(Treize heures deux minutes)
Le Modérateur
: Alors,
chers collègues, bienvenue à cette conférence de presse pour faire le point sur
la situation au Québec quant à la COVID-19. Le premier ministre du Québec,
M. François Legault, est aujourd'hui accompagné de la ministre de la Santé
et des Services sociaux, Mme Danielle McCann, et du directeur national de
la santé publique, Dr Horacio Arruda. Alors, M. le premier ministre, à
vous la parole.
M. Legault : Bonjour, tout le
monde. Bien, écoutez, d'abord, je veux vous dire que j'entends beaucoup de
commentaires, je parle à beaucoup de gens, de beaucoup de régions, puis il y a de
plus en plus de Québécois qui suivent les consignes, de plus en plus de Québécois
qui aident leurs voisins, qui aident les personnes qui sont plus vulnérables.
Donc, très fier de la réaction des Québécois. Mais il ne faut pas arrêter, il
faut continuer à mettre en place toutes les mesures. Oui, on est dans une
période difficile, mais après cette période-là, ça va bien aller.
Bilan de la journée. Bon, malheureusement,
il y a deux décès de plus, donc on est maintenant à six décès. Donc, je
veux offrir, bien sûr, mes sincères condoléances à la famille, aux proches des
victimes.
Maintenant, on a aujourd'hui
1 339 cas confirmés, donc c'est une augmentation de 326. On a
78 personnes hospitalisées, c'est une augmentation de 11. Puis on a
35 personnes aux soins intensifs, c'est une augmentation de quatre. On
a beaucoup augmenté les tests puis les analyses de tests, on a maintenant
26 600 cas négatifs, 3 000 en attente de résultats. Donc, quand
vous analysez les chiffres, quand vous tenez compte de la grande augmentation
du nombre de tests, ce sont quand même aujourd'hui, je dois le dire, là, des
résultats qui sont encourageants. Mais la partie n'est pas gagnée, et il faut
garder nos bonnes habitudes.
Bon, d'abord, un mot sur la protection du
personnel de la santé. D'abord, je veux rassurer tout le monde, on a tout
l'équipement de protection nécessaire. J'avoue qu'on a eu des petites
difficultés dans la distribution du matériel aux différents établissements puis
on est en train de corriger ça, là. Donc, il n'y a rien qui va être négligé
pour protéger notre personnel de la santé puis il n'y a pas de raison parce
qu'on a tout l'équipement pour les protéger.
Bon, maintenant, je reviens sur les
résidences de personnes âgées. On a actuellement, au Québec, trois résidences
de personnes âgées qui sont infectées. Il y en a une dans Lanaudière, une à Montréal
puis une en Estrie. Bon, d'abord, je veux vous dire que, dans ces trois
résidences-là, toutes les mesures nécessaires ont été prises. Mais, c'est très
important, on le dit depuis le début, de tout faire pour... qu'on augmente le
nombre de résidences de personnes âgées infectées. C'est important parce que,
même s'il peut arriver... puis on a vu des cas où il peut y avoir des
conséquences graves pour des plus jeunes, il reste que les probabilités sont
beaucoup plus élevées chez les personnes âgées d'avoir des conséquences graves.
Et puis, évidemment, bien, quand il y a des résidences de personnes âgées
partout, que ce soit au Canada, aux États-Unis, c'est là, là, qu'il y a le
plus, malheureusement, de conséquences graves quand l'infection rentre dans les
résidences de personnes âgées.
Donc, je répète les consignes, je sais que
c'est dur, mais : pas de visites dans les résidences de personnes âgées; les
sorties des résidents doivent être faites sous supervision.
Puis là, j'ai un message, entre autres,
pour tous les propriétaires de résidences de personnes âgées publiques,
privées. C'est important, d'abord, de bien s'assurer que toutes les mesures
nécessaires sont prises pour que le personnel soit en sécurité puis qu'il garde
les résidents en sécurité. Puis toutes les mesures, quand on reçoit la
nourriture, aussi, doivent être prises au cas où la nourriture serait infectée.
Donc, très, très important de bien, bien s'occuper des résidences de personnes
âgées.
Bon, l'autre phénomène qui continue de se
poursuivre puis qui va se poursuivre, dans les prochains jours, c'est toute
l'arrivée des «snowbirds», ceux qui vont passer l'hiver en Floride ou dans les
destinations soleil. Très important, vous devez vous isoler pour deux semaines.
Très, très important, là. Vous êtes à risque, donc vous restez à la maison pour
deux semaines, tous ceux qui reviennent de la Floride ou d'autres endroits
comme ça.
Maintenant, un mot pour les gens qui sont
inquiets financièrement. Évidemment, là, les gouvernements, notre rôle premier,
dans la crise actuelle, c'est de s'assurer que tout le monde a assez d'argent
pour manger, pour se loger. Donc, évidemment, il y a le loyer qui s'en vient,
le premier avril, puis les chèques devraient arriver à compter du 6 avril,
les chèques du gouvernement fédéral. Donc, moi, je veux faire un appel aujourd'hui
à tous les propriétaires d'être compréhensifs, là, d'être capables d'attendre
quelques jours avant de recevoir le loyer du 1er avril. Ça ne veut pas
dire que ceux qui sont capables de le payer ne doivent pas le payer, là, parce
qu'il y a des propriétaires qui comptent là-dessus aussi pour avoir des revenus.
Mais soyons compréhensifs, les chèques, les premiers chèques du gouvernement
fédéral vont arriver à partir du 6 avril, puis là, bien, il y a le loyer à
payer le 1er avril.
Maintenant, aussi, dans chaque région, il
y a des banques alimentaires. On a annoncé une bonification du financement des
banques alimentaires. C'est important, les gens, tout en faisant attention de
se protéger, là, les bénévoles qui vont travailler dans les banques
alimentaires, suivez les consignes. Mais je veux vous dire un immense merci. On
va avoir besoin de vous autres, au cours des prochains jours, parce qu'il y a
des gens, malheureusement, qui n'auront pas les sous pour être capables
d'acheter la nourriture. Puis ça, là, on a tous une responsabilité d'aider.
Donc, merci à ceux qui aident dans les banques alimentaires un peu partout au
Québec.
