(Huit heures vingt-huit minutes)
M. Arseneau : Merci. Bien,
aujourd'hui, au Parti québécois, on aimerait ça remercier plusieurs personnes
et des gens de nos régions qui, pendant la pandémie, arrivent à observer les
consignes sanitaires, et ça donne des résultats. Je pense à la Côte-Nord, les
gens de la Côte-Nord, les gens du Nord-du-Québec, de l'Abitibi-Témiscamingue,
des Îles-de-la-Madeleine évidemment, du Bas-Saint-Laurent, de la baie des Chaleurs,
de l'Estrie aussi. Dans le discours gouvernemental, on parle beaucoup, ces
derniers temps, du Québec comme s'il était entièrement au rouge, alors que
plusieurs régions ont observé, de façon stricte, les règles des zones jaune ou
des zones orange, et ça donne des résultats.
Je pense qu'il faut capitaliser sur des
résultats positifs comme ceux-là pour pouvoir donner une lueur d'espoir aux
Québécois en général, et, de la même façon, il faut que le gouvernement
poursuive dans sa logique, celle qu'il avait présentée le 8 septembre
dernier avec le fameux code de couleurs.
On sait que la couleur verte est à peu
près disparue des écrans radars. Certaines régions demeurent au jaune, d'autres
ont basculé au orange ou encore au rouge, mais certains constats sont faits,
dans plusieurs régions, où l'heure est peut-être venue... est sûrement venue,
en fait, compte tenu du constat épidémiologique, de la transmission
communautaire ou de la capacité du réseau de ces régions, d'être rétrogradées
soit du rouge au orange ou du orange au jaune.
Le gouvernement, en lançant, donc, son code
de couleurs, disait qu'il voulait responsabiliser les Québécois. Dans plusieurs
régions, ça fonctionne, et le message n'est pas entendu à Québec. On a
l'exemple de la baie des Chaleurs, où, dans la MRC d'Avignon, on a trois
municipalités ou trois... trois municipalités, oui, qui ont basculé au rouge,
alors que l'ensemble de la région est au orange. On a donné à peu près deux
semaines, là, pour rétablir la situation et on a contenu la propagation de la
COVID-19. Maintenant, évidemment, les élus locaux, les citoyens, même le
directeur régional de la santé publique recommandent que l'on puisse
rétrograder ces villes-là et la MRC à la couleur orange. Mais là il y a des
délais qu'on ne comprend pas. Alors, on demande au gouvernement d'être logique
dans son approche et de récompenser les régions et les citoyens qui ont réussi
à contenir la propagation de la COVID-19
C'est exactement le même cas pour les Îles-de-la-Madeleine.
Depuis maintenant près d'un mois, après avoir basculé du vert au orange, bien,
il n'y a plus aucun cas, aucun cas actif, on a contenu entièrement la
propagation. Les gens demandent que l'on révise le code de couleurs. Et le
directeur régional de la santé publique, lui également a fait la
recommandation. Et ce qu'on comprend, c'est qu'il y a une table de concertation
des directeurs régionaux de santé publique qui discutent de ces questions-là,
de recommandations sont faites et sont transmises au cabinet du Conseil exécutif,
et c'est là que ça bloque.
Alors, encore une fois, on a de la
difficulté à voir qui prend les décisions lorsqu'il est question de santé
publique. Si les recommandations sont faites par la santé publique, par la
table des directeurs régionaux et que c'est le politique qui décide ou non de
modifier le code de couleurs de ces régions-là, on a un problème. On a un problème
de cohérence de la part du gouvernement et on a aussi encore une fois un problème
de transparence. Si les données scientifiques, si les données probantes sur le
terrain sont à l'effet qu'on doit restreindre les mesures sanitaires ou revenir
à une apparence de normalité, eh bien, on doit le faire puis on doit le faire
en temps utile.
Maintenant, il y a également la question
des zones orange où l'on voit qu'à plusieurs égards les restaurateurs, les gens
du monde du spectacle, les tenanciers de bar et de gym, par exemple, se voient un
peu plongés dans le même marasme économique que s'ils étaient en zone rouge
parce que le message global qui est envoyé par le gouvernement, c'est : Ne
sortez pas, n'allez pas au restaurant, et ainsi de suite. Et c'est particulièrement
le cas dans la région de mon collègue Harold LeBel, du Bas-Saint-Laurent, là,
j'aimerais ça qu'il puisse commenter là-dessus et aborder son propre sujet sur
les aînés.
