(Treize heures une minute)
Le Modérateur
: Alors,
chers collègues, bienvenue à cette conférence de presse pour faire le point sur
la situation au Québec quant à la COVID-19. Le premier ministre du Québec, M. François
Legault, est aujourd'hui accompagné de la ministre de la Santé et des Services
sociaux, Mme Danielle McCann, et du directeur national de la santé publique,
Dr Horacio Arruda. M. le premier ministre, à vous.
M. Legault : Oui. Bonjour,
tout le monde. D'abord, un immense merci à ceux qui se sont inscrits hier pour
faire du bénévolat. Les Québécois sont tellement généreux que, comme je m'y
attendais un peu, ça a fait sauter le portail parce qu'il y avait trop de gens
qui voulaient être bénévoles, mais là on me dit que le portail est remis en
place, et puis déjà on a 12 000 personnes, là, qui ont été
appareillées avec des organismes. Donc, merci beaucoup à tous les Québécois,
là. Les Québécois sont généreux, et on peut être fiers de cette réponse-là.
Bon, maintenant, je vous l'avais dit au
cours des derniers jours, on s'attendait à arriver dans une nouvelle étape plus
critique. Vous allez le voir, les résultats le montrent aujourd'hui. Donc,
aujourd'hui, on a 10 décès de plus. Donc, on est à 18 décès. Évidemment,
je veux, au nom des Québécois, offrir mes sincères sympathies, condoléances,
aux familles, aux proches. Je le sais que c'est dur. Moi-même, quand je l'ai
appris ce matin, 10 décès, juste dans une journée, c'est dur, puis on
avait beau m'avoir averti depuis quelques jours qu'on en viendrait là, mais, bon,
il faut continuer d'avancer puis d'essayer de justement limiter le nombre de
décès pour la suite des choses.
Concernant les autres chiffres, on a
2 021 cas confirmés, c'est une augmentation de 392. On a
141 personnes hospitalisées, c'est une augmentation de 35. On a
50 personnes aux soins intensifs, c'est une augmentation de 7.
Du côté du nombre de tests, on a augmenté
le nombre de tests, mais on est en train de valider le nombre de tests qui a
été fait dans certaines régions, donc on va vous revenir demain avec des
chiffres à jour. Mais, bon, comme vous pouvez le voir, là, on a quand même
augmenté le nombre de tests puisqu'on a plus de cas positifs.
Peut-être un mot, là, parce qu'évidemment,
quand on regarde les chiffres, on voit qu'on a plus de personnes infectées que
dans les autres provinces. L'explication de la santé publique, c'est de
dire : Bien, notre congé scolaire, au Québec, est tombé au plus mauvais
moment. Donc, juste avant qu'on dise aux gens d'arrêter de voyager, bien, nous,
on a eu beaucoup de monde qui ont voyagé juste avant, là, à la dernière minute.
Donc, ça affecte nos signes... nos résultats, pardon.
Je veux revenir aux consignes, aussi, là.
J'ai vu hier, entre autres sur les médias sociaux, qu'il y a beaucoup de gens
qui ont vu mon appel au bénévolat comme étant un peu contradictoire. Donc, je
veux peut-être revenir et mettre ça tout ensemble.
D'abord, je demande aux Québécois... Le
Québec est sur pause. Il faut, autant que possible, qu'on reste tous à la
maison, sauf pour donner ou pour recevoir des services essentiels. Tout le
monde à la maison, sauf pour aller chercher des services essentiels ou pour en
donner. Donc, c'est sûr que les gens doivent sortir pour aller à l'épicerie se
chercher quelque chose à manger. C'est sûr aussi qu'on a besoin d'avoir des
personnes qui donnent les services essentiels. Puis quand on parle de, par
exemple, aider les personnes de 70 ans et plus à aller, pour eux autres,
chercher à manger, bien, ça prend des bénévoles. Quand on parle d'avoir des
banques alimentaires pour donner de la nourriture à ceux qui en ont besoin,
bien, ça prend des bénévoles. Donc, le bénévolat, on ne parle pas de bénévolat social,
là, de façon générale, on parle de bénévolat pour donner des services
essentiels, comme de nourrir tout le monde. Donc, on reste à la maison sauf si
on va chercher des services essentiels ou on donne des services essentiels.
Bon, maintenant, les marches, les fameuses
marches, là. Je vois qu'il fait plus beau qu'un peu plus tôt ce matin, en tout
cas, à Québec. C'est important d'aller prendre des marches. Vous pouvez aller
prendre des marches, mais, si vous allez prendre des marches, vous faites
attention de rester à deux mètres des autres personnes. Si vous êtes infecté
par le virus, si vous avez des symptômes du virus, vous n'allez pas prendre de
marches.
Bon, maintenant, il y a toute la question
des voyageurs, là. Il faut comprendre. Les gens qui reviennent, qui sont
revenus dans les derniers jours, vous êtes beaucoup plus à risque que la
moyenne des Québécois d'avoir le virus, donc, de le donner. Donc, idéalement,
vous restez à la maison. Si vous voulez absolument aller prendre une marche, je
parle des gens qui viennent de voyager, bien, c'est encore plus important pour
vous autres de rester à deux mètres parce que vous êtes à risque d'avoir le
virus. Donc, évidemment, on ne veut pas le donner aux autres.
Bon, une consigne qui devient importante,
là, puis je vous avais promis de vous dire tout le temps toute la vérité puis
de prévenir, quand on parle de la circulation entre les régions, quand on
regarde les chiffres actuellement, il y a deux régions qui sont plus affectées
que les autres : Montréal et l'Estrie. Donc, ça veut dire deux choses. Ça
veut dire : les gens qui sont à Montréal puis les gens qui sont en Estrie,
c'est encore plus important de rester à la maison, autant que possible. Puis ça
veut dire aussi : tous les Québécois qui ne sont pas à Montréal puis en
Estrie, bien, ne faites pas exprès pour aller à Montréal ou en Estrie, allez-y seulement
si c'est absolument nécessaire parce qu'il y a, toutes proportions gardées,
beaucoup plus d'infections à Montréal et en Estrie. On n'est pas à l'étape de
fermer ces régions-là, mais ne faisons pas exprès pour aller à Montréal ou
aller en Estrie.
Bon, maintenant, une autre question, que
vous m'avez posée hier puis que j'ai pu y penser cette nuit, les gens qui
continuent de travailler puis qui gagnent moins que 2 000 $ par mois,
bon, je peux comprendre que ça peut paraître n'être pas juste, donc j'ai
demandé au ministre des Finances de trouver une manière de vous compenser.
