(Treize heures cinquante-trois minutes)
Mme Weil
: Bonjour,
mesdames, messieurs. Alors, aujourd'hui, le Mouvement Démocratie nouvelle a
fait connaître sa proposition de réforme de mode de scrutin. Cette proposition
a été endossée par les chefs du Parti québécois, de la Coalition avenir Québec,
de Québec solidaire et du Parti vert.
À première vue, la proposition dévoilée aujourd'hui
affecterait de façon importante la stabilité des gouvernements successifs, la
représentation des régions et l'imputabilité des députés envers la population.
La carte électorale serait revue en profondeur : une carte électorale à 75
circonscriptions passerait assurément par l'abolition de comtés dans toutes les
régions du Québec. Il s'agit d'un enjeu fondamental puisque les députés doivent
pouvoir représenter leurs électeurs de façon efficace. Les circonscriptions
seront donc beaucoup plus grandes, et les régions verront leur poids diminuer
de façon importante.
Si on fait l'exercice d'une projection
basée sur la carte électorale fédérale, qui compte un nombre de
circonscriptions très proche de la proposition devant nous aujourd'hui, on
remarque que la région de l'Abitibi-Témiscamingue passerait de trois à une ou
deux circonscriptions; la région du Saguenay—Lac-Saint-Jean passerait de cinq à
deux ou trois circonscriptions; la Côte-Nord pourrait ne compter qu'une seule
circonscription plutôt que deux; idem pour la Gaspésie, qui passerait de quatre
circonscriptions à possiblement une seule. À Montréal, il y aurait abolition de
neuf circonscriptions : on passerait de 27 à 18 comtés. Et la Mauricie,
elle a déjà perdu un comté à la dernière refonte de la carte. Combien lui en
restera-t-elle? Une circonscription? Deux circonscriptions? On n'a pas de
réponse. Et c'est comme ça dans toutes les régions du Québec.
Cette proposition nous semble, à première
vue, causer un préjudice profond envers les régions du Québec. Les oppositions
doivent être claires et jouer franc-jeu avec les électeurs. Ils doivent aller
sur le terrain, auprès des maires, des préfets, des citoyens et leur dire
clairement si leur comté sera aboli.
En ce qui a trait aux députés de
compensation, ils seront répartis sur une base suprarégionale dans ce que nous
appelons huit super régions absolument immenses. Un député de compensation aurait,
par exemple, pour territoire une région allant de Lévis jusqu'à Gaspé ou encore
englobant Gatineau, l'Abitibi et le Nord-du-Québec. Les préoccupations sur la
capacité de ce député de compensation de servir efficacement les citoyens d'une
région aussi large sont évidentes.
Plusieurs questions se posent et sont
présentement sans réponse. Quel est le rôle de ces députés régionaux vis-à-vis
des députés de comté et des ministres régionaux? Quelle sera l'imputabilité de
ces personnes face aux électeurs? À qui un électeur devra-t-il ou elle
s'adresser s'il a un problème, s'il veut faire avancer un dossier? Comment ces
députés pourront-ils représenter efficacement des régions aussi immenses?
Le rapport souligne aussi la possibilité
d'augmenter le nombre de députés à l'Assemblée nationale au-delà de 125
députés. Il serait intéressant de savoir combien de députés seraient ajoutés
exactement. On se souvient que le chef de la deuxième opposition s'est déjà
prononcé contre l'idée d'augmenter le nombre de députés. A-t-il changé d'idée?
La question se pose.
Je suis aujourd'hui avec plusieurs de nos
députés représentant différentes régions, et nous sommes abasourdis par
l'absence de considération pour la réalité d'un député sur le terrain dans nos
régions. Ce que l'on constate aujourd'hui, c'est que seul notre parti va
défendre toutes les régions du Québec. Nous sommes absolument convaincus que
cette réforme ne fait aucunement consensus sur le terrain, chez les électeurs,
et qu'elle diluera, de façon claire et nette, l'influence de toutes les régions
du Québec.
Il y a eu de très nombreuses consultations
au sujet de la réforme du mode de scrutin depuis les années 2000, et le
consensus, c'est qu'il n'y a pas de consensus dans la population. Comme on dit
souvent : Le diable est dans les détails. Les partis d'opposition ont le
devoir de littéralement mettre cartes sur table et de donner tous les détails
aux électeurs. On ne peut pas répondre «on verra» sur un enjeu aussi
fondamental.
