(Neuf heures sept minutes)
M. Khadir
: Bonjour,
tout le monde. Merci de votre présence. On entend beaucoup parler, pour le
bien, pour le mal, de la rémunération des médecins. Ça occasionne une
indignation populaire qui n'a échappé à personne. Mais ce problème de
rémunération toujours croissante de médecins est un problème qui est lié à des
décisions systémiques. Pour réparer ce problème-là et avoir des solutions qui
puissent nous sortir de cette crise, voici ce que Québec solidaire présente
aujourd'hui, c'est-à-dire un plan pour moderniser la rémunération des médecins.
Le plan, en deux ans, vise à réduire l'enveloppe salariale des médecins, à
moderniser le mode de rémunération et à s'attaquer à la bureaucratie qui permet
une telle chose.
Le plan qu'on vous présente a d'abord pour
but d'équilibrer les choses, d'assurer une plus grande justice à l'intérieur du
système, entre les besoins des acteurs et les besoins de la population. Et,
s'il est mis en place, ça va permettre de restaurer également… Et je le
rappelle parce que Mme Francoeur aujourd'hui va aller en conférence de presse
expliquer encore l'entente signée par le gouvernement. Je rappelle que ce plan
va permettre de restaurer la confiance du public envers les médecins, qui a été
gravement endommagée par le duo Couillard-Barrette qui ont sérieusement porté
atteinte à la réputation des médecins.
Les fédérations des médecins ont toujours
demandé la parité avec l'Ontario. Nous disons : D'accord, mais ça veut
dire aujourd'hui une diminution de 12 % de l'enveloppe salariale des
médecins du Québec. Donc, nous allons commencer par cette diminution de
12 % de l'enveloppe salariale, qui représente une économie, pour les fonds
publics, de 924 millions de dollars, si on se fie au presque
8 milliards de dollars de l'enveloppe totale prévue actuellement.
Par la suite, parce c'est la dernière fois
que ce genre d'arrimage va s'appliquer, par la suite, toute hausse de salaire
des médecins sera conditionnelle et ne pourra dépasser les pourcentages de
hausses accordées aux autres salariés du réseau de la santé et des services
sociaux. Ce n'est pas juste les hôpitaux, les CLSC, c'est l'ensemble du ministère
de la Santé et des Services sociaux.
De cette façon, on s'assure d'amener un peu
de justice dans le réseau de la santé et un peu d'équilibre dans l'écart
salarial qu'il y a entre les médecins et les autres employés. Et, comme je l'ai
rappelé, tout ça va permettre une économie de 924 millions.
Ensuite, Québec solidaire souhaite changer
la façon dont les médecins sont rémunérés. Ça, c'est très, très important.
C'est une modernisation. Depuis 50 ans, de 1960 à aujourd'hui, on est partis du
paiement à l'acte comme seule manière de payer les médecins, qui est un
paiement, un moyen traditionnel, à toutes sortes d'introductions de modes
alternatifs et mixtes de rémunération. Toutes les études, et j'en ai consultées
beaucoup, c'est un des dossiers que j'ai le plus travaillés au cours des... je
dirais, en autant que je me souvienne, depuis la fameuse enquête sur le Parti
libéral et les prête-noms. On a vraiment fouillé la littérature de 1980 à
aujourd'hui. Toutes les propositions modernes de rémunération disent que le
paiement à l'acte, c'est dépassé et c'est inadéquat.
Donc, nous allons changer la manière dont
les médecins sont payés pour offrir de meilleurs services à la population. On
diminue le nombre de paiements à l'acte et on ajoute des façons de payer les
médecins, à l'heure, à la prise en charge et à la performance. C'est ce qu'on
appelle un mode de rémunération mixte. Par exemple, dans les CLSC, dans les
CHLSD, dans les hôpitaux, donc dans les établissements publics, le mode de
rémunération sera majoritairement par vacation, par salaire, par blocs de
temps.
Mais nous voulons aussi nous attaquer à
une bureaucratie qui s'est installée au sein de la RAMQ, qui a occasionné
d'importants problèmes, je dirais, dans la gestion des fonds publics.
