(Treize heures cinq minutes)
Le Modérateur
:
Bonjour, tout le monde. Bienvenue à ce point de presse de M. Amir Khadir, député
de Mercier, en compagnie de personnes du groupe Mieux-Naître. Donc, M. Khadir, je
vous cède la parole.
M. Khadir
: Bonjour.
Avec Lysane Grégoire, Angèle Trudeau et Mme Boucher, on a un message pour le gouvernement
de M. Couillard, notamment M. Barrette, pour les besoins des citoyennes de...
Je parle de citoyennes, parce qu'il s'agit d'un organisme qui s'appelle
Mieux-Naître, une ressource en périnatalité. Ça veut dire une ressource au service
des mères, soit avant leur accouchement, soit après leur accouchement, un
besoin criant dans toutes les régions du Québec, notamment dans une région
aussi peuplée, en croissance démographique, que Laval, et un organisme qui
actuellement doit obtenir absolument un financement adéquat pour la poursuite
de ses activités.
Donc, je passe la parole à Mme Grégoire,
ensuite à Mme Trudeau et à Mme Boucher de la fédération des ressources... des
centres de ressources en périnatalité du Québec... pourra aussi répondre aux
questions des journalistes.
Mme Grégoire (Lysane) : Merci,
M. Khadir. Bonjour. Donc, oui, en effet, on est accompagnées de notre
présidente, Angèle Trudeau, qui vous adressera la parole. Mme Boucher est ici
en soutien et sera disponible pour des entrevues, et nous avons aussi une mère
utilisatrice de services qui est disponible, Mme Isabelle Perreault.
Alors, on est ici aujourd'hui pour
sensibiliser le ministre de la Santé, le Dr Barrette, à une situation très
injuste qui est vécue à Laval pour nos familles. En fait, pour des raisons qui
nous échappent, il semblerait que nos familles n'ont pas droit à l'accès aux
services qui sont donnés par une ressource communautaire spécialisée en
périnatalité. Pourtant, ce sont des ressources qui sont disponibles dans toutes
les grandes villes du Québec. Si on prend les 11 villes les plus populeuses du
Québec, toutes ces villes ont accès à cette ressource-là, et Laval, en
troisième position en termes de population, n'y a pas accès si nous devons
fermer nos portes.
Alors, ces ressources-là, on appelle ça
des centres de ressources périnatales, communément appelés CRP alors, c'est
comme ça que je vais y référer. Alors, pourquoi c'est si important que de
telles ressources soient disponibles pour les familles? Alors, notre mission,
en fait, c'est d'accompagner les parents au moment de la venue d'un enfant afin
qu'ils soient le plus prêts possible et que toute cette aventure se vive de la
manière qui soit la plus harmonieuse et satisfaisante possible. Parce qu'avoir un
bébé ce n'est pas simplement passer une petite journée à l'hôpital, c'est
vraiment un événement qui est marquant pour les parents. Puis, si cet
événement-là se vit de façon positive, ça va teinter tout le reste de
l'expérience. Si, au contraire, c'est vécu de façon difficile, avec des peurs,
avec un sentiment qu'on n'a pas été adéquat pour mettre au monde notre enfant,
eh bien, ça nous part mal avec le sentiment de compétence parentale.
Alors, c'est aussi... on parlait donc de
préparation à l'accouchement, de préparation à l'allaitement, d'accompagnement
à la naissance, d'accompagnement à tout ce qui est l'adaptation au rôle de
parent par une multitude d'ateliers et d'activités. On parle de portage de
bébé, massage de bébé, des activités qui vont viser aussi le renforcement du
lien d'attachement, qui est vraiment une base pour le bébé et son développement
global par la suite.
On parle aussi de prévention de la
dépression post-partum, par exemple par des groupes fermés où les mères peuvent
se sentir écoutées, validées dans leur expérience, sentir qu'elles ne sont pas
seules. Elles sont non jugées. Ça, c'est très important. On a aussi un volet
pour soutenir la paternité, donc, par exemple, avec un intervenant masculin
dans nos rencontres prénatales.
On a aussi les services de relevailles à
domicile, par exemple, qu'actuellement on est en mesure de livrer seulement
grâce à une entente de services avec notre CISSS, mais c'est un service
actuellement qui est réservé aux clientèles qui présentent de grands facteurs
de vulnérabilité. Et on n'est pas en mesure d'offrir le service pour la
clientèle universelle, alors qu'on sait que la recherche a démontré qu'avoir un
enfant, c'est une période de vulnérabilité universelle. Alors, on aimerait que
nos familles aient accès à tout ça.
