(Neuf heures vingt et une minutes)
Le Modérateur
: Donc,
bonjour, bienvenue à ce point de presse sur les indemnités de déplacement. Vont
s'adresser à vous aujourd'hui, M. Joël Arseneau, député des Îles-de-la-Madeleine,
Mme Véronique Martinet, qui nous vient des Îles-de-la-Madeleine également,
Mme Hélène Chouinard, qui arrive de Sept-Îles,
Mme Chantal Renault, qui elle aussi arrive des Îles-de-la-Madeleine,
ensuite Mme Perry Mélançon, députée de Gaspé, M. Ouellet, député
de René-Lévesque, et M. Roy, député de Bonaventure. M. Arseneau.
M. Arseneau : Bonjour,
tout le monde. Premièrement, j'aimerais remercier les gens, les personnes qui
nous accompagnent, qui ont dû laisser leurs proches à l'hôpital pour venir vous
parler ce matin. Je remercie également mes collègues députés de l'Assemblée
nationale qui sont présents. J'en profite pour saluer Lorraine Richard,
qui est maintenant retenue à Montréal à la commission Laurent et qui serait
certainement avec nous pour appuyer la demande que l'on fait aujourd'hui au
gouvernement.
Alors, les personnes qui nous accompagnent
sont originaires des régions du Québec. On a nommé ces régions, c'est la
Côte-Nord, c'est les Îles-de-la-Madeleine, c'est la Gaspésie, il y a des gens
également de l'Abitibi qui sont aux prises avec une situation similaire. On
souhaite que les allocations de déplacement pour recevoir des soins dans les
grands centres ou pour accompagner des proches qui sont malades soient
bonifiées. Ils ont donc accepté de venir ici pour témoigner de leur réalité.
Comme on le sait, le ministère de la Santé
doit faire des choix, et parmi ces choix, c'est d'offrir une gamme limitée de
soins spécialisés ou surspécialisés dans les régions du Québec. Donc, plusieurs
familles, de nombreuses familles doivent se déplacer, des patients, des
accompagnateurs, au jour le jour, pour obtenir des soins de santé dans les
grands centres, à Québec en particulier, mais également à Montréal, parfois à
Rimouski.
Par contre, pour pallier cette absence de
services en région, il faut indemniser les gens correctement à la hauteur des
dépenses réellement encourues, que ce soit pour les déplacements, pour les
frais d'hébergement et également pour les frais de repas. Or, à l'heure
actuelle, on voit que ces frais qui sont déboursés, ces indemnités sont
absolument dérisoires, ils ne couvrent pas, loin s'en faut, la totalité des
dépenses encourues par les patients qui doivent payer de leur poche leurs soins
de santé, ou d'hébergement, ou de transport.
Je vous donne ici un exemple. Quand on parle
du kilométrage qui doit être parcouru par des gens de la Gaspésie, de la
Côte-Nord, on parle d'une indemnité de 0,13 $ du kilomètre qui est
défrayée, alors que pour les infirmières on parle de 0,44 $ du kilomètre, pour
les fonctionnaires 0,47 $, et pour les médecins 0,86 $. Je pense que
les chiffres parlent d'eux-mêmes. On doit revoir ces barèmes d'indemnisation.
Exactement la même chose quand il est question, par exemple, des repas : on
défraie 12,75 $ par jour pour les patients ou leurs accompagnateurs, alors
que, dans la fonction publique en général, les sommes sont évaluées, pour les
indemnisations, à 46,25 $ par jour.
