(Huit heures quarante-neuf minutes)
Mme
Hivon
:
Bonjour, tout le monde. Alors, aujourd'hui, nous allons déposer une motion à
l'Assemblée nationale pour reconnaître le principe de la sécurisation culturelle
dans la loi sur la santé et les services sociaux.
Quand vous parcourez le rapport de la
commission Viens, il y a une conclusion qui est très claire à l'effet que les
voix entendues sont assez nombreuses pour affirmer que les membres des Premières
Nations et les Inuits ne se sentent pas en sécurité lorsque vient le temps de
mettre leur santé entre les mains des services publics. C'est une conclusion
qui est extrêmement forte, qui est extrêmement claire, et c'est directement en
lien, ça touche directement ce qu'a vécu Joyce Echaquan à l'hôpital de
Joliette.
Une des recommandations, tout aussi claire,
du rapport Viens, l'appel à l'action 74, c'est que ce principe-là soit
enchâssé dans la loi québécoise sur les services de santé et les services sociaux.
Donc, aujourd'hui, nous demandons que l'Assemblée nationale reconnaisse ce
principe-là et qu'elle enjoigne, après un travail conjoint avec les Premières
Nations et les Inuits, d'enchâsser le principe dans la loi sur la santé et les
services sociaux.
La sécurisation culturelle, c'est un
message fort, un geste très fort qu'on peut poser, au lendemain des excuses qui
ont été prononcées, pour montrer que, oui, on est en action, que, oui, le
changement est en action, est en mouvement, et qu'il va y avoir, donc, de
réelles, réelles conséquences très concrètes au décès de Joyce Echaquan.
M. Roy
: Bonjour à tous.
Écoutez, jamais je n'aurais cru voir une situation comme celle-là se passer au
Québec comme celle qui se passe actuellement à Pointe-à-la-Croix. De manière
rétrospective, on a eu une augmentation assez importante de cas de COVID, dans
Avignon-Est, c'est-à-dire la municipalité à l'est de la MRC d'Avignon. Face à
cela, le gouvernement du Nouveau-Brunswick et la municipalité de Pointe-à-la-Croix
ont demandé un barrage pour interdire l'accès aux citoyens du Québec sur son
propre territoire. Et ça, c'est inadmissible, c'est une atteinte à notre
souveraineté territoriale. Enfin, on a passé la fin de semaine à négocier
avec le gouvernement du Nouveau-Brunswick pour donner l'accès à nos citoyens,
et ils nous ont demandé une liste de commerces puis de services. Et moi,
j'étais en réunion avec les maires, préfets, j'ai dit : Écoutez, il faut y
aller de manière exhaustive et il faut demander aussi l'accès à nos familles.
Et le gouvernement du Nouveau-Brunswick nous a refusé la liste d'accès à nos
familles et à nos commerces sur notre propre territoire. Le barrage est encore
là, je viens de vérifier, les policiers sont là.
Le décret est extrêmement dur, hein, c'est
un décret qui dit : Bon, raisons humanitaires... Bon, c'est le libellé
normal d'un décret qui est très coercitif. Ça fait que là, nous, on n'en
revient pas. Et de se faire dicter comment gérer notre territoire, comment
l'occuper, c'est inadmissible. Et, qui plus est, la population d'Avignon-Ouest,
les plateaux de la Matapédia, qui, si on s'en va vers Québec, ont la vallée de
la Matapédia pour avoir des services, on oublie ça, là, c'est
60 kilomètres en forêt, doivent maintenant s'orienter vers une zone rouge,
c'est-à-dire Nouvelle, pour avoir accès à des services. C'est incohérent, c'est
inadmissible, c'est une atteinte à notre souveraineté territoriale, et nous
demandons la levée du barrage immédiatement. Voilà.
M. LeBel : Oui, très
rapidement. Si vous avez écouté la période des questions hier, moi, je posais
la question pour ces 340 000 personnes qui n'ont pas accès à Internet
dans un moment très important où il y a beaucoup d'information qui circule en
ligne, c'est un moment important, et aussi pour ces municipalités-là qui n'ont
pas accès à Internet, ce qui vient handicaper leur développement. Ça aussi,
c'était important.
J'ai voulu rappeler l'engagement de la CAQ,
en campagne électorale, qui disait qu'elle allait livrer Internet haute vitesse
partout au Québec avant la fin de son mandat. J'ai demandé à la ministre
pourquoi que, dans le projet de loi n° 66 pour
accélérer les projets d'infrastructure, Internet haute vitesse n'était pas là.
