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Point de presse de Mme Stéphanie Vallée, ministre de la Justice et ministre responsable de la région de l'Outaouais

Version finale

Wednesday, February 28, 2018, 10 h

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Neuf heures cinquante-neuf minutes)

Mme Vallée : Donc, merci. Merci d'être là. Je dois vous dire que l'article de votre collègue Jocelyne Richer a un peu réorganisé ma journée ce matin, mais c'est ça, c'est le propre de la politique, et puis je vous avoue... Je vais être super transparente avec vous aujourd'hui, je suis quelqu'un d'honnête, je suis quelqu'un de franche puis je n'ai pas envie de vous faire le coup de vous dire : Je suis en réflexion, je poursuis ma réflexion.

J'ai effectivement rencontré le premier ministre, il y a quelques semaines, pour l'informer que je ne solliciterais pas un mandat au prochain rendez-vous électoral. C'est une décision qui est mûrie, c'est une décision qui est réfléchie depuis longtemps, je vous avoue, là, puis... C'est, en fait, une décision avec laquelle j'ai commencé à jongler même avant le dernier rendez-vous électoral.

Alors, lorsque je me suis engagée, je me disais que c'était possiblement mon dernier mandat. Pourquoi? Bien, c'est une question... c'est hyper personnel, c'est... le propre de la vie politique, c'est un engagement plus qu'à temps plein. J'ai deux enfants, qui sont maintenant grands, 18 et 20 ans, mais qui ont passé la majorité de leur vie avec une mère en politique active, donc avec une mère qui est moins présente. J'ai envie de me réapproprier ma vie personnelle puis ma vie familiale. C'est aussi simple que ça, aussi simple que ça. Et donc je ne voyais pas comment je pourrais faire un autre mandat après celui-ci. C'est bien simple. Martin, tu as discuté de ma vie personnelle par le passé, d'autres de vos collègues l'ont fait. J'ai envie d'avoir une vie privée, j'ai envie d'avoir ma vie à moi. Ce n'est pas plus... C'est vraiment simple comme ça, et je suis... la politique me coule dans les veines, dans le sens que je suis une passionnée. Donc, je ne quitte pas la politique. Je ne quitte pas la politique, je fais tout simplement une pause de la politique active, je fais...

Puis j'ai envie de poser mes valises. Je l'écrivais tout à l'heure à Agnès Maltais qui m'a envoyé un gentil petit message, et j'écrivais à Agnès, j'ai envie de mettre mes valises dans le garde-robe puis de les laisser là pour un bout de temps. J'ai juste envie d'avoir une vie un petit peu plus normale à la maison. Ce n'est pas évident, hein, le va-et-vient. C'était Maniwaki-Gatineau, à l'époque, c'était 602 kilomètres aller, 602 kilomètres retour, la route. Maintenant, c'est Gatineau, mais Gatineau-Québec, Québec—Lac-Cayamant, Denholm et tout, et tout, alors c'est beaucoup de route, c'est beaucoup de temps, c'est beaucoup de temps passé.

C'est fascinant par contre parce qu'encore en début de semaine j'étais à Maniwaki, j'étais dans mon bureau de comté, j'étais avec les filles puis avec l'équipe puis je me disais, puis la nouvelle n'était pas sortie, je me disais : Est-ce que je prends vraiment la bonne décision? Parce que j'aime ce que je fais, surtout lorsqu'on arrive à faire aboutir des dossiers attendus depuis longtemps, mais c'est une décision qui est vraiment mûrie puis c'est une fille très sereine qui est devant vous ce matin pour vous le dire.

