(Neuf heures trente et une minutes)
M. Paradis (Lévis) : Bien,
bonjour, tout le monde. Merci d'être là en compagnie aujourd'hui, d'abord, de
ma collègue Lise Lavallée, porte-parole en matière de santé publique; également,
mon collègue Sébastien Schneeberger, emploi, solidarité sociale; et vous aurez
reconnu M. Luc Vallerand aussi qui est le directeur des publications de
l'Association des ressources intermédiaires d'hébergement du Québec, ici, ce
matin, pour dénoncer une injustice.
En fait, pas très compliqué, rappelez-vous,
il y a peu de temps, le premier ministre, devant ses militants, avouait
candidement avoir pris trop d'argent dans les poches des contribuables. D'abord,
on apprend aujourd'hui qu'on envoie une facture aux plus vulnérables. Alors, il
y a comme une espèce de paradoxe dans le discours. Reste que ce matin, ce que
l'on veut vous dire, c'est qu'on déplore ensemble et d'une voix forte ce choc
tarifaire, choc tarifaire imposé à près de 18 000 personnes handicapées de
moins de 65 ans, inaptes au travail, qui sont hébergées dans des ressources
intermédiaires et de type familial.
Alors, ce qu'il faut comprendre, c'est que
d'un côté il y a le ministère de l'Emploi et de la Solidarité sociale qui vient
d'augmenter la prestation mensuelle versée aux adultes ayant des contraintes à
l'emploi de 73 $ par mois, mais ce qu'on apprend, c'est que d'un autre
côté la RAMQ, elle, impose une hausse de 73 $ par mois de la contribution
exigée aux personnes handicapées hébergées en ressources intermédiaires et de
type familial.
Donc, faites le calcul, là, pas très, très
compliqué, on donne 73 $, on retire 73 $. La mesure est nulle pour
des gens qui sont parmi les plus vulnérables, une décision qui représente une
hausse de la contribution de 876 $ par année. Quand on parle de choc
tarifaire, c'est que c'est 15 % d'augmentation, et ça, c'est un choc
tarifaire pour des gens qui ont besoin de tous les sous qu'on peut trouver,
qu'on peut leur donner.
Ça, ça va coûter combien? Selon la RAMQ,
on va aller piger environ 15 millions de dollars dans les poches des
personnes handicapées, des personnes, je le rappelle, qui vivent avec des
déficiences intellectuelles ou avec des problèmes de santé mentale et qui sont
inaptes au travail. Alors, on donne d'une main, on reprend de l'autre. Ce n'est
pas une saine façon de faire, ce n'est pas une saine façon d'aider.
On demande donc au gouvernement de reculer
et d'annuler immédiatement ce choc tarifaire là. On demande au ministre Blais,
qui a démontré une certaine ouverture, d'annuler immédiatement ce choc
tarifaire là pour ensuite décider des règles à être changées s'il y a des
règles à être changées. Bien, la mesure, elle existe maintenant. Il ne faut pas
prendre six mois pour remettre de la bonne façon quelque chose qui aujourd'hui
cause un tort aux personnes les plus vulnérables. Le gouvernement doit agir
maintenant, et, en ce sens-là, je cède la parole au directeur des
communications, M. Luc Vallerand. M. Vallerand.
M. Vallerand (Luc) : Alors,
bonjour. Je suis Luc Vallerand, je suis directeur des communications à l'ARIHQ.
Alors, nous, on déplore le fait que d'un
côté on augmente un montant d'aide pour les personnes qui ne sont pas aptes au
travail puis, de l'autre côté, on reprend cet argent-là. Il faut savoir que,
dans le réseau des ressources intermédiaires, autour de 900 ressources
intermédiaires, il y a environ 8 000 personnes qui vont être touchées directement
par cette mesure, puis on tient à déplorer, aux côtés de M. Paradis, que le gouvernement
donne d'une main, reprend de l'autre. Donc, on aimerait que le ministre regarde
positivement la possibilité de suspendre cette mesure. Alors, voilà.
M. Paradis (Lévis) : J'ajouterai
que M. Vallerand est ici, Bonne occasion pour et le ministre de la Santé et le ministre
de l'Emploi et de la Solidarité sociale de rencontrer M. Vallerand, pour
prendre aussi... parce qu'il faut comprendre que l'association des ressources
intermédiaires a appris la nouvelle dans le journal. Alors, il n'y a pas de consultation,
on ne demande rien à personne. On décide de quelque chose qui manifestement est
injuste et aura des conséquences.