Un mot aussi sur les sans-abri. On est en
train, là, ça devrait être dans les prochaines heures, de trouver des places
pour être certains que nos sans-abri ne soient pas dans des salles communes à
risque, là. Donc, toutes sortes d'alternatives, là, qui sont examinées, entre
autres au Royal Vic, à Montréal, puis dans d'autres endroits. Donc, on est très
conscients, là, du défi, puis on en discute, puis on s'en occupe actuellement.
Maintenant, mes remerciements du jour,
c'est pour le personnel qui fait l'entretien ménager puis qui désinfecte les établissements
partout... évidemment, à commencer par le réseau de la santé, mais partout au Québec.
Votre tâche, là, est plus importante que jamais, donc merci beaucoup à tout le
personnel d'entretien ménager.
Donc, je conclus en vous disant : On
a actuellement une espèce d'armée de 8,5 millions de personnes pour
combattre le virus, et ça risque d'être la plus grande bataille de notre vie.
Puis on va en parler longtemps, hein? Nos petits enfants, dans 20 ans,
dans 50 ans, vont se rappeler comment le peuple québécois a réussi,
ensemble, à gagner la bataille. Donc, c'est une grosse bataille qu'on mène, là,
puis on va être fiers de l'avoir gagnée. Puis moi, je suis convaincu qu'on va
la gagner. Mais, comme je le dis à chaque jour, l'important, c'est de tout
faire pour limiter les contacts physiques, limiter la contagion, limiter la
perte de vies. Et on est capables de la gagner, on va la gagner ensemble, cette
bataille, cette guerre, mais j'ai besoin de vous. Je compte sur vous. Merci.
Le Modérateur
:
Voulez-vous dire quelques mots en anglais ou on prend...
M. Legault : Oui. So, Québec is
united as an army of 8.5 million people in the fight against the virus. Every action we take will
bring us closer to victory. Our children and grandchildren will remember how we
won this battle, so let's make them proud, let's continue our efforts together.
Our health network
continues to prepare for the fight, we're ramping up the tests and we are
implementing all measures to protect our guardian angels.
To help us in our
efforts, I ask our snowbirds that are coming back, to isolate themselves for 14
days. It's very important to do so, you're at risk of spreading the virus. The
faster we'll all do our part, the faster we will save lives and win this
battle. Thank you very much.
Le Modérateur
: Merci,
M. le premier ministre. Alors, pour les questions, on va débuter aujourd'hui
avec Hugo Lavallée, Radio-Canada.
M. Lavallée (Hugo) : Oui. Bonjour,
M. le premier ministre. Donc, vous parlez de résultats encourageants, mais
c'est quand même la troisième journée d'affilée où on constate un nombre de cas
qui est en hausse de manière importante : plus 326; hier, c'était 325 de
plus. Il y a beaucoup de gens qui s'étonnent de voir que le Québec est
l'endroit au Canada où il y a le plus de cas. En Ontario, ils sont 14 millions,
ils ont l'aéroport le plus important au pays, ils font plus de tests, et
pourtant il y a moins de cas.
Donc, je comprends que la semaine de
relâche ici a peut-être moins bien tombé qu'en Ontario, mais est-ce que c'est
le seul facteur? Est-ce que ce n'est pas inquiétant, surtout dans la mesure où
on se targuait jusqu'ici d'être à l'avant-garde de ce qui se faisait dans les
autres provinces?
M. Legault : Bon, là, vous
voyez, là, à 26 600 cas négatifs, là, on passe devant la moyenne
canadienne per capita. Donc, c'est une grosse augmentation du nombre de tests,
de résultats de test aujourd'hui. Puis une augmentation de 326, donc, toute
proportion gardée, là, c'est un ratio qui est encourageant. Par contre, si on
regarde au total, bien là, on revient sur les implications. Encore aujourd'hui,
à peu près au moins 60 % des cas, ce sont des cas de gens qui ont voyagé.
On a beaucoup de gens qui ont voyagé à peu près au pire moment durant le congé
scolaire, donc il faut en tenir compte. Mais moi, ce qui est intéressant, là,
c'est de regarder la progression. Puis aujourd'hui, compte tenu du nombre de
nouvelles analyses, c'est encourageant.
Il faut dire aussi que le choix qui a été
fait, puis qui était le bon choix, par le Dr Arruda, c'est qu'on a commencé à
tester les personnes qui étaient et avec symptômes et qui avaient voyagé. Donc,
évidemment, là, on a mis comme toutes les chances de notre côté de trouver des
cas positifs. On n'a pas juste testé ceux qui ont des symptômes, on n'a testé
d'abord ceux qui avaient voyagé et avaient des symptômes. Là, on est rendus à
la deuxième étape et puis on teste juste des gens qui ont juste des symptômes.
Et donc, là, les résultats, quand on regarde les nouveaux résultats, sont dans
la moyenne de ce qu'on voit dans d'autres provinces ou dans d'autres États. Je
ne sais pas, Dr Arruda, si vous voulez ajouter. Oui?
M. Arruda (Horacio)
:
Oui, c'est ça, en fin de compte, vous savez, c'est très difficile de comparer
ce qui se passe à un endroit ou un autre. C'est en fonction aussi des types de
vols qui sont faits. La Colombie-Britannique, c'est la Chine. Nous, on a eu la
France, l'Italie. Il y a eu la semaine de relâche. Puis, on a encore, pour
l'ensemble du Québec, dans ce qu'on appelle... une majorité de cas sont
associés à des voyages. D'où l'importance du message qu'a dit le ministre
Legault en lien avec les personnes qui vont rentrer. Ces personnes-là, là, elles
sont à l'extérieur pendant une période où il y a encore plus de cas qu'au
moment où on avait la semaine de relâche, parce qu'il y en a plus en France, il
y en a plus ailleurs, il y en a plus aux États-Unis. Donc, c'est encore très
important de le faire.
