(Neuf heures trente-trois minutes)
M. Villeneuve
:
Alors, bonjour, tout le monde. D'abord, je vais vous présenter les gens qui
m'accompagnent. Nous avons trois représentantes... porte-parole, en fait, du
groupe Voix citoyenne, Mme Mireille Bonin, qui est avec nous, nous avons Mme Luce
Bélanger, qui est présidente UPA Québec—Jacques-Cartier et qui est aussi vice-présidente
de la Capitale-Nationale—Côte-Nord.
Alors, écoutez, ce matin, ce point de
presse a pour but de rappeler l'engagement du Parti québécois quant à l'avenir
des terres des Soeurs de la Charité, qui sont situées dans Beauport, donc tout
près du Parlement. D'ailleurs, lorsqu'on est à la fontaine de Tourny, si on
regarde au nord-est, on voit très bien les terres de la Charité. Pour les gens
qui ne connaissent pas le secteur, ça va leur permettre de pouvoir identifier
l'endroit.
On sait que... D'abord, on parle ici de
tout près de 200 hectares de très bonnes terres agricoles et qui sont toujours
aujourd'hui en culture, et ce, après des centaines d'années, voire plusieurs, plusieurs
années, donc, en culture. On sait que ces terres ont été achetées par la Société
en commandite Terres d'espérance. Le prix payé pour leur acquisition,
39 millions de dollars, représente plus de 11 fois le prix moyen à
l'hectare, soit environ 184 000 $ l'hectare. Sachant que la moyenne
dans la région de Québec est d'environ 16 000 $ l'hectare, donc on
parle de 11 fois, plus de 11 fois le prix moyen. Alors, quand on
parle de pression à la hausse sur la valeur des terres agricoles, eh bien, on a
là un exemple assez patent, je vous dirais, surtout quand on est près des
grands centres.
On sait qu'ultimement l'objectif visé est
d'y construire 6 500 habitations pouvant y accueillir 20 000 personnes,
alors il y aura des conséquences. Si jamais ce projet-là allait de l'avant,
bien sûr, il y aura des conséquences. D'abord, on perdrait à jamais 200 hectares
de très bonnes terres, donc, de très bonnes terres, des terres de très grande
qualité au Québec, et évidemment à Québec même. Et là on pourrait parler
d'avoir des terres près des grands centres urbains, ce qui permet d'avoir des
circuits courts, d'avoir de la fraîcheur.
Ensuite, autre conséquence, évidemment, il
y aura assurément des incidences sur la qualité de vie des résidents actuels.
Il y aura aussi, évidemment, un impact sur la valeur des maisons, de
l'immobilier, donc des maisons actuelles environnantes. Et qui dit augmentation
de la valeur, bien, souvent ça va avec une hausse du compte de taxes, on
s'entend. Et inévitablement cela provoquera un accroissement de la congestion
routière.
Alors, pour toutes ces raisons et bien
d'autres que les gens ici pourront vous exprimer, toutes ces raisons et bien
d'autres, le Parti québécois tient à réitérer ce matin son engagement, à savoir
qu'un gouvernement du Parti québécois ne permettra pas que les terres des Soeurs
de la Charité sortent de la zone agricole. Et, pour ce faire, nous avons bien
l'intention d'utiliser l'article de loi 96 de la Loi sur la protection du
territoire et des activités agricoles, et je vous la lis rapidement, je vous
lis rapidement l'article : «Le gouvernement peut, par avis écrit à la
commission, soustraire une affaire à sa compétence.
«Lorsque le gouvernement se prévaut des
pouvoirs qui lui sont conférés au présent article, la commission doit lui
remettre une copie du dossier et aviser par écrit les intéressés que l'affaire
à été soustraite à la compétence de la commission. Le gouvernement est alors
saisi de l'affaire avec les mêmes pouvoirs que la commission et rend sa
décision après avoir pris avis de la commission.