(Interruption)
M. LeBel : Ça va?
Une voix
: ...
M. LeBel : Moi, effectivement,
chez nous, c'est une zone orange. Puis les gens, chez nous, les gens du CISSS
ont appris à deux heures d'avis, là, qu'ils tombaient de jaune à orange.
On voit qu'il y a des décisions qu'on ne sait pas trop si c'est politique ou de
la Santé publique. Bref, on est orange, et les bars et les restaurants sont
ouverts, et on est en train de se mobiliser, là, les municipalités, les maires,
les chambres de commerce avec les restaurateurs parce que le message qu'on
entend, c'est : Restez chez vous, restez chez vous, restez chez vous, mais
ces restaurants-là ont investi beaucoup d'argent. C'est très... Les gens
peuvent aller là, c'est très bien géré, très bien fait. Mais là, présentement,
ils n'ont pas de clients, ils n'ont pas rien, puis ils n'ont pas l'aide de
l'État qui vient compenser, ça fait qu'ils sont perdants. Un restaurateur me
disait : Moi, j'aimerais ça, faire de la publicité pour dire aux
gens : Venez chez moi, tout est... j'ai investi beaucoup dans les protections,
tout est correct, c'est safe, venez chez moi, mais, à chaque matin, ce que
j'entends à la radio, c'est : Restez chez vous, restez chez vous, restez
chez vous. Ça fait que tant qu'à ça, je vais fermer, mais il faudrait que le gouvernement
compense.
Ça fait qu'il y a ça, vraiment, chez nous,
là. Puis, en même temps, c'est un lien avec la santé mentale. Moi, je dis aux
gens : Vous pouvez aller dans ces restaurants-là dans ma région, vous
pouvez aller, là, luncher avec votre conjoint, votre blonde, vous pouvez, là,
ça va vous faire du bien puis c'est correct, là, d'y aller, ils sont ouverts.
Mais, pour l'instant, le message qu'on martèle tout le temps, c'est de
dire : Restez chez vous, restez chez vous, puis ces restaurateurs n'ont
plus rien. Ça fait qu'à un moment donné il faudra être... Si c'est ce
message-là qui passe, bien, qu'on compense les restaurateurs ou qu'on compense,
parce que sinon, ils vont être en pleine faillite en janvier, ça, c'est
certain.
Moi, je veux vous parler rapidement, là,
de soins à domicile. Je vous le dis souvent, là, il y a plusieurs articles dans
LaPresse, là, qui ont soulevé cette situation-là, le fait
que, dans 10 ans, il y a une personne sur quatre qui va avoir 65 ans
et plus puis qu'on ne se prépare pas. Je vous le dis encore, chez nous, dans le
Bas-du-Fleuve puis en Gaspésie, c'est la même affaire, on est déjà là. C'est
une personne sur quatre qui a 65 ans et plus. Il y a des villages, la
moitié du village a 65 ans et plus. Il y a des villages que plus que la
moitié puis la moitié de ces gens-là vivent sur le Supplément au revenu. Ça
fait qu'imaginez l'impact que ça peut avoir dans ma communauté.
Puis je trouve ça irresponsable de ne pas
réfléchir à ça, de ne pas y penser et de ne pas se préparer, et c'est
complètement fou. Je ne dirai pas criminel, mais ce n'est pas loin. Je vais
vous dire, il faut regarder un peu d'avance. Chez nous, il y a un an, j'ai
préparé — puis Thomas va vous l'envoyer — un colloque, là,
sur bien vieillir dans ma circonscription, dans Rimouski-Neigette, pour
préparer un peu ça, voir comment... c'est quoi les problèmes. Quand on parle de
soins à domicile, ce n'est pas juste les soins des personnes, c'est aussi
l'aménagement du territoire, c'est les services de proximité, c'est
l'organisation des rues, l'organisation de la vie dans la ville, dans les
villages. C'est gros, ce chantier-là, et personne n'a un leadership ici, dans ce
gouvernement-là.