Maintenant, c'est le temps d'agir. Hier,
la CAQ a déposé une motion très claire pour demander le retrait de cette
mesure-là. Le gouvernement n'a pas appuyé cette motion. L'ouverture semble être
là maintenant. Bien, qu'on revoie les règles, s'il y a des règles à revoir, et je
le rappelle... mais que maintenant on mette un terme à cette mesure-là pour ne
pas faire en sorte qu'on aille chercher encore davantage d'argent dans la poche
des plus vulnérables.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Mais entre faire... Est-ce que vous leur demandez, au gouvernement, de donner
73 $, l'équivalent de la hausse de prestation de solidarité sociale de
plus aux personnes handicapées en ressources intermédiaires?
M. Paradis (Lévis) : On
demande au gouvernement d'annuler la décision de la RAMQ d'aller chercher
73 $ de plus par mois pour l'hébergement en ressource intermédiaire ou en
ressource de type familial, faisant en sorte que le 73 $ que reçoivent les
gens inaptes au travail soient aussi reçus par les gens qui sont en ressources
intermédiaires. Actuellement, c'est que ce que l'on reçoit d'une main, et je le
rappelle, et vous le comprenez très bien, on l'enlève de l'autre.
Alors, qu'on enlève cette mesure-là, qui
semble être une mesure administrative, là, du fait qu'on décide d'augmenter le
tarif d'hébergement, qu'on le retire pour faire en sorte que les plus
vulnérables ne soient pas pénalisés par l'imposition de cette nouvelle tarification-là.
Et je le rappelle, 73 $ par mois de plus, c'est 15 % d'augmentation.
C'est un choc tarifaire, c'est important. Et je mentionnais, et je voyais, et
je lisais des gens qui font de la curatelle privée qui disaient : Pour
celui que je représente — et vous en êtes, vous les avez vus, vous
les avez entendus — pour des gens qu'on représente, c'est la
différence entre se payer une paire de souliers orthopédiques. Je veux dire, ce
n'est pas de l'argent pour du luxe.
Alors, à ce chapitre-ci, moi, je trouve
honteux de donner 73 $ à l'ensemble en disant : Bien, voilà, on a
compris, on aide les plus vulnérables. On vous comprend, on augmente de
73 $ et, de l'autre, on arrive, par une mesure, à remettre à zéro le
niveau parce qu'on reprend ce même montant. Ça ne fait pas sens.
Alors, si on admet aujourd'hui, du côté du
gouvernement, qu'il y a peut-être des choses à changer, bien, qu'on annule
cette hausse-là maintenant parce qu'elle a un effet maintenant. Si on attend
six mois, on aura appauvri des gens qui ont besoin de tous leurs revenus.
M. Cormier (François) : M.
Paradis, avant la hausse, la mécanique, là, c'était quoi? Est-ce qu'on saisit à
la source un pourcentage du chèque ou...
M. Paradis (Lévis) : Sur la
façon de procéder pour le type d'hébergement, je vais laisser M. Vallerand.
M. Vallerand (Luc) : En fait,
les usagers qui sont hébergés chez nous...
Une voix : Approchez-vous du
micro, s'il vous plaît.
M. Vallerand (Luc) : Les
personnes qui sont hébergées chez nous, ils ne paient pas de montant en termes
de coûts d'hébergement aux propriétaires de ressources. C'est directement
prélevé par la RAMQ sur la portion de l'aide sociale, sur leur chèque.
M. Cormier (François) : Sur
leur chèque. Mais la portion d'aide sociale qui est prise, est-ce que c'est le
chèque au complet?
M. Vallerand (Luc) : Non. En
fait, ce qui est laissé à chaque usager, c'est 215 $ d'aide sociale par
mois. Et là ce qu'on comprend dans la mécanique, on a augmenté de 73 $ la
prestation d'aide sociale puis, par une mesure administrative, on vient le
rechercher par un montant d'hébergement supplémentaire. Puis je tiens à préciser
qu'il ne va pas dans les poches des propriétaires de RI, là. Ça s'en va
directement à la RAMQ.
M. Bélair-Cirino (Marco) : Mais
cet argent-là, puisque vous côtoyez des résidents puis, bon, les personnes qui
gravitent autour d'eux dans les ressources intermédiaires, cet argent-là, elle
est utilisée beaucoup pour les soins d'hygiène corporelle, par exemple, ou...
M. Vallerand (Luc) : Pour des
produits personnels...
M. Bélair-Cirino (Marco) : C'est
ça, qui ne sont pas couverts...
M. Vallerand (Luc) : Offerts.
C'est ça.
