(Onze heures quarante et une minutes)
M. Khadir
: J'ai
été scandalisé de voir qu'encore une fois il y a un échec qu'on constate, c'est-à-dire
une enquête qui a été pourtant bien documentée, dont les preuves ont été
publiquement présentées par l'émission Enquête, par Marie-Maude Denis,
sur les responsables du scandale, du plus grand scandale financier au Canada,
c'est-à-dire la Société immobilière du Québec, bien, il n'y a toujours pas
d'arrestations.
Quelqu'un à l'UPAC ou à la DPCP doit
répondre de cette inaction, de cet échec. Je vous signale, juste pour fins de
comparaison, pour expliquer l'ampleur de l'échec, qu'en un an Mueller, l'enquêteur
spécial aux États-Unis, a logé 19 accusations, a obtenu cinq aveux de
culpabilité, dont trois proches collaborateurs du président des États-Unis. Je
ne vous parlerai même pas de la France, où, en moins de six ans, Nicolas
Sarkozy est maintenant en garde à vue. Je ne vous parle pas du premier ministre
espagnol, qui a perdu son poste. Comment se fait-il qu'au Québec l'UPAC et la
DPCP, à chaque fois qu'on approche des responsables au sommet du Parti libéral
du Québec dans le scandale de la corruption qui a frappé le Québec, ne sont pas
capables d'arriver au but? Pourquoi cet échec, cette inaction depuis sept ans?
Comment ça se fait que ça bloque? Comment ça se fait que ça n'avance pas?
Moi, si j'étais à la place du ministre de
la Sécurité publique ou de la ministre de la Justice, je serais préoccupé. On
ne les entend pas. Je n'entends pas Martin Coiteux, je n'entends pas Stéphanie
Vallée se scandaliser de voir qu'il y a une telle inaction.
Moi, je ne veux accuser personne. On sait,
tout le monde, qu'il y a un suspect numéro un, d'accord, qui était à la tête du
Parti libéral, Jean Charest. Durant son époque, il y a eu de la corruption. Si
ce n'est pas lui, le coupable, il doit y en avoir d'autres. Si on est devant
des gouvernements responsables, au Québec, il y a quelqu'un au sommet du
pouvoir qui doit répondre du scandale de la corruption, du financement illégal
du Parti libéral, les millions qui ont été ramassés frauduleusement. Si ce
n'est pas Jean Charest, si ce n'est pas Jean-Marc Fournier, c'est qui? Comment
ça se fait qu'après sept ans on n'a pas de réponses? Moi, je ne peux pas... je
n'ai pas les moyens... On s'est donné des moyens, ces moyens s'appellent
l'UPAC, ces moyens s'appellent la DPCP, puis on a investi des millions de
dollars depuis sept ans. Cette incompétence-là est inacceptable. Et, encore
pire, si ce n'est pas de l'incompétence mais une obstruction de la justice, là
c'est absolument inacceptable et criminel.
Le Modérateur
: On va
prendre les questions. Une question, sous-question, d'abord, s'il vous plaît.
M. Cormier (François) :
Bonjour, François Cormier, de TVA. Est-ce qu'il n'y a pas un danger, M. Khadir,
que Martin Coiteux ou Stéphanie Vallée pognent le téléphone pour dire :
Allez, allez, il faut déposer des accusations, il faut accélérer le processus?
Est-ce qu'il n'y a pas un danger là-dedans?
M. Khadir
: Bien
sûr qu'il y a un danger, et le danger a existé durant tout le gouvernement
libéral post-it de Jean Charest par les nominations pour contrôler l'agenda
politique, l'agenda judiciaire à tous les échelons. Maintenant, qui a fait quoi
exactement? C'est là le questionnement, c'est là l'objet de nos enquêtes.