Un peu maladroitement, elle m'a répondu en remettant la faute sur les libéraux,
et tout ça. Je lui ai rappelé que le premier ministre, encore cet été, avait
pris l'engagement qu'en 2022 ça allait être fait.
La ministre me répond... et je savais un
peu sa réponse parce que j'avais vu les notes préparées par son ministère, elle
me répond qu'en 2022 ce qu'on allait annoncer c'est un agenda de mise en oeuvre.
C'est-à-dire qu'en 2023, 2024, 2025, 2026 qu'il allait y avoir... Mais ce
n'était pas ça, l'engagement. Et là, surprise, le premier ministre se lève en
troisième question pour dire : Non, non, non, ça va être 2022; on a des problèmes
avec les poteaux de Bell; moi-même, je vais négocier les poteaux de Bell.
Ce que je comprends, c'est que le premier
ministre a désavoué sa ministre. Ce que je comprends, maintenant, c'est que
c'est le premier ministre qui a ce dossier-là en main. Puis ce que je
comprends, c'est qu'il a dit devant tout le monde, encore une fois hier, qu'en
2022 l'ensemble des Québécois auront accès à Internet haute vitesse. C'est ce
que j'ai compris hier. C'est ce qu'on va s'attendre. Et maintenant il faudra
suivre le premier ministre et savoir comment il va livrer cet engagement-là
qu'il a encore réaffirmé hier. Merci.
Journaliste
: ...entervenir
pour forcer Bell qu'on utilise ses installations peu importe l'entreprise?
M. LeBel : Je ne sais pas
quelle stratégie le gouvernement va avoir, mais c'est clair qu'il y a une
pression. Tout le ministère, tous les fonctionnaires, les notes que j'avais
devant moi disaient que c'est impossible pour 2022. Le ministère de l'Économie
l'a dit aussi que c'est impossible pour 2022. Ça fait que là, maintenant, j'ai
l'impression que ce matin tout le monde doit être à l'oeuvre, tout le monde
doit travailler pour essayer de voir comment qu'on va faire pour répondre à la
commande du premier ministre, comment qu'on va négocier les poteaux de Bell. Si
ça passe par le CRTC, ça pourrait être ça, mais j'ai l'impression que tout le
monde est à l'oeuvre aujourd'hui. C'est ce que je veux.
M. Laforest (Alain) : On a un
problème actuellement à délivrer les résultats de tests. Est-ce qu'on devrait
se tourner vers les pharmaciens, plutôt que les médecins, pour donner les
résultats de tests?
Mme
Hivon
:
Nous, on pense, là, depuis un bon moment, que les pharmaciens font partie de la
solution, qu'ils pourraient jouer un rôle beaucoup plus grand en termes de
dépistage, de communication de résultats. Je pense que la porte est toute
ouverte pour leur demander d'aider effectivement.
M. Bélair-Cirino (Marco) : Mme
Hivon, en quoi l'enchâssement de la sécurisation culturelle dans la loi sur la
santé et les services sociaux changerait concrètement les soins offerts aux
personnes autochtones notamment?
Mme
Hivon
:
Le principe de la sécurisation culturelle, en fait, ça vient de pair avec une reconnaissance
des différences culturelles qui peuvent jouer un rôle dans la qualité des
services qui sont offerts, dans les problèmes de communication, les problèmes
de prise en compte de la réalité spécifique, par exemple, des Attikameks, ou
des Premières Nations, ou les Inuits de manière générale.
Donc, l'idée, c'est qu'en enchâssant un
tel principe ça veut dire des formations, ça veut dire du personnel qui connaît
les réalités, ça veut dire des interprètes qui sont là aussi pour pouvoir
parler et faire le pont quand c'est nécessaire, ça veut dire de reconnaître qu'il
y a des différences, comment on s'exprime quand on vit de la douleur, quand on
vit des problèmes de santé, ça veut dire de reconnaître qu'il y a des biais, ça
veut dire reconnaître qu'il y a des problèmes d'accès.
Donc, c'est ça, le principe de la
sécurisation culturelle, qui est une notion, un principe très cher aux nations
autochtones et qui est demandé noir sur blanc dans le rapport.
M. Bergeron (Patrice) :
...pas déjà ça, là, à l'hôpital de Joliette? On avait compris qu'il y avait une
interprète, il y avait des formations. Donc, qu'est-ce qui ne marche pas exactement,
là?
