(Treize heures trente-trois minutes)
M. Leitão : Alors, bonjour tout
le monde. Je suis très content, très fier d'être ici aujourd'hui après un
caucus, ma foi, très enthousiasmant. Nous préparons notre prochaine session parlementaire
et nous la préparons sur une base économique et financière qui est
particulièrement réjouissante. Pour cette année, l'année 2017, un taux de
croissance du privé d'au-delà même de 3 %, quand beaucoup d'entre vous,
vous nous disiez avant que même 2 % était optimiste. Alors, voilà, la
réalité, c'est 3 %.
Donc, l'économie du Québec performe très
bien. Il faut qu'on se le dise, il faut qu'on se le répète, un taux de chômage
à 4,9 %, c'est particulièrement marquant au Québec. Cela nous permet
maintenant de faire des choses qui sont structurantes pour l'économie. Les
revenus de l'État sont bien au-delà du rendez-vous, parce que l'économie
fonctionne bien, et l'économie fonctionne bien en grande partie parce qu'il y a
de la confiance.
Bien sûr qu'il y a des facteurs
conjoncturels internationaux, mais ce qui est particulier au Québec, c'est la
confiance, la confiance des consommateurs, la confiance des investisseurs, la
confiance des entreprises qui fait en sorte que nous sommes rentrés, depuis
2015, dans un cercle vertueux où il y a plus de consommation, plus d'investissement,
plus de revenus de l'État. Donc, on peut se permettre de faire des allègements
fiscaux, ce que nous avons fait non seulement en novembre 2017, mais
rappelez-vous que c'est depuis 2015 qu'on avait commencé à réduire le fardeau
fiscal des Québécois. On l'avait dit en campagne électorale, en 2014, on allait
éliminer la taxe santé, et, par la suite, des surplus seraient divisés 50-50 à
la réduction des impôts. On l'avait dit et on l'a fait. Ça n'a pas été
improvisé à la dernière minute. C'est important de le rappeler aussi à tout le
monde.
Donc, le Québec va bien, mais, en même
temps, nous sommes réalistes. Nous sommes prudents. Nous voyons que, pour
l'avenir, pour 2018, 2019, 2020, il y a plusieurs nuages un peu plus sombres à
l'horizon. Donc, il faut demeurer prudents. Il faut avoir un cadre financier
qui soit toujours robuste et qui puisse passer à travers des différentes zones
qui pourraient être un peu plus turbulentes. Donc, il ne faut pas promettre
n'importe quoi aux Québécois. Il faut qu'on soit toujours très prudents, très
rigoureux dans notre approche pour le bienfait de tous nos citoyens. C'est tout
ce que j'avais à vous dire aujourd'hui. Merci.
M. Couillard : Bien, merci,
Carlos. Puis ça, ça se met dans le contexte d'un environnement mondial où il y
a des changements profonds, rapides et certainement un climat d'incertitude. On
vient de faire la sixième ronde de renégociation de l'ALENA. On ne connaît pas
vraiment l'issue de cette démarche-là. Quelques signaux positifs des
Américains, mais on n'est pas encore au moment où on peut même anticiper une
solution.
L'Union européenne, bien sûr, en
redéfinition avec le Brexit, montée du protectionnisme et nouvelles
technologies, environnement numérique, des tensions géopolitiques également qui
ajoutent à l'incertitude. Alors, cette incertitude, cette instabilité demandent
une équipe gouvernementale expérimentée et qui a fait ses preuves clairement.
Dans ce contexte, si le Québec veut rester
compétitif, il doit transformer les défis en opportunités. Les finances du
Québec, notre maison en ordre nous donnent les moyens d'agir parce qu'on a
retrouvé nos moyens d'agir. Lorsqu'on va à l'étranger en mission économique
maintenant... et c'est notable, j'ai vu ce changement très bien en Israël et récemment
en Chine. Auparavant, on engageait la conversation beaucoup sur les ressources
naturelles du Québec. Maintenant, la question des talents est centrale et
presque la seule dont on discute. Est-ce qu'il y a, chez vous, au Québec, afin
que j'investisse, un environnement de créativité, des jeunes qui sont vraiment
engagés dans l'innovation, qui vont m'aider à aller plus loin dans mon
entreprise ou dans mon projet? Et j'ai vraiment vu ce changement au cours du
mandat, et heureusement on est au bon endroit au bon moment sur cette question.
On a eu effectivement une très belle
réunion de caucus. Vous ne serez pas surpris qu'on a bien sûr commencé... pas
commencé, continué à travailler sur les nouvelles propositions qu'on aura pour
les Québécoises et les Québécois en 2018. Mais je veux quand même rappeler
qu'il reste sept mois à notre mandat et une dernière session parlementaire,
dont un budget, M. le ministre des Finances, je crois, hein? Et on a encore
beaucoup de choses à réaliser avant... Exclusif, il y aura un budget, hein? On
a encore beaucoup de choses à réaliser avant les élections. Nous gouvernerons
activement. Je vais le dire, là, nous allons gouverner activement jusqu'au
dernier jour du mandat que la population nous a confié en 2014.
