(Onze heures trente-trois minutes)
M. Legault : Oui, bonjour,
tout le monde. Écoutez, d'abord, ce matin, je veux commencer par féliciter les
Québécois. Franchement, je suis très fier de voir la réaction. On avait demandé
la collaboration, la solidarité, le sens des responsabilités. Bien, on a tout
vu ça au cours des dernières heures. Donc, je veux féliciter tous les
Québécois.
Je veux dire un mot aussi au personnel du
réseau de la santé. Vous êtes nos anges gardiens, on compte sur vous. Vous
faites un travail extraordinaire, puis je veux vous dire qu'on est prêts à vous
appuyer des toutes les manières possibles, là. On est ouverts aux suggestions,
et, évidemment, on compte sur vous, et je veux vous dire merci.
Aujourd'hui, quand on regarde le bilan, on
a quatre cas de personnes infectées au coronavirus qui se sont ajoutées. Donc,
on est rendus à 17 cas au Québec, dont deux hospitalisés.
Ce matin, le gouvernement a pris la
décision, à compter de lundi prochain, de fermer toutes les écoles, cégeps,
universités et services de garde pendant une période de deux semaines.
Concernant les services de garde, je veux
quand même demander la collaboration du personnel parce qu'on va mettre en
place des services de garde pour les parents qui travaillent dans le réseau de
la santé et dans certains services que j'appellerais les services essentiels.
Donc, il y aura effectivement des services de garde qui seront disponibles pour
évidemment s'assurer que le personnel, entre autres, de la santé, les
policiers, les services essentiels, puissent continuer de faire leur travail.
Je veux dire à tous les parents que je
comprends que l'annonce d'aujourd'hui va avoir des impacts importants. Ça va
amener des perturbations, ça va amener des gros casse-têtes pour beaucoup de
parents, mais c'est une mesure qu'on doit prendre parce qu'on a la
responsabilité de le faire. Puis on a un défi au cours, entre autres, des deux
prochaines semaines : s'assurer qu'il y ait le moins de progression
possible des cas de personnes qui sont infectées. Donc, je fais appel à
la solidarité des Québécois mais aussi des employeurs. Et je veux dire aux
employeurs aussi, mais on se concentre d'abord sur la santé, mais au cours des
prochains jours, on a des mesures qu'on va annoncer pour aider financièrement
les entreprises, les individus qui ne pourront pas se rendre au travail. Donc,
je veux juste vous dire, là, on ne vous laissera pas tomber, mais je vous
demande votre collaboration.
Je veux revenir un peu sur ce que
j'annonçais hier concernant les voyages à l'étranger. Bon, j'ai demandé
effectivement aux Québécois, puis on sent une belle collaboration de ce
côté-là, que les personnes qui ont voyagé à l'étranger, d'une façon volontaire,
s'isolent pour une période de 14 jours. D'abord, je demande au
gouvernement fédéral leur collaboration pour bien afficher, indiquer, même
avoir des personnes dans les aéroports pour expliquer ces directives de la
Santé publique.
Maintenant, concernant les visiteurs
étrangers, je pense qu'on a actuellement un problème de cohérence. On demande à
nos citoyens de prendre des mesures, de s'isoler pour 14 jours, mais on ne
demande rien aux visiteurs étrangers. Donc, moi, je demande à Justin Trudeau
puis au gouvernement fédéral de limiter rapidement l'entrée des visiteurs au
Canada. J'aurai l'occasion, on en a déjà parlé, on va avoir l'occasion
aujourd'hui de leur répéter cette demande, mais c'est important qu'on limite
l'entrée des visiteurs étrangers au Canada.
Maintenant, concernant toutes les
questions, vous avez un numéro de téléphone ici, devant vous, là. Je comprends
que la ligne 8-1-1 a été engorgée. Je vous demande de ne plus utiliser cette
ligne mais d'utiliser le numéro de téléphone qui est ici, 1 877 644-4545,
donc, pour toutes les questions, d'utiliser ce numéro de téléphone, mais aussi
d'aller sur le site Web du gouvernement du Québec où il y a beaucoup de
réponses à beaucoup de questions.
Maintenant, concernant les
approvisionnements en nourriture et autres, là, je veux vous dire, on ne
prévoit aucune pénurie de nourriture. Donc, c'est important, là, que les gens
ne s'inquiètent pas, là. Les épiceries vont continuer d'être approvisionnées,
les camionneurs, qui font un travail extraordinaire d'ailleurs, vont continuer
de livrer la marchandise. D'ailleurs, j'en profite pour rappeler que les
camionneurs puis tout le personnel navigant, là, des avions, des bateaux ne
sont pas soumis aux règles de l'isolement de 14 jours. Donc, il n'y a pas
d'inquiétude à y avoir de ce côté-là.
Donc, je termine en vous disant :
Très fier de la réaction des Québécois. Je veux dire aux Québécois que, oui, je
réalise très bien que je vous en demande beaucoup, mais on fait ça pour éviter
que le pire arrive. Donc, on ne lâche pas, on se serre les coudes, et je suis
convaincu qu'on va passer au travers. Merci.
Le Modérateur
: Alors,
si vous êtes prêts à prendre les questions, on va commencer avec Jocelyne
Richer de LaPresse canadienne, là.
Mme Richer (Jocelyne) : Il me
semble, M. Legault, M. Arruda, qu'on disait que, tant qu'il n'y aurait pas de
transmission directe, on évitait de fermer les écoles, par exemple. Alors,
pourquoi avoir changé d'attitude par rapport à ça?
M. Arruda (Horacio)
:
Peut-être vous faire comprendre que, là, actuellement... J'ai dit ça dans un
contexte où c'est sûr qu'on allait fermer certains éléments d'école quand il y
a de la transmission active. Mais là, actuellement, vous savez, on a eu la
semaine de relâche, et d'ailleurs, comme l'Ontario a fermé les écoles à cause
de cette semaine de relâche... C'est que les cas qui sont revenus, là, qu'on a
eus récemment, c'est des gens qui ont été voyager particulièrement pendant la
semaine de relâche dans certains pays, puis c'est ça qu'on veut éviter, là, que
ça s'introduise par la semaine de relâche, parce qu'il y a une augmentation des
voyages des parents puis etc.
Ça va être réévalué. Je pense que, comme
le premier ministre l'a dit, là, on va annoncer des mesures. Le premier
ministre a dit qu'on allait avoir des points de presse réguliers, mais on
évalue toujours cette situation-là. Et aussi, quand on annonce des choses, il y
a des éléments opérationnels qui nous reviennent du terrain puis qu'on prend en
considération, parce qu'ici on planifie les grandes orientations stratégiques,
mais les détails peuvent, à ce moment-là, être faits. Et actuellement, faire
ça, c'est sûr que ça entraîne, comme l'a dit le premier ministre, des conséquences.
On est bien conscients de... mais, on le sait, je l'ai dit, on va être tous
ensemble pour aplatir la fameuse courbe. Et je sais que, souvent, on hésite
d'aller vers ces éléments-là et là, en faisant tout ça, on diminue le risque
notamment que ça s'amplifie au cours des prochaines semaines. Et, après ça, on
va réévaluer selon le type de transmission, puis les milieux qui fermeront ou
ne fermeront pas vont être pris en considération.
