(Huit heures quarante et une minutes)
M. Arseneau : Merci
beaucoup. Merci d'être là. Bonjour à tous.
Écoutez, on a vu aujourd'hui, là, une
grande discussion sur le projet de loi n° 61 pour la reprise. Nous, on a déjà
eu l'occasion de commenter là-dessus. On pourra prendre des questions. Mais il
ne faudrait peut-être pas oublier qu'on est encore dans une crise sanitaire et
qu'on n'a pas traversé encore la période d'une potentielle deuxième vague.
Alors, nous, on voulait ramener la
question du financement de la santé aujourd'hui, sachant que le premier
ministre Trudeau a voulu s'immiscer dans ce projet-là, dans cette discussion-là,
il y a quelques semaines. Et on voudrait réitérer le message à l'effet que,
oui, le gouvernement du Canada a un rôle à jouer, mais celui de rétablir les
transferts fédéraux qui ont été coupés de façon dramatique au cours des années.
Alors, la résolution, la motion qu'on
dépose ce matin, c'est que l'Assemblée nationale du Québec déplore que les
parts des... les dépenses en santé couvertes par les transferts fédéraux en
santé aient diminué de plus de moitié depuis leur introduction, elles sont
passées de 50 % à 23 % seulement, et qu'elle exige au gouvernement
fédéral une augmentation annuelle des transferts fédéraux en santé d'au moins
6 % dès cette année, et que leur utilisation ne comporte, bien entendu,
aucune condition, dans un champ de compétence qui est exclusivement québécois.
Alors, c'est le plaidoyer qu'on veut faire. Et on souhaite l'appui évidemment
de l'ensemble des partis représentés à l'Assemblée nationale aujourd'hui.
Autre sujet qu'on voulait aborder, en fait,
que moi, je souhaite aborder aujourd'hui, c'est un sujet, évidemment, extrêmement
important pour moi, c'est régional, mais je pense qu'il est temps que le
gouvernement, et particulièrement par la voix du premier ministre Legault, se
prononce sur le dossier du désenclavement des Îles-de-la-Madeleine. C'est ma
circonscription. Aujourd'hui, dans les journaux, il y a une lettre de plusieurs
personnalités qui demandent également au premier ministre de se prononcer, pour
la première fois depuis trois semaines, sur cette espèce d'incongruité où les
Madelinots sont soumis actuellement aux règles qui sont imposées par
l'Île-du-Prince-Édouard sur leurs allées et venues et sur l'allée et venue des
visiteurs qui pourraient vouloir venir aux Îles-de-la-Madeleine.
On sait que, la semaine dernière, la
ministre Caroline Proulx a annoncé un plan de relance ou de réouverture de
l'industrie touristique au Québec, ce qui exclut actuellement complètement
l'archipel, qui vit du tourisme. En fait, l'annonce de la ministre a confirmé
que l'accès aux Îles n'était pas actuellement permis, ce qui fait que, plutôt
que de soutenir l'industrie, cette annonce a provoqué l'effondrement de
l'industrie, où les annulations se multiplient en cascade.
On a reçu l'an dernier
70 000 touristes. On avait fixé, pour des raisons sanitaires, cette
année, un plafond de 35 000 visiteurs, donc moitié moins de visiteurs
cette année. Aujourd'hui, les anticipations qu'on a en date d'aujourd'hui sont
de l'ordre de 19 000 visiteurs. Et ça continue de baisser tant et
aussi longtemps que le gouvernement n'a pas signifié son intention de régler ce
litige avec les provinces voisines. Le premier ministre Higgs, du
Nouveau-Brunswick, s'est prononcé en faveur de pourparlers, le ministre King,
de l'Île-du-Prince-Édouard, également. On aimerait beaucoup savoir où loge le
premier ministre de tous les Québécois, M. Legault, concernant ce petit
territoire éloigné, insulaire, des Îles-de-la-Madeleine.
Bien, je pense que je vais laisser
là-dessus la parole à ma collègue Véronique Hivon.