Une chose que je voudrais mentionner ici,
aussi, c'est qu'en même temps qu'on a mis des mesures de distanciation sociale,
qu'on est en pause actuellement, là, ce qui va permettre aux gens de diminuer
la transmission locale qui commence à s'installer dans certaines régions un peu
plus que d'autres, il y a des gens qui vont vous téléphoner, qui vont faire des
enquêtes épidémiologiques, là. On ne cherche pas des coupables, on ne cherche
pas à taper sur les doigts aux gens qui ne sont pas isolés. On cherche à faire
ce qu'on appelle une recherche de cas et de contacts pour aider à diagnostiquer
les maladies plus tôt, puis, si vous avez besoin de traitement, le faire, mais
surtout donner conseil à ceux qui auraient pu être exposés, qu'ils n'aillent
pas contaminer d'autres personnes.
Donc, si vous recevez un appel de votre
Direction de santé publique, d'une infirmière, d'un médecin ou d'un autre
collaborateur, il faut collaborer. De la même façon que si vous allez en
clinique, il faut le dire si vous avez voyagé. Il faut le dire que peut-être
vous avez été en contact avec quelqu'un qui est positif. Ne cachez pas ça.
Parce qu'en le cachant vous empêchez le médecin de se protéger puis nos anges
gardiens de se protéger. En ne collaborant pas avec la santé publique, vous
empêchez qu'on fasse une enquête pour aider les gens à savoir s'ils ont été
exposés.
Donc, c'est encore majeur, on a augmenté
de façon très significative la capacité des enquêtes en santé publique, mais il
faut que vous nous aidiez puis il faut que vous respectiez les consignes. Les
gens âgés qui sortent par la porte d'en arrière pour aller sortir non accompagnés
se mettent en danger et mettent en danger leurs propres amis à l'intérieur du
centre. On ne fait pas ça pour le plaisir, je vous le dis. Pour certains, c'est
une question de vie ou de mort, et vous pouvez être dans la séquence où
quelqu'un, au bout de la ligne, va mourir parce que vous n'aurez pas respecté
ces consignes.
Je le sais, la majorité des Québécois le
comprennent, la majorité des Québécois le font, mais il ne faut pas laisser les
petites poches de gens qui n'écoutent pas, qui ne comprennent pas... On veut
les convaincre, puis, à moment donné, s'il faut... On n'est pas rendus là, mais,
de grâce, faites ce qu'on vous a prescrit. C'est comme un traitement pour la
communauté pour diminuer l'impact et diminuer le nombre de morts.
Le Modérateur
: ...M.
Lavallée.
M. Lavallée
(Hugo) : Oui. On a vu, au cours des dernières heures, le gouverneur de
l'État de New York annoncer qu'il y avait plus de 30 000 cas de
personnes infectées dans son État. Le nombre double tous les deux ou trois
jours. On comprend que la frontière est fermée aux visiteurs, mais est-ce que
ce n'est pas inquiétant dans la mesure où c'est un des plus proches voisins du Québec?
Il y a des camionneurs qui passent par là, beaucoup de Québécois qui vont
revenir du sud des États-Unis, qui vont transiter par l'État de New York.
Est-ce qu'il y a des mesures additionnelles à prendre de votre part ou de la
part du gouvernement fédéral?
M. Legault : Oui. Bon,
d'abord, quand on regarde les résultats pour l'État de New York, il faut tenir
compte aussi que c'est un État qui teste beaucoup plus que la moyenne des États
aux États-Unis. Donc, on peut se demander, si on avait testé autant dans les
autres États qu'on a testé dans New York, est-ce qu'on aurait la situation qui
serait la même, finalement, dans plusieurs États aux États-Unis. Donc, il faut
être prudents.
Je reviens sur l'État de la Floride, étant
donné qu'il y a quand même beaucoup de Québécois qui reviennent. C'est pour ça
que c'est très, très important, tous les Québécois qui reviennent au Québec des
États-Unis, peu importe où, il faut s'isoler, il faut rester à la maison, il ne
faut pas sortir pendant deux semaines. Parce qu'il y a quand même une étendue
qui est assez grande, aux États-Unis, là. C'est sûr que, dans l'ensemble des États-Unis,
on a beaucoup moins testé, toutes proportions gardées, qu'ici, au Québec, donc
on ne sait pas vraiment quel est l'état de la situation dans tous les États aux
États-Unis. Donc, soyons prudents avec les gens qui arrivent des États-Unis en
particulier.
Le Modérateur
: Louis
Lacroix, Cogeco nouvelles.
M. Lacroix (Louis) : Bonjour,
M. Legault, Mme McCann, M. Arruda. Je m'adresse à l'humain
derrière le premier ministre. Avant d'être premier ministre du Québec, vous
êtes d'abord et avant tout un fils, vous êtes un mari, vous êtes un père de
famille. Comment vous traversez, personnellement, cette situation-là? Est-ce
que vous avez le support nécessaire, moralement, etc.? Est-ce que vous vous
sentez suffisamment fort pour continuer à être sur la ligne de front comme vous
le faites depuis maintenant presque trois semaines, là?
M. Legault : Oui. Bien,
écoutez, la vie continue. D'ailleurs, j'en profite, M. Lacroix, là, je
sais que vous êtes encore une fois grand-papa puis que votre petit Miro va
bien, va mieux. La vie continue. Tu sais, il y a des bonnes nouvelles. J'en ai
eu moi aussi, des nouvelles de naissances dans ma famille. Il faut essayer de
voir après la crise, là. Et puis, bien, c'est ça, là, notre défi, c'est de
dire : On racontera ça un peu comme une grosse anecdote qui est arrivée
pendant une période de notre vie. Mais on est capables de passer au travers.
Moi, je me sens bien. Tu sais, c'est sûr
que je ne vois pas mes deux fils, là, qui sont à Montréal, mais je me sens
bien. Je vous le dis tout de suite, je vais prendre une journée de congé,
samedi. Ça va probablement être Geneviève qui va être ici. Donc, je fais
attention à moi et, bien, je fais attention aussi aux gens qui sont autour de
nous. Mais il faut bien sûr prendre ça au sérieux. C'est grave, ce qui se
passe, mais on va passer au travers. C'est une période difficile, c'est
temporaire, donc il faut le regarder comme ça.