«La décision du gouvernement est déposée à
la commission. Celle-ci en avise par écrit les intéressés.»
Et je me permets ce matin de demander au
Parti libéral, de demander à la CAQ de prendre le même engagement. Il y a des
élections le 1er octobre prochain, là, alors je demande au Parti libéral
et à la CAQ de prendre le même engagement. Est-ce qu'ils vont s'engager à
garder dans le giron de l'agriculture les terres des Soeurs de la Charité? La
question est posée, et on espère avoir une réponse de leur part.
Ceci étant dit, on vous annonce aussi ce
matin, par la même occasion, qu'à midi pile nous serons donc dans
l'arrondissement de Beauport, près des terres de la Charité, nous allons aller
distribuer, avec une équipe de bénévoles, cet accroche-porte pour sensibiliser,
informer les citoyens, finalement, du projet qui est... du projet exprimé par
la société en commandite qui s'appelle Terres d'espérance.
Et je veux dire pour terminer que le
message que le Parti québécois veut envoyer à l'ensemble des spéculateurs du
Québec, bien, c'est un message à la grandeur du Québec, à savoir : Nos
terres agricoles, c'est le Fonds des générations. Le Fonds des générations, là,
ce n'est pas des chiffres virtuels dans une colonne d'un grand livre comptable,
le fonds, le réel Fonds des générations, c'est la préservation et la conservation
de nos terres agricoles, et elle est vraiment là, la motivation première de
notre action ce matin.
Je veux saluer... je pense que monsieur...
Une voix
: ...
M. Villeneuve
:
Oui, c'est ça, M. Hébert vient de se joindre à nous, donc, qui est
président de la relève agricole dans le secteur — ne bougez pas, que
je revienne, juste pour faire les choses correctement — donc
président de la relève agricole Capitale-Nationale—Côte-Nord. Bienvenue à ce
point de presse.
M. Hébert (Christian) :
Merci.
M. Villeneuve
:
Alors, voilà.
La Modératrice
: Merci.
Maintenant, Mme Bonin.
Mme Bonin (Mireille) :
Merci. On remercie à un parti politique de nous ouvrir la porte pour parler de
la vision des citoyens, de ce que ça représente pour nous les terres agricoles.
Aujourd'hui, c'est le Parti québécois, mais, comme disait M. Villeneuve,
j'espère que ce seront tous les partis qui auront cette vision-là.
Nous, on a appris, en 2014 par les médias,
que les terres agricoles des Soeurs de la Charité étaient vendues à un
promoteur immobilier, en fait au plus grand promoteur immobilier qu'on a
présentement à Québec, avec la collaboration de l'Agence de revenu Canada, d'en
faire un projet de bienfaisance. Alors, quand on a vu ça, nous, comme citoyens,
on a trouvé ça un peu scandaleux. Comment est-ce qu'un promoteur immobilier
pouvait, parce qu'il achetait d'une communauté religieuse, devenir, lui, une oeuvre
de bienfaisance en soi?
Alors, il fallait qu'on fasse quelque
chose. Ce qu'on a fait, c'est qu'on a commencé à organiser des conférences pour
qu'on ait, entre citoyens, le loisir et la possibilité d'en parler. On a fait
venir des professeurs d'université dans plusieurs conférences, on a aussi
organisé une grande marche festive le 10 juin 2017, ça fait bientôt
un an.
Mais, parallèlement à tout ça, il y avait
le travail qui était fait au niveau de la révision du schéma d'aménagement. Et
la révision du schéma d'aménagement, ça se révise aux 25 ans, alors c'était
une occasion en or pour nous, comme citoyens, de voir venir les possibilités
d'un aménagement qui était sensible à l'environnement, qui était sensible à ce
que les urbains voyaient maintenant comme important. Et les urbains,
maintenant, ce qu'ils trouvent important, c'est de préserver notre aire, de
préserver nos terres agricoles, de préserver aussi la possibilité de savoir
d'où viennent les produits locaux. On a décidé d'en faire nous-mêmes, des
produits locaux, alors les citoyens se sont mis à se faire des boîtes à fleurs,
à planter des tomates cerises, à faire grimper des vignes à raisins sur leurs
maisons.