Mme
Hivon
:
Bien, écoutez, il y a une interprète. Est-ce qu'il y a assez de services
d'interprétariat? Je pense que c'est une question qui se pose. La question
aussi de la formation, c'est une question qui se pose. Je vous invite à
communiquer plus précisément avec l'hôpital de Joliette pour voir si c'est une
formation qui est donnée à tous. Est-ce que c'est quelque chose qui est complètement
accessible? Joliette est une chose, l'ensemble du Québec et des hôpitaux est
une chose.
Écoutez, je vous l'ai lu tout à l'heure,
là, mais il y a quand même une conclusion très grave, dans le rapport, qui dit
que les autochtones ne se sentent pas en sécurité d'aller demander des services
de santé dans le système public. Donc, c'est grave. Et je pense qu'il y a
encore beaucoup de chemin à faire pour comprendre la réalité spécifique des
autochtones qui se présentent en milieu hospitalier, en milieu de soins de
santé de manière générale, interprétariat, connaissances culturelles. Donc, il
y a beaucoup de chemin à faire.
M. Lacroix (Louis) :
...députée de Joliette, comment ça se vit chez vous, dans votre communauté, le
drame de Mme Echaquan? Comment ça s'intègre dans la population? Est-ce que
les gens sont touchés par ça, sont choqués, sont... Comment ça percole chez
vous?
Mme
Hivon
: Ça
se vit très intensément. Je vous dirais que l'indignation que l'on vit à la
grandeur du Québec, chez nous, on la ressent à la puissance 10. Il y a énormément
d'introspection. Les gens de Joliette ont le coeur brisé, littéralement. Il y a
beaucoup de tristesse de voir que ça a pu se produire chez nous. Et je pense
qu'il y a une volonté, que je sens très, très forte, d'être un accompagnateur
de premier plan pour le combat pour faire changer les choses, que ce soit chez
nous, à Joliette, avec les gens de la communauté de Manawan, là.
Parce que, pour vous résumer ça, la
communauté de Manawan est environ à 2 h 30 min de Joliette, dans
le comté de Berthier, mais évidemment il y a des Attikameks qui vivent en
milieu urbain, et les gens de Manawan viennent à Joliette quand ils ont besoin
de services et, au premier plan, de services de santé. Et donc il y a un grand
sentiment de désolation et de consternation de se dire que, malgré toutes les
initiatives de rapprochement — parce que je pourrais vous en nommer
toute une liste — qui ont eu cours dans les dernières années, il y a
même une marche chaque été, de nation à nation, de Joliette jusqu'à Manawan, de
sentir qu'on a pu vivre quelque chose d'aussi grave et une démonstration de
racisme aussi dégradante, forte et inacceptable, ça vient beaucoup chercher les
gens.
Mais, cette espèce d'indignation là, je la
sens vraiment se transformer en volonté de changement puis d'être à côté de nos
frères et soeurs attikameks pour faire bouger les choses.
M. Lacroix (Louis) : Parce
que M. Legault hier, dans son discours, a dit que c'est les gouvernements
successifs avec des lois racistes qui avaient comme induit cette espèce de
pensée là dans la tête des gens, jusqu'à un certain point, et que ça a laissé
des traces. Ça explique un peu les paroles odieuses dites par cette
infirmière-là. Est-ce que vous sentez ça, vous, dans la communauté, qu'il y a
ces espèces de traces là de racisme, de préjugés envers les autochtones?
Mme
Hivon
:
C'est sûr qu'il y a des expressions de racisme, c'est sûr qu'il y a des
expressions de discrimination, que ce soit dans le logement, dans l'emploi, on
le voit clairement dans le système de santé. Donc, c'est quelque chose qui est
là, qui est regrettable et que beaucoup de gens dénoncent. Mais je pense que le
choc, c'est de se dire : Mon Dieu! est-ce qu'on a assez fait, est-ce qu'on
a assez dénoncé, est-ce qu'on a laissé passer des choses? Parce qu'on se
dit : Ah! ça doit être isolé, mais, je veux dire, cette réalité-là, elle
est connue, là. Je veux dire, à Joliette, il y en a, des expressions de racisme,
mais il y a des expressions extraordinaires de solidarité et de volonté de
rapprochement aussi.
Mme Lévesque (Fanny) : Mme
Hivon, le chef Picard proposait, par exemple, sur la rédaction de ce projet de
loi là que vous proposez pour la sécurisation culturelle, que les Premières
Nations participent à l'élaboration, ne soient pas consultées pendant les
consultations, mais plutôt, vraiment, cosignent le projet de loi. Est-ce que
c'est quelque chose que vous seriez ouverte?