Puis, bien, comme premier ministre du
Québec, bien, moi, je suis fier de ce qui se passe au Québec. Je suis fier, je
le disais au début, de la réaction des Québécois, des Québécois qui suivent les
consignes, les Québécois qui s'aident, là. Puis on va arriver avec... Parce
qu'il y en a plein qui nous appellent puis qui disent : Où je peux aller
aider? Donc, on va les aider à avoir l'adresse des organismes qui ont besoin
d'aide. Donc, c'est beau de voir ça, même si c'est dur, c'est beau de voir la
réaction humaine des Québécois.
M. Lacroix (Louis) : Deuxième
question, M. Legault. La ville de Québec, hier, a annoncé que, bon, jusqu'à maintenant
ils ont mis à pied 2 000 personnes qui travaillent pour la ville, des
employés. Vous avez pris la décision, vous, dès le début de cette crise-là, de
maintenir... de donner le salaire des gens, finalement, de ne pas faire de
congédiements. Même s'il y a des gens qui ne peuvent pas travailler, qui sont à
la maison, qui ne peuvent pas faire de télétravail, vous avez décidé de
maintenir le lien d'emploi et donc de les payer. D'abord, comment vous
accueillez la décision de la ville de Québec? Et est-ce que vous songez à
mettre des gens à pied au gouvernement?
M. Legault : O.K. Non, on n'a
pas d'intention de mettre qui que ce soit à pied. Il faut comprendre que, pour
ce qui est de la ville de Québec, ce ne sont pas des employés permanents, c'est
des employés qui étaient temporaires ou je ne sais pas c'est quoi, le mot, exactement,
là, mais en tout cas qui n'étaient pas des employés permanents. Donc, il faut
quand même distinguer. Mais, pour ce qui est de nous, bien, la seule affaire
que je pourrais dire, c'est : Les gens qui sont payés par le gouvernement
dans les réseaux ou ailleurs, qui ont du temps, bien, s'il vous plaît, allez
aider, là. C'est le temps de s'aider, ce n'est pas le temps de couper.
Le Modérateur
: Alain
Laforest, TVA.
M. Laforest (Alain) :
Bonjour, M. le premier ministre. Vous nous avez habitués à beaucoup de
transparence. Vous avez passé un message, tout à l'heure, au réseau de la
santé. Vous êtes au courant des notes qui circulent dans le réseau de la santé — peut-être
pas — ou votre ministre est au courant. Je vais vous en lire une, là,
qui a été envoyée au réseau de la santé, en Estrie, où on dit : «Devant la
pénurie d'équipements de protection individuelle, nous devons rationaliser leur
utilisation à travers nos établissements.» La FIQ, ce matin, a dit qu'elle vous
croyait qu'il y a de l'équipement, mais elle dit aux gestionnaires : S'il
vous plaît, aidez-nous à en avoir lorsqu'on en a besoin.
M. Legault : Bon. Bien, je
vais laisser Danielle compléter, là. Mais, pour moi, la commande est claire,
là, puis je le répète régulièrement à mes réunions avec les gens de la santé,
il n'est pas question de mettre à risque qui que ce soit, il n'est pas question
de négliger des équipements dans le réseau de la santé.
Maintenant, j'avoue, je l'ai dit tantôt,
on a eu des petits problèmes de distribution. Il ne nous manque pas
d'équipements de protection au total, au Québec, mais il y a eu des problèmes
de distribution. Il y a peut-être eu des petits problèmes de directive. Mais,
moi, je veux être clair, là, on doit mettre tout le matériel qui est
nécessaire, en tout temps, partout dans le réseau de la santé.
Mme McCann : Oui, effectivement,
et moi, j'en fais ma priorité. C'est ma grande priorité. Et on veut savoir,
comme ça nous a été dit hier, là, quelques endroits où il y avait des
problèmes. On y a vu, on va corriger... on corrige la situation. Puis on veut
le savoir et on va s'organiser pour le savoir aussi. J'ai demandé, d'ailleurs,
à mon chef de cabinet de contacter tous les syndicats, hein, qui sont au
courant, par exemple la présidente de la FIQ, là, pour les infirmières,
infirmiers et les inhalothérapeutes, pour avoir l'information, là, qu'est-ce
qui se passe sur le terrain. J'ai demandé au sous-ministre de demander aux P.D.G.
d'avoir une rencontre téléphonique tous les jours avec leurs syndicats. On veut
savoir qu'est-ce qui se passe sur le terrain.
Ce qu'on dit : Nous, on va corriger
la situation aussitôt qu'on le sait. Parce qu'effectivement, comme dit M. le
premier ministre, c'est un problème de distribution. On a la capacité.
Toutefois, c'est sûr que ce qu'on fait actuellement est différent de ce qu'on
faisait avant. De la façon dont on gère les masques, les gens ont été habitués
à avoir les masques à portée de main, mais on a eu des vols à certains endroits,
on a été obligé de les mettre sous clé. Mais ça ne veut pas dire, là, qu'ils ne
sont pas là pour le personnel.
Alors, ce que je dis aujourd'hui, c'est
que les infirmières et tout le personnel doivent avoir le matériel nécessaire,
et c'est ce qu'on fait actuellement, puis on va avoir les canaux de
communication, on veut savoir ce qui se passe sur le terrain et on va y
remédier.
M. Laforest (Alain) : Une
autre grande préoccupation de la FIQ, Mme la ministre, c'est les vêtements. Il
y a encore du personnel de la santé qui sort à l'extérieur et qui ramène des
vêtements des hôpitaux chez eux pour le laver. Dans une période de pandémie,
est-ce que c'est normal?
Mme McCann : Non, et on va y
voir. Il faudrait qu'on s'organise, là, dans les établissements, pour assurer
les services de nettoyage. Moi, j'ai été dans le réseau, vous le savez, pendant
plusieurs années, et c'est une situation que je ne trouve pas normale, même en
temps normal, et on va y voir, et on va s'organiser pour que les uniformes
soient lavés à l'intérieur des établissements.
Le Modérateur
: Charles
Lecavalier, Le Journal de Québec.
M. Lecavalier (Charles) : Oui.
Bonjour. Dr Arruda, est-ce que c'est possible de savoir dans quelles régions on
a enregistré les nouveaux décès? Et est-ce que c'est possible d'avoir, là,
justement, un peu le... Est-ce que le profil des hospitalisations a changé? Est-ce
que c'est possible d'avoir les tranches d'âge?