Mais il n'y a certainement pas de danger
pour Martin Coiteux de se scandaliser publiquement, de dire : Dites-moi,
hein — s'adresser à la DPCP puis à l'UPAC — ce dont vous
avez besoin pour mener vos enquêtes. On nous dit qu'il n'y a pas assez de
ressources; je veux avoir les ressources. On me dit que, depuis sept ans, ça
n'a pas fonctionné; vous êtes incompétents, en tout cas il y a un échec, je
vous remplace, je nomme impartialement... avec l'aide des autorités compétentes
et d'une commission indépendante, je nomme maintenant des procureurs
compétents, non blasés, intéressés, comme Robert Mueller, aux États-Unis, a
mené enquête tambour battant et arrivé à ses fins.
M. Cormier (François) :
Mais, quand même, est-ce que ce ne serait pas une intervention politique dans
le travail des policiers? Est-ce que les policiers ne pourraient pas sentir,
justement, qu'ils ont de la pression pour, à la limite, terminer un…
M. Khadir
: Mais
j'espère bien que les policiers ressentent de la pression. J'espère bien que
l'UPAC sent que l'UPAC a un devoir. Excusez-moi, là, on a… il y a quelque
chose… il y a une pièce dans laquelle on est en train de jouer qu'on n'a pas
bien comprise. On a formé l'Unité permanente anticorruption dans le but
d'obtenir des résultats, identifier les… À moins que vous me dites qu'il y a un
système qui existe et qu'il n'y a pas de responsables.
M. Cormier (François) :
Je suis désolé, M. Khadir, je me suis mal exprimé. Je voulais dire :
Oui, ils sentent de la pression, mais est-ce que ce ne serait pas une pression
supplémentaire que de leur dire : Il faut absolument arriver à des
résultats rapidement, alors que peut-être attendre six mois de plus donnerait
des résultats meilleurs?
M. Khadir
:
Peut-être, mais là, regardez, jusqu'à combien de temps on va se faire raconter
ces histoires-là? Avant, naïf comme vous ou complaisant comme vous, j'ai
accepté ces explications : C'est compliqué, ça prend du temps, il faut
réunir des preuves, etc. Mais là le cumul des échecs — le dossier
Normandeau, le dossier Contrecoeur, le fait qu'on mette fin à la filature
lorsque ça s'approchait de Jean Charest, le dossier de la SIQ, qui a pourtant
été public, ça a été dans une émission, là on parle d'un chèque de 2,5 millions
qui est disponible — bon, là, à un moment donné, on se pose des
questions. Puis on s'est posé ces questions-là.
Mais aujourd'hui, en plus, on a des
comparatifs. On a les États-Unis, on a l'Espagne, on a la France. Là, on serait
une exception? On serait une exception parce que, quoi, notre système de
justice est défaillant, l'UPAC est défaillante, la DPCP est défaillante ou il y
a des volontés agissant pour faire obstruction à la justice? En tout cas, il y
a plusieurs choix devant nous, mais aucun de ces choix n'est acceptable.
La réalité, c'est qu'après sept ans, qu'on
soit devant un tel échec, c'est inadmissible. Parce que, dans un gouvernement
démocratique, dans un gouvernement responsable, s'il y a eu corruption, s'il y
a eu financement illégal, il y a quelqu'un de responsable.
M. Lavallée (Hugo) : Je
comprends que vous souhaitiez, M. Khadir, des arrestations rapides, mais
vous faisiez vous-même…
M. Khadir
: Non,
je ne souhaite aucune arrestation rapide. Je déplore et je trouve inacceptable
qu'après sept ans et des centaines de millions cumulés aucune…
M. Lavallée (Hugo) :
Donc, vous ne souhaitez pas d'arrestations?
M. Khadir
:
…aucune n'a été identifiée, encore, responsable, alors qu'à côté de nous, en
moins d'un an, Robert Mueller arrive dans le cercle étroit de Donald Trump.
M. Lavallée (Hugo) : Mais
vous souhaitez ou pas des arrestations, là? Je ne comprends pas.
M. Khadir
: Oui,
mais je... Ce n'est pas à moi de décider quelle est la... Vous me dites qu'il y
a des arrestations rapides. Excusez-moi, sept ans, ce n'est pas rapide, sept
ans.
