(Dix heures trente-sept minutes)
M. Khadir
:
Bonjour, tout le monde. Gaétan Barrette a bien des torts. Les solutions
caquistes qu'il a instaurées dans le réseau de la santé, mais pour le compte de
M. Couillard, bien, ça donne ce que ça donne. Ça donne la catastrophe à
laquelle on assiste actuellement et la démobilisation de tout le monde. Donc, Gaétan
Barrette a bien des torts, mais ce n'est toujours pas lui qui a décidé de
l'austérité, ce n'est toujours pas lui qui s'est choisi, c'est Philippe
Couillard.
Philippe Couillard savait très bien, déjà
en 2014 lorsqu'il a choisi Gaétan Barrette, et l'avait lui-même dit que le
système de santé doit être géré de manière décentralisée. Quand il a quitté la
politique, là, il a lui-même dit que ça ne peut pas être dirigé par un seul
ministre, ça ne peut pas être dirigé par un seul homme, un député. Malgré ça,
pour voler les idées de la CAQ, il a choisi Gaétan Barrette, il est allé le
chercher, et c'est ça que ça donne. Donc, M. Couillard ne peut pas faire
porter la responsabilité de tout ce qui se passe sur le dos de Gaétan Barrette,
qui a bien mauvaise presse, et à raison. Le véritable responsable de la
situation qu'on vit actuellement dans les hôpitaux et la situation vécue par
les infirmières, leur détresse, leur épuisement, leur cri du coeur, c'est
Philippe Couillard, qui a choisi Gaétan Barrette et sa mode de gestion
autoritaire, centralisée, avec, à la carte, des coupes par centaines de millions.
Bien, c'est ça que ça donne.
J'espère cependant maintenant que les deux
sont saisis de la gravité de la situation, ils vont cesser d'imposer leur
vision, ils vont écouter les infirmières, ils vont écouter le personnel de la
santé. Il y a une rencontre cet après-midi, j'espère que M. Barrette
prendra des notes. Les solutions sont proposées depuis deux ans. Déjà, en
septembre 2016, la Vérificatrice générale dénonçait la situation, la surcharge
de travail, le ratio trop élevé qui mettait en danger des patients. Donc, ils
ne peuvent pas plaider l'ignorance. Mais maintenant, là, c'est le temps d'agir,
ils ne peuvent plus faire semblant qu'ils n'ont rien entendu, il faut agir.
Le Modérateur
: On va
passer à la période de questions. Alain Laforest, TVA.
M. Laforest (Alain) : C'est
quoi, la proposition, c'est plus d'infirmières? Il y a déjà 3 000 infirmières,
800 postes disponibles. Elles ne veulent pas combler ces postes à plein
temps.
M. Khadir
:
D'abord, ce n'est pas vrai que ces postes-là... Parce que les prétentions du ministre
et de M. Couillard sur le terrain ne sont pas observées. Les postes dont on
parle ne sont pas des postes que les gens voient passer dans le réseau. Moi, je
suis à l'hôpital, j'ai appelé hier pour prendre un peu le pouls. Cette espèce
de bar ouvert de postes, là, personne n'en a entendu parler. Alors, je ne sais
pas d'où... avec quel culot M. Barrette ose prétendre que ces postes
existent. Bien sûr, il y a certains postes qui sont affichés, mais la réalité
des effectifs médicaux et du personnel infirmier, ça fait longtemps que le
réseau doit l'avoir connue, que le ministre doit la connaître. Il y a des
infirmières qui ne peuvent pas travailler à temps plein, c'est des mères
monoparentales, c'est des chefs de famille qui ne peuvent pas assumer un poste
à temps plein. Il faut tenir compte de tout ça quand on planifie les effectifs
dans le réseau de la santé. Il ne peut pas venir, M. Barrette, dire :
Moi, je veux juste ça, du temps plein, cinq jours par semaine, puis voici, c'est
ça qui est ça, puis arrangez-vous avec le reste.
M. Laforest (Alain) :
Votre vote s'effondre, celui de la CAQ monte toujours.
M. Khadir
:
S'effondre, oui.