M. Arruda (Horacio)
:
Bon, premièrement, vous comprendrez que, quand on nomme deux cas puis qu'on
parle de régions, là, ça devient possible d'identifier, particulièrement quand
ça se passe dans des petites régions. Donc, ce que je peux vous dire, c'est que
ces deux personnes, elles ne sont pas en région métropolitaine, disons, là, si
je pourrais dire ça, et il y a encore au moins une personne sur les deux qui a
été associée à un voyage.
La raison pour laquelle je dis ça, là,
c'est pour ne pas que les gens pensent qu'il y a une transmission
communautaire. Il commence à y avoir de la transmission communautaire, on vous
l'a dit, là, le profil de certains territoires où... À mesure qu'on va avancer,
à mesure que, je vous dirais, les personnes qui reviennent de voyage vont
véritablement faire l'isolement obligatoire, ces cas-là ne deviendront plus des
générateurs de cas au Québec. On va avoir une proportion plutôt de gens qui
l'ont attrapé ici, etc. Mais donc on n'en est pas là partout au Québec. On se
préoccupe de ça comme tel.
Mais c'est pour ça encore que je reviens
sur... Puis je ne pas en train de vous dire qu'il ne faut pas considérer que
les gens qui n'ont pas fait de voyage ne sont pas à risque. Il y a des
territoires, on a des histoires... pour trouver les voyages, d'où l'importance
de collaborer avec la santé publique comme tel. Les frontières sont fermées, il
y a quand même des gens qui reviennent des États-Unis. Il faut regarder ça puis
il faut enquêter tous les cas et les contacts. Puis ces deux personnes-là sont
des personnes qui ont un âge avancé.
Il faut comprendre, puis on l'a toujours
dit, on va avoir, dans les proportions de tests, des gens de 50 ans, de
30, 50 ans parce qu'on les teste. Ces gens-là heureusement ne se
retrouvent pas nécessairement à l'hôpital, ils sont isolés à la maison, ils
vont faire un rhume, une grippe puis tout va rentrer dans l'ordre. C'est encore
les personnes âgées avec des maladies chroniques qui vont être les plus
touchées. On n'a jamais exclu qu'un jeune pourrait avoir un problème
respiratoire pulmonaire. C'est comme un peu le SRAS. C'est arrivé, mais ça ne
se sera pas au même taux que chez les personnes âgées. On va suivre la
situation de très, très près.
Et donc il faut se considérer à risque de
le faire, surtout à risque de le faire puis de le transmettre à quelqu'un
d'autre. Dans les faits, protégeons-nous tous, O.K.? Parce que, même si
l'enfant, par exemple, n'aura pas de syndrome important, il va peut-être
infecter sa grand-mère ou quelqu'un, dans sa famille, qui a un cancer. Ça fait
que, dans les faits, là, même si on n'est pas à risque, faisons-le pour les
autres, et c'est ça qui va briser la chaîne de transmission et qui va réduire
les cas qu'on va voir chez les personnes âgées.
M. Lecavalier (Charles) :
Depuis hier, on est passé d'à peu près 12 000 à 26 000 cas
négatifs, là. J'imagine que c'est parce qu'il y a un paquet de résultats qui
sont rentrés. Ce n'est pas parce qu'il y a eu 15 000 tests hier.
M. Arruda (Horacio)
:
Oui, puis je vais vous expliquer ça, là. C'est pour ça qu'on veut éviter les
comparaisons avec les autres provinces. C'est que, dans les faits, là, on est
passés d'un laboratoire qui testait seulement puis avec un test de qualité
qu'on faisait valider par Winnipeg. À un moment donné, on a dit :
Winnipeg, ce n'est plus nécessaire, le test du Québec est assez bon. Ça, en
pratique courante, là, on appelle ça de la qualité... contrôle de qualité des
laboratoires.
Un test comme ça, quand on le décentralise
vers des régions, quand on crée 38 centres où on peut faire le test, il y
a une période de validation qui est nécessaire. Et là on appelait des cas
probables ce qui était probablement des cas réels parce que nos laboratoires
ont été performants. Et là, à un moment donné, compte tenu des informations
qu'on avait sur l'ensemble des laboratoires, même si tout le processus n'était
pas fini, on a décidé de dire que maintenant, c'était probable.
Et donc quelque part, aussi, ce qu'on a
fait, c'est qu'on a voulu... Je vous l'avais dit : Testons, testons,
testons, augmentons les tests. Puis là les gens se sont mis à tester, tester,
tester en quantité importante, et la statistique, qui est très importante pour
moi parce que moi ça me donne des données, était moins importante que de
tester, tester, tester puis de s'occuper des patients. Ça fait que pendant
cette période-là de trois à quatre jours d'adaptation, comme on a changé de
système, on a obtenu...
À mesure qu'on va avancer, à mesure qu'on
va aussi implanter des systèmes informatiques qui sont en cours, on va avoir
plus de données. Parce que, là, je peux avoir des chiffres sans connaître...
Là, on va connaître : c'est-u un homme, c'est-u une femme, quel groupe
d'âge, c'est-tu un cas de voyage, c'est–u un cas qui a été attrapé... Notre
recherche épidémiologique de statistiques va s'améliorer. Donc, c'est un
backlog.
Et on avait l'impression qu'on testait beaucoup
moins qu'ailleurs, mais dans les faits, techniquement, on testait beaucoup,
mais on ne recevait pas... Mais vous comprendrez que c'est normal qu'on fasse
ça parce qu'on choisit la priorité, c'est : tester, tester, tester. Puis
la statistique, même si le Dr Arruda attend après, il attendra parce que ce
qu'il faut faire, c'est de s'occuper des patients puis des cas.
Le Modérateur
: Merci.
Maintenant, Marco Bélair-Cirino, Le Devoir.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Oui. Dr Arruda, justement, là-dessus, le Québec a recensé le plus de cas
au Canada, mais on a effectué, comme vous le mentionnez, moins de tests que
dans d'autres provinces. En quoi cette stratégie-là est meilleure pour la suite
du combat contre la COVID-19?
M. Legault : Je veux juste
corriger une chose. On a testé plus que le reste du Canada, mais il y a deux
provinces qui ont testé un peu plus que nous autres, c'est la Colombie-Britannique
puis l'Alberta. Mais actuellement, toutes proportions gardées, on teste plus
que l'Ontario puis on a testé plus que l'ensemble du Canada.
