(Treize heures quatre minutes)
M.
Arcand
:
Alors, bon après-midi à tous.
Comme vous le savez, la politique, on le
dit toujours, c'est un sport extrême. C'est exigeant. Ça implique énormément de
compromis sur le plan personnel et familial. C'est particulièrement difficile
pour des députés qui ont de jeunes enfants parce que, tout le monde le sait, ce
n'est pas un emploi de 9 heures à 5 heures. Ça implique d'y investir
les soirs. Ça implique d'y investir également ses fins de semaine. Il y a également
parfois la culpabilité, qui fait en sorte qu'on se sent coupable de rater le
tournoi de soccer ou le récital de son enfant. Ça demande également énormément
de compréhension de la part des conjointes et des conjoints. C'est donc, comme
je le mentionnais, énormément de compromis.
Le député de Jean-Talon, Sébastien Proulx,
notre leader parlementaire, a eu à vivre cette conciliation travail-famille. Aujourd'hui,
il en arrive à la conclusion qu'il souhaite prendre une autre voie pour sa
carrière. Je tiens donc, au nom de notre formation politique, à le remercier
pour son dévouement, pour son implication, pour sa fougue à l'intérieur de
notre parti. Merci, Sébastien. Merci également à son épouse, Guylaine. Et je
lui laisse dès maintenant la parole.
M. Proulx : Merci, Pierre. Si
vous me le permettez, je débuterais peut-être par une déclaration puis ça me
fera plaisir par la suite de répondre à l'ensemble de vos questions.
Alors, chers amis, les gens que je côtoie
et que je connais, qui sont ici également avec vous, alors c'est une journée
qui est très émotive puisque j'annonce aujourd'hui mon départ de la vie politique
québécoise. Et je tenais à le faire ici, à l'Assemblée nationale du Québec — c'est
votre maison, mais c'est aussi ma maison — après en avoir avisé mon
chef, Pierre Arcand, hier soir et les membres de notre caucus ce matin.
Je quitte donc à compter d'aujourd'hui mes
fonctions parlementaires et mon poste de député de la circonscription de
Jean-Talon. Il s'agit, pour moi, d'une réflexion longue et sérieuse, qui s'est précipitée
dans les derniers jours avec l'acceptation vraiment récente d'un nouveau défi
professionnel. Comme vous le savez, il n'y a jamais de bon moment pour quitter.
Il s'agit d'une décision très difficile, une décision déchirante. Mais, puisque
les activités du Parlement reprennent, je me devais, par respect pour mes
collègues notamment, d'agir maintenant.
Et cette réflexion, bien, elle a débuté avec
le contexte qui entourait la course à la chefferie du Parti libéral du Québec.
Après y avoir songé, réfléchi et avoir pris la décision de ne pas m'y
présenter, j'ai fait un examen de conscience et je me suis posé la question
inévitable suivante : Qu'est-ce que je souhaite accomplir par la suite? J'ai
44 ans. Je suis à ce carrefour à mi-parcours de la vie et il me faut moi
aussi réfléchir à cette autre étape qui viendra. Certains s'en souviendront,
certains d'entre vous, les médias, se souviendront que ça fait 15 ans ou
presque que je travaille, de près ou de loin, en politique québécoise. Même
lorsque je n'étais pas élu moi-même, je travaillais dans l'attente d'un retour.
Toutes ces années, j'ai travaillé en fonction de la politique. En voulant
servir le Québec, j'y ai consacré une grande partie de ma vie à moi, au
détriment des autres sphères de celle-ci. Au moment des réflexions des derniers
mois et des dernières semaines, cela a pris tout son sens. L'implication personnelle
en politique a un prix. Il est élevé sur soi, sur sa famille et sur ses
proches. Et, au moment où mes enfants entrent dans l'adolescence, bien, je
choisis d'être encore plus présent pour eux et je fais le constat personnel que
je n'ai pas toujours réussi le partage nécessaire entre la vie politique et la
vie de famille.
Je quitte en me disant que j'ai parfois
réussi à faire une différence, ce dont je serai éternellement très fier. J'ai
été élu député trois fois, leader de l'opposition officielle lors de mes deux
passages dans l'opposition, ministre de la Famille et ministre de l'Éducation,
mais aussi ministre responsable des régions de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine,
sans oublier ma région, la Capitale-Nationale. J'ai eu le privilège de servir
et d'être au coeur de l'action à de nombreuses reprises. J'ai travaillé sans
relâche, peut-être même un peu trop, plusieurs heures par jour, souvent tard la
nuit, et ce, presque tous les jours. J'ai puisé au plus profond de mes réserves
pour servir et améliorer les choses qui m'apparaissaient et qui m'apparaissent incorrectes.
J'ai travaillé toujours dans le respect de
ma fonction de député ou de ministre, dans l'intérêt des autres, et dans l'objectif
de contribuer au développement du Québec. J'ai aussi travaillé à l'intérieur de
certaines limites, que j'ai toujours tenté de repousser. J'ai fait mon travail
avec humilité, intégrité et respect, au meilleur de mes connaissances et en y
consacrant toutes, mais toutes, mes énergies. Et je ne peux passer sous silence
cet immense privilège d'avoir occupé des fonctions ministérielles importantes
dans ma vie et d'avoir mis en place des éléments qui, je le crois, portent déjà
leurs fruits ou donneront des résultats à court ou à moyen terme. Ce sera à
vous et aux autres d'en juger dans l'avenir. Mais il est aujourd'hui le temps
pour moi de faire autre chose et de faire différemment. Je veux vous informer,
et vous vous en doutiez déjà, j'en suis convaincu, que je veux continuer à
servir, à m'impliquer dans ma communauté. Ceux qui me côtoient savent que c'est
en moi et que je ne pourrai jamais renier le goût du service.
