(Treize heures neuf minutes)
M. Legault
: Oui,
bonjour, tout le monde. Écoutez, j'avais prévu vous parler de santé, mais avec
ce qui vient de se produire, je veux vous parler du dérapage du ministre des
Finances Carlos Leitão.
Carlos Leitão a déclaré, au journal The Gazette,
ce qui suit. Il a dit : «…the kind of nationalism the CAQ
proposes is, in my opinion, an ethnic based nationalism. I'm not afraid of the
words. This is what it is. They view the French majority as being under attack
from all those foreigners out there.» Fin de la citation.
Donc, le ministre des Finances du Québec a
qualifié la CAQ de parti de nationalisme ethnique. C'est une accusation très
grave, hystérique, inacceptable. C'est de la sale petite politique, et je pense
que, là, les libéraux viennent de dépasser les bornes.
Je demande à Philippe Couillard d'exiger
de Carlos Leitão, immédiatement, qu'il retire ses propos, qu'il s'excuse
pour avoir tenu de tels propos. Je ne peux pas croire que le premier ministre
du Québec puisse endosser de pareils propos, qu'il puisse endosser une façon
aussi dégradante de faire de la politique.
On le voit depuis un certain temps, les
libéraux mènent une campagne préméditée de mensonges organisée, de salissage.
Le gouvernement libéral actuellement mène une campagne de peur au seul profit
du Parti libéral du Québec. Ce genre d'accusations grossières qui laissent entendre
que ceux qui ne pensent pas comme les libéraux sont des racistes, les Québécois
sont écoeurés de ce genre de propos.
Je ne m'abaisserai pas au niveau de
Philippe Couillard, mais je demande encore une fois à Philippe Couillard... Je
pense que les libéraux ont franchi la ligne. Je demande à Philippe Couillard
d'exiger que Carlos Leitão retire ses propos immédiatement. Merci.
Le Modérateur
: Merci
beaucoup, M. Legault. Nous allons passer à la période de questions. Je
vous invite à vous limiter à une question et une sous-question. Marco Bélair-Cirino,
Le Devoir.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Alors, s'il n'y a pas d'excuse, qu'est-ce que vous faites? Est-ce que vous vous
en remettez à l'électorat québécois?
M. Legault
: Bien,
évidemment, il y a une élection dans six mois, mais je ne peux pas croire que
Philippe Couillard va accepter qu'un ministre important, le ministre des
Finances, là, en fait, dise qu'il y a un parti raciste à l'Assemblée nationale.
Il n'y a aucun parti raciste à l'Assemblée nationale, là, puis de parler de
nationalisme ethnique, là, je ne peux pas croire que Philippe Couillard va
accepter ça, là. Je pense qu'il est assez intelligent pour savoir ce que ça
veut dire, là, puis je pense qu'il a une responsabilité comme premier ministre
du Québec.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Est-ce que ça fonctionne, ce genre de politique là? Est-ce que, vous, vous avez
de la difficulté à récolter des appuis au sein notamment des communautés
anglophones et allophones, en raison de commentaires comme ceux-là prononcés
par des membres du gouvernement?
M. Legault
: Écoutez,
évidemment, il y a des gens qui sont influencés, d'autres qui ne sont pas
influencés, là, mais c'est la première fois que je vois une déclaration aussi
directe, hein? On se souvient, souffler sur les braises de l'intolérance, mais
là de dire que la CAQ est un parti de nationalisme ethnique, là, on va voir
c'est quoi l'impact, là, mais ça vient d'arriver dans le journal The Gazette.
On va voir c'est quoi l'impact, mais moi, je ne peux pas croire que Philippe
Couillard, que le premier ministre du Québec va cautionner de tels propos.
Le Modérateur
: Mathieu
Dion, Radio-Canada.
M. Dion (Mathieu) : Votre
politique est assez claire, là, de réduire de 50 000 à 40 000
immigrants pour mieux intégrer les immigrants, mais estimez-vous que votre
message est mal interprété dans la population?