M. Arruda (Horacio)
:
Pour lutter contre une pandémie, c'est un ensemble de stratégies, O.K.? Mettons
que j'aurais testé, testé, testé, mais sans mettre de mesures pour prévenir. J'aurais
tout simplement testé, testé, testé, puis il n'y a pas de prévention. Ce qu'on
a fait, c'est qu'on a pris des mesures très rapides pour... comme si tout le
monde était infecté, si vous me permettez, là, et donc...
Puis là, la stratégie des tests, là, il
est trop tôt pour moi, là, de dire exactement qu'est-ce qui s'est passé sur le
terrain en Ontario puis même sur mon propre terrain. Parce que je suis
convaincu qu'au moment où on disait qu'on ne teste que des voyageurs, il y a
des médecins qui, parce qu'ils sont en clinique, ont testé des personnes... Et,
quand on teste les gens où on a plus de chances d'avoir des cas positifs, c'est
aussi bien... Puis, si on a une population, là, de gens où il n'y a personne,
là... disons, un pays où il n'y en a pas, puis je fais des tests, puis je n'en
trouve pas, je peux faire des milliers de tests puis je n'en trouve pas, mais
nous, si on a des tests puis qu'on va vers des endroits où il y a plus de
chances, notre test est plus efficient. Là, je n'entrerai pas dans... on
appelle ça de la valeur prédictive positive, je ne veux pas rentrer là-dedans,
c'est trop compliqué. Mais on a pris la stratégie qui, en fonction de notre
capacité, était la plus rentable pour identifier les choses.
Puis ça, là, puis il y a des différents...
Puis, pour moi, ce qui est le plus important, c'est que, même si on ne testerait
pas, actuellement, si on disait que les gens restent à la maison, ils ne
s'infecteront pas... Ça ne saute pas d'une maison à une autre. Mais, le test,
il nous sert de produit diagnostique, Puis je pense qu'il est trop tôt encore,
on le verra dans l'évaluation... Parce que ce qu'on pense que les autres font,
ce n'est peut-être pas ce qui se passe, en termes de réalité, même pour le Québec.
Mais, moi, je pense qu'on a fait ça avec nos experts.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Merci. M. le premier ministre, aiderez-vous les Québécois qui ont perdu leur
travail et qui n'auront accès à aucune aide fédérale avant quelques semaines?
Vous mentionniez hier la date du 6 avril. Ça semble être encore plus long.
Qu'est-ce que le Québec peut faire d'ici là?
M. Legault : Bien, on est en
train de se préparer effectivement à ce qu'il y ait des cas, d'ici le
6 avril, là, qu'ils vont avoir besoin d'argent pour de la nourriture, pour
le loyer, pour les services, là, essentiels qu'on a besoin de payer dans la vie.
Donc, on est en train de regarder ça. Mais évidemment le gros de l'aide devrait
arriver dans la semaine du 6 avril, du gouvernement fédéral.
J'ai entendu M. Trudeau, aussi,
encore bonifier l'aide individuelle qui serait donnée, là, avec un montant de
2 000 $ par mois. Donc, je pense qu'il y a de l'aide. Puis c'est
évidemment la priorité de tout le monde, autant le fédéral que nous, d'aider
les individus à très court terme. Puis effectivement, dans les prochains jours,
on va... on est en train, avec Jean Boulet, de regarder ce qu'on peut
faire pour aider les cas exceptionnels.
Le Modérateur
:
Patrice Bergeron, LaPresse canadienne.
M. Bergeron (Patrice) :
Bonjour à vous tous. Ici. À propos des deux nouveaux décès, vous avez dit que
vous ne voulez pas, donc, donner trop d'informations pour qu'on puisse préciser,
mais s'agissait-il de personnes qui vivaient dans des résidences pour personnes
âgées, puisqu'elles étaient âgées? Est-ce que c'est des résidences qui sont
déjà contaminées actuellement?
M. Arruda (Horacio)
: À
ma connaissance, non. Puis vous comprendrez qu'il y a des niveaux
d'information, aussi, qui ne doivent pas se rendre aux centrales pour des
questions de confidentialité, mais à ma connaissance, non. Ça veut dire, si
c'étaient des personnes âgées, que même une personne âgée qui vit chez elle,
qui a des maladies chroniques... Parce que ce n'est pas tous les Québécois qui
sont en résidence pour personnes âgées, il y a plein de gens qui vivent dans
leurs maisons. Ça veut dire qu'eux aussi peuvent être à risque.
M. Bergeron (Patrice) : Et
vous avez évoqué tout à l'heure le cas de New York, et puis les États-Unis sont
un des foyers importants, actuellement. Aux États-Unis, donc, il y a énormément
de cas en augmentation. Le camionnage est un service essentiel, il y a beaucoup
de gens qui traversent la frontière, qui doivent revenir. Est-ce qu'il y a des
mesures particulières qui sont mises en place pour les camionneurs québécois
qui reviennent des États-Unis ou qui font souvent des allers-retours, pour
qu'on puisse s'assurer qu'ils ne propagent pas le coronavirus au Québec?
M. Legault : Bien,
François Bonnardel est en train de s'assurer qu'il y ait des endroits
sécuritaires pour ceux qui ont besoin, par exemple, d'aller aux toilettes, hein,
évidemment, on va comprendre que les camionneurs ont ces besoins-là aussi. Mais
c'est très important, dans la balance des inconvénients, de... Vous trouvez ça
drôle, vous, hein? C'est très important que les livraisons de nourriture se
poursuivent, là. Donc, oui, peut-être qu'on prend un peu de risques, là, de
laisser circuler des camionneurs, mais on a besoin des camions de nourriture
actuellement.
Le Modérateur
: Hugo
Pilon-Larose, LaPresse.
M. Pilon-Larose (Hugo) :
M. Arruda, quelle est la meilleure donnée, en ce moment, qu'on devrait
utiliser pour comparer le Québec avec les autres provinces? Est-ce que c'est le
nombre de cas confirmés ou la méthodologie diffère trop entre les provinces?