Par ailleurs, nos organismes, les centres
de ressources périnatales, agissent en parfaite cohérence avec la Politique de
périnatalité du Québec et la Politique gouvernementale de prévention en santé.
En fait, on ne peut pas agir plus tôt que dès que l'enfant est conçu puis que
sa mère le porte. On cherche aussi à recréer le village autour de l'enfant. On
dit souvent à quel point c'est essentiel. Eh bien, on ne sait pas pourquoi, à
Laval, les familles n'auraient pas droit à ce soutien-là.
J'aimerais aussi souligner que Laval est
la région qui reçoit le moins d'argent du ministère de la Santé pour financer
ses organismes communautaires en santé et services sociaux. On reçoit 45 $
par habitant, versus une moyenne de 84 $ par habitant pour tout le Québec.
Et c'est aussi la région qui dispose du plus petit nombre d'organismes
communautaires proportionnellement à sa population. Alors, on a un organisme
pour 4 825 habitants, alors qu'au Québec on a un organisme en moyenne
pour 2 281 habitants au Québec. Alors, par exemple, si Laval était
traitée comme Québec, qui est la deuxième ville en importance, et Laval, la
troisième, alors notre ville compterait 158 organismes financés plutôt que
89 et elle recevrait un peu plus de 28 millions de dollars plutôt que
19 millions.
Alors, si le Dr Barrette accepte
d'octroyer le financement nécessaire aux opérations d'un centre de ressources
périnatales à Laval, ça va être un petit pas dans la bonne direction pour
établir un certain équilibre pour les familles à Laval. Alors, s'il vous plaît,
Dr Barette, accordez-nous une entrevue. On est ici aujourd'hui, on
aimerait vous rencontrer pour que vous examiniez le dossier à fond et que cet
organisme, qui est issu de la communauté, qui se développe depuis 10 ans,
qui a fait l'objet d'une cible prioritaire dans le projet clinique de la
région... où on a que des appuis unanimes autour de nous, autant la ville, le
conseil municipal, les organismes du milieu, ils sont tous en appui à cette
organisation-là. Alors, c'est urgent. Merci. Alors, je cède la parole à Angèle.
Mme Trudeau (Angèle) : Merci,
Lysane. Moi, aujourd'hui, je viens pour porter la voix des parents utilisateurs
des services. Notre liste d'attente, à Mieux-Naître à Laval, le nombre de
parents bénévoles qui nous soutiennent et les histoires partagées par de
nombreux parents de Laval témoignent de notre pertinence dans cette région.
En voici quelques exemples très éloquents.
Alors, ici, le témoignage de Marie-Ève, mère monoparentale : «Je me suis
retrouvée seule avec ma fille de deux ans et demi, enceinte de cinq mois et en
détresse psychologique. Je me suis extirpée d'une relation de violence
conjugale. C'est dans ce moment critique que j'ai découvert Mieux-Naître à
Laval qui devait ouvrir ses locaux tout près de chez moi. Mieux-Naître m'a
offert un service de relevailles à la suite de la naissance de mon fils ainsi
qu'un lieu où je pourrais échanger avec d'autres parents, permettre à ma fille
de voir des enfants, participer à des ateliers postnataux, de quoi briser mon isolement.»
Le témoignage de Josée qui a eu un bébé
prématuré : «Hubert a été prématuré, il a été hospitalisé six semaines en
début de vie. Un nouveau-né, c'est épuisant. C'était impossible de garder la
tête hors de l'eau. Je me sentais prisonnière de ma maison, je me sentais
incompétente et dépassée. Ma psychologue m'a parlé de l'organisme Mieux-Naître
à Laval avec qui elle avait eu un très bon contact. Mieux-Naître a fait la
différence qui m'a permis de reprendre le dessus, de continuer mes études à
temps partiel, de travailler sur les projets qui me tiennent à coeur et d'être
une bonne maman pour mon bébé.»