M. Nadeau-Dubois : On a quand
même vu pire effondrement. Mais, non, sérieusement, c'est sûr que ce sont des
résultats qui sont décevants pour nous, on aimerait monter, ce n'est pas ce qui
se produit. Donc, on est déçus, mais, je dirais, on n'est pas déstabilisés
parce qu'on a un plan clair pour cette session parlementaire. On est bien
conscients qu'on a été moins visibles dans les dernières semaines, je pense que
c'est ce qui explique en partie les résultats de ce matin. Mais nous, on a un
plan clair, on a une série de six annonces qui s'en vient durant la présente
session parlementaire.
Il reste six mois d'ici les élections, on
a six grandes mesures qu'on va annoncer. On a annoncé une première mesure hier,
la fin du financement public des écoles privées, donc... Bon, on a donc un plan
clair en termes d'annonces préélectorales. On a également des objectifs de
mobilisation puis des moyens de mobilisation importants avec la plateforme
Mouvement qu'on a lancée la semaine dernière.
Donc, on est déçus, oui, mais pas déstabilisés
parce qu'on sait exactement où on s'en va et on a bien hâte de voir, dans six
mois, où on va être, parce qu'on a des belles annonces, des belles propositions
politiques enthousiasmantes à faire pour les Québécois puis les Québécoises
dans les prochaines semaines.
Le Modérateur
: Hugo
Pilon-Larose, LaPresse.
M. Pilon-Larose (Hugo) :
Si dans six mois, justement, tout ce que vous réussissez à faire, c'est de
maintenir les trois députés que vous avez déjà, est-ce que ça serait un constat
d'échec pour votre formation politique?
M. Nadeau-Dubois : Je
vais vous répondre ce que je réponds souvent : Je vais laisser l'analyse
aux analystes et surtout la politique-fiction aux analystes. Donc, dans six
mois, si on a trois députés, on fera les bilans, parce qu'il faudra en faire. Mais
aujourd'hui, à six mois de l'élection, je ne me mettrai pas à faire des
prophéties ni des analyses prospectives. On va commencer par faire notre
travail. Je vous le dis, on a plan très clair. On sait exactement où on s'en
va, on a six grandes annonces à faire, on a une nouvelle plateforme de
mobilisation. On n'a jamais été aussi nombreux sur le terrain. Donc, on est
optimistes et on va suivre ce plan-là dans les prochains mois.
Notre financement ne s'est jamais mieux
porté, hein? Québec solidaire, depuis le début de l'année, est le parti politique
qui a reçu le plus de dons. On a même plus de dons que tous les autres partis
réunis. Donc, il y a aussi des raisons de se réjouir. On est plus mobilisés que
jamais. On va suivre le plan qu'on s'est fixé et, dans six mois, on va faire
les bilans.
Mais moi, je vous dis, là, je suis
optimiste. On a des belles annonces à faire, on a une nouvelle plateforme de
mobilisation qui est révolutionnaire, alors on est très optimistes pour la
suite des choses.
M. Pilon-Larose (Hugo) :
Il y a beaucoup de travail qui a été fait ces derniers mois pour intégrer
Option nationale à votre formation politique, Option nationale qui était quand
même un parti politique qui récoltait peu de votes. Est-ce que vous jugez qu'au
final on a mis trop de temps là-dessus puis pas assez de temps à parler
d'autres idées?
M. Nadeau-Dubois : La
fusion avec Option nationale, c'était une bonne chose. C'est un exercice de
regroupement des forces militantes, des forces politiques, au Québec, qui
veulent vraiment changer les choses. Je pense que c'était une bonne chose pour
Québec solidaire.
Ceci étant dit, c'est vrai que, dans les
derniers mois, dans les dernières semaines, on a passé beaucoup de temps à
travailler sur notre organisation : la constitution de la plateforme
Mouvement, le processus de changement de logo, la fusion avec Option nationale.
Donc, oui, il y a beaucoup d'énergie qui a été mise sur la préparation de notre
machine, et forcément on a été moins dans l'espace public, on a été moins dans
les médias pendant ce temps-là. Ça, je vous l'accorde tout à fait. Ce que je
vous dis, c'est qu'à partir d'aujourd'hui, par contre, ce travail-là, il est
derrière nous, ce travail d'organisation, il est derrière nous, et là on s'en
va devant les Québécois, devant les Québécoises et surtout sur le terrain dans
les prochaines semaines pour ces six grandes annonces politiques qui s'en
viennent.