M. Lavallée (Hugo) :
Dans le dossier Contrecoeur, auquel vous avez fait allusion, il y a eu des
arrestations, et finalement le dossier, visiblement, était mal ficelé, puisque
ça s'est soldé par un acquittement. Est-ce qu'en l'occurrence ce ne serait pas
mieux d'être plus patients pour mieux faire les choses pour s'assurer une
condamnation?
M. Khadir
:
Est-ce que c'est l'absence de patience qui explique que c'est mal ficelé, ou
l'incompétence, ou carrément des volontés agissantes d'obstruer? Regardez, si
je dois venir de Montréal à Québec, que je sais qu'il n'y a pas d'essence dans
mon auto puis que je m'arrange... ou, par insouciance, je n'en mets pas, c'est
sûr que le résultat est au bout du rouleau. J'ai beau être très patient, je
n'arriverai jamais à Québec si je ne prends pas les moyens d'arriver à Québec.
Donc, quand il y a une incompétence,
qu'elle soit délibérée ou par insouciance et simplement absence de compétences,
le résultat est le même, c'est mal ficelé, ça n'aboutit pas. Là, s'il y avait
juste un cas, on pourrait toujours se retrancher, comme on l'a fait
complaisamment depuis sept ans, derrière toutes sortes d'explications. Vous ne
trouvez pas, comme moi, que ça commence à ressembler à un faisceau d'événements
qui sont toujours la même chose, quelque chose ne tourne pas rond, quelque
chose tombe à l'eau ou quelque chose qui est bloqué? Jusqu'à quand on va se
complaire dans des explications faciles?
M. Lavallée (Hugo) :
Mais là vous montrez du doigt l'UPAC, si je comprends bien, alors que, dans
l'article, on semblait davantage indiquer que c'est au niveau du DPCP qu'on...
M. Khadir
: Non,
j'ai dit qu'il...
M. Lavallée (Hugo) :
Vous avez parlé d'un enquêteur blasé, là.
M. Khadir
:
...qu'un ou l'autre doit répondre. Regardez, il y a un échec. L'échec est
patent. Après sept ans, à chaque fois qu'on se rapproche du sommet du Parti
libéral, ça tombe à l'eau. Probablement, le procès Normandeau, d'après les
indications qu'on reçoit, c'est parti pour, en tout cas, ne pas aboutir encore
après sept ans. Cet échec-là doit avoir une cause et des responsables : c'est
soit l'UPAC, c'est soit la DPCP. Lequel veut prendre le blâme? Mais que ça soit
l'un ou l'autre, pour le Québécois, pour le public, pour la démocratie, c'est
inacceptable.
M. Lavallée (Hugo) : Sur
un autre sujet, concernant la décision de Martine Ouellet de quitter la
direction du Bloc québécois, M. Lisée, ce matin, disait que ça pouvait
être une occasion à saisir pour faire en sorte que le mouvement indépendantiste,
au niveau fédéral, se réorganise. Qu'est-ce que vous pensez de cette
proposition?
M. Khadir
: Le
mouvement indépendantiste vit des heures difficiles. Nous avons besoin de
repenser toute la stratégie indépendantiste pour la faire reposer sur une
mobilisation populaire et citoyenne, et, pour ça, il faut retrouver... il faut
que les directions, les différentes directions des différents partis
souverainistes, indépendantistes, nous cessions de réfléchir en termes de
résultats à court terme, de sièges, de leadership puis qu'on parle et qu'on
réfléchisse en termes de mobilisation de notre peuple, ce que notre peuple a
besoin, de projets de société pour que ça soit emballant ou qu'on parte en
bataille. Et ce n'est certainement pas dans les accusations que les uns et les
autres se lancent que ça va se régler. Moi, je souhaite que tout le monde
retrouve un peu de sérénité puis un peu de réserve dans le jugement porté vers
les autres.
Le Modérateur
:
Dernière question.
M. Lavallée (Hugo) : Et
qu'est-ce que Québec solidaire peut faire concrètement, au niveau fédéral, pour
que ça se réalise?