On a donc également préparé le plan de
match du gouvernement au cours des prochains mois et, croyez-moi, on a un
programme bien rempli pour la prochaine session parlementaire. Je ne vous
apprendrai rien en disant qu'il sera question d'économie, d'entrepreneuriat, d'innovation,
de transport, de mobilité, mais il sera également beaucoup question de
solutions concrètes pour améliorer la qualité de vie des Québécoises et des
Québécois.
À ce sujet, je vous rappelle qu'on a créé
un comité conciliation travail-famille-études lors du dernier remaniement
ministériel, dont le président Luc Fortin vient d'accueillir son quatrième
enfant. D'ailleurs, ça tombe bien, lui, il est vraiment au coeur de l'enjeu
avec sa conjointe. Et, bien sûr, on pourra vous dévoiler les résultats des travaux,
mais déjà je peux vous assurer qu'on voudra donner plus de flexibilité et de
temps, de temps aux parents parce qu'on les a écoutés et entendus et on sait
que c'est ça le nouveau Québec qu'ils et qu'elles souhaitent.
Alors, contrairement à la CAQ qui trouve
qu'apparemment les Québécois ne travaillent pas
assez — 60 heures, ce serait l'idéal — on sait, nous,
que les familles du Québec veulent plus de moments privilégiés en famille.
Lorsqu'on parle de 60 heures par semaine, en passant, c'est complètement à
l'envers de ce que demandent les familles actuellement. Il faut pouvoir le
faire si on veut. Moi, j'ai souvent travaillé plus que 60 heures dans ma
vie, mais j'avais fait ce choix. Il faut qu'on ait également la capacité, sans
que ça ait des conséquences négatives, de retrouver du temps pour nos proches.
Vous savez, Suzanne et moi, comme
beaucoup, on est parents, grands-parents et on est témoin des pressions qui
s'exercent sur les familles, des pressions qui sont vraiment appliquées sur
cette génération qu'on appelle, et il faut le répéter, la génération — ouvrez
les guillemets — sandwich : d'un côté, les enfants, les
petits-enfants, l'école, avec les activités, les autres enjeux qu'on connaît
tous très bien; et, de l'autre côté, des parents vieillissants sur lesquels il
faut également veiller.
Je notais hier un article dans Les
Affaires, sur le site Web, qui indique que, contrairement aux autres
Canadiens, les familles du Québec désirent du temps. Oui, ils veulent également
plus d'argent, mais ils veulent du temps, et ça, ça nous différencie, je crois.
Sur le côté de l'argent ou du revenu disponible, on sait que nos actions
améliorent les choses, les revenus augmentent et la charge fiscale diminue. Et
je vais répéter ce que Carlos vous a dit tantôt : Cette charge fiscale, on
l'a réduite, non pas il y a quelques semaines, mais patiemment et
méthodiquement, sur trois années financières consécutives, et bientôt on va continuer
avec les taxes scolaires.
Alors, c'est une action en trois temps.
Action numéro un : annonce de l'élimination de la taxe santé, qui est maintenant
chose faite; action numéro deux : augmentation de la déduction de base;
action numéro trois : diminution du taux d'imposition du premier palier
d'imposition. Mais je l'ai dit il y a plusieurs mois, je le répète encore une
fois, on veut donner plus de temps aux familles pour respirer et pour être aux
côtés de celles et ceux qu'ils aiment.
Plusieurs gens membres de notre organisation,
pas uniquement les élus, le personnel de nos cabinets, vous-mêmes, dans votre
milieu de travail, les médias... je le sais aussi, on sait que c'est la réalité
que partagent les Québécoises et les Québécois et que c'est de temps,
d'oxygène, de marge de manoeuvre, pas uniquement financière, mais également
dans leur vie quotidienne, c'est ça que les familles veulent. On connaît tous
ces défis-là : la période d'adaptation à la garderie, à l'école, les
enfants souvent malades dans les premières années, peu de vacances pour se
retrouver en famille, surtout au début d'un emploi, et des inquiétudes, encore
une fois, pour les parents vieillissants ou malades.
Alors, je vous annonce aujourd'hui un
premier geste concret. Et, si je dis un premier geste concret, c'est qu'il y en
aura d'autres. Nous proposerons de nouveaux aménagements au Régime québécois
d'assurance parentale. Bien que le programme, clairement, soit équilibré,
apprécié, on croit qu'il est toujours possible de faire mieux et de
l'améliorer. On veut qu'il soit, encore une fois, collé davantage aux besoins
concrets des familles du XXIe siècle. On veut offrir plus de souplesse et
davantage de possibilités aux parents. Par exemple, l'opportunité de travailler
à temps partiel, l'option de prendre le congé sur une période plus longue, la
possibilité d'un retour progressif au travail avec, par exemple, un horaire à
quatre jours-semaine. C'est de cette souplesse que les familles nous parlent, c'est
cette souplesse qu'on veut leur apporter.