Mme
Hivon
:
Ça va être très court. Je veux simplement vous dire qu'on se réjouit profondément,
au Parti québécois, de la présentation aujourd'hui par la ministre LeBel,
enfin, d'un projet de loi pour abolir le délai de prescription pour les
victimes d'agressions sexuelles, de violences sexuelles. Et j'ai une pensée
vraiment profonde pour toutes ces victimes, notamment, de prêtres pédophiles,
qui se battent depuis des années pour qu'on reconnaisse leur droit de pouvoir
poursuivre au civil leurs agresseurs pour pouvoir être compensés. C'est un
combat que nous avons mené à leurs côtés avec d'autres formations. On avait
notamment déposé, il y a quelques mois, une motion demandant à la ministre de
la Justice de déposer avant juin un projet de loi sur le sujet. Et aujourd'hui
je lui ai réitéré qu'on est tout à fait disponibles pour procéder à une
adoption rapide de ce projet de loi là pour qu'enfin justice soit rendue pour
ces victimes d'agressions sexuelles.
Par ailleurs, un tout petit mot sur les
camps de jour. Donc, vous avez vu que, depuis quelque temps, on se questionne
sur les liens entre la Santé publique et les décisions politiques. Et là je
pense qu'avec le revirement à 180 degrés sur les ratios dans les camps de jour
hier, c'est un sujet de plus qui nous amène à nous questionner. Et on aimerait
beaucoup aujourd'hui que la Santé publique nous explique pourquoi, il y a deux
semaines, il fallait avoir des ratios réduits de moitié et que, deux semaines
plus tard, alors qu'il y a une grande pénurie de moniteurs, alors que les
municipalités ne savent plus où donner de la tête, on a indiqué que ce n'était
plus nécessaire d'avoir des ratios réduits. Et, si c'est effectivement
maintenant le cas, qu'en est-il des CPE, qu'en est-il des services de garde? Pourquoi,
dans ces lieux-là, il faut garder des ratios réduits et non plus dans les camps
de jour, alors qu'on sait que la distanciation de deux mètres, pour des
0-5 ans, c'est déjà à peu près impossible, qu'il y a beaucoup de parents
qui sont en mal d'avoir une place compte tenu des ratios réduits?
Donc, d'autres questions aujourd'hui pour
la Santé publique et le gouvernement. Merci.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Mme Hivon, pensez-vous que le projet de loi sur l'abolition du délai de
prescription pourrait être adopté d'ici la fin des travaux?
Mme
Hivon
:
Nous, on offre toute notre collaboration si le gouvernement a cette intention.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Est-ce que le gouvernement, selon vous, a cette intention-là? Est-ce que les
partis d'opposition, les autres partis d'opposition...
Mme
Hivon
: Moi,
en tout cas, de notre côté, on est tout à fait disposés à adopter les choses
rapidement. On a vu que, dans l'entente, il y avait trois projets de loi. Il y
en a déjà deux dans lesquels j'étais impliquée, Curateur public et Code de
procédure pénale, qui ont été adoptés cette semaine. On s'est transformés en
plénière. Moi, c'est une offre de collaboration que nous faisons aujourd'hui.
Je pense que les victimes le méritent après toutes ces années d'attente et de
combats.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Est-ce qu'il devrait y avoir une commission parlementaire ou des groupes
entendus?
Mme
Hivon
: Oui,
on pourrait tout à fait faire une journée d'auditions virtuelles, comme on va
le faire, on l'espère, du moins, pour le projet de loi n° 61.
M. Bergeron (Patrice) : Sur
la question des ratios et des CPE, Mme Hivon, là, vous êtes en train de
nous dire finalement qu'essentiellement ça serait une décision politique parce
qu'il manque de monde puis ça coûterait trop d'argent, de toute façon, imposer
ces ratios-là. Donc, on est allés... on a fait fi des avis de la Santé
publique?