Alors, ces sommes-là sont aussi versées par
les CISSS, donc par les institutions régionales, ce qui est assez particulier
parce qu'on fait porter le poids sur les institutions des régions qui n'ont pas
eu, dans leurs paniers de services, la capacité de soigner les gens, et c'est
eux qui doivent payer pour les patients, pour aller se faire soigner dans les
grands centres, et ça grève de façon importante leurs budgets. Alors, ce qu'on
demande, c'est que le gouvernement puisse rapatrier ces fonds-là au sein d'un
budget global pour l'ensemble du Québec parce que ça crée des iniquités, les
règles ne sont pas nécessairement appliquées de la même façon dans chacune des
institutions. C'est une question, donc, d'équité. Les allocations doivent être
bonifiées et bonifiées dès maintenant. On est en période prébudgétaire et on
souhaite que le gouvernement agisse.
En plus de créer des iniquités entre les
centres et les régions, créer essentiellement deux catégories de citoyens au
Québec, lorsqu'il est question d'obtenir des soins de santé, c'est très grave.
Et ces indemnités-là et ces frais supplémentaires à payer, ce n'est qu'une
partie, évidemment, des problèmes qui sont vécus par ces gens qui vivent bien
souvent des situations extrêmement anxiogènes, des situations de stress, des
situations de maladies qui touchent au plus profond d'eux-mêmes des gens de
leurs familles, les gens de leurs entourages. Ils doivent sacrifier, bien
souvent, une partie de la famille, à la maison, pour se déplacer, bien souvent,
puiser dans leurs fonds de retraite, et également sacrifier des vacances, et se
priver de revenus pour venir se faire soigner ou encore pour accompagner un
proche. Et il y a même des gens qui refusent de se faire soigner pour des
raisons financières. C'est comme ça que c'est rendu au Québec en 2020.
Or, pour illustrer la situation vécue par
des milliers de personnes au Québec, j'aimerais donner la parole à Mme Martinet,
qui va illustrer, à sa façon, ce que ça veut dire de venir se faire soigner au
Québec, à Québec, lorsqu'on vient d'une région. Et les autres pourront prendre
la parole par la suite.
Le Modérateur
: Mme
Martinet.
Mme Martinet (Véronique) :
Bonjour. Je me considère chanceuse, premièrement, d'avoir un revenu qui me
permet d'accompagner mes parents comme troisième accompagnatrice. Toute la
totalité de mes frais, c'est moi-même qui les assume parce que mon père est le
premier accompagnateur de ma mère, qui doit venir à Québec, en néphrologie, plusieurs
fois par année.
Dans les trois dernières années, ils ont
eu au-dessus de 20 voyages, toujours dans l'espoir d'être ici un ou deux
jours, mais, une seule fois, la durée du voyage a duré neuf mois. Pour le
premier accompagnateur, donc — ce n'est toujours pas ma situation — pour
mon père, il y a un per diem de 75 $ par jour. On arrive à l'aéroport, le
tarif pour se rendre jusqu'à l'Hôtel-Dieu est de 35 $. Donc, il reste
40 $ à cette personne-là pour loger et se nourrir pour une journée.
C'est des situations qui se passent trop
souvent pour les gens des Îles-de-la-Madeleine ou d'autres régions éloignées.
Et on ne sait pas, quand on part des Îles-de-la-Madeleine, si ça va être pour
une petite, ou une moyenne, ou une longue durée.
Mes parents se sont fait dire, lors du
séjour de neuf mois, à plusieurs reprises, qu'ils devaient vendre leur
propriété aux Îles-de-la-Madeleine, s'acheter une maison à Québec. On a beau
dire, mais, d'une région à l'autre, les frais sont extrêmement différents. Et
se déraciner des gens, quitter, moi et ma soeur, pour une période de neuf mois,
ça a été extrêmement difficile pour eux. Donc, j'ai dû à plusieurs reprises, moi,
venir accompagner pour le support psychologique de ces gens-là.