Puis aussi, ce que ça nous permet de
faire, c'est d'habituer la population à des choses qui s'en viennent. Vous
savez, là, on n'aurait pas pu, au mois de janvier ou début février, faire ce
genre d'intervention là. La population n'était pas au même rendez-vous par rapport
au niveau de risque. Là, on a vu des expériences assez particulières ailleurs,
en Italie puis etc. In a vu, dans des pays où il y a eu des interventions
massives, l'effet que ça a eu sur la transmission. Donc, sur ces leçons-là, je
pense que le gouvernement prend une décision qui n'est pas facile à prendre,
parce qu'à chaque fois, quand on vient brimer les droits des individus, il faut
avoir une raison pour le faire, mais on pense que, somme toute, ça va être
important.
Puis ce n'est pas parce que les enfants sont
à risque, hein, de maladie plus importante, là. J'aimerais ça rassurer les
parents, là, qui ont peur pour leurs enfants, parce que dès que ça touche les
enfants, c'est majeur, mais les enfants qui feraient le coronavirus, presque
tous... Je veux dire, je pense qu'il n'y a pas eu de cas de mortalité chez un
enfant, même à l'expérience de la Chine, le Dr Tremblay me l'a validé l'autre
jour. Donc... mais ce n'est pas pour ça, c'est plus pour empêcher que... comme
c'est petit, comme les enfants, souvent... et puis il y a toutes sortes de
moyens de prévenir, on le fait.
Puis chaque fois, selon les phases, ça se
peut qu'on rouvre quand il va y en avoir trop, trop, trop de transmissions...
ça se peut, parce qu'il y en a partout, partout où on va l'avoir, on pourrait
l'attraper, puis ça se peut aussi qu'on maintienne la fermeture selon
l'évolution de la maladie, mais ça va s'analyser au jour le jour.
Mme Richer (Jocelyne) : On
entend qu'un pneumologue du CHUM l'aurait attrapé dernièrement. Est-ce qu'il ne
s'agit pas d'un premier cas de transmission active au Québec?
M. Arruda (Horacio)
:
Quelqu'un qui l'a attrapé... bon, je ne parle pas de ce cas-là, mais, en
général, quelqu'un qui fait la maladie puis qui est allé en voyage, il l'a
attrapée durant le voyage. Un cas de transmission au Québec, c'est que cette
personne-là ait contaminé quelques personnes. Si elle a contaminé sa conjointe
ou les personnes avec qui ils vivent, c'est une transmission locale, mais
importée de l'extérieur.
Quand on parle d'une transmission
soutenue, là, c'est qu'on a des gens qui l'attrapent, ici, au Québec, hein, ce
n'est pas ça qui est arrivé, là, qui l'attrapent ici, au Québec, et qui vont le
transmettre à d'autres personnes. C'est cette séquence-là qu'on veut ... Puis
on avait dit... on pourrait se retrouver avec 150, 160 cas qui viennent
tous de l'extérieur, et ça ne sera pas de la transmission soutenue.
Mme Richer (Jocelyne) : Là,
c'est une personne qui l'a attrapé ici d'une personne qui revenait de voyage,
ce qu'on entend.
M. Arruda (Horacio)
: Exact,
mais est-ce qu'on a des... Là, premièrement, c'est normal... là, c'est arrivé
en Colombie-Britannique, là, quelqu'un qui avait été en voyage en France et
dont une personne proche a développé la maladie. C'est une transmission locale,
mais à petit nombre. Ce n'est pas ça une transmission... Une transmission
soutenue, là, c'est qu'on n'est même plus capables de savoir où la personne l'a
attrapé, parce qu'il y a eu plusieurs personnes qui l'ont fait.
Le Modérateur
: Alors,
toujours en se limitant à une question et sous-question, Pierre-Olivier Zappa,
TVA.
M. Zappa (Pierre-Olivier) :
J'aurais besoin d'une précision concernant la fermeture des établissements.
Lorsque vous parlez de services de garde, il s'agit de garderies privées,
publiques, l'ensemble du réseau sur tout le territoire?
M. Lacombe : Oui,
effectivement, il s'agit de l'ensemble du réseau des services de garde
éducatifs à l'enfance, que ce soit en installation ou en milieu familial.
M. Zappa (Pierre-Olivier) :
Pour ce qui est de ce qui se passe dans les hôpitaux, on reçoit plusieurs
témoignages de gens qui présentent des symptômes à la maison, mais qui
n'arrivent pas à rejoindre, au téléphone, des gens pour les guider. Donc, ces
gens-là se présentent à l'hôpital. À l'urgence, on ne sait pas quoi faire avec
les cas, parce qu'ils n'ont pas contacté le 8-1-1, ils n'ont pas réussi à être
aiguillés puis à être envoyés au bon endroit.
Est-ce que, pour l'instant, vous sentez
que le circuit qu'empruntent les passagers qui présentent des symptômes est majoritairement
le bon?
Mme McCann : Moi, ce que je
veux vous dire en premier, c'est que tous les hôpitaux, toutes les urgences
savent quoi faire quand il y a un problème, là, une infection ou un potentiel,
hein, au niveau d'une infection telle que le coronavirus. Donc, les mesures qui
sont prévues devraient être prises.
Maintenant, ce que je veux vous dire,
comme disait le premier ministre, il faut maintenant appeler le 877 644-4545.
On a rendu ce service beaucoup plus robuste et là on va répondre à votre
demande. Qui que ce soit, besoin d'information, a des symptômes, devrait
appeler dorénavant ce numéro, et ça va faciliter les choses, d'abord pour la
personne et aussi pour le réseau. Alors, c'est le conseil que je donnerais, et,
dans ce sens-là, ça va bien fonctionner.
Le Modérateur
: Merci.
Louis Lacroix, Cogeco Nouvelles.
M. Lacroix (Louis) : Bien,
justement, Mme McCann, on m'indique, là, qu'on vient de faire ce numéro-là et
on tombe exactement dans les mêmes problèmes qu'on avait avec le 8-1-1. Ce
qu'on m'indique, là, c'est que la ligne coupe dès qu'on appelle, dès qu'on fait
l'option pour le coronavirus, que ça ne fonctionne pas et que la ligne coupe.
Alors, comment ça se fait qu'on n'est pas
capable d'avoir un service qui fonctionne au Québec, d'avoir des... On n'est
quand même pas un pays du tiers-monde, là. On devrait avoir, technologiquement,
des capacités d'avoir des numéros qui fonctionnent et là on me dit que ça ne
marche pas.
Mme McCann : Écoutez, c'est
quelque chose sur lequel on travaille beaucoup dans les derniers jours. On est
en train de faire un changement à ce numéro, d'ailleurs, pour répondre plus
rapidement aux gens.