Donc, donnez-moi un petit peu de temps, là, ce n'est pas simple à mettre en
place, mais je vous le dis, là, ceux qui continuent de travailler puis qui
gagnent moins que 2 000 $, on va vous compenser. Puis faites-moi
confiance, là. La mesure, on va l'annoncer dès qu'on est capables de la mettre
en place, mais j'ai demandé au ministre des Finances de mettre ça en place.
Parlant du ministre des Finances, bien,
vous avez vu qu'il y a des mesures qui ont été annoncées par le gouvernement
fédéral il y a quelques minutes, quelques heures, pour les entreprises. On a
aussi eu des discussions avec le gouvernement fédéral pour les entreprises,
pour leurs remises de TPS et de TVQ. Donc, évidemment, le 31 mars arrive,
donc, pour donner de l'oxygène aux entreprises, on a convenu de reporter tous
les paiements des entreprises, donc l'argent qu'ils ont collecté en TPS, TVQ,
au 30 juin. Donc, vous savez que c'est le Québec qui collecte la TPS pour
le gouvernement fédéral, donc, les deux, on va permettre aux entreprises de
reporter jusqu'au 30 juin.
Bon, maintenant, un mot sur les personnes
vulnérables, puis là je pense, entre autres, aux enfants qui subissent de la
violence puis aux femmes qui sont victimes de violence conjugale. Bon, d'abord,
on a annoncé ce matin qu'on bonifie le financement pour l'hébergement. Là, vous
n'êtes pas... vous n'avez surtout pas à rester à la maison, là, je pense entre
autres aux femmes. Puis là je veux faire un appel à tous les Québécois, les
voisins, la famille un petit peu plus éloignée : Soyez vigilants. Si vous
êtes au courant qu'un enfant ou qu'une femme subit de la violence, bien,
appelez la police. Je demande votre aide, là. On doit continuer de s'occuper de
nos personnes vulnérables, puis, bon, il peut y avoir des cas étant donné, là,
qu'il y a plus de gens qui restent à la maison.
Maintenant, je termine avec mon merci du
jour, aux camionneurs. Les femmes — parce qu'il y en a — et
les hommes qui transportent la nourriture, qui transportent les biens
essentiels, merci. Vous travaillez dans des conditions qui sont difficiles,
vous êtes nos héros au quotidien, donc merci beaucoup pour votre travail.
Donc, je termine en vous répétant qu'on
est en train de livrer la plus grande bataille de notre vie collective. Il faut
qu'on respecte les consignes. Donc, on sort le moins possible de chez soi,
puis, si on sort, on se tient à deux mètres des autres personnes. Si on suit
ces consignes-là, on va la gagner ensemble, cette bataille. Merci.
Le Modérateur
:
Maintenant, quelques mots en anglais?
M. Legault : Oui. As I said in the last few days, we're entering a new phase in our battle
against the virus. We have two regions that are particularly affected, Montreal
and Estrie. It is very important that the people of these regions do not go to
other regions, and other Quebeckers must not go there unless it's very
necessary. Everybody must follow public health directives. That's how we'll win
this fight. It's up to us all together. Thank you.
Le Modérateur
: Maintenant,
pour la période des questions des journalistes, nous allons débuter aujourd'hui
avec Marco Bélair-Cirino, Le Devoir.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Oui, bonjour à tous. Vous n'êtes pas à l'étape, M. Legault, de fermer Montréal
ou encore l'Estrie, mais qu'est-ce qui est fait sur le terrain, dans les
secteurs où la COVID-19 frappe plus qu'ailleurs, pour freiner sa progression?
M. Arruda (Horacio)
:
Bien, il faut comprendre que les directions de santé publique sont à monitorer
la situation d'heure en heure. Entre ce qu'on dit ce matin puis ce qui peut
arriver dans le courant de la journée... peut dépendre de l'arrivée de nouveaux
cas qu'on va avoir seulement aux chiffres de 21 heures. Et c'est toujours
les mêmes principes. Mais je pense qu'actuellement, là, le message que dit
notre premier ministre est important parce qu'on soit ou non dans une région à
risque, on pourrait le devenir, O.K.? C'est clair qu'il y a des quartiers, des
secteurs qui sont plus chauds que d'autres, mais il y a des cas un peu
éparpillés dans l'île de Montréal, et, ce que je vous dis, c'est qu'il faut
prendre ces habitudes-là dès maintenant pour être capables de voir à les
appliquer.
Advenant une situation différente... Premièrement,
il faut comprendre qu'on a essayé de convaincre beaucoup les gens, hein, de le
faire, mais s'il y a des gens qui ne s'y soumettent pas et qui exposent
d'autres personnes en termes de vie, bien, là, à ce moment-là, les mesures
peuvent être resserrées, soit au niveau local, peut-être une plus grande
présence, des fois, des gens de l'ordre ou de gens qui vont le faire. On n'est
pas dans une perspective de délation, là, on n'est pas là-dedans, mais c'est
sûr qu'on va s'assurer que les gens qui n'ont pas compris finissent par
comprendre parce que c'est important. Ça y va de leur propre santé et de la
santé des autres.
Je vous l'ai dit, on est dans une situation
ici où le risque à la santé communautaire est important, donc, on peut essayer
de dire aux gens de brimer leurs vies, on est dans une pause, comme telle.
Donc, c'est ça qui est fait, puis ça va se faire dans toutes les régions du
Québec. J'ai des homologues qui regardent dans leurs territoires, qui
travaillent avec les municipalités, avec les autres secteurs, avec la police
locale pour voir un peu qu'est-ce qui s'y situe. Puis ils gèrent les
situations, des fois au cas à cas, puis ça se peut, qu'il y aura d'autres
interventions.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Quand sera-t-il nécessaire de fermer Montréal ou l'Estrie? Est-ce qu'il y a un
nombre de cas qui doit être confirmé? C'est quoi vos critères? Puis, pour
permettre aux gens de se préparer, parce qu'il y en a qui sont quand même
inquiets de cette perspective-là, qu'est-ce que ça signifie, la fermeture d'une
région?
M. Arruda (Horacio)
:
Bon, premièrement, on peut... premièrement il n'y a pas de recette, hein,
j'aimerais ça vous dire... puis il n'y a pas de chiffre magique non plus. Ça
serait bien le fun d'avoir un chiffre, puis tout le monde l'appliquerait, puis
tout le monde serait content. Vous pouvez avoir 100 cas qui sont
éparpillés mais qui ne sont pas en éclosion, tu sais, 100 milieux qui ont
été touchés par des voyageurs, mettons, là, puis vous pouvez avoir 30 cas
qui n'ont pas été touchés par des voyageurs, mais c'est transmission
communautaire.