Ma soeur aussi a vécu une situation
complètement abominable. Elle a accouché aux Îles-de-la-Madeleine d'un garçon,
il y a eu des complications à l'accouchement, ça a été très difficile. L'enfant
a dû être envoyé sur le jet, à Québec, pour lui sauver la vie, carrément. À ce
moment-là, elle avait eu elle-même des complications durant l'accouchement et
elle avait dû être hospitalisée aux Îles-de-la-Madeleine. Donc,
l'accompagnateur du bébé était son père. Quand elle s'est sentie mieux quelques
jours après, toujours en allaitant, en gardant son lait pour le bébé, elle a dû
payer elle-même 900 $ pour un billet d'avion pour venir accompagner son
propre enfant, qui était hospitalisé entre la vie et la mort, et avoir elle
aussi 75 $ de per diem pour l'accompagner pendant une durée de quatre
mois.
Donc, c'est sûr que certaines familles
n'ont pas ma chance et doivent s'endetter de plusieurs milliers de dollars pour
pouvoir tout simplement avoir accès aux services que les grands centres ont
accès. C'était mon message aujourd'hui.
Le Modérateur
: Merci
beaucoup. Mme Renault.
Une voix
: ...
Le Modérateur
: Ah!
Mme Chouinard, vous pouvez y aller.
Mme Chouinard (Hélène) :
Oui. Bonjour. Moi, je viens de Sept-Îles. Je viens, depuis cinq ans, pour mon
conjoint aussi en néphrologie. Là, depuis à peu près six mois, on a su qu'ils
pouvaient nous payer un peu l'avion, des choses comme ça. Mais on les a payé de
notre propre poche, ils nous donnaient à peu près... qu'on soit ici une journée
ou une semaine, c'était 200 $ pour mon conjoint, nourriture, logis et
tout, et 36 $ pour l'accompagnatrice. C'est vraiment minime. Heureusement
qu'on... Je demandais tout le temps : Quelqu'un qui n'a pas d'argent, que
c'est qu'il fait? Bien, il ne se fait pas soigner, madame.
Je m'excuse, mais je trouve que... Ce n'est
pas juste pour moi. Je pense à tous les gens... Puis, à l'hôtellerie où on
demeure présentement, il y a énormément de gens, c'est au moins une trentaine
de personnes qui viennent de l'extérieur, des îles, de la Gaspésie, de la
Côte-Nord, ça vient de partout, Saguenay—Lac-Saint-Jean aussi. Donc, c'est
juste d'être... On trouve ça inéquitable parce qu'en fin de compte tout le
monde paie leurs taxes pareil, donc pourquoi que nous, on doit payer en surplus
un soin?
Puis c'est de la compréhension, là. Je
veux dire, quand on a un rendez-vous puis il dit : Venez-vous-en à Québec...
Prenez la 138 sur la Côte-Nord, vous allez comprendre que vous ne pouvez pas
faire ça dans une journée. O.K.? Vous faites ça dans une journée, mais vous
avez un rendez-vous, c'est trois jours : une journée pour aller, venir à
Québec, une journée pour retourner à Sept-Îles. Donc, c'est trois jours. Bien,
ces frais-là, là, je veux dire, on les paie de notre poche.
Puis les cas sont flagrants. Puis le cas
qu'il disait de... pourquoi vous ne déménagez pas à Sept-Îles... à Québec?,
c'est-à-dire, bien, c'est la même chose. Je veux dire, tu es déjà... Mon
conjoint, moi, il est malade, donc c'est moi qui m'occupe, puis je suis quand
même en forme, là. Mais, je veux dire, on vieillit. Donc, les gens qui n'ont
pas personne, ils ne se font pas soigner. Ça fait que... Puis pourquoi que les
régions se vident? C'en est une, raison. La plupart des gens quittent les
régions pour des soins. Des choses comme ça, c'est inadmissible. Tu sais, je
veux dire, je trouve ça... Il me semble qu'on devrait faire quelque chose. Je
ne sais pas s'il y a autre chose qu'il veut... Madame...
Le Modérateur
: Merci
beaucoup, Mme Chouinard.