Alors, moi, ce que je présume, on va faire
des vérifications, mais ce que je présume, c'est qu'aujourd'hui on est en train
de faire un changement technique, là, dans cette ligne-là et peut-être qu'on a
un problème à ce niveau-là. Mais ce que je veux rassurer la population, c'est
qu'on va le régler puis on va le régler très rapidement, aujourd'hui même...
M. Lacroix (Louis) : Ça fait
depuis mardi que vous dites ça, Mme McCann...
Mme McCann : Oui, je
comprends, mais ce que je veux dire aussi à la population, c'est qu'il nous
manquait du personnel à l'Info-Santé. Mais là je peux dire aux gens qu'on va
avoir 88 infirmières de plus dès maintenant, au service d'Info-Santé, pour
répondre.
Alors, c'est un engagement que je prends.
Il va être réglé, ce problème-là, aujourd'hui même. Je vais suivre ça
personnellement.
M. Lacroix (Louis) : M.
Arruda, quelle est l'étape suivante, selon vous, là? Une fois qu'on ferme les
écoles de tous les niveaux, que les centres de la petite enfance sont fermés,
quelle est l'étape suivante qui est la plus importante à faire dans des cas
comme ceux-là? Vous l'avez dit tout à l'heure, on a regardé ce qui s'est fait
ailleurs, on voit l'effet que ça a eu. Alors, l'étape qui va venir une fois,
là, qu'on va progresser, si on veut, dans la pandémie, quelle sera-t-elle?
M. Arruda (Horacio)
:
Bien ça va dépendre d'où les... quels milieux vont être touchés. Ça va dépendre
aussi si c'est des cas qui sont éparpillés au Québec versus à certains endroits.
S'il y a des concentrations, par exemple, de cas dans une ville ou dans un secteur,
il pourrait y avoir des contrôles pour éviter que ça aille se répandre par
ailleurs.
M. Lacroix (Louis) : ...dans
certaines villes, vous voulez dire.
M. Arruda (Horacio)
: Villes
ou sous-secteurs, tout dépendamment, là. Ça va dépendre comment ça se propage.
S'il y a beaucoup de cas d'enfants dans les milieux scolaires, les écoles
pourraient fermer parce qu'ils deviennent une source d'amplification pour les
personnes âgées. Ça va être des contrôles beaucoup plus rigoureux du style :
On arrête toute visite aux personnes âgées actuellement parce qu'on veut
vraiment fermer... Là, on est en mesures de prévention, mais ce sont des
mesures qui vont devenir de plus en plus de nature autoritaire comme telle pour
s'assurer, là, qu'on le fait.
Puis, à un moment donné, si vous me
permettez, ça c'est quand dans toute... quand il y a tellement de transmission
un peu partout, ces mesures-là sont relâchées parce qu'on a comme perdu la
bataille puis là on refait fonctionner la société comme telle. Mais les gens
aussi vont avoir appris toute la question de distanciation. C'est sûr que des
méthodes comme le télétravail, tout ça, là, ça va se faire autant dans le
secteur privé que public. On va interpeler les gens à aider les personnes à
respecter les consignes.
Le Modérateur
: Fanny
Lévesque, La Presse.
Mme Lévesque (Fanny) : Juste
une mini précision. Donc là, il n'y a pas de cas confirmé de transmission
locale au Québec. Ça, ça va. Maintenant, pour le calendrier scolaire, est-ce
qu'il y a déjà des mesures qui sont envisagées? Comment on va s'organiser?
Comment on va rattraper ce temps-là?
M. Roberge : Bien, ce qui est
prévu en ce moment, c'est la réouverture de nos écoles primaires, secondaires,
collégiales, de nos universités pour le 30 mars. Donc, en ce moment, on
pense qu'on va être capable de rouvrir. Évidemment, comme l'ensemble des
décisions, on réévalue en fonction du contexte et des évaluations de la Santé
publique. Mais donc, on prévoit une fermeture, à ce moment-ci, de deux
semaines. Il n'est pas nécessaire de prévoir toutes sortes de mécanismes de
rattrapage. C'est moins long que ce qu'on a déjà vécu, par exemple, avec la
crise du verglas. Donc, on a confiance que nos jeunes et nos moins jeunes, dans
nos écoles comme dans nos cégeps, dans nos universités, vont être capables de
rattraper sans mesures particulières.
Mme Lévesque (Fanny) : Mme
McCann, est-ce qu'il est déjà envisagé d'envoyer une directive à tous les
établissements de santé pour déjà annuler, par exemple, ou restreindre toutes
les interventions non urgentes, non essentielles?
Mme McCann : C'est déjà
débuté. Alors, ça a déjà été envoyé, cette directive de se réorganiser. En
fait, je vous dirais qu'il y a des rencontres très, très régulières entre le
sous-ministre et l'ensemble des établissements, les P.D.G. Donc, ça fait un
bout de temps, là, et déjà c'est commencé, dépendant, là, de l'établissement
mais ça va prendre de l'ampleur. Et évidemment il y a des activités qui ne sont
pas urgentes, qui sont, ce qu'on appelle, électives et pas urgentes, qui vont
être délestées. C'est déjà commencé.
Le Modérateur
: Hugo
Lavallée, Radio-Canada.
M. Lavallée (Hugo) : Oui,
bonjour. Une question pour M. Arruda. On assiste à ce débat, là, depuis
quelques jours, sur l'opportunité de fermer ou non les frontières. Je comprends
que c'est une décision qui ne relève pas de vous. M. Legault interpelle tout de
même M. Trudeau à cet effet. D'un point de vue d'épidémiologie, quels seraient
les bénéfices et les limites d'une telle décision, si vous pouviez nous
expliquer?
M. Arruda (Horacio)
:
Bon, écoutez, c'est une décision qui n'est pas facile parce qu'elle doit
prendre en considération plusieurs éléments, là, puis il faut balancer les
bénéfices puis etc., puis ça peut dépendre d'où on est rendus dans l'épidémie.
Actuellement, là, c'est sûr que le Québec,
on se rend compte... puis voyez-vous que les cas qu'on a eus ne viennent pas
non plus de pays où il y a eu nécessairement le plus de transmissions. C'est
très différent du profil d'ailleurs. Donc, si on veut éviter l'introduction au
Québec, toutes les mesures qu'on va prendre... et d'ailleurs c'est ce qu'on
demande à nos ressortissants canadiens volontaires qui viennent de l'extérieur,
ceux qui sont des médecins, ou qui travaillent en milieu de soins, ou du côté
de la famille, vont être en quarantaine justement pour éviter cette
introduction-là. Donc, de façon initiale, je vais vous dire, c'est pour ça
qu'on l'a fait. On l'a fait aussi de façon assez associée à la semaine de
relâche parce qu'on sait qu'il y a eu un mouvement comme tel.
C'est très difficile d'empêcher le virus
de pénétrer, là, les frontières. Puis l'autre élément pervers de fermer tout,
par exemple, là, c'est que les gens ne se déclarent pas, n'aillent pas
consulter, mais... parce qu'ils peuvent rentrer indirectement ou autre. Mais
ça, c'est une question, je pense, à mon avis, qui va être débattue par notre premier
ministre avec les autres ministres... le premier ministre du Canada et le premier
ministre. Puis je pense, à quelque part... nous, on pense que ça peut être une
mesure qui peut être prise, mais il y a des conséquences à ça comme tel, puis
je pense que, là, le premier ministre va aller discuter de ça comme tel avec...