Aujourd'hui, là, on va adopter la loi sur
les proches aidants avec la ministre Blais. C'est très bon, on est
contents, on va l'appuyer puis c'est un beau moment pour elle, puis vraiment,
très content. On sait qu'elle a assumé un leadership là-dessus. Sur les maisons
des aînés, on n'est pas d'accord avec cette affaire-là, mais on reconnaît que
le gouvernement a assumé un leadership, là. Dans le projet de loi n° 66,
il va toutes les... elles sont toutes là, les maisons des aînés, mais sur le
maintien à domicile, qui a ce leadership-là dans ce gouvernement-là? Personne.
Et j'ai l'impression que la ministre, là, avec sa loi sur les proches aidants,
elle vient de faire son bilan politique : J'ai réglé... je suis venue en
politique pour ça, c'est fait, bravo! Je passe à autre chose. Bien là, oui,
oui, mais il reste d'autre chose à faire. Les proches aidants, c'est correct, mais
le soin à domicile, qui prend ça? Qui a une vision? Personne n'a une vision
là-dessus, actuellement.
Au Québec, là, on est les enfants pauvres
de l'investissement dans le maintien à domicile. La France, la Suède, le
Danemark mettent beaucoup plus que nous autres dans le maintien à domicile, et
nous, on n'est pas là pantoute. Et ce qu'on veut faire, nous, c'est brasser un peu
la cage, dire au gouvernement : Identifiez qui dans votre gouvernement,
là, va prendre ça en charge, va assumer le leadership. On dépose aujourd'hui un
mandat d'initiative pour que la Commission de la santé et des services sociaux
se saisisse de ce dossier-là. On a besoin d'un mandat clair et on va continuer,
je vous le dis. Dans 10 ans, une personne sur quatre... Le Québec va être
différent. Si on ne se prépare pas là, aujourd'hui, c'est complètement
irresponsable. Merci.
M. Laforest (Alain) : M.
Arseneau, si je reprends et je résume votre laïus du début, là, le code de
couleurs, c'est du grand n'importe quoi.
M. Arseneau : Bien, le code de
couleurs, on semble l'avoir abandonné, du côté du gouvernement. Est-ce que
c'est n'importe quoi? En fait, il ne semble plus être le guide pour le gouvernement,
qui souhaitait au départ, on le rappelle, responsabiliser les gens, les
mobiliser, les mettre dans le coup en disant : Si vous vous comportez de
façon adéquate, si vous respectez les consignes, on va passer au travers, on va
casser la deuxième vague. Et là aujourd'hui il y a des localités, il y a des
régions qui sont à succès qui ont des résultats positifs, et le signal ne vient
pas de la part du gouvernement qu'ils peuvent maintenant être, entre
guillemets, récompensés.
Alors, moi, j'appelle effectivement le gouvernement
à revenir sur les bases du système, qu'on avait salué au moment où il a été mis
en place, mais qu'il le peaufine, qu'il arrive aussi avec un certain nombre
d'indicateurs qui permettront aux citoyens de dire : Voici l'objectif à
atteindre, et, une fois qu'on aura atteint cet objectif-là, bien là, on pourra
revenir à une vie plus normale.
M. Laforest (Alain) : ...premier
ministre ne cesse de dire, dans ses conférences, de presse là : Abaissez
la courbe, on va lever des consignes. Et là ce que vous dites, dans votre
région, ça ne se passe pas.
M. Arseneau : Exact.
M. Laforest (Alain) : Donc,
c'est n'importe quoi.