Mme
Hivon
: Tout
à fait. C'est ce qu'on demande, d'ailleurs, dans la motion, on dit «dans un
travail conjoint». Donc, je pense que c'est très, très important et c'est ce
qui est demandé clairement dans l'appel à l'action 74. Je pense qu'on sait
à quel point ce n'est pas nous qui allons, du haut de l'Assemblée nationale,
faire descendre la question. Mais je pense que c'est fondamental aujourd'hui de
dire : Voici un premier geste concret. Et ce principe auquel... qui est si
important, de la sécurisation culturelle, on y croit et on pose un geste fort
aujourd'hui en disant qu'il va y avoir une reconnaissance et un dépôt de projet
de loi. C'est ce qu'on demande, du moins, au gouvernement, après un travail
conjoint, bien sûr, avec les Premières Nations et les Inuits.
M. Carabin (François) : ...le
premier ministre a été refusé hier, aux funérailles de Mme Echaquan, notamment
parce que la famille voulait entendre sortir de sa bouche les mots «racisme
systémique», ce qu'il s'est refusé de faire depuis longtemps. Est-ce que ce
n'est pas un obstacle, dans la plus grande réconciliation entre les peuples
autochtones et les citoyens du Québec, que de ne pas dire ces mots-là?
Mme
Hivon
:
Bien, de toute évidence, c'est quelque chose qui est fondamental, pour les
Attikameks et les Premières Nations, et ils l'expriment très clairement. Donc,
j'imagine que le premier ministre est conscient de l'importance qui est
accordée à ce principe-là et cette reconnaissance-là dans les nations
autochtones et plus précisément, en ce moment, chez les Attikameks, pour
pouvoir aller de l'avant.
Mme Gamache (Valérie) : Mais est-ce
qu'il n'est pas passé à côté hier, dans ses excuses, en ne reconnaissant pas le
racisme systémique? Parce que c'est la première chose qu'ils demandent.
Mme
Hivon
:
Bien, écoutez, moi, je salue qu'il y ait eu des excuses, qu'elles soient venues
rapidement. Je pense que c'était un moment très solennel hier. Et moi, comme
Québécoise, comme députée de Joliette, j'étais vraiment soulagée que l'on
puisse rapidement donner des excuses, au nom de la nation québécoise, à la
nation attikamek et plus précisément, bien sûr, au conjoint de Mme Echaquan et
à la communauté de Manawan. Donc, c'est au premier ministre d'expliquer pourquoi
il maintient cette position-là, pourquoi hier il a dit ce qu'il a dit dans sa déclaration.
Mais je pense que c'est très clair, et tout le monde voit à quel point c'est
une question fondamentale en ce moment pour pouvoir avancer.
M. Bossé (Olivier) : Mme
Hivon, on parle de racisme systémique depuis... pas juste depuis une semaine,
là. Sur les 125 députés, il n'y en a pas de député autochtone. Ce n'est
pas déjà un signe qu'il y a quelque chose qui ne marche pas?
Mme
Hivon
: Malheureusement...
Il y en a déjà eu un, qui est Alexis Wawanoloath, qui était avec notre formation
politique, d'ailleurs, bien sûr. Mais il y a toute une question à se poser,
hein? Puis, je veux dire, est-ce qu'ils se reconnaissent dans notre institution?
Est-ce qu'ils sentent qu'ils ont leur place? Est-ce qu'ils vont frapper à la
porte des élus de l'Assemblée nationale? Est-ce que, pour eux, ça fait partie
d'eux ou c'est étranger à eux? Je pense qu'on a une bonne partie de la réponse en
ce moment.
Donc, ils ont leurs institutions, ils ont
leurs élus, ils élisent leurs chefs, donc il faut être conscient de ça aussi.
Puis, je veux dire, c'est tellement cliché de le dire, mais ce n'est pas pour
rien qu'il faut travailler de nation à nation. Je pense qu'on ne réalise pas jusqu'où
c'est imbriqué de penser que l'Assemblée nationale, elle est au-dessus de tout.
Elle n'est pas au-dessus de tout. Ils ont leurs assemblées. Il y a le grand
conseil des Attikameks, ils ont chacun leur chef dans chacune des communautés. Donc,
à un moment donné, il faut... Ce serait une belle avancée, ce serait un exemple
de rapprochement extraordinaire, mais est-ce qu'on peut leur demander ça, quand
ils ont leurs propres institutions, leurs propres élus? Je pense qu'il faut
travailler conjointement, beaucoup plus proche. C'est ça, je pense.
