(Onze heures trente-trois minutes)
M. Leduc : Bonjour, tout le
monde. Bienvenue à ce point de presse. Aujourd'hui, on a déposé une motion — les
motions sans préavis, les traditionnelles motions sans préavis — qui
visait à faire consensus alentour des différents partis à l'Assemblée nationale,
mais surtout à faire que le gouvernement se positionne en matière de lutte à l'itinérance.
Il y a en ce moment une négociation en cours
entre le gouvernement du Québec et le gouvernement du Canada sur le
renouvellement d'une entente — ce n'est pas la première fois que ça s'est
fait, ça a été fait cinq fois dans le passé — qui vise à un peu
rendre les modalités de l'application du financement de la stratégie canadienne,
là, de lutte à l'itinérance. Et là-dedans il y a un enjeu assez important parce
que le gouvernement canadien veut comme mettre des modalités assez pointues qui
ne cadrent pas nécessairement avec ce qui avait déjà été entendu comme façon de
fonctionner ici, au Québec, avec l'ensemble des groupes communautaires, entre
autres, qui avaient adopté une politique qui donnait, donc, des orientations
plus globales à l'approche de lutte à l'itinérance. Et on est inquiets, donc,
sur le fond, sur le fond qui ferait en sorte que ça ne serait pas respecter
l'autonomie communautaire. Et on est aussi inquiets, là, sur l'aspect, mettons,
fédéral, en fait, qui viendrait s'ingérer dans ce qui est un des champs de
compétence québécois.
Donc, la motion, on l'a travaillée avec le
Réseau Solidarité Itinérance du Québec. On a travaillé aussi avec nos collègues
du Parti québécois, qui sont des alliés là-dessus. Et on était très contents de
voir que le gouvernement et l'opposition officielle également aient appuyé la
motion ce matin. Elle est donc unanime. On en a envoyé une copie au ministre
Jean-Yves Duclos, qui est responsable du dossier au gouvernement fédéral. Et ça
donne vraiment un mandat très fort à la ministre Mme McCann qui va aller
négocier, qui est en train de négocier, en fait, là, on s'attend à ce que
l'entente soit conclue, là, peut-être dans les prochaines semaines. Mais elle a
maintenant un mandat très fort, un mandat unanime de l'Assemblée nationale pour
aller revendiquer, donc, cette pleine autonomie pour le secteur communautaire
de lutte à l'itinérance au Québec, qu'ils puissent fonctionner avec leurs
propres moyens, leurs propres façons de voir les choses, qui a déjà été montée
dans le passé, qui a fait ses preuves dans le passé et qui mérite d'être
reconduite pour la prochaine stratégie de lutte. Voilà.
Mme Bacro (Laury) :
Bonjour. Le RSIQ, Réseau Solidarité Itinérance du Québec, est le seul
regroupement national de lutte à l'itinérance au Québec. Il totalise plus de
330 organismes en itinérance membres.
Le RSIQ et ses membres aimeraient rappeler
la nécessité d'avoir un financement qui vient soutenir une diversité d'actions
au Québec. Il recommande aussi de ne pas implanter l'accès coordonné au Québec.
La réalité de l'itinérance n'est pas la
même partout, n'est pas la même dans toutes les régions. Dans les villes, elle
n'est même pas la même dans tous les quartiers. Par exemple, dans un grand
nombre de régions, c'est l'itinérance cachée qui est surtout présente. L'itinérance
cachée, c'est des personnes qui passent d'un lieu à un autre, d'un divan à un
autre sans avoir de lieu fixe. On ne les retrouve pas dans les ressources d'hébergement
d'urgence, et pourtant elles sont itinérantes. La judiciarisation est un autre
exemple d'une réalité commune à plusieurs endroits. Dans ces situations, un accompagnement
est nécessaire afin d'éviter un endettement pouvant aller jusqu'à plusieurs
dizaines de milliers de dollars pour des contraventions liées à l'itinérance.
Les organismes communautaires en
itinérance au Québec ont développé un savoir-faire, des approches
d'intervention et une expertise remarquables. Dans chaque région, il existe un
processus de planification communautaire. Elle permet d'identifier les besoins
spécifiques à chaque région par la concertation entre les partenaires en
itinérance. Elles doivent pouvoir continuer d'exister.
L'approche globale et communautaire en
itinérance, c'est d'être capable d'adopter la solution la plus adaptée aux
besoins identifiés par les communautés. La Politique nationale de lutte à
l'itinérance, adoptée en 2014, le reconnaît, d'ailleurs, puisqu'elle préconise
cinq axes d'intervention prioritaires : le logement; les services de santé
et les services sociaux; le revenu; l'éducation, l'insertion sociale et
l'insertion socioprofessionnelle; la cohabitation sociale et les enjeux liés à
la judiciarisation.
Le RSIQ, et ses membres tiennent à la
reconnaissance de ces constats et demandent que les orientations fédérales et
les financements fédéraux en itinérance 2019‑2029 viennent consolider des
initiatives déjà à l'oeuvre au Québec.
Le RSIQ et ses membres ont produit un
mémoire qui est disponible sur le site du RSIQ, rsiq.net, dans lequel il est
recommandé de ne pas implanter l'accès coordonné au Québec et de respecter les
outils en place dans la lutte à l'itinérance.
M. LeBel : Merci. Bien, ça me
fait plaisir d'être ici. J'étais très heureux de voir la résolution déposée par
mon collègue Alexandre. Nous, on fait l'impossible pour être avec vous, vous
accompagner. On pense que la politique à l'itinérance, la politique qu'on s'est
donnée au Québec, elle doit être respectée. On a des façons de faire, on a des
valeurs à nous autres, et le fédéral doit accepter ça, doit accepter ces façons
de faire.
Sur le logement, on le voit un peu
partout. Ici, dans la ville de Québec, ce qu'on nous dit, c'est : Les
retards qu'il y a eus à AccèsLogis créent ces situations-là où les refuges
débordent. Les personnes seules qui se ramassent dans la rue sont les grands
oubliés des politiques de lutte à la pauvreté depuis des années. Ça fait qu'il
faut travailler sur ces secteurs-là, il faut travailler avec vous autres qui
connaissez exactement les réalités.
Et le fait que cette résolution-là ait été
aujourd'hui adoptée par l'ensemble des parlementaires puis qu'on a pu aussi en
discuter, que chacun a pu intervenir, chaque parti politique a pu intervenir,
donner sa position, bien, il faut se baser là-dessus pour aller plus loin puis
se faire respecter, se faire respecter par le fédéral mais aussi demander au
gouvernement du Québec d'aller encore plus loin, d'intervenir sur le logement,
sur le revenu, sur les services sociaux, sur l'éducation. Il faut continuer à
investir là-dedans, et on sera ensemble sur cette lutte-là. Merci.
M. Leduc : Des questions? Ça
va? Bonne journée. Merci.
M. LeBel : Merci.
(Fin à 11 h 39)