Mme Renault (Chantal) :
Bonjour. Mme Renault, des Îles-de-la-Madeleine. Moi, c'est plutôt sur le côté
humain de la chose. Moi, je viens d'arriver, c'est ma première fois. Mon mari a
eu une hospitalisation, une opération qui devait durer cinq heures. Elle a duré
10. On devait être quatre jours; on est sur notre 10e journée. Ça n'a pas
été comme on voulait. Déjà, en partant, on s'en allait dans l'inconnu. Déjà, le
stress de savoir où on va, comment ça va se passer, notre famille n'est pas là,
ce n'est pas facile. C'est des choses dures à vivre.
Et je pense aussi à un petit garçon des Îles-de-la-Madeleine,
il a six ans. On pense à lui, on ne le connaît pas intimement, mais on pense à
lui à tous les jours. Ce petit gars là était à Québec, il a une maladie grave,
ses traitements se font à Philadelphie. Ce n'est pas normal qu'une communauté
au complet doive se serrer les coudes... on se les serre, là, en paroles et en
pensées, mais financièrement pour envoyer cet enfant-là prendre des traitements
à Philadelphie. C'est inhumain. Il faut que son père, sa mère soient là, c'est
un enfant. Ça fait que toute la famille déménage. Puis qu'on s'endette aussi. Il
y a un monsieur qu'on connaît bien qui s'endette de 50 000 $, obligé
de vendre sa propriété pour venir se faire soigner.
Une autre situation aussi. Une madame de Havre-Saint-Pierre,
un traitement à avoir à Québec, un tapis roulant, tout simplement, puis elle
voit son cardiologue, son cardiologue lui dit : Oh! madame, on vous envoie
à Québec. Elle vient à Québec, ils règlent le problème, mais là, demain, ils la
renvoient à Sept-Îles. Parce que, là, j'ai oublié de vous dire, le tapis
roulant, il se trouve à Sept-Îles, là. On la déménage de Havre-Saint-Pierre à
Sept-Îles, Sept-Îles—Québec, mais on la renvoie à Québec, on ne la renvoie pas
à Havre-Saint-Pierre. Il y a quelque chose quelque part qui ne marche pas, là,
dans la fonctionnalité de ça, là, tu sais?
Ça fait qu'on veut que les choses bougent
et on veut aussi que la bureaucratie soit plus légère, plus... C'est pour ça
qu'au niveau national ça serait plus facile. Ça fait que je vous remercie de
notre écoute. Puis ne pensez pas juste aux coûts, pensez à l'humain aussi,
qu'ils dérégionalisent nos belles provinces. Bye bye! Merci.
Le Modérateur
:
Parfait, merci beaucoup. M. Ouellet.
M. Ouellet : Bien, de mon
côté, Baie-Comeau, la grande région de la Manicouagan a aussi ce genre d'usager
qui doit se rendre du côté de Québec et s'endetter. Moi, c'est Cindy, Cindy
McCarthy, que je connais, c'est une maman fan de hockey que je rencontre à
toutes les fins de semaine parce que nos enfants jouent ensemble au hockey.
Cindy doit se rendre plusieurs fois du côté de Chicoutimi parce qu'elle a des
problèmes respiratoires. Et, lorsqu'on fait le calcul du temps passé et du
coût, ça lui coûte environ 300 $ à 350 $ pour chaque visite, et le CISSS
ne rembourse que 128 $.
Cindy est la maman de quatre enfants, donc,
lorsqu'elle doit s'absenter, il y a des frais de gardiennage, elle doit
s'absenter pour le travail. Donc, vous avez rapidement compris que Cindy doit
s'endetter pour obtenir des soins, pour pouvoir encore continuer à s'occuper de
ses enfants. L'histoire de Cindy, c'est aussi l'histoire de son père qui doit
l'accompagner. Les dames ont parlé tout à l'heure des accompagnateurs qui sont
avec les gens. Encore une fois, ces indemnités-là ne sont pas suffisantes.