M. Arseneau : Bien, c'est
n'importe quoi, et d'ailleurs ce qu'on peut dire, c'est que, dans 28 jours,
là, puisque le gouvernement semble confiant qu'à avoir doublé le défi de 28 jours
à 56 jours on va réussir à avoir des gains, c'est quoi, le plan de match
pour ce nouveau déconfinement? Ce sera quoi, le plan de match de
rétablissement, et est-ce qu'on va y aller de façon panquébécoise? Est-ce qu'on
va y aller de façon graduelle, région par région? Est-ce qu'on va commencer, au
gouvernement, à faire un peu comme à l'été, là, développer une campagne
marketing et dire : On va y aller, là, ça va être les 10 jours
précédents la Noël, et on va y aller région par région en distribuant les
cadeaux, vous vous êtes bien comportés, la situation s'est améliorée selon
notre point de vue, selon nos indicateurs, sans qu'on en ait parlé à quiconque,
sans qu'on puisse véritablement comprendre la logique, et là qu'on fasse une
tournée des régions en disant : Maintenant, vous êtes libérés des
contraintes sanitaires, on y est arrivé. Ça, c'est dans le scénario idéal,
c'est Noël.
Nous, on ne veut pas arriver à une situation
comme celle-là. On pense que le gouvernement... Il a 28 jours. Le défi de
28 jours, là, qu'on lance au gouvernement, c'est de clarifier les
indicateurs, de clarifier les critères puis d'arriver avec un plan de match
pour le rétablissement et le présenter à la population pour qu'il soit compris
puis qu'il soit sur la base de la logique qu'on avait déposée au départ, celle
de l'effort citoyen, de la responsabilité citoyenne, mais qui peut donner des
résultats et qui peut aussi être reconnue par le gouvernement comme tel.
M. Bélair-Cirino (Marco) : Est-ce
que le maintien des municipalités dans la MRC d'Avignon toujours en zone rouge,
malgré des progrès importants, là, depuis les éclosions, est guidé, selon vous,
par des considérations essentiellement politiques?
M. Arseneau : Bien, on ne le
sait pas. Ce qu'on sait, c'est que les élus locaux s'entendent pour demander
des comptes au gouvernement, de demander que, puisque les résultats sont
positifs, qu'on modifie les couleurs. Et puis ça a un impact, là, évidemment,
sur la vie sociale et sur la vie économique des régions.
Mais ce qu'on sait aussi, c'est que le directeur
régional de la santé publique est d'accord avec eux. On sait que la
recommandation a été faite, comme je vous le mentionnais tout à l'heure, à la
table de concertation, et que, là, il y a une hésitation, ou il y a un délai,
ou il y a un blocage, on ne le sait pas, mais c'est clairement à la table du
politique, c'est-à-dire au Conseil exécutif, qu'on ne semble pas vouloir
continuer dans la même logique qu'on avait précédemment.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Donc, c'est un exemple patent, selon vous, du gouvernement qui n'écoute pas la
science.
M. Arseneau : Bien,
absolument. L'autre exemple qui est encore plus clair, c'est celui des
Îles-de-la-Madeleine, qui est une région complètement éloignée, où, dès le
départ, on a dit, évidemment, le lien entre une éclosion à Gaspé ou dans la baie
des Chaleurs et les Îles-de-la-Madeleine, il est nul. Donc, évidemment, on va
considérer l'approche sous-régionale comme on l'avait présenté lors du code de
couleurs. On a eu une petite éclosion. Au total, depuis le mois d'avril, depuis
le mois de mars, on a eu 26 cas au total, dont à peu près 18 au début
octobre. Donc, on a basculé dans la zone orange, et tout ça a été contenu, le
système de santé n'a pas été débordé. En fait, il n'y a eu aucune
hospitalisation, c'est maintenant résorbé depuis presque trois... un peu plus
de trois semaines.
Et le ministre Dubé, encore hier,
disait : Habituellement, là, ce qui est important de regarder, c'est la
tendance. Et une fois que la tendance est à la baisse sur une période d'au
moins deux semaines, bien là, on peut dire que c'est mission accomplie. Depuis
trois semaines, c'est mission accomplie dans la région des Îles-de-la-Madeleine,
et on ne bouge pas. Donc, le gouvernement manque de cohérence. Puis
effectivement il y a des décisions politiques qui doivent être prises, puis… en
fait, idéalement, ce devrait être des décisions basées sur la science par la
Santé publique. Pourquoi soumettre cette recommandation-là au politique si, sur
le plan de la santé publique, les critères sont remplis?
