(Huit heures cinquante minutes)
M. Derraji : Bon, bonjour tout
le monde. Je m'adresse à vous aujourd'hui, premièrement, pour réagir à
l'annonce de M. Simon Jolin-Barrette, le ministre de l'Immigration, par rapport
à aller chercher des préposés aux bénéficiaires. Et la question qui me vient à
l'esprit, c'est... Dans quelques jours, on va fêter, malheureusement, la
première année du premier bâillon du gouvernement caquiste par rapport à la loi
n° 9. Et, je tiens à vous rappeler, la loi n° 9 visait quoi, visait à un peu déchiqueter les
18 000 dossiers, diminuer les seuils d'immigration de 50 000 à
40 000, pour la première année, et 43 000 la deuxième année. La
question que je me pose et que je lance à M. Simon Jolin-Barrette :
Qu'est-ce qui lui a fait de cheminer pour trouver maintenant, finalement, que
la pénurie de main-d'œuvre, la solution passe aussi par l'immigration?
Souvenez-vous que, tout au début de la
campagne électorale de 2018, on disait qu'il n'y a pas un problème de pénurie
de main-d'œuvre, c'est un problème de salaire. Il n'y a pas d'effet sur
plusieurs secteurs d'activités. Aujourd'hui, on fait face à une réalité. La
réalité, c'est qu'uniquement le réseau de la santé, pour qu'il fonctionne, a
besoin de bras et je dirais même de beaucoup, beaucoup de bras. Quand le Québec
lance l'appel aux forces armées, que je tiens à remercier, c'est qu'au bout de
la ligne c'est un constat d'échec. C'est qu'on était incapable de livrer la
main-d'œuvre qualifiée et la main-d'œuvre disponible pour répondre aux demandes
grandissantes de notre système de santé.
Hier, vous avez vu comme moi l'annonce du
premier ministre qui annonce une formation payante pour être préposé aux
bénéficiaires, mais aussi un salaire de l'ordre de 26 $ l'heure. Moi,
depuis plusieurs semaines, je reçois des appels de plusieurs PME, dans
plusieurs régions, qui peinent à trouver des gens. Mais maintenant on leur
rajoute un autre handicap. Comment ils vont faire pour faire face à la
concurrence au niveau du salaire dans notre métier? Je tiens à vous le
rappeler, la moyenne des salaires, vous la connaissez, je tiens toujours à
donner un exemple d'une entreprise que vous connaissez tous, Olymel, que le
salaire offert aujourd'hui est aux alentours de 20 $.
Donc, le constat, il est clair. Nous
vivons une crise de main d'œuvre dans plusieurs secteurs d'activité. Et je
tiens à rappeler au gouvernement que la liste des 500 professions, que ça
soit l'édition 2018 ou l'édition 2019, prévoyait un manque dans
plusieurs secteurs d'activités au Québec. Les 500 professions, c'est en
ligne, c'est un document qui émane du ministère de l'Emploi, c'est la
Commission des partenaires du marché du travail qui nous disait qu'il y a une
pénurie et aussi un état de déséquilibre dans plusieurs régions du Québec,
notamment dans le réseau de la santé, mais dans d'autres secteurs d'activités.
M. Laforest (Alain) : Donc,
ce n'est pas une bonne idée, le projet pilote, là, pour attirer
550 personnes, pour être préposés aux bénéficiaires ,de l'étranger?
M. Derraji : C'est une bonne
idée aller chercher du monde pour venir en aide à nos personnes aînées. La
question que je me pose : Est-ce que c'est de cette façon qu'on va aller
répondre rapidement à la pénurie de main-d'œuvre? Je tiens à vous rappeler que
plusieurs pays où on avait l'habitude de recruter, il n'y a pas de vol encore.
Comment on va aller faire des missions de recrutement? Comment on va les
recruter, ces gens, dans des bassins francophones, sachant que des
rassemblements sont interdits dans ces pays? Il y a plusieurs vols? On ne sait
même pas, on n'a même pas une idée. Et le premier ministre veut des gens prêts
pour remplacer l'armée au mois de septembre. Donc, est-ce que c'est le moment,
aujourd'hui, de dire, une année plus tard, que vraiment on a besoin
d'immigrants pour contrer la pénurie de main-d'œuvre qu'on a au Québec?