M. Bélair-Cirino (Marco) : ...autres
que le logement ou l'alimentation, là.
M. Vallerand (Luc) : Il y a
certains produits qui sont défrayés par le propriétaire puis il y a d'autres
produits personnels, du savon, du shampoing, déodorant ou du linge, que là
c'est l'usager qui doit défrayer, ou sa famille, ou la curatelle publique.
M. Bélair-Cirino (Marco) : C'est
ça, la curatelle publique, est-ce qu'elle allonge des sommes d'argent pour
justement pallier au manque...
M. Vallerand (Luc) : Non. Non,
c'est vraiment l'argent de l'usager, qui est géré par la curatelle.
M. Bélair-Cirino (Marco) : Ça,
ça fait en sorte que vous êtes confronté à quel genre de situation?
M. Vallerand (Luc) : Bien, en
fait, nous, la curatelle, c'est parce que c'est pour des personnes qui sont
inaptes au niveau de la gestion de leurs avoirs. Donc, c'est la curatelle qui
s'occupe, avec un régime de protection pour s'assurer que les biens sont bien
gérés par un tiers indépendant qui s'assure, là, qu'il n'y a pas de fraude puis
tout ça, que la sécurité financière est assurée par un organisme de
surveillance, là. Pour l'usager, c'est juste s'assurer qu'il va recevoir des
montants adéquats puis qu'on puisse défrayer des achats personnels, puis c'est
autorisé par la curatelle.
Mme Prince (Véronique) : Est-ce
qu'on vous a fait comprendre quand même qu'il pourrait y avoir quelque chose
qui viendrait remplacer ça?
M. Vallerand (Luc) : Absolument
pas. Comme il a été mentionné tantôt, nous, on a appris la mesure dans le
journal Le Devoir en fin de semaine, là. Puis il faut savoir que les
propriétaires de ressources, ils ne gèrent pas la perception des biens des
usagers. Nous, on fait la gestion des allocations personnelles. Donc, on fait
les achats puis on fait une démonstration des achats avec les factures. Donc,
on ne gère pas les revenus, on gère des dépenses.
M. Cormier (François) : Mais
j'imagine que ça reste déficitaire au... ce que donne la RAMQ aux
établissements, ça reste déficitaire par rapport à ce qu'elle reçoit de la part
des usagers, là. Donc, si les loyers augmentent, est-ce qu'il n'est pas normal
que la RAMQ aille se chercher un montant supplémentaire dans les prestations?
Je ne dis pas la totalité, là, mais...
M. Vallerand (Luc) : Je ne
connais pas la mécanique, là, pourquoi il est prévu un prélèvement
supplémentaire quand il y a des augmentations de prestations d'aide sociale
pour les gens qui sont inaptes, là. Je ne suis pas en mesure de répondre à
votre question.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Mais c'est peut-être davantage une question politique, M. Paradis, dans la
mesure où tous les prestataires de solidarité sociale ont vu leurs chèques
augmentés de 73 $. Mais je comprends aujourd'hui que vous êtes pour cette
hausse-là? Vous ne vous êtes jamais exprimé publiquement comme formation
politique.
M. Paradis (Lévis) : Il n'y a
pas de problème. Je veux dire, d'aider ceux qui ont besoin, je pense qu'en soi,
bon, c'est correct. On sait déjà qu'il y a des limites qui sont difficiles à...
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Donc, toutes les personnes qui reçoivent des prestations de solidarité sociale
touchent 73 $, mais celles qui sont en ressources intermédiaires ne paient
pas pour leur loyer, leur logement et leur alimentation. Ils paient par le
biais de la contribution qui leur est prélevée. Est-ce qu'il ne serait pas
inéquitable de leur redonner la hausse de 73 $?
M. Paradis (Lévis) : Écoutez,
bien, moi... Luc, vas-y, mais moi, je vais...
M. Vallerand (Luc) : En fait,
l'usager paie une contribution pour son hébergement puis les soins qu'il
reçoit, mais il le paie à la RAMQ. Là, ce qu'on a compris, c'est...
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Oui, mais ça couvre en partie..
M. Cormier (François) : C'est
215 $ par mois?
M. Vallerand (Luc) : Lui, dans
ses poches, il va garder 215 $.
M. Cormier (François) :
Parfait, puis donc la partie qui est versée à la RAMQ, est-ce que vous savez
c'est combien? Pour le logement, c'est la différence?
M. Vallerand (Luc) : C'est la
différence, puis là il y a eu une augmentation de prestations, puis là on va
chercher cette différence... en fait, on va chercher la hausse.