Mme
Hivon
: Je
ne le sais pas. Je pose la question. Je ne sais pas si vous, vous le savez. Moi,
j'ai appris ça hier, que, finalement, dans les camps de jour, il n'y aurait
plus de ratios réduits. Donc, je veux comprendre pourquoi il n'y a plus de
ratios réduits parce qu'il y a eu un autre hasard assez particulier il y a
quelques semaines, quand c'étaient toutes les enseignantes et éducatrices de
plus de 60 ans qui ne pouvaient pas se présenter. Le jour où c'est sorti
qu'il manquerait des milliers d'éducatrices et d'enseignantes, c'est devenu
70 ans, l'âge. Donc là, qu'est-ce qui s'est passé en deux semaines pour
que finalement les ratios n'aient plus besoin d'être réduits dans les camps de
jour? Et qu'en est-il, donc, pour les CPE et les services de garde, où c'est un
véritable casse-tête? Est-ce que c'est la même chose? Et est-ce que les ratios
vont pouvoir être augmentés rapidement dès cette semaine?
M. Lacroix (Louis) : Sur le
p.l. n° 61, je comprends que ce n'est pas votre
dossier à vous, mais est-ce que vous voyez une orientation politique dans le
choix, notamment, des 202 projets qui ont été priorisés par le
gouvernement?
Mme
Hivon
:
Bien, nous, on en est vraiment, d'abord, sur le fond des choses. Donc, toutes
les règles qui sont suspendues, mises de côté, notamment en matière
environnementale, notamment pour les expropriations, il y a énormément de
préoccupations de ce côté-là, comme l'a dit mon collègue Martin Ouellet
hier. Donc, on a besoin de beaucoup de réponses et de comprendre aussi pourquoi
deux ans. Pourquoi deux ans? Est-ce qu'il faut garder cette levée-là
et ces mesures exceptionnelles là pendant deux ans? Je dois vous dire qu'il
semble quand même, du côté du gouvernement, là, y avoir une volonté, oui,
d'aller plus rapidement. On n'est vraiment pas contre ça. Mais il faut
s'assurer qu'on met les garde-fous nécessaires pour protéger les citoyens, pour
protéger l'environnement, pour ne pas se retrouver avec d'autres risques aussi
de collusion, qui peuvent arriver dans des circonstances comme celles-là.
Et, hier, je fais juste vous donner un
exemple, c'est comme si ça se multipliait, là, en ce moment, on adoptait le
projet de loi n° 32 en matière de justice pénale, puis la ministre a amené
un amendement pour permettre, dans le Code de procédure civile… de pouvoir,
pendant trois ans après une crise sanitaire, une urgence sanitaire, modifier
toute règle du Code de procédure civile pendant trois ans renouvelables.
Finalement, ça va être un an renouvelable cinq fois. Mais moi, je dis :
Pourquoi si... J'ai essayé de comprendre quelles seraient toutes ces règles-là
qu'il faudrait changer et avoir un projet de loi, une clause, qui nous permet
ça par règlement, là. Donc, je pense…
M. Lacroix (Louis) : Et donc
on se fait un cadre, mais, dans le fond, on amène un amendement qui fait en
sorte que ce cadre-là, on peut le mettre de côté quand on veut?
Mme
Hivon
:
Bien, c'est ça. Donc, il y a de sérieuses questions à se poser.
M. Laforest (Alain) : Comment
vous qualifiez le style de gestion de la CAQ actuellement avec le dépôt de ces
projets de loi là?
Mme
Hivon
:
Bien, je pense que le style de gestion de la CAQ, c'est un style de gestion qui
est axé sur une très bonne communication. Mais l'enjeu, et on l'a vu déjà dans
le passé, je pense aux maternelles quatre ans, je pense aux commissions
scolaires, l'abolition des commissions scolaires, c'est le plan. Après, comment
on va faire pour que ça fonctionne concrètement? Et c'est ça, l'enjeu. Donc,
c'est bien d'annoncer qu'on veut régler des problèmes, des situations, mais
c'est bien aussi de penser à tous ces effets-là.
Je vous en donne un supplémentaire, pour
les préposés aux bénéficiaires, avec la hausse des salaires. Personne n'est
contre ça. Tout le monde souhaite ça. Mais, comme on le voit depuis quelques
jours, tout le monde s'inquiète des effets collatéraux. Bien là, ce qui m'est
ramené beaucoup depuis hier, c'est des éducatrices en service de garde qui ne
font pas ce salaire-là, et où il y a déjà une pénurie, et où il y a une énorme
inquiétude.