Et un dernier témoignage, celui d'Esther
qui a vécu une dépression post-partum : «Les premiers mois suivant la
naissance de mon enfant ont été les plus difficiles de toute ma vie. Le post-partum,
ce n'est pas un mythe. Pour moi, ça a été une dure réalité. J'ai cogné à quelques
portes avant de découvrir Mieux-Naître. Tout de suite, je m'y suis sentie comme
chez moi, mais le plus important, c'est que j'ai réalisé que je n'étais plus
seule. On m'a accompagnée, on m'a informée, on m'a fait réfléchir, on m'a
offert un espace d'échange. On m'a écouté sans me juger, on m'a donné
confiance, on m'a sauvé la vie.»
Elle conclut en disant : «M. Barrette,
entendez. Entendez-vous mon cri du coeur? En finançant Mieux-Naître à Laval,
vous permettez à de nombreux parents de jouer avec plus de confiance le plus
grand rôle de leur vie parce que nos enfants sont notre plus grande richesse,
tant individuelle que collective. Offrez-leur un cadeau d'une valeur
inestimable : des parents soutenus, heureux et épanouis, parce que seul on
va plus vite, mais ensemble on va plus loin.» Merci, Esther.
Alors, on est ici, bien sûr, pour demander
au ministre Barrette de ne pas seulement investir dans les médecins, 500 millions
de dollars aux spécialistes ces derniers jours, mais aussi dans la prévention
et agir tôt. Sans son soutien, on va devoir fermer nos portes très bientôt et
on maintient, en ce moment, des services à bout de bras. On est essoufflés. Dr
Barrette, acceptez de nous rencontrer aujourd'hui et de nous accorder les
moyens de continuer d'accomplir notre tâche essentielle auprès des jeunes
familles de Laval. Merci.
M. Khadir
: Le hasard
a voulu que les responsables du centre Mieux-Naître se sont rendus à l'Assemblée
nationale la journée même où on apprend qu'il y a une entente qui vient d'être
signée pour que M. Couillard et M. Barrette, en fait, octroient tout près de
500 millions de dollars supplémentaires aux médecins.
Je veux bien accepter les explications de
M. Barrette, comme quoi c'est une entente qui a été signée par d'autres
responsables avant lui, mais il est quand même ministre omnipotent,
omnipuissant, le ministre de la Santé qui a eu le plus de responsabilités, le
plus de pouvoirs dans le réseau de la santé de tout temps. Il a voulu que les
choses soient ainsi, et je crois que M. Barrette ne peut pas, disons, rejeter
sa responsabilité dans le genre de décision qui touche le centre Mieux-Naître.
Moi, je suis déjà intervenu, il y a quelque
temps, dans ce dossier. Je l'ai interpellé, M. Barrette m'a relégué au CIUSSS.
Or, quand j'ai fait mes démarches, d'abord, j'ai appris que tous les députés
libéraux de Laval appuient l'organisme et sa revendication, estiment que l'organisme
est un organisme nécessaire pour les mères de Laval. Ensuite, j'ai obtenu copie
d'une lettre dans laquelle le CIUSSS reconnaît que l'organisme est nécessaire,
mais admet que le CIUSSS, le centre n'a pas les ressources nécessaires pour
répondre à ces besoins.
Donc, la responsabilité revient à M.
Barrette. J'interpelle M. Couillard, j'interpelle M. Barrette. Il y a bien des
gens maintenant qui se demandent si ce n'est pas parce qu'on les prend pour
acquis à Laval, que trop de gens, au gouvernement, pensent que les électeurs de
Laval sont acquis au Parti libéral. Je pense que c'est erroné de prendre des
gens pour acquis. Les mères de Laval se sont fait entendre à travers l'organisme,
il y a un appel qui est lancé.
Maintenant, je demande à M. Barrette de
rencontrer Mme Lysane Gérgoire, Mme Angèle Trudeau et Mme Dubé...
Une voix
: Boucher.
M. Khadir
: Boucher — je
m'excuse, Mme Boucher — Mme Boucher que j'ai appris à connaître il y
a à peine une heure. Donc, je crois que... Les trois ont fait le
déplacement jusqu'à Québec. Nous sommes à un moment particulièrement critique
pour le centre Mieux-Naître. Tous les efforts d'années de travail, d'années de
service, de précieux services qui sont maintenant disponibles aux mères
risquent de disparaître si on ne fait rien. M. Barrette, la décision vous
revient.
Des voix
: Merci.
M. Khadir
: Merci à
vous.
(Fin à 13 h 17)