Alors, je conclus mes remarques préliminaires.
Si vous avez des questions... Nous, on a beaucoup de questions, surtout, hein?
On a beaucoup de questions, parce qu'honnêtement, je vous dirais : On a
reçu le rapport. Bon, rapidement, on l'a parcouru à peine, mais tout de suite,
tout de suite, je suis là avec des collègues, tout le monde se posait des
questions. Mais qu'est-ce que ça veut dire? Et certains ont été là, lorsque ces
débats ont eu lieu en 2002, 2003, 2004, 2005, notamment Lise Thériault, qui
était là à ce moment-là. Et les questions sont les mêmes pour les députés, tous
les députés.
C'est quoi le rôle de cette personne-là,
au niveau suprarégional, par rapport à mon rôle de députée? Moi, je suis élue
directement par la population. Mais quelles seront les régions qui seront
éliminées?
M. Bovet (Sébastien) : Vous
le prenez par un bout, mais on pourrait le prendre par l'autre bout, de dire
qu'un parti qui a 10 %, 12 % des votes aux élections générales,
devrait être représenté par 10 %, 12 % des députés à l'Assemblée nationale.
N'y a-t-il pas, dans ce système actuel, une iniquité?
Mme Weil
: Nous, on
fait le commentaire de ce système-là, on l'a... on a tout regardé ça, hein? Il
y a eu...
M. Bovet (Sébastien) : Le
système actuel, lui?
Mme Weil
: Le système
actuel, c'est le système que connaissent les gens, c'est le système auquel les
gens se sentent à l'aise. Donc, ce n'est pas nous qui mettons une réforme sur
la table, c'est à ce groupe et surtout les partis d'opposition à répondre à ces
questions. On s'en va en campagne électorale justement et, d'ailleurs, le
timing est assez, comment dire, particulier.
Mme Thériault
: Bien,
moi, je me permettrais d'ajouter, M. Bovet, quand on est élu député, on est
député de toute la circonscription, de tous les électeurs, peu importe leur
formation politique. Un citoyen qui rentre dans mon bureau de comté, je ne lui
demande jamais s'il a voté pour moi ou pour une autre formation politique.
Toutes les associations politiques font partie de la vie des partis politiques
et il y en a dans les comtés, et c'est aux formations politiques de tenir
vivantes leurs propres associations dans les comtés respectifs lorsqu'on veut
faire avancer les choses dans les débats, dans nos congrès, dans les conseils
généraux. Mais à partir du moment où nous sommes élus comme députés, je donne
le service à mes citoyens sans jamais leur demander s'ils ont voté pour moi ou
non. Et je sers 44 000 électeurs de mon comté de la même façon.
M. Croteau (Martin) : Mais
c'est quoi… Le système actuel maintient la représentativité des régions, que
vous avez évoquée d'entrée de jeu, par un système d'exceptions qui fait en
sorte que les circonscriptions en régions éloignées restent intactes même si
leur poids ou leur population reste plus faible que les autres. Est-ce que
c'est un système que vous considérez juste et équitable?
Mme Weil
: Les comtés
d'exception?
Une voix
: Oui.
Mme Weil
: Bien,
écoutez, pour l'instant, on n'a pas de réponse par rapport à… D'ailleurs, il
n'y a pas de réponse, par rapport à cette réforme qui est proposée, si ce
système d'exceptions sera maintenu, mais, oui, on y croit. On y croit, pour
avoir une représentation effective.
Mais là je suis vraiment ici aujourd'hui
parce qu'on a beaucoup de questions, beaucoup de préoccupations. Et on s'en va
en campagne électorale, hein? Donc, les gens pourraient se poser la question,
mais… à chacun d'entre nous : C'est quoi, votre vision pour notre région?
Donc, un député de... des trois formations devront dire : Bien, on est en
Mauricie, là. Je ne peux pas vous dire s'il va rester quatre comtés, peut-être
qu'il y en aura deux, je ne sais pas, je ne peux pas répondre à ça. Alors,
c'est vraiment aux oppositions de répondre aux questions.