Donc, pour les gens de ma population, pour
les gens de la Côte-Nord, et je vais parler aussi pour Lorraine, ce qu'on veut,
ce n'est pas qu'on ait des soins spécialisés partout en région, mais, lorsque
ces soins-là sont requis pour le bénéfice et pour la santé de nos citoyens, il
faut cesser cette iniquité, il faut que ces gens-là puissent obtenir des soins
et qu'ils arrêtent de s'endetter.
Donc, Mme la ministre, ces femmes, aujourd'hui,
et les gens... les témoignages qu'on va vous rapporter, c'est des histoires de
coeur, c'est des histoires de vie. Et c'est ce qu'on demande, à votre prochain budget,
d'avoir du coeur pour ces personnes-là. Question d'équité. Merci.
Le Modérateur
: Merci.
Mme Perry Mélançon.
Mme Perry Mélançon : Oui.
Donc, à mon tour de faire témoignage un peu de cas qu'on a en circonscription.
Vous savez, les gens qui viennent à nos portes, dans nos bureaux de comté, c'est
souvent des gens qui sont en grande détresse, hein? C'est le dernier recours,
le bureau du député. Donc, on a des cas comme ça qui se multiplient dans
chacune de nos régions. Alors, c'est important pour nous, c'est un moment important,
ce matin, de prendre la parole sur cet enjeu-là et de sensibiliser le gouvernement,
qui se dit à l'écoute des régions, qui a même adopté une motion sur la Gaspésie
et les Îles, je le rappelle.
Et, bien, j'ai un cas ici... bien, en
fait, la présidente du Club des 50 ans et plus de Sainte-Anne-des-Monts,
Huguette Blanchard, qui fait un témoignage. Justement, elle a fait la bataille
depuis longtemps, là, de nombreuses pétitions, et il n'y a rien qui bouge.
Alors, elle fait référence au fait que notre population, elle est
vieillissante, alors les besoins vont aller en augmentant encore. Et c'est
autant les examens, les traitements, les opérations, bref, c'est des
déplacements vraiment réguliers, là, des gens qui, en plus de souffrir de
maladie, ils doivent se taper la route, là, dans des conditions extrêmement
difficiles. Et puis l'hiver, donc, on sait ce que ça engendre, là, d'avoir à se
déplacer beaucoup.
Et je dois vous dire aussi qu'il y a toute
la question du 200 kilomètres, du premier 200 kilomètres qui n'est
pas couvert, qu'il n'y a pas de remboursement pour les premiers
200 kilomètres. Alors, moi, à Saint-Anne-des-Monts, justement, c'est des
gens qui n'ont aucun remboursement pour leurs frais de déplacement parce qu'ils
se trouvent à un peu moins de 200 kilomètres pour avoir des soins de santé
à Rimouski. Alors, ça, c'est à prendre en compte aussi, là, quand il y aura une
révision.
Ce qu'on demande aujourd'hui, là, c'est
une bonification... bien, qu'on révise tout de suite toutes ces spécificités-là
qui... Dans chacune des régions, on a des réalités différentes, alors il faut
que ce soit pris en compte dans la révision de ce programme-là.
Alors, je vais céder la parole à mon
collègue, qui a également des cas. Mais c'est vraiment ce qu'on demande aujourd'hui,
c'est qu'il y ait une bonification mais aussi une consultation de manière large
quand on va s'attaquer à la bonification du programme. Merci.
Le Modérateur
: Merci beaucoup.
M. Roy.
M. Roy
: Écoutez, je
remercie les dames d'être venues témoigner. C'est très important. Au Québec, on
a un pacte fiscal, hein? On donne la moitié de notre argent en impôts. Et la
moitié de notre impôt va pour le système de soins. Donc, collectivement, nous
adhérons au principe qu'on donne de l'argent à l'État pour que nous ayons des
services. Par contre, quand tu restes dans une région, tu es obligé de fouiller
dans tes poches et d'en rajouter, c'est-à-dire de t'appauvrir pour avoir accès
aux soins de santé à l'extérieur de ta région.