Et donc, quand sont arrivées les trois
lois du gouvernement provincial, la loi sur la métropole de Montréal, la loi
sur la Capitale-Nationale à Québec et la loi sur les gouvernements de proximité
pour concentrer tous les pouvoirs entre les mains des municipalités, nous, on a
eu peur. Nous, on a pensé que le gouvernement du Québec se délestait, se lavait
les mains de l'aménagement du territoire et qu'il fallait s'en mêler. Alors, on
a appris, par le travail qui a été fait ensuite au niveau de cette révision-là
du territoire agricole, que les citoyens de Québec, les gens qui étaient des
simples citoyens ou des petites organisations, des petits OBNL, tous ces
gens-là étaient contre l'agrandissement du périmètre urbain et certainement
contre les terres agricoles. Du monde qui n'avaient jamais, dans leur vie,
connu… qui n'avaient jamais été fermiers, leurs parents n'en étaient pas, c'était
des urbains, mais qui reconnaissaient cette valeur-là inestimable.
Alors, nous, on sait maintenant que la
plupart des terres agricoles sont la propriété de promoteurs immobiliers. C'est
incroyable. On regarde des films, là, c'est maintenant la... les documentaires
qu'on voit… On a été voir le film Main basse sur la ville à Montréal et
on a vu que Laval, les gens de Laval montraient sur une grande carte que tout
le territoire agricole appartenait à des particuliers, à des promoteurs
immobiliers. C'est la même chose autour de Québec. Il n'y a pas juste les
terres agricoles des Soeurs de la Charité, il y a aussi les terres autour de
l'aéroport.
Et donc, comme citoyens, nous, on
considère que les terres agricoles méritent qu'on considère ça comme un bien
commun. C'est un patrimoine commun, et ça prend des leaders forts en arrière
pour pousser ça, parce que, si un jardin ne survit pas sans son jardinier, une
loi pour la protection des terres agricoles ne survit pas à l'immobilier s'il
n'y a pas des gens derrière pour le battre.
Alors, ce qu'on demande en plus — on
va plus loin — nous autres, on voudrait qu'il n'y ait pas de
spéculation foncière des terres agricoles, d'exclure les terres agricoles de la
spéculation foncière et on voudrait que soit révoqué le titre de bienfaisance
au projet des terres agricoles présentement, de cette ville dans la ville. Ce
n'est pas comme ça qu'on fait de la charité.
Alors, merci au gouvernement du Québec de
nous écouter. Merci à tous les futurs gouvernements du Québec de savoir qu'on
tient à nos terres agricoles. Merci.
La Modératrice
: Merci.
Maintenant, Mme Bélanger.
Mme Bélanger (Luce) :
Bonjour. Première des choses, je suis présidente, mais je suis aussi
agricultrice, donc, moi, je vis de l'agriculture.
Les terres des Soeurs de la Charité, comme
on a dit plus tôt, c'est des terres qui ont toujours été utilisées en
agriculture et elles sont encore utilisées en agriculture, donc leur valeur
agricole est encore là. Elles ont toujours été cultivées, comme j'ai dit, donc
ce n'est pas des terres en friche. Donc, le spéculateur, quand il a acheté, il
savait très bien que ces terres-là étaient utilisées pour l'agriculture.