Pour l'instant, on a le système auquel les
gens sont attachés, qu'on connaît, un système qui fait en sorte qu'il y a quand
même diversité d'opinions, mais aussi des changements de gouvernement. On a eu
des changements de gouvernements et on a eu des gouvernements stables. C'est un
autre constat qui est fait par rapport à ce système, que ça produit des
gouvernements moins stables. Les gens veulent des gouvernements stables. Ils
veulent élire un gouvernement qui sera imputable et redevable envers les
citoyens, et qui pourra donc faire ses engagements, et qui sera jugé par
rapport à l'atteinte de ses engagements aux prochaines élections. Et c'est
comme ça qu'on fonctionne. Donc, il y a une imputabilité très directe par
rapport au système qu'on a.
Donc, quand on veut chambarder le système,
il faut vraiment avoir cette conversation avec les électeurs, avec les
citoyens. C'est ce qui s'est passé, donc, en 2004, 2005 et 2006, donc, des
députés qui ont fait le tour des régions avec quelque chose d'un peu semblable,
et, lorsque les individus, les électeurs se sont penchés sur la question, c'est
là qu'ils ont dit, et les députés : Ah! bien non, ce n'est pas le système
qu'on souhaiterait.
Donc, nous, ce qu'on dit, c'est :
Mettez cartes sur table, répondez à ces questions et ayez, donc, la
transparence d'avoir cette discussion dans les régions, avec les élus aussi,
d'autres élus d'autres paliers, donc, les MRC, donc, les maires. Engagez-les
dans cette discussion. Qu'est-ce que… C'est quoi, leur intérêt? Tout le monde
travaille ensemble, et tout le monde travaille bien ensemble pour représenter
les défis, les besoins de leurs régions, pour trouver des solutions à leurs
défis. Donc, le système a une grande stabilité par rapport aux relations des
uns et des autres. Et, comme ma collègue disait, Lise, chaque député représente
tout le monde, hein? C'est toujours comme ça qu'on fonctionne. Très bonne
réponse à ça.
Mme Thériault
: Bien,
moi, je vais même ajouter plus. Moi, je suis ministre régionale d'une région où
il y a trois députés caquistes, quatre députés péquistes, zéro libéral. J'ai un
attaché politique pour s'occuper de toute la région. Les députés jouent leur
rôle sur le terrain. Je ne suis pas là pour me substituer aux députés. Ça fait
que les gens, que ce soit leurs élus ou les citoyens, savent que s'il y a
quelque chose, ils vont aller voir la députée de Joliette ou le député de
Masson, ou de Terrebonne, ou peu importe leur comté. Ils vont aller rencontrer
leur député.
Par contre, pour faire avancer les
dossiers régionaux, les préfets, les élus travaillent avec moi. Et même les
députés sur le terrain travaillent avec moi pour faire avancer les dossiers. Il
n'y a aucune confusion des rôles. Et je parle à mes collègues au Conseil des
ministres.
Si on a des députés suprarégionaux,
quelles seront leurs responsabilités à eux, comparativement aux autres députés?
Si on parle de députés de formations politiques différentes, sans
nécessairement que ce soit un député suprarégional qui sera au pouvoir non
plus, quel sera son rôle, lui, par rapport à l'interférence qu'on fait ou
l'interaction qu'on a avec les différents ministres pour faire avancer les
dossiers? Moi, je suis une ministre régionale. Bien je peux vous dire que dans
la région de Lanaudière, les dossiers avancent bien, on règle beaucoup de choses.
On a réglé l'inéquité au niveau du financement des CISSS, on a injecté
22 millions, ça fait partie de mon rôle de ministre régionale.
À partir du moment où on va parler d'un
député avec un rôle supra, c'est quoi, son obligation, lui, d'être ici au Parlement?
Quelle est son imputabilité? Qu'est-ce qu'il aura comme budget? On parle de
régions qui sont énormes. Est-ce qu'il va avoir plus de ressources que moi?
Moi, je vais avoir le double de population à desservir dans mon comté, quand on
sait que c'est au niveau provincial qu'on a tous les cas de santé, d'écoles,
toutes les questions plus près de gens, c'est nous qui les avons, pas le
gouvernement fédéral. Donc eux, ils peuvent bien avoir une moyenne de
75 000, 80 000, 100 000 électeurs par comté. C'est très
différent. Ils n'ont pas la quantité de dossiers qu'on a.