Bien sûr, tous ces changements se feront
avec l'accord des employeurs — ça ne change pas, c'est dans le régime
actuel, ça va le demeurer — et sans charge supplémentaire pour eux.
Pourquoi? Parce que le Fonds d'assurance parentale est en bonne santé, ce qui
nous permet de faire cette avancée. Voilà une autre conséquence de la bonne
tenue de l'économie. Comme il y a plus de gens qui travaillent, il y a plus de
gens qui cotisent, il y a plus d'argent dans le fonds québécois de l'assurance
parentale, et donc on retrouve des moyens supplémentaires. Alors, dans le
nouveau Québec qu'on est en train de construire ensemble, on donnera aux
familles ce qu'il y a de plus précieux pour elles : du temps de qualité
ensemble. C'est leur priorité, donc c'est notre priorité, et on a maintenant
les moyens de le faire, et d'autres actions suivront.
Notre formation politique, on le voit encore
une fois, c'est le parti de l'économie et des finances publiques bien gérées,
ça le reste; également d'une approche large et structurante en santé... en
éducation, pardon, centrée sur la réussite de nos enfants et l'intervention
précoce; d'un accès amélioré aux soins de santé, notamment aux médecins de
famille, on voit les résultats encore incomplets, mais qui sont très
encourageants; et la justice sociale, dont la CAQ ne parle pas, la justice
sociale, la lutte à la pauvreté, sur laquelle on a agi de façon déterminante.
Avec nos moyens retrouvés, c'est donc la
qualité de vie dont on veut parler aux Québécoises et aux Québécois, la
conciliation travail-famille-études, la mobilité et l'accès aux soins médicaux près
de chez soi. Ce message, c'est celui des familles. Nous le porterons en leur
nom. Merci.
La Modératrice
: On va
passer à la période des questions réservée aux médias. Une question, une
sous-question. M. Laforest.
M. Laforest (Alain) :
Bonjour. M. Couillard, on comprend, là, que vous respectez votre engagement du
dernier congrès de donner plus de temps aux familles. Qu'avez-vous à dire aux
petites entreprises qui vont avoir beaucoup de difficulté peut-être à gérer ça,
là, des congés étalés sur deux ans?
M. Couillard : Bon, d'abord, de
la même façon que c'est le cas aujourd'hui, il faut parler à son patron, il
faut qu'on s'entende entre l'employé et le patron sur le plan qu'on a pour
utiliser ce temps qui est rendu disponible. Et comme dans d'autres domaines,
comme dans le domaine du salaire minimum, par exemple, ou d'autres enjeux similaires,
moi, je suis convaincu et, je pense, les patrons également, qu'un employé
heureux, un employé qui a la capacité d'être moins inquiet pour ses enfants ou
ses parents âgés, c'est un employé plus productif et, en bout de ligne, c'est quelque
chose qui est favorable pour les patrons.
Ceci dit, M. Laforest, on est conscients
des pressions sur les petites entreprises. On vient de parler de
celles-ci. Enfin, en termes d'organisation, bien, ça ne coûtera pas plus cher
aux patrons, il n'y aura pas plus de contributions à faire. On parle du salaire
minimum, qu'on a pu augmenter plus rapidement parce que le revenu moyen
augmentait plus rapidement. Il y a le nouveau régime de pensions qui va
augmenter les contributions, on sait ça. Et on voit également au sud de la
frontière ce que le président américain fait sur la taxation corporative.
Alors, on a déjà annoncé notre intention
au budget, alors qu'on a déjà agi sur les particuliers, d'agir sur nos PME et également
de leur donner de l'oxygène et de rester à l'écoute lors du budget pour ça.
M. Leitão : Et, si je peux
ajouter à ça, dans les consultations que nous avons eues avec les représentants
des entreprises, surtout les plus petites, un élément qui est important, c'est
donc le manque de ressources en ressources humaines. Donc, il y a des choses
qu'on va regarder, comment on peut, nous, le gouvernement, les aider à
améliorer leur fonction de ressources humaines qui leur permettra, entre autres
choses, de mieux gérer cet aspect-là.
M. Laforest (Alain) : Un
dossier, depuis 48 heures, qu'on parle énormément, ce sont les
infirmières. Comment expliquer, M. le ministre des Finances, que la FIQ affirme
ne pas avoir été invitée aux consultations prébudgétaires?
M. Leitão : Écoutez, la
FIQ... nous avons consulté toutes les grandes centrales syndicales : FTQ,
CSN, CSQ. Donc, nous l'avons fait, la FIQ comme d'autres syndicats en
particulier, et on ne peut pas rencontrer tout le monde, mais les grandes
centrales, oui, on les a consultées.
M. Laforest (Alain) : Et
pas la FIQ spécifiquement.
M. Leitão : Mais il y en
a d'autres aussi qu'on ne l'a pas fait. Mais je vous ai dit qu'on a consulté
les grandes centrales syndicales, et on l'a fait à chaque année depuis 2015, et
on continue de le faire. Et, s'il y a d'autres... ils sont toujours invités,
les bienvenus de nous soumettre leurs mémoires, chose qu'ils ont faite dans le
passé. Ils sont aussi invités à participer au processus de consultations
budgétaires que nous avons mis en ligne et qui est très, très utilisé par la
population. Donc, il n'y a rien qui les empêche de le faire aussi, mais je
pense que nous avons consulté les grandes centrales syndicales.