M. Bélair-Cirino (Marco) : Les
préposés aux bénéficiaires ne méritent pas 26 $ de l'heure, selon vous?
M. Derraji : Ce n'est pas ce
que je dis.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Vous avez dit qu'il va y avoir une pression sur le réseau privé, non? Ce n'est
pas ça que j'ai compris de...
M. Derraji : En fait, c'est
que, quand on voit la pénurie de main-d'oeuvre, que ça soit dans le secteur
agroalimentaire ou ailleurs... Il y a une pénurie de main-d'oeuvre. Ce qu'on
voit présentement, c'est que le gouvernement met sur la table une formation
qu'il va payer pour un salaire de départ de 26 $. Je me pose juste la
question : Est-ce que le gouvernement a fait ses calculs pour ne pas vider
certains secteurs pour remplir les préposés aux bénéficiaires, pour avoir la
main-d'oeuvre qualifiée en termes de préposés aux bénéficiaires? Mais je ne dis
pas que... Ils méritent 26 $.
M. Bélair-Cirino (Marco) : Mais
êtes-vous d'accord avec la bonification importante des conditions de travail
des préposés aux bénéficiaires, donc le 21 $ de l'heure, pendant la
formation de trois mois puis le salaire de base de 26 $ de l'heure, plus
les avantages sociaux, si le gouvernement prévoit un mécanisme pour s'assurer
qu'il y ait aussi des préposés aux bénéficiaires dans le réseau privé? Est-ce
que vous êtes d'accord?
M. Derraji : Je tiens à vous
rappeler que moi-même, j'ai été préposé aux bénéficiaires pendant plus que deux
semaines. Je sais que c'est très difficile. Au-delà de l'argent, il faut être
un passionné. Travailler avec des personnes aînées, c'est un don. Il faut être
capable de le faire. Et ces personnes méritent le salaire. Ce n'est pas ça que
je dis. Ce que je dis, c'est que, oui pour 26 $, oui pour améliorer les
conditions de travail des préposés aux bénéficiaires, mais il ne faut pas
oublier qu'il y a d'autres professions qui attendent aussi la bonification de
leurs salaires. Il y a aussi d'autres secteurs d'activité qui peinent à trouver
de la main-d'oeuvre, mais ils n'ont pas accès à une bonification ou une
augmentation de salaire.
M. Bergeron (Patrice) :
...qui ont contacté le parti, qui vous ont contactés puis qui ont dit : Bien,
nous, ça veut dire qu'on va perdre notre main-d'oeuvre, qui va aller travailler
comme préposé? C'est-à-dire que même des gens qui découpaient des carcasses
chez Olymel vont aller travailler comme préposés? Qu'est-ce que...
M. Derraji : Bien, le risque,
il est là. Moi, mon rôle aujourd'hui, c'est dire : Écoutez, est-ce que le
gouvernement, dans sa planification, a pris en considération qu'il y aura
d'autres effets sur d'autres secteurs d'activité? La pénurie de main-d'oeuvre
frappe plusieurs secteurs d'activité. Ça, je n'ai pas besoin de vous le
démontrer aujourd'hui, vous le faites mieux que nous. À chaque jour, il y a des
articles qui parlent d'une pénurie de main-d'oeuvre depuis plusieurs mois.
Donc, ça, c'est un fait. Donc, ce qu'on dit, c'est que : Est-ce que le
gouvernement, dans sa planification, a pris en considération cela?
M. Bergeron (Patrice) : Mais
est-ce que ce n'est pas, dans un contexte de libre marché, à ces entreprises-là
d'offrir des salaires compétitifs? Parce que c'est comme s'il ne fallait pas
donner de bonnes conditions à des préposés parce que ça risquerait de nuire au
secteur privé. Ce n'est pas au secteur privé aussi de faire un effort sur le
plan salarial?
M. Derraji : En fait, c'est
une très bonne question. Dans une société de libre marché, le problème que
j'ai, c'est que j'ai des entreprises qui peinent à trouver de la main-d'oeuvre
dans un contexte où plusieurs vols n'opèrent plus. Il y a des entreprises qui
cherchent encore des soudeurs, dans la région de Lévis, qui attendent qu'il y
ait des vols qui s'ouvrent entre la Tunisie et le Québec, qui ne peuvent pas
recruter. Il y a des entreprises en agroalimentaire qui ont rajouté sur la
table l'après-COVID.