M. Laforest (Alain) : Donc,
c'est de la gestion à courte vue, là.
Mme
Hivon
:
C'est de la gestion beaucoup sur les communications. Et, nous, ce qu'on veut,
c'est un plan détaillé pour s'assurer que tous les morceaux puissent bien
s'imbriquer autant pour la relance qu'autant pour les gens qui sont touchés,
les travailleurs qui sont touchés.
M. Lavallée (Hugo) : Sur la question
de la collusion, quelle est, plus précisément, votre inquiétude? Parce qu'on
vous dit que l'Autorité des marchés publics va continuer d'exercer son rôle…
Mme
Hivon
:
Bien, en fait, ce qu'on aimerait savoir, notamment, c'est : Est-ce qu'il
va y avoir plus de dents, plus d'inspecteurs qui vont être fournis, plus
d'expertise à l'interne, que ce soit au ministère des Transports, que ce soit à
cette autorité-là? Donc, ça, on n'a comme pas cet autre versant-là de la
montagne. On me dit : On va aller plus vite, on va tasser des règles. Mais
où sont les mesures supplémentaires pour s'assurer de ça? Donc, c'est une
question qui se soulève. On n'a pas de jugement définitif sur les choses. On a
beaucoup de questions qui méritent d'avoir des réponses.
M. Bergeron (Patrice) : M.
Arseneau, une question pour vous concernant les Îles-de-la-Madeleine. La
semaine dernière, la porte-parole, la ministre des Relations intergouvernementales
canadiennes, a dit qu'il y avait peu d'espoir, du côté des discussions qui se
poursuivent avec le Nouveau-Brunswick et l'Île-du-Prince-Édouard, pour pouvoir
faire débloquer le dossier, pour pouvoir assouplir les règles de circulation.
De quel levier dispose le Québec, le premier ministre et la ministre des
Relations intergouvernementales? Est-ce qu'il y a une possibilité d'être
capable de faire plier…
M. Arseneau : Bien, en fait,
nous, on ne cherche pas à faire plier sur le plan, par exemple, des juridictions.
On veut que le gouvernement démontre qu'il est résolu sur le plan politique à
négocier une entente. Il faut bien comprendre qu'on ne veut pas mettre à risque
la santé des gens de l'Île-du-Prince-Édouard ou du Nouveau-Brunswick. Je vous
donne l'exemple particulier de l'Île-du-Prince-Édouard, où ça prend
1 h 50 min à traverser l'île. Il n'y a aucune raison qu'on
arrête si ce n'est pas permis d'arrêter. Pourquoi est-ce qu'on ne pourrait pas
transiter à travers l'île? Le problème, il est réglé de facto si on demande à
l'île la permission de passer sur ses routes pour se rendre jusqu'au port de
Souris. Ce n'est pas la négociation, là, d'une entente internationale sur les
droits commerciaux. C'est strictement basé sur la bonne foi de donner une autorisation
de circuler sur les routes du point a au point b.
Au Nouveau-Brunswick, il y a déjà une
ouverture qui a été manifestée de la part des autorités du Nouveau-Brunswick. Et
il n'y a pas de mot officiel de la part du gouvernement du Québec qu'il souhaiterait
justement régler, par exemple, d'ici la fin de la semaine… Moi, je souhaiterais
qu'à l'ouverture manifestée par le premier ministre Higgs du Nouveau-Brunswick
il y ait un mot, un coup de téléphone qui soit passé par M. Legault, pour
dire : Pourquoi on ne réglerait pas ça? Au Nouveau-Brunswick, à peu de
choses près, c'est le transit, quelques arrêts de ravitaillement pour
l'essence, pour la nourriture, et un coucher. C'est déjà, à peu près, le
système pour les gens qui oeuvrent dans la chaîne d'approvisionnement. Les camionneurs
peuvent déjà le faire. Qu'on ajoute une circulation de quelques milliers de
voitures pour l'été.