Ce n'était pas comme ça que j'avais prévu le faire. J'aurais aimé ça être capable de vous convier en Haute-Gatineau pour annoncer le tout en présence de mon président d'association, Michel Gauthier, qui est un homme fantastique, hein, président de mon équipe. Il y a des gens qui travaillent avec moi depuis toujours. J'ai une de mes collaboratrices qui est avec moi depuis avant la politique, donc Danielle. Sans elle, je ne sais pas ce que je ferais, c'est mon organisatrice. Luce... Bref, ces gens-là auraient mérité que ça se fasse autrement, pour l'engagement qu'ils ont eu, puis pour leur présence, puis leur support.

Maintenant, c'est ça, la vie est ainsi faite, alors on prend ce que la vie nous présente et puis on fait avec ça. Par contre, vous allez encore m'avoir ici. Je vais être aussi déterminée. J'ai encore des choses à faire, j'ai encore des choses à compléter. Aujourd'hui, je ne lance pas la serviette, puis je ne vous quitte pas, puis je ne quitte pas l'équipe, mais je fais simplement vous confirmer que je ne serai pas du prochain rendez-vous électoral, tout simplement.

Mme Prince (Véronique) : Mme Vallée, est-ce que vous avez trouvé aussi dans, disons, les deux dernières années que le mandat à la Justice, avec l'arrêt Jordan, avec le manque de ressources, est-ce que vous avez trouvé l'année difficile? Et je sais aussi que dans votre circonscription il y a différentes factions, il y a différents clans, ce n'est pas toujours facile non plus. Est-ce que vous avez trouvé ça quand même éreintant, les deux dernières années?

Mme Vallée : Vous savez, si on fait de la politique puis on se dit : Moi, je vais faire de la politique, puis je n'aurai pas de vent dans la face, on se trompe. Faire de la politique, c'est vivre avec la controverse. Faire de la politique, c'est parfois pousser des dossiers qui ne sont pas nécessairement toujours populaires.

L'arrêt Jordan, ce n'est pas de ma faute. Ce n'est pas de ma faute s'il n'y avait pas de ressources dans le système. Moi, j'en ai ajouté, des ressources dans le système. Moi, j'ai agi. Contrairement à d'autres qui ont peut-être tardé ou qui tardent encore pour agir, moi, j'ai convaincu mes collègues de l'importance d'investir 175 millions; moi, j'ai convaincu mes collègues de l'importance de poser des gestes majeurs pour la justice, puis on continue d'en poser.

Alors, c'est certain que, sur le plan humain, je vous avoue que parfois c'est un petit peu difficile au quotidien de toujours avoir à répondre à vos interrogations, à faire face aux oppositions qui nous blâment et qui parfois personnalisent les débats. Mais une fois qu'on a traversé la tempête, on continue, on se retrousse les cheveux, on se brosse un peu la poussière du visage puis on continue. La politique, c'est ça. La politique, ce n'est pas juste faire des photos, couper des rubans, puis avoir des sourires, puis faire plaisir à tout le monde. Ce n'est pas ça, l'engagement politique.

L'engagement politique, c'est parfois pousser des dossiers ou des politiques qui ne sont pas, à prime abord, populaires, mais pour lesquelles on est convaincu qu'elles vont apporter quelque chose de bien, quelque chose de mieux pour la société. Puis, oui, j'ai défendu des décisions qui avaient été prises par mes collègues. J'ai défendu les réformes de Gaétan puis je vais continuer à le faire. Je comprends que ce n'est peut-être pas populaire au sein de certains milieux. Je comprends que certains virages plus verts que notre gouvernement a pris ne sont pas populaires dans tous les milieux. Je comprends tout ça, mais je suis convaincue. Donc, pour moi, ce n'est pas difficile.

C'est difficile parfois sur le plan humain, mais ce n'est pas un élément qui a pesé dans la décision. C'est une décision... Honnêtement, vous avez devant vous quelqu'un qui a pris une décision pour elle et pour sa famille. Vous savez, mon chum puis moi, ensemble, on a 21 ans de mandats politiques à l'Assemblée nationale. C'est quand même pas pire, sauf que je pense qu'il est temps qu'on puisse se retrouver.