M. Legault
: Bien,
écoutez, moi, je pense que c'est important de mieux intégrer les nouveaux
arrivants. Le Québec a toujours été accueillant, sera toujours accueillant,
mais on a le droit d'exiger que les nouveaux arrivants apprennent le français,
qu'ils acceptent nos valeurs. On a le droit de se poser la question sur le
nombre. Écoutez, actuellement, après cinq ans, sur les 50 000 nouveaux
arrivants, il y en a 26 % qui ont quitté le Québec, puis, dans ceux qui
restent, 15 % de chômage puis un grand pourcentage n'ont pas appris le
français.
Donc, on a le droit de se poser des
questions sans se faire traiter de racistes par le Parti libéral, là. Il y a
quand même des limites, là.
M. Dion (Mathieu) : Mais
est-il possible que le message soit mal compris, quand vous évoquez ça, dans la
population? Et c'est ce qu'on a pu voir, là, ou...
M. Legault
: Je ne
pense pas. Je ne pense pas. Je pense que vraiment, là, c'est une campagne préméditée
de la part du Parti libéral parce qu'ils sont inquiets de perdre le pouvoir
dans six mois.
Le Modérateur
: Martin
Croteau, La Presse.
M. Croteau (Martin) : Bonjour
à tous.
M. Legault
: Bonjour.
M. Croteau (Martin) :
Bonjour, M. Legault. L'an dernier, vous aviez proposé de réduire les versements
au Fonds des générations afin de financer des baisses d'impôt. Pouvez-vous
confirmer que c'est toujours la proposition de la CAQ et c'est ce que la CAQ
fera si elle est élue?
M. Legault
: Non.
Regardez, d'abord, il faut distinguer les versements au Fonds des générations
du Fonds des générations. Actuellement, il y a à peu près 2 milliards,
2 milliards et demi par année qui est versé au Fonds des générations. Dans
les premières années du Parti libéral au gouvernement, il y a eu des
augmentations de tarifs de garderie, tarifs d'électricité et taxe scolaire. Ce
qu'on avait demandé, à l'époque, c'est que, si c'était nécessaire de réduire
certains versements pour rembourser cet argent qui avait été pris dans le
portefeuille des familles, on était ouverts à le faire. Aujourd'hui, il y a des
surplus. On parle d'un surplus de 2,9 milliards, donc il n'y a plus de
nécessité d'aller toucher aux versements.
Pour ce qui est du fonds, écoutez, quand
on a lancé le fonds, c'était Michel Audet à l'époque... je me souviens, moi,
j'étais porte-parole dans l'opposition, puis il y avait l'ADQ, on disait :
Bien, voyons, pourquoi ces versements-là ne sont pas tout de suite appliqués
sur la dette? À l'époque, Michel Audet était contre; là, aujourd'hui, le Parti
libéral a changé d'idée, puis là ils nous disent qu'ils sont prêts à mettre le
Fonds des générations, de le netter de la dette. On est d'accord avec ça.
M. Croteau (Martin) : Donc,
juste pour être clair, un gouvernement caquiste ne réduira pas les versements
au Fonds des générations.
M. Legault
: Non, pas
avec les surplus qu'il y a là, non, non.
M. Croteau (Martin) : O.K. Donc,
les versements resteront intacts si la CAQ...
M. Legault
: Ils vont
rester là, oui.
M. Croteau (Martin) : O.K.
Merci.
Le Modérateur
: Louis
Lacroix, Cogeco, micro de droite.
M. Lacroix (Louis) : Bonjour,
M. Legault. Vous êtes très offusqué par le nationalisme ethnique. Ça réfère à
quoi, selon vous, cette référence-là de M. Leitão? Ça réfère à quoi, selon
vous?
M. Legault
: Il faut
lui demander à lui, là...
M. Lacroix (Louis) : Non,
mais votre opinion.
M. Legault
: ...non,
mais ce qu'il essaie de faire, là... parce que les libéraux sont habitués,
depuis 50 ans, de gagner des élections en étant contre la souveraineté du
Québec. Là, ils se rendent compte qu'il y a un parti nationaliste qui défend
effectivement une langue, des valeurs, qui propose de rester à l'intérieur du
Canada. Et là ils sont piégés, ils se rendent compte que... les libéraux se
rendent compte qu'ils sont en train de perdre une partie de leur clientèle. Et
là ils essaient de faire des amalgames, puis de nous traiter de racistes, puis
de dire que la CAQ, c'est un parti de nationalisme ethnique. Ça n'a pas de bon
sens. Voyons donc! Ce n'est pas...