Là, nous, ça va être quoi nos responsabilités dans
nos comtés par rapport aux députés supra? Personne n'est capable de répondre à
ces questions-là.
M. Croteau (Martin) : C'est
quoi, le risque?
Mme Thériault
: Bien,
c'est quoi, le risque? C'est qu'il y ait confusion des rôles, que... Même le
service à la population, le service au citoyen, est-ce qu'il va venir voir moi,
il va aller voir l'autre? L'autre qui a une hyper grande région, de Lévis
jusqu'aux Îles-de-la-Madeleine, comment vous pensez que ça va coûter, en frais
de déplacement, ça? Ça n'a pas de bon sens. Pensez-y, juste 30 secondes,
au niveau des ressources qu'on va devoir mettre au niveau du bureau de député.
Quand on parle de la Gaspésie puis des grandes régions, on parle très souvent
de comtés qui ont entre 15 et 30, 40, 50 municipalités, à l'heure
actuelle. Si on augmente, dans une carte, avec un 10 % d'écart seulement,
ce qui est le cas de la CAQ, imaginez l'étendue des comtés, alors qu'on siège
plus souvent ici qu'on est dans nos comtés. Je ne voudrais pas être une députée
de région, je suis contente de rester à Montréal, moi.
Une voix
: ...
Mme Thériault
: Bien,
honnêtement, je ne vois pas comment le député sera en mesure de faire le tour
de ses associations, de travailler avec plus que 50 maires dans certaines
réalités. Les Îles, il arrive quoi? Les Îles seront fusionnées avec la Gaspésie
ou ils auront un comté de 10 000 électeurs, puis ils en ont 400 000?
Mme Weil
: C'est des
questions qu'on pose.
Mme Thériault
: C'est
plein de questions qu'il n'y a pas... personne n'est capable de répondre.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Mais pourquoi vous n'avez pas participé aux
consultations du Mouvement Démocratie nouvelle, puisque vous vous intéressez au
point de vue des citoyens? Ça aurait été une bonne occasion de l'entendre.
Mme Weil
: Mais on a
fait cet exercice.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Mais il y a 10 ans, 12 ans.
Mme Weil
: Oui. C'est
très récent, ça. C'est très récent. Pensez-vous que...
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Pourquoi ne pas le refaire, ça ne vous
intéresserait pas?
Mme Weil
: Pensez-vous que
tous ceux qui ont vécu cette consultation voulaient y revenir? Non, parce qu'ils
avaient tout fait : un avant-projet de loi, une consultation, ils sont allés
dans toutes les régions, et, en bout de ligne, c'est exactement les genres de questions
qu'on pose que se posaient les citoyens.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Mais, quand...
M. Moreau (Jean-Frédéric) : L'argumentaire
que vous...
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Ce que vous avancez, en fait, est basé sur les
observations que vous avez faites il y a 12 ans...
Mme Weil
: Et des
études, et etc.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Quelle crédibilité vous accordez à la démarche
du Mouvement Démocratie nouvelle et à son rapport?
Mme Thériault
: Bien,
moi, je vais juste vous dire que le besoin du citoyen, il n'a pas changé, dans
le comté. La personne qui va venir chez nous, elle a des besoins d'employabilité
au même titre qu'elle en avait voilà 10 ans, qu'on a besoin des services
de garderie...
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Mais comment vous faites pour savoir?
Mme Thériault
: Parce
qu'on parle à notre population, puis on est des députés terrain. On est là, on
parle...
Mme Weil
: Là, c'est
des députés qui...
Mme Thériault
: ...avec
nos gens. On est là sur le terrain. Ce n'est pas juste la ministre régionale
que vous avez devant vous, vous avez une députée qui a fait six campagnes
électorales, qui a 44 000 de population. J'ai le comté sur l'île de
Montréal où j'ai le plus d'aînés. Je connais ma circonscription comme le fond
de ma poche. Je sais où elle commence, je sais où elle termine. Mais,
honnêtement, je parle à mes concitoyens, il n'y a pas personne qui me parle de
la réforme de la carte électorale. Au contraire, ils veulent nous voir plus
souvent dans nos comtés, puis on est ici, on est au Parlement.