Puis c'est les élus qui prennent cette décision-là, là, parce qu'on a certains
bénéfices théoriques en santé publique, mais quand est-ce qu'on le fait puis on
l'applique, c'est à voir.
Mais actuellement, l'intention du premier
ministre, c'est vraiment d'essayer d'éviter que ça rentre chez nous pour qu'on
fasse encore, ce que je vais revenir tout le temps... Je vais avoir deux lubies
dans cette période, c'est aplanir la courbe puis lavez-vous les mains. Vous
allez m'entendre dire ça, vous allez en avoir le goût de régurgiter, mais c'est
important, c'est des choses qui sont assez importantes, à mon avis, ne pas
aller voir des personnes âgées... Ça, là, ça a l'air de rien... puis il faut
aussi le dire, si on a des symptômes, ça ne sert à rien de le cacher. Je ne
sais pas si vous comprenez... parce qu'il y a des gens qui commencent... ils ne
veulent pas être pris dans des contraintes. Je pense qu'on doit, à mon avis, si
on a des symptômes, il faut le dire au médecin, parce que sinon on n'est pas
pris en charge adéquatement puis on risque de contaminer un milieu. Donc, soyez
honnêtes, dites-le. C'est pour votre santé puis la santé des autres.
M. Lavallée (Hugo) : Donc,
hier, le gouvernement annonçait l'interdiction des rassemblements de 250 personnes
et plus. Beaucoup de gens se sont étonnés, parce que dans les transports
publics, par exemple, à Montréal, dans le métro, il y a plus de 250 personnes
dans une même rame à un même moment.
Pourquoi est-ce qu'il n'y a pas, donc, de
contrainte en ce qui concerne les transports publics?
M. Legault : Bien, juste vous
dire, d'abord, ce qu'on parle, c'est 250 personnes qui sont dans une
pièce, là, donc qui sont à proximité puis qui peuvent être contaminées par 249
autres personnes, là. Donc, je ne pense pas, là, qu'on puisse, dans les transports
publics, parler de 250 personnes qui sont à proximité. Puis il y a une question
aussi de services essentiels. C'est sûr que ce qu'on veut essayer de faire idéalement,
c'est d'étaler les périodes de pointe, là, que tout le monde ne soit pas là au
même moment, là, en début de journée puis en fin de journée. Mais on ne considère
pas, là, qu'il y a 250 personnes dans une pièce.
Le Modérateur
: Charles
Lecavalier, Journal de Québec.
M. Lecavalier (Charles) :
Bonjour. J'ai plein de questions, je vais essayer de me contrôler. Pour les
Québécois en ce moment qui ont soit des billets d'avion pour aller à l'étranger
ou qui sont présentement à l'étranger puis là qui se disent : Est-ce que
je dois m'acheter des billets pour revenir au plus vite ou j'attends? Qu'est-ce
qu'ils doivent faire dans ces deux situations-là?
M. Arruda (Horacio)
: C'est
une décision très personnelle. Ça dépend où les gens sont. Ça dépend si c'est
de la circulation active ou pas. Ça dépend s'ils doivent revenir par les
États-Unis ou pas. Vous savez, il y a plein de facteurs, là, je ne peux pas
commenter pour chacune des situations. Mais moi, je pense que c'est clair
qu'actuellement, si vous me permettez, si on n'a pas des voyages essentiels à
l'extérieur, si ce sont des voyages pour le plaisir ou... puis c'est important
d'en avoir aussi, là, mais on ne sait pas comment les autres, aussi, pays vont
réagir. Si on tombe malade là-bas, on ne pourra pas revenir au Québec, on va
être pris en charge là-bas, on pourrait être placé en quarantaine à
l'extérieur.
Donc, c'est sûr que, je vais vous le dire
bien honnêtement, je n'aurais pas dit ça au mois de janvier, mais maintenant,
avec ce qui se passe un peu partout dans le monde, il n'y a pas tellement de
zones... il y en a, des zones sécuritaires, mais je ne peux pas le garantir.
Comprenez-vous ce que je veux dire, là? Et là même certaines zones des
États-Unis comme telles, si vous y allez pour des vacances puis etc., peut-être
il faut penser à les reporter. Ça va dépendre comment vous êtes capable de
vivre avec le fait que vous pourriez être retenu là-bas et ne pas être capable
de revenir. Ça fait que là, ça, c'est vraiment une décision qui est très
personnelle comme telle.
Puis pour ce qui est des questions... moi,
je ne peux pas vous parler des questions d'assurance, d'annulation puis etc.,
là, mais c'est sûr aussi, quelque part, il faut comprendre que les gens qui
sont à l'extérieur, quand ils vont revenir ici, on va vraiment suggérer un
isolement volontaire pour 14 jours. Puis si c'est des personnes qui
travaillent dans le milieu de la santé, dans le milieu de l'éducation ou le milieu
de la famille, eux autres aussi... eux autres, ça va être obligatoire, comme on
l'a dit.
Ça fait que ça devient une conséquence
quand même assez importante, qui, je pense, est un... Voyager, actuellement,
là, à l'extérieur pour juste du loisir, bien, il faut juste être conscient que
ce loisir-là pourrait se transformer en quelque chose de moins agréable puis il
faut savoir si on est prêt à vivre avec ça.
M. Legault : Dans le fond, ce
que je dirais, c'est s'il y a un Québécois, une Québécoise dans un autre pays
qui est plus à risque que le Québec, où il y a plus de contagion qu'au Québec,
bien, il y a un risque additionnel que cette personne-là prend. Donc, plus tôt
elle va revenir ici, moins elle prendra de risques.
M. Lecavalier (Charles) :
Pour les garderies, c'est quand même des lieux qui sont moins gros. Je pense
aux milieux familiaux, entre autres. Donc, quelle est l'opportunité vraiment de
fermer ça tout de suite alors qu'il n'y a pas tant de personnes?
Puis en sous-question, vous parlez
beaucoup des employés du secteur privé, du secteur public, mais pour tous les
entrepreneurs qui viennent de se lancer en affaires, qui ont des petites
entreprises puis qui eux-mêmes vont peut-être ne plus pouvoir travailler,
est-ce que vous allez avoir une aide financière pour ces gens-là?
M. Legault : Bon, deux choses.
D'abord, si on commence par les services de garderies, de la même façon qu'il y
a eu une semaine de relâche pour les écoles, les cégeps, les universités, il y
a eu des gens qui sont allés à l'extérieur dans un certain pourcentage assez
élevé et, bon, ces personnes-là sont revenues, la plupart la fin de semaine
dernière, donc, techniquement, ont pu contaminer des personnes dans ces
établissements-là cette semaine.