La Modératrice
: Merci.
Mme Biron.
Mme Biron (Martine) :
Bonjour à tous, messieurs dames. Bonjour, M. le premier ministre. Bon, vous
nous dites que vous allez gouverner activement jusqu'à la dernière minute,
mais, avant-hier, vous nous avez aussi dit qu'on était en campagne électorale.
M. Couillard : En mode
électoral, je dirais.
Mme Biron (Martine) :
Est-ce que ça complique votre gestion, votre gouvernance, que les élections à
date fixe... de vous retrouver presque sept, huit mois en campagne électorale?
M. Couillard : Ça ne la
complique pas dans le sens qu'on sait depuis longtemps la date de l'élection,
et on a planifié tout le mandat de même que nos engagements pour qu'ils se
déroulent de façon cohérente avec ce calendrier-là.
Ce qui complique la chose, et on en était
conscient, je pense, comme société, à partir du moment où on fait ce
changement-là, c'est que ça... et puis vous allez voir que le moment va reculer
avec les années. Là, on peut dire que maintenant, six mois avant l'élection,
bien, on ne peut plus rien faire sans que ce soit taxé d'électoralisme. Après,
ça va être huit mois, dix mois, un an, un an et demi. Qui sait où est-ce que ça
va arrêter?
Alors, moi, je ne suis pas là-dessus. On
va continuer à remplir le mandat qu'on nous a confié, remplir nos engagements.
On a encore beaucoup de choses à faire au cours de la prochaine session, et c'est
ce que ça change en termes de perception. Mais, sur la réalité, c'est celle-là.
Mme Biron (Martine) :
Est-ce que c'est une loi qui devrait être révisée, compte tenu de ce que vous
venez de dire, pour ne pas passer la moitié du mandat en campagne électorale?
M. Couillard : Je pense
qu'il faut plutôt être conscient de ça. Il faut être conscient que, lorsqu'on
est en mode élections à date fixe, un gouvernement se doit de gouverner, et c'est
injuste, dans un sens, de taxer tout ce qu'il fait d'électoralisme parce qu'on
connaît la date de l'élection.
Je rappelle qu'à l'époque où ça a été fait,
nous, on avait voté pour cette mesure parce que ce que les citoyens voulaient
également voir cesser, c'est l'impression, encore une fois, pour le parti au
pouvoir, de déterminer la date de l'élection pour des motifs essentiellement
politiques. Alors, on ne s'en sort jamais, les perceptions sont toujours
difficiles. Mais je pense que, dans la balance des choses, moi, j'aime mieux qu'on
ait des élections à date fixe qu'un système imprévisible. Je pense que c'est
bon pour la société.
Mme Biron (Martine) :
Malgré les effets pervers?
M. Couillard : Bien, on a...
Aussi, il faut en être conscient. Il faut le dire. Il faut dire :
Regardez, voici ce que ça donne. Je pense qu'une fois qu'on le sait, on est
capables de se comporter en conséquence.
La Modératrice
: Merci.
M. Lacroix.
M. Leitão : Mais l'effet
pervers de l'autre... l'autre système avait des effets encore plus pervers.
M. Lacroix (Louis) : M. le
premier ministre, messieurs dames, la semaine dernière, devant le tribunal, il
y a un affidavit d'un policier qui a procédé aux arrestations de Nathalie
Normandeau et des autres personnes impliquées dans ce procès qui mentionnait qu'il
avait été obligé de devancer l'arrestation de Mme Normandeau et des autres
personnes dans ce dossier-là à la demande de l'UPAC, en fait, et qu'il laissait
entendre que ça avait été fait pour coïncider avec le dépôt du budget de M.
Leitão en mars 2016.
Est-ce que vous vous êtes senti coincé, M.
Couillard, de renommer Robert Lafrenière à titre de commissaire de l'UPAC à ce
moment-là?
M. Couillard : Bon, il y a
deux aspects dans votre question. D'abord, moi, je ne ferai aucun commentaire
sur ce qui est mentionné devant une cour de justice, là, pour des raisons
évidentes, là. Le travail des tribunaux se fait de façon indépendante, et les
acteurs politiques n'ont pas, surtout pas en cours de procédure, à le
commenter.
Maintenant, M. Lafrenière a été nommé à
l'issue d'un processus qu'on connaît bien, avec un comité de sélection
indépendant qui a nommé trois personnes aptes à exercer la fonction et nous
avons considéré, j'ai considéré, que la question de la continuité dans
l'autorité de l'UPAC était importante. C'est un organisme qui est relativement
jeune, à l'époque, qui était en voie d'établissement et de constitution. Il m'apparaissait
particulièrement important d'assurer la continuité.