Donc, il faut faire l'analyse fine de
chacun des endroits. Et, à un moment donné, quand on sent que ça circule trop
et que ça ne circule pas ailleurs... C'est surtout ça aussi, tu sais... Dans le
fond, si on ne veut pas que, par exemple, Montréal soit l'épicentre comme la
province d'Hubei, qui est allée... Qu'est-ce qu'elles ont fait les autres
provinces? Elles se sont mises en mode de protection, on a diminué les
échanges.
C'est sûr que, quand on confine des gens
dans un territoire, on s'assure que la sécurité, les besoins essentiels soient
là, là. On n'ira pas enfermer un secteur puis dire : Bien, dans ce
quartier-là, personne ne mange, puis etc. On s'organise pour qu'il n'y ait pas
de violence non plus parce qu'il y en a qui peuvent décider de faire de la
violence, aller faire des vols, etc. Donc, c'est une série d'interventions qui
permet d'appuyer le citoyen dans son confinement, O.K.? Des fois, on est
obligés de mettre du contrôle en périphérie parce qu'il y en a qui veulent
partir puis il ne faut pas. Et donc c'est ce genre de mesures là. Mais je sais
que, quand on ira à ces mesures-là, on va s'assurer de prendre soin des
personnes qui sont à l'intérieur comme de celles à l'extérieur. Ça, c'est bien
important. Mais la décision se prend parce qu'on ne veut pas justement que,
sans le savoir, ces personnes-là aillent importer la maladie ailleurs.
Le Modérateur
:
Prochaine question, Gabriel Béland, La Presse.
M. Béland (Gabriel) :
Oui,
bonjour. Question pour M. Legault. Il y a plusieurs Montréalais qui sont
partis à la campagne, en région, qui ont voulu sortir de la ville. Là, quand on
parle de fermer Montréal, on pourrait parler, par exemple, de restreindre
l'accès. Est-ce qu'on conseille à ces gens-là de rentrer à Montréal? Est-ce
que... Qu'est-ce que vous leur conseillez à l'heure actuelle?
M. Legault : Bien, si
quelqu'un est dans un chalet, dans les Laurentides ou en Estrie, il est
peut-être mieux de rester là, effectivement. Donc, le moins de déplacements
possible. Donc, il n'y a pas d'autres recettes que ça.
M. Béland (Gabriel) : Et vous
avez dit, tout à l'heure, que la semaine de relâche au Québec était tombée à un
mauvais moment, que ça expliquait peut-être le nombre important de cas, mais,
le 12 mars, quand vous avez annoncé la consigne de confinement pour les
gens qui revenaient de voyage, est-ce qu'en rétrospective on n'aurait pas dû la
rendre rétroactive, qu'elle s'applique aux gens qui revenaient de voyage lors
de la semaine de relâche?
M. Legault : Bon, c'est
toujours facile, comme on dit, le lundi matin d'analyser la game du dimanche,
là, mais évidemment on a mis des consignes graduellement en voyant l'évolution
des cas. Je pense qu'à l'époque on ne pouvait pas choisir autrement que ce
qu'on a choisi de faire.
Le Modérateur
:
Maintenant, avec Andrée Martin, TVA.
Mme Martin (Andrée) : Oui.
Bonjour, M. le premier ministre. J'aimerais avoir des précisions sur la situation
à Montréal. Nous, nous avons plusieurs informations à l'effet qu'on a présentement
des foyers d'éclosion à Côte-Saint-Luc, à LaSalle, dans Parc-Extension, dans
Côte-des-Neiges également. Donc, où sont les foyers d'éclosion? Et, dans vos
scénarios de bouclement, là, du moins contraignant au plus contraignant, c'est
quoi, votre plan?
M. Arruda (Horacio)
:
Bien, écoutez, les zones que vous parlez, là, sont chaudes, effectivement,
elles sont chaudes. La direction de santé publique de Montréal... Il faut
comprendre que, plus on va évoluer dans le temps, plus les directeurs de santé
publique, c'est eux qui vont avoir le portrait précis, dans le détail, O.K.?
Moi, j'ai des inputs et des informations, et les directeurs de santé publique,
enlignés avec nos orientations, vont prendre des décisions qui vont être
variables d'un territoire à l'autre.
Prenons un exemple. Il y a sûrement des
décisions qui vont être prises à Montréal et en Estrie plutôt que dans d'autres
villes, puis il faut regarder l'effet que ça a sur le maintien de la paix
sociale, puis etc. Il pourrait y avoir des sous-quartiers de Montréal, par
exemple, qui auraient certaines consignes de données, antérieurement, mais on
est dans les hypothèses. Mais prenons un exemple, là... Puis on a qu'à regarder
ce qui est proposé dans la littérature. Il y a même eu des endroits où il y a
eu des contrôles aux ponts. Je vous donne un exemple extrême, là, on n'en est
pas là actuellement au Québec, mais si ça avait à venir... Je vous dis juste
qu'est-ce qui a été fait dans certains pays. Ils ont mis des contrôles aux ponts
pour s'assurer que les gens qui traversaient d'une place à une autre, c'était vraiment
du travail essentiel. Je vous donne cet exemple-là. Je ne suis pas en train de
vous dire qu'est-ce qui va être discuté maintenant.
On peut être en plus grand contrôle des
déplacements d'un secteur à un autre à l'intérieur de Montréal pour vérifier si
les gens vont pour leur travail essentiel ou pas, ou s'ils veulent aller
ailleurs pour des questions de villégiature, comprenez-vous? C'est le genre
d'intervention qui peut être faite, et s'assurer aussi ne serait-ce que de la
compliance de la population aux mesures qu'on a mises en place. Si on voit,
dans des zones chaudes, des rassemblements d'individus ou des gens qui marchent
mais qui viennent se donner un rendez-vous dans un parc, ça, ça pourrait être
quelque chose qui est interdit. Et donc de la recommandation dans un secteur
particulier ou de la suggestion très, très forte, je pense que le PM a été
assez clair, bien, on pourrait devenir, pour des personnes qui n'acceptent pas
de le faire... avoir une approche que j'appellerais «de contrainte». Et ce
n'est pas notre stratégie initiale au Québec parce qu'on a un peuple qui... Habituellement,
là, les gens acceptent, mais il y a des exceptions. Puis on n'est pas non plus
la Chine, où on met une armée autour des maisons pour être en mesure de le
faire.