Donc, c'est pour ça qu'on ajoute un
14 jours, un deux semaines. Comme le disait le Dr Arruda, il n'y a pas de
risque grave pour les enfants, mais les enfants peuvent être ensuite en
présence de leurs grands-parents, puis là ça peut amener des problèmes
additionnels pour les grands-parents.
Pour ce qui est des employés, on devrait,
au cours des prochains jours, là... Jean Boulet, le ministre du Travail,
travaille sur des programmes où les personnes qui ne sont pas dans le secteur
public... parce que je le répète, là, entre autres, ce qu'on annonce
aujourd'hui dans les écoles, les garderies, tout le monde va continuer d'être
payé, mais, dans le secteur privé, on va mettre en place un programme qui va
permettre une compensation financière parce qu'on ne veut pas que des personnes
se forcent à aller au travail, même si elles ont des symptômes, pour prendre le
risque de contaminer d'autres personnes.
Donc, Jean Boulet va annoncer, là, dans les
prochains jours, des mesures. Puis je veux tout de suite dire aux entreprises
puis aux employés qui sont dans des entreprises privées, là : Ne vous
inquiétez pas, on va arriver avec une mesure très rapidement.
M. Lecavalier (Charles) : ...ça
touche aussi les travailleurs autonomes puis les entrepreneurs.
M. Legault : C'est la même
chose. C'est que, dans le fond, on va arriver avec des mesures pour les
individus, mais aussi des mesures pour les entreprises, donc incluant les
travailleurs autonomes.
Le Modérateur
: Mylène
Crête, Le Devoir.
Mme Crête (Mylène) :
Oui. Je voulais savoir, est-ce que cette mesure-là, de fermer les écoles, les établissements
postsecondaires et les services de garde, est-ce que ça ne vient pas une
semaine trop tard?
M. Arruda (Horacio)
:
On peut toujours dire, puis je peux vous dire, quand on regarde les mesures qui
sont prises dans une certaine situation, on peut toujours dire qu'elles
viennent une semaine trop tard, mais il faut aussi voir, un, on n'était pas à
ce stade-ci quand notre semaine de relâche a eu lieu. Voyez-vous, l'Ontario,
lui, a ses semaines de relâche en même temps que la situation a comme basculé.
Puis ça bascule en une journée, là, souvent, là, les éléments, quand on a des
cas qui viennent d'autres pays puis etc. Parce que nous, on suivait ça, là.
Pour moi, c'est très important, notre épidémio, au Québec, est différente de
celle de la Colombie-Britannique.
Donc, je vous dirais qu'on anticipait.
Moi, je ne pense pas qu'il est trop tard. D'ailleurs, certains pourraient dire :
On n'a pas de transmission locale, on ne devrait pas les fermer. Certains vont
vous dire ça, mais ce qu'on veut ici, c'est justement régler l'impact, l'impact
des semaines de relâche. Puis on va réévaluer la situation au jour le jour. Ça
fait qu'on se donne...
Puis on vient un petit peu corriger la situation
de la semaine antérieure. C'est possible qu'il y ait eu déjà un phénomène. On
n'a pas encore vu les signaux, mais on a vu, par contre, des gens qui sont
allés à l'extérieur dans la semaine de relâche et qui ont développé des
symptômes, mais ils ont été pris en charge, ça, c'est important, parce qu'ils
auraient pu arriver au Québec, faire leur travail, continuer. Donc, on avait
déjà prévu le coup.
Mais là on est rendus à une autre étape.
Puis vous allez toujours avoir l'impression, des fois, là, ou bien on est trop
forts d'un coup ou bien on est comme un petit peu en retard. C'est une décision
qui est très délicate, mais je peux vous dire qu'actuellement la stratégie, à
mon avis, qui est associée avec les voyages, associée aux semaines de relâche,
je pense que c'est une bonne chose, mais ça va être à réévaluer. Peut-être que,
dans deux semaines, on va se rendre compte qu'il n'y en a pas eu, O.K., il n'y
a pas de circulation intense, les écoles pourraient rouvrir avec des modalités
différentes, télétravail, télécours, etc., là, tant et aussi longtemps... puis
refermer de nouveau quand la situation va se mettre à être intense au Québec ou
carrément revoir dans deux semaines puis dire : Il faut prolonger encore
de deux semaines.
Donc, c'est assez difficile pour moi de
vous donner une réponse. J'aimerais ça vous le dire puis vous donner une date,
j'aimerais ça vous dire qu'à la Saint-Jean il n'y aura plus rien au Québec
comme coronavirus, mais on n'est pas en mesure de dire ça.
Mme Crête (Mylène) :
Est-ce que, M. Legault, il est envisagé, à l'instar d'Ottawa, de suspendre les
travaux de l'Assemblée nationale? Je sais qu'il y a une situation particulière
à Ottawa, mais je pense qu'il y a des gens qui se posent la question.
M. Legault : Bien,
effectivement, là, on a comme fixé un barème qui est de 250 personnes dans
la même pièce, là. Donc, si on utilise ce barème-là, effectivement, il y a plus
que 250 personnes à la Chambre des communes, il y en a 125 à l'Assemblée
nationale. Il y a la balance des inconvénients... On veut évidemment continuer
d'être capable de représenter les citoyens, de débattre avec l'opposition,
d'écouter les suggestions de l'opposition. Ce n'est pas noir ou blanc. On
n'exclut pas, effectivement, éventuellement, si c'est nécessaire, de fermer
l'Assemblée nationale.
Mme Crête (Mylène) :
Qu'est-ce qui mandaterait que ce soit nécessaire?
M. Legault : Bien, c'est
toujours une question d'évaluation des risques. On discute continuellement avec
le Dr Arruda de la balance des inconvénients, si je peux dire. On parlait
tantôt des écoles. Bien, les écoles, là, aujourd'hui, ce qu'on dit, c'est qu'il
y a un million d'enfants... donc, des parents travailleurs qui vont être dans
une situation difficile. Donc, c'est une évaluation qui se fait de jour en
jour. Évidemment, là, on continue de suivre l'évolution du nombre de personnes
infectées.
M. Arruda (Horacio)
: M.
le premier ministre, je voudrais me permettre quelque chose. Ce qui est
intéressant, souvent, c'est que, quand on met des mesures très contraignantes,
si on n'ajoute pas des éléments pour appuyer les individus, les gens ne le font
pas. Alors, tu sais, on aura beau dire, là, puis je ne suis pas dans le secret
de ce que le premier ministre et ses ministres vont faire par rapport à aider
les gens, là, mais, si on aide les gens à s'isoler comme tel et qu'on ne les
met pas dans une situation où, en s'isolant, ils n'ont plus de revenus, ils ont
des problèmes majeurs puis etc., bien, la mesure ne fonctionnera pas. Et
souvent, c'est appliqué ailleurs sans aide, à moins, dans certains pays, où on
a une approche plus dictatoriale, je pourrais dire, quasiment, avec la police,
puis l'armée, puis etc., ce qui n'est pas la culture québécoise.