M. Lacroix (Louis) :
Mais est-ce qu'il a été étudié la possibilité… Je comprends, là, que... de
Souris aux Îles-de-la-Madeleine, on comprend le lien géographique, là, qui fait
en sorte que le bateau part de là. Mais est-ce qu'il y a possibilité ou est-ce
que ça a été regardé qu'on puisse faire partir le bateau du territoire
québécois à quelque part… obligé de passer... faire le tour des Maritimes pour
prendre un bateau qui nous amène par la suite… faire un plus court trajet vers
les Îles-de-la-Madeleine?
M. Arseneau : Ça a été
évoqué dans les officines au gouvernement du Québec. Je pense que ce projet-là
a été abandonné parce que sa faisabilité à court terme n'est pas avérée.
M. Lacroix (Louis) : À
cause des installations portuaires?
M. Arseneau : Exactement.
On avait un arrêt à Chandler dans le passé. Le quai a été condamné parce qu'il
était jugé dangereux par le gouvernement fédéral. Le point le plus rapproché
après Chandler serait Gaspé. C'est normalement 10 heures de navigation. Mais,
avec les limitations de vitesse dues à la fréquentation des baleines dans le
golfe, on parle de 12 heures de traversée.
M. Lacroix (Louis) :
Elles sont rendues à Montréal.
Des voix
: Ha, ha, ha!
M. Arseneau : Oui,
exactement. Ce n'est pas impossible de s'y rendre en une journée, mais il
faudrait aménager une rampe d'urgence, c'est-à-dire, de fortune, pour l'été,
parce que le quai n'est pas tout à fait adapté pour le bateau en question.
Mais je veux quand même mentionner qu'à
l'heure actuelle on a une drôle de situation. Je vais faire un petit lien avec
le projet de loi n° 61. On est prêts à... En fait, on semble prêts à
baisser les bras devant une négociation qui piétine ou qui n'avance pas. Mais
on ne sent pas une volonté politique ferme, de la part du gouvernement du
Québec, de régler. Et par ailleurs on nous annonce hier la mise en place, la
construction éventuelle d'une maison des aînés de 12 places.
Alors, moi, je pense que, si on veut
vraiment aider l'économie des régions, bien, il faut soutenir l'un des deux
piliers économiques de notre région, c'est-à-dire le tourisme. Puis on est
capables de le faire avec des faibles moyens. Alors, vous voyez un petit peu,
quand nous, on apprend ça, on se dit : Peut-être que ce n'est pas les
bonnes priorités, là. Quand même, je tenais à le dire parce que les projets
d'infrastructures de ce type-là ne vont pas redynamiser ni les pêches, ni la
forêt, ni les mines, ni le tourisme. Alors, dans l'urgence, on pourrait peut-être
agir de façon résolue.
Mme Sioui
(Marie-Michèle) : Pensez-vous que la situation serait différente si c'était
un député caquiste qui était aux Îles-de-la-Madeleine?
M. Arseneau : J'ose
espérer qu'on a encore un premier ministre qui s'occupe de l'ensemble du
territoire du Québec. Je ne croirai pas, avant qu'on me fasse la démonstration,
que c'est pour une raison de politique partisane que le gouvernement ne s'est
pas encore penché de façon résolue sur le dossier.
Mme Lévesque (Fanny) : Vous
voulez que le gouvernement... que M. Legault lui-même s'en mêle, parce que
Mme LeBel fait des représentations, les provinces sont fermées. Donc,
vous, vous voulez que M. Legault mette de la pression?
M. Arseneau : Bien oui,
M. Legault doit s'en mêler, tout simplement parce que... En fait, moi,
j'ai écrit trois fois à M. Legault sans accusé de réception, et ce sont
les premiers ministres des provinces voisines qui m'ont répondu par la voie des
médias et qui ont démontré une certaine ouverture. Alors, je me surprends de
voir que M. Legault n'ait pas saisi la balle au bond. Puis je ne souhaite
pas avoir un accusé de réception. Je sais qu'il est très occupé. Mais un coup
de téléphone à ses homologues nous ferait le plus grand bien, avec un signal
positif.