Est-ce qu'on devrait regarder, par exemple, le nombre d'hospitalisations? Si on
veut se comparer, c'est quoi, le point de référence?
M. Arruda (Horacio)
:
Bien, je vais vous le dire, ça va dépendre de la stratégie de tests.
Actuellement, là, je n'ai pas assez d'informations pour vous donner une version
rigoureuse de la réponse. À mesure qu'on va évoluer dans le temps, on va avoir
probablement plus harmonisé nos approches. C'est sûr qu'il faut comparer avec
des taux. C'est sûr qu'actuellement, quand... il va falloir qu'on ait à peu
près le même rythme de testage. Mais l'hospitalisation, les cas sévères, habituellement,
c'est un bon indice de comparaison parce que c'est les gens qui finissent par
se retrouver à l'hôpital, puis qu'ils soient en Ontario ou ici, ils finiraient
par se retrouver à l'hôpital.
Mais on est au début, quand même. Peut-être
que vous ne trouvez ça pas assez au début, mais techniquement on est au début.
Parce qu'il faut aussi comprendre que pour catégoriser et stratifier ce qu'on
appelle les données, ça prend suffisamment assez de cas. Prenons un exemple sur
un petit territoire. S'il y a un cas en Gaspésie, on augmente de façon
artificielle l'impression parce que c'est une petite population, un cas, il y a
une instabilité dans l'évaluation.
Ça fait que je vous dirais que pour le
moment, première chose, je vous dirais, les sites officiels, hein, c'est la
meilleure donnée. Parce que des gens vont voir des sites à gauche et à droite
puis font leurs courbes. Là, il y a des gens très bons en Excel, actuellement,
qui font des courbes à la maison, là, puis qui font ça, puis qui font des
projections. Je pense qu'il faut aller voir des sites officiels. Puis il faut
surtout que chacun regarde sa situation. Moi, actuellement, là, j'ai été
beaucoup concentré sur ce qui se passait ailleurs dans le monde, puis etc. Là,
le virus est au Québec, puis je regarde le Québec, puis je m'organise pour que
le diagnostic du Québec soit l'input pour le traitement que je recommande au PM.
Le Modérateur
:
Rapidement, sous-question.
M. Pilon-Larose (Hugo) :
M. Legault...
M. Legault : Juste
peut-être pour... parce que moi aussi, là, je suis un peu maniaque des
statistiques, là. Donc, j'ai demandé à mon monde, là, d'essayer de voir, dans
les autres provinces, jusqu'à quel point a-t-on choisi... Parce que nous,
jusqu'à hier matin, on testait seulement les personnes qui avaient voyagé et les
symptômes. Ça fait que je veux voir est-ce qu'il y a d'autres provinces qui ont
pris cette approche-là. Parce que, si ce n'est pas l'approche qu'ils ont prise
puis qu'ils ont juste testé tous les gens qui avaient des symptômes, bien, les
chiffres ne sont pas comparables, là. Donc, même moi, avec les ressources que
je peux avoir pour avoir des statistiques, là, je ne suis pas capable de faire
cette comparaison-là.
M. Pilon-Larose (Hugo) : L'objectif
des mesures que vous avez annoncées jusqu'à maintenant, notamment de mettre le
Québec sur pause jusqu'au 13 avril, c'était de freiner la propagation du
virus. À la mi-mars, vos scénarios prévoyaient d'ailleurs un taux
d'hospitalisation plus élevé qu'on a en ce moment, donc c'est positif. Mais on
sait qu'il n'y aura pas de vaccin, quand même, rendu même au 1er mai.
Est-ce qu'on est à l'abri d'une deuxième vague? Et, s'il y avait une deuxième
vague, plus tard ce printemps, serait-on capables, économiquement, de reprendre
des mesures aussi drastiques que vous prenez en ce moment?
M. Legault : Bien, on va avoir
une décision à prendre, le 13 avril ou dans les jours précédents, puis
évidemment on va regarder la courbe. Est-ce qu'on a réussi, comme on le dit
souvent, à aplatir la courbe? Est-ce que la croissance est moins grande? Est-ce
qu'on a atteint un plateau? Ce sont les questions qu'on va se poser pour
prendre la décision de la suite des choses le 14 avril. Mais, s'il y a un
très grand risque que ça continue d'augmenter, on va être obligés de
poursuivre.
Le Modérateur
:
Dernière question et sous-question en français, Olivier Bossé, Le Soleil.
M. Bossé (Olivier) : Pour les
six décès, les deux nouveaux décès, est-ce qu'il faut comprendre que ces
gens-là meurent nécessairement isolés et surtout isolés de leurs familles?
M. Legault : Bien, on a quand
même une mesure où, quand on sait que la personne, que ça soit de la COVID-19
ou pour d'autres causes, est sur le point de mourir, bien, on ne va pas
interdire à la famille de venir voir pour une dernière fois ses parents. On va
prendre les mesures, des masques pour tout le monde, etc. Mais, bon, ça dépend
de chaque cas, là, est-ce que c'est arrivé subitement ou si ce n'est pas subit,
mais on reste humains.
Mais, en même temps, je le répète, là, je
le sais, il y a beaucoup de monde qui m'écrivent parce qu'ils veulent aller
visiter leurs mères ou leurs pères dans les résidences de personnes âgées. Ce
n'est vraiment pas une bonne idée, puis c'est vraiment... La pire affaire qu'on
souhaite, c'est... Là, on en a trois, résidences de personnes âgées qui sont
infectées, c'est là que sont nos trois plus grands risques, et il faut arrêter
ça, là, il faut limiter le nombre de résidences de personnes âgées infectées.
M. Bossé (Olivier) : Et
tantôt, dans votre texte d'entrée, vous avez parlé de... je ne dirais pas une
possibilité, mais d'une inquiétude ou, en tout cas, que la nourriture des
résidences soit infectée. Pouvez-vous préciser là-dessus pour ne pas inquiéter?
M. Legault : Oui. Bien, il
faut s'assurer que la nourriture qui est reçue... ne serait-ce que les livreurs
qui viennent porter la nourriture ne soient pas en contact avec les personnes à
l'intérieur de la résidence, que le traitement de la nourriture, nettoyer et
tout ça, que ça soit bien fait, puis le personnel, aussi, qui est en contact
avec les personnes âgées, qu'il ait pris toutes les précautions.