M. Laforest (Alain) : Votre plus belle réalisation et votre plus grande déception? Parce que ce n'est pas terminé, là...

Mme Vallée : Non, c'est ça. Mais...

M. Laforest (Alain) : Mais, à ce jour, là, votre plus belle réalisation depuis que vous êtes ministre et votre plus grande déception?

Mme Vallée : C'est dommage, parce qu'il y a des choses qui ne sont pas terminées, alors là je ne peux pas vous dire. L'heure n'est pas aux bilans aujourd'hui. Aujourd'hui, je vous dis...

M. Laforest (Alain) : Non, mais quand même, là, vous voulez réaliser quoi d'ici la fin du mandat? Vous...

Mme Vallée : Il y a des choses qui sont en... il y a des choses... puis je ne peux pas vous donner des scoops sur ce qui sera réalisé. Je peux vous dire que je suis super contente du travail qu'on a pu faire puis qu'on continue de faire pour améliorer l'accès à la justice. Je sais que ce n'est pas parfait, mais je suis fière qu'on ait pu profiter... en fait, prendre une situation qui était difficile comme la décision Jordan et poser des gestes qui vont être pérennes pour le système de justice. Je suis fière d'avoir pu amener les intervenants du milieu de la justice à se parler autour d'une même table. Ce qu'on fait avec la Table Justice, ce n'est pas rien, ça ne s'était jamais fait. Les investissements qu'on a faits à la Justice ne s'étaient jamais vus depuis des années, des décennies. Alors, de ça, je suis fière.

Puis dans le comté, que vous connaissez peut-être un petit peu moins ou avec lequel vous êtes moins familiers, il y a eu des avancées importantes et il y a des choses importantes qu'on a réalisées, que ce soit la semaine dernière, ne serait-ce que les investissements dans les centres de ski puis les investissements dans le tourisme. Le récréotourisme en Haute-Gatineau, ça paraît banal peut-être du point de vue de Québec, mais lorsqu'on est sur le terrain, dans un milieu rural, c'est loin d'être banal. Et moi, je suis contente d'avoir toujours, toujours, toujours maintenu mon engagement profond envers les communautés rurales, puis ne pas avoir perdu de vue d'où je venais, puis ne pas avoir perdu de vue non plus les besoins des citoyens là-bas, puis... mais, comme je vous disais, l'heure n'est pas aux bilans.

M. Laforest (Alain) : La pointe d'amertume, 62? Le visage découvert, ça n'a pas été facile.

Mme Vallée : Bien, non. Bien, ça n'a pas été facile, mais ça n'a pas été facile... c'est un dossier délicat. Ce sont des débats de société qui amènent les gens à se polariser, les... On a malheureusement peut-être abordé ce débat-là collectivement de la mauvaise façon parce qu'il y a eu une polarisation des positions.

Moi, je suis persuadée qu'on aurait pu arriver, avec 62, avec une position commune parce qu'ultimement 62 répondait à des... et répond à des besoins communs. Mais je ne suis pas déçue de 62. Au contraire, 62 est un engagement qui a été porté par le premier ministre lors de la dernière campagne électorale, et cet engagement-là a été livré. Alors, moi, je suis fière de ça, je suis fière de ce qu'on a fait, puis je suis fière aussi de tout ce qui a été fait par notre gouvernement au cours du dernier mandat. Ce n'est pas rien. Puis je suis triste de voir à quel point certains de mes collègues qui ont à leur crédit de grandes réalisations se font malmener actuellement sur la place publique, parce que moi, je suis à leurs côtés, je travaille avec eux, puis honnêtement on a une équipe incroyable.

M. Laforest (Alain) : Vous parlez de Gaétan Barrette?

Mme Vallée : Je pense à Gaétan, je pense aussi au premier ministre qui a eu sa part de critiques, je pense à mon collègue Carlos qui a fait un travail incroyable. Regardons où le Québec est aujourd'hui puis, si on regarde dans le rétroviseur, où on était il y a de ça quatre ans. C'est incroyable, puis je suis extrêmement fière de faire partie de cette équipe-là.