M. Bossé (Olivier) : M. Roy,
avez-vous parlé au maire de Pointe-à-la-Croix directement?
M. Roy
: Oui. Oui.
M. Bossé (Olivier) : Qu'est-ce
que vous avez dit pour... Pourquoi votre pouvoir de persuasion n'a pas
fonctionné?
M. Roy
: Écoutez, au
début, le barrage devait être un barrage de persuasion et de sensibilisation.
C'est ce qu'ils nous avaient vendu comme stratégie de filtrage de la population
qui rentre sur son territoire. Et par la suite, moi, je suis allé virer directement
au barrage, et ce que j'ai vu, j'ai vu le décret, j'ai dit : On est très
loin de ce qu'on nous avait dit. Et le maire a compris son erreur parce que la
pression des autres maires et de la population a fait en sorte qu'il est revenu
sur sa position, et lui aussi demande la levée du barrage, actuellement, et
l'éclatement de la bulle.
Sauf que là, actuellement, le barrage est
encore présent. Les maires ont refusé, je dirais, le chantage du Nouveau-Brunswick :
Ou vous laissez passer strictement les gens pour des raisons humanitaires,
sinon on refuse les propositions que vous nous faites. Je ne sais pas si vous
comprenez qu'est-ce que ça veut dire, mais c'est vraiment une ingérence
extraterritoriale de la sécurité publique du Nouveau-Brunswick sur le
territoire québécois en pénalisant les Québécois.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Mais là les policiers qui sont sur le terrain, c'est des policiers québécois...
M. Roy
: Oui, le
barrage est à l'entrée du village...
M. Bélair-Cirino (Marco) :
...mais la Sûreté du Québec répond aux ordres de qui?
M. Roy
: Elle répond
aux ordres de la sécurité publique et du décret signé par le ministre de la
Santé.
M. Lacroix (Louis) : ...du Nouveau-Brunswick
jusqu'à un certain point?
M. Roy
: Absolument.
Bien, c'est-à-dire, c'est une demande qui vient du maire et à laquelle le gouvernement
a répondu. Et là, hier, on a eu une réunion avec le cabinet du premier ministre
puis le cabinet de la sécurité publique, puis les maires ont clairement
dit : Nous, c'est l'entier accès au territoire, sinon on fait péter la bulle,
on n'en veut plus. Pourtant, le barrage est encore là, ce matin, et c'est ça
qu'on ne comprend pas.
M. Lacroix (Louis) : Bien,
qu'ils la fassent péter, la bulle. Pourquoi ils ne le font pas?
M. Roy
: Non, mais
attendez, là. C'est parce que ça prend un ordre de la ministre de la Sécurité
publique aux policiers pour dire : Vous levez le barrage. Ce n'est pas les
citoyens qui vont arriver, puis ils vont déloger les policiers, c'est une...
Le Modérateur
:
Dernière question, s'il vous plaît.
M. Larin (Vincent) : Donc, ce
n'est pas vraiment de l'ingérence extraterritoriale du Nouveau-Brunswick. C'est
le gouvernement du Québec qui...
M. Roy
: Écoutez, il y
a eu des négociations avec le Nouveau-Brunswick, et le Nouveau-Brunswick refuse
de laisser... J'ai...
M. Larin (Vincent) : Mais ce
n'est pas le Nouveau-Brunswick qui fait le barrage.
M. Roy
: Ce n'est pas
le Nouveau-Brunswick qui fait le barrage, c'est le Nouveau-Brunswick qui fait
pression et qui a négocié avec le gouvernement pour établir un barrage avec la municipalité
de Pointe-à-la-Croix, qui vient défavoriser la population de notre région. Je
veux dire... Et là, le décret, de la manière qu'il est écrit, c'est à se
demander si ce n'est pas la sécurité publique du Nouveau-Brunswick qui l'a
écrit, je vais vous dire. Et ils sont en négociation puis ils trouvent que les
négos sont très difficiles.
Puis ce n'est pas le seul enjeu qu'on a
avec le Nouveau-Brunswick, là, hein? Mais celui-là est très particulier parce
que c'est sans précédent, on n'a jamais vu ça. Et chez nous, on n'en revient
pas. Donc, nous, on demande un ordre direct pour lever le barrage, et qu'on
arrête les négos avec le Nouveau-Brunswick, là. Ça ne fonctionne pas.
Le Modérateur
: On
passe en anglais.