M. Lacroix (Louis) : Mais des
amalgames avec quoi?
M. Legault
: Bien, des
amalgames avec... Regardez ce que M. Couillard disait, à Paris, il y a quelques
jours, avec des régimes puis des partis d'extrême droite. Voyons donc, là! La
CAQ, là, a une position équilibrée. On dit : On veut mieux intégrer les
nouveaux arrivants, mais ce n'est pas parce qu'on veut mieux intégrer les
nouveaux arrivants qu'on est devenu un parti raciste ou un parti de
nationalisme ethnique. Voyons donc! Il n'y a aucun parti... puis je dirais la
même chose de Québec solidaire, du PQ, il n'y a aucun parti à l'Assemblée
nationale qui est un parti de nationalisme ethnique.
Puis je pense que Philippe Couillard sait
très bien ça. Puis, à moins qu'il veuille jouer une game puis faire de la
petite politique sale, là, il a le devoir de demander tout de suite à Carlos
Leitão de retirer ses propos.
Le Modérateur
:
Nicolas, Journal de Québec, Journal de Montréal.
M. Lachance (Nicolas) :
Bonjour. Qu'est-ce que vous pensez du fait qu'il y a 56 millions
d'écofrais, là, qui sont payés en trop puis qui dorment dans les comptes
bancaires?
M. Legault
: Bien, le
moins qu'on puisse dire, c'est qu'il y a une incohérence. On va taxer les
Québécois pour 56 millions puis on ne fait rien avec le 56 millions.
Moi, je pensais que ce fonds-là servirait à améliorer toutes les méthodes de
recyclage de certains biens, mais là on se rend compte qu'on a collecté de
l'argent dans le portefeuille des Québécois puis qu'on ne fait rien avec le
56 millions. Il y a un problème, là, il y a des questions à poser au
gouvernement.
M. Lachance (Nicolas) :
Considérez-vous que c'est de la mauvaise gestion, là? On arrive au budget qui
s'en vient.
M. Legault
: Bien, absolument.
C'est de la mauvaise gestion de dire : D'un côté, je collecte de l'argent
du portefeuille des Québécois puis je ne fais rien avec. C'est de la mauvaise
gestion.
M. Lachance (Nicolas) :
Merci.
Le Modérateur
:
D'autres questions? Marie-Michèle Sioui, Le Devoir.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Oui. Une petite dernière en français, M.
Legault. Les libéraux disent qu'ils ont... ils croient, là, qu'ils vont
économiser 1 milliard sur cinq ans à cause de la nouvelle façon, là, de
contribuer. Est-ce que, selon vous, on aurait dégagé plus de surplus si on
avait placé cet argent-là sur les marchés, dans le Fonds des générations?
M. Legault
: Écoutez,
il y a des années, oui; il y a des années, non, hein? Rappelons-nous des
mauvaises années à la Caisse de dépôt. Comme j'avais dit à l'époque à Michel
Audet, si on est si sûr que ça, bien, qu'on en emprunte un autre
25 milliards puis qu'on le place, hein, si on pense qu'on va faire un
meilleur rendement que le coût de notre dette. Il y a des années où ça va être
mieux; des années, ça va être moins bon, mais moi, je trouve que c'est une
bonne idée de dire : On prend le Fonds des générations puis on réduit la
dette. Je trouve que c'est une bonne idée.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : O.K. Merci.
Le Modérateur
:
Questions en anglais. Phil Authier, The Gazette.
M. Authier (Philip)
:
Yes. Good day. Do you think these comments by Mr. Leitão perhaps are a sign of
a panic in the Liberals? They think that you might be making in roads in some
West Island ridings or… Is that what… and you know, you might want to be saying
this in English because this comment appeared in our…
M. Legault
:
Yes, I think that right now, Philippe Couillard is in panic and he sees that
more and more Anglophones are looking for the CAQ, and I think that it's
unacceptable.