M. Bergeron (Patrice) :
J'essaie juste de comprendre, là, pour ce qui concerne, par exemple, le
Bas-Saint-Laurent puis la Gaspésie. C'est-à-dire que vous trouvez que le
gouvernement passe trop de messages concernant la zone rouge, mais n'en passe
pas assez concernant les autres zones, puis concernant le fait que la vie est censée
revenir à la normale, puis qu'on devrait fixer d'autres objectifs? J'essaie
juste de résumer votre affaire, là, parce que...
M. Arseneau : Bien, en fait,
ce qu'on dit, c'est qu'à l'heure actuelle le gouvernement dit : Non, le
Québec n'est pas entièrement confiné. Sur la carte de couleurs qui est
présentée sur le site Web, c'est effectivement le cas, il y a des zones jaunes,
il y a des zones orange et il y a des zones rouges. On convient que la plus
grande partie de la population québécoise se situe dans la grande région de
Montréal et de Québec, en zone rouge. Mais, si le gouvernement veut lancer
enfin un message positif, il peut utiliser les exemples où on a eu des
résultats probants suite à la mise en place de certaines mesures sanitaires,
c'est ça qu'on veut dire.
En fait, d'une part, on peut encourager
les régions où les résultats étaient positifs et, d'autre part, parler aux gens
des zones rouges, en disant : Dans certains cas, dans des situations
géographiques particulières, dans les cas qu'on peut nommer, il y a eu des
résultats positifs, et c'est vers ça qu'on se dirige si on atteint tel et tel
objectif, à partir de tel et tel critère, tel et tel indicateur.
Actuellement, tout ce qu'on dit,
c'est : Attendons 28 jours, puis on verra. Et ça, pour nous, ce n'est
pas satisfaisant, puis ce n'est surtout pas motivant pour les gens, puis c'est
plutôt démoralisant, en fait. Puis on a parlé de santé mentale tout à l'heure,
ça a un impact effectivement.
M. LeBel : Donc, c'est très
clair, les restaurants chez nous, là... j'ai eu une rencontre avec la chambre
de commerce, vendredi dernier, les restaurants, ils ne comprennent pas. Le
matin, à la radio, le message, les conférences de presse du gouvernement,
c'est : Restez chez vous, tout le monde. Eux autres, les restaurants sont
ouverts, ils n'ont pas d'aide, contrairement aux zones rouges, ils n'ont pas
d'aide... Ça fait qu'il n'y pas de client qui va là, ça fait qu'ils se
disent : Tant qu'à faire, on va fermer, puis donnez-nous les subventions
parce qu'on est perdants. Et c'est ça...
M. Larin (Vincent) : ...il y a
des aides qui sont données à ces restaurants-là...
M. LeBel : En zone rouge, mais
en zone orange, il n'y a rien. En zone orange, il dit : Vous pouvez rester
ouverts, ça fait que restez ouverts. Mais le message qu'on martèle à la radio,
à la télé, aux citoyens : Restez chez vous, c'est comme si tout le Québec
était rouge. Tu sais, on est solidaires avec les gens qui sont en zone rouge,
mais dans le Bas-du-Fleuve, là, c'est zone orange, les restaurants sont
ouverts, ils accueillent des gens, c'est safe, c'est sécuritaire, tout est
correct. Allons les voir puis...
Mme Lévesque (Fanny) : Est-ce
qu'il y a d'autres régions? Là, on parle des Îles-de-la-Madeleine, de la
Gaspésie. Est-ce que vous voulez que le Bas-du-Fleuve, donc, revienne au jaune?
Puis est-ce qu'ailleurs vous avez d'autres exemples où on serait comme
surclassés, là?
M. LeBel : On est orange,
c'est correct, on accepte d'être orange, c'est certain. Puis on a compris, avec
les discussions qu'on a eues avec la Santé publique, même si on est proches de
la zone jaune, ils ne nous ramèneront pas dans la zone jaune, là, parce qu'ils...
Mais c'est correct. Mais au moins qu'on s'adapte à la zone orange, là. On a le
droit, les restaurants ont le droit d'être ouverts, les salles à manger sont
ouvertes. Ça fait que le message, il faut qu'il soit clair, puis là pour
l'instant il n'est pas clair. Ça fait que ces salles-là, personne ne va là
parce que le message qu'on martèle à la radio, à la télé, c'est : Ne
sortez pas. Ça fait que...