M. Lacroix (Louis) :
Mais, sur le projet, donc, vous avez dit qu'il a été mis de côté, entre autres,
à Chandler puis à Gaspé, est-ce que ce serait important qu'on remette ça dans
les cartons puis qu'on dise : Mais là décloisonnons, si on veut, les Îles-de-la-Madeleine
de la dépendance d'aller dans d'autres provinces pour pouvoir y aller? Est-ce
que c'est quelque chose que vous souhaitez, qu'on investisse dans les
équipements portuaires pour être capables de faire partir le bateau de là?
M. Arseneau : Oui. Bien, en
fait, il y a déjà, depuis le gouvernement Landry, en 2002, un lien avec la Gaspésie
et Montréal. C'est la croisière qui constitue le lien.
M. Lacroix (Louis) :
Oui, une croisière, mais le traversier...
M. Arseneau : Le
traversier qui nous relie à l'Île-du-Prince-Édouard, c'est pour la chaîne
d'approvisionnement. C'est le point le plus rapproché. On veut le maintenir. Il
est financé par le gouvernement fédéral. C'est une traverse interprovinciale.
La question est à savoir si on doit consolider les liens intra-Québec, le lien
maritime intra-Québec. Je pense qu'on est rendus là, oui.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Est-ce que le gouvernement du Québec devrait commencer à évoquer des mesures de
représailles à l'égard du Nouveau-Brunswick et de l'Île-du-Prince-Édouard si
les deux provinces continuent de faire barrage...
M. Arseneau : Non.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
…empêcher, par exemple, le passage des résidents des deux provinces sur le
territoire québécois comme ils le font présentement?
M. Arseneau : Mais, moi,
c'est que je ne pense pas qu'il y ait un désaccord de fond. Je ne pense pas
qu'il y ait vraiment un litige. C'est la raison pour laquelle je ne pense pas
qu'on est dans l'idée de jouer les gros bras avec les provinces voisines. Il
faudrait qu'on tende la main puis il faudrait qu'on se parle. Je pense qu'on
n'en est pas encore là. Quand j'ai discuté avec Mme LeBel la semaine
dernière ou la semaine d'avant, déjà là, il y avait cette espèce d'attitude
défaitiste où on disait : Bien, qu'est-ce qu'on peut faire si l'ouverture
n'est pas très, très grande du côté de nos vis-à-vis? Mais je pense qu'on faire
monter le dossier au plus haut niveau et vraiment mettre en place des solutions
concrètes qui passent par des restrictions aux arrêts, mais un corridor de
passage qui soit balisé. Je pense qu'on peut y arriver en quelques heures…
M. Laforest (Alain) : Dans
le fond, le message de votre parti, c'est : N'allez à Gaspé, mais venez à
Cap-aux-Meules?
M. Arseneau : Ah! mais je
pense qu'on peut faire les deux, actuellement. Pas coup sur coup. Mais je ne
comprends pas votre question. Aller à Gaspé, oui…
M. Laforest (Alain) : M.
Bérubé, cette semaine, disait qu'on avait des craintes d'envoyer les gens dans
le Bas-Saint-Laurent. Puis on comprend que la Gaspésie, vous autres, vous
voulez avoir les touristes. C'est ça?
M. Arseneau : Je pense que
vous n'avez pas compris la question de M. Bérubé. Il demandait : Qui
décide? Est-ce que c'est la Santé publique ou est-ce que c'est le politique?
Dans ce dossier-là, moi, je veux que ce soit le politique qui décide de
négocier avec le politique au Nouveau-Brunswick et à Île-du-Prince-Édouard. On
est exactement dans la même... Pardon?
M. Laforest (Alain) : La
Santé publique a des inquiétudes, je comprends, pour le Bas-Saint-Laurent. Ce
n'était pas la position de M. Bérubé. Ça, je le sais, là. Mais vous, chez vous,
vous n'avez pas de préoccupations de santé publique?