M. Khadir
:
Qu'est-ce qu'on peut.... Concrètement, concrètement, cesser de jeter le blâme
les uns sur les autres, prendre chacun notre part de responsabilité. Deux,
avoir un projet de société emballant. On ne pourra pas avoir de meilleur succès
si on se rabat sur les recettes passées. Le Bloc québécois, à Ottawa, était une
stratégie d'une certaine période du mouvement souverainiste, une stratégie à
laquelle j'ai participé, j'ai été candidat du Bloc québécois, et j'ai le plus
grand respect pour le travail accompli par Gilles Duceppe, par tous les gens du
Bloc québécois depuis des années, mais aujourd'hui il faut réexaminer tout ça.
De la même manière que le PQ ne correspond
plus à l'élan dont le mouvement indépendantiste a besoin pour concrétiser
l'indépendance du Québec, il faut se questionner si le Bloc est la solution.
Le Modérateur
:
Kathryne.
Mme Lamontagne (Kathryne) :
Bonjour. Je veux juste rebondir sur la question de mon collègue. Est-ce que
Martine Ouellet serait la bienvenue chez Québec solidaire?
M. Khadir
:
Toutes les personnes de bonne volonté, si elles acceptent de travailler et
oeuvrer au sein de Québec solidaire en fonction de ses objectifs, moi, je les
accueille favorablement.
Maintenant, il n'y a pas de proposition
précise de faite ni d'une part et d'autre, donc ce n'est que spéculation, pour
le cas de Martine. Je pense que Martine vit des moments très difficiles. Elle
est encore députée de Vachon. Il faut attendre qu'elle fasse ce qu'elle a à
faire dans ce qu'elle a décidé de faire pour elle. Pour le moment, en tout cas,
c'est pure spéculation.
Mme Lamontagne (Kathryne) :
Mais, juste pour revenir à l'UPAC, en fait, donc vous souhaitez que M. Coiteux
ou Mme Vallée, finalement, fasse une intervention. Ce ne serait pas de
l'ingérence politique? Ça ne mettrait pas un dangereux précédent?
M. Khadir
: Mais,
excusez-moi, l'UPAC est une création politique. Devant le scandale politique
permanent que vit le Québec à cause du financement illégal des partis politiques,
nous avons mis en place une unité permanente anticorruption pour trouver les
filous qui financent les partis politiques ou qui font de la collusion dans le
domaine de la construction, et c'est une responsabilité politique... qu'on doit
entendre M. Coiteux. Pourquoi une telle incompétence à l'UPAC? Pourquoi
une telle incompétence à la DPCP? Pourquoi de tels échecs? L'échec n'est pas
juste en termes de difficultés des preuves, parce que, partout ailleurs
alentour de nous, les systèmes policiers épinglent les plus hauts responsables
politiques. Comment ça se fait qu'au Québec on n'est pas capables de faire ça?
Il doit y avoir une raison. Est-ce que c'est le gouvernement post-it? Est-ce
que c'est le résultat de 15 ans de gouvernement libéral post-it? On a mis
en place des gens à des endroits névralgiques pour faire obstruction à la
justice ou au travail des policiers? C'est possible.
Mme Lamontagne (Kathryne) :
Mais ça ne mettrait pas un dangereux précédent, quand même, si les ministres se
mettent à donner des ordres à l'UPAC...
M. Khadir
:
Excusez-moi, quel dangereux précédent? Le ministre doit s'assurer que l'UPAC et
la DPCP aient les moyens d'agir. Donc, si, actuellement, à l'intérieur du DPCP
et à l'intérieur de l'UPAC, il y a des éléments qui empêchent l'UPAC et le DPCP
de remplir leur mandat, c'est la responsabilité du ministre de voir à ça, de
changer les directions, de nommer les bonnes personnes compétentes pour mener à
bien l'oeuvre. Il n'y a aucune ingérence là-dedans de nature partisane, mais il
y a une responsabilité politique.
Puis cessons de nous complaire dans ces
réponses, cessons d'accepter ces balivernes du Parti libéral, qui, pour
expliquer leur inaction et leur complaisance, vous offrent ce genre de réponse
là. C'est une responsabilité politique, voyons.