Actuellement, les fédérations des médecins spécialistes et omnipraticiens
siègent sur le conseil d'administration de la RAMQ. Ça n'a aucun bon sens. Non
seulement ils siègent là, mais ils ont leur mot à dire sur la manière dont les
enveloppes salariales sont attribuées, occasionnant diverses distorsions très
importantes qui sont régulièrement, disons, dénoncées par des articles de
presse, etc. Il est inacceptable, en fait, de voir l'establishment médical
exercer autant d'influence sur le système et la façon qu'on les paie.
Nous allons aussi mettre fin, autre chose
importante, à l'incorporation des médecins. C'est un privilège de
22 000 $ par médecin incorporé. Ça, c'est un cadeau fiscal qui nous
coûte, aux contribuables québécois, au-dessus de 200 millions de dollars.
C'est juste trop. Alors, on demande aussi à ce que les
GMF soient intégrés au réseau public et de cesser
d'en faire des machines à profit. Donc, dans le plan de Québec solidaire, les
GMF vont être intégrés au réseau, vont garder leur indépendance
professionnelle, mais ils seront des organismes à but non lucratif s'ils
veulent bénéficier des fonds et du soutien de l'État.
So, Québec solidaire has
a plan for the payment of physicians. Paying physicians the fees for acts,
paying them by bits, as it was done 50 years ago, is an old way of paying
physicians which has brought a lot of problems everywhere, not only in Québec,
not only in Canada, even in United States, and all modern concepts of
physicians' payment in the recent years have included modes of payment that are
different from what we have today in Québec.
We need a modernisation
and improvement of the way we deal that matter, so we want to introduce ways of
paying them with a mixture of «paiements à l'acte», fees for acts, that will
include also salaries. That means we'll pay them not to do specific acts but
the time they allow to perform their services and to render their services to
the patients, but also we'll pay them for their performance and we'll also include
an element of «prise en charge», of ensuring the coverage of a certain number
of patients.
So, that type of mixed, a
combined way of paying them consist in the modern way we are thinking about the
physicians payment and that should bring a capacity to better use our finances
contained costs and provide better services to the population. Thank you very
much for your attention.
Le Modérateur
: On va
passer à la période de questions. François Cormier, TVA.
M. Cormier (François) :
Bonjour, M. Khadir. Donc, que la fédération soit responsable de la
distribution de l'enveloppe, par exemple, dans le cas qui nous occupe, c'est
inacceptable pour vous? C'est bien? C'est une bonne idée?
M. Khadir
: Bien, c'est
tout à fait inacceptable. Ça fait des années de trop que ça dure. On aurait pu
penser que, si la culture qui domine les fédérations était une culture
bienveillante, soucieuse de l'ensemble de la manière dont le système de santé
fonctionne, on aurait vu moins de problèmes. Mais à cause du passage de gens
comme Gaétan Barette et d'autres, pas juste lui, à cause de la présence, au gouvernement,
dans des postes de décision, de médecins cupides comme Philippe Couillard, qui
ont négocié des conditions absolument inacceptables au vu des finances
publiques, c'est sûr que la présence d'une telle culture au sein du conseil
d'administration de la RAMQ, c'est un danger pour les fonds publics et ce n'est
pas bien veillant dans... ce n'est pas une bonne manière de gérer les choses.
Et, en règle générale, c'est des simples
règles de prévenir les conflits d'intérêts. On ne verrait pas, à la direction
de n'importe quel organisme ou organisation, des gens qui décident eux-mêmes de
la manière dont on va les payer.
M. Cormier (François) : ...à
la direction, non, mais au conseil d'administration, oui.
M. Khadir
: Bien oui,
mais ils ont une influence extrême, là. Ils ont une influence très importante.
M. Cormier (François) :
D'accord. Dites-moi, pourquoi les GMF doivent être intégrés au système public?