Je ne peux vous quitter sans prendre le
temps de remercier ceux et celles qui, tout au long de ces années, m'ont
appuyé, m'ont épaulé et m'ont conseillé. Je veux remercier les électeurs qui
m'ont fait confiance, même dans un contexte électoral difficile, le
1er octobre dernier. J'ai beaucoup pensé à vous au cours des derniers
jours et des dernières heures. Ces quatre dernières années à vous côtoyer ont
été importantes pour moi. J'ai beaucoup appris et, comme à chaque jour de ma
vie, j'ai apprécié ces moments. Je serai encore présent ici, dans la
communauté, pour m'y impliquer, mais, dans l'avenir, différemment.
Je veux remercier et saluer mon chef actuel,
bien sûr, Pierre Arcand, notre ancien chef, Philippe Couillard, mes amis
officiers et collègues du caucus, tous ceux et celles qui militent au Parti
libéral du Québec et avec qui j'ai eu le plaisir et le privilège de collaborer.
Ce fut sincèrement un honneur de travailler à vos côtés. Je vous suis
reconnaissant et j'espère avoir été un collègue à la hauteur de votre amitié et
de votre confiance tout au long de mon mandat. Je suis fier d'appartenir à une
très grande famille politique qui trouvera les moyens et les mots pour se
positionner dans l'avenir.
Je veux également saluer les
parlementaires de toutes les formations politiques, les employés de
l'Assemblée, vous-mêmes, des médias, pour votre gentillesse et votre
collaboration au fil des années. Nous sommes des privilégiés qui oeuvrons au
coeur d'une société qui est riche à tout point de vue et qui servira encore et
toujours de modèle dans l'avenir. Le Québec, c'est une société unique. Soyons-en
fiers et disons-le. Moi, j'ai toujours cru en notre nation.
Je voudrais, bien entendu, remercier mes
collaborateurs, au comté, ici, à l'Assemblée, dans les cabinets que j'ai
occupés. Vous êtes toutes et tous des gens en or. Je vous suis reconnaissant
pour votre confiance et votre grand dévouement. Aussi, bien sûr, remercier ma
famille, celle de ma conjointe, qui nous ont épaulées au fil des années, et mes
amis qui, toujours, sont là présents à nos côtés. Et enfin, bien, c'est le plus
important, je veux remercier Guylaine et les enfants. Merci de m'avoir partagé
autant. Je vous aime profondément. Merci.
Je suis maintenant prêt à répondre à vos
questions.
La Modératrice
: Alain
Laforest, TVA.
M. Proulx : Pardon, M.
Laforest.
M. Laforest (Alain) : Il n'y
a pas de problème, monsieur Proulx.
M. Proulx : C'est l'heure de
la gorgée. Je l'apprécie. Merci.
M. Laforest (Alain) : La
passion n'y était plus?
M. Proulx : Est-ce que la
passion n'y était plus? La passion de servir, la passion de venir à l'Assemblée
nationale, la passion de siéger au salon bleu, elle est là. J'ai fait une
réflexion que j'ai exprimée dans ma déclaration. Il est maintenant, pour moi,
le temps de passer à autre chose. Je veux consacrer les prochaines années de ma
vie à autre chose et je veux surtout retrouver ou trouver cet équilibre qui, je
pense, m'a manqué au fil du temps. Est-ce qu'il y a moins de passion?
Peut-être. Est-ce qu'il y en avait encore? Je peux vous l'assurer. C'est ce qui
a rendu cette décision extrêmement difficile et déchirante.
M. Laforest (Alain) : Un bon
coup et un mauvais coup en 15 ans, un regret, je dirais?
M. Proulx : Ah! écoutez,
le regret, puis, je pense, ce sera celui de bien des politiciens, c'est de ne
pas avoir accompli tout ce qu'on pensait pouvoir accomplir lorsqu'on vient ici,
à l'Assemblée. Alors, moi, j'ai plusieurs bons souvenirs. Un bon coup, je vous
dirais, c'est d'être resté celui que je suis. Les gens vous diront que j'ai
toujours été, je pense, à l'écoute, assez authentique, dans toutes les variations
que ça peut amener, et, bien, ça fait de moi l'homme que je suis. Je l'étais
avant. Je l'ai été pendant. Je l'ai été ministre. Je vais l'être encore après.
M. Laforest (Alain) : Et on
peut savoir où vous allez?
M. Proulx : Je ne peux
pas vous le dire maintenant pour des raisons très simples, c'est que je vais
finaliser tout ça dans les prochaines heures et prochains jours. Ce sera
annoncé sous peu. Mais je m'en vais dans un milieu, disons, plus institutionnel
que la politique.
M. Laforest (Alain) : ...vous
appeler maître?
M. Proulx : Ah! bien, je
le suis toujours. Alors, vous avez le droit de le faire. Mais est-ce que je
reprends la pratique? La réponse est non.
La Modératrice
: Mylène
Crête.
Mme Crête (Mylène) :
Bonjour, M. Proulx. J'aimerais savoir pourquoi vous vous êtes présenté lors
de la dernière élection si vous saviez... Vous connaissiez déjà la charge de
travail que ça implique, d'être député, vous avez été ministre, et là vous
quittez moins d'un an après avoir été réélu.