Le Modérateur
: En sous-question.
Mme Martin (Andrée) : Bien, justement,
c'est parce que vous nous avez habitués, depuis le début de la crise, disons...
Ici, en point de presse, vous nous disiez que vous vous interrogiez sur des
enjeux, et le lendemain, il y avait vraiment des annonces concrètes qui étaient
faites. Je pense notamment à la prolongation de l'absence à l'école, la
fermeture des écoles, l'interdiction pour les aînés de sortir sans supervision.
Alors, toujours en lien avec un possible confinement à Montréal, parce que vous
en avez parlé hier, 24 heures plus tard, vous en êtes où, M. le premier
ministre, dans votre réflexion?
M. Legault
: Il n'y a
rien de décidé pour demain ou après-demain. Donc, on regarde à chaque matin la situation,
puis on prend les décisions qui s'appliquent, mais, autant pour les décisions
qui ont été prises dans le passé que pour les décisions dans le futur, on les
prend le matin, puis ce n'est jamais noir ou blanc.
La seule chose dont je suis fier, c'est
que, quand on regarde, en Amérique du Nord, on a été les premiers à mettre des
mesures plus sévères de confinement. Donc, je suis très content qu'on ait été
les plus sévères. Maintenant, est-ce qu'on va être encore plus sévères dans les
prochains jours? C'est possible. Mais on n'est pas là.
Le Modérateur
: Alex
Boissonneault, Radio-Canada.
M. Boissonneault (Alex) :
Bien, dans ce contexte-là, justement, si vous, vous n'êtes pas prêts — bonjour,
d'abord — si vous, vous n'êtes pas prêts à imposer un confinement
régional comme ça, est-ce que les régions, elles, auraient le pouvoir d'agir
pour se protéger? On pense à la Côte-Nord, qui a six cas, par exemple. Est-ce
qu'eux pourraient décider de restreindre l'accès? Et, dans ce contexte-là, à
Montréal, par exemple, où il y a une situation particulière, qu'est-ce qu'on
fait avec les hôpitaux désignés? Il y en a quatre, maintenant. Est-ce qu'on
prend des mesures dans ces hôpitaux-là, compte tenu de la situation
montréalaise?
M. Arruda (Horacio)
:
On prend toutes les mesures, puis, je vous le dis, il y a une analyse par les
directeurs de santé publique. Mais je vais vous donner un exemple, là. Quand il
y a une hémorragie, les chirurgiens, là, ils ne vont pas nécessairement tout de
suite amputer, ou couper, ou rentrer, ils vont essayer de contrôler les
éléments, puis, à un moment donné, il y a un momentum, puis ça devient le
moment pour aller en salle d'op. C'est la même affaire pour nous, comme tel.
Puis, je peux vous le dire, les gens, là,
actuellement, là, il y a peut-être des cas qui s'ajoutent à Montréal, il y a
peut-être des analyses qui sont faites par rapport au comportement des
individus dans ces zones-là, puis ils pourraient effectivement... Ils ont des
pouvoirs, les maires ont des pouvoirs en lien avec la Loi sur la sécurité
civile, mais on utilise habituellement la loi de santé et de sécurité civile
quand on est dans un élément de chaos ou de, je dirais, là... ou vraiment de
dépassement de capacité. Puis là on est dans un système de santé qui travaille,
qui travaille avec ses partenaires.
Puis je pense que, comme je vous le dis,
là, à chaque moment, il y aura des choses... Moi, là, je vous l'ai dit... ce
que je vous dis, à ce temps-là, à ce moment-ci, à cette heure-ci... Est-ce que
ce soir, à 21 heures, il va y avoir un changement? Et, si c'est très
urgent, on va le faire, on aura un point de presse, on fera des communiqués,
là, on vous le dira. Mais actuellement, là, ce que je veux vous dire, c'est
que... ce que je vous dis... Oui, les municipalités ont des pouvoirs, de plus
en plus.
Puis je l'ai dit, l'autre fois, c'est les
directeurs de santé publique qui vont adapter à qui on fait des tests sur leur
territoire en fonction de leur épidémiologie parce que c'est une façon
intelligente. Ici, «one size fits all», là, ce n'est pas du tout ça, c'est
véritablement une analyse intelligente. Mais c'est sûr qu'on travaille ça en
coordination. Si, par exemple, un directeur de la santé publique fait une
recommandation de fermer une ville, il va m'appeler automatiquement, puis moi,
je vais voir avec lui c'est quoi, ses raisons. Et, si ça fait du sens et ça
respecte les orientations gouvernementales, ça va être fait. Et ça ne sera pas
décidé nécessairement par le politique, si vous me permettez, là. Je ne veux
pas dire que le politique ne va pas avoir un rôle, parce que les citoyens font
des pressions sur les maires, les gens ont un portrait, mais c'est une
prescription... qu'on dit : On est rendu à brimer les droits de certaines
personnes un peu plus parce qu'il y a un enjeu de santé publique.
Mme McCann : Au niveau des hôpitaux,
oui, effectivement, on en a quatre à Montréal, mais on en a sept autres au
niveau de la clientèle adulte, là, dans la couronne de Montréal, en Montérégie,
Laval, Lanaudière même, puis on en a aussi un à Québec, un à Sherbrooke, un à
Trois-Rivières. Alors, on est dans ce qu'on appelle la phase 2, le
niveau 2, où est-ce qu'on a 11 hôpitaux qui sont désignés, là, pour
la clientèle qui a besoin de soins intensifs, là.
Alors, moi, ce que je veux vous dire
aussi, c'est qu'on a beaucoup de lits qui sont libérés, hein? Dans l'ensemble
du Québec, on a 7 000 lits qui ont été libérés, là, dans le réseau,
sur 18 000. C'est considérable. On a 578 lits en soins intensifs qui
sont libres actuellement. Alors, on est capable d'absorber, là. On en a 50,
hein, personnes en soins intensifs pour la COVID-19. Alors, on s'organise bien
actuellement.
On a un système, même — ça, je
veux vous le dire parce qu'il y a eu beaucoup de travail
là-dessus — qu'on appelle le COOLSI.
C'est un système de gestion des lits de soins intensifs qui a été débuté à
Montréal et qui s'est étendu à travers le Québec récemment parce qu'on a le
besoin de le faire, et qui gère l'ensemble des lits de soins intensifs. Alors,
on a le contrôle sur la situation actuellement.
Le Modérateur
: Sous-question.