Je dis juste que le gouvernement ne doit
pas répondre à une problématique pour éviter d'en créer d'autres, mais d'avoir
un plan global. On ne peut pas juste avoir le focus sur un seul problème. Il y
a énormément de problématiques liées à l'enjeu de la pénurie de main-d'oeuvre. Et
je tiens à le rappeler que cet enjeu n'a pas été pris au sérieux par le gouvernement
depuis le début de leur mandat.
M. Lacroix (Louis) : C'est
une fausse bonne idée, vous trouvez, cette prime, en fait, ce programme-là?
M. Derraji : L'idée, elle est
bonne, de... un changement de réflexion au niveau du ministère de l'Immigration,
que dire : Finalement, probablement, la solution, c'est aller chercher des
gens d'ailleurs, 500 personnes, comme projet pilote. Mais je tiens à le
rappeler qu'il n'y a même pas une année, il a déchiqueté 18 000 dossiers
et il a baissé les seuils d'immigration. C'est une contradiction entre le
discours que le ministre de l'Immigration tenait il y a une année et le
discours d'aujourd'hui. Ça, c'est le premier point.
Le deuxième point, il n'y a même pas une
semaine, il a refusé une de mes motions, qui demandait de régulariser la
situation de ces demandeurs d'asile. Est-ce qu'aujourd'hui, en se levant le
matin, le ministre de l'Immigration s'est enfin dit que, voilà, la solution, ça
passe par l'immigration? C'est ça que je questionne maintenant le ministère de
l'Immigration.
M. Bélair-Cirino (Marco) : Il
a vu la lumière, peut-être, non?
M. Lacroix (Louis) : Oui,
mais vous devriez être content qu'il ait vu la lumière.
M. Derraji : Probablement, il
a vu la lumière. À force de répéter que la question des seuils est une mauvaise
idée... Probablement que les demandeurs d'asile, c'est une très bonne idée. Pour
moi, le plus important, aujourd'hui, c'est qu'on doit répondre d'une manière
très urgente aux besoins des aînés au niveau des CHSLD. Le besoin, il est
criant. Malheureusement, c'est trop tard. Parce que le gouvernement, il aurait
dû prendre le temps, il y a une année, et de ne pas avoir une vision très court
terme. Un gouvernement, ça planifie sur un, deux, trois ans, pas à quelques
mois, pas à quelques semaines. Former 10 000 travailleurs en trois
mois, là, bonne chance. J'aimerais bien voir le plan du gouvernement pour avoir
10 000 personnes, en tant que PAB, d'ici septembre. Quand on a eu le
débat sur la loi n° 9, vous étiez là.
M. Lacroix (Louis) : Mais
est-ce que vous... Moi, j'ai une question.
M. Derraji : Oui.
M. Lacroix (Louis) : Parce
qu'une formation de préposé aux bénéficiaires normale, ça tourne autour de 800
quelques heures, je pense. Là, on va former des PAB de façon expresse, en 300 heures
à peu près, puis on va leur donner le même salaire que ceux qui ont été formés
à 800 heures. Est-ce qu'on n'est pas en train de créer deux classes
d'employés, en fait, qui vont avoir le même salaire, mais qui n'auront pas
nécessairement la même formation?
M. Derraji : Bien, vous posez
de très bonnes questions, mais je pense que je suis la bonne… la mauvaise
personne à répondre. C'est au gouvernement de répondre à cette question.
M. Lacroix (Louis) : Oui,
mais je vous demande votre avis.
M. Derraji : Moi, j'analyse ce
que…
M. Lacroix (Louis) : Vous
l'avez fait, vous, le travail, pendant deux semaines, là. Vous savez de quoi il
est question.
M. Derraji : Le travail, il
est très difficile, je vous le dis, là, il est très difficile. Moi, le truc le
plus difficile, c'est émotionnel, ce n'est pas physique. Je traîne encore… je
fais de l'insomnie encore. C'est très difficile, c'est très émotif. Ce n'est
pas uniquement physique.