M. Proulx : Bien, d'abord,
je connaissais la charge. Je la connais et je l'ai toujours acceptée. Il y a
des éléments qui amènent à déclencher une réflexion comme celle-là. Il y a,
bien sûr, le résultat de l'élection, mais qui a surtout amené le départ de
M. Couillard et cette course à la chefferie où j'y ai moi-même pensé, pour
laquelle j'ai été beaucoup sollicité. Et, après y avoir réfléchi, j'ai fait le
choix que ce n'était pas mon tour, ce n'était pas mon temps, ce n'était pas de
moi que le Québec avait besoin maintenant et que moi personnellement, je ne
voulais pas y aller pour des raisons bien personnelles. Alors, tout ça m'a
amené dans cette réflexion dont je parle aujourd'hui, où je me dis : J'ai
44 ans, ça fait 15 ans que je fais des entrées et des sorties dans la
vie politique. J'ai donné beaucoup, beaucoup, beaucoup pour les autres. J'ai
beaucoup pensé en fonction des autres. J'ai pris sur moi les responsabilités,
les tâches, des problèmes que j'aurais pu partager autrement. J'ai décidé de me
choisir aujourd'hui et de choisir ma famille.
Mme Crête (Mylène) :
Est-ce que je dois comprendre que vous retournez à la pratique du droit?
M. Proulx : Non. Je
commence à avoir un peu d'expérience ici. Vous aurez compris que je ne pourrai
pas vous dire maintenant où je vais. Puis ce n'est pas parce que je veux le
cacher, mais parce que ce sera annoncé en temps et lieu par mon employeur. Ceci
étant dit, non, je ne retourne pas pratiquer le droit dans un cabinet d'avocats,
si c'était votre question.
La Modératrice
: Rémi
Nadeau.
M. Proulx : Bonjour,
M. Nadeau.
M. Nadeau (Rémi) : Vous
dites justement que vous avez pensé à vous. C'est bien.
M. Proulx : Merci.
M. Nadeau (Rémi) : Mais
qu'est-ce que vous pensez de l'état dans lequel vous laissez toutefois le
parti? Qu'est-ce que ça vous fait de faire en sorte qu'avec votre départ, même,
là, il n'y a vraiment plus de députés libéraux, là, dans tout l'Est?
M. Proulx : Bien, d'abord,
l'état dans lequel je laisse le parti, il est bon, suite à la dernière
élection, puis je m'explique. D'abord, les collègues sont mobilisés. Le chef a
une équipe avec laquelle il travaille. La course à la chefferie va
s'enclencher. La reconstruction est débutée. Alors, comme m'a dit un vieux sage
qui a déjà travaillé avec nous en politique, et il va se reconnaître s'il
l'entend, le gouvernement libéral a perdu la dernière élection. Le Parti
libéral est l'opposition officielle et il a gagné ses élections et le poste
d'opposition officielle parce qu'il y a des collègues qui ont été élus à
l'Assemblée nationale. Ça va se poursuivre même en mon absence. Je vais
continuer à militer, dans la mesure du possible, bien sûr, en lien avec les
responsabilités qui seront les miennes. Je ferai les aménagements nécessaires.
Mais le parti est sur la bonne voie dans la mesure où la reconstruction est
entamée, et ça, c'est ce qu'il y a de plus important pour le Parti libéral du
Québec, qui est une force politique qui ne devrait pas disparaître et qui ne va
pas disparaître.
M. Nadeau (Rémi) : Mais
est-ce qu'on a fait un peu pression sur vous pour que vous demeuriez, là?
M. Proulx : Non, pas du tout. Écoutez,
moi... Puis je vais le...
M. Nadeau (Rémi) : ...comme
j'ai dit, vraiment, il n'y a plus aucun député...
M. Proulx : Oui, et je le comprends.
Vous exprimez là une des questions que je me suis posées, des réflexions que
j'ai faites suite à ma décision. Je suis pleinement conscient des effets de
voir un collègue quitter. Je suis pleinement conscient de la situation dans
laquelle ça place le parti dans la mesure où il y aura une élection partielle
dans une circonscription de Québec. Mais c'est une circonscription qui a été
fidèle au Parti libéral du Québec, qui a appuyé le parti au fil du temps. C'est
une circonscription qui a une belle organisation. Les militants y sont dévoués.
Et le parti va faire son travail pour présenter la meilleure candidature au
moment où le premier ministre décidera de déclencher.
Mais je tenais à dire, parce que vous m'en
donnez l'occasion, que cette relation que j'ai eue avec le Parti libéral du
Québec se termine comme elle a commencé, c'est-à-dire d'excellente façon. J'ai
appelé Pierre Arcand hier soir. On a convenu de se reparler ce matin. On avait
convenu de garder ça entre nous le temps d'être capables d'aviser ceux et
celles qui devaient le savoir. J'ai pu moi-même participer à un caucus
téléphonique avec les collègues députés. J'ai pu exprimer les raisons que je
vous ai exposées d'abord. Et j'ai le privilège et la chance d'avoir Pierre
Arcand avec moi pour exprimer ce que je fais aujourd'hui et pour lui permettre
lui aussi de dire que les choses se sont faites de la meilleure façon possible
dans de telles circonstances.
La Modératrice
:
Mathieu Dion.