Mais moi, ce que je peux vous dire, ça, c'est
important, parce qu'on le dit tout le temps, quand on recommande quelque chose,
on a beau le recommander, mais est-ce que les gens le font vraiment? Puis on
appelle ça des facteurs facilitants ou des facteurs contraignants, et ça, je
pense que c'est un geste que je veux souligner, parce que, très souvent, dans
nos mesures, c'est là où le bât blesse, c'est qu'il n'y a pas de support qui
est donné aux gens pour l'appliquer. Puis il faut tenir compte que ce n'est pas
tout le monde qui a les moyens, nécessairement, de perdre deux semaines de
revenus comme tel. Puis on va inviter aussi, je vous dirais, là, si vous
voulez, le secteur privé et autres à considérer ça, parce que les gens ne font
pas ça pour se reposer à la maison puis ne pas travailler, ils font ça parce
qu'on leur demande. Puis il y a le télétravail aussi que... ça va donner un
coup. Probablement, on va avoir plus de télétravail au cours des prochaines
générations ou années compte tenu qu'on va avoir expérimenté cette situation-là
dans une situation qui est nécessaire.
Le Modérateur
:
Olivier Bossé... Oui, allez-y.
Mme McCann : Excusez-moi, si
je peux me permettre, vu qu'on parle de télétravail, qu'on est en train de
commencer un déploiement de services de téléconsultation à partir de la semaine
prochaine, par les médecins aux patients. Donc, ça va se déployer
graduellement. On vous donnera plus d'informations dans les prochains jours,
mais, à partir de la semaine prochaine, il y a des médecins au Québec, que ce
soit dans les hôpitaux ou dans les cliniques médicales, qui vont pouvoir donner
des services par téléconsultation.
Je veux vous dire également qu'en lien
avec le dépistage, on déploie, au Québec, une douzaine de cliniques de plus de
dépistage dans différentes régions. Vous avez entendu parler de
Sainte-Justine... au Saguenay—Lac-Saint-Jean, deux sites; en Mauricie—Centre-du-Québec,
deux sites; en Estrie, deux sites; en Outaouais aussi, à Laval, Lanaudière,
Laurentides, Montérégie-Centre et Montérégie-Ouest. Alors, une douzaine de
cliniques de dépistage qui se déploient, dans les prochains jours, au Québec.
Le Modérateur
: Alors,
Olivier Bossé, Le Soleil.
M. Bossé (Olivier) :
M. Legault, vous le disiez, ça va être difficile pour les parents. Évidemment,
les grands-parents ne pourront pas venir garder. Qui va garder tous ces
enfants-là? C'est une question un peu simple, là, mais la réponse n'est pas
simple.
M. Legault : Oui. Bien, c'est
ça, la réponse n'est pas simple, et puis c'est une des raisons pourquoi on a
attendu que ça soit absolument nécessaire. Écoutez, je demande à tous les gens
d'être solidaires. Effectivement, il faut être capable de s'aider. Bon, la
plupart des parents ont deux parents. On veut s'assurer entre autres qu'il y
ait des services de garde qui soient offerts pour le personnel du réseau de la
santé. On va établir aussi une liste de services qui sont essentiels pour la
population.
Donc, la réponse n'est pas facile, puis je
comprends très bien les parents aujourd'hui qui se disent : Wo! j'ai tout
un casse-tête devant moi, là. Mais c'est la moins pire solution, là, qu'on
propose aujourd'hui.
M. Bossé (Olivier) :
Peut-être plus M. Lacombe ou peut-être vous, là, sur les services de garde
d'urgence qui vont être pour les gens de la santé, c'est quoi, le détail qu'on
a aujourd'hui?
M. Lacombe : Bien, comme le
premier ministre l'a dit, il faudra évidemment considérer prioritairement les
gens du réseau de la santé. La liste, bon, elle sera communiquée au moment où
elle sera complète. Par contre, il faut être clair, évidemment, qu'il y aura du
service disponible pour les gens qui travaillent dans le réseau de la santé. On
a besoin de ces gens-là, on vient clairement de le dire, et on en aura besoin
de façon importante. Donc, évidemment, il faut leur offrir le service, puis on
va le faire. On sera prêts.
M. Bossé (Olivier) : Dès
lundi.
Des voix
: Oui.
M. Roberge : En complément, on
parle des services de garde, services de garde éducatifs à l'enfance, mais il y
a aussi, dans nos écoles primaires, des services de garde. Donc là, nos écoles
sont fermées, les services de garde sont fermés, mais on va faire exactement la
même chose, en parfaite cohérence avec le réseau de la famille comme avec le
réseau de l'éducation. Donc, il y aura des écoles, ce sera annoncé, là... ça va
être mis en place d'ici lundi, il y aura des écoles pour lesquelles les services
de garde sont ouverts, à proximité des établissements de santé, pour les travailleurs
parents du réseau de la santé. On n'ouvre pas le réseau des services de garde
dans nos écoles primaires, elles sont fermées. Certains services de garde
seront ouverts spécifiquement pour les travailleurs du réseau de la santé, puis
on va faire cette démarche-là en parallèle et de la même façon dans le réseau
de la famille puis dans le réseau de l'éducation.
M. Bossé (Olivier) : Il va y
avoir des critères, l'âge de l'enfant, où est l'emploi du parent, des choses
comme ça, par exemple.
M. Legault : Surtout l'emploi
du parent.
Le Modérateur
: Merci.
Alain Laforest, TVA.
M. Laforest (Alain) : Bonjour
à vous tous. Juste une précision avant de poser ma question. Mme McCann,
combien de cliniques au total vous avez actuellement au niveau du dépistage?
Vous avez dit 12 de plus.
Mme McCann : Donc, on en a
trois actuellement. On en a une à l'Hôtel-Dieu, on en a une qui est en
Montérégie...
M. Laforest (Alain) : Montérégie,
Québec, ça fait qu'on en aurait 15?
Mme McCann : Voilà. On en a
trois. Donc, ça faitfaire 15 à terme, là, quand on va avoir déployé
toutes les autres.
M. Laforest (Alain) : M. le
premier ministre, l'homme étant ce qu'il est... On l'a vu dans les épiceries au
cours des dernières heures mais je ne veux pas vous amener dans le domaine
alimentaire. Au niveau des garderies privées non subventionnées, au niveau des
gens qui sont les travailleurs autonomes, vous dites que vous allez arriver
avec un programme rapidement. Quelle est la garantie qu'il n'y a pas des
garderies qui vont rester ouvertes parce que ces gens-là n'ont pas le moyen de
ne pas avoir de salaire et d'attendre le programme du gouvernement qui pourrait
prendre du temps avant qu'ils soient payés?
M. Legault : Bien, d'abord, le
programme va être annoncé rapidement puis va être applicable immédiatement. Donc,
Jean Boulet me dit qu'il est déjà prêt, là. Donc, on ne veut pas bousculer les
choses, là, mais dès le début de la semaine, il va être disponible puis les
fonds vont être disponibles. Donc, ça va se faire rapidement.
M. Laforest (Alain) : Est-ce
que les gens vont perdre du revenu en complémentaire ou ça va être vraiment...