M. Lacroix (Louis) : Messieurs,
vous avez associé, tout à l'heure, le Parti libéral à la CAQ. Donc, pour vous,
ça semble être à peu près la même affaire. La CAQ monte dans les sondages, le
Parti libéral est deuxième. Vous avez dit hier que le Parti québécois n'était
pas un vrai parti social-démocrate. Est-ce qu'il y a une désaffectation de la
gauche, en ce moment, quand on constate que vous baissez quand même de façon
assez importante?
M. Khadir
:
Écoutez, c'est vraiment la beauté ou la misère des sondages d'opinion et du
système électoral actuel. Dans le même sondage, où on voyait le vote combiné en
faveur de la CAQ et des libéraux arriver à peu près à 66 %, 67 %, quand
on posait la question aux gens : Voulez-vous plutôt une baisse des impôts
ou une amélioration des services publics par un meilleur financement?, deux
tiers des Québécois choisissaient l'amélioration des services publics. Alors,
on ne peut pas déduire automatiquement des choix électoraux, qui sont en
fonction de ce que les gens veulent pour se débarrasser de celui qui est au
pouvoir à cause multiples raisons, de l'associer à un choix sur leur orientation
générale. Moi, je suis persuadé... Je sillonne le Québec, Gabriel l'a fait à l'occasion
de Faut qu'on se parle, le coeur des gens, leurs choix globaux sont des choix
de justice sociale, c'est des choix d'égalité, de chances égales pour tous,
d'égalité entre les sexes. C'est toutes des valeurs qui rejoignent l'essentiel
de Québec solidaire. Cependant, notre système électoral, les rapports de force
dans la société au niveau des grandes institutions médiatiques également font
en sorte que c'est difficile de monter une alternative aux partis qui règnent
sur le Québec depuis 150 ans, quand on combine le PQ et le Parti libéral.
Donc, ça va prendre du temps. Nous, on a bon espoir.
M. Lacroix (Louis) :
Mais comment on explique le 8 %, dans ce cas-là? Parce que, selon votre
propre définition, la vraie gauche ne récolte que 8 % au Québec en ce
moment. Ce n'est pas beaucoup.
M. Nadeau-Dubois : Je
pense que j'ai fourni quand même un élément d'explication tantôt en disant que,
dans les dernières semaines, dans les derniers mois, Québec solidaire s'est
beaucoup concentré sur la consolidation de sa machine, de son mouvement
politique, le processus de changement de logo, la fusion avec Option nationale,
la constitution de notre plateforme Mouvement. Tout ça nous a beaucoup occupés,
et on a été moins visibles. Et, pour un parti comme le nôtre, dès qu'on est un
peu moins visibles dans les médias, bien, forcément il y a des gens qui nous
oublient, puis nos idées passent un peu, disons, sous le tapis.
Ce travail-là, il est derrière nous. Ce
travail de consolidation de notre machine, il est fait. On est six mois avant
l'élection et on est déjà à peu près prêts. Donc, dans les prochains mois, le
travail qu'on va faire, c'est celui de faire des propositions concrètes. On en
a fait une première hier, il y en a cinq autres à venir. On a un plan de six
grandes annonces durant le printemps. Et on va, en parallèle de ces grandes
annonces-là, à chaque fois déclencher des campagnes de mobilisation citoyenne
sur notre campagne... sur notre plateforme Mouvement en lien avec chacune de
ces annonces-là. Donc, le plan, là, il est très clair, on sait exactement où on
s'en va, et c'est pour ça qu'on est, bien sûr, déçus, mais qu'on n'est pas
déstabilisés, parce qu'on a confiance en nos moyens.
Le Modérateur
:
Patrick Bellerose, Journal de Québec.
M. Bellerose (Patrick) :
Bonjour à tous les deux. Juste pour revenir sur le dossier des infirmières,
quelle est la proposition concrète de Québec solidaire dans ce dossier?