M. Proulx : Bonjour, M. Dion.
M. Dion (Mathieu) : Bonjour.
On en comprend que, si vous étiez encore ministre aujourd'hui, la décision ne
serait probablement pas la même. Qu'est-ce que ça représente de passer de
ministre à simple député de l'opposition?
M. Proulx : Ah! c'est une très
bonne question. Un jour, il faudra épiloguer, si vous me prêtez l'expression,
ou en discuter plus longtemps parce que ce n'est pas toujours un passage qui
est facile, même dans l'administration de soi, là. Moi, je faisais à la
blague... Les gens qui me connaissent le savent. Le jour où le garde du corps
m'a dit : Bien, je vous souhaite bonne chance, et il m'a laissé dans un
stationnement au travail de ma conjointe, puis j'ai ramassé mes affaires, puis
j'ai appelé Guylaine, j'ai dit : Où sont les clés de l'auto?, tu sais...
Alors, tu sais, c'est une image, une caricature pour vous dire qu'on n'est pas toujours
préparé à ces situations-là, notamment dans l'organisation de soi et de ses
proches. On le sait, lorsqu'on est nommé ministre, comme lorsqu'on pratique un
sport de haut niveau, qu'on est de passage et en politique et dans les responsabilités.
On sait que c'est du temps qui nous est prêté. On sait que c'est un privilège d'y
être et que ça ne durera pas et on sait que l'élection peut être le moment où
les choses peuvent basculer.
Alors, moi, ce n'est pas de perdre les
responsabilités ministérielles qui m'ont amené à faire ce que je fais aujourd'hui.
Il y a un déclencheur qui fait qu'une fois le résultat de l'élection connu, la
réflexion à l'égard de la course à la chefferie, ce que j'entrevois à l'âge que
j'ai et ce que je veux faire dans l'avenir auprès des miens et dans la vie pour
toucher à de nouvelles expériences professionnelles, notamment... Parce que
moi, je ne suis pas de ceux qui pensent que la politique, c'est une profession.
C'est un métier qu'on pratique, mais je ne pense pas qu'on est un professionnel
ou on doit être un professionnel qui y passe toute sa vie active. Ça, c'est mon
point de vue. D'autres ne seraient pas d'accord avec moi.
Alors, c'est dans ce contexte... Oui, il y
a des éléments déclencheurs qui m'amènent ici. Mais moi, j'étais très heureux d'être
le député de Jean-Talon, très heureux des fonctions parlementaires qui étaient
les miennes, privilégié du contact que j'ai eu et que j'aurai, j'imagine,
encore, j'espère, avec les gens, qui prenaient le temps d'arrêter pour dire :
Ce que vous avez fait, vous l'avez bien fait, maintenant, merci de continuer à
servir. Je voulais aujourd'hui prendre le temps d'expliquer pourquoi je
quittais, non pas parce que je ne les aime pas, non pas parce que je n'aime pas
ce que je fais, non pas parce que je n'ai pas de considération pour la tâche,
mais parce que moi, je suis rendu là, pour aller faire autre chose.
M. Dion (Mathieu) : Vous
avez été un ministère de l'Éducation passionné. Un an plus tard, quand vous
regardez le ministère que vous avez dirigé, que vous avez tenté de remonter,
vous en pensez quoi?
M. Proulx : Bien, écoutez,
je ne ferai pas beaucoup d'analyses sur ce qui se fait actuellement. Vous aurez
compris que ça me donne le privilège d'aller de votre côté regarder les autres
répondre aux questions à partir d'aujourd'hui. Mais, s'il y a une chose qui est
certaine, c'est que, et puis je vais me permettre de le dire ainsi, beaucoup
des actions qui sont en cours, pas toutes, mais plusieurs actions en cours,
plusieurs réalisations, actuellement, sur le terrain, dans le milieu de
l'éducation, viennent du travail qu'on a fait au cours des dernières années. La
politique sur la réussite éducative, cette mobilisation de l'ensemble du
milieu, cette espèce de grande conversation qui fait qu'il y a des gens de
partout au Québec qui ont recommencé à se parler puis à se dire : Écoute,
c'est une œuvre collective, l'éducation, ce n'est pas chacun notre affaire,
chacun pour soi, bien, ça, ça vient, je pense, du travail, en partie, de ce que
j'ai fait. Puis je le dis avec toute l'humilité nécessaire. Alors, s'il y a des
choses qui, aujourd'hui, peuvent arriver, ce n'est pas seulement parce qu'on a
fait le travail, parce qu'il y a un gouvernement pour faire autre chose, mais
il y a des choses aujourd'hui qui sont possibles parce qu'on a fait ce qu'il
fallait il y a quelques années déjà.
La Modératrice
:
Patricia Cloutier.
M. Proulx : Bonjour, Mme
Cloutier.
Mme Cloutier (Patricia) :
Bonjour, M. Proulx. Est-ce qu'aujourd'hui vous nous dites : La politique,
au sens large, plus jamais?
M. Proulx : Je ne serais pas
capable de dire cela parce que je suis comme tous les autres qui y ont goûté.