M. Laforest (Alain) : Vous
dites quoi aux gens qui vont peut-être être tentés d'aller vers ça et le faire,
là? Vous, vous l'avez vécu sur une courte période, vous n'étiez pas formé, vous
avez décidé d'aller là par élan du cœur. Vous leur dites quoi? Qu'est-ce qui va
vous arriver là-bas, là?
M. Derraji : Vous l'avez très
bien dit, c'est l'appel du cœur. Il faut être vraiment passionné pour pouvoir
vouloir travailler auprès des personnes aînées. C'est une mission noble. Moi,
quand je me baladais sur les étages, j'avais l'impression de nourrir un membre
de ma famille. Je me rappelle, j'ai des noms que je peux vous partager, et les
noms sonnent encore dans ma tête. Parce que ces gens dépendent de nous pour
leur donner à boire, pour les hydrater, pour leur ramener un jus d'orange, pour
leur ramener un verre d'eau, de faire la tournée pour leur dire : Est-ce
que ça va bien?, avez-vous besoin de quelque chose? Quand je vous dis :
C'est des passionnés, ces gens qui travaillent, oui, ils méritent ce salaire.
Je ne dis pas le contraire parce que c'est des longues heures de travail
debout, pas sur une chaise, pas dans un bureau, c'est debout, huit heures
debout.
J'ai fait des quarts de travail de 3 heures
à 23 heures. Croyez-moi, en rentrant chez moi, j'ai le goût juste de
prendre ma douche, ne pas serrer dans mes bras mes enfants ni parler à ma femme
et dormi sur-le-champ. Et je l'ai fait 15 jours. Pensez-vous à ces gens
qui doivent continuer à le faire sans vacances? C'est ça, l'état où nous avons
aujourd'hui, plus le contexte de la pénurie, plus le contexte de la rareté. Plus,
il y a beaucoup d'idées qui circulent. Regardez, quand on voit un collègue qui
décède à cause de la COVID, ce n'est pas rassurant. La peur, elle est
installée. C'est ce que j'ai vécu moi-même sur les étages. Les gens ne savaient
pas qui j'étais. C'est le dernier jour où ils savaient que j'étais élu.
M. Lacroix (Louis) : C'est
plus difficile qu'un job de député, M. Derraji?
M. Derraji : J'ai toujours été
élevé que chacun de nous sert sa société, qu'on soit journaliste, qu'on soit
député, qu'on soit PAB. C'est ces valeurs qui doivent tous nous animer en tant
qu'individus et en tant que citoyens.
M. Lacroix (Louis) : Et vous
avez vu les deux côtés de la médaille, vous êtes allé… vous avez côtoyé jusqu'à
un certain point, comment dire, la détresse humaine, là, dans les endroits où
vous étiez. Vous comparez avec votre travail aujourd'hui de député, qui est
important, vous êtes législateur, vous avez les moyens de changer les choses.
Comment vous comparez… Est-ce que ça vous fait mieux apprécier le travail des
PAB et le fait qu'ils sont mal payés?
M. Derraji : J'ai toujours
apprécié le travail de nos professionnels de la santé parce que j'ai travaillé
dans le système pharmaceutique ou santé pendant plus de 15 ans. Je sais
que c'est une chaîne, le système de santé. Un PAB, un médecin, une infirmière
auxiliaire, une infirmière clinicienne, c'est une chaîne. Si tu brises cette
chaîne, c'est ton système qui est brisé. Je rajoute les gestionnaires, je
rajoute les CIUSSS, les CISSS. Donc, tout le réseau, c'est une chaîne. C'est
très important ce qu'ils font.
Si je peux faire le parallèle, écoutez,
moi, la chose qui m'a le plus affecté, c'est le côté émotionnel. J'ai été très
mal à l'aise, les premiers jours, sachant que j'étais un peu... je savais
qu'est-ce que je vais faire. Mais ça me cherche encore. Parce que j'ai des
paroles de personnes qui ne comprenaient pas la politique. Ce n'est pas des
gens... Les gens, les patients qui sont dans leur résidence sont probablement
déconnectés de ce qui se fait ailleurs. Et je me dis : Est-ce que c'est le
moment de répondre à ces gens ou de continuer à faire abstraction à des
problématiques que ces gens vivent? Ces gens veulent juste qu'on prenne soin
d'eux. Et la plupart de ces personnes, elles ont contribué au Québec que nous
avons aujourd'hui.