M. Boissonneault (Alex) : Oui.
Bien, dans ce contexte-là, est-ce que c'est dire, donc, qu'une ville comme
Montréal pourrait déclarer l'état d'urgence sanitaire et pourrait, là, avec la
direction régionale de santé publique, ordonner un confinement localisé, par
exemple, soit par quartier ou soit pour l'ensemble de la région?
M. Arruda (Horacio)
:
Oui, sur deux différentes lois, la Loi de santé publique puis la Loi à la
sécurité civile, mais il pourrait aussi me demander, puis que ça soit moi qui
l'ordonne. Comprenez-vous, là? Puis moi, je m'entends avec mon directeur de
santé publique régional. Il me donne les faits cliniques, puis etc. Il me...
Puis là, s'il faut, le municipal... appelle le municipal pour voir c'est quoi,
les enjeux d'opérationnalisation parce qu'il faut avoir une raison pour
déclarer les mesures d'urgence, là. Il faut que ça nous donne des pouvoirs ou
des moyens qu'on n'a pas autrement. Et c'est là qu'il y a une discussion qui se
fait.
Il n'y a pas de recette. Il n'y a pas un seuil.
Chaque situation est organisée. Mais vous comprendrez que, dans les premiers
cas qu'il va y avoir au Québec, je ne pense pas qu'un directeur va le faire
sans me parler, et je pense que ça va être une décision qui va probablement,
tout dépendamment, venir du central. Prenons, par exemple, qu'un directeur n'agirait
pas assez vite. Moi, je la prendrais, la décision. Si un directeur agirait plus
vite, là il a le pouvoir sur son territoire, mais il y a une analyse qui est
faite.
M. Legault : Juste vous dire,
en toute transparence, effectivement, on a des discussions actuellement avec la
ville de Montréal pour regarder les avantages, les désavantages de déclarer
l'état d'urgence sanitaire. Donc, on a des discussions.
Le Modérateur
: Une
question maintenant pour Louis Lacroix, Cogeco Nouvelles.
M. Lacroix (Louis) : Bonjour,
M. le premier ministre, Mme McCann, M. Arruda. Malgré votre appel à
ne pas voyager de région en région, il y a beaucoup de gens, notamment dans la
région de Montréal, qui, par crainte du virus, parce qu'il y a quand même une
éclosion assez importante là-bas, décident de quitter puis d'aller dans des
régions. Par exemple, on voit ça en Estrie, on le voit dans les Laurentides et beaucoup
aussi dans Charlevoix, où les gens louent des résidences touristiques. Le maire
de La Malbaie, ce matin, Michel Couturier, a dit que Charlevoix ne doit pas
devenir le camp de fortune des CIUSSS du Québec parce qu'eux autres craignent
qu'il y ait des gens malades qui se rendent dans les régions. Et le directeur
de l'ATR, de l'Association touristique régionale de Charlevoix, demande des
directives claires sur les résidences touristiques. Est-ce que vous avez
l'intention d'interdire la location de résidences touristiques pour éviter le
déplacement de gens?
M. Legault : D'abord, je vais
vous dire une chose, qu'une personne parte de Montréal pour aller dans les
Laurentides ou en Estrie s'enfermer dans un chalet, là, il n'y a pas de
problème avec ça, au contraire. Le problème, c'est qu'il faudrait qu'ils
apportent toute la nourriture pour un bon bout de temps. Le problème, c'est
quand ces personnes-là vont dans les épiceries d'une autre région. Là, ça
devient problématique. Moi, à ce moment-là, je souhaiterais que ces
personnes-là demandent à leurs voisins qui sont déjà dans la région depuis un
certain temps de faire l'épicerie à leur place. Mais, d'aller s'isoler dans un
chalet, dans une autre région, ce n'est pas un problème. C'est d'être proche
d'autres personnes d'une autre région qu'on ne veut pas. Donc, l'épicerie, là,
vous faites faire votre épicerie par quelqu'un d'autre si vous tenez à faire
ça.
M. Lacroix (Louis) : Deuxième...
Oui, en sous-question : Est-ce que vous pourriez devancer les vacances de
la construction et émettre les chèques? C'est-à-dire qu'il y a beaucoup de travailleurs
qui me soumettent... On ne travaille pas parce que les chantiers ont été fermés,
et il y a une possibilité, semble-t-il, légale, là, de pouvoir devancer le
versement des payes de la construction pour des circonstances exceptionnelles,
et je pense que c'en est une. Alors, eux demandent : Est-ce que ce ne
serait pas possible d'avoir l'argent maintenant plutôt qu'en juillet?
M. Legault : Bien, écoutez,
là, on va d'abord passer à travers les trois semaines, là. Les deux semaines de
la construction, c'est à la fin juillet. Donc, on va regarder si on se rend
jusque-là, puis qu'est-ce qui est le mieux financièrement pour eux autres, pour
l'économie, etc., mais actuellement, là, ce n'est pas envisagé à court terme,
pendant les trois semaines, là, de pause qu'on fait.
Le Modérateur
: Patrick
Bellerose, le Journal de Québec.
M. Bellerose (Patrick) : Oui.
Bonjour à tous. Dr Arruda, est-ce qu'on a un début, une piste d'explication qui
expliquerait pourquoi on trouve une plus grande concentration de cas dans le
Centre-ouest? Et est-ce qu'il y a des communautés que vous avez plus de
difficulté à rejoindre qui seraient plus touchées par le phénomène?
M. Arruda (Horacio)
: Écoutez,
je peux avoir des hypothèses, mais qu'il faudrait que je valide avec les gens
de Montréal. C'est sûr que, si on regarde, là, si vous me permettez, les
éléments qui peuvent expliquer une plus grande circulation, c'est associé à un
plus grand... j'appelle ça le bombardement de virus qui peut arriver par les
personnes. Donc, il y a eu, on l'a vécue, la semaine de relâche, avec
différents endroits... Mais il faut dire que là, actuellement, avec les
quarantaines qui sont mises en place, là... On parlait tantôt de revenir en
rétrospective du 12 mars au 9 mars, ça a été beaucoup plus, à mon
avis, le fait que le monde... les vols continuent à circuler, qui ont été
l'effet majeur et non pas le retour parce qu'à cette époque-là il y avait moins
de circulation ailleurs, puis etc.
