(Onze heures cinquante-quatre minutes)
Mme Lamarre : Bonjour.
Alors, depuis plusieurs mois, on demande à la CAQ de nous présenter son programme
en santé, ses orientations. Aujourd'hui, c'est par le biais du nouveau
candidat, Youri Chassin, qu'on comprend un peu mieux où s'en va le programme en
santé de la CAQ.
Alors, un des enjeux principaux qui est clairement
affirmé par M. Chassin, c'est sa volonté de privatiser le système de
santé. Pour un parti qui se prétend être un parti des familles... Bien, on sait
que les jeunes familles avec des jeunes enfants, il n'est pas rare d'avoir deux
enfants qui ont besoin d'aller à la clinique médicale dans une même semaine,
alors ça, ça veut dire deux fois 100 $, parce que les consultations, au
privé, c'est autour de 100 $ pour 15 minutes. Alors, deux fois
100 $ que les familles vont devoir défrayer ces semaines-là, plusieurs
fois dans l'année. Ça, c'est sans compter que, souvent, les parents attrapent aussi
les petits microbes, les petits virus des enfants. Alors, ça, c'est un des
volets.
C'est le volet aussi de l'hospitalisation,
avec les coûts que ça engendre. Alors, clairement, on voit que M. Chassin
choisit cette voie, c'est ce qu'il voit comme système de santé, un système de
santé privé. On sait que M. Caire aussi a cette vision-là. Et là ça fait deux
candidats choisis par M. Legault qui expriment clairement cette vision
d'un système de santé privé. Ça, c'est sans compter, cette privatisation... Parce
qu'il donne l'exemple avec les dentistes. Alors, en santé mentale, les gens
vont aussi avoir à débourser 100 $ quand ils vont avoir besoin de
consulter et quand ils vont avoir besoin de consultation sur une longue période
de temps. Donc, c'est éclairant sur le choix que la CAQ fait par rapport à sa
vision du système de santé québécois.
Alors, nous, on a un programme qui est
bien affirmé, qui démontre qu'on peut améliorer l'efficacité du système par des
modifications au système de rémunération des médecins, avec un système de
mixité où on rend les médecins et l'équipe imputables de la population qu'ils
ont à desservir.
Alors là, clairement, M. Legault va
devoir se positionner par rapport à M. Chassin sur sa réelle vision.
Qu'est-ce qu'il va faire, le 2 octobre, avec le système de santé au Québec
et avec l'offre de soins et d'accessibilité aux citoyens du Québec? Ça va
coûter cher aux gens.
La Modératrice
: Merci.
M. Therrien.
M.
Therrien
:
Écoutez, depuis un an, la CAQ se cache au niveau de ses idées, de son contenu. On
cherche toujours à savoir qu'est-ce qu'ils vont proposer à la population. Et
là, aujourd'hui, on a une idée plus claire. Youri Chassin est considéré, pour
François Legault, comme étant un candidat-vedette. Alors, pour lui, son arrivée
est importante et il a dit qu'il aurait un rôle important à jouer.
Youri Chassin, c'est le néolibéralisme dans
toute sa splendeur. Il critique systématiquement tout ce qui est intervention
de l'État dans l'économie à tous les niveaux. Alors, quand on pense à quelqu'un
à droite, bien, Youri Chassin est encore plus à droite que ça. Il va tirer le Québec
vers la droite. Il veut tout simplement faire un démantèlement en règle de
l'État à tous les niveaux, qu'on parle de privatiser en partie ou en tout Hydro-Québec,
qu'on parle de la gestion de l'offre — il y a beaucoup, beaucoup d'agriculteurs
qui dépendent, justement, de la gestion de l'offre — on parle des
congés parentaux, quelque chose qui est apprécié. On veut aider les familles, on
dit toujours que la famille est au milieu de nos préoccupations, et les choses
parmi lesquelles les familles sont les plus contentes d'avoir comme outils, c'est
les congés parentaux. Ça fait l'unanimité, les familles sont contentes d'avoir
cette possibilité-là quand vient le temps d'avoir un ou des enfants. Le fonds
des travailleurs aussi est critiqué de la part de Youri Chassin, alors que
la chambre de commerce... les chambres de commerce sont d'accord avec ça, et
même François Legault, lorsqu'il était en affaires, a beaucoup utilisé ces
fonds-là. Puis on parle aussi, évidemment, des CPE, un modèle qui fait l'envie
du reste de la planète et qui est critiqué inlassablement par la CAQ, mais qui
veut être tout simplement éliminé par Youri Chassin.