Mme Lamontagne (Kathryne) :
Mais, juste pour être claire, quand un ministre donne un ordre ou donne un
conseil, du moins, à une organisation comme l'UPAC, c'est quand même de
l'ingérence...
M. Khadir
: Le
ministre, ici, de la Sécurité publique donne l'ordre aux policiers de protéger
les chefs d'État qui viennent en G7 à Charlevoix. Est-ce qu'il fait de
l'ingérence?
Mme Lamontagne (Kathryne) :
Mais on parle de l'UPAC, là, on parle d'arrêter, on parle de...
M. Khadir
: Bien,
on parle de l'UPAC, mais c'est la même chose. Le politique doit s'assurer que
le corps policier fait sa job. Si le corps policier ne fait pas sa job après
sept ans, la politique doit s'y pencher. Comment ça se fait qu'il y a un tel
échec? Il y a un échec. À moins qu'on accepte le fait que, non, tout va bien,
là, Mme la marquise, tout va bien, Mme la marquise, ne vous inquiétez pas. Si
c'est ça, la réponse qu'on accepte, et les libéraux disent ça, on peut se complaire
dans cette complaisance.
Mais je pense que le peuple québécois,
après sept ans, s'attendait à mieux. Comme ça ne fonctionne pas, comme il y a
de l'inaction, comme il y a de l'échec, ça doit préoccuper le ministre, il doit
se demander... il doit les convoquer, il doit savoir pourquoi : Qu'est-ce
qu'il vous manque? Est-ce que vous manquez de moyens? Est-ce que vous manquez
d'argent? Est-ce que vous manquez de procureurs? Est-ce que vous manquez de
capacités de mandat? Je vais vous les offrir, allez chercher des filous.
Mme Lamontagne (Kathryne) :
Ce n'est pas ce qu'il fait déjà?
M. Khadir
: Là où il y
aurait de l'ingérence, c'est qu'il prenne le téléphone puis M. Coiteux
dise aux policiers : Allez arrêter M. Couillard, allez arrêter M. Khadir.
Là, ce serait de l'ingérence.
Mme Lamontagne (Kathryne) :
Mais vous dites, actuellement : Allez arrêter M. Charest, non?
M. Khadir
: Non,
non, je n'ai pas dit ça. Qui a dit ça? Moi, je dis : Pour moi, Jean
Charest est le suspect numéro un de la corruption politique qui a régné, au Québec,
au sommet du pouvoir du gouvernement. C'est le suspect. Mais, si ce n'est pas
lui, le coupable, si ce n'est pas Jean-Marc Fournier, si ce n'est pas leurs
acolytes, c'est qui? C'est à l'UPAC de répondre, à moins qu'on dise qu'il y a
eu corruption, il y a eu système, mais il n'y a aucune... Est-ce qu'on peut
accepter ça, logiquement, qu'il y a un système qui a été mis en place, qu'il y
a de l'argent qui a été ramassé et qu'il n'y a personne de responsable? Est-ce
qu'on peut accepter ça? Si on ne peut pas accepter ça et qu'il y a des
responsables, nous nous attendons à ce que l'UPAC et la DPCP les trouvent.
Après sept ans, c'est un échec de n'en avoir épinglé aucun.
Le Modérateur
: Pascal.
Question, sous-question, s'il vous plaît.
M. Dugas Bourdon (Pascal) :
Oui. Est-ce que vous pourriez aller jusqu'à demander une enquête indépendante
sur le travail de l'UPAC, du DPCP et de possibles ingérences du Parti libéral
sur ces organismes-là?
M. Khadir
: Je
vais vous dire ce que je ferais aujourd'hui si j'étais ministre de la Sécurité
publique et de la Justice, je convoquerais la direction de ces choses-là,
j'essaierais de comprendre quelles explications ont-ils à donner de leur
inaction et de leur échec.
M. Dugas Bourdon (Pascal) :
Et si vous n'êtes pas satisfait de l'explication?
