(Quinze heures quatorze minutes)
M. Khadir
:
Alors, nous sommes, bien sûr, reconnaissants que le gouvernement et les deux
autres partis, c'est-à-dire les partis d'opposition, aient accepté la motion
que nous avons présentée aujourd'hui pour demander à ce qu'il y ait un compte
rendu détaillé des dépenses publié après chacune des missions parlementaires, missions
parlementaires qui ont entraîné plein de questionnements de la part des
journalistes récemment, mais ça fait des années que nous demandons comment
l'argent public est dépensé et comment peut-on justifier certaines de ces
dépenses dans leurs détails. Il ne suffit pas de savoir le budget général.
Parce qu'actuellement, oui, il y a un rapport de chaque mission avec son
budget, et on sait globalement combien ça a coûté, mais le public veut savoir,
dans les temps de restrictions budgétaires que le Québec a connus, comment les
missions organisées par l'Assemblée et dans lesquelles participaient des
membres du gouvernement ont utilisé l'argent public.
Cependant, il y a une exigence pour que
tout ça soit valide. C'est que les partis d'opposition, là, qui ont accepté, et
le gouvernement, qui a accepté, ils siègent au Bureau de l'Assemblée nationale,
et, pour être cohérents avec ça, il faut qu'au Bureau de l'Assemblée nationale
les partis cessent tout le temps de bloquer les demandes pour savoir les
décisions de l'Assemblée quant aux dépenses qui touchent les députés, par
exemple les dépenses de logement. Ça fait des années qu'on en parle. Québec
solidaire, nous sommes le seul parti à dévoiler nos dépenses de logement. Je
pense que c'est un droit inaliénable du public de savoir comment est dépensé
l'argent du public pour la fonction des députés. Et donc pour être cohérent
avec ça, pour que ça ne soit pas juste du vent, je demande au PQ, je demande à
la CAQ et je demande au Parti libéral au Bureau de l'Assemblée nationale, où
nous, nous ne siégeons pas, qu'ils fassent la démonstration qu'ils oeuvrent
pour la transparence.
M. Lecavalier (Charles) :
Donc, pour mieux comprendre la mécanique, ça serait au Bureau de l'Assemblée
nationale de demander à Jacques Chagnon et à son cabinet d'être plus transparents
dans la divulgation des dépenses de missions parlementaires?
M. Khadir
: Vous
avez très bien compris le sens de mon propos, parce que, sans cette collaboration
des trois partis, M. Chagnon, il ne peut pas agir seul, là, pour dévoiler
tout ça. C'est des missions parlementaires, et là où M. Chagnon doit
répondre de quels rapports il fait, c'est au Bureau de l'Assemblée nationale.
Donc, c'est bien beau ici, sur le parquet du salon bleu, d'accepter une motion
pour parler en termes généraux, mais il faudrait qu'ils collaborent pour que M. Chagnon
puisse dévoiler les dépenses.
M. Lecavalier (Charles) :
À votre avis, pourquoi M. Chagnon refuse-t-il d'être davantage
transparent?
M. Khadir
: Bien,
c'est une question qu'il faut lui poser. Moi, je ne crois pas qu'il y a de
raison valable. Si ce sont les partis d'opposition ou le parti... c'est-à-dire
le Parti libéral qui l'en empêchent, il doit nous le dire. C'est le premier pas
de cette transparence, au moins pour savoir qui bloque quoi.
M. Lecavalier (Charles) :
Donc, vous pensez qu'avec cette... si le BAN... Simplement pour comprendre la
mécanique, est-ce que cette motion-là doit... c'est un ordre à Jacques Chagnon
ou c'est un...
M. Khadir
: Ça
n'a pas été formulé comme ça. Ça aurait pu être formulé comme ça, mais nous
voulions donner la chance et la latitude à M. Chagnon et aux membres de l'Assemblée
de se gouverner de manière, disons, digne. Ce n'est pas nécessaire d'en faire
un ordre, mais il me semble que c'est un engagement moral minimum après toutes
ces années où chacun prétend être transparent.
M. Lecavalier (Charles) :
Sur l'UPAC, le commissaire Lafrenière a indiqué ce matin que... bon, après
avoir dit par le passé qu'il n'y aurait aucune arrestation pendant les
campagnes électorales, il s'est ravisé puis là il a plutôt dit qu'il pourrait effectivement
arrêter quelqu'un en campagne électorale si jamais la preuve est là puis que le
dossier finit là. Qu'est-ce que ça vous dit, ça?
M. Khadir
: J'ai
déjà témoigné de mon problème avec ce genre d'affirmation de M. Lafrenière.
Je lui rappelle qu'on ne serait pas dans cette gêne, pour ne pas utiliser
d'autres mots plus accablants, si l'UPAC avait fait son travail. Si aujourd'hui
l'UPAC avait fait le travail, une partie du travail de Robert Mueller, aux
États-Unis, qui, tambour battant, en moins d'un an, a épinglé les plus hauts responsables
entourant M. Trump, si M. Lafrenière avait fait la job, si l'UPAC
avait fait la job, puis aujourd'hui on saurait qui, au sein du Parti libéral, a
orchestré cet acte criminel de mentir, de procéder à du faux pour ramasser de
l'argent illégalement pour le Parti libéral puis pour gagner des élections, si
l'UPAC avait fait la job, là, on ne se poserait pas cette question-là, on n'en
serait pas à ce genre d'explication. C'est un peu insultant de se faire servir
ça maintenant, là, c'est un peu insultant.
M. Lecavalier (Charles) :
Merci.
M. Khadir
:
Merci.
(Fin à 15 h 19)