Et donc il faut que François Legault, là,
sorte sur ces items-là et nous dise qu'est-ce qui va arriver le 2 octobre
au matin s'il est élu. Est-ce que ça, c'est son programme électoral? Est-ce
qu'il sera pour démanteler de façon si agressive l'État québécois, couper les
services à la population de façon aussi importante? Est-ce que c'est ce qui
attend les Québécois avec un éventuel gouvernement de la CAQ? Il faut qu'il se
prononce, c'est important. L'avenir des Québécois dépend des réponses que
François Legault va nous amener, parce que je ne me rappelle pas, de mémoire,
d'avoir vu un candidat qui est potentiel ministrable, selon ce que
M. Legault a dit, avoir une position aussi claire à droite que l'on voit
présentement. Écoutez, je veux dire, on pensait que Martin Coiteux était à
droite, on n'a rien vu, on n'a rien vu. Youri Chassin, je vous le dis, là,
ça va être quelque chose.
Alors donc, moi, je ne fais rien que vous
dire : M. Legault doit prendre une position claire. Qu'est-ce qu'il
lui plaît là-dedans? Puis, s'il dit : Bien non, il n'y a rien qui ne me
plaît là-dedans, bien, moi, je vous dirais : Bien, qu'est-ce que
Youri Chassin fait dans son parti? S'il rejette toutes ces positions-là,
pourquoi alors Youri Chassin aurait choisi la CAQ? Il y a anguille sous
roche, parce qu'il sait pertinemment bien qu'il pourra défendre ces positions-là
à l'intérieur d'un gouvernement de la CAQ, et ça, c'est très inquiétant.
La Modératrice
: Merci.
On va maintenant passer à la période de questions. Micro de droite,
Patrick Bellerose, Le Journal de Québec.
M. Bellerose (Patrick) :
Bonjour. Mais en même temps l'arrivée de M. Chassin ne signifie pas que la
CAQ va adopter toutes les positions de M. Chassin. Je veux dire, il peut
très bien se plier aussi au programme de la CAQ comme l'a fait M. Péladeau
quand il est arrivé au Parti québécois ou M. Coiteux quand il est arrivé
au PLQ.
M.
Therrien
:
Oui, mais, écoutez, il y aura une teinte Youri Chassin dans le prochain
gouvernement, on ne peut pas le nier, sinon qu'est-ce que Youri Chassin
ferait à l'intérieur de la CAQ? Il n'est pas là pour s'amuser. Il a des idées
très claires, très, très cassées et il va faire en sorte, à l'intérieur de ce
gouvernement-là, d'en faire la promotion. Et il n'est pas seul à avoir des
idées comme ça au sein de la CAQ. Peut-être pas aussi tranchées que ça, mais il
y a des gens, à l'intérieur de la CAQ, qui ont un préjugé favorable à l'endroit
de ces positions-là, quand on parle d'Éric Caire à la Santé, mais il y en a
d'autres aussi qui lèvent la main, à la CAQ, et qui ont des positions qui
commencent à ressembler à ça, et c'est très inquiétant.
Alors, moi, je vous dis, si Youri
Chassin... Et, si on jette aux poubelles toutes ces idées-là, moi, je vous pose
la question très simplement : Pourquoi il a choisi la CAQ, à ce moment-là,
tout simplement?
Mme Lamarre : Et pourquoi
la CAQ l'a choisi?
M.
Therrien
:
Exactement.
M. Bellerose (Patrick) :
J'aimerais vous faire réagir sur un article du journal ce matin, où on apprend
que 7 000 pièces d'équipement du projet RENIR dorment au CSPQ. Qu'est-ce
que ça vous dit?
Mme Lamarre : Alors,
c'est une question très pertinente parce que, vraiment, on sait que les
paramédics ont besoin de ces équipements-là. Comment peut-on retarder de façon
aussi prolongée l'utilisation d'équipements, équipements qui, en plus, vont
avoir une durée de vie parce que c'est des technologies informatiques, des
technologies qui font appel à des réseaux? Alors, c'est complètement
inexcusable, inexplicable.