M. Legault : Écoutez, là, je
ne veux pas annoncer aujourd'hui le programme, là, je vais l'annoncer... mais
ils ne seront pas dans une situation, là, qui mettrait leur famille à risque
financièrement.
Le Modérateur
: Merci.
Rémi Nadeau, Journal de Québec, Journal de Montréal.
M. Laforest (Alain) : Juste
une petite dernière rapide, là. Un questionnement beaucoup chez les gens...
Vous avez demandé, Dr Arruda, aux gens de se mettre en quarantaine volontaire
lorsqu'ils reviennent de voyage. Mais si quelqu'un arrive du Mexique, qui se
place en quarantaine puis qu'il vit avec trois autres personnes, qu'est-ce qui
arrive? Les trois autres personnes vont continuer à circuler sauf celle qui est
en quarantaine, non?
M. Arruda (Horacio)
:
Bien, premièrement, oui, si vous me permettez, on va utiliser le terme
«isolement volontaire», parce que la quarantaine, c'est un pouvoir du fédéral
en lien avec l'entrée... Mais ce que ça veut dire, c'est que la personne qui va
revenir...
M. Laforest (Alain) : C'est à
peu près la même affaire.
M. Arruda (Horacio)
:
Hein?
M. Laforest (Alain) : C'est à
peu près la même affaire. C'est technique.
M. Arruda (Horacio)
:
Oui, mais c'est parce que c'est juste que des fois, là, en terme légal, je ne
voudrais pas me faire reprocher par les fédéraux que j'ai utilisé le mot «quarantaine»
alors que c'est leur pouvoir. Bon, puis c'est un isolement volontaire sur la
base... ou obligatoire sur la base de la Loi de santé publique qui donne au
directeur national puis à la ministre de la Santé certains éléments.
Si vous me permettez, donc, dans le fond, bien,
la personne qui va, elle, revenir du Mexique et va être en isolement volontaire
chez elle, tant qu'elle n'a pas de symptôme, elle n'est pas très contagieuse.
O.K.? C'est possible qu'il y ait une contagion. On va demander à ce qu'elle
garde une certaine distance à la maison avec les personnes, mais donc elle
n'est pas vraiment contagieuse. Donc, les autres peuvent sortir à moins qu'ils
aient été en même temps en voyage puis etc. C'est sûr que, s'ils sont partis
toute la famille, là, ils sont tous dans le même bateau, si on peut dire.
Ça fait que c'est ce genre d'élément là,
là, qu'on va prendre en considération. Dès qu'il développe des symptômes, à ce
moment-là, il est pris en charge, puis c'est les autres qui vont se retrouver... les
autres dans la famille qui vont se retrouver, à ce moment-là, comme en
isolement, parce qu'ils ne seraient pas contagieux pendant qu'ils vont aller
chercher la nourriture, mettons, ou l'épicerie pour la personne qui est en
isolement volontaire.
Le Modérateur
: Merci.
Rémi Nadeau, Journal de Québec, Journal de Montréal.
M. Nadeau (Rémi) : Oui. Un
des éléments très terre-à-terre, là, M. Lacombe, là, pour les services de
garde qui vont être disponibles pour les employés du réseau de la santé, je
voudrais savoir, d'abord, si ça inclut aussi les travailleurs des CHSLD qui
pourront profiter de ces services-là. Mais, en même temps, je me demande... ce
n'est pas nécessairement un service de garde qui est proche d'un établissement
de santé. Les employés n'envoient pas nécessairement... je veux dire, ils ne
restent pas nécessairement proche de l'hôpital. Donc, comment vous allez
déterminer les services de garde qui vont être ouverts, là? J'ai comme un
questionnement là-dessus.
M. Lacombe : Bien,
certainement que c'est une situation exceptionnelle, qui demande des moyens
exceptionnels. Donc, il faudra effectivement, parfois, sortir de la routine,
c'est clair, mais l'important, le message qu'on veut envoyer aux gens du réseau
de la santé, c'est : malgré la fermeture, il y aura des places pour vos
enfants pour que vous puissiez vous occuper des gens qui sont malades dans nos
hôpitaux. C'est la première chose, et ensuite, pour le spectre, là, à qui ça va
s'adresser exactement, bien, évidemment, ce ne sera pas à moi, comme ministre
de la Famille, de définir quels sont les besoins. On le fera en collaboration
avec le réseau de la santé, mais je veux être clair et précis, on va s'assurer
que tous les gens dont on a besoin puissent être au travail pour s'occuper des
gens qui sont malades, dans nos hôpitaux, notamment.
M. Nadeau (Rémi) : Puis pour
ce qui est des écoles... parce qu'on parle beaucoup de télétravail pour les
gens qui ne peuvent pas aller sur les lieux du travail, mais il me semble que
pour les enfants, c'est la même chose. Même s'ils sont à la maison, ils peuvent
continuer de faire de l'apprentissage. Est-ce que vous demandez aux enseignants
d'envoyer, par exemple, aux parents des éléments qui peuvent être faits quand
les enfants sont à la maison dans les deux prochaines semaines ou c'est
vacances, là?
M. Roberge : Bien, ça va être
vacances. On ne demande pas aux enseignants de rentrer travailler alors que les
écoles sont fermées. On ne demande pas aux enseignants, de la maison, de
préparer des choses, de transmettre ça aux élèves. On n'est pas équipés, on n'a
pas ces mécanismes-là pour donner du travail ou des études. Il y a peut-être
des parents qui vont faire la petite école à la maison, là, mais il n'y a pas
de contrainte et il n'y a pas d'exigence à ce niveau-là.
Le Modérateur
: Ça va?
Donc, on va passer aux questions en anglais, je vous remercie de votre
patience, à commencer par Raquel Fletcher, Global.
Mme Richer (Jocelyne) : Juste
une petite précision à la ministre. La ligne 8-1-1, elle n'existe plus à
partir d'aujourd'hui ou quoi?
Mme McCann : Effectivement, on
appelle au 877 644-4545 et on règle le problème aujourd'hui.
M. Gagnon (Marc-André) :
Mais, en clair, si les gens appellent à la ligne 8-1-1, est-ce qu'il y a
une réponse?
Mme McCann : Ce qu'on dit, on
veut que les gens appellent au numéro 877. Ça va être beaucoup plus facile
pour eux, aussitôt qu'on règle le problème, parce qu'on a là des gens en nombre
suffisant pour répondre à toutes les demandes. Il y a vraiment une variété de
demandes actuellement, et là on peut faire un triage, mieux répondre aux
citoyens. C'est ce qu'on dit.
Le Modérateur
: Merci.
Alors, en anglais, Raquel Fletcher, Global.
Mme Fletcher (Raquel) : Good afternoon. Do we have enough testing kits in Québec? I know
that there's a concern in other places. How many do we have and are you
confident that that's enough?
Mme McCann :
We do have what we need and we have the capacity, with our laboratory of public
health, to analyze those tests. So we have what we need, and what we're working
on right now is to have other hospitals like the CHU, the different CHU, and
also other hospitals start doing those testing also. We're in a preparation
phase, it's going to be deployed in the future, in the near future, and we're
going to increase the capacity. So we have what we need.