Je vous rappelle qu'avec le projet de loi
n° 107 également, qui se trouve déjà devant l'Assemblée nationale, on va
ajouter à ce mode de nomination, qui était celui, en passant, recommandé par la
commission Charbonneau, on va ajouter un comité de surveillance de l'organisation
pour poser des genres de questions qu'on voit soulevées, celles que vous
soulevez et d'autres, en toute indépendance et avec reddition de comptes à
l'Assemblée nationale. Alors, je pense que c'est important que ce projet de loi
soit adopté.
M. Lacroix (Louis) : Je
comprends que vous ne voulez pas commenter ce qui se passe devant le tribunal,
sauf qu'il y a quand même des policiers qui, ce matin, sous serment, ont parlé
d'une désorganisation à l'UPAC, d'un climat de travail pourri pour utiliser
l'expression qui a été utilisée devant le tribunal. Est-ce que M. Lafrenière, compte
tenu de tout ce qui s'est passé depuis, je dirais, quelques mois, là, à tout le
moins plusieurs semaines, est-ce que M. Lafrenière est toujours l'homme de
la situation?
M. Couillard : Il faut dire
oui. Il faut à tout prix maintenir le lien de confiance avec nos institutions.
Et toute parole d'un élu, notamment d'un élu gouvernemental, sur une
institution comme l'UPAC va déstabiliser les institutions et les rendre plus
fragiles. Ce n'est pas le rôle d'un gouvernement de fragiliser les
institutions. Maintenant, je vous rappelle encore une fois que la mise sur pied
du comité de surveillance va être une amélioration considérable.
Je vois bien, M. Lacroix, je vois bien ce
qu'on écrit sur le climat de travail, par exemple, c'est important, mais est-ce
que c'est à moi, comme élu, de faire un commentaire sur le climat de travail
d'un corps policier? Je ne crois pas. On aura là un groupe de personnes
indépendantes, nommées, en passant, par l'Assemblée nationale, qui feront
rapport à l'Assemblée nationale sur ces questions.
M. Lacroix (Louis) : C'est
parce que vous êtes en train de créer ce corps policier là en sachant...
M. Couillard : Non, ce n'est
pas le corps policier, hein? Le corps indépendant et le comité de surveillance.
M. Lacroix (Louis) : Mais,
avec la loi n° 107, on crée on corps policier indépendant...
M. Couillard : Oui, et le
comité de surveillance.
M. Lacroix (Louis) : En
sachant qu'il y a quand même un climat de travail qui est pourri, est-ce que c'est
le bon moment de créer ce corps policier là, cette entité-là?
M. Couillard : Vous avez, il
faut gouverner, prendre des décisions pour l'avenir, là, pas uniquement pour le
moment présent. Les questions soulevées actuellement, encore une fois, la
meilleure réponse à y apporter, c'est l'adoption du projet de loi et notamment
la mise sur pied du comité de surveillance.
La Modératrice
: Merci
beaucoup.
Mme Prince (Véronique) :
Bonjour à tous.
M. Couillard : Bonjour.
Mme Prince (Véronique) : Tous
les partis veulent être le parti des familles ces temps-ci, et, quand vous êtes
arrivés en poste, en 2014, compte tenu de l'état des finances publiques, vous
aviez dit que vous aviez à prendre une décision qui n'était pas facile :
la modulation des tarifs de garderie.
Maintenant que l'économie va mieux, maintenant
que vous dites que les Québécois... vous pouvez leur redonner l'argent, est-ce
qu'il y aurait possibilité de revenir sur la modulation des tarifs de garderie,
puisque c'est une mesure qui était souhaitée de plusieurs?
M. Couillard : Oui, alors,
sur cette question, Mme Prince, si vous faites le tour des démocraties avancées
qui ont des services de garde soutenus par l'État, la quasi-totalité ont des
tarifs modulés selon les revenus des parents. Ça me paraît clair.
Je vois M. Lisée qui dit qu'il faut mettre
le même tarif pour tout le monde. En clair, ça veut dire quoi? Prenons notre
même famille, qui fait chacun 45 000 $... 90 000 $, eux
autres vont payer le tarif de base... 8,75 $ actuellement, oui? Le couple
de médecins spécialistes, à 800 000 $ par année, il va aussi payer
8,75 $. Est-ce que c'est de l'équité, ça? Je ne crois pas. Je pense qu'il
doit y avoir un aspect progressif dans cette participation aux coûts, premièrement.
Deuxièmement, lorsque le rapport...
pardon, lorsque le système a été créé, la contribution des contribuables
généraux était de 80 % et des parents utilisateurs de 20 %. Avec les
gels prolongés de tarifs, qui ne sont jamais une bonne idée, en passant, on a
baissé à 13 %. Donc, la contribution des contribuables a fortement
augmenté par rapport à celle des parents utilisateurs. Tout ce qu'on fait là, c'est
de leur remettre au niveau historique, 80-20, pour avoir des ressources pour
faire autre chose pour les familles, notamment des mesures de conciliation et
investir en éducation, par exemple.