M. Khadir
: Dans
l'immédiat, il y a des choses urgentes à faire. Il faut diminuer le ratio
infirmière-patients... en fait, patients-infirmière. Une des raisons, pour
répondre à votre collègue tout à l'heure, qui fait que les infirmières ne
prennent pas des postes à temps plein, parce qu'elles savent dans quelles
conditions, actuellement, on travaille dans le réseau de la santé. Je comprends
très bien des infirmières qui ne peuvent pas, logiquement, humainement, se
taper cinq jours de travail avec la lourdeur de la tâche qui les attend. Donc,
pour corriger l'autre problème, qui est de faire en sorte que les postes à
temps plein puissent être occupés, la première chose à faire et qui répondrait
à la critique de la Vérificatrice générale de septembre 2016, c'est de diminuer
le ratio patients-infirmière. Pour ça, le réseau a besoin, d'abord, de
ressources supplémentaires, de l'argent, ensuite qu'on arrête la gestion
autoritaire — je ne sais pas si vous avez vu l'article de deux
professeurs de sciences infirmières dans Le Devoir aujourd'hui — la
gestion autoritaire du réseau qui crée un climat très délétère, qui repousse
les infirmières, donc de corriger ces problèmes-là pour ensuite pouvoir avoir
des postes à temps plein qui sont adéquatement pourvus par des infirmières qui
acceptent des postes et donc d'augmenter le nombre d'infirmières.
M. Bellerose (Patrick) :
Il faut investir combien d'argent et où, pour faire quoi?
M. Khadir
: Moi,
je n'ai pas fait ce calcul-là. Je pense que le gouvernement a suffisamment de marge
de manoeuvre budgétaire. Il faut écouter les infirmières, voir c'est quoi, le
besoin puis, en fonction de ça, investir ce qui est nécessaire.
M. Bellerose (Patrick) :
D'accord, mais juste... Est-ce qu'on crée plus de postes d'infirmières — hier,
vous disiez qu'il y en a suffisamment, si je me souviens bien — ou
est-ce qu'on crée plus de postes d'infirmières auxiliaires pour les aider?
M. Khadir
: Non,
ce n'est pas moi qui a dit qu'il y a assez de postes d'infirmières. Actuellement,
il n'y a pas assez de postes d'infirmières à temps plein qui sont occupés dans
le réseau, ça, c'est clair. Il y a des postes peut-être offerts, mais certainement
pas au nombre que prétend le ministre dans le réseau. Moi, en tout cas, je
n'entends pas ça, les infirmières le disent. Moi, j'ai vérifié hier dans mon hôpital,
c'est la même chose.
Donc, là où j'ai dit : Il y a suffisamment
d'infirmières de formées au Québec, ça, c'est vrai, et il y a surtout des
infirmières étrangères qui ne demandent qu'à travailler. Mais, avant que
celles-là acceptent ces postes-là, puissent travailler, puissent fournir cinq
jours par semaine, il faut que le climat... la charge de travail soit humaine
pour qu'elles puissent postuler dans ces emplois. Moi, à la place des
infirmières, je comprends très bien qu'il y en a beaucoup, plusieurs qui
n'acceptent pas cinq jours, un temps-plein cinq jours par semaine avec ces
conditions, c'est-à-dire dans lesquelles il y a une surcharge de travail énorme
puis dans lesquelles on pourrait leur imposer en plus un temps supplémentaire.
M. Bellerose (Patrick) :
Juste pour être clair, il y a suffisamment d'infirmières, est-ce qu'il y a
assez de postes? Désolé.
M. Khadir
: Je
crois que non. En tout cas, sur le terrain, il n'y a pas assez de postes
offerts, comme je vous dis, en tout cas, dans mon hôpital, je vais vous le
nommer, Centre hospitalier Pierre-Le Gardeur, vous pourriez vérifier. Ce
dont parle M. Barrette, là, ça n'existe pas, ces postes qui seraient
affichés puis qui ne seraient pas pris par des infirmières. Bon. Je ne veux pas
réfuter totalement la parole de M. Barrette, il doit y en avoir, mais certainement
que ce n'est pas le bar ouvert qu'il prétend.
Mme Richer (Jocelyne) : Bonjour,
M. Khadir. Chaque fois qu'on pose la question à M. Barrette sur les
ratios, il ne dit pas qu'il ne veut pas, il dit qu'il ne peut pas, que ces
infirmières-là, elles n'existent pas. Qu'est-ce qu'on répond à ça?
M. Khadir
: Dans
le climat de gestion autoritaire qu'il a imposé, qui s'est aggravé grandement
avec lui... Ça existait avant, comme je vous ai dit, ça fait 15 ans, là.
