(Neuf heures deux minutes)
La Modératrice
: Alors,
bonjour à tous et à toutes. M. Guy Leclair, porte-parole du Parti
québécois en matière de travail, est accompagné de M. Gabriel Nadeau-Dubois,
député de Gouin et co-porte-parole de Québec solidaire. Ils sont accompagnés de
nos deux porte-parole de la Fédération de la santé et des services sociaux-CSN,
Dany Lacasse et Mme Louise Labrie. M. Leclair, la parole est à vous.
M. Leclair
:
Merci. Alors, bonjour à tous. Ce matin, le Parti québécois veut réitérer sa
position face aux éducatrices en CPE. On veut s'assurer que les conditions de
travail soient les mêmes dans tout le Québec.
Je profite aussi de l'occasion pour
souligner le fait que les éducatrices en CPE sont les premières intervenantes
de la réussite scolaire de nos jeunes. Il faut se souvenir qu'à l'automne
dernier il y a eu une convention nationale sur les conditions de travail de
toutes les éducatrices en CPE pour tout le Québec. Lors de ces négociations-là,
bien entendu, il y a un groupe, une association patronale, qui s'est désisté de
la table. Les conditions de travail se sont quand même négociées avec
l'ensemble des acteurs des CPE, patronal et syndical, dans tout le Québec. Et
là ce qu'on demande au gouvernement, c'est de s'assurer que cette entente-là
soit appliquée dans tout le Québec et non seulement qu'à 9 000 des
travailleuses. Et les 2 000 de l'association patronale qui ont sorti de la
table, eux ne veulent pas suivre ces conditions-là. Alors, on demande au
gouvernement de faire appliquer les conditions de travail nationales qui ont
été négociées à l'automne dernier. Merci.
La Modératrice
: Merci.
M. Nadeau-Dubois.
M. Nadeau-Dubois :
Bonjour, tout le monde. Vous savez, à chaque fois qu'il y a une mobilisation
des travailleuses de CPE, on entend toutes sortes de choses dans les médias.
Très rapidement, on parle du fait qu'il y aurait des parents qui seraient
soi-disant pris en otages, on entend vraiment toutes sortes de choses. Et, pour
moi, il est important de clarifier ce matin, d'abord, que les travailleuses de
CPE qui sont en lutte actuellement et qui étaient en grève hier ne sont pas en
grève pour obtenir des privilèges. Ces femmes-là sont en lutte, sont en grève
pour obtenir le même traitement, les mêmes conditions de travail que leurs
collègues des autres CPE à travers le Québec. Il n'y a pas personne ici qui
essaie d'en avoir plus que les autres, bien au contraire. La demande qui est
faite, elle est simple, elle est légitime, c'est celle d'avoir des conditions
de travail similaires, les mêmes conditions de travail que leurs collègues des
autres CPE.
Pour Québec solidaire, c'était très
important d'être ici ce matin pour réitérer qu'il n'est pas question de créer
deux classes de travailleuses en CPE au Québec. Ce n'est pas pour rien qu'on
fait des négociations regroupées, et c'est absolument regrettable qu'une des
associations patronales se soit dissociée de cette négociation groupée pour
tenter de tirer vers le bas les conditions de travail des travailleuses de CPE.
Il n'y a personne qui gagne, il n'y a personne qui gagne au Québec à ce qu'on
diminue les conditions de travail, qu'on affaiblisse les conditions de travail
des travailleuses en CPE. Bien au contraire, c'est les enfants du Québec qui y
perdraient. Merci.
La Modératrice
: Merci.
Mme Labrie.
Mme Labrie (Louise) :
Alors, bonjour. Moi, j'aimerais, aujourd'hui, vous faire quelques précisions.
Cette association patronale là, c'est une association qui regroupe des membres
sur quatre de nos régions administratives. Mais ces quatre syndicats-là, les
travailleuses n'obtiennent pas, actuellement, ce à quoi elles ont droit, comme
M. Leclair, comme M. Nadeau-Dubois vous ont mentionné. C'est
important pour nous, et pour nos enfants surtout, que ces travailleuses-là
obtiennent les bonnes conditions de travail. Les employeurs ont des demandes de
recul sur des choses, aussi, qui semblent banales, comme l'ancienneté, comme
les choix de groupe, d'horaire, les choix de jours de congé, les choix de
vacances, ce genre de choses là qui sont dans l'organisation du travail, et les
prétextes qui sont donnés par cette association, c'est la stabilité auprès des
enfants. Sauf que ce qu'ils ne vous mentionnent pas, c'est qu'au quotidien ils
sont prêts à couper des horaires de travail à des travailleuses qui,
normalement, feraient 32 ou 34 heures par semaine, de leur couper quatre
heures de travail parce qu'il y a moins d'enfants. On promène les enfants d'un
groupe à l'autre, et c'est ça qu'ils appellent de la stabilité, contrairement à
nous, ce qu'on demande, qui est de la vraie stabilité pour les enfants.