M. Cormier (François) : Mais
mettons que la hausse, elle est... mettons que la différence, elle est de
300 $, là. Ça ne coûte pas 300 $ héberger quelqu'un, ça coûte
beaucoup plus cher que ça. Est-ce qu'il n'est pas normal que, quand son chèque
augmente, je ne vous dis pas en totalité, mais quand son chèque augmente, qu'on
cherche à combler déjà le déficit? C'est un peu comme les garderies,
finalement, là. Ça ne coûte pas 7 $ par enfant, 8 $ par enfant, là, ça
coûte plus cher que ça. Est-ce qu'il n'est pas normal qu'on aille en chercher
une partie pour combler la différence?
M. Vallerand (Luc) : En fait,
la vraie question de fond, c'est : Est-ce que c'est normal que, pour
justement subvenir à la hausse du coût de l'hébergement des personnes
hébergées, qu'on aille piger dans leurs poches? Alors que, pour moi, c'est un
réseau d'utilité public, le réseau des ressources intermédiaires, là. C'est un
système d'hébergement qui est panquébécois parce que ça coûte moins cher
héberger des gens en ressource intermédiaire qu'en centre hospitalier ou en centre
de réadaptation qui coûte 300 $, 400 $ par jour.
Alors, moi, je trouve que c'est un
non-sens d'aller se payer à même la contribution des usagers, bien, en fait d'aller
chercher la hausse.
M. Paradis (Lévis) : Et à la
base, c'est ça, hein? Je veux dire, c'est l'équité partout dans une mesure qui
manifestement ne fait pas que donner l'impression. Ce qu'on fait, c'est qu'on
donne et on reprend. C'est une mesure administrative, le ministre s'est dit
ouvert à revoir les règles. Pour l'instant, qu'il les revoie, c'est son droit,
mais qu'il consulte également, et c'est pour ça que M. Vallerand est là. Alors,
qu'on profite de l'occasion pour le rencontrer, mais au-delà de ça, que, pour
l'instant, on annule, on verra plus tard. Mais c'est un choc tarifaire qui maintenant
est imposé et qui n'a pas lieu d'être.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Oui, juste une rapide question, donc, sur le… M. Blais va présenter un projet
de loi pour instaurer une forme de revenu minimum garanti. Est-ce que vous
allez appuyer ce projet de loi là?
M. Paradis (Lévis) : On va
attendre de le voir. Tout simplement, c'est la même chose que tantôt, hein? Non,
mais on va attendre de voir ce qu'il propose. On l'étudiera, on le bonifiera au
besoin, mais on va attendre de voir ce qu'il veut proposer. On ne peut pas se
prononcer sur quelque chose qu'on n'a pas vu.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Puis, pour être clair, vous êtes d'accord avec les hausses, que ce soit de
solidarité sociale et d'aide sociale, qui ont été annoncées par le gouvernement
en décembre dernier?
M. Paradis (Lévis) : Dans
celle qui nous occupe, 73 $ de plus, pas de problème pour les gens qui ont
besoin, mais l'équité fait en sorte que ceux qui sont parmi les plus
vulnérables hébergés ne doivent pas souffrir du manque de cette aide
supplémentaire là parce qu'on retire en augmentant leur taux d'hébergement.
M. Bélair-Cirino (Marco) : Mais
êtes-vous d'accord avec la hausse qui a été aussi consentie à ceux qui n'ont
pas de contrainte à l'emploi? Donc, les prestations d'aide sociale, elles ont
été légèrement augmentées. Est-ce que vous êtes d'accord avec cette hausse-là?
M. Paradis (Lévis) : Écoutez,
non, mais il faut aider, hein, les gens les plus vulnérables. Il faut aller en
ce sens-là. Je veux dire, ces gens-là vivent déjà avec des limites qui sont
difficiles à gérer, on le sait, on se le raconte. Alors, quand on peut aider… qu'on
puisse aider, c'est ça aussi aider la société, c'est aider ceux qui ont le plus
besoin, les plus vulnérables, les moins bien nantis, et qu'on le fasse.
Le Modérateur
: Une
dernière question.
Mme Prince (Véronique) :
Bien, en fait, est-ce que vous me permettez de poser une question sur les
infirmières?
M. Paradis (Lévis) : Oui.
Mme Prince (Véronique) : Oui,
O.K. En fait, je voulais savoir ce que vous avez pensé du fait que finalement
hier ils se sont entendus et ils se donnent deux semaines pour faire le suivi,
là.