Mme Weil
: Ils veulent
savoir qui est responsable. Ils veulent savoir à qui s'adresser.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : ...vous accordez... Je repose ma
question : Quelle crédibilité vous accordez au processus de Mouvement
Démocratie nouvelle?
Mme Weil
: Nous, ce
n'est pas notre rôle d'accorder crédibilité ou non. On n'a pas participé. Le
rapport vient d'être rendu public. On réagit donc comme ça, avec des questions,
et les questions... vous devrez poser ces questions à ceux qui veulent changer
notre système.
M. Moreau (Jean-Frédéric) :
...question, respectueusement. En fait, l'argumentaire que vous avancez, on
l'entend depuis des années...
Mme Weil
: Mais quels seront
les comtés qui seront éliminés?
M. Moreau (Jean-Frédéric) :
Non, mais... oui, O.K., mais l'argumentaire que vous avancez...
Mme Weil
: Non, mais,
c'est sérieux, ça.
M. Moreau (Jean-Frédéric) :
L'argumentaire que vous avancez, on l'entend depuis des années, O.K.?
Mme Weil
: Oui. C'est
ça.
M. Moreau (Jean-Frédéric) :
Mais il n'y a pas juste la question de la représentation des régions. En fait,
ce qui est sur la table, c'est une proposition pour justement améliorer la
représentation des régions tout en assurant une meilleure proportionnalité au
Parlement...
Mme Weil
: Vous avez
des députés, là, ça, c'est l'expérience...
M. Moreau (Jean-Frédéric) :
Oui, mais, ma question est la suivante, si vous permettez : Comment vous
expliquez qu'une proposition comme celle qui est sur la table rejoigne les
intérêts du Parti québécois, de la... bien, les intérêts... le bon sens supposé
du Parti québécois, de la CAQ et de Québec solidaire, tandis que vous, de votre
côté, ça semble être une fin de non-recevoir absolue?
Mme Thériault
: Non,
regardez, vous l'avez dit : Elle rejoint... la proposition qui est sur la
table répond aux besoins des partis politiques, et non pas des citoyens sur le
terrain, alors que nous, on travaille avec les citoyens.
M. Moreau (Jean-Frédéric) :
…c'est un mouvement de la société civile, quand même, qui a…
Mme Thériault
: C'est
un… Non, c'est un mouvement qui est aussi dans le fait de la représentation des
partis politiques à l'Assemblée nationale, puis c'est comme ça qu'il faut le
voir. Nous, on le regarde de l'autre côté. Est-ce que… Nous, ce qu'on regarde,
c'est le travail de député pratico-terrain qu'on a à toutes les fins de semaine
et à tous les jours, quand on est dans nos comtés, la réalité des gens qui
viennent frapper à notre porte, qui ont besoin de services.
M. Moreau (Jean-Frédéric) :
Mais ces députés-là ne partiront pas.
Mme Thériault
: Non,
bien, vous ne comprenez pas le travail. C'est justement, les comtés seront plus
grands. Pensez-vous vraiment que le député va être en mesure de desservir un
comté qui va des Îles-de-la-Madeleine jusqu'à Lévis?
Mme Weil
: Ils vont
être éliminés, premièrement. Il y en a qui disparaissent. Il y en a qui
disparaissent.
Mme Thériault
: Il va
avoir un député pour tout faire ça.
M. Chevarie : Il y a une
question, en plus, d'accessibilité aux députés, premièrement. Deuxième chose,
il y a une question de connaître les enjeux, également, du territoire ou de la
Gaspésie, si je prends, par exemple, l'exemple des Îles-de-la-Madeleine et de
la région Gaspésie—Îles-de-la-Madeleine, et il y a une question d'occupation du
territoire. Et je pense que, dans le système actuel, le Québec, avec le DGE, a
la possibilité de s'adapter en fonction des années et de la population, aussi,
qui grandit et des particularités. Et c'est pour ça qu'il y a une réforme de la
carte électorale.
Alors, je pense qu'actuellement, dans le
système actuel, au moins on connaît nos faiblesses et on est capables
d'atténuer ces faiblesses-là. Mais, dans le nouveau système qui est proposé, il
y a toute une zone, une phase d'incertitude qui est majeure pour la société
québécoise.
M. Moreau (Jean-Frédéric) :
Est-ce qu'il y a aussi l'enjeu de la proportionnalité pour représenter le choix
des Québécois vu dans l'ensemble? Ça, est-ce que ça vous rejoint?