M. Arseneau : Ah! il y a des
préoccupations de santé publique. Je l'ai mentionné d'entrée de jeu. La Santé
publique a estimé qu'à 35 000 visiteurs on pouvait continuer de se
développer sur le plan économique, et ne pas se refermer sur nous-mêmes, et se
recroqueviller en petite boule pour les deux prochaines années. C'est ce qu'on
essaie d'éviter. En fait, ce que vous devez savoir, c'est qu'il y a plus du
quart de la population active qui gagne son revenu du tourisme. Et là la
question qu'on se pose, c'est : Les 94 millions de revenus qu'on a
aux Îles-de-la-Madeleine, s'ils nous échappent, quels sont les régimes de
compensation qui vont permettre à ces milliers de familles de passer au travers
l'année? On parle de 1 750 individus qui travaillent dans le domaine,
400 entreprises qui ont des frais d'opération à défrayer et qui,
actuellement, ont une perspective de zéro revenu pour la prochaine année. La
saison touristique, elle dure deux mois.
M. Lacroix (Louis) : Dans ce
sens-là, l'industrie du tourisme a produit un rapport qui a été fait par Raymond
Chabot Grant Thornton, là. Ils demandent 1,5 milliard de dollars de
compensation des deux paliers de gouvernement, notamment 589 millions pour
les frais fixes des entreprises touristiques. Est-ce que c'est exagéré ou si
ça...
M. Arseneau : Bien, en fait,
la volonté des gens, des travailleurs de l'industrie touristique et des
entrepreneurs, des entreprises, c'est d'aller chercher le meilleur d'une saison
touristique qui va être catastrophique, mais à tirer son épingle du jeu, et la
compensation viendra ensuite. Là, actuellement, on ne parle pas de compensation
stricte. On parle de pouvoir travailler et ensuite vérifier le manque à gagner.
Moi, je ne veux pas qu'on se tourne vers des compensations sans se mettre en
action.
Le Modérateur
: On
passe en anglais, s'il vous plaît.
Mme Senay (Cathy) : Mr.
Arseneau, you've been talking about this for weeks now, trying to open up the
Magdalen Islands. The letter that is written by personalities this morning, they
are lovers of this island, but there's much more at stake. Do you have the
impression that there is not enough trust from the
New-Brunswick Premier and the Premier of the Prince Edward Islands, saying… Well,
we just want to go through, that's it.
M. Arseneau : Yes, that's it.
Mme Senay (Cathy) : So do you have the impression that there is not enough trust? They
don't trust Quebeckers to respect their own province?
M. Arseneau : I mean, we've got to ask these Premiers if they really trust
Quebeckers. But, I think, if you want to make sure that they believe what this
issue is all about, I think, who could better speak on behalf of Quebeckers
than Mr. Legault? So I'm back to square one in this issue. If Premiers of
PEI and New-Brunswick want reassurances, Mr. Legault is probably the best
person to talk to. He's the one who can talk, who can speak on behalf of all
Quebeckers who want to access the islands.
Mme Senay (Cathy) : And what should be done? I mean, what are you proposing? What do
you repeat for weeks? To create this corridor?
M. Arseneau : Yes, just a travel corridor from Québec to Québec, which means the
Magdalen Islands, with a minimal number of stops allowed which will absolutely
not threaten the public safety or security of anyone in the Maritimes.
Mme Senay (Cathy) : Why is this so complicated?
M. Arseneau : I think people are not talking to… I don't think the dialogue has
been very fruitful because, probably, the right persons are not involved in the
conversation. That's my belief, is… Once Premiers talk to one another, they can
solve the issue. My feeling is some civil servants are trying their best, but
they're not really understanding one another. So Premiers could do it in a
flash.
Mme Senay (Cathy) : You must be receiving phone calls from people from the Magdalen
Islands.
M. Arseneau : Tons, tons.
Mme Senay (Cathy) : I mean, like, are they panicking about this?