M. Paradis (Lévis) : Ce n'est
pas un peu étonnant? Hier, là, après la pression — honnêtement, je le
dis, je le rappelle et je n'invente rien, puis c'est à peu près le même
discours — là, soudainement, on se rend compte qu'il y a une crise
majeure. On a eu ce cri du cœur, il y en a eu plein d'autres. On en a encore
vu, là, dans les médias aujourd'hui, maintenant c'est de partout que quelqu'un
décide d'élever la voix, de mettre en lumière une problématique qui la touche
et qui les touche de près, pas seulement l'infirmière, l'infirmier, mais le
patient, l'environnement, la famille.
Alors, il aura fallu qu'on aille sur la
place publique, puis les cas se multiplient. Ça fait trois ans qu'on le sait,
ça fait trois ans qu'on se fait dire ça. Moi, j'ai rencontré bon nombre
d'infirmières, j'ai rencontré les gens de l'ordre, j'ai rencontré les gens de
la FIQ qui nous parlent de ce problème-là, pas hier, pas il y a deux semaines,
pas il y a deux ans il y a trois ans aussi. Et là soudainement le ministre, là,
dans une fin de mandat, décide que là, O.K., oui, c'est normal, il est ébranlé,
il comprend. C'est tard. C'est tard.
L'attitude du ministre fait-elle qu'à un
moment donné on impose puis on décide de ne pas parler, de ne pas écouter? Moi,
je pense que ce n'est pas gagnant, loin d'être gagnant dans chacune des politiques
imposées par le ministre de la Santé. Dans celle-ci, même chose, aujourd'hui,
on décide de réagir à ce qui était déjà connu. Tant mieux, il faut que ça se
règle, mais, pour moi, c'est tard, et le tort est sur les épaules du ministre.
M. Robitaille (Antoine) : Il
est juste sur les épaules du ministre? Parce que le comité qui est en place
depuis deux ans, on dit que ce n'est pas uniquement de sa faute s'il n'a pas
avancé.
M. Paradis (Lévis) :
Non, mais il y a un partage de responsabilité. Mais à sa face même et à la base
même, combien de fois a-t-on dit au ministre des problématiques sur le terrain
qui étaient rapportés par les professionnels de la santé, par les familles
également, par des usagers eux-mêmes, qu'on s'est toujours fait dire que c'était
probablement des vues de l'esprit?
Moi, je ne l'ai pas entendu souvent
compatir à des situations qui étaient mises en lumière pour dire : C'est
vrai qu'on n'a peut-être pas si avancé que ça, puis je vais mettre ma responsabilité
puis ce que je suis capable de faire pour que les choses aillent plus vite. Manifestement,
ça n'a pas avancé. On est encore dans situation qui d'ailleurs perdure, là,
dans ce mandat-ci. Il y a 10 ans, on en parlait de ce dossier-là
également. Il y a 10 ans, on en parlait de la surcharge de travail et du
manque d'infirmières à temps complet, etc. Ce n'est pas un nouveau dossier.
M. Robitaille (Antoine) : Et il
y a 17 ans, quand M. Legault était ministre?
M. Paradis (Lévis) : Il
y a 15 ans, on en parlait. J'ai fait des émissions là-dessus. Il y a
17 ans, je ne me rappelle pas, mais, je veux dire, honnêtement c'est un
dossier qui perdure depuis longtemps. Non, mais, dans les faits, là, aujourd'hui,
le ministre décide maintenant de dire : C'est une préoccupation, ça me
fait vibrer. Il aura fallu encore une fois que quelqu'un vienne émotivement
raconter une histoire dramatique que plusieurs ont vécue et qu'on connaissait déjà.
Moi, je dis que c'est tard. Maintenant,
qu'on agisse, tant mieux, mais il faut maintenant être vigilant puis qu'il y
ait des résultats qui soient au bout du compte.
Mme Prince (Véronique) :
Puis concernant les optométristes — ça serait peut-être ma dernière question,
là — les optométristes qui veulent se désaffilier à partir du
10 mars, avez-vous l'impression que M. Barrette se chicane avec tout
le monde?
M. Paradis (Lévis) :
Écoutez, très honnêtement, le ministre a de la difficulté à peu près avec tous
les professionnels de la santé, et ce n'est pas la première fois. On verra dans
ce dossier-là jusqu'où ça ira. On l'a vu aussi au chapitre des négociations, ce
n'était pas facile. Il y a eu les médecins résidents récemment qui disaient que
plus rien n'avançait.
Alors, bon, est-ce qu'on peut questionner
l'attitude du ministre? Est-ce qu'il se sent un peu responsable? Vous pourrez
aussi lui poser la question.
(Fin à 9 h 48)