Bon, je ne rentrerai pas dans mon
expérience personnelle. Moi, je l'ai vécu, j'ai rencontré des gens qui ne l'ont
pas trouvé drôle, mais, quand tu as les moyens, tu es obligé d'avaler ta
pilule, payer de tes poches pour aller chercher des soins à l'extérieur. Mais,
quand tu n'as pas les moyens... Nous, on a des histoires d'horreur de gens qui
ne vont pas chercher de soins à l'extérieur parce qu'ils n'ont pas d'argent
pour payer l'autobus, pour payer le déplacement, pour se payer quoi que ce
soit, et, écoutez, agonisent dans l'anonymat. Et ça, c'est inéquitable.
Donc, on demande au gouvernement de
prendre ses responsabilités, de respecter les gens des régions pour qu'ils
aient accès à des soins de manière équitable sur tout le territoire. Je sais
que le CISSS de la Gaspésie a envoyé une demande de révision des per diem de déplacements
et que la ministre a confirmé que c'est en étude depuis le mois de janvier. On
trouve ça extrêmement lent. Et que le gouvernement prenne ses responsabilités
et respecte les gens des régions au même titre qu'il respecte les gens des
villes qui ont accès à des soins l'autre bord de la rue. Merci beaucoup.
Le Modérateur
: Merci beaucoup.
On va prendre... Il y a des questions sur un autre sujet, donc je vais libérer
nos invités, je vais garder seulement les élus derrière le lutrin. Donc, vous pouvez...
M. Gagnon (Marc-André) :
Bonjour, Marc-André Gagnon, Journal de Québec. Petite question... bien,
surtout pour les élus de la Gaspésie, en fait, et des Îles-de-la-Madeleine. Vous
avez certainement lu l'article, ce matin, concernant votre ministre régionale, Marie-Eve
Proulx. Êtes-vous troublés de ce que vous avez appris?
Mme Perry Mélançon : Troublés?
Bien, c'est sûr que, quand on apprend un roulement de personnel comme ça,
c'est... Il y a beaucoup de questions qui viennent avec ça. Mais je pense que...
sans parler nécessairement du climat de travail, dont je n'ai pas l'information,
là, bon, je l'ai appris comme vous ce matin, mais c'est certain que la charge
de travail d'une ministre qui est responsable de trois régions, ce qu'on
déplore depuis plusieurs mois, depuis la nomination de cette ministre-là, pour
nous, c'est inacceptable. Trois régions, bien, ça vient avec un poids, avec un
volume de demandes qui est extrêmement difficile à gérer. Alors c'est sûr que,
pour moi, s'il y a un conflit ou s'il y a un climat de travail tendu, bien,
c'est aussi parce qu'il y a une charge de travail qui est trop élevée.
M. Gagnon (Marc-André) :
Donc, vous demandez toujours à ce que la Gaspésie—Les Îles-de-la-Madeleine
aient une ministre qui soit entièrement dédiée, là, à votre région, c'est ça?
Mme Perry Mélançon : Bien, on
profite de l'occasion, je pense, ce matin, pour réitérer notre demande d'avoir
un ministre vraiment dédié uniquement à la région de la Gaspésie—Les Îles-de-la-Madeleine.
Je pense que c'est ça que les gens doivent retenir. C'est qu'au même titre que
toutes les autres régions la Gasépésie et les Îles ont leurs besoins, ont de
grands besoins et doivent être écoutées et entendues. Et là, en ce moment, moi,
j'ai des dossiers qui ne cheminent pas du tout, du côté de la ministre régionale,
et, bien, ça a été entendu dans d'autres régions également. Alors, effectivement,
moi, je réitère cette demande-là ce matin.