Dans le schéma d'aménagement, on en a
parlé un petit peu, nous, la position de l'UPA était de dire qu'il y avait
amplement de place dans la région de la ville ou l'agglomération de la ville de
Québec pour loger toutes les personnes dans les 20 prochaines années au
moins. Savoir combien de personnes vont venir s'installer dans la ville de
Québec, c'est lire dans une boule de cristal, parce qu'on peut prévoir
certaines choses, ça ne veut pas dire que ça va arriver. Et, si ça n'arrive
pas, bien, on va avoir dézoné des bonnes terres, des terres de super bonne
qualité, des terres sur lesquelles on peut faire pousser à peu près n'importe
quoi pour mettre des maisons. Puis, comme je dis tout le temps, la minute qu'on
met du béton sur une terre agricole, elle est finie, vous ne pouvez plus
l'utiliser pour des fins agricoles.
Donc, nous, on a demandé de réviser le
montant de logements qui seraient demandés ou qu'il y aurait besoin de créer
pour les prochaines années en disant que le chiffre n'était pas réaliste. On
attend toujours le schéma, on n'a aucune idée de ce qui se passe avec ça. On
espère, en tout cas, que les gens des gouvernements ou des instances concernées
ont considéré la quantité de logements disponibles en ce moment par rapport aux
futurs résidents.
On parle aussi de la valeur agricole de
ces terres-là. Comme je dis, c'est des terres qui sont de super bonne qualité,
c'est des terres sur lesquelles on pourrait faire n'importe quoi. On parle d'agriculture
urbaine, on veut faire des jardins sur des toits, mais en même temps on veut
dézoner des terres qui sont à proximité. On parle de circuits courts, on parle
du Grand marché, on parle de plein de choses, on stimule l'agriculture, mais en
lui coupant carrément l'herbe sous les pieds en voulant dézoner des terres
comme ça. Puis on a parlé aussi des terres des Soeurs de la Charité, le
200 hectares, mais on parle aussi des terres dans le coin de l'aéroport
puis à Saint-Augustin aussi, des terres qui sont agricoles et qui ont
possiblement des demandes de dézonage dans le schéma d'aménagement.
Pour nous, à l'UPA, c'est sûr qu'à chaque
fois qu'on perd du territoire agricole, on perd de l'agriculture. Puis on dit
tout le temps : Au Québec en entier, il y a seulement 2 % des terres
qui sont agricoles qui sont encore arables, qui sont encore utilisées ou qui
sont encore zonées vertes, donc importance encore de garder ces terres-là. Puis
naturellement, bien, les plus belles terres sont souvent autour des villes
parce que les villes sont venues s'installer sur les terres agricoles et non le
contraire. Ça fait que, pour nous, c'est très, très important de garder la
valeur de ces terres au niveau de l'agriculture pour le futur de l'agriculture,
pour le futur des gens, parce que la nourriture, bien, c'est aussi important
que des logements, mais on peut mettre un logement sur un terrain de sable,
mais on ne peut pas faire d'agriculture là-dessus. Merci.
La Modératrice
: Merci.
Maintenant, M. Christian Hébert.
M. Hébert (Christian) :
Bonjour. Je m'appelle Christian Hébert, je suis producteur agricole, je suis
président de la relève agricole pour la Capitale-nationale—Côte-Nord et second vice-président
de la FRAQ.
L'accaparement des terres, comme il est
fait avec les terres des soeurs patrimoniales des... les terres des Soeurs de
la Charité, c'est un type d'accaparement qui nous touche tous comme relève. À
notre dernier congrès, au début du mois de mars, on a une résolution qui a
passé à l'unanimité contre l'accaparement et la financiarisation des terres, et
on demande une loi contre la financiarisation des terres.
Un exemple, l'an dernier, j'ai déposé un
grief pour manquement à l'éthique au président de La Financière agricole du Québec.