On ne sait jamais ce qui peut se passer. Si votre question sous-entendue, puis
je vais la préciser pour donner la réponse la plus précise, est la suivante :
Est-ce que vous quittez pour en préparer une autre?, la réponse, c'est :
Non, pas du tout. Je disais à la blague tout à l'heure à Pierre Arcand :
Il doit me rester assez de pancartes de Coroplast, puis de posters, puis de
feuillets chez nous pour pouvoir discuter avec moi-même quelques heures si j'ai
envie de me représenter à court terme. Sincèrement, non, je ne vais pas
préparer une autre élection. Mais j'ai 44 ans. On ne sait jamais de quoi demain
est fait, mais je ne quitte pas dans cette optique-là. J'ai déjà 15 ans, cinq
élections, trois fois élu derrière la cravate. C'est beaucoup de travail, pour
l'âge que j'ai, je trouve, déjà, d'accompli, puis j'en suis très fier.
Mme Cloutier (Patricia) :
Donc, dans l'immédiat, par exemple, pour le fédéral, on va mettre une croix
là-dessus?
M. Proulx : Ah! ça, vous
pouvez en être certain.
Mme Cloutier (Patricia) : Mais
je voulais vous poser une question. On vous a pressenti aussi pour vous lancer
dans la course à la succession du maire Labeaume, peut-être, à la mairie de
Québec. Est-ce que ça, c'est complètement évacué ou ce serait quelque chose qui
pourrait vous intéresser?
M. Proulx : Je vais répondre
de la même façon que j'ai répondu dans le passé. D'abord, j'ai un handicap, je
n'habite pas Québec. Je l'ai déjà exprimé. Vous allez me dire : Ça peut
changer. Vous avez raison. Mais moi, je ne me suis jamais acheté une maison
pour postuler sur un job. Ce n'est jamais arrivé, puis je ne pense pas que ça
va arriver. Si, un jour, je déménage, ce sera pour des raisons familiales
plutôt que pour le travail parce que je veux et je souhaite rester dans la
région de Québec. C'est notre communauté d'adoption. Nos enfants y grandissent,
y vont à l'école. Guylaine travaille ici depuis de nombreuses années. On est
maintenant chez nous ici. Alors, non, je ne fais pas cela pour positionner quoi
que ce soit. Est-ce que je ferme la porte à une autre intervention ou à une
autre implication politique un jour? La réponse, c'est non. Mais je veux être
très clair, puis j'essaie de l'exprimer le plus simplement possible, je ne pose
pas ce geste-là aujourd'hui en attendant quelque chose. Je le fais parce que je
suis rendu à cette étape-là de ma vie, où je veux m'implanter différemment,
travailler différemment et construire autre chose pour ma vie puis celle de ma
famille.
La Modératrice
:
Geneviève Lajoie.
M. Proulx : Bonjour, Mme
Lajoie.
Mme Lajoie (Geneviève) :
Bonjour, M. Proulx. Vous avez été député, ministre, mais vous avez aussi été ce
qu'on appelle un apparatchik, un stratège. Vous aviez à conseiller le premier
ministre.
M. Proulx : Deux fois dans ma
vie. J'ai eu la chance de travailler avec quelques chefs, moi, oui.
Mme Lajoie (Geneviève) : Voilà.
Donc, on s'imagine que vous avez quand même calculé pas mal vos affaires.
Qu'est-ce que vous diriez, comme stratège, à votre chef, là, qui se ramasse
avec le seul député, presque, en dehors de Montréal qui était libéral...
M. Proulx : Bien, on a eu une
courte conversation suite à l'annonce de mon départ, mais on a surtout eu
plusieurs conversations avant, au moment où on travaillait ensemble. Puis ils
vont continuer de le faire, à poursuivre cette reconstruction. Le Parti libéral
du Québec, c'est une grande organisation qui a subi un coup difficile le 1er
octobre dernier, mais qui va rebondir. Le Québec a besoin du Parti libéral du
Québec parce qu'il exprime quelque chose qui est important. C'est un espace politique.
C'est un lieu de rencontre et d'idées important et c'est un parti qui sait
comment gouverner le Québec. Alors, dans le contexte actuel, c'est plus
difficile, mais viendra des moments où, pour les autres, ce sera difficile. Et,
dans ce contexte-là, le meilleur conseil que je peux donner à mes collègues,
c'est de continuer à rebâtir, à prendre le temps de mettre chacune des pierres
au sol bien enlignées pour que, lorsqu'il y aura une prochaine élection, ils
soient prêts à reprendre le pouvoir ou à faire cette élection et être
l'alternative du gouvernement en place.
Mme Lajoie (Geneviève) : Vous
n'êtes pas sans savoir que ça a un coût aussi, une élection partielle. Certains
vous le reprocheront.
M. Proulx : Oui, c'est
certain.
Mme Lajoie (Geneviève) : Vous
leur répondez quoi? Et pourquoi ne pas avoir attendu la fin du mandat?
M. Proulx : Bien, deux choses.
La première, c'est qu'avoir attendu la fin du mandat m'aurait placé dans la situation,
impossible pour moi, où j'aurais été dans l'attente de quelque chose et
j'aurais baissé le niveau de service, et de passion, et, je dirais, d'énergie à
faire ce que je dois faire. Ça, c'est la première chose.
La deuxième, c'est vrai qu'il y a un coût
à mon départ. Peut-être préciser, parce que la question va m'être posée :
Ça vous donne combien en argent sonnant, votre prime, c'est quoi? Il n'y a pas
de prime reliée à mon départ. Je quitte. Et le temps où je ne travaillerai pas
d'ici un nouvel emploi sera du temps pris sur moi pour me reposer. Ça a fait
partie de ma réflexion aussi, ça. Il faut expliquer aux gens qu'on quitte. Il
faut expliquer aux gens pourquoi on quitte après une année. Il faut expliquer
aux gens qui militent au sein de notre formation politique ce que ça veut dire,
quitter le Parti libéral du Québec dans le contexte actuel, et il faut
expliquer aux électeurs qu'il y aura une nouvelle élection.