Donc, ce que je veux vous dire, dans le
fond, c'est probablement associé à des voyages, à des corridors de voyage qui
peuvent exister entre certaines communautés, entre certaines villes, notamment
New York puis des villes au Québec, là, mais il est trop tôt pour moi de le
dire de façon précise, en tous cas, pas dans l'analyse que moi, je peux faire
au niveau central. C'est le genre de choses que les directions publiques vont
regarder. Comme ils font, par exemple... Il y a des régions que c'est
véritablement seulement les résidences pour personnes âgées où il y a eu un
problème parce qu'il y a eu du voyage puis il n'y a pas transmission. À
Montréal, il y a beaucoup plus de monde, il y a beaucoup plus d'inconnues dans
les enquêtes, actuellement, même si on a été enquêté, parce que ça monte, les
cas, donc on... Avant d'obtenir toutes les informations, ça prend un certain
temps.
Mais c'est clair : en gros, de façon
macroscopique, je pense que le foyer américain est aussi un enjeu actuellement par
rapport aux circulations de personnes qui ont pu se faire comme telles, et d'où
l'importance, à mon avis, que des gens qui sont en quarantaine par le gouvernement
fédéral, là, respectent aussi la... Parce que c'est comme le disait le premier
ministre : si c'était dangereux de voyager ou de ramener le virus il y a quelque
temps, mettons début mars ou aux mois de janvier, février, maintenant, comme ça
circule partout dans le monde, en fin de compte, ça veut dire que vous revenez
de l'extérieur, vous êtes en pleine forme, vous avez le goût de retourner faire
vos activités... Non. 14 jours.
M. Bellerose (Patrick) : Vous
avez parlé d'un mariage, récemment, là, qu'il y avait 350 personnes avec
une mariée qui était infectée. Est-ce qu'on sait maintenant si cet évènement-là
a causé un foyer d'infection?
M. Arruda (Horacio)
:
Je n'ai pas cette information-là, de façon précise, c'est dans les enquêtes qui
sont faites. Et vous comprendrez aussi que, pour des raisons de
confidentialité, on n'ira pas vous dire qui a infecté qui à l'intérieur de qui,
puis etc. Mais c'est pour ça qu'on dit encore : Les rassemblements, les
funérailles, tout ça, là, ce sont des facteurs. C'est reconnu dans la
littérature, dans toutes sortes d'épidémies. Puis je peux vous dire que c'est
arrivé, pas dans le cas du coronavirus, mais les funérailles sont une
excellente occasion de rapprochement. Puis on comprend, là, mais si on met trop
de monde dans la salle, c'est clair qu'on a un problème.
Le Modérateur
: Olivier
Bossé, Le Soleil.
M. Bossé (Olivier) : Bonjour,
M. Arruda, j'aimerais vous entendre sur les personnes guéries. Le chiffre
a augmenté un petit peu, là, 29. Ce n'est quand même pas beaucoup. On voit, par
exemple, en Colombie-Britannique, ils sont à 180 quelques. Pourquoi qu'on
en a encore aussi peu après un mois?
M. Arruda (Horacio)
:
Bien, c'est parce que notre... on est en décalage par rapport à la
Colombie-Britannique, en termes de nombre de cas. Il y en sûrement beaucoup
plus qui sont guéris, mais on n'a pas encore reçu la donnée au niveau central
parce qu'il y avait eu aussi, si vous me permettez, une consigne que ça prenait
deux tests négatifs pour avoir la guérison. Maintenant, on a eu des données
cliniques à travers les études d'ailleurs qui démontrent que ce n'est pas nécessaire
d'avoir deux tests négatifs, donc on va probablement avoir, au cours des
prochains jours, une augmentation importante qui est reliée aux changements de
structure, puis etc., là. Je ne pense pas que nos patients sont plus malades
qu'ailleurs.
Il faut voir, aussi... Si vous comparez
les soins intensifs, il faut comprendre que dans d'autres pays, les soins
intensifs... Nous, on a vidé nos soins intensifs, et il y a des gens qui vont
aux soins intensifs, actuellement, chez nous, qui n'iraient pas ailleurs. Ce
qui veut dire que certaines personnes qui ont besoin d'un peu d'aide, nous, on
ne se gêne pas pour leur en donner, O.K., parce que si on reçoit de l'oxygène par
respiration, c'est plus... Donc, je veux vous dire que, dans le fond, il est
trop tôt, je tiens à vous le dire, là, puis ça, c'est la tendance, puis
j'aimerais ça, hein, pouvoir me comparer, mais il est vraiment trop tôt pour se
comparer, même en termes de taux par groupes d'âge, même au Canada, à cause
qu'il y a des méthodes différentes, des tests différents. L'Ontario fait moins
de tests que nous actuellement. Avant, on pensait qu'ils en faisaient plus,
mais là, on en a fait plus. Ça fait que, quand on se met à comparer des taux,
si nos méthodes pour détecter des cas ne sont pas les mêmes, on va avoir un
profil soit plus sévère soit moins sévère.
Moi, ce qui m'importe actuellement, c'est
de voir combien de personnes se rendent à l'hôpital, puis je le sais
qu'actuellement il y a des gens qui, ailleurs, ils n'iraient pas aux soins
intensifs, mais comme on a de la disponibilité, on les utilise.
M. Bossé (Olivier) :
J'aimerais connaître le suivi qui est fait auprès de ces personnes-là, qui
guérissent, et est-ce que le plasma de ces personnes-là va ou, en tout cas,
peut être utilisé au Québec pour aider à traiter les malades?
M. Arruda (Horacio)
:
Oui. Écoutez, comme je vous dis, quand on va en avoir de plus en plus... C'est
sûr qu'actuellement on est à la recherche, si vous voulez, d'études. Il y en a
une qui va se dérouler sur le traitement, le vaccin, éventuellement. C'est sûr
que les plasmas des personnes, ça a été utilisé, là, dans des cas très sévères,
pour lesquels on veut... Le plasma d'une personne qui a des anticorps pourrait
devenir éventuellement une source de traitement, mais on préfère quand même,
compte tenu que c'est un produit biologique, puis c'est assez compliqué, on
préfère quand même de mettre nos énergies surtout dans la recherche d'une
thérapie qui guérirait, qui pourrait être donnée parce que le plasma est
souvent réservé à des cas plus sévères, puis etc. Mais, on n'exclut rien, comme
je vous dis, on n'exclut rien tant et aussi longtemps que nos experts nous font
des recommandations et que ça fait du sens. Parce qu'en médecine, il y a un
principe — excusez-moi, je vais encore être trop long : d'abord,
ne pas nuire.
Le Modérateur
: Mme la
ministre.
Mme McCann : Et il y a une
bonne recherche — merci — une intéressante recherche qui se
fait, là, à l'Institut de cardiologie avec
Dr Tardif sur la colchicine, qui est une
substance, là, qui est quand même à la portée... qui n'est pas chère non plus
et... sur 6 000 patients, et ça va rondement. On pense avoir des
nouvelles à l'intérieur de trois mois. Donc, cette recherche-là, on la suit de
très près. Mais il y en a d'autres aussi, évidemment, à travers le monde.