Mme Weil
: Mais il y a
un choix à tous les quatre ans, ils peuvent changer de gouvernement, basé sur
ce que ce gouvernement a fait, c'est… l'imputabilité est là, et c'est comme ça
que notre système fonctionne. Les gens sont satisfaits. Je vous dis que
l'expérience qui a été vécue, c'est beaucoup, comment dire… nos opinions et les
réactions que vous voyez aujourd'hui, c'est exactement les réactions qu'il y a
eu en 2006, 2005. Donc, c'est des élus qui ont beaucoup d'expérience de
terrain. Donc, ce n'est pas abstrait. Ce n'est pas… C'est vraiment le vécu d'un
député qui parle de ses tripes et de son expérience de représentation des
députés.
Donc, ce qui avait vraiment causé problème
la dernière fois, puis on voit que le problème revient : C'est quoi le
rôle, mon rôle comme députée? Il y a une confusion, et ce député suprarégional,
qui n'est pas choisi par l'électeur directement, mais par le parti, à cause
d'une… proportionnellement au vote. Alors, c'est ça qui crée…
M. Moreau (Jean-Frédéric) :
Oui, mais c'est parce qu'un député du Parti québécois ou un député de la CAQ
fait le même travail que vous comme député. Pour il penserait différemment...
M. Plante : Oui, mais,
écoutez, c'est le respect de l'intégrité des régions. Il faut faire attention.
Nous, on respecte l'intégrité des régions. Puis je vais donner mon
exemple : J'ai la circonscription de Maskinongé. Je couvre l'entièreté de
la MRC de Maskinongé, c'est 17 municipalités depuis la réforme de la
carte. Je couvre aussi tout l'ouest de la ville de Trois-Rivières et le secteur
de Pointe-du-Lac, deux enjeux totalement différents, deux heures de distance
entre chaque bout.
Si la proposition était appliquée, es-tu
prêt de me garantir qu'on va avoir la fusion contiguë de ma circonscription ou
si tu vas me dire que la Mauricie va se ramasser encore avec trois
circonscriptions ou deux circonscriptions? Ça, c'est la question. Pour te dire
qu'une région comme la Mauricie, c'est trois régions : tu as le nord de la
Mauricie qui est La Tuque et les agglomérations autour, tu as le centre de la
Mauricie qui est Shawinigan, Mékinac et ce qu'il y a autour, et tu as le sud de
la Mauricie qui est la MRC de Maskinongé, la ville de Trois-Rivières et la MRC
des Chenaux.
Trois réalités totalement différentes dans
une grande région où ce que les enjeux sont très importants. Moi, je vais te
dire : Dans mon bureau de circonscription, il passe à peu près 2 000
personnes par année, et je fais 550 activités par année. Si demain matin, tu
doubles mon territoire ou tu triples le territoire, tout dépend, ça serait
impossible, humainement impossible, premièrement. Deuxième des choses... puis
je ne suis pas gêné, vous pouvez aller voir ma page Facebook, vous allez voir,
j'en fais des activités, je ne suis pas gêné du tout, du tout.
Deuxièmement, je vais te conter quelque
chose : En fin de semaine, j'avais des inondations. Dans les petites
municipalités, là, le rôle du député est vraiment primordial, puis on doit
prendre un rôle de coordination, d'aide et d'entraide des services publics.
Donc, j'étais en communication à chaque jour avec les municipalités, la
sécurité civile, la SQ, les ambulances pour assurer justement un meilleur
service à la population. Demain matin, tu triples le territoire, je serais
bien, bien mal placé pour pouvoir le faire.
Deuxième des choses, quel sera le rôle de
ce député non élu sur une liste partisane représentant simplement une formation
politique? Ça, c'est une question qu'ils doivent répondre, parce que va-t-il
représenter les citoyens de Mauriciens ou bien va-t-il représenter sa formation
politique? Et ça, ça m'inquiète. Parce que, moi, aujourd'hui, tu me demandes
pourquoi je fais de la politique, je vais te répondre et l'ensemble de mes
collègues vont te répondre la même chose : On le fait pour les citoyens de
nos circonscriptions en premier. Et, oui, effectivement, on est membres du
Parti libéral, puis on en est fiers. Mais le premier engagement, c'est envers
nos citoyens de nos circonscriptions et, à chaque jour, on les défend avec coeur,
passion.