M. Khadir
: Si on veut
que tout ça fonctionne, il est inacceptable de voir des centaines
de millions de dollars de fonds publics accordés à des entités à but
lucratif, alors que le système de santé au Canada est prévu pour être un
système de santé public. Je vous rappelle qu'actuellement, nos documents et nos
analyses le montrent, Amélie Daoust-Boisvert, une de vos collègues du Devoir,
déjà l'a démontré en 2016, en moyenne, on paie actuellement les GMF
405 000 $ par année, 405 000 $ par année, et on sait très
bien, vous l'avez vous-même dénoncé depuis des années, les GMF ont été
incapables de rencontrer les exigences d'ouverture, de couverture,
d'accessibilité pendant toutes ces années, parce qu'il n'y a encore aucun
contrôle.
Donc, nous souhaitons s'assurer que les fonds
publics sont bien utilisés. Les quelque 350 millions de dollars chaque
année que ça nous a coûté, bien, occasionnent des problèmes majeurs. Donc, pour
s'assurer qu'il y a une reddition de comptes, il faut que ça soit des
organismes à but non lucratif, qui ne peuvent pas être entièrement contrôlés
par les médecins. Il faut qu'il y ait des gens du public aussi impliqués et
qu'on assure que tout ça fonctionne bien avec l'ensemble du réseau. Autrement
dit, les GMF, ce n'était pas prévu d'être des machines à profits.
Malheureusement, actuellement, ça l'est devenu. Une bonne étude de MQRP l'a
démontré d'ailleurs en 2015.
M. Dion (Mathieu) : Mathieu
Dion, Radio-Canada. Bonjour.
M. Khadir
: Bonjour.
M. Dion (Mathieu) : On apprend
ce matin, par la CSN, que finalement, sur la croissance des dépenses, une bonne
partie qui est attribuable à la rémunération des médecins, et finalement il y a
moins d'argent qui va dans les services : blocs opératoires, ambulances,
etc.
Est-ce que le gouvernement fait fausse
route en disant qu'il y a de l'argent qui va malgré tout, de façon importante,
dans les services à la population?
M. Khadir
: Je ne
crois pas qu'on peut imputer ce mensonge à l'ensemble du gouvernement. Il y a,
au gouvernement, un duo de deux spécialistes, qui s'appellent Gaétan Barrette
et Philippe Couillard, qui entretiennent ce mensonge. C'est un mensonge. C'est
une tarte, l'enveloppe budgétaire. Au cours des dernières années, tous ceux qui
connaissent un tant soit peu le financement du réseau de la santé savent très
bien... Si vous regardez les graphiques, il y a une autre analyse de l'IRIS
celle-là, qui le montre admirablement, avec chiffres à l'appui depuis 30 ans,
les enveloppes budgétaires de l'ensemble du réseau de la santé ont crû, certes,
avec un certain pourcentage de recul par rapport aux coûts réels du système.
Donc, par rapport à ce que la population a
besoin, on a continué à sous-financer même si on a augmenté. Mais, dans ça, le
problème, c'est que depuis le tournant des années 2000, une part
croissante de la tarte, qui se réduit tout le temps, là, est allée soit aux
médicaments, soit aux médecins. Aux médicaments, on a réussi à le contrôler il
y a quelques années, là. Avec toute la mobilisation qu'il y a eu et la présence
de Québec solidaire, on a réussi un peu à contrôler ça. Mais la question de la
rémunération des médecins, malheureusement, est encore...
Autrement dit, Philippe Couillard et
Gaétan Barrette mentent à la population et le savent très bien. La tarte
du budget de la santé par rapport aux besoins, à cause de la population
grandissante et vieillissante, a diminué, puis, dans cette tarte-là, la part
des médecins et des médicaments a augmenté. Donc, il en reste moins pour les
salles d'op, il en reste moins pour les CHSLD, il en reste moins pour les lits
d'hôpitaux, il en reste moins pour nos patients, pour les bains qu'on donne,
pour tous les services.
M. Dion (Mathieu) : La
ministre de l'Environnement a envoyé une lettre au fédéral pour demander à ce
que Québec fasse ses propres évaluations environnementales. On cite l'exemple
de Contrecoeur. Est-ce que ça suffit, ça, une lettre au fédéral pour rapatrier,
si on veut, cette forme de pouvoir là?