D'ailleurs, celle-là a suscité beaucoup, beaucoup d'intérêt à travers le monde.
Le Modérateur
:
Maintenant, pour Patrice Bergeron, LaPresse canadienne.
M. Bergeron (Patrice) :
Bonjour à vous. Vous avez tout à l'heure évoqué, donc, la question des lits de
soins intensifs qui sont libres, et qu'on peut traiter aussi. Mais qu'est-ce
qu'on dit à des malades actuellement de cancer qui, bon, se font dire par leur
médecin que leurs examens ou traitements doivent être reportés pour libérer des
lits puis pour les malades de la COVID-19? Est-ce qu'il faut assouplir cette
directive-là, là, qui va vers l'électif, vers les choses plus urgentes ou
est-ce qu'on en est rendus maintenant, comme société, à choisir entre traiter
quelqu'un qui a le COVID-19 ou quelqu'un qui a d'autres maladies?
Mme McCann : Non, non,
absolument pas, absolument pas. Alors, il y a des orientations très, très
claires, cliniques, qui ont été bâties par un comité scientifique, qui
réunissait notamment des représentants même de la FMSQ et des chercheurs, le
ministère, vraiment un ensemble de personnes très fiables. Et les orientations
sont claires : tout ce qui doit être fait pour les gens qui ont un cancer
qui ne peut pas attendre va être fait. Alors, ça, c'est très clair de notre
part. C'est la même chose en chirurgie cardiaque, par exemple. Quelqu'un qui a
un problème cardiaque, qui a besoin d'être opéré rapidement va être opéré.
Alors, ceci étant dit, par exemple, en
oncologie, pour les problématiques de cancer, il y a des choses qui peuvent
attendre, effectivement. Par exemple, un cancer de la prostate, ça peut
attendre un peu. Bon, on ne parle pas d'années, là, on parle de quelques
semaines, là.
Alors, ça, c'est des choses qui sont très
claires dans la littérature, il y a des choses qui peuvent attendre. Mais tout
ce qui est prioritaire, urgent, qui doit être fait, qui est pressant
cliniquement va être fait.
M. Bergeron (Patrice) :
Et donc on constate aujourd'hui une augmentation du nombre de décès. Est-ce que
vous avez déjà fait une analyse sur ces décès-là, qu'est-ce qu'il pourrait
expliquer que ça a pratiquement doublé du seul coup? Est-ce que c'est des
questions de proximité, d'âge? Quel est le portrait que vous avez actuellement?
M. Arruda (Horacio)
:
Écoutez, comme je vous dis, je vais vous donner des impressions — j'aime
ça, être rigoureux dans ce que je dis — je pense que les décès qu'on
a actuellement, là, la majorité des décès, ce sont des gens qui sont des gens
fragilisés, O.K.? Je le dis, ça ne veut pas dire que quelqu'un de 40 ans
ne pourrait pas faire une pneumonie, puis, pour d'autres, personnelles, avec le
coronavirus, faire une pneumonie sévère, mourir en deux jours. Ça existe, ça,
mais ce n'est pas la majorité. Donc, ce qu'on voit ici, c'est des gens qui ont
attrapé la maladie, certains aussi dans les lieux qu'on avait dits qui étaient
comme à haut risque, résidences pour personnes âgées, puis qui, suite à leur
maladie de base, surinfectées par le COVID-19, sont arrivées à décéder. Il y a
des cas qui étaient même, je vous dirais, des gens en train de presque mourir.
Puis je ne veux pas dire que c'était... que ce n'est pas important, mais...
Donc, on a un profil, actuellement, là...
Puis l'augmentation est associée, je vous
dirais, aux éléments. On s'en attendait. On n'est pas dans une proportion de
décès, là, qui me dit, là, qu'on a un changement du type de virus. Puis il faut
faire très attention au calcul de taux d'hospitalisation, de pourcentage de
décès parce que, juste pour vous dire, on teste tellement de gens qu'il y a
sûrement beaucoup... Puis, quand on regarde les proportions d'âges des gens qui
sont testés, là, c'est quand même des gens relativement jeunes aussi. Ça, c'est
sûrement des coronavirus qui n'ont pas besoin d'être hospitalisés, qui sont à
la maison puis qui, heureusement, ne font pas une charge sur notre système de
soins. Mais c'est normal qu'on ait des cas.
Puis, pour pouvoir faire un bon portrait,
ça prend un minimum. Écoutez, on est 8 millions au Québec. 29... 18 ou une
vingtaine de décès sur cette population-là, là, vous vous rendez compte qu'on
n'a pas là la quantité de données pour être capables de faire un profil
démographique là-dessus. Mais c'est des choses qui vont se faire à mesure et
qui vont se faire aussi, selon les territoires, quand il y a assez de chiffres.
Le Modérateur
: Merci. So, time to switch in English, with Cathy
Senay from CBC.
Mme Senay
(Cathy) : Good afternoon. You said,
Premier Legault, that you're having discussions with the city of Montréal.
You're setting the table since a few days about closing parts of regions or
regions, what people should expect. If you have a cottage in the Laurentians,
don't move, stay there. What will it take to reach that point of no return? And
how are you going to be able to enforce this?
M. Legault :
First, the discussions we have with the city of Montréal are not only over or
are not specifically about closing Montréal. It's about the advantages of having
this urgency act from the city of Montréal, what are the advantages, the
disadvantages. So, we're not specifically talking about closing Montréal. Now,
regarding this possibility, there will be discussions.
Now, there is no plan,
short-term, to close Montréal, but we evaluate the facts every morning, and
we'll take the decisions that are needed. Today, what I say is, I'm asking
people living in Montréal and in the Eastern Townships to stay in the region
and people from other regions to... don't go... not go in these two regions,
because they are more infected, they have more cases in
percentage of the population than the rest of Québec. So, it's important,
the risks are higher in those two regions. So, it's important that you don't move between regions, especially for those two
regions.
Mme Senay
(Cathy) : And, Mrs. McCann, we have now
18 people who have died from COVID-19.What phase of the pandemic are we at
this point and what does that mean for designated hospitals and their response,
the staff?
Mme McCann : Yes. We're at phase 2, but this is based more on the demand on
beds. And so we had four hospitals before that were designated, now we're at
11. And those 11 hospitals are in Montréal, but also around Montréal. One is in Three-Rivers, one in Québec, and the other one is in Sherbrooke. So, we're at phase 2, because we have more demand, and there
are four phases in the plan, so that's based on the demand on beds and
intensive care beds.