À ce que je sache, là, ce n'est parce que
j'ai entendu quelque chose de négatif, quand je parle à des propriétaires de
résidences pour personnes âgées, bien, ils me disent : On a trois risques,
on a la nourriture, on a notre personnel puis on a nos résidents, résidentes,
quand ils sortent. Puis là, bien, c'est pour ça qu'ils m'ont demandé de
dire : On peut-u limiter ce troisième risque-là? Mais il ne faut pas
oublier les deux premiers. Moi, j'ai l'impression que les propriétaires de
résidences de personnes âgées s'en occupent bien, des deux premiers risques.
C'est pour ça, là, qu'on a annoncé des mesures pour le troisième risque. Mais
il ne faut pas oublier : à travers les prochains jours, il ne faut pas
relaxer les mesures, là, il faut les garder serrées.
Le Modérateur
:
So, we're ready to switch in English. We'll start with Cathy Senay, CBC.
Mme Senay
(Cathy) : Good afternoon. Talking about the
lockdown, the partial lockdown, we received calls from different workers, and
there are businesses requiring people to come to work even though they are not
on the list of essential services. So, how can workers complain about this
without risking their jobs? And can you impose fines or some type of
enforcement for those businesses at some point?
M. Legault :
Yes, we can impose fines, but we don't want at this point. But people that see
that they work in a service that is not on the list, they can stay at home and
they can communicate with us also. I'll come back to you to which number, but I
guess the main number can be a good one. But, of course, we want only companies
in the essential services to continue to work.
Mme Senay
(Cathy) : You were talking about snowbirds
coming back, asking them to isolate themselves. You're probably aware that now
the federal Government is imposing a quarantine of 14 days, and there is a fine
up to $1 million if people are not respecting this. Would you say that
it's about time that we have this law in place? And, snowbirds coming back, can
they go for a walk outside?
M. Legault :
OK. No, they cannot go, the snowbirds, they cannot go for a walk outside.
Please, stay inside for 14 days.
Regarding the fine coming
from the federal Government or our Government, what I said to Geneviève
Guilbault this morning, and she will repeat or she's already repeating that to
police forces, is that, at this step, we want to inform. So, we want to inform
the population. We are not, I think, in the step where we have to start giving fines.
But, we have the power to do so. But, at this time, we only want to inform the
population.
Mme Senay
(Cathy) : ...work with the Federal Government
with this quarantine that is mandatory now?
M. Legault :
The Federal Government needs our police people in Québec to manage that. We
don't have the RCMP in Québec, so it's going to the police people, the SQ, and
SPVM, and the other police people in Québec.
Le Modérateur
:
And now a few questions sent by email. The first one is from Raquel
Fletcher, Global News. A homeless person has tested positive. Will you start
testing in the shelters?
M. Arruda (Horacio)
:
Anyone who is going to be positive is going to be... anyone who gets symptoms,
he is in a shelter or not, on the street and everywhere, they will be taking
care of, and they will have a story of cases and contacts, as I was telling.
And we are going to take the same measures as anyone in Québec.
Le Modérateur
:
And as a «sous-question». Now, there is community spread and the fact you can
infect someone else without showing any symptoms. Why haven't we started
testing anyone who feels they need to be tested?
M. Arruda (Horacio)
:
First of all, your test is going to be negative if you don't have the symptoms.
And perhaps, as we were telling, when we are going to have enough rate... less
people coming from outside and more people with no story of contact, there is
going to be tests for people who are symptomatic, but... And even, I would tell
you, if there is a case, there is a family person who gets sick, we will stop
testing them because we are going to be... we call it a link epidemiologic with
the case. But we will change the strategy as the epidemiology is going to
change in Québec.
Le Modérateur
:
And now questions from Phil Authier, Montreal Gazette. It starts with:
Good day! For Mr. Arruda. The numbers of new COVID-19 cases continue to grow. We
are the highest in Canada. Is this what you expected to see? Can you explain
the increase?
M. Arruda (Horacio)
:
Yes, it's what we expected to see. And already, and I don't want be too prudent...
I want to be prudent. You know, we had times when we doubled everyday the
number of cases getting out. We have almost the same as yesterday. We'll see
what is going to happen tomorrow, but actually what we see is what we planned.
There is always small variations, so...
In fact, and I am not the
only person who looks at it, I got my experts too, we are not in a situation...
Even if there is a higher rate, don't forget that we are looking at a Québec of
8 millions of population. When you compare with Italy, China, its millions and
millions. So, we are getting virus, it's clear that there is virus, we are
exporting virus from the outside, and there are still
now, I would say, some cases coming here... in Québec.
M. Legault : Maybe I would like to add to Mr. Authier that right now we cannot
compare our figures with the figures of other provinces because the people we
choose to test... in Québec, we
chose to test only people that have travelled plus have symptoms. In other provinces,
we don't know if it is what they did.
Le Modérateur
: Mr. Authier also has a question for you, Mr. Legault. Do you have a
special message in English for children in this crisis?
M. Legault : Yes. Mathieu Lacombe will try to answer questions for children. And
I'm asking parents to explain to their children what's happening. I can
understand that some children need some explanations.
Le Modérateur
:OK. And our last
questions are for CTV. The World Health Organization advises that some ambulance
transports be designated and reserved for COVID-19 patients. Eventually, we may
have lots of people who will need to be transported to hospitals because they
are so sick. Has Québec done
this?
Mme McCann : Not at this point. But what we're doing is having a very, very
clear protocol with the Ministry, with all the enterprises who have ambulances,
to protect the paramedics. So this is done.
Le Modérateur
: And one last very question. The mayor of Lavaltrie says he's not
getting any specific information to tell his community. Will there be a special
measure put in place in Lavaltrie considering there have been four death and
seniors are still going outside?
M. Legault : There's no special directives for the city of Lavaltrie. The
measures that needed to be put in place were in the place where we had those
people infected, and they were put in place.
Le Modérateur
: That's all the time we have. Merci beaucoup, tout le monde. À
demain.
M. Legault : Merci, tout le
monde. Bonne journée.
M. Arruda (Horacio)
:
Merci, bonne journée.
(Fin à 13 h 50)