M. Khadir
: La
ministre de l'Environnement est nouvelle dans son poste. Il faut donner la
chance au coureur, mais je rappelle à Mme Melançon que ce genre de choses
là n'ont pas marché. Je ne vois pas pourquoi, si ça n'a pas marché, même pour
le premier ministre du Québec qui a envoyé une lettre au fédéral et a même
envoyé Jean-Marc Fournier en tournée pour corriger certaines anomalies du
système fédéral, que, tout d'un coup, une lettre de Mme Melançon envoyée
au fédéral ferait le poids contre tous les filous qui entourent Trudeau et qui
sont des lobbys des compagnies pétrolières et gazières. Et, dans celles-là, on
trouve aussi la firme McCarthy Tétrault où oeuvre Jean Charest, dont
on sait qu'il jouait un rôle de lobbyiste pour l'industrie pétrolière.
M. Dion (Mathieu) :
Merci.
Mme Cloutier (Patricia) :
Oui, bonjour. J'aimerais savoir c'est quoi votre position, à Québec
solidaire, sur les guichets automatiques en région? Est-ce qu'on devrait
s'impliquer côté gouvernemental pour essayer d'en garder le plus possible?
M. Khadir
: C'est
un désastre pour les régions du Québec. Ça fait des années qu'on le constate.
Chacun de nous a eu l'occasion, je soupçonne, de le constater. Les gens des
régions, depuis des années, disent : On a besoin de nos caisses
populaires, on a besoin de ces établissements qui tissent la vie au quotidien
et qui assurent la vitalité de nos régions.
Alors, il est assez honteux pour la
direction de nos établissements comme la Caisse de dépôt qui est un... qui est
une coopérative, qui est une coopérative qui appartient aux Québécois. Mais,
malheureusement, la gangrène de la vision mercantile et de la vision affairiste
a gagné la direction également de la Caisse de dépôt depuis plusieurs années
déjà. Nous l'avons dénoncé, nous allons continuer à le dénoncer, et il faut que
les... en fait, la Caisse de dépôt...
Une voix
: Les caisses
Desjardins.
M. Khadir
: Je
dis la Caisse de dépôt depuis tout à l'heure, la caisse...
Mme Cloutier (Patricia) :
Oui, vous l'avez dit trois fois.
M. Khadir
: La
caisse populaire. Je reprends tout ça.
Mme Cloutier (Patricia) :
Les caisses populaires Desjardins dont on parle.
M. Khadir
: Le
Mouvement Desjardins, moi, je le cite souvent en exemple du génie québécois,
d'avoir été capable de transformer, je dirais, l'entreprise-phare du
capitalisme en quelque chose de coopératif. On en est fiers, ça fait 150 ans,
ça tapisse notre territoire. Et là, depuis quelques années, à la tête du
Mouvement Desjardins s'est installée la même culture mercantile, toxique,
affairiste, qui ne réfléchit pas à long terme et en termes de son rôle social
et puis qui fait qu'on a fermé, on a fermé, on a fermé. Donc, on n'est pas d'accord.
Mme Cloutier (Patricia) : Mais
est-ce que c'est le rôle du gouvernement, je ne sais pas, de soutenir certains
services financiers en région, ou ce n'est pas son rôle?
M. Khadir
: Bien sûr,
le gouvernement a son mot à dire. Le gouvernement... c'est-à-dire que
l'incorporation en coopérative du Mouvement Desjardins, c'est une décision du gouvernement.
Le gouvernement leur a accordé un tas d'avantages et un tas, je dirais,
d'arrangements législatifs pour permettre leur opération sur notre territoire.
Ils sont redevables à la société québécoise, et le gouvernement peut rappeler à
l'ordre le Mouvement Desjardins, comme on le fait d'ailleurs même pour les entreprises
privées. Nous, on ne se gênera pas. Je veux dire, les gouvernements ont leur
mot à dire.
Mme Plante (Caroline) :
Bonjour, M. Khadir. Est-ce que vous endossez la lettre de votre collègue la
députée Manon Massé, parue le 8 mars dernier, là, qui affirme que MM.
Couillard, Legault et Lisée faisaient partie d'un «boys' club» formé de gens,
et je cite, là, «qui essaient de camoufler leurs scandales sexuels tout en
refusant de débloquer des budgets adéquats pour lutter contre les violences
sexuelles»? Est-ce que vous endossez cette lettre-là?