Vous savez, ça fait partie du contexte
démocratique dans lequel on évolue. C'est par des élections que les gens sont
élus comme représentants de l'État et du comté. Lorsqu'il y a vacance, il y a
une élection. Et, dans ce contexte-ci, je l'ai dit, la politique, pour moi,
c'est un moment où tu es de passage, et moi, mon tour, il vient de passer. Et,
dans ce contexte-là, je dis aux gens : Merci de comprendre, merci
d'accepter cette décision-là, même si, pour certains, ce ne sera pas facile, et
surtout permettez-moi de continuer à collaborer et de m'impliquer avec vous
dans notre milieu. On peut s'impliquer de bien des façons. Il y a un député... Il
y a plus ou moins 50 000 personnes dans un comté. Tous et toutes ont une contribution.
M. Laforest (Alain) : M.
Arcand, j'aimerais vous entendre.
M.
Arcand
:
Oui, certainement.
M. Laforest (Alain) :
Dans la mythologie grecque, vous venez de perdre le kraken. Le Parti libéral
est plus faible aujourd'hui.
M.
Arcand
:
D'abord, premièrement, il n'y a pas juste le Parti libéral. Je pense que
l'Assemblée nationale au complet perd, avec Sébastien Proulx, d'abord,
premièrement, ce que je considère être un maître de la procédure parlementaire,
dans un premier temps. Je crois que, quand je regarde tous les leaders
parlementaires qui sont là à l'Assemblée nationale, Sébastien était celui qui
était le plus expérimenté. Maintenant, c'est la vie, les choses évoluent de
cette façon-là. Sébastien demeure un militant du Parti libéral, va continuer à
être un militant du Parti libéral, et certainement que j'aurai l'occasion de
l'appeler souvent pour bénéficier de ses conseils. Et je dois vous dire jusqu'à
quel point j'ai apprécié travailler avec lui.
Maintenant, pour la suite des choses, je
ne laisserai pas aller le comté de Jean-Talon, là. On va se battre. Tous les
collègues qui sont à l'Assemblée nationale vont se battre, vont faire du
porte-à-porte. On va faire une campagne très intensive dans le comté de
Jean-Talon parce qu'on veut garder ce comté-là dans notre formation politique.
Alors, on va faire le maximum, je peux vous l'assurer.
M. Laforest (Alain) :
Nathalie Normandeau, 50 % des chefs d'accusation qui sont tombés
aujourd'hui, ça vous dit quoi?
M.
Arcand
:
Ça ne me dit rien pour l'instant. C'est un dossier judiciaire, et je préfère ne
pas commenter.
La Modératrice
: On va
passer à l'anglais. Raquel, s'il vous plaît.
Mme Fletcher (Raquel) :
Bonjour. Premièrement, j'ai des questions pour M. Proulx aussi en
français.
M.
Arcand
:
Allez-y.
M. Proulx : Oui. Je vous
remercie de m'accommoder. Je vous remercie.
Mme Fletcher (Raquel) :
Oui. Au sujet de la communauté anglaise, en fait, parce que, quand vous étiez
le ministre de l'Éducation, je sais que vous étiez bien apprécié dans les
communautés anglaises au Québec même si vous ne parlez pas anglais et je sais
qu'il y avait beaucoup, beaucoup de monde en général, beaucoup de Québécois,
pas juste des anglophones, mais beaucoup de Québécois qui voulaient ou qui
anticipaient que vous vous lanciez dans la course à la chefferie, qu'est-ce que
vous dites à ces gens-là que vous avez touchés pendant que vous étiez ministre?
M. Proulx : Bien,
d'abord, je vous remercie de la question puis je vous remercie de relayer leur
propos. Moi, j'ai apprécié au plus haut point travailler avec l'ensemble des
Québécois. Ça m'a toujours touché de voir que des gens étaient prêts à nous
accorder, individuellement, comme ça, leur confiance, voyaient en nous
quelqu'un capable de porter le projet collectif du Québec. Moi, je leur
souhaite le meilleur. Je leur dis que je vais travailler autrement, moi aussi,
comme ils le font chacun de leur côté, à embellir notre société et surtout de
ne pas lâcher. Ce que je dis, moi, aux gens du Québec, c'est de ne pas arrêter
de croire, de ne pas arrêter de rêver, de revendiquer quand ça ne fonctionne
pas, d'accepter que ça ne soit pas toujours simple parce que changer des choses
au Québec, ce n'est pas simple. On a quelques traits de caractère. Celui-là,
c'en est un. Mais, lorsqu'on s'y met, lorsqu'on prend le temps de discuter, lorsqu'on
ne lève pas le ton, mais qu'on trouve l'espace de discussion, on réussit.
Alors, ce que je leur dis, à ces gens-là, c'est merci. Et moi, j'ai adoré
travailler avec la communauté anglophone, travailler avec les communautés
culturelles, dans le milieu de l'éducation. J'ai adoré travailler à défendre
leur spécificité. Et c'est une belle richesse pour notre société.
Mme Fletcher (Raquel) : Vous
êtes une île libérale dans un océan caquiste dans la région de Québec.
M. Proulx : Je disais souvent
que je suis un point rouge sur une carte, oui.