M. Khadir
: En
fonction de ça, je changerais les directions pour mettre des gens compétents en
fonction puis je réfléchirais, avec l'opposition, sur peut-être un tribunal
spécial qui doit considérer ces choses-là.
Parce qu'on a vu, avec le cas du Faubourg
Contrecoeur puis il y a le cas de Nathalie Normandeau qui bloque, qu'il y a un
problème au sein même du mécanisme fonctionnement de nos tribunaux qui fait que
ça ralentit et ça rend difficiles les opérations, donc il faut revoir le
système.
M. Dugas Bourdon (Pascal) :
C'est quoi ça, un tribunal spécial? Qu'est-ce que vous voulez dire par là?
M. Khadir
: Bien,
c'est une réflexion à faire ensemble. Quel type… Un peu comme la commission
Charbonneau, qui est une commission d'enquête spéciale, indépendante en
fonction d'une mission, on peut mettre sur pied un tribunal indépendant spécial
qui se consacre uniquement aux crimes liés à la corruption politique. Parce
qu'actuellement toutes ces enquêtes-là passent à travers le système et les
tribunaux ordinaires, avec tout ce que ça entraîne comme complications, délais,
etc. Donc, on a peut-être besoin, pour arriver, maintenant qu'on voit que ça
prend autant de temps, d'un tribunal spécial dédié à la poursuite de tous les
filous, au sein de l'appareil gouvernemental, qui ont orchestré la corruption
depuis 15 ans.
Le Modérateur
: Marco.
Question, sous-question. Ça sera tout ensuite.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Très bien. Plusieurs manifestations s'organisent en vue du sommet des
dirigeants du G7 à Québec. Le premier ministre Philippe Couillard a invité les
manifestants à ne pas venir accompagnés d'enfants, par précaution, par
prudence, a-t-il dit. Est-ce que c'est possible, aujourd'hui, de manifester en
toute sécurité contre le G7? Est-ce que vous, vous…
M. Khadir
:
J'espère que oui. C'est sûr qu'il y a une violence étatique qu'on a vue depuis
Gênes, en Italie, et de nombreux autres exemples. On se rappellera même la ZLEA
ici en 2001, où il y a une réaction policière brutale trop importante.
Des fois, ça me fait penser aux maladies
auto-immunes, pour faire une analogie médicale, où la réaction du corps
policier cause plus de dommages que les quelques manifestations un peu
bruyantes avec quelques, je dirais, dérapages violents de certains abrutis qui
pensent que c'est la place pour ce genre de chose là.
Mais ce qui est certain, c'est que
l'essentiel du mouvement de contestation de ces réunions des puissants du monde
veut des manifestations pacifiques, familiales, dans lesquelles tout le monde a
sa place, et j'invite la population à participer à ces mobilisations
pacifiques.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Qu'est-ce qui a changé depuis 2001, notamment le Sommet des Amériques ici, à
Québec? On peut penser au G8, G20, en 2010, sauf erreur, à Toronto, où il y
avait une mobilisation populaire importante en 2001, les syndicats, les
associations étudiantes avaient lancé des appels à la mobilisation, tandis
qu'aujourd'hui il n'y a pas de grandes associations qui ont invité les gens à
se mobiliser et à manifester contre le G7. Comment vous expliquez ça, vous, M. Khadir?
M. Khadir
: Je
n'ai pas d'explication particulière à offrir pour ça. Ce que je peux dire, par
contre, c'est qu'une grande partie de la population a perdu pas mal d'espoir
dans les dirigeants politiques. C'est qu'à un moment donné le cynisme s'est
tellement accentué, la perception que ces dirigeants politiques sont
complètement insouciants et sourds à toute requête qui vient de la population,
que ça peut être, bien sûr, un peu démobilisant pour dire au monde : Bien,
venez manifester vos opinions. Mais ça, s'il faut accabler quelqu'un pour ça, c'est
les dirigeants, c'est les Trudeau de ce monde, qui, par leur action cynique,
par le fait de trahir leurs promesses les plus fondamentales, encouragent et
accentuent ce cynisme.
Le Modérateur
: Merci,
tout le monde.
(Fin à 12 h 1)