Mme Fletcher (Raquel) : Premier, you talked about international visitors. Can you explain, for
our English viewers, what you are asking from M. Trudeau?
M. Legault : Yes. We're asking the federal Government to limit the visitors
coming from outside of Canada. I think that we're now asking our own people to
be isolated for 14 days, so I think we need to restrict and limit the
people coming from outside of Canada.
So I'll have discussions,
this afternoon, with M. Trudeau. Of course, I want to have his input, the
input of the other Premiers of the other provinces, but I think, right now,
it's quite urgent that we stop the number of visitors in Canada.
Mme Fletcher (Raquel) : And I just have one last question for M. Arruda. If, in two
weeks, everything goes as planned and we reopen schools on March 30th — I think it was the date — will we be out of the woods?
M. Arruda (Horacio)
: On the woods?
Mme Fletcher (Raquel) : Out of the woods.
Des voix
: ...
M. Arruda (Horacio)
: Look, I don't think so. I think we don't... we will not say :
Ah! It's finished, because then things can rehappen. As the Prime Minister said
yesterday, probably the situation will have to be managed for not only weeks,
but months, and we will probably, perhaps... and when I'm talking about
tomorrow, even sometimes I can not know... but what some hypotheses more, is
that it's going to be calming a little bit because of the summer time coming
and probably coming back a little bit at fall. But we don't know. It's a new
virus and... or it can even disappear or being adapted to the human and stay
like others coronavirus, and we will say that's a normal one actually.
Le Modérateur
: Stéphane Giroux, CTV.
M. Giroux (Stéphane) : Yes. I have a question for Mrs. McCann. We spoke to an infectious
diseases' specialist who says that people under 18 who should be tested for the
COVID are not allowed to go the Hôtel-Dieu, so instead they are going to either
the Children's or Sainte-Justine. Is that the right place for them to go?
Mme McCann : I think so. Sainte-Justine has opened a clinic especially for the
coronavirus, so I would encourage people... for children to go to
Sainte-Justine. And if it's not possible, there is always the Children's, but,
of course, we would prefer Sainte-Justine because they do have a clinic
especially designed for the testing.
M. Giroux (Stéphane) : At the Sainte-Justine, is there any chance of contact with children
who might be an emergency for other reasons?
Mme McCann : No, because Sainte-Justine has created that clinic especially to
avoid the contacts with the other children in the emergency room. So the
physical environment is separating completely from the emergency.
M. Giroux (Stéphane) : Mr. Premier, about something you said in French, I'd like you to
repeat in English. Parents now have to find a way to deal with their children
starting Monday morning, daycare, the most problematic, elementary, high
school. What do you tell these parents?
M. Legault : Yes, I understand that it will be a major problem for many parents,
starting Monday morning, to find a place for their children. I understand very
well the problem. What I am asking is kind of solidarity coming from the
family, neighbours. We need to take the decision that is the less worst for the
population and we think that this is the decision to take.
Le Modérateur
: Cathy Senay, CBC News.
Mme Senay (Cathy) : Apparently, Mr. Arruda, Ontario, Alberta are making more tests. In
these provinces, you see more tests. You said yesterday that we will increase
the number of tests. Can you tell us exactly what the plan is for the days to
come?
M. Arruda (Horacio)
: It's to use these tests as needed, and actually
we are... there is no active transmission here. We are preparing to test for
the active transmission. We have actually the capacity to test the... We have
not a problem of testing actually, because we are testing people who need it,
which are the ones coming back from travel and everything. And we will do tests
in families, if there is people sick, so... And we are from an amount of, I
would say, around 40 tests, we are now having more and more every day.
Mme Senay (Cathy) : 400 or 40 per day? 400 per day?
M. Arruda (Horacio)
:
We were before at five, six at the beginning, and now we are... we can test,
I'll say, almost 300 tests per day, if needed. But we have not attained
that, because we are still in a situation with lower cases than other
provinces. So we will be able to do exactly what the others are doing, because
they are a little bit further than we are, especially Ontario and B.C., Alberta
too, a little bit more. They have now, I think, around 40 cases. So we are on
capacity to do the tests as needed.
Mme Senay (Cathy) : OK. So you're still at the emergency mode today. Even though we are
closing schools, CEGEPs, universities, we are not at the state of the health
emergency, that I understand. We haven't raised the level, but is there a point
that you're going to force people to... basically having to force people to be
in quarantine, like, or isolate themselves, to force them to do so? Because
yesterday, you were asking people to do it, but is there a point that you're
going to force them to do it?
M. Arruda (Horacio)
:
We are forcing travelers coming back from the three sectors, health, education
and family, to do that. It's mandatory. It's mandatory, because I have, under
law and the Minister — I'm the instrument of the
Minister — the power of ordaining it. And we could also, even if
we're not in an emergency, there is not a crisis, use powers of... we call it
«urgence sanitaire». That makes the Government able to take some decisions and
processes faster than they are used to do in the normal way, meaning like
exactly, if we need something for different contracts that were supposed to go
on, I would say, appeal of offers, we can go directly, because there is an
emergency. That's powers that are there in the law to help the Governments to
take action and not be stopped by bureaucracy.
Le Modérateur
:
Last question, Phil Authier, The Gazette.
M. Authier (Philip)
:
Good day. Mr. Legault, I just want to ask you about the
social climate at this point in Québec. We're seeing signs of panic, people lining up their cars to buy
things at Costco. Are you worried about the atmosphere and is there anything
you could do about that?
M. Legault : I want to first reassure all Quebeckers about food and about... I've seen, like you, pictures of people
being in line to get some food or toilet paper. Right now, we don't expect any
shortage. So I think that this is not necessary and I think we have to focus
really on the coronavirus, but people must not worry about the provision for
food.
M. Authier (Philip)
: But people are panicking, as we see on the phone line.
M. Legault : Yes, but that's why I'm telling them : Don't worry about food.
You may worry about getting the coronavirus, but don't worry about getting food
next week or the week after. Right now, all trucks are delivering goods, and we
don't expect any shortage.
M. Authier (Philip)
: And one final one for Mr. Arruda. We talked yesterday at length
about the peak, and I was looking at some numbers for the Spanish flu, which I
was not around for, by the way, but... 1918, that's a long...
Une voix
: You survived it.
M. Authier (Philip)
: When do you expect Québec's numbers to peak?
M. Arruda (Horacio)
: I hope as late as possible, you know, because... and I would like to have, I would say, and... I think
somebody said that, and it's not from me, I would like to have, not a mountain,
but a small «colline», you know.
I don't know in English, if you said «colline»...
M. Authier (Philip)
:Small hill.
M. Arruda (Horacio)
: Small hill, exactly, I'm sorry.
So... and it's what we working
for, and that will depend on the decisions we are taking, how they are applied,
because even if we say : We go in there, if the people don't do it, that's
not the case. So it's why I would say : Let's be together to have hills
and no mountains.
Des voix
: Merci.
(Fin à 12 h 27)