Mme Senay
(Cathy) : Can I ask you... It must be...
M. Roy
:
Pardon?
Mme Senay
(Cathy) : It must be quite...
M. Roy
: Oui, bien, je
ne suis pas bon en anglais, moi.
Mme Senay (Cathy) : Non? O.K.
Parfait. Bien, c'est correct. J'essayais juste de voir avec vous si c'était
possible de m'expliquer les enjeux de cette histoire-là.
M. Roy
: L'enjeu, c'est
que la population d'Avignon-Ouest, de Saint-Alexis, Matapédia, L'Ascension, Saint-François,
Saint-André ne peuvent pas avoir accès au Provigo, au CLSC de Pointe-à-la-Croix
et sont obligés de se déplacer vers Nouvelle, qui est une zone rouge, à
1 h 30 min de route, pour aller chercher du lait pour enfants,
des couches puis des produits de base. Ils ont des dépanneurs puis des
épiceries, mais ils n'ont pas tous les services.
C'est inadmissible. Ces gens-là sont pris
en otage, et on les oblige à s'orienter vers une zone rouge pour avoir accès à
des services qui seraient accessibles à peu près à 25 minutes de chez eux.
Donc, ils se tapent une heure de route de plus. Et ces gens-là n'en reviennent
pas de se faire interdire l'accès à leur territoire pour privilégier les gens
du Nouveau-Brunswick qui viennent au Québec.
Et la bulle, en réalité, ça sert à quoi? À
sécuriser les gens du Nouveau-Brunswick qui viennent à Pointe-à-la-Croix et...
Bon, ça les sécurise parce qu'on ne laisse pas entrer des gens de l'ensemble de
la MRC. Les villages de Nouvelle, Carleton, Maria sont zone rouge. On comprend
que ces gens-là, on ne les laisse pas entrer. Ça, on comprend ça. Mais tout le
restant des municipalités... Ma municipalité, Escuminac, où je demeure, je suis
à 20 minutes soit de Pointe-à-la-Croix ou de Nouvelle, mais je ne peux
plus aller à Pointe-à-la-Croix, et il faut que j'aille à Nouvelle, dans une
zone rouge, pour faire mon épicerie. Ça n'a pas de bon sens.
Mme Senay
(Cathy) : Mrs. Hivon, can I ask you about the
Viens commission report and what was so clear about cultural... the
securisation for indigenous people?
Mme
Hivon
: What is really clear, when you read the Viens Report, is that there
is a feeling of lack of security, in the First Nations, when they go knock at
the door of the healthcare services. It's written black on white in the report.
And, because of that, there is a call for action to ask the Government to enshrine in the Québec law on health and social services
this principle of cultural security.
What it means is that,
you know, from the most important authorities in health, everybody will know that you have to take
into account the specifities, culturally, linguistically, concerning the way
they approach health care of the First Nations when they knock at the door. And
so it entails that, you know, many changes can come, but, by enshrining it in
the law itself, it's a clear message that all the hospitals, all the healthcare
sector has to change, according to this principle.
Mme Fletcher
(Raquel) : ...that the Premier will ever be
able to reach a situation
where, you know, he can start
working on reconciliation without first admitting that systemic racism exists?
Mme
Hivon
: Well, you know, for
sure, I think we hear the Attikamek nation, the First Nations saying it's a
necessary step. And for them, it's really, really important. So, I'm sure that
the Prime Minister and his Government is hearing this call. So, I think
the ball is in the Prime Minister's court to decide
what to do to go forward. And, if this is so important for Mme Echaquan's
family and for the nation, he's the one who has to take action. At least...
Mme Fletcher
(Raquel) : ...has no choice but to admit? Sooner
or later, he has to admit there is systemic racism.
Mme
Hivon
:
Well, I think he... You always have a choice. So, it's his choice. But I think
that there is no doubt that it's a clear request from Mrs. Echaquan's
family and from the community. So, he knows about it and he knows what he wants
to do with it. Or he can evolve also. But at least I think there are two
positive things which can give us hope that we will, sometime soon, I hope,
with, I hope also, the adoption of this motion today, but also other steps...
on a new path.
And there were excuses
yesterday from the Prime Minister to the entire nation. I think it's a very
important step. And I'm happy, as the MNA for Joliette, that it came quickly
and clearly. I think that was very important. It was a request, also, clear
request from the family. And also, there was a meeting on Monday, and, you
know, the parties left with a sense that it's possible to work together. So, I
hope. There is hope. Thank you.
(Fin à 9 h 14)