Mme Biron (Martine) : Vous êtes une femme avec, en fait, un portefeuille sénior, là. Il y en a très peu de femmes avec des portefeuilles aussi prestigieux que le vôtre. Est-ce que c'est difficile au sommet pour une femme?

Mme Vallée : Je pense que lorsqu'on assume des fonctions ministérielles, ça peut amener son lot de difficultés, son lot de défis, mais ça, c'est en politique comme ailleurs. Je ne voudrais pas le... Je ne veux pas le voir négativement. Ça nous demande, comme je le mentionnais, parfois de se ressaisir rapidement, d'être plus combative, mais je pense que, tout au long du mandat, j'ai été fidèle à ce que je suis puis à qui je suis et je suis connue pour dire ce que j'ai à dire quand j'ai à le dire, mais je le dis aux bons endroits.

Mme Biron (Martine) : Est-ce que vous avez bûché... Vous avez quand même monté les échelons un à un, vous avez été dans mourir dans la dignité, vous avez... on n'en parle plus beaucoup, mais vous avez quand même eu une place importante dans ce dossier-là. Vous arrivez ministre de la Justice et là, vous parliez des vents de face, vous en avez affrontés plus d'un. Ça use, ça. Est-ce que vous estimez que vous avez été vulnérable davantage en étant ministre?

Mme Vallée : Pas particulièrement, je vous dirais. Je suis fière parce que c'est quand même... J'ai eu un mandat avec des enjeux difficiles, mais j'ai quand même eu un beau mandat dans le sens que c'est quand même... on a quand même eu des belles réalisations, mais j'ai eu... Oui, j'ai eu du vent de face, mais je regarde autour de moi, lequel de mes collègues n'a pas eu de vent de face dans des dossiers importants?

Mme Biron (Martine) : Mais si ça avait été mais moins venteux, vous seriez peut-être restée? Vous avez eu un superbe portefeuille.

Mme Vallée : Ah non! Non, non, non. J'ai un superbe portefeuille, et je suis extrêmement fière, puis je suis très privilégiée d'avoir pu occuper ces fonctions-là et de pouvoir les occuper, ces fonctions-là.

Honnêtement, je dois vous avouer que... et je le dis, malgré les difficultés, c'est quand même un ministère que j'affectionne particulièrement. C'est le plus beau ministère pour moi, là, qui est avocate. Puis j'ai le privilège de travailler avec des intervenants incroyables. C'est quand même particulier lorsqu'on travaille, par exemple, de près avec la magistrature, lorsqu'on travaille de près avec le Barreau, avec les ordres professionnels. On apprend et on a une vision complètement différente.

Mais ce n'est pas les vents de face qui m'amènent aujourd'hui à vous confirmer que je ne me représenterai pas en octobre. Ce n'est pas ça parce que, des vents de face, je suis capable d'en prendre, croyez-moi. Mais est-ce qu'on peut, à un moment donné, tout simplement dire : J'adore ce que je fais, mais là le sacrifice de partir à toutes les semaines, le sacrifice de ne pas être avec mon monde puis de ne pas être là, par exemple, quand ma fille ou mon fils ont besoin de me parler, bien, j'aimerais ça, là, être là pour un petit bout. J'aimerais ça être là pour eux. Ce n'est pas…

M. Croteau (Martin) : Vous aviez déclaré au Droit en janvier que vous aviez des… je pense que c'est pas de raison de penser que vous ne souhaitiez pas... Est-ce qu'on comprend donc que votre réflexion a évolué récemment? Est-ce que c'est…