C'est un gouvernement qui, là aussi, nous
a dit qu'il priorisait l'informatisation du réseau de la santé et une meilleure
efficacité. Quand on laisse autant d'équipements pour des situations très,
très, très pertinentes... Moi, j'ai fait, je vais vous dire, une patrouille
avec les policiers de la ville de Longueuil, leur système informatique était
complètement décalé. Et, pour les paramédics aussi, ils nous disaient
clairement qu'ils avaient vraiment besoin d'améliorer. Cette technologie-là
existe. Non seulement elle existe, mais elle a été achetée, les Québécois ont
payé pour ça, et elle n'est juste pas installée, déployée sur le terrain. C'est
de la négligence.
M. Bellerose (Patrick) :
De façon plus large, est-ce qu'on doit réformer la gestion du CSPQ?
Mme Lamarre : Bien, écoutez,
il y a certainement quelque chose à vérifier. Il y a de la surveillance. Vous
savez, on parle d'imputabilité, bien, je crois qu'il faut assurer cette
imputabilité-là, et il semble y avoir effectivement des zones qui sont laissées
complètement à découvert, où personne ne s'intéresse à faire le suivi des
achats qui ont été faits et de leur déploiement. C'est préoccupant.
La Modératrice
: Merci.
Micro de gauche, Hugo Lavallée, Radio-Canada.
M. Lavallée (Hugo) :
Oui, pour revenir à M. Chassin, est-ce que ce n'est pas un peu réducteur
comme approche de prendre toutes les idées qu'il a déjà eues, puis là de les
imputer à la CAQ, dans la mesure où, en tant que personne qui réfléchit, il a
pu avoir des idées, les mettre sur la place publique, faire une démarche intellectuelle
de bonne foi, puis là se rendre compte que, bon, peut-être certaines solutions
qu'il préconisait sont mal adaptées ou que ce n'est pas le moment de les mettre
de l'avant? De lui reprocher de cette manière-là d'avoir eu des idées dans le
passé, est-ce que ce n'est pas un peu réducteur?
Mme Lamarre : En fait,
écoutez, ce n'est pas une seule idée de M. Chassin, là, c'est vraiment l'ensemble
de sa philosophie. Toutes les positions qu'il prend vont vers la privatisation,
c'est l'ensemble de l'oeuvre, c'est ce qui le caractérise, alors il faut qu'il
assume. Donc, il ne peut pas se métamorphoser complètement. Et, si vraiment, M. Legault,
ce n'est pas ça qu'il veut, bien, il ne choisira pas un candidat de cette nature-là.
En santé, c'est clair, là, de comparer, dans le fond, le système de santé avec
le paiement qu'on fait chez un dentiste, c'est complètement… ça ne peut pas
être plus indiqué comme élément de privatisation et de «je paie».
Donc, en santé, c'est clair que la vision de
M. Chassin, c'est : on est mieux d'avoir notre carte de crédit que
notre carte d'assurance maladie. Et ça, c'est très préoccupant parce que je
pense que les gens… Et lui est économiste, il aurait dû comprendre un peu la
valeur de ces services-là et les retombées. Si on ne supporte pas des gens, par
exemple, en santé mentale au niveau d'un système de santé public, il va y avoir
des coûts indirects. Moi, je me demande, comme économiste, quelle analyse
globale, sociétale il fait de ces enjeux-là.
Et, dans ce contexte-là, on pense que
Jean-Martin Aussant a une vision d'un économiste beaucoup plus présente,
beaucoup plus proche des vrais citoyens, de l'ensemble des citoyens et qu'il va
tenir compte de tous ces enjeux-là. Parce que, sur des pseudo-économies que M. Chassin
prétend peut-être faire, il engendre des coûts indirects majeurs au niveau de
la société en n'offrant pas une égalité des chances à l'ensemble des citoyens
du Québec. Ça passe par les CPE aussi et par le système de santé.
M.
Therrien
:
Juste vous dire que c'est trop récurrent pour être anecdotique. C'est un
individu qui voit mal l'intervention de l'État dans l'économie de façon
systématique dans toutes ses positions, clairement. Jamais qu'il n'a justifié
une intervention de l'État quelconque, il est contre ça, et c'est sa récurrence
qui fait en sorte qu'on sait en face que qui on est et on sait qu'un genre de
candidat comme ça qui s'en va dans un parti politique ne lâchera pas le morceau.
Il a écrit à maintes reprises sur maintes tribunes ses positions claires, et
c'est un néolibéral de droite, si vous me le permettez, et ça, ça transparaît
dans tout, tout, tout ce qu'il a écrit jusqu'à présent.