Mme Fletcher (Raquel) : Est-ce
que vous vous sentez mal de quitter votre circonscription?
M. Proulx : Je pense l'avoir
exprimé tout à l'heure, bien sûr que ça a fait partie de ma réflexion. Et je ne
serais pas honnête, et je l'ai toujours été avec vous et avec les gens qui
m'ont posé la question, oui, je sens une certaine responsabilité. C'est normal.
Ça ne pourrait pas être autrement lorsqu'on apprécie les gens, lorsqu'on
apprécie ce qu'on fait, lorsqu'on croit en ce qu'on fait. Maintenant, je ne
peux pas non plus... C'est ce que j'ai dit à Pierre hier et je vais le dire
ainsi pour que tout le monde le comprenne bien, moi, je ne peux pas porter sur
moi l'ensemble de ces responsabilités dans la mesure où elles ne me concernent
pas toutes. Le Parti libéral va survivre au départ de Sébastien Proulx, là,
comme il a survécu à l'ensemble des départs dans le passé, et d'autant plus que
ce départ-là, il se fait, et je le pense sincèrement, dans la courtoisie
nécessaire et qui fait qu'on sera capables encore et toujours de travailler
ensemble. Alors, moi, j'ai confiance en l'avenir. Mais, oui, je reconnais... Et
je porte en moi, dans ces déchirures dont je parlais tout à l'heure, cet aspect
important que, bien sûr, actuellement, et pour un certain temps, je prive ma
formation politique d'un point géolocalisé, dans la région de Québec, qui était
libéral, je sais.
Mme Fletcher (Raquel) : Vous
étiez honnête par rapport à votre opinion au sujet de la laïcité. Est-ce que ce
désaccord avec vos collègues faisait partie de votre réflexion?
M. Proulx : Pas du tout. Vous
avez, encore là, une excellente question qu'il me fait plaisir de répondre.
Non, moi, j'ai tout le temps pensé que, quand on était clair, honnête puis on
exprimait les choses telles qu'elles sont, c'était plus simple. Dans ce
débat-là, compliqué, tout le monde savait que je portais une position qui était
celle du rapport Bouchard-Taylor. Pourquoi? Parce que je croyais à un
compromis. Et moi, j'ai cru que l'espace de discussion pour la société, il
était là. Par contre, tout le monde savait que j'étais contre la loi n° 21. Tout le monde savait et tout le monde sait encore aujourd'hui,
je pense, que je ne suis pas d'accord avec ce qu'ils font actuellement, et notamment
dans le milieu de l'éducation. Alors, à chaque fois qu'on a eu à voter dans ce
bâillon, je me suis levé debout, j'ai fait mon travail et j'ai voté contre.
Alors, non, ça ne change rien. Des gens pourraient
penser que, parce qu'il y a de la discussion, dans un parti politique, parfois
animée, que c'est malsain. Au contraire, un gars comme moi s'est retrouvé au Parti
libéral du Québec parce qu'il y avait de l'espace pour moi. Et moi, je viens
d'ailleurs, en plus, mais il y a tout le temps eu de l'espace pour moi, et on a
toujours trouvé l'espace nécessaire pour travailler ensemble parce qu'on avait
des buts communs. Et c'est pour ça que j'ai porté fièrement les couleurs puis
que je suis très fier de ce qui est arrivé dans le passé.
La Modératrice
: Phil
Authier.
M. Authier (Philip)
:
Bonjour, M. Proulx. Avez-vous un conseil à donner à votre parti sur comment
rebâtir...
M. Proulx : C'est beaucoup de
considération de penser que je suis apte à donner des conseils.
M. Authier (Philip)
:
...bien, comment rebâtir les appuis dans le Parti libéral.
M. Proulx : Bien, d'abord, ils
vont continuer de faire ce qu'ils font et ce que nous faisions au temps où j'y
étais, c'est-à-dire de reprendre la conversation avec les électeurs
francophones. Ça, je pense que c'est important. Peu importe le constat que vous
faites sur pourquoi cette conversation-là n'avait peut-être pas autant lieu ou
n'avait pas lieu dans les dernières années ou pour la dernière élection, c'est
important d'aller chercher le pouls de ce qui s'y passe, dans cette communauté,
d'aller chercher cet espace de discussion où on sera capables de travailler à
construire des projets aussi de fierté pour le groupe majoritaire francophone
du Québec. Alors, ils n'ont qu'à poursuivre le travail de reconstruction. C'est
juste que je n'en ferai pas partie, comme militant actif, au sein de la
députation.
M. Authier (Philip)
:
Très bien. Une en anglais, M. Arcand.
Where does this leave the
party? You lose a key... This is a key riding for you. You don't have many
ridings outside of Montréal. You're trying to rebuild support in the
francophone community. Mr. Proulx is a symbol for that in that it was the only
riding in this area in a sea of CAQ. Where does that leave you, at the party,
today?
M.
Arcand
: Well, the party, again, we have a new
president. We have a new general manager. We just winded up with a convention…
in the youth convention in Québec City, where we had more than 400 young people
who were present. We're going to have another one at the end of November. And,
of course, we will work very hard to maintain this seat in Jean-Talon when the
Premier will decide when will be the next by-election. So you can be sure that
all the colleagues from our political party will work hard.
And, of course, we will
wind up, now, in the coming months, I hope, I would say, where certain subjects
like Bill 21 will be something that will be behind us because it is now a law.