La situation qu'on déplore aujourd'hui, ce n'est pas le résultat de trois ans
ou quatre ans de régime Barrette, c'est le résultat de 15 ans de régime
libéral, où l'essentiel a été occupé par M. Couillard et M. Barrette,
avec un intervalle, disons, pas très glorieux de M. Bolduc, d'accord? C'est
ça, la réalité du réseau, et les infirmières, le personnel le vivent au
quotidien.
Donc, il y a un réel problème de
rétention, il y a un réel problème d'attrait également parce que c'est un
climat de travail, une situation très, très détériorée au fil des ans. Donc, c'est
sûr que c'est l'oeuf et la poule. Là, il faut montrer sa capacité de réparer ça
en même temps, et ça commence par une gestion qui est moins autoritaire, qui
n'est pas accompagnée du climat de harcèlement psychologique. Je ne sais pas si
vous avez lu Le Devoir, c'est très violent, certaines infirmières
se sentent violées dans leur vie familiale. Elles disent : Moi, là, je
suis violée dans ma personne, dans ma capacité à assumer mon rôle de mère, mon
rôle de chef de famille lorsqu'on m'impose des temps supplémentaires. C'est sûr
que, dans ce climat-là, ce n'est rien pour réparer la situation.
Donc, il faut réinvestir, améliorer le
climat de travail, enlever la gestionite aiguë dans laquelle on a mis des
gestionnaires sur le dos des infirmières à tout bout de champ, donc, et
diminuons le ratio pour pouvoir inviter des infirmières au travail, puis elles
sont plus que prêtes, plus que dévouées et contentes de pouvoir contribuer.
Le Modérateur
: On va
prendre une dernière question en français. Sébastien Bovet, Radio-Canada.
M. Bovet (Sébastien) :
Bonjour, messieurs. Le gouvernement s'apprête à réformer les normes du travail
en présentant un projet de loi, à l'Assemblée nationale, qui permettrait
d'accéder à une troisième semaine de vacances plus rapidement que c'est le cas
actuellement, des congés de maladie aussi et la reconnaissance légale, semble-t-il,
des proches aidants. Est-ce que le gouvernement va dans la bonne direction,
selon vous?
M. Nadeau-Dubois : Ce
qu'on a appris ce matin, c'est largement insuffisant, je dirais, c'est même
minuscule. Le taux d'absentéisme au travail, dans les 20 dernières années,
là, il a augmenté de près de 25 %. Ce qu'on a besoin, c'est un remède de
cheval puis ce qu'on entend ce matin, c'est de l'homéopathie. C'est
complètement à côté de la track par rapport à ce que vivent les travailleurs,
travailleuses sur le terrain. L'épidémie d'épuisement professionnel qu'on vit
au Québec, comme ailleurs dans d'autres économies, là, on ne réglera pas ça en
disant : La troisième semaine de vacances, vous allez l'avoir après trois
ans au lieu d'après cinq ans. Ce n'est pas sérieux.
Si c'est ça, le nouveau Parti libéral qui
réinvestit et qui prend soin des familles, ce n'est pas très impressionnant,
là. Ajouter deux jours de congé par année, deux jours par année... C'est 74 heures,
en moyenne, que prennent les femmes québécoises de jours d'absence, au Québec,
par année. Et là on dit : On va ajouter deux jours. C'est... pardon, pas
74 heures... Oui, voilà, 74 heures pour responsabilités familiales. Donc,
deux jours, là, on est complètement à côté des besoins réels des gens qui, en
ce moment, souffrent d'épuisement professionnel.
M. Bovet (Sébastien) :
Qu'est-ce qu'ils devraient faire?
M. Nadeau-Dubois : Bien,
nos propositions, on les a faites à la session dernière. Nous, on propose deux
ans de congé de maladie... deux ans de vacances... pardon, deux ans... deux
semaines de vacances, bien sûr. Deux ans, ce serait un peu généreux.
M. Khadir
: Ça
serait pour les journalistes.
M. Nadeau-Dubois : Oui, seulement
pour les journalistes des réseaux publics. Mais donc deux semaines de vacances
après un an de service continu, nous, on pense que ça, c'est une proposition
progressiste qui inscrit le Québec dans ce qui se fait en moyenne à travers le
monde. Il faut le rappeler, là, à l'heure actuelle, le Québec, c'est un des six
pays au monde où il y a le moins de vacances payées.