Une voix
: In English.
La Modératrice
:
Dernière question... Yes, exactly, yes.
Mme Bryan-Baynes
(Elysia) : Yes. The opposition parties say that's
their proposal will actually make the regions stronger, and historical
minorities, like Anglophones, stronger under this
system. I just want to get your reaction.
Mme Weil
: When you ask Montrealers if they want to have less ridings in Montréal, you ask Anglo-Montrealers that.
The answer is no. So it's always the same question, OK: Look to your
left, look to your right, next election, if this came in, one of you is gone.
You know, it's that worry that there is going to be fewer deputies to represent
and to do the job that they have. It's an enormous job, an enormous job. And so
to say that Anglophones somehow would be more favorable to this is quite the
opposite, quite the opposite. In urban areas, but regional areas as well, what
my colleagues have mentioned about the job that they have in the regions, they
represent Anglophones as well and they know their communities, they know their
communities and they know them well, they come and they talk to me about it,
they're attached to each one of their communities. All of a sudden, if they are
riding triples, it's impossible to do that job as well as you do it now.
The other big question is: What is the role of the one
who's been elected actually by
name, by face? We want you, you're the one we met on the campaign trail, you're
the one who made these promises, we like you, we want you. Who's this other
one? Who's this other one, or two, or three? They're somehow going to come to
interfere. Who's actually accountable? And who made the promises? I'm the one
with the electoral program; I don't know what this other party is doing here.
Imagine the conflicts. But it's not for us to answer their… the questions that
we're asking them, it's for them to answer the electors. And I find that the
timing of this is particular, because we're going into an election. The last
thing people want to know is that there's some kind of instability. And are we
going to something new? People don't necessarily...
So, that's why we think
they need to clear the air now, it's important: what is it that their
intentions are, that they tell their electors, that they tell their mayors,
that they tell their MRCs what is it that they're planning to do. So, we're
here to ask the questions : Which ridings will be eliminated? And how do
they propose to ensure that the accountability is there and that the government that's elected based on this new
system is able to answer for its promises and be accountable.
Mme Bryan-Baynes
(Elysia) : And traditionally, they said that it
requires all parties to agree to any kind of major change to the electoral
system, and they said clearly, just a short while ago, that they would do it on
their own if they had enough seats to be able to do that. What...
Mme Weil
: They'll be judged by the electors. We represent a lot of Quebeckers. The Liberal Party has always
represented a lot of Quebeckers.
So, let them go on the ground, tell the electors they want to eliminate your
riding : Yes, we've got your riding, it's a target for us, we're
eliminating it. Let them go answer those questions. That's what we're telling
you.
Mme Bryan-Baynes
(Elysia) : Do you think that they should stick to
tradition and try to get everyone on board if they want to move forward?
Mme Weil
: We don't, it's off for us. They're the ones who have come forward
with the proposal. We went through this a few years ago. A major effort was
made and went in all the regions, the «députés» went in all the regions. It was
Benoît Pelletier who had this mandate for three, four years, and it ended up
with the people saying : No, we like this system, we know it, we know who
our «député» is, we're attached to him, we like the size or our riding.
Sometimes, some of the ridings are big, and yes, it's a challenge, but it's the
riding we know. So, before you start shaking things up, you'd better be clear
about what your intentions are and tell us how you're going to shake it up,
tell us what that map is going to look like.
Mme Bryan-Baynes
(Elysia) : And if they go ahead without… if, you
know, after, as you mentioned, after the election, they go ahead without all
the parties involved, what do you think of that…
Mme Weil
: Well, I think the electors will express themselves. I think people,
I think Quebeckers will have
to... their voices will have to be heard.
M.
Dugas Bourdon (Pascal) : Mme Weil, rapidement, ce matin, on apprenait
dans LaPresse que la GRC envisage le dépôt de nouvelles
accusations criminelles contre SNC-Lavalin. Considérant que votre conjoint est
l'ancien vice-président de SNC, est-ce que vous avez un commentaire à faire?
Mme Weil
: Il a répondu
très clairement à la question.
La Modératrice : Merci.
(Fin à 14 h 18)