M. Lavallée (Hugo) :
Vous parliez, Mme Lamarre, à l'instant, de Jean-Martin Aussant. La CAQ rétorquait
justement hier avec une publicité en disant : Jean-Martin Aussant a déjà
été favorable, par exemple, à la gratuité scolaire, de la maternelle à
l'université. Est-ce que maintenant qu'il est candidat du Parti québécois, ça
devient la position du Parti québécois?
Mme Lamarre : La
différence, c'est que la plateforme du Parti québécois, elle est connue, elle
est publique, on l'a faite avec le Conseil national. C'est ça qu'on a. Et M. Aussant,
quand il a décidé, Jean-Martin, de revenir au Parti québécois, il connaît le
programme. Et ce programme-là, il est public, les citoyens le connaissent, et
il a accepté publiquement.
La CAQ, c'est complètement nébuleux, on ne
sait pas. Ils n'ont jamais mis par écrit quels étaient leurs engagements. Et
donc M. Chassin, c'est lui qui a beaucoup plus de chances d'influencer la CAQ
que la CAQ de pouvoir influencer M.Chassin parce que la CAQ, elle n'a pas
encore fait son nid, on ne sait pas ce qu'elle veut, on ne sait pas où elle
veut amener les Québécois.
Alors, dans notre cas, c'est clair, M
Aussant a clairement dit qu'il revenait volontairement au niveau du Parti
québécois, en choisissant le Parti québécois et donc sa plateforme, qui est
connue et publique.
La Modératrice
: Merci.
Micro de droite, Patricia Cloutier, Le Soleil.
Mme Cloutier (Patricia) :
Bonjour. J'aimerais savoir comment vous réagissez au départ d'Yves St-Denis ce
matin, député qui n'est maintenant plus libéral. Est-ce que ça vous surprend de
sa part?
Mme Lamarre : Bien, on
n'a pas de commentaire. Je pense que ça passe par le whip et par la gestion
interne au Parti libéral, ce genre de situation là.
Mme Cloutier (Patricia) :
Mais, quand même, est-ce que vous avez déjà entendu des rumeurs à son égard ou est-ce
que... On a parlé aussi du fait qu'en Chambre, des fois, il se permettait, là,
des commentaires, et tout ça. Est-ce que ça, au niveau du PQ, il y a des
députés chez vous qui en ont été... qui ont vécu ça, si on veut?
M.
Therrien
:
Bien, je vous dirais que, physiquement, on est quand même assez loin de lui en
Chambre, alors c'est difficile pour nous de dire si oui ou non on entend des
choses à son sujet. Le whip le savait, semble-t-il, depuis un an. C'est dans la
cour du Parti libéral, c'est au Parti libéral à gérer cette situation-là, tout
simplement.
Mme Cloutier (Patricia) :
Mais, quand même, est-ce que vous ne trouvez pas que ça a été long avant que le
Parti libéral... Et est-ce qu'il n'a pas attendu que ça sorte dans les médias
avant de réagir, le Parti libéral?
M.
Therrien
:
Ça sera à eux de répondre à cette question-là, justement.
La Modératrice
: Merci,
Patricia. On va passer au micro de gauche, avec Caroline Plante, pour La Presse
canadienne.
Mme Plante (Caroline) :
Sur la question des migrants, j'imagine que vous êtes d'accord, donc, que les
services sont saturés en ce moment?
Mme Lamarre : Bien, nous,
ce qu'on dit, c'est que le gouvernement du Québec doit absolument requestionner
le fédéral par rapport à sa contribution à cette participation... à cette
arrivée massive des migrants. C'est lui qui a fait en sorte que cette situation-là
touche beaucoup le Québec, plus que les autres provinces, alors c'est à lui de
voir à ce qu'il stabilise la situation.
Du côté du gouvernement du Québec, on sent
un grand malaise. Ils ne sont pas capables de mettre à l'ordre des situations,
de clarifier les situations. Le gouvernement libéral ne prend pas de position
depuis très longtemps par rapport à ce système-là. C'est parce qu'on a
questionné le ministre Heurtel que, là, il a commencé à dire : Bien là,
allez-vous au moins nous rembourser un peu ce qu'on a? Mais c'est sûr que
l'arrivée importante des migrants nécessite une réflexion et une prise de
position commune par rapport à la capacité du Québec de bien accueillir ces
gens-là, de bien les intégrer.