M. Bovet (Sébastien) : Les
deux années sont... Excusez-moi, là, j'en manque peut-être un bout, mais les
deux années ne sont pas déjà statutaires quand on arrive au travail? Les deux
semaines.
M. Nadeau-Dubois : Après
un an de service continu. Nous, on propose deux semaines après un an de service
continu.
M. Khadir : Et trois
semaines...
M. Nadeau-Dubois : Oui,
voilà.
M. Bovet (Sébastien) :
Pouvez-vous répéter, s'il vous plaît?
M. Khadir
: Bien,
c'est ça. Là, ma mémoire fait défaut, mais deux semaines, c'est déjà dans la
loi. Nous, on propose d'augmenter à trois semaines et on propose même une
quatrième semaine au bout de deux ans de travail continu.
M. Nadeau-Dubois : Voilà.
Désolé.
M. Bovet (Sébastien) : Trois
semaines au bout de la première année, et une quatrième semaine au bout de deux
ans.
M. Nadeau-Dubois :
Quatrième après deux ans.
M. Khadir
: Voilà.
Le Modérateur
: Je vais
prendre les questions en anglais maintenant.
M. Khadir
:
Comment ça se fait que vos mémoires sont si infaillibles et les nôtres, si
faillibles?
M. Nadeau-Dubois :Si fragiles.
Mme Fletcher (Raquel) : How would you characterize Mr. Barrette's handling of the
situation with the nurses?
M. Khadir
: I didn't hear the second part
of your…
Mme Fletcher (Raquel) : How would you characterize the Health Minister's handling of the
situation with the nurses?
M. Khadir
: It's, of course, nothing that
surprises me, knowing Mr. Barrette since a long time. He's very
authoritarian, and it has been within the framework of austerity, cutbacks. So,
it's the catastrophe that we see today, but everybody told him, everybody told
Mr. Couillard. Worst, Mr. Couillard did know very well. He was saying,
before retiring as a politician, that the health system shouldn't be under the
direct control of one politician and he said a modern way of managing a health
system today is decentralization, but he chose somebody from CAQ, which is Gaétan Barrette… Because, actually, we have
to remind : what we see today is CAQ in power. It is the CAQ solution that
Mr. Barrette applied, OK? He came from the CAQ, applied the solution that
the CAQ wanted to implement in the health system, and it gives this. Mr. Couillard
did know that and he chose to do it for electoral purposes. So, what we have
now is the electoral choice, the unreasonable and sad choice of Mr. Couillard.
It's the responsibility of Philippe Couillard.
Mme Fletcher (Raquel) : So, you blame the Premier over the Health Minister?
M. Khadir
: Of course, that's his choice. He knew, he knew what
he was expecting, he knew that this CAQ solution for the healthcare doesn't
comply with modern management of the healthcare, but he chose it because,
electorally, he wanted to damage the CAQ's possibility to gain power. And we
have the CAQ in power, but with the Liberals.
Mme Johnson (Maya) : Good morning. As far as you're concerned, what is more damaging, is
it Dr. Gaétan Barrette's policies or is it his personality?
M. Khadir
: I think the policies are first because, if we had a
managing policy which would be decentralized, if we had enough resources, if it
was a policy based on we manage the system by listening to those who work in
the system and their best solutions, we wouldn't be there. Since two years, the
nurses are proposing solutions. They weren't applied. In 2016, the
Vérificatrice générale told that the ratio of patients to nurses is too high,
and we know why now that has dissuaded so many nurses to take leave, to be absent
or to not accept five days a week, because they know they can't work five days
a week in this situation.
So, if the management was
different, it would… might work, even with the very, I would say, confronting
attitude and arrogant attitude of the Minister. But, when both are combined,
this is disastrous. But Mr. Couillard, the head of the Government, knows
that very well. He sees that and he knows that since three, four years, and he
maintained him in office. So, the responsibility of the actual disaster is not
Mr. Barrette, it's Mr. Couillard.
Le Modérateur
:
Merci beaucoup.
M. Khadir
: Merci
à vous.
(Fin à 10 h 59)