, on dit CHSLD, mais il y a trois sortes de CHSLD, tu sais, il y a les privés, les privés subventionnés, les publics. Souvent, les directives ne sont pas comprises de la même façon dans les trois. Il y a les RPA par-dessus, il y a trois, quatre sortes de RPA. Et on envoie les directives toujours un peu de la même façon, mais vous comprenez que, dépendamment des aînés qui sont là, autonomes, semi-autonomes, les directives sont comprises différemment, ce qui fait en sorte qu'il y a des aînés en forme qui pourraient aller marcher un peu puis se garder en forme, mais qu'ils sentent que, s'ils suivent la directive, ils ne peuvent pas sortir, il faut qu'ils restent… Et c'est ça qui est tout croche depuis le début, puis je ne suis pas sûr que ça s'est beaucoup amélioré.

M. Lavallée (Hugo) : Sinon, on voit beaucoup, à travers le rapport, qu'il semble y avoir une méconnaissance de la part des autorités gouvernementales de ce que c'est, un CHSLD, comment ça marche, c'est quoi, les limites de l'organisation. Qu'est-ce que ça vous dit sur, justement, la manière, au Québec, dont on perçoit les CHSLD? Donc, on ne les a peut-être pas vraiment valorisés non plus ces dernières années?

M. LeBel : Bien, la protectrice parle d'angle mort. Les CHSLD, c'est clair, on a... Depuis le début de... Dans les années 70, quand les CHSLD sont arrivés, on parlait de milieux de vie. Ça fait que ça a évolué, mais la clientèle s'est alourdie. Les gens étaient plus vieux, plus malades, dans les CHSLD. On a créé d'autres formules, mais on ne s'est jamais donné une vraie vision puis on est toujours restés dans la logique de l'hébergement.

Ça fait que, comme je vous dis, il y a une douzaine de sortes d'hébergement. Et là ce que le gouvernement a fait, puis le projet de loi n° 66 va l'accélérer, on rajoute un autre niveau d'hébergement avec les maisons des aînés. Ça fait qu'on est toujours dans cette logique-là. Pourtant, on voit que ce n'est pas la bonne logique. C'est le maintien à domicile… Il faut aller vers le maintien à domicile. C'est ça qu'il faut investir…

Moi, en général, ce que je pense, c'est qu'on n'a pas de vision. On ne s'est pas donné de vision sur le vieillissement de notre population. On a une des populations qui vieillit le plus, au Québec, dans le monde, mais on ne s'est pas jamais... On ne s'est jamais arrêtés pour dire : Comment on fait pour adapter notre société au vieillissement de la population? Il y a des gens qui ont signé une lettre, récemment, là, qui demande une conversation nationale sur le vieillissement.

Moi, il y a quelques années déjà, deux ou trois ans, j'ai proposé des états généraux sur le vieillissement. C'était appuyé par plusieurs groupes, dont la FADOQ. Le gouvernement, à l'époque, avait refusé. Je l'ai ramené avec le nouveau gouvernement, on refuse. C'est sûr que maintenant, pendant la pandémie, ça serait compliqué, mais il faudra y arriver : conversation nationale, états généraux. Mais c'est sûr qu'il faut s'arrêter pour savoir comment on traite nos aînés au Québec, puis quelles sortes de milieux de vie qu'on leur offre, puis comment qu'on peut s'adapter au vieillissement de la population.

M. Lavallée (Hugo) : Ça fait que, dans le fond, le problème est beaucoup plus profond que juste...

M. LeBel : Ah oui! On l'a vu pendant la pandémie, moi, ce que j'ai vu ce printemps, puis ce qui continue, c'est beaucoup d'âgisme. Des aînés marchaient dans la rue, ils se faisaient regarder de travers. Des aînés allaient à l'épicerie, les gens disaient : Tu n'as pas d'affaire ici. C'est comme si c'étaient les aînés qui portaient le virus, et ce n'est pas le cas.

Ça fait qu'il y a eu... Par rapport à ce que les aînés ont vécu cette année, en 2020, là, il ne faudra jamais, jamais oublier ça. Puis il faudra s'ajuster pour l'avenir parce qu'il va y en avoir de plus en plus. Chez nous, une personne sur quatre a 65 ans et plus, au Québec, ça va être dans 10 ans. Ça fait que c'est sûr qu'il y a un processus. Ça fait que, là, si on ne s'arrête pas, puis on ne réfléchit pas à ça, puis on se dit : Qu'est-ce qui s'est passé pendant la pandémie, comment on corrige ça puis comment qu'on s'assure qu'il y aura une qualité de vie pour nos aînés au Québec… Moi, c'est fondamental, c'est un projet de société. C'est fondamental, mais actuellement on ne pose pas trop la question, puis c'est désolant.

Le Modérateur : Merci.

M. LeBel : Merci.

(Fin à 13 h 25)

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