The minister of Finance,
Carlos Leitão, calls the CAQ a party of ethnic based nationalism. It's a
serious accusation, it's unacceptable, it's dirty politics, and I think the
Liberals just crossed the line, and Philippe Couillard must immediately order
his minister to apologize, to withdraw his comments. I simply can't believe
that Philippe Couillard will endorse such remarks. What a degrading way of
doing politics.
These kinds of accusation
suggest that those who do not think like the Liberals are racists. Quebeckers
are sick of this kind of talking to them. So again I think the Liberals have
crossed the line and Philippe Couillard must immediately reject the words of
his minister.
M. Authier (Philip)
:
But I was… just to pursue on that, I was reading in Le Devoir two
weeks ago that the CAQ… «Dans cet esprit, les membres influents fondent peu
d'espoir sur la prise d'une — je
parle de la CAQ — circonscription dans le "West Island". Au
mieux, la CAQ pourrait faire une percée en Estrie...» Est-ce que c'est vrai que
vous avez… Sorry, I was in English. Sorry. Is it true you've written off
Anglophone votes, that you're not going to get any? Cause that's what…
M. Legault
:
Not at all. Not at all.
M. Authier (Philip)
:
That's what this says.
M. Legault
:
Not at all. And I've more and more meetings with Anglophones. I'm spending some
nights with groups of Anglophones who are interested about the ideas of the
CAQ. So, no. In Montréal, in the Eastern Townships, in Outaouais, in Laval,
many Anglophones, they come, and see me, and they would like to know more about
the CAQ. And I'm still confident that we'll get some support from the
Anglophones.
Le Modérateur
: Thank you. Maya Johnson, CTV.
Mme Johnson (Maya) : Yes. Mr. Legault, this morning, the Premier also suggested that the
CAQ would be doing something illegal if it went ahead and used money from the
Generations Fund to promise tax cuts to Quebeckers. How do you respond to that attack?
M. Legault
:OK. What I said a
couple of years ago, at the time when the Liberal Government decided to
increase some tariffs and some taxes, is that they have to give back this
money, even if, in order to do so, they don't put as much money as was
forecasted in the Fonds des générations. I never said that we have to touch the Fonds
des générations. I said maybe the increase in the
amount that we put in the Fonds des générations, we should and we must make sure that we reimburse the money to
taxpayers.
But today, the situation is different. We're talking about
a surplus of over $2 billion, so we don't need to do so anymore. And
regarding the possibility of netting the Fonds des
générations and the debt, that was suggested right at
the beginning. Michel Audet, at the time, refused the proposal of myself and
the ADQ who said : Why do you put the money aside instead of reducing,
year after year, the debt with this money? And that's what they suggest. So, of
course, I agree with what they suggest.
Mme
Johnson (Maya) : OK. So, on that point, you're in
favor of what the Liberals are proposing.
M. Legault
: I'm in favor. Yes.
Mme Johnson (Maya) : But do you think that this is sort of a strategy to take away your «marge de manoeuvre» if you will?
M. Legault
: No. Not at all. I think that again Mr. Couillard is part of a
premeditated campaign of organized lies. He repeated this morning that I want
to dip into the Generations Fund. That's not true. That's just not true. I
never considered taking some money in the fund. I said : Maybe we should
not add as much at that time, when they were taking some money in the pockets
of taxpayers.
Mme Johnson (Maya) : So, as far as you're concerned, that's something else. It's part of
an organized fear campaign.
M. Legault
: Yes. I think that right now, for months, Philippe
Couillard has been repeating all sort of fake news,
like he knows very well when he said that I proposed babies bonuses. That is
not true. I never did so. What we said is that we have to look right now… the
tax credits that are given to families for the first child are higher than for
the second and third child. It doesn't make sense. They should be equal. That's
what I said. I never talked about a one-shot amount, about a bonus. He knows
that very well, but he's lying and he's trying to premeditate a campaign of
organized lies.
Mme
Johnson (Maya) : Merci.
Le Modérateur
: Thank
You. Merci.
M. Legault
: Merci, tout
le monde.
(Fin à 13 h 25)