M. Arseneau : En fait, ce
qu'on veut lancer comme message, c'est qu'il est possible, malgré la crise
actuelle, de voir un certain nombre d'éléments positifs, et plutôt que de
continuer à avoir cette espèce de menace là qu'on est rouge, on va rester
rouge, à moins que... Puis on a un discours qui a tendance à blâmer les gens,
les récalcitrants, et tout ça. On se dit : Il y a certains endroits... Justement
les médias faisaient écho à la situation de l'Estrie, par exemple, qui est en
orange, mais entourée de rouge. Alors, c'est un exemple positif. Il y a
probablement une recette, là, qui peut être transposée. Qu'on en parle et qu'on
fasse miroiter aux gens, et aux régions, et aux gestionnaires du système de la
santé, et aux élus locaux que là où vous êtes, par exemple dans une région qui
est dans le rouge, mais que certaines MRC... Plutôt une région qui est dans
l'orange, mais certaines MRC ont basculé au rouge. C'est le cas dans la région
de l'Outaouais, c'est le cas dans les Laurentides, c'est le cas dans
Lanaudière, c'est le cas en Gaspésie. Partout où on a des îlots rouges dans une
zone orange, plutôt que d'utiliser le langage de la menace de basculer au
rouge, est-ce qu'on ne pourrait pas à l'inverse faire miroiter le fait que, si
on atteint un certain nombre d'objectifs avec des critères et des indicateurs
précis, que l'on va pouvoir améliorer la tendance? Et surtout qu'on prenne
exemple de ceux qui ont amélioré la tendance, mais qu'on leur donne ce qu'ils
demandent, c'est-à-dire qu'on fasse basculer.
Nous, on n'est pas experts en santé
publique. Les experts en santé publique, lorsqu'ils se prononcent, qu'ils font
des recommandations — on y revient, les recommandations puis les
avis — au gouvernement pour dire : Maintenant, les résultats
sont probants, agissons, bien, agissons rapidement. C'est le message d'espoir
que les gens veulent entendre pour continuer de respecter les règles sanitaires
parce que ça donne des résultats.
M. Larin (Vincent) : En
dernière question. Concernant l'Apollo, je sais que ce n'est pas vos dossiers
et vous... la région, on a payé très cher pour vendre ce bateau-là 1 $
finalement.
M. Arseneau : Bien, c'est
un désastre financier, écoutez, l'Apollo. Puis, oui, c'est mon dossier de transport.
Et on a vu depuis deux ans que la Société des traversiers du Québec avait
improvisé des solutions. Le péché originel dans ce dossier-là, là, celui de
l'Apollo, c'est d'avoir acheté un vieux rafiot destiné à la ferraille, sans
aucune inspection, pour le mettre en service entre Matane, et Baie-Comeau, et
Godbout, et, au bout de 11 jours de dysfonctionnement, on a décidé de
l'envoyer essentiellement à la casse. Mais, entre-temps, il a fait un détour
vers une certaine... un chantier de décontamination. On a encore dépensé de
l'argent pour... On voulait en faire un récif, et finalement, bien, le récif,
c'est le gouvernement qui l'a frappé en gaspillant 5,5 millions de dollars.
Et puis il a reçu 1 $ en retour pour l'envoyer aux ferrailleurs. Alors ça,
c'est l'héritage du gouvernement actuel. Dans ce dossier-là, il ne pourra pas
blâmer les gouvernements précédents. Et c'est un 5,5 millions de
gaspillage de fonds publics.
M. Larin (Vincent) :
Avez-vous l'impression que M. Bonnardel se lave les mains un peu de ce
dossier-là? En Chambre, quand on lui pose une question, il se lève le sourire
aux lèvres. Ça n'a pas l'air d'être son problème.
M. Arseneau : Bien, moi, je
vous avoue, j'étais au salon bleu hier et j'étais gêné de voir beaucoup de
députés sourire, même rire à la mention du terme «Apollo» et de ce désastre
financier. Combien de projets on pourrait mener à travers le Québec pour
5,5 millions de dollars? C'est un gaspillage éhonté. Et qu'on ose sourire
de cet état de fait, moi, ça m'a rendu extrêmement mal à l'aise devant les
caméras, là, devant les Québécois qui sont les contribuables qui assument la
facture de ce désastre-là.