M. Khadir
: Bien oui.
Est-ce que c'est quelque chose de nouveau? Je veux dire, ça fait des choses
qu'on dit depuis... Québec solidaire a maintenant 11 ans. Moi, je suis en politique
avec un mouvement alternatif, l'UFP, depuis 2003. On a toujours dit la même
chose, il n'y a rien de différent là-dedans.
On met maintenant des mots et des noms sur
la réalité, puis il faut être... et on est rendus là. Je veux dire, il ne faut
pas se réfugier dans des généralités. On sait maintenant que se réfugier dans
des généralités, ne pas oser nommer les choses et les responsabilités, ça cause
la situation actuelle, c'est-à-dire depuis... Bien que, depuis 30 ans, 40 ans,
officiellement, tout le monde reconnaît qu'il faut aller vers l'égalité, en
réalité, beaucoup de choses ne sont pas à la hauteur de nos attentes.
Donc, je pense que Manon fait très oeuvre
utile de continuer dans la même lancée qu'on a toujours faite, mais de dire :
Voici, il faut nommer les responsables. Si on ne les nomme pas, on ne réglera
pas les problèmes. Il faut arrêter, il faut arrêter, arrêter cette espèce
d'hypocrisie collective où tout le monde est beau, tout le monde est gentil, mais
après coup, si les choses ne changent pas réellement, il y a une responsabilité.
C'est que des gens en position de décider n'ont pas pris les bonnes décisions,
et Manon Massé dit que c'est le «boys' club» qui détient le pouvoir politique.
C'est Philippe Couillard, par exemple. C'est très simple. C'est juste un acte
de sincérité, et je l'appuie à 100 %
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Bonjour, M. Khadir. Êtes-vous d'accord avec la motion qui sera déposée par
la Coalition avenir Québec selon laquelle aucune formation politique
représentée à l'Assemblée nationale du Québec ne prône le nationalisme
ethnique?
M. Khadir
: Bien,
je suis content de voir que François Legault sent un malaise avec la notion de
nationalisme ethnique. Alors, je dis à M. Legault, à mon ami François,
bien, ce malaise-là, s'il est sincère et réel, si ce n'est pas juste parce
qu'on a peur de certaines étiquettes, bien, il faut que, dans le contenu, ça
paraisse.
Alors, il faut mettre en garde tous les
partis politiques de ne pas tabler sur un électoralisme qui s'appuie sur les
ressentiments. On monte les uns contre les autres puis quand, pour monter les
uns pour les autres, pour devenir populaire, que ça soit auprès de l'opinion
publique ou pour gagner la course à la chefferie, bien, quand on a recours à
des images, à des symboles qui mettent à l'index un sous-groupe de la
population ethniquement différenciée, bien là, c'est un problème. Il y a une
contradiction.
Alors, si on ne veut pas pratiquer le
nationalisme ethnique en termes réels, il faut arrêter les politiques de
ressentiment où on met la majorité d'un bord puis des minorités ethniques de l'autre.
D'accord?
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Donc, je comprends que vous allez vous opposer à la motion puisque, selon vous…
M. Khadir
: Non,
non, non. Bien non.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
…le Parti québécois et la Coalition avenir Québec ont pratiqué le nationalisme
ethnique et le pratiquent peut-être encore aujourd'hui.
M. Khadir
: Si
quelqu'un dit à l'Assemblée nationale : Il faut reconnaître que, tous nous
autres, on prend l'engagement d'être des gens honnêtes, comment je peux être
contre ça?
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Non, non, mais ce n'est pas ça, la motion. Je vais vous la répéter, si vous
voulez bien, pour qu'on parle de la même chose.
M. Khadir
: Soyons
magnanimes.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Oui. Alors, que la... La motion dit : «Que l'Assemblée nationale
reconnaisse qu'aucune formation politique représentée à l'Assemblée nationale
du Québec ne prône le nationalisme ethnique.»
M. Khadir
: Moi, je
pense que c'est une volonté exprimée. Là, par ça, on veut dire, là :
Voici, un engagement solennel qu'on prend. Moi, je le prends...