Alors, moi, je pense que c'est une bonne
orientation. Je voyais récemment, dans un journal de Toronto, le Centre
canadien pour les politiques alternatives — je ne sais pas si je
traduis bien leur nom, là — qui a publié les tarifs médians de toutes
les grandes villes canadiennes pour les services de garde. Maintenant, avec les
changements qu'on a apportés, le Québec se trouve de loin, de loin en tête. C'est
incroyable, d'ailleurs, voir la différence de coûts de service de garde
aujourd'hui entre des parents de Montréal et des parents de Toronto. C'est
incroyable. Je ne sais pas comment les gens de Toronto font, avec des revenus
qui ne sont pas tout le temps beaucoup plus élevés que les nôtres
nécessairement, pour affronter ça.
Alors, je pense qu'il faut maintenir un
service de garde très accessible et que la modulation selon le revenu, c'est
une question de justice dans la répartition des efforts qu'on fait.
Mme Prince (Véronique) :
Bien, à ce moment-là, est-ce que vous pourriez... Je ne sais pas si je vais
bien l'exprimer, mais est-ce que vous pourriez à ce moment-là abaisser les
seuils, revoir les... qu'il y ait encore une modulation, mais...
M. Couillard : Tout programme
public est toujours sujet à révision puis à discussion, mais je vous rappelle
cette question fondamentale de la répartition de l'effort, cette question du
80-20. Quel est l'effort qu'on demande à l'ensemble de la société qui, en
majorité, est constituée de gens qui n'utilisent pas les services de garde,
mais qui le font par solidarité parce que c'est important pour la société, et seulement
les parents utilisateurs?
Alors, on revient à l'historique 80-20. Pourquoi?
Parce qu'on va garder des ressources financières, parce qu'un million de
dollars mis là, tu ne peux pas le mettre ailleurs. Alors, moi, je veux
continuer à investir en éducation, je veux continuer à investir pour la
conciliation travail-famille, en santé publique. Toutes ces initiatives pour
les familles sont très importantes. Et il ne faut pas faire l'erreur qu'on a
faite dans le passé, se remettre sur une trajectoire où, dans quelques années, il
y a un autre gouvernement qui va arriver et va dire : Bien là, il faut
qu'on rétablisse ça encore, il faut qu'on le remette comme c'était avant et
créer une autre modification. Je pense que les gens s'habituent à ce système-là,
je pense qu'il est foncièrement plus juste que celui qui existait auparavant.
Mme Prince (Véronique) :
Mais, en fait, ma question, c'est : Tout en gardant la modulation, est-ce
que, pour les familles avec un revenu x, il y aurait quand même possibilité de
dire : Bon, bien, compte tenu que l'économie va mieux, on va permettre à
ces familles-là de payer un tarif moins élevé que ce qui était prévu depuis
2014?
M. Couillard : Les familles,
en majorité des familles de la classe moyenne, ne paient pas plus, ou presque
pas plus que le tarif de base. Si vous regardez la structure des revenus du Québec
et les revenus médians des familles, la plupart des gens, on leur a épargné le
9 $ que les autres partis leur promettaient en 2014.
Est-ce qu'un programme public peut
toujours être soumis à réévaluation? Bien sûr, mais actuellement on préfère
mettre les efforts fiscaux, les efforts financiers sur les autres enjeux qui
interpellent les familles, notamment les questions liées à la conciliation
famille-travail-études.
La Modératrice
: Merci.
M. Cormier (François) :
Bonjour, M. Couillard. François Cormier, TVA. Vous pourriez proroger les
travaux quand vous voulez. Est-ce que vous vous engagez à ce que la Chambre
siège jusqu'à juin?
M. Couillard : Je ne vois
aucune raison de proroger les travaux.
M. Cormier (François) : Est-ce
que vous vous engagez que la Chambre siège jusqu'à juin?
M. Couillard : Bien oui. Bien,
la conclusion à ce que je viens de dire, c'est ça. On a beaucoup de travail,
hein, et, en fait, il y a tellement de travail devant nous qu'on veut tout
faire pour utiliser... On nous a dit ce matin qu'on avait quoi, 47 jours de travaux
parlementaires. On a des projets de loi à adopter, on a des projets de loi à
déposer. Tiens, celui de l'assurance parentale, là, ça prend un projet de loi.
Le plan de lutte à la pauvreté, ça prend un projet de loi. Il faut faire
avancer ces choses-là.
Et, en passant, on aura l'occasion de voir
ce que les partis d'opposition font, notamment la CAQ, sur la pauvreté. J'ai
hâte d'entendre M. Legault sur la pauvreté. Je trouve ça absolument incroyable
que quelqu'un qui veut être premier ministre du Québec ne parle jamais de la
pauvreté et de la lutte à la pauvreté.
M. Leitão : Un autre projet de
loi important, c'est la Régie des rentes...
M. Couillard : Ah!
excuse-moi.
Des voix
: Ha, ha, ha!
M. Leitão : Régie des rentes,
qui fonctionne déjà. On arrive presque à la fin, il faut continuer. C'est important
de l'approuver aussi.