So I think that we're going to be able, in the following months, and we're
working hard on that, to be able to present to Quebeckers solutions for the
future of Québec and be able also to show the weakness of this Government in
many respects. So this is what we're going to do. And, of course, I can tell
you that, when I look at the... when I talk to the associations' presidents,
when I talk to members of the party, you know, there's still a room for a party
who is at the center of the politic spectrum and who believes in rights, who
believes in freedoms and who believes in a strong economy in Québec. I think
that we are perfectly there for the… We will be there for the future.
M. Authier (Philip)
: You must admit it's a big loss for your party.
M.
Arcand
: It's a big loss
for the party and it's a big loss for… Also, like I said, it's a big loss for
the National Assembly. I think that Sébastien was able
to talk often to the President of the National Assembly, and remind him often
of the procedures, and what was important, what was good to be done. So, in
that sense, I would say that it's a loss. But, you know, we'll have a strong
candidate in Jean-Talon, I can promise you.
La Modératrice
:
Mylène.
Mme Crête (Mylène) :
Je voulais vous poser la question. Qui va être votre prochain leader parlementaire?
M.
Arcand
:
Bien, écoutez, j'aurai l'occasion de prendre cette décision-là assez rapidement
parce que la session recommence bientôt. Mais je vais me pencher là-dessus en
fin de semaine et au début de la semaine prochaine, puis, en temps et lieu, on
pourra vous l'annoncer.
Mme Crête (Mylène) :
Est-ce que M. Barrette serait un bon leader, à votre avis?
M.
Arcand
: Écoutez,
vous comprendrez qu'à ce stade-ci je ne ferai pas de commentaire là-dessus.
La Modératrice
:
Jocelyne Richer.
Mme Richer (Jocelyne) :
Bonjour, M. Arcand. Sur un autre sujet, la commission parlementaire sur
l'avenir des médias a pris fin il y a quelques heures à peine. Vous connaissez très,
très bien le monde des médias. J'aimerais beaucoup vous entendre sur... J'imagine
que vous avez suivi, de près ou de loin, les travaux.
M.
Arcand
: Bien
sûr.
Mme Richer (Jocelyne) : C'était,
je pense, une commission très, très pertinente, très instructive. Et j'aimerais
savoir qu'est-ce que vous en retenez, sur l'ampleur de la crise qui frappe présentement
les médias et sur le rôle que vous voyez, à partir d'aujourd'hui, que doit
tenir le gouvernement du Québec.
M.
Arcand
:
Bien, c'est-à-dire que je pense que le gouvernement... On a eu l'occasion... Je
pense que Mme Melançon l'a exprimé très clairement, sur le fait qu'il fallait
que le gouvernement exerce une forme de leadership au niveau de la taxation. Je
pense qu'on l'a exprimé à plusieurs reprises. Mais je pense aussi qu'il faut
avoir une vision plus globale de la situation. Moi, la chose que j'ai moins
aimée dans cette commission, je ne comprends pas pourquoi ceux qui
investissent, par exemple, des dollars publicitaires comme des agences de publicité,
on n'a pas entendu... Elles ont été étonnamment muettes, ces agences, au
cours... et c'est elles qui contrôlent les dollars publicitaires dans tout le
Québec. Pourquoi ces agences choisissent d'aller vers Google ou, encore une
fois, Facebook et les autres?
Alors, ça, il y a cet élément-là. Mais je
pense aussi qu'on oublie toujours aussi, dans ces éléments-là, que peut-être
qu'il peut y avoir des solutions qui ne soient pas seulement des solutions locales,
ça peut être des solutions... Vous savez, quand on a créé, par exemple... Puis
vous, vous venez de La Presse canadienne. On a créé La Presse
canadienne. C'est une coopérative, puis c'est une coopérative pour
permettre aux journaux locaux, à l'époque, d'avoir leur correspondant à Ottawa,
de reprendre des fils de presse et ainsi de suite. Je pense que cette
réalité-là... Je comprends que le contexte est différent, mais cette
réalité-là, elle est là encore aujourd'hui, et je pense que, là-dessus, il faudrait
se pencher sur cette question-là. Je pense qu'on se bat maintenant contre les
géants de Palo Alto, en Californie. Il faut, à travers le Canada, s'équiper
pour être en mesure, à tout le moins, de les affronter.
Mme Richer (Jocelyne) : ...sur
l'ampleur de la crise, votre lecture actuellement. Certains vont dire : Oui,
c'est gérable... et avons quelques mesures ici et là. D'autres vont dire :
On est au bord du précipice. Quelle est votre vision?
M.
Arcand
:
Vous savez, la crise, elle a commencé, à mon avis, il y a plusieurs années, plusieurs
années. La chose, c'est qu'elle s'est intensifiée depuis les deux ou trois
dernières années. Mais je me rappelle très bien à l'époque où j'étais ministre
de l'Environnement, par exemple, où j'avais les représentants des journaux, des
magazines, qui venaient me voir pour me dire : Écoutez, on n'a pas les
moyens actuellement de payer, là, les frais nécessaires dans le cas du
recyclage. Donc, ce n'est pas quelque chose qui était nouveau. Et donc je pense
que c'est une bonne réflexion qui doit être faite. Mais je pense qu'on doit
penser en termes de grand ensemble et non plus juste localement, si on veut.
La Modératrice
: Merci.
M. Proulx : Merci à vous.
M.
Arcand
:
Merci.
(Fin à 13 h 41)