(Onze heures quatorze minutes)
Mme Lessard-Therrien :
Alors, bon matin. J'aimerais revenir, en fait, sur la question qu'on a posée ce
matin en Chambre, qui concernait le plomb versus l'arsenic.
Dans le fond, on a rappelé qu'on était absolument
ravis des mesures qui ont été prises par le gouvernement pour s'assurer que nos
enfants consomment de l'eau d'une bonne qualité, qui n'est pas contaminée au
plomb. On sait que le plomb peut avoir des conséquences considérables sur la
santé.
Là où j'ai des questionnements, en fait, c'est
pourquoi on ne réserve pas le même traitement à la situation de l'arsenic à Rouyn-Noranda
que ce qu'on... à la hauteur des mesures qu'on a déployées pour le plomb? Donc,
on rappellera que l'arsenic, c'est un cancérigène qui est reconnu notamment
pour le poumon, le foie, les reins, la peau, ça peut avoir des incidences aussi
sur la prostate. Et, à Rouyn-Noranda, nos enfants sont contaminés en moyenne
quatre fois plus que les autres enfants du reste de la région. Donc, on a eu une
première question, qui était dédiée au ministre délégué à la Santé : Pourquoi
on prend... on fait... Pourquoi fait-il sa job, finalement, pour le plomb, mais
qu'il se traîne les pieds aussi longtemps au niveau de l'arsenic?
Et on est revenus aussi sur le plan de match
qui a été demandé à la Fonderie Horne, c'est-à-dire que le ministre de
l'Environnement a envoyé une lettre la semaine dernière à la Fonderie Horne
pour réclamer des actions supplémentaires dans les émanations d'arsenic. Il
faut savoir que la Fonderie Horne a déjà un plan d'action qui est prévu en
fonction du certificat d'assainissement qui lui est donné, donc a déjà annoncé
des mesures qui allaient être faites dans les prochaines années pour réduire
les émissions d'arsenic.
Maintenant, le gouvernement lui demande de
faire des actions supplémentaires sans donner de cible, sans donner
d'indicateur de résultat. Et là le ministre nous a dit tout à l'heure en
Chambre : Écoutez, si c'est insuffisant, ce que la fonderie nous propose,
on va réouvrir l'entente. Mais comment le ministre va-t-il juger que le plan
est suffisant ou pas? Et effectivement on a eu une discussion téléphonique, le
ministre et moi, la semaine dernière, où je l'ai questionné sur cet enjeu-là
spécifiquement. On n'a pas eu nécessairement de réponse. Donc, est-ce qu'on
doit en conclure que la fonderie va présenter un plan, et là, dans six mois, un
an, on va refaire des études sur les enfants pour voir si l'arsenic a diminué
dans leur corps? Si on y va de cette façon-là, pour moi, ça ne fait pas de
sens, c'est de l'essai-erreur. On n'est pas des rats de laboratoire.
Il faut se donner vraiment des objectifs
précis, comme on a fait dans le cas du plomb. Dans le cas du plomb, on dit :
Il faut diminuer de 10 à cinq milligrammes par litre. Donc, pourquoi est-ce
qu'on ne se donne pas une cible aussi claire dans le cas de l'arsenic? Pourquoi
on n'exige pas, comme on le fait avec les municipalités... d'exiger à la
Fonderie Horne, à cette multinationale-là qui est basée en Suisse, d'être aussi
rigoureuse? Donc, ça a été un peu l'objet de notre intervention ce matin, et
malheureusement les réponses ont été insatisfaisantes.
M. Croteau (Martin) : On
apprend que 120 municipalités ont signalé des cas de présence de plomb
hors norme dans l'eau courante et que seulement... En fait, le tiers n'ont pas
corrigé le problème encore. Qu'est-ce que vous pensez de ça, là? Qui doit faire
quoi dans ce dossier-là?
Mme Lessard-Therrien : Bien,
je pense que la première chose, c'est qu'il faut que les municipalités soient
très transparentes dans ce genre de dossiers là. Ce qu'on lisait, ce matin, c'est
qu'il y a des gens qui se sont fait échantillonner leur eau, n'ont pas su que
l'eau... il y avait plus de plomb dans l'eau que la norme. La première chose à
faire pour les municipalités, c'est d'être transparentes avec les citoyens. Ça,
c'est vraiment la première chose à faire. Maintenant, effectivement, il faut
que les municipalités fassent les réfections nécessaires pour changer les
conduites d'eau qui font en sorte que l'eau est contaminée.
Maintenant, je pense que le gouvernement a
aussi son rôle à joueur. On sait qu'il y a des programmes qui existent pour
faire la réfection des conduites du réseau d'aqueduc, mais ces programmes-là, souvent,
vont financer jusqu'à 95 %. Mais moi, je pense à des municipalités chez
nous qui ont, des fois, 100 maisons à desservir. S'ils doivent se
retrouver à refaire complètement la conduite et qu'ils doivent assumer le
5 % restant, mais que... je veux dire, parfois, ça peut coûter
excessivement cher. Moi, il y a des municipalités, chez nous, qui n'ont pas les
moyens de le faire, clairement. Alors est-ce que, dans cette situation
particulière là, on ne peut pas avoir des mesures particulières aussi de la
part du ministère pour accompagner les municipalités dans la réfection de leur
réseau d'aqueduc.
M. Croteau (Martin) : Mais
les villes, là, elles ne corrigent pas les problèmes, là, ou, en tout cas,
beaucoup d'entre elles ne corrigent tout simplement par les problèmes, là.
C'est juste une question d'argent ou s'il y a peut-être un peu un problème de
volonté de la part des gouvernements municipaux là-dedans?
Mme Lessard-Therrien : Bien,
je ne voudrais pas prêter de mauvaises intentions aux gouvernements municipaux,
ça, c'est clair. Pourquoi est-ce qu'ils n'ont pas agi plus rapidement? Est-ce
que c'est un manque de ressources? C'est peut-être ça. Est-ce que c'est un
manque d'accompagnement de la part du ministère? Je ne pourrais pas vraiment
m'avancer sur les raisons pourquoi elles ne corrigent pas la situation, mais,
pour le vivre sur le terrain, moi, je sais que l'enjeu de financement quand
même est assez criant. Merci.
(Fin à 11 h 19)