Le parallèle avec le travail de député,
bien, parfois, ça nous arrive aussi de rencontrer des gens qui souffrent et ça
nous touche. Mais, je dirais, j'étais extrêmement touché quand j'étais en
contact avec ces aînés.
M. Laforest (Alain) : Quand
vous êtes sorti de là, la dernière journée, là, la première chose que vous vous
êtes dite : Quand je vais rentrer à l'Assemblée nationale... C'est quoi
qu'il faut qui change?
M. Derraji : Je l'ai dit dans
mon carnet de préposé aux bénéficiaires, que j'ai partagé sur Twitter, c'est
que je vais surveiller dorénavant toute politique publique qui touche les aînés,
et la santé publique, et la santé en général. On ne peut plus, on n'a plus le
droit de ne pas voir le côté humain derrière toute politique publique. Les
politiques publiques doivent être là pour venir en aide aux plus vulnérables.
Nos aînés ont besoin de nous. Les aînés qu'on traite aujourd'hui, c'est moi
dans 20, 30, 40, 50 ans, c'est vous aussi. Est-ce qu'on veut avoir le même
traitement qu'on réserve en 2020 à nos aînés dans un avenir proche? Le Québec
est une société vieillissante, les besoins sont énormes pour nos aînés. C'est
le moment de faire des politiques publiques qui répondent aux besoins des
populations vulnérables, en premier lieu nos aînés.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Comment vous avez réagi, hier soir, lorsque vous avez appris du gouvernement
fédéral qu'il ne pourra pas maintenir le déploiement actuel de soldats dans les
CHSLD jusqu'au mois d'octobre comme l'a demandé le premier ministre Legault?
M. Derraji : Bien, écoutez,
c'est une décision qui revient au fédéral par rapport au déploiement. La seule
chose que je demande, c'est une compréhension de notre réalité. Je ne pense pas
que c'est le moment de laisser tomber nos aînés. Encore une fois, ce n'est pas
des gens qui ont choisi ça, il faut faire très attention. Mais, en
contrepartie, je responsabilise le gouvernement du Québec de trouver d'une
manière très urgente des solutions d'une manière permanente, et non pas toujours
dépendre de l'armée. L'armée n'est pas là pour venir en aide uniquement dans
les CHSLD, ce n'est pas la mission première de l'armée. Ils sont venus pour
dépanner pendant un moment, mais ce dépannage pendant quelques mois, ce n'est
pas une solution permanente. C'est le moment de mettre de côté certaines
considérations et dire : Écoutez, c'est quoi, la meilleure solution pour
venir en aide aux besoins criants? 10 000 postes, là, ça, c'est juste
la santé, si je suis ce que le premier ministre dit. Il y a d'autres secteurs
aussi qui souffrent.
M. Gagnon (Marc-André) : Une
question plus personnelle. Vous êtes bien au fait de la situation de la
pandémie, là, actuelle. Vous, cet été, est-ce que vous iriez, par exemple, en
Gaspésie camper ou louer un chalet?
M. Derraji : Bon. En tant
que... je vais dire que je vais mettre mon chapeau de santé publique. Il faut
être très prudent, très prudent. Un, il faut suivre les règles de la Santé
publique. Les règles de la Santé publique, c'est quoi? Le lavage des mains, la
distanciation et porter le masque. L'autre côté qui me préoccupe le plus, c'est
l'avenir de nos régions. Il y a des régions qui dépendent du tourisme. Donc,
c'est une balance qu'on doit avoir. Oui, suivre les règles de la Santé
publique, mais il ne faut pas oublier qu'on ne peut pas tourner le dos aux
régions, s'il n'y a pas un plan gouvernemental d'aide à l'industrie hôtelière,
au tourisme, aux restaurateurs, aux bars. Donc, oui, il y a un risque
sanitaire, mais il ne faut pas oublier qu'il y a un autre risque économique
grave pour nos régions.
M. Bergeron (Patrice) :
Qu'est-ce que vous dites, d'abord, au Dr Massé qui disait hier :
Faites du tourisme de proximité? Proximité... La Gaspésie, ce n'est pas tout à
fait à côté de Montréal.