Le gouvernement a annoncé une politique de
qualité de services. Le gouvernement a annoncé que c'était important, la
transition scolaire. Bien, il faut mettre tout ce qu'il faut pour que les
enfants en bénéficient et que les parents bénéficient aussi de nos services.
Donc, aujourd'hui, à Magog, il y a une manifestation avec les travailleuses des
régions de l'Estrie, de Montréal, Laval et du Coeur-du-Québec, et nous espérons
bien qu'elles se feront entendre et que le conflit se réglera rapidement.
La Modératrice
: Merci.
Maintenant, M. Lacasse.
M. Lacasse (Dany) : Oui,
bonjour. Je pense qu'ici on est devant une situation un peu paradoxale. C'est
que le ministère négocie avec nous, on trouve un terrain d'entente important à
l'automne, à laquelle le ministère met des règles du jeu qui fait que les
travailleuses en CPE ont tout avantage à prendre, bien sûr, l'entente qui est
faite avec le ministère parce que, là-dessus, il y a bien sûr du financement
aussi, qui vient aider à la vie syndicale pour les gens. Mais, curieusement,
cette fois-ci, le ministère ne met pas la pression nécessaire sur l'ensemble
des employeurs, justement, pour faire respecter sa propre entente qu'il a mise
lui-même… qu'il a négocié lui-même. Et c'est ça qui est paradoxal.
Quand on parle d'uniformité, c'est important
parce que l'objectif n'est pas non plus que certaines travailleuses quittent des
CPE pour aller vers d'autres parce qu'il y a des conditions différentes de
travail qui sont plus intéressantes. Parce que, quand on touche au groupe dans
une même journée, c'est clair que ça a un impact sur la stabilité des enfants.
Et c'est un réseau, présentement, qui est mis à mal. Et malheureusement, on le
sait, il y a eu beaucoup de coupures dans ce réseau-là, et ça a des
conséquences, bien sûr, sur les conditions de travail également. Et ça, ce
n'est pas pour faire le mieux pour nos enfants au Québec. Parce qu'on le sait,
c'est prouvé, ce réseau de centres de la petite enfance, c'est le meilleur
lien, c'est la meilleure préparation de nos enfants pour un monde meilleur,
pour aller, justement, vers une meilleure éducation. Donc, il faut absolument
que le gouvernement prenne ses responsabilités, que l'APNCPE également. Si pour
le 9 000 de travailleuses en CPE, cette entente-là était acceptable, il
faut que ça soit acceptable pour les 2 000 qui restent présentement. Donc,
on est derrière, bien sûr, la fédération, toutes ses travailleuses, et on va
aller jusqu'au bout de la lutte nécessaire pour qu'on ait l'unité partout, une
uniformité des conditions de travail qui va faire que les services à nos
enfants vont être de qualité partout. Merci.
La Modératrice
: Merci.
On va maintenant passer à la période de questions. Micro de gauche, Mathieu
Dion, Radio-Canada.
M. Dion (Mathieu) : Bonjour.
Je veux seulement bien comprendre. Il y a une entente nationale qui avait lieu
cet automne. Puis là aujourd'hui qu'est-ce qui ne fonctionne pas exactement,
là? Parce que vous semblez blâmer le gouvernement. Juste nous expliquer un peu
le contexte, là, au risque de vous faire répéter, mais je veux être sûr de bien
comprendre.
M. Lacasse (Dany) : Bien,
c'est une très bonne question. Oui, il y a eu une entente au national à
l'automne avec le ministère et la présence de certaines associations
patronales. Mais il y a des associations, dont celle… on parle aujourd'hui de
l'APNCPE, qui a décidé, elle, de quitter la table de négociation pour faire sa
propre négociation, même sur les matières nationales. Et donc le ministère a le
devoir, à notre avis, de s'assurer de mettre les incitatifs nécessaires à ces
employeurs pour qu'ils rejoignent la même entente nationale que partout. Donc,
oui, l'APN a quitté, mais en même temps il faut que le ministère aussi, face à
ces employeurs-là, mette son pied à terre et démontre que c'est important, pour
le bien de l'ensemble des enfants, qu'ils rejoignent les mêmes conditions de travail
que l'ensemble du Québec.