Dans les dernières années, le prix des denrées agricoles a été bon, ça a fait
des surplus dans nos programmes. En plus, comme relève, on a milité pour que
soit créé un fonds d'investissement en relève agricole : 25 millions
du gouvernement du Québec, 25 millions de Desjardins, 25 millions du
Fonds de solidarité. Ce n'est pas utilisé tout d'un coup, ça fait que cet
argent-là, il ne dort pas à La Financière, il est placé à la Caisse de dépôt et
placement du Québec. Et maintenant la Caisse de dépôt devient la banque de
Charles Sirois et de Pangea pour piquer nos terres. Et, par le bras immobilier
de la Caisse de dépôt, Ivanhoé Cambridge, ça devient aussi la banque de Cominar,
qui accapare les terres dans la région de Québec. On est tous touchés. C'est
des projets qui sont très loin de la biodiversité comme on souhaite atteindre.
C'est une plaie pour la relève agricole, ça met en péril la souveraineté
alimentaire du Québec. Et on est tous vraiment touchés parce que c'est la pire
attaque, c'est le pire désastre environnemental de l'histoire moderne du Québec.
Merci.
La Modératrice
: Merci.
M. Villeneuve va clore avec un petit mot.
M. Villeneuve
: En
conclusion, je pense que M. Hébert vient d'en faire une très bonne. Moi,
je veux juste réitérer notre position, à savoir que nous ne permettrons pas que
ces terres-là sortent de la zone agricole. Et on veut envoyer un message très
clair à l'ensemble des spéculateurs du Québec qui auraient idée d'acheter des
terres pour, justement, attendre, et attendre, et attendre pour, tôt ou tard, y
construire des maisons dessus : On est à l'ère de la densification et on a
un patrimoine collectif à protéger, et les terres des Soeurs de la Charité en
font partie. Merci.
La Modératrice
: Merci.
On va maintenant passer à la période de questions. Micro de gauche, Pascal
Dugas, de Québecor Média.
M. Dugas Bourdon (Pascal) : M. Villeneuve,
vous reprochez souvent au fédéral d'empiéter sur les compétences de Québec,
mais là ce que vous faites, c'est un peu la même chose avec la ville de Québec,
parce que le zonage, c'est de compétence municipale.
M. Villeneuve
:
Bien, si vous voulez qu'un zonage agricole soit efficace, il faut qu'il soit
géré par une loi, et il existe une loi qui gère ça, et cette loi-là, pour
qu'elle puisse être cohérente, elle doit s'appliquer à l'ensemble. Donc, oui, effectivement,
les MRC peuvent se donner des plans de schéma d'aménagement, vous avez raison. D'ailleurs,
il y a des auditions, il y a des consultations. Et, pour avoir été maire, j'ai
participé, dans la MRC de D'Autray, à l'époque, justement... un schéma
d'aménagement. Vous avez raison là-dessus, le fédéral, oui, qui, sans tenir
compte de nos avis, permet des aérodromes un peu partout au Québec, là, permet
des expropriations sans consultation et sans aucune possibilité pour le gouvernement
du Québec d'intervenir. Alors, on est un petit peu locataires, au Québec, de
nos terres.
Dans le cas qui nous préoccupe, votre question,
elle est fort intéressante, mais, en quelque part, on est à l'ère de la
densification, je le disais tantôt, et la ville de Québec, ça a été démontré qu'ils
peuvent densifier encore beaucoup, beaucoup, beaucoup sans toucher à ces
terres-là.
Alors là, il y a une question aussi
d'avoir une orientation nationale. Et je pense que la loi le dit bien, c'est
une orientation nationale qu'il faut avoir. Et c'est clair, là-dessus je vous
donne raison, qu'un gouvernement intervienne en utilisant l'article 96 de la
loi, c'est par une volonté politique de le faire. Et nous affirmons, au Parti
québécois, que nous aurons ce courage politique pour, justement, préserver les
terres des Soeurs de la Charité dans le giron agricole.
M. Dugas Bourdon (Pascal) :
Est-ce que vous craignez que M. Labeaume dise : Bien, c'est ma
décision, c'est à moi de prendre cette décision-là, vous marchez sur mes
platebandes?