Mme Vallée : Bien, en fait, j'ai partagé ma réflexion avec le premier ministre, et ce que j'ai dit au Droit, c'est toujours vrai. J'ai toujours la passion, je suis toujours passionnée, je suis toujours… Je suis toujours là. Je vais être là à 100 % et à 200 % jusqu'à la toute fin. Ça, c'est clair. Il n'est pas question pour moi de ralentir, il n'est pas question pour moi d'en faire moins. Pas du tout, au contraire, puis ça ne correspondrait à l'éthique professionnelle qui est la mienne. Mais je pense qu'il était important que je parle au premier ministre puis que je lui fasse part de ma réflexion. Votre collègue…

M. Croteau (Martin) : Votre réflexion était déjà pas mal avancée à ce stade-là. C'est juste que vous n'en aviez pas informé le premier ministre.

Mme Vallée : Exactement. Exactement.

M. Bellerose (Patrick) : Et qu'est-ce qui vous attend, Mme Vallée, après la politique? Est-ce que vous retournez au droit? Est-ce que vous pouvez envisager une carrière en communication, par exemple?

Une voix :

Mme Vallée : Oui? Non. Je ne suis pas là. Je n'en suis pas là. Je n'en suis pas là. Là, ce qui m'attend, là, pour les prochains mois, jusqu'au 1er octobre, c'est le travail qui est le mien et pour lequel j'ai obtenu un mandat de la population de Gatineau.

Mme Biron (Martine) : Vous aviez dit…

M. Bellerose (Patrick) : Mais est-ce que vous pensez, par exemple, prendre une pause peut-être, juste peut-être prendre une pause après la politique pour réfléchir?

Mme Vallée : Bien, peut-être. Honnêtement, là, je suis super honnête avec vous, je ne suis pas rendue là. Peut-être que je prendrai un moment de recul puis que je passerai un peu plus de temps à faire des choses que j'aime puis que j'ai moins le temps de faire maintenant, mais... Puis là je m'arrête, là, je réponds à votre question, puis là en même temps, j'ai le hamster qui tourne puis je me dis : Oui, oui, c'est ça... On va faire notre C.V. puis... Je ne suis pas trop du style à rester assise, mais je n'ai pas de plan d'arrêté pour le moment puis loin de là, là. Je suis très, très concentrée à compléter certaines choses, puis c'est pour ça que je vous dis ce matin, c'est un petit peu... Je réagis parce que je ne veux pas non plus vous conter d'histoire, puis je ne veux pas prétendre que je suis en réflexion alors que je ne le suis pas, puis je veux...

M. Laforest (Alain) : ...pas une amertume?

Mme Vallée : Non.

M. Laforest (Alain) : Zéro?

Mme Vallée : Non. Vraiment pas.

Mme Biron (Martine) : Vous avez dit tout à l'heure : Je pourrais revenir en politique, je prends une pause. Puis dans votre communiqué, c'est marqué «son avenir en politique provinciale». Est-ce que vous pourriez être intéressée au fédéral?

Mme Vallée : Non. Je ne suis pas... Là, j'ai besoin de temps avec mon monde. Je sais, c'est super cliché, là, mais lorsque les politiciens vous disent qu'ils ont le goût de retourner puis de passer du temps avec leur famille, là, bien, c'est peut-être cliché, mais ça se peut que ça soit vrai aussi.

Le dernier mandat n'a pas été facile du point de vue personnel puis je n'ai pas envie de rentrer dans les détails. J'ai le goût d'être avec mon monde, j'ai le goût d'être avec mon conjoint. J'ai le goût de passer du temps avec mon fils puis avec ma fille. J'ai le goût de voir ma mère, des fois, qui est super gentille et qui a découvert le texto, mais qui ne voit pas sa fille autrement, bien souvent, que par les médias. J'ai besoin de parler avec ma grand-mère qui n'est même pas au courant, ce matin, de ce que je suis en train de vous raconter.

Donc, il y a ça aussi qui est un petit peu dommage, parce que j'aurais aimé ça pouvoir en parler avec mes proches avant que ce soit dans les médias.