Non, sérieusement, je ne veux pas être
cynique. Je pense que, si François Legault a pensé que c'était nécessaire,
c'est qu'il sent le malaise, il y a un questionnement. Peut-être que ce qui se
passe ailleurs dans le monde, en Italie, aux États-Unis, l'a fait réfléchir.
C'est possible. Parce que je suis sûr que François Legault n'est pas un
ethnique, je suis sûr que François Legault n'est pas un... je ne sais pas,
quelqu'un qui est xénophobe, etc. Ça, j'en suis sûr. Mais la politique, telle
que pratiquée dans les dernières années, entraîne certains partis à se replier
sur des politiques de ressentiment.
Là, il se rappelle à l'ordre, il nous rappelle
à l'ordre. Tant mieux, je l'appuie.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Êtes-vous d'accord avec Carlos Leitão qui dit que la Coalition avenir Québec
s'est appuyée sur du nationalisme ethnique?
M. Khadir
: Oui, mais
M. Leitão peut bien vouloir chercher des problèmes chez d'autres, là, son
propre... D'abord, M. Leitão, que j'apprécie en particulier, doit dire que ce
qui ronge notre société, c'est la corruption de nos élites beaucoup plus que
tout le reste, au Québec en tout cas. Peut-être, dans d'autres pays, on a des
problèmes avec la montée du racisme, mais bon...
Mais là, au Québec, depuis 15 ans, c'est
les libéraux qui sont au pouvoir, puis ils sont au pouvoir grâce à l'argent
sale dans les coffres du Parti libéral. Et donc M. Leitão s'est rendu
coupable d'arriver au pouvoir avec cet argent sale. C'est à ça qu'il doit
répondre, M. Leitão, ensuite, les coupures draconiennes dans nos services
publics.
Donc, moi, j'invite Carlos à se concentrer
sur sa propre critique puis la critique de son propre parti. C'est du pouvoir
du Parti libéral que le Québec pâtit aujourd'hui essentiellement.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
J'aimerais revenir rapidement sur la question des guichets en région. Le
Mouvement Desjardins que... en fait, vous attaquez aujourd'hui la direction du
Mouvement Desjardins, mais celle-ci s'abrite derrière sa politique
décisionnelle selon laquelle ce sont les institutions régionales, les caisses,
des assemblées qui prennent les décisions de fermer des guichets ou...
M. Khadir
: Il y a
toute une classe d'affairistes qui ont pris le contrôle d'une société qui
devait être démocratique, qui devrait représenter les intérêts des petites gens
en région.
Alors, toute cette classe d'affairistes,
bien, c'est sûr qu'ils voient... quand ils voient à la direction du mouvement
des gens comme ceux qui les ont dirigés depuis Claude Béland... Claude Béland,
là, s'assurait de garder la mission du Mouvement Desjardins. Mais depuis le
départ de M. Claude Béland, il y a eu une dérive affairiste effroyable à la
direction de la caisse. Et c'est sûr que ceux qui, en dessous, prennent ces
décisions-là, quand ils voient que c'est bien accueilli au sommet, pour gravir
les échelons, bien, c'est des décisions qu'ils prennent.
Donc, non, je pense que c'est une défense
qui n'est pas acceptable. La direction du Mouvement Desjardins a un rôle, puis
surtout on doit revoir... Réveillez-vous. Il faut dire aux gens du Québec, à
nos municipalités, à nos régions... Il faut que les gens s'impliquent puis
aillent reprendre le contrôle démocratique des caisses.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Merci.
Des voix
: ...
M. Khadir
: Oui, oui.
C'était un oui de... Oui. Bon. Alors, regardez, on me signale que, dans la
réponse à une question : Est-ce que François Legault pratique le
nationalisme ethnique?, j'aurais dit oui. Non, ce n'était pas un oui
affirmatif. C'était un oui, genre, je me questionne sur cette affirmation. Et
dans toute l'explication que vous avez entendue par la suite, vous m'avez bien
vu défendre l'idée que n'importe quel politicien ici qui revient, et qui se
questionne, et qui insiste sur le fait qu'il ne faut pas pratiquer le
nationalisme ethnique, moi, j'applaudis et je ne mets pas en doute.
(Fin à 9 h 30)