Nous, dès le départ, Carole Poirier avait
demandé que des permis de travail soient alloués à ces gens-là. Or, il n'y a
rien qui a débloqué là-dessus. Du côté du gouvernement libéral, aucune mesure
concrète qui se fait pour faciliter l'intégration de ces gens-là au marché du
travail.
Mme Plante (Caroline) :
M. Therrien, ce matin vous avez fait plusieurs fois allusion au prochain
gouvernement, au prochain gouvernement...
M.
Therrien
:
À l'éventuel prochain gouvernement.
Mme Plante (Caroline) :
Bien, c'est ça, vous ne l'avez pas spécifié, alors vous sembliez quand même
assez convaincu que la CAQ formerait le prochain gouvernement le 2 octobre
prochain.
M.
Therrien
:
Je ne suis pas convaincu du tout, sauf que c'est une alternative possible. Et, devant
une situation comme ça, on se doit, justement, de questionner François Legault
pour savoir, dans un cas d'un éventuel gouvernement caquiste, qu'est-ce qu'on
réserve aux Québécois. Et ça, il faut qu'il réponde à la question absolument. Parce
que, là, depuis un an qu'il sème le flou, mais il faut, à un moment donné,
qu'il prenne position. Et je pense que l'arrivée de Youri Chassin va l'obliger
à prendre position clairement, et à ce moment-là, bien, on pourra jouer cartes
sur table, puis on ne sera pas gênés de faire des débats avec Youri Chassin et
avec le parti de la CAQ. Puis je peux vous dire que, grâce à ces débats-là, ça
sera un gouvernement du Parti québécois qui sera au pouvoir le 1er octobre.
Mme Lamarre : Je dirais,
à 69 %, les Québécois, dans le dernier sondage, se sont déclarés en faveur
du maintien des services publics en éducation et en santé. Et là on va enfin
avoir des exemples concrets. Et les gens, quand ils vont regarder concrètement
le parti qui défend le mieux ce maintien et ce développement des services
publics en éducation et en santé, ils vont voir que c'est le Parti québécois
qui défend ça. Et c'est fondamental en termes de justice sociale et d'égalité
des chances, et ça, c'est vraiment le Parti québécois qui l'incarne.
La Modératrice
: Merci.
Marco Bélair-Cirino, du Devoir.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Oui. Est-ce que vous trouvez ça curieux ou surprenant que M. Chassin
défende les couleurs de la CAQ dans la circonscription de Saint-Jérôme, qui
était représentée par Pierre Karl Péladeau à l'Assemblée nationale?
M.
Therrien
:
Je vous dirais que, oui, je trouve ça curieux que Youri Chassin défende les...
ou défende... soit à l'intérieur de la CAQ, je trouve ça vraiment curieux
aussi, parce que, s'il est à l'intérieur d'un parti politique comme la CAQ, ça
veut dire que la CAQ devient un parti qui ressemble au Parti conservateur du
Québec.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Mais qu'on ait choisi, à la CAQ, la circonscription de Saint-Jérôme, est-ce
qu'il n'y a pas là un petit fond de néo-libéralisme?
M.
Therrien
:
Mais, écoutez, le chef de la CAQ a prérogative sur qui va aller où. Alors, s'il
envoie Youri Chassin à Saint-Jérôme, ce n'est pas les membres qui le veulent,
c'est lui qui le veut. Alors, c'est une stratégie, je ne sais pas laquelle.
Mais moi, je sais une chose, c'est que, dans ce comté-là, Marc Bourcier, notre
député, est très, très apprécié et il va faire une chaude lutte à Youri Chassin,
et je peux vous prévoir la victoire de Marc Bourcier parce que c'est quelqu'un
qui est près de son monde, qui connaît son monde. Ce n'est pas le cas de Youri
Chassin dans Saint-Jérôme.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Concernant le projet Trans Mountain, je ne sais pas si vous avez suivi le débat
acrimonieux qui divise l'Alberta, la Colombie-Britannique et le Canada.
Jean-Marc Fournier, M. Couillard ont décidé d'y prendre part en disant que
ce serait une très mauvaise idée, ce ne serait pas un bon signal pour le
fédéralisme canadien si Ottawa imposait le pipeline à la Colombie-Britannique.
Qu'est-ce que vous pensez de l'approche du gouvernement québécois dans ce
dossier-là et aussi des réactions assez tranchées d'élus albertains qui
dénoncent la participation du Québec dans ce débat-là en disant notamment que
le Québec touche plus de 10 milliards de péréquation, puis la plupart de
cet argent-là est dû à l'industrie pétrolière albertaine, et qu'ils devraient
se taire?