M. Villeneuve
:
Bien, je ne crains personne. Je suis un législateur et j'essaie de travailler
pour le bien commun de l'ensemble du Québec.
La Modératrice
: Merci.
Micro de droite.
Mme Bélanger (Luce) : Est-ce
que je peux juste préciser?
M. Villeneuve
: Oui,
bien sûr. Allez-y.
Mme Bélanger (Luce) :
Parce que, même si M. Labeaume demande, ultimement c'est à la CPTAQ, la
Commission de la protection du territoire agricole du Québec, de prendre la
décision.
La Modératrice
: Merci.
Micro de droite.
M. Patelli (Yannick) :
Oui. Vous avez parlé tout à l'heure du problème Pangea, M. Hébert, notamment.
Récemment, on a fait une entrevue avec les frères Ménard, à Montmagny, qui se
félicitent d'avoir signé avec Pangea. Puis il y en a quelques-uns à travers le
Québec qui voient une solution dans le modèle Pangea. Qu'est-ce que vous en
pensez, vous, M. Villeneuve?
M. Villeneuve
:
Bien, moi, je suis de ceux qui croient qu'il faut regarder ultimement... la
vocation des terres agricoles, c'est quoi, la vocation ultime. Pangea a un
modèle, c'est clair. Ce modèle-là, il est… lorsqu'on nous l'explique, lorsqu'on
nous fait aussi valoir la philosophie derrière le modèle… Bien, de la
philosophie derrière un modèle, ça ne s'écrit pas sur un contrat, ça ne s'écrit
pas dans une fondation ou dans un fonds privé, on ne peut pas l'écrire. Alors,
est-ce que… Ce que nous en disent les propriétaires de Pangea, c'est qu'ils ont
une belle philosophie de pouvoir faire croître l'agriculture, de pouvoir aider
la relève. Mais qu'arrive-t-il si, dans un an ou dans 10 ans, Pangea vend
son groupe de terres ou une partie de son bloc de terres à d'autres intérêts?
La philosophie ne suivra pas, elle.
Alors, moi, là, ce qui me préoccupe, là,
ultimement, là, pour le Québec, là, c'est de s'assurer que nous ayons… que nous
puissions protéger comme la prunelle de nos yeux ce patrimoine national que
sont les terres agricoles.
M. Patelli (Yannick) :
Et, sur les terres des Soeurs de la Charité, vous parliez tout à l'heure de
l'agriculture urbaine, de circuits courts, pour revenir un peu sur ce que
disait mon collègue. Est-ce que M. Labeaume a été sensibilisé? Avez-vous
rencontré M. Labeaume pour lui expliquer votre vision?
M. Villeneuve
: On
a suivi de très près les différentes discussions qui ont eu cours, mais les
gens qui sont ici, Voix citoyenne, ils les ont suivies encore plus près que
nous, et je pense que je vais laisser madame répondre à votre question,
monsieur.
Mme Bonin (Mireille) :
Vous savez, il y a un mouvement d'agriculture urbaine à Québec qui existe
depuis neuf ans, ça s'appelle la Fête des semences. Ça fait neuf ans que ça
existe, ça fait son petit chemin, 500, 1 000, 1 500… L'année
dernière, on s'est dit : Bien, il faut faire ça sur deux jours. Ça se fait
à l'Université Laval, cette fête-là, avec conférenciers, et tout, bien là il va
falloir faire ça sur deux jours, il y a trop de monde. Cette année, c'est
5 000 personnes qui sont venues. M. Labeaume était là. Il était
là parce qu'il sait maintenant que la population de Québec, de sa ville, ce
n'est pas juste des promoteurs, c'est aussi des citoyens qui savent que
l'agriculture urbaine, c'est une rareté, c'est une valeur inestimable. Alors,
si on veut planter autre chose que sur son balcon, ça nous prend des terres
agricoles. Il y a des projets magnifiques qui peuvent être faits. On prend, par
exemple, le modèle d'André Desmarais, avec sa ferme, qui montre que, dans un
petit lopin de terre, on peut rendre rentable… et avoir un bijou de culture, la
meilleure alimentation possible, les produits les plus nourriciers possible sur
un petit lopin de terre. Alors, oui, les maires sont conscients que ça vaut
quelque chose, et certainement le maire Labeaume.