M. Dion (Mathieu) : Et,
pour y arriver, la seule façon, le dernier recours auquel vous avez droit,
c'est la grève. Vous faites ça aujourd'hui. C'est correct de prendre en otages
les parents pour une question comme celle-là?
M. Lacasse (Dany) : Bien,
vous comprendrez que l'objectif n'est pas la grève, dans un débat comme ça,
mais on sait exactement que les conséquences que ça a sur les enfants… Si ça a
été bon pour l'ensemble pour du Québec de mettre ces conditions-là
d'organisation du travail, justement, pour qu'il y ait un bon service, on ne
comprend pas pourquoi qu'une organisation, elle, déciderait qu'elle veut d'autres
façons de faire les choses qui viennent, à notre avis, justement, changer les
règles du jeu. Et, dans le fond, la grève, on le sait, c'est un moyen ultime.
Ça fait plus de trois ans qu'on est en négociation et c'est le temps que ça
arrête. Il faut que tout le monde, on ait une entente, actuellement.
M. Nadeau-Dubois : Je me
permets d'ajouter un élément. La responsabilité de la grève, c'est l'association
patronale qui la porte, c'est elle qui a quitté la table des négociations
nationale. C'est elle qui souhaite tirer vers le bas les conditions de travail
dans ses CPE. Donc, les gens qu'on accompagne aujourd'hui ne demandent pas, je le
répète, là, des privilèges, ne demandent pas d'avoir des meilleures conditions
que dans les autres CPE. Ce que ces éducatrices, que ces travailleuses
demandent, c'est un traitement égal, équitable avec leurs collègues des autres
CPE. Donc, la responsabilité de la grève, c'est l'association patronale qui la
porte. Et bien sûr que ça a des conséquences sur les familles, mais ces
familles-là auraient avantage à se retourner vers l'association patronale et
leur demander tout simplement d'accepter les mêmes conditions que les autres
associations patronales ont acceptées.
La Modératrice
: Merci
beaucoup. Est-ce qu'on a d'autres questions? Oui, Marie-MichèleSioui, Le Devoir.
Mme Sioui
(Marie-Michèle) : Oui, juste une question de suivi. Selon votre compréhension,
est-ce que l'association patronale discute en ce moment avec le ministère ou
est-ce que les communications sont rompues?
M. Lacasse (Dany) : Bien,
c'est que, présentement, le ministère, pour avoir parlé avec la sous-ministre
hier encore, ça fait un certain moment... et même je dirais qu'en 2018 il n'y a
pas eu de réels échanges avec cette association-là. Le ministère attend de voir,
justement, si l'association par... Dans le fond, on nous laisse faire des
choses peut-être moins agréables pour mettre l'association... qu'elle rentre
dans les rangs. Mais c'est ça un peu aussi qu'on dit, c'est qu'à partir... Non,
présentement, on n'a pas d'information qu'il y a des discussions, et c'est ce
qu'on souhaite, qu'il y ait des discussions à ce niveau-là également. Et, comme
M. Nadeau-Dubois disait, je pense que, oui, c'est l'association d'abord
qui a choisi, dans les mêmes conditions que les autres employeurs, elle, de ne
pas rester... de ne pas prendre cette négociation, le résultat de cette
négociation-là.
Mme Sioui
(Marie-Michèle) : La campagne électorale approche. Vous n'êtes pas le
type de services de garde préféré, disons, de certains partis. Est-ce que vous
avez l'intention de vous impliquer dans la campagne puis d'appuyer un parti ou
un autre?
M. Lacasse (Dany) : À la
Fédération de la santé comme à la CSN, on n'est pas en arrière d'un parti, on
en arrière des idées. Bien sûr, on regarde qu'est-ce que les partis politiques
ont sur leurs planches à dessins, qu'est-ce qu'ils nous proposent comme
programme. Et, non, on ne prend parti en tant que tel, mais c'est sûr qu'on
défend des valeurs, ça, c'est clair.
La Modératrice
: Merci
beaucoup.
(Fin à 9 h 14)