And as I was saying in
French before, we have a good system of managing all the intensive care beds
across Québec. We have freed
574 intensive care beds on about 1 000 that we have, which is very
good in terms of what we're offering for people who require it. And in terms of
beds in hospitals, we have freed 7 000 at this point, on a total of
18 000. So, this is really helpful, because we're going to be able to have
people who need the services come in the hospitals.
Le Modérateur
: So, it's now time for a few questions sent by email. The first one if from Phil Authier, from the Montreal Gazette. It starts, like usual,
with «Good day». The question
is for Mr. Arruda : Yesterday, you spoke about possible special measures
to contain the outbreak in the west end of Montréal. Can you tell us how are you proceeding and when?
M. Arruda (Horacio)
: First of all, as the Prime Minister said, there is discussions, actually, and even, I would say, when you are here, there's
people who are going to talk, there are going to be discussions with the Public Health director and also with the city and... to
see what are the advantages to do it or not and is it the moment.
As I am telling you, at
this point, there is no decision. Is there going to be a decision tomorrow,
after tomorrow or tonight? I cannot tell you. It depends of what is going on,
because, in between the report we received yesterday and this today, there could
be changes. But we will see if this measure is going to be something needed
actually to add more steps or to at least make sure that people understand what
we want them to do.
Le Modérateur
: So the second question from Mr. Authier is for Mme McCann.
Can you tell us why the homeless can't self-isolate after being tested for
COVID and if you know how much testing there has been? Could you have acted
faster?
Mme McCann : I
think we are organizing in Montréal, with the Ministry, with the CIUSSS
Centre-Sud and with the city, isolation for people who are homeless who have
been tested for COVID-19... were positive. It's going to be a unit in the Royal
Victoria Hospital where they are going to be able to stay and be isolated. And
also, we are taking measures to remove the homeless from the refuges, «les
refuges», the actual refuges and bring them to other places where there is more
space. And this is being done right now in the city of Montréal.
Le Modérateur
:
And now, for CTV. There are still many concerns from frontline workers having
access to the protective gear. How can you reassure them that they have access
to it now and not have this strict management policy in place witch leads many
to believe there isn't enough material?
Mme McCann :
Yes. I spoke with the directors general of all the organization in Québec today
and I can understand, and they conveyed that to me too, that there is a stress
there. Because, in the past, people who were working would have the gloves,
would have the masks right beside them and they could take whatever they needed
or they wanted, and we cannot to that anymore. We have to secure those masks
and those gloves, and those gowns, especially the masks. And I do understand
that it gives them a stress.
At the same time, we
really need to use those masks and those gowns very, very rigorously. And we
have given guidelines, very clear guidelines for the two types of masks, the
N95 and the surgical masks. And these are very clear. The N95, they are for
people who are symptomatic and need a procedure, when there is «des goutelettes»
or «aerosols» comes out of the mouth or the nose of the person. So the N95 are
very specific use for when you have to do a procedure, intubation, for instance,
and a surgery. So, it's very specific.
The surgical mask, they
need to be used when you have somebody that is symptomatic in front of you. Of
course, in the emergency room, we have said : You use the surgical mask
all the time, but in the first line, what we're saying
is that, today, we're saying that you use a surgical mask with people who have
symptoms or you suspect that they could have COVID-19.
Now, the INSPQ,
l'Institut national de santé publique, is reviewing right at this point those
guidelines. Maybe there will be a change, I don't know, but we know the situation is evolving. But what we're saying
is that, at this point, those guidelines are the ones we have, but we're ready,
at this time, to review if there is a change.
Now, what I want to say
too is that we're going to put together a liaison team for the P.D.G., for the organizations,
because there is a very, very systematic management of the masks that we have
to do. And I know people understand that, but it does create a stress. So one
of the responses we have to give is to give more information live so that a
P.D.G.… a team, whom, at one point, sees that there are not enough masks, they
can call and they can, right away, get a response. We've had situations like
that. But we will improve our functioning right now and we will give a response
very quickly. And I hope this will diminish the stress.
And I want to end by
saying that all the efforts are done by the team at the Ministry. We're in
contact with also the companies, we're in contact with different countries, and
we know... we hope that we'll get a lot more masks, in the millions, as soon as
possible. In the meantime, we have what we need if we follow those instructions
for a short term, but we'll resolve it. We want to resolve it for the midterm.
Le Modérateur
:
And, as a second question, CTV News is still getting many requests from
concerned family members who have no access to their dying relatives in
hospitals in palliative care. What do you have to say to them?
Mme McCann :
No, they should have access. I mean, when they're in palliative care, when
people are in palliative care, they be in long-term facilities, in the
hospitals, elsewhere, we give them gowns, we protect them, we give them masks,
we give all the protective gear and they should have access to their family
members.
Le Modérateur
:
All right. Our last questions are from Raquel Fletcher, Global News. So, for
Mr. Legault: You say we are entering a new stage where things are getting more
critical. What does it mean that there are 10 more deaths in just 24 hours?
M. Legault :
Bien… It means that we have to be even more careful than we were in the last week. So, right now,
we have more people that are infected and we have to be careful. We have
absolutely to stay home... instead... we have to get essential services or give
essential services, and I include the help we give to elderly and to people not
having anything to eat. So, it's important that we reduce the possibility of giving
the virus to somebody else. It's very, very critical, more than it was a week
ago.
Le Modérateur
: And last question
from Raquel : If a person who tests positive for COVID-19 must tell their
employer, does the employer have to contact employees who may have been
exposed? Because we are hearing from concerned viewers who say this isn't
happening. So, why not?
M. Arruda (Horacio)
: First of all, if somebody has COVID positive, he must, yes, tell
his employer because he will have not the right to go into the work. And the
other question is that if the
employer must call people to ask if they are COVID positive? In fact, that's
part of the measures. He must say to his people : If you are COVID
positive, don't come to work. So, it's an information. But is there a right? And the ones who... First of all, sometimes,
if somebody is COVID positive, the public health is going to call them and
identify exactly whose person could be... must be taken away. So, each time
there is a case anywhere, if I went to cafeteria, I went to work with my
colleagues, I will have a specific story of what I have done when I was
probably contagious, and then we will recommend to those persons what to do.
Le Modérateur
: So that's all the time we have. Merci, tout le monde.
M. Legault : Merci, tout le
monde.
(Fin à 13 h 53)