M. Arseneau : Oui, mais, en
fait, je vais juste ajouter le fait que c'est une question de reconnaissance,
de respect. Et on a déjà obtenu, de la part de l'ensemble des députés de l'Assemblée
nationale, une reconnaissance des particularités de la Gaspésie et des Îles. Pourquoi
le gouvernement, pourquoi le premier ministre ne reconnaît-il pas qu'un ministre
dédié strictement à la région... comme ça se fait pour les autres régions du Québec?
C'est une question de respect, respect des réalités, respect de la population également.
Et ce serait beaucoup plus efficace en termes de rendement et de travail, d'efficacité.
M. Gagnon (Marc-André) : Et
chacun, de votre côté, est-ce qu'il y a des élus, localement, des élus
municipaux, et tout ça, qui se sont plaints de son manque de disponibilité ou
de son comportement?
Mme Perry Mélançon : Oui. Pas
publiquement, mais oui, je l'ai entendu beaucoup sur le terrain, et puis élus
municipaux, oui, mais également des intervenants, là. Moi, je peux vous parler
d'un dossier, dossier du club de Fort-Prével, en fait, là, que... J'ai eu une
rencontre avec la ministre du Tourisme, Caroline Proulx, et la ministre
régionale, Marie-Ève Proulx, et ça fait plus d'un an, cette rencontre-là, et on
attend toujours des nouvelles. Et c'est un site historique et touristique, en
Gaspésie, qui risque de fermer rapidement.
Alors, des dossiers comme ça, j'en ai
plusieurs. Donc, c'est tous ces intervenants-là qui l'ont déjà interpellée sur
des dossiers qui sont toujours en attente. Parce qu'on a sur le terrain, en
Gaspésie—Les Îles, une employée, une ressource pour toute la région, qui
travaille quatre jours-semaine à partir de chez elle. Donc, pour moi, ce n'est
pas suffisant pour qu'on puisse avoir réponse à toutes les questions dans le
comté.
M. Arseneau : Moi aussi, je...
Sans vouloir lancer la pierre à la ministre Proulx, la charge de travail pour la
responsabilité des trois régions, c'est une chose. Elle est aussi responsable
du développement régional de toutes les régions du Québec. Donc, visiblement,
elle est débordée. Si, en plus, il y a des problèmes de gestion de personnel,
ce n'est pas surprenant que des dossiers, comme celui que ma collègue vient de
présenter n'avancent pas.
Et on aussi des dossiers qui sont fort
importants chez nous, aux Îles-de-la-Madeleine, concernant par exemple la mise
à niveau du réseau Internet, le câble sous-marin. On est en discussions avec le
gouvernement depuis plus d'un an. Ce dossier-là n'aboutit pas. Même chose pour
le dossier du navire, croisière, cargo, dont on attend encore des nouvelles, et
visiblement la ministre n'est pas dans le coup. Il y a un ministre,
M. Fitzgibbon, qui semble être interpelé. Mais on se demande un peu aussi
quelle est la responsabilité qui a été confiée par le ministre Fitzgibbon à la
ministre Proulx parce qu'on ne le sent pas à l'appui de la population, dans ces
dossiers-là, peut-être par manque de temps, peut-être parce que son équipe,
justement, est modifiée et n'est pas encore soudée. Mais ça a des conséquences
réelles et concrètes, tout à fait.
Mme Perry Mélançon : Puis ça
nous porte à se demander aussi, pour le gouvernement de la CAQ, à quoi sert une
ministre responsable d'une région. C'est quoi, leur vision par rapport à ça? Parce
que, pour le moment, les seules fois où je vois la ministre, par communiqué ou
sur le terrain, bien, c'est pour annoncer des annonces d'argent d'autres
ministères. Alors, j'ai l'impression que, pour le moment, on lui confie les
annonces d'argent, et c'est à peu près le seul temps où j'entends parler de Mme
Proulx.
M. Arseneau : Je vous remercie
Mme Perry Mélançon : Merci.
Le Modérateur
: Merci
beaucoup.
(Fin à 9 h 44)