M. Couillard : Il y a du
travail.
M. Cormier (François)
:
Concernant les infirmières, on a fait des tribunes téléphoniques avec certaines
d'entre elles, on comprend la mécanique avec le syndicat, ça va, mais il reste
que, quand on les écoute, on a l'impression que M. Barrette, c'est
l'incarnation de tous les maux dans le système de santé, à tort ou à raison,
là, entendez-moi bien.
Mais qu'est-ce que vous allez faire pour
dire aux infirmières de revenir travailler, de poser leur candidature pour les
postes? Parce que visiblement le fait que ce soit M. Barrette, ça ne passe pas
chez les infirmières.
M. Couillard : Vous savez,
quand on est ministre de la Santé, là — je l'ai été — on
est celui ou celle qui reçoit la convergence des insatisfactions d'un système
qui, par définition, ne peut pas répondre à tous les besoins. Ressources
limitées dans le cadre de besoins presque infinis, c'est la nature même de la
fonction de ministre de la Santé.
Maintenant, le même Dr Barrette, notre
ministre, qui est très actif, très énergique, a fait en sorte qu'il y a
1,3 million de Québécois de plus qui ont accès à un médecin de
famille, a fait baisser — on n'est pas encore arrivés au bout, mais
on va dans la bonne direction — les temps d'attente aux urgences, a
amélioré l'accès aux chirurgies, a mis sur pied ces cliniques où les gens
peuvent aller les fins de semaine et les soirs, comme on avait promis. Alors,
il y a des améliorations importantes en cours, et on veut continuer.
Maintenant, sur la question spécifique des
infirmières, moi, bien sûr, comme tous les Québécois, j'apprécie beaucoup,
beaucoup le travail des infirmières, et mon passé professionnel fait en sorte
que je les ai côtoyées de très près. Elles ont tenu la main de mes patients
quand j'étais à l'hôpital, alors, s'il y a quelqu'un qui apprécie et reconnaît
leur travail, c'est bien moi. Alors, je vais faire une distinction entre
l'infirmière au travail avec ses patients, que je connais très, très bien, et,
bien sûr, leurs porte-parole. Sans porter de jugement sur elles, c'est un
discours qui est différent.
Ce que je voudrais redire, je pense que le
Dr Barrette vous l'a dit un peu, mais je vais le redire, on a signé une convention
collective avec le syndicat des infirmières, qu'elles-mêmes, à l'époque, ont
qualifié d'historique, parce qu'elle donnait ce qui était demandé, notamment un
plus grand nombre de postes à temps plein. Et j'ai peur, en voyant ce
noircissement, là, de la situation, qu'on va perpétuer le problème. Parce que
les postes sont là, ils sont budgétés, mais les infirmières ne font pas
application sur les postes parce que, disent-elles, on ne veut pas faire de
temps supplémentaire obligatoire.
Alors, vous voyez un peu l'absurdité de la
situation, là. Moins il y a de personnes sur les temps complets, plus il va y
avoir de temps supplémentaire, moins il y a de personnes qui appliquent sur les
postes à temps complet, plus la situation va perdurer. Bon, comme je l'ai dit,
hier, je crois, tout l'argent est là, là, pour cette disposition de la
convention collective. Si elles ont des idées pour l'utiliser mieux, qu'elles
viennent nous voir.
M. Cormier (François)
:
...syndicat, M. Couillard, avec tout mon respect, là, vous parlez aux
syndicats. Qu'est-ce que vous dites aux infirmières?
M. Couillard : Bien, moi, ce
que je vais dire aux infirmières, c'est d'abord ce que je viens de leur dire,
moi, personnellement, Philippe Couillard, qui a pratiqué la médecine avec elles
pendant des années, sur l'appréciation immense que j'ai pour leur travail. Vous
savez, il y a bien des choses que les infirmières font au chevet du patient que
les médecins ne prennent pas le temps de faire, et ça, je vais le dire de façon
très claire, et on doit tous leur être très, très reconnaissants pour ça.
Elles ont, ils ont, mais surtout elles ont
devant elles un ministre qui est entièrement tourné vers les patients. Ça, je
peux vous le dire, j'en suis témoin quotidiennement. Il faut qu'elles
travaillent avec lui, et la meilleure façon de commencer à travailler avec lui,
c'est de s'assurer que les postes soient remplis, soient occupés. Le jour où
les postes à temps complet sont occupés, il va y avoir beaucoup moins de
pression sur le temps supplémentaire obligatoire. Plus ces postes sont laissés
vacants, plus la situation du temps supplémentaire va perdurer. Alors, il faut
briser ce cercle vicieux.
La Modératrice
: Merci.
Mme Cloutier (Patricia) :
Bonjour à tous. Patricia Cloutier du journal Le Soleil. Ce que
j'aimerais savoir, c'est que vous avez dit tout à l'heure : Il nous faut
un projet de loi pour les changements qu'on vient d'annoncer au RQAP. Quelles
lois vous allez modifier? Allez-vous en profiter pour amener d'autres mesures
de conciliation travail-famille?