M.
Therrien
:
Vous savez qu'on est frappés par ce qu'on appelle le malaise hollandais au
Québec. Ça veut dire que, quand il y a de l'exploitation pétrolière dans
l'ouest du pays, ça pousse à la hausse le dollar canadien et ça fait en sorte
que nos entreprises manufacturières ont de la difficulté à exporter aux
États-Unis. Selon certaines données, 75 000 emplois au Québec ont été
perdus entre 2008 et aujourd'hui à cause de ce malaise hollandais là. C'est des
chiffres qui ont été sortis entre autres par l'OCDE.
Moi, ce que je vous dis, c'est que, quand
on amplifie l'activité pétrolière de l'Alberta, on vient donner des problèmes
supplémentaires à l'industrie québécoise au niveau manufacturier. Et ça, je
pense que c'est clair, ça a été démontré à maintes reprises. Et nous, au Parti
québécois, on fait toujours attention à ce que les emplois au Québec soient
préservés, malgré une augmentation de l'activité pétrolière qui serait,
justement, occasionnée par ce pipeline-là, qui va tout simplement faire augmenter
la production de l'Alberta.
Sachez que la péréquation, là, je veux
dire, ça nous est donné parce que le fédéralisme canadien nous crée des
problèmes dans notre économie, alors nous punit de beaucoup de décisions que le
gouvernement fédéral et les autres provinces font, alors il faut faire
attention à tout ça, là.
La Modératrice
: Merci
beaucoup. Micro de gauche, Martin Croteau, La Presse.
M. Croteau (Martin) :
Bonjour. M. Therrien, juste une question de suivi par rapport à Marco.
Est-ce qu'il est clair à vos yeux que, tant que le Québec fait partie du
Canada, les provinces devraient avoir un droit de veto sur des projets comme
des pipelines interprovinciaux?
M.
Therrien
:
Nous, on veut un droit de veto en ayant la souveraineté du Québec. Alors,
chaque fois...
M. Croteau (Martin) :
Mais dans l'intervalle?
M.
Therrien
:
Bien, regardez, chaque fois qu'on donne plus de pouvoirs au Québec, nous, on
applaudit à ça, c'est clair. Alors, le Québec, à l'intérieur du Canada, est une
province qui représente un peuple. Le gouvernement du Québec représente un
peuple, ce n'est pas le cas des autres provinces du Canada. Alors, c'est clair
que, pour nous, plus le Québec aura de pouvoirs, et mieux se porteront les
Québécois.
M. Croteau (Martin) :
Mais est-ce qu'une province doit avoir un droit de veto sur des projets de
pipelines interprovinciaux comme Énergie Est, comme Kinder Morgan, comme l'aurait
été Northern Gateway auparavant?
M.
Therrien
:
Bien, moi, je vous dis, par rapport à Énergie Est, on avait mentionné qu'on
était contre. Donc, on était prêts à tout faire pour montrer qu'on était contre
et on demandait de respecter les Québécois dans ce dossier-là. Je ne parlerai pas
pour l'ensemble du Canada, je vais parler pour le Québec. Moi, j'ai été en
politique pour parler du Québec.
M. Croteau (Martin) :
Mme Lamarre, une petite précision. Je comprends votre souci de ne pas vous
immiscer dans la gestion interne du Parti libéral, mais globalement, lorsqu'un
député envoie la photo d'un homme qui se fait faire une fellation à une
employée politique, ça ne vous inspire rien en particulier? Que pensez-vous de
ça, vous?
Mme Lamarre : Bien, moi,
je suis étonnée, je vous dirais, que la whip... La whip a suivi la procédure,
mais je pense qu'il y a des moments et des situations qui devraient être
priorisés. Et je vous invite à questionner le Parti libéral sur les choix
qu'ils ont faits et les délais qu'ils ont attendus par rapport à cette
mesure-là.
La Modératrice
: Merci.
M. Croteau (Martin) :
Est-ce que c'est du harcèlement, selon vous?
La Modératrice
: Merci
beaucoup, ça va être tout sur ce sujet-là. On ne fera pas plus de commentaire.
Est-ce qu'on a des questions en anglais? On n'a pas de question en anglais.
Merci beaucoup.
(Fin à 12 h 15)