M. Bergeron (Patrice) : Qui
se bidonnait dans la salle? Qui se bidonnait, là? Qui riait, là...
M. Arseneau : Vous irez voir
les images dans les archives de l'Assemblée nationale. Le ministre, au premier
chef, avait peine à garder son sérieux, et il y avait une certaine hilarité
chez plusieurs. Mais je ne nommerai personne.
Des voix
: ...
Le Modérateur
:
On passe en anglais, s'il vous plaît!
Mme Senay
(Cathy) : The gym owners...
M. Arseneau : Sorry, because some people are waiting for…
Mme Senay
(Cathy) : I have two questions. One. Gym owners are protesting... protest today... well,
tomorrow, instead of opening. The fact that the Legault Government was ready to impose fines and
will vote for this decree at the Cabinet meeting today... Is it, like, a threat
that was not necessary?
M. Arseneau : Well, it was not necessary. We never supported the threat of civil
disobedience. And I think they made the right decision. They have the right to
protest, they have the right to be heard, but they don't have the right to
contest decisions made by the Government. And they have the right to ask questions, and we're asking the same questions to the Government:
Why the gyms? Why the restaurants? Why the arts? And I think this questioning
should continue, but the gyms have made the right decision, yes.
Mme Senay
(Cathy) : ...announcement by M. Carmant this morning for youth, for
different groups to help during the pandemic, is it too late?
M. Arseneau : Well, we'll wait and see. We've been asking for that kind of a plan
since April. So, of course, we can't yet judge what the measures will be. But
last week we still asked for action, and the Government still was saying that they were working on a plan for spring 2021.
So, I think the good news is finally the voice... the reasonable voice and the
voice of the Oppositions has been heard. Now, what action will be taken, how
far and how fast it will go? It's certainly late, but I believe it's never too
late if the program is up to par with the needs in the population.
Mme Fletcher (Raquel) : And there was some speculation yesterday that it was just to, you
know, save face or just for appearance, say, to look like they're doing
something for mental health. What do you need to see in the announcement, you
know, in a couple... less than an hour here, for you to be convinced that it's
a real measure that's going to have a real impact?
M. Arseneau : I would say there are two elements that we need to see in this plan.
Because they're certainly going to say that they're investing money. I think we
need more than money, we need resources, we need people, we need psychologists,
we need people, you know, mobilized for the cause, and we need action on the
ground. We need people to go where the vulnerable people are, whether it would
be in the education system, or
in the health system, or in the businesses. We've called for SWAT teams, but
mental SWAT teams to go and visit the people rather than say: Well, we've got
this phone line and you can phone if need be. We need the Government to be more proactive. So, we'll
see if that's in the plan, but that's certainly what's needed, right now,
people in action on the ground tomorrow.
Le Modérateur
:
On va prendre les questions sur la santé mentale...
M. Lavallée (Hugo) :
...répéter ce que vous venez de dire, en français, là, sur vos attentes
précises par rapport à la question de la santé mentale?
M. Arseneau : Je vais essayer
de traduire, oui. Bien, en fait, dans le plan de santé mentale, là, on demande
depuis le mois d'avril que des actions soient posées sur le terrain. Qu'on se
contente de mettre en place des lignes téléphoniques, pour nous, ce n'est pas
suffisant. Alors, le gouvernement a nié les besoins jusqu'à hier; maintenant,
il veut passer à l'action. C'est tard, mais on souhaite que le plan d'action
comporte deux éléments : un ajout de ressources costaud, important en aide
psychologique, par exemple, et qu'on puisse être actifs sur le terrain à partir
de demain, c'est-à-dire qu'on puisse aller dans les milieux où les gens les
plus vulnérables sont, que ce soit dans le milieu scolaire, dans le milieu de
la santé, chez les travailleurs touchés de la restauration, ceux qui sont
fermés, par exemple, qu'on aille dans une démarche beaucoup plus proactive que
passive en attendant les appels ou en attendant les consultations. Merci.
(Fin à 8 h 53)