M. Laforest (Alain) : Donc, il y a une petite pointe d'amertume là-dessus.

Mme Vallée : Bon, disons, si ça peut vous faire plaisir. Alors, voilà.

La Modératrice : Avez-vous des questions en anglais...

Mme Montgomery (Angelica) : Mrs. Vallée, how much had what you had experienced with Bill 62 and all the criticism that you faced as well as Jordan, how much had those things led to your decision to not stay in politics?

Mme Vallée : They didn't have anything to do at all, at all, honestly. As I mentioned to your colleagues, the reflection that is mine has started well before. I've been an MNA for the last 11 years here, in Québec City, going back and forth between the Outaouais. I got a huge riding to cover. I'm not home most of the time. I'm not with my family, I'm not with my spouse and I want to spend more time with them. It's as basic as this. And if you go into politics thinking that it's going to be an easy ride, thinking that there won't be any opposition or any windy roads, well, you're not at the right spot because politics is made of great moments, politics is made of ecstatic moments, but sometimes it's also made of more difficult times, and you have to cope with it.

So 62 was a windy road, but I don't regret at all and I'm very proud of what was done, and we pushed forward an undertaking that was taken by the Premier back in 2014 and we brought it to reality. And Jordan, the Supreme Court decision is not my fault. I'm not the one to blame if there haven't been sufficient resources. What I did though is that I acted. The decision was rendered in July, and, in December, $175 million were invested. I think I delivered, and, yes, there have been critics, yes, the oppositions have not always been tender, but it's politics once again.

Mme Montgomery (Angelica) : How do you feel that your colleagues have been treated?

Mme Vallée : As I said, it's difficult, and you were asking about the windy roads that I had to travel on, but I do have some colleagues that had their own windy roads and that have been attacked and have been criticized, and I'm really proud of what someone like Gaétan Barrette has accomplished over this mandate. I'm very proud. I think we've never had such a good Finance Minister as Carlos Leitão. Martin Coiteux and Pierre Moreau… I can name them all. They all had to go through some windy roads but, in the end, they kept going, and we keep going because Québec now and Québec in February 2014 are a world apart, and that's because we did what we did and we did not back off when we had the windy roads.

Mme Montgomery (Angelica) : You are still the Justice Minister. I'm hoping I can ask you a few questions related to the justice files, particularly in the indigenous justice.

What do you think can be done in terms of recruiting and maintaining indigenous people within our justice system, whether as Crown prosecutors or judges?

Mme Vallée : There's a lot of information that has to be done. I know there's initiatives made by the Québec Bar association to recruit students coming from different communities across Québec, different initiatives such as this one have to be pushed, and I salute what the Bar has done. And we have been very, very… how I can say… «à l'écoute» of the different needs. We've made a lot of changes, over the past four years, with regards to justice in Northern Québec.

There's still a lot more to do, but we have to keep communication very open with the different communities. We have to find solution with the communities, not for the communities. And we have been following the work of la commission Viens very closely. My colleague Geoff Kelley presented an important plan last June, that has an objective to make the general basis in social services and a social plan for the aboriginal communities, and we are in that plan, because we want to do things better and we have to do… It's not just a question of wanting to, but we have to do it differently, so we have to recruit.

I'm very proud to have appointed, last year, one of the first aboriginal judge at the Québec Court. Justice Philippe is one of the first aboriginal judge at the Québec Court. I know Justice Réjean Paul was appointed a few years ago, and he passed away, but we have to make sure that aboriginal communities trust our system and that they can find themselves in our system.

Mme Montgomery (Angelica) : What do you think of this idea of having their own separate justice system?

Mme Vallée : That's an idea that is being analyzed. We do have implemented justice committees in many communities all over Québec, and I know that some communities are seeking at maybe having some justice services within their communities, and we're in discussion with them with regard to that option. Merci.

(Fin à 10 h 25)

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