M. Derraji : Écoutez, Dr Massé,
probablement, a ses raisons de dire... pour éviter que les gens propagent le
virus dans plusieurs régions. Le Québec, il est grand, il y a beaucoup
d'opportunités. Mais encore une fois la question que je ramène sur la table :
C'est quoi, le plan B pour ces régions? C'est au gouvernement de dire
comment il va venir en aide à ces régions. Est-ce qu'on accepte que ces régions
ferment et passent une saison à sec, qu'il n'y ait pas de revenus pour eux?
Je le dis encore une fois, je ne suis pas
contre les mesures sanitaires. Il faut respecter les mesures sanitaires, il
faut respecter, suivre le plan de la Santé publique. Mais là il y a un autre
problème, il y a un autre enjeu économique. C'est des milliers d'emplois, c'est
des milliers de familles qui dépendent du tourisme. Donc, il faut que le
gouvernement se réveille et mette un plan pour répondre aux régions.
Le Modérateur
:
Questions en anglais.
Mme Senay
(Cathy) : Yes. I'd like to know,
Mr. Derraji, when you think about your experience volunteering in CHSLDs,
what comes to your mind as a matter of images, as a matter of feelings?
M. Derraji :
It's very hard to work as a PAB in a CHSLD, it's tough and it's emotional. It's
not only about doing the job. Caring about our elderlies,
it's something very interesting for me, but for everyone involved. And, for
everyone, they choose to work as a PAB. But it's very hard emotionally.
Mme Senay
(Cathy) : When you finished this experience,
you said that you really wanted to work on, at the National Assembly, to
improve conditions, living conditions for seniors and their health, basically.
What do you think about the Government trying… making lots of appeals for help
in CHSLDs and now trying to get immigrants? Do you have the impression that
there's too much improvisation, or it's the right way to do?
M. Derraji : I think it's a lot of improvisation. The first one… the first thing...
And my colleague André Fortin, yes, this week, he asked the Government to go
for a new… the bill regarding the ratios, «projet ratios», and…
Mme Senay
(Cathy) : Yes. No, but there is not enough
staff, so do you have an impression that the Government is in the right
direction to, basically, have this recruiting campaign, have immigrants
becoming orderlies, this pilot project that will be announced at 11:30?
M. Derraji : Yes. Because you asked me two questions. The first question is
about what I feel after my experience at the CHSLD. The first one is: we have
less staff, less workers inside the CHSLDs. It's not only in CHSLD Herron, but
for all of the CHLSDs. And, as you said about improvisation, that we don't have
more workers to do this job. So, after one year, I remember the Bill 9, and the
Government, they said they will reduce immigration by 10,000 the first year and
they closed the files of 18,000 immigrants.
So, today, the Minister
of Immigration came, and he said : Listen, I will do a pilot project, I will go
outside to bring 500 PABs. Like, last year, we said that it's urgent to have an
answer to our big problem in Québec regarding workers. It's not only in health,
but in other aspects of our society. And the answer, it was: We close the 18,000
and we will reduce immigration. So, for me, today is the perfect example of a
government of improvisation. We say it in French, «un gouvernement brouillon».
I don't know how can I say it in English, but «pour moi», it's like a
«gouvernement brouillon».
Mme Senay
(Cathy) : And is it realistic to bring
immigrants now, in the pandemic?
M. Derraji :
I will ask the Minister of Immigration how he will do it. So, he will bring
500? From where? And they should be PAB or we should pay for them the training?
So, for me, it's not the right answer for the problem that we are facing now. Maybe,
last year, he had the possibility to do it, but today it's too late.
M. Verville
(Jean-Vincent) : How realistic is it for the Government
to hire 10,000 long-term health workers before September?
M. Derraji : The first one, to find these 10,000, second one, to do the training
of 300 or 900 hours of training, I think it's a big challenge. And I wish him
good luck because we need these workers for our health system.
M. Verville
(Jean-Vincent) : Do you think it's possible?
M. Derraji : I have a big... a lot of questions. I will wait for the plan. He
said that the Government has a plan. I will wait for the plan.
M. Verville
(Jean-Vincent) : What would be your suggestion?
M. Derraji : With the answer that the Minister of Immigration brings today, I
don't think so that it's realistic.
Le Modérateur
: Thank you. Merci.
(Fin à 9 h 13)