La Modératrice
: Merci.
M. Villeneuve
: Peut-être,
M. Patelli, juste dire un élément qu'on n'a peut-être pas précisé tantôt.
Les terres des Soeurs de la Charité, beaucoup d'agriculteurs auraient aimé les
acheter. Mais, à 39 millions, là, quelqu'un qui a une capacité comme ça au
niveau de la trésorerie, là, c'est clair que les agriculteurs n'ont pas pu
rivaliser en termes d'offres d'achat, on s'entend, et c'est un peu ce qui se
produit avec la plupart des fonds d'investissement privés au Québec. Mais
allez-y.
M. Patelli (Yannick) :
Et en fait Mme Bonin a parlé de M. Desmarais. Effectivement, M. Desmarais
a un projet qu'il a bien expliqué, d'ailleurs, dans La ferme et son État,
il semble dire qu'il veut le démultiplier en 100 fermes. Est-ce que des
projets comme celui de M. Desmarais, La Ferme des Quatre-temps, pourraient
être un projet réaliste à Québec?
M. Villeneuve
: Honnêtement,
là, je n'ai pas le détail, le fin du détail. Quelqu'un... ou expliquez-nous un
peu davantage, M. Patelli.
M. Patelli (Yannick) :
Non, mais c'est pour savoir... En fait, puisque le modèle de M. Desmarais,
effectivement, a été présenté cette année comme un modèle assez exemplaire — M. Desmarais
et M. Fortier, en fait, Jean-Martin Fortier — est-ce que ce
modèle-là pourrait se dupliquer dans d'autres secteurs, notamment à Québec, en
fait, sur les terres des Soeurs de la Charité?
Mme Bonin (Mireille) : Absolument,
hein, parce que, dans le fond, son modèle, c'est de dire : Sur un espace
restreint... Il faut dire que les terres agricoles des Soeurs de la Charité
sont un grand terrain, mais une partie de ce terrain-là pourrait être utilisée
pour reconnaître la valeur du travail artisanal en agriculture, en reconnaître
en plus la valeur éducative. Nous autres, on voit un multiprojet sur ces
terres-là. Mais, honnêtement, M. Dallaire, s'il savait ce qu'il faisait,
il se rendrait compte que la plus grande rareté et le produit le plus précieux qu'il
a entre les mains, c'est des terres agricoles pour les cultiver. Alors, nous
autres, on aimerait ça que M. Desmarais rencontre M. Dallaire pour
lui dire ça. Ce projet-là, il faut qu'il soit... Il faut que tous les gens
sachent ce qu'on peut faire avant, avant de détruire.
M. Hébert (Christian) :
Que ce soit le projet de M. Desmarais, qu'on s'entend qu'il n'est pas du
tout pareil comme le projet de M. Sirois, mais, dans un cas ou dans
l'autre, on a des relèves qui sortent extrêmement formées et compétentes des
différentes institutions, que ça soit les ITA, que ça soit les collèges, que ça
soit les centres de formation professionnelle. Et, si La Financière agricole
travaillait comme elle devrait travailler, prenait les mêmes risques envers les
jeunes, comme elle prenait voilà des décennies, qui étaient faits au Québec, il
n'y a personne, aucun jeune qui aurait avantage et qui voudrait s'associer avec
ces gens-là, hein?
La Modératrice
: Merci
beaucoup.
M. Villeneuve
: C'est
bon? Ça va? Bien, merci beaucoup de votre présence. Merci, mesdames, merci,
messieurs.
(Fin à 9 h 57)