M. Arseneau : Absolutely, yes. I mean, people are threatened to lose their jobs,
all of their revenue, their businesses, and they feel like they're not being
heard. So, once again, I'm imploring the Government and the Premier to take action and to say… if there is a problem,
to speak up about it. What is the problem? It seems so simple to me. And, if we
knew what's it's all about, why it's taking so long? Maybe we would understand.
But I don't see what the problem can really be in such a simple matter.
Mme Senay (Cathy) : Ms. Hivon, can I ask you a question about this bill? The limitation
period in Québec is 30 years. What does that change, if this bill is
adopted, that there is no more limitation period if you want to report a sexual
assault for a victim of a sexual assault? What do you think it changes? Because
30 years, for some people… would say : It's a long time.
Mme
Hivon
: Yes. And, when it was changed, it was a really good step, but it's
not enough. And that's what the victims, among others, from pedophile priests
said, and that's… Their fight that they've been leading for the last years is
that… You know, if you've been abused when you were a child, it's possible
that, you know, all of that will affect you later in your life, that, at first,
you won't be able to foresee suing because it's so hurtful and there's such
pain associated to it. So this is why it's so important just to ban all prescription relating to these specific cases. We
are really behind on this issue, and I think it's very important to do that today. It's a way also of acknowledging what those people
have been suffering about and it's just a question of justice.
Mme Senay (Cathy) : Why do you think we are behind? Like, we are behind compared to
what?
Mme
Hivon
: It's because there are more complexities in our civil law system
relating to prescription, but we have been able to go ahead of that. The Bar,
now, the commission, the rights
commission, they're both willing
to do that. They say it's OK, in conformity with our Civil Code. So this is why,
finally, you know, after petition, and petition, and emotion, that we tabled…
many motions that we tabled, and we asked the Government to table this bill, and we gave a deadline of June. And so this is
why we're so happy today to see that it's finally, finally being tabled today.
Mme Senay (Cathy) : But why, as a politician, did you want to fight for this until it
changes?
Mme
Hivon
: Because I have really been aware… I have been told by many victims
of all their suffering and their incapacity of putting forward a civil suit
before. And it's something, when you haven't been abused, that might be difficult
to understand. But, for those people, sometimes, the flashbacks come with more
violence when you're getting older, when you have, you know, difficult situations in your life. And it's something
that brings more and more importance in your life and it's very hard to deal with. And, you know, we
understand that many of them were victims of priests, and it was not something
so easy to talk about. And now I think we need to talk about it and we need to
give them justice.
M. Verville
(Jean-Vincent) : On day camps, why do you think
the Government changed the
rules now? Do you have a message to send to the population who are trying to plan something ahead?
Mme
Hivon
: We are really wondering… And what we have been asking is really for
a more moment important
independence between public health authorities and government
authorities, and this is one case, one more case that brings us many questions.
How come, two weeks ago, all day camps, all, you know, municipalities had to
reorganize all their ways of dealing with day camps, with, you know, ratios
that were greatly diminished, and, two weeks later, because we see... Is it
because we see so many problems, so many lack of finding, you know, people, young people to take care of them that now the rule is
changing? I think it's a very fair question, and we want an answer to this.
M. Verville
(Jean-Vincent) : But is this a good...
Mme
Hivon
: If Public Health is saying that it's OK to have the same ratios… Of course, it's good if it's based on
public health authority because it's going to be a lot easier. More campers
will be able to go. But the next question relating to this is: If it is OK for day camps, why aren't we looking at
the ratios in daycare centers, in CPE? How come, like, in Montreal, in
Joliette, there are still 50% ratios when we know it's so difficult because
it's zero to five-year-old kids? So to keep them two meters apart is quite
difficult. So what is the logic, you know, behind all that? That's what we want
to understand. And this is why we feel that we should have questions directly
to the public health authorities, with all the independence, to understand who's
influencing who. How come those changes?
Mme Senay (Cathy) : You don't see consistencies.
Mme
Hivon
: No, we don't see consistency. If you see it, you're very good. We
don't see it in education. We don't see it in daycare. We don't see it in day
camps.
Le Modérateur
: Merci beaucoup.
Mme
Hivon
: Merci.
(Fin à 9 h 11)