(Quinze heures vingt et une minutes)
Mme Lamarre : Alors, aujourd'hui,
on apprend que, dans le projet de financement que le ministre a fait aux
cliniques privées, il y a eu un dépassement des coûts qui avaient été prévus,
alors... mais pas un petit dépassement, on est passé de 4 millions à
18 millions de dollars donnés à quelques cliniques privées, à quatre
cliniques privées pour faire des chirurgies à un moment où, à peu près, les
budgets de chaque CISSS et CIUSSS sont coupés de 10 millions à
15 millions de dollars par année. Alors, d'abord, on ne peut pas dire que
le ministre est impressionnant dans l'estimation des prévisions des coûts, alors...
de 4 millions, on arrive 18 millions.
Deuxième élément, ce modèle de comparaison
entre une clinique privée et les coûts qu'un hôpital aurait pour des activités
similaires, les mêmes chirurgies, par exemple, il est mal... l'étalon que le
ministre a choisi est inapproprié, c'est comme comparer des pommes avec des
oranges. Pourquoi? Parce que, dans la clinique privée, les patients sont
généralement plus jeunes, plus mobiles, vont n'avoir qu'un problème qui
nécessite une chirurgie du genou, par exemple, et l'hôpital va toujours se
retrouver avec les patients plus complexes qui ont déjà d'autres comorbidités,
d'autres maladies, qui ont déjà des problèmes de diabète, qui ont des problèmes
d'anticoagulothérapie qui complexifient de façon significative les patients qui
sont vus. Or, si l'étalon, c'est le chiffre de la clinique privée, eh bien, on
se rend compte que ça va être vraiment très injuste pour le secteur public de
se comparer avec cette population-là.
L'autre dimension de ces cliniques privées
qui devaient être un laboratoire temporaire pour trouver les bons chiffres, eh
bien, c'est que ces cliniques-là, lorsqu'il y a des complications qui
surviennent, par exemple, les fins de semaine, le soir, elles ne sont pas
disponibles. Donc, c'est l'hôpital qui doit assumer tous les coûts
complémentaires qui ne sont pas facturés dans le coût que l'intervention a
coûté à la clinique privée. Donc, tout ça, ce n'est pas un bon moyen de
rechercher ce coût-là et ce n'est pas une bonne façon de calculer pour le
ministre.
Alors, je pense qu'il doit faire en sorte
qu'il donne vraiment les chiffres. Il devait de toute façon, après un an, faire
en parallèle l'évaluation avec ce qui se passe en hôpital. Alors, ce serait
intéressant d'avoir ces chiffres en hôpital pour voir de quelle façon il
pondère la différence dans les critères. Est-ce qu'il tient compte de tous ces
paramètres, dont je viens de citer, qui distinguent profondément les coûts
nécessaires dans chacun de ces deux milieux qui sont très différents, la
clinique privée et l'hôpital — l'hôpital, qui a aussi d'autres
contraintes, mais aussi d'autres mesures de sécurité pour les patients, entre
autres, des comités de prévention d'infection, différents paramètres qui sont
des garanties pour la population? Alors, moi, j'invite le ministre à nous
donner tout de suite ces comparaisons de chiffres, et puis qu'on pourra le
questionner s'il a bien tenu compte de tous les paramètres distincts entre le
privé et le public.
(Fin à 15 h 24)