M. Couillard : Alors,
deux questions. D'abord, il y a une loi constitutive — je ne vois pas
François, il est là — il y a une loi constitutive pour le régime et
donc il faut, bien sûr, agir à travers cette loi. Mais ce n'est pas tout ce
qu'on veut faire. Souvenez-vous qu'on a dit qu'on allait ouvrir la Loi sur les
normes du travail. Quand j'ai parlé de temps puis de vacances, je ne parlais
pas dans les airs, là. Alors, c'est clair qu'on a des objectifs assez concrets
sur cette question-là, puis vous verrez quand Mme Vien déposera son projet
de loi. Alors, c'est ça, puis, au budget, il pourrait y avoir d'autres éléments
qui ne sont pas nécessairement législatifs également pour nous aider là-dedans.
Et je pense que c'est important de se
rendre compte de ce changement-là. Moi, je suis de la génération pour laquelle,
le travail, c'était tout. J'ai passé des jours et des soirs à mon travail puis,
je dois le dire, ça m'a fait négliger même ma famille comme beaucoup de mes
collègues de l'époque, puis je le regrette aujourd'hui. Alors, les jeunes
familles qui vivent ça maintenant disent : Moi, je ne veux pas ce modèle
de vie là. Moi, je veux du temps de qualité avec mes enfants puis, si mes
parents sont malades, je suis inquiet, bien, je veux avoir du temps pour
m'occuper d'eux également. Et c'est un changement de paradigme social, c'est un
changement de société, et c'est une bonne chose, et il faut qu'on s'adapte à
ça. C'est important de le faire pour le Québec. C'est aussi important que tout
ce qu'on fait d'autre sur l'économie.
Mme Cloutier (Patricia) :
Si vous voulez leur donner du temps, pourquoi ne pas aller plus loin et donner,
par exemple, 18 mois de congé de maternité, paternité aux parents?
M. Couillard : Alors,
François pourra vous l'expliquer, mais je vais peut-être le dire, puis, si je
me trompe, tu me corrigeras. C'est que l'objectif pourrait être celui
d'allonger le congé, mais en réduisant les prestations. Mais là, sinon, on va
augmenter le coût... parce que le coût va être beaucoup plus élevé à ce
moment-là, donc on va être obligé d'augmenter les contributions des employés et
employeurs pour le régime. Est-ce que j'ai bien répondu? Oui.
M. Blais : Oui. Je peux
peut-être ajouter une chose pour qu'il n'y ait pas de confusion, là, sur la
réponse, là. C'est important de comprendre que ce l'on propose, hein, c'est
majeur parce que c'est la possibilité de de scinder votre congé et de l'étirer
sur deux années. En ce moment, vous pouvez le scinder, mais vous devez le
scinder à l'intérieur d'une année. Quand vous le scindez, je vais aussi le
mentionner, d'abord, vous devez avoir une entente avec votre employeur. Ce sera
la même chose pour deux ans. On sait qu'il y a des employeurs qui seront
d'accord pour différentes raisons, pour qui ça va convenir avec eux.
Maintenant, sur le 18 mois, il n'y a
pas d'opposition de principe. Simplement, on n'a eu aucune demande formelle,
importante pour ça. Il n'y a pas eu vraiment d'intérêt. Il faut comprendre que
cette politique gouvernementale vient plutôt du fédéral. Le programme fédéral
est beaucoup moins généreux que le programme québécois. Les services de garde
sont beaucoup moins développés dans les autres provinces qu'au Québec. Donc,
compte tenu qu'on n'a pas eu de demande formelle très fortes ni du monde
syndical ni du monde des associations féminines, on ne croit pas aller dans
cette direction.
M. Couillard : Puis peut-être...
Puis moi qui suit témoin... Pas moi, maintenant, mais parmi nos enfants, de
personnes qui bénéficient du régime, ce qu'ils me disent, c'est que oui, O.K.,
c'est bon, mais 70 % du revenu pour quelque temps, ça va, on s'habitue,
mais, si ça se prolonge, bien, ça peut devenir problématique. Alors, il faut également
tenir compte de ça.
La Modératrice
: Merci.
M. Pilon-Larose (Hugo) :
Bonjour. Hugo Pilon-Larose de LaPresse. M. le premier
ministre, vous avez dit tantôt que le système de santé ne peut pas répondre à
tous les besoins par définition. Vous l'aviez dit également hier. Est-ce que de
dire ça pour la population, les usagers du système de santé, c'est les
condamner à être éternellement insatisfaits?
M. Couillard : Non, c'est
une réalité. Si on a un système de santé où les gens paient de leur poche
eux-mêmes les services, par définition, tu as ce pour quoi tu paies et puis c'est
ton problème. Mais, si on finance collectivement nos soins de santé, ce qui, je
crois, est la meilleure option et de loin pour une société, la nature même des
besoins de santé est qu'ils sont quasi infinis. Donc, en pratique et dans la
réalité, il est impossible pour une société d'arriver avec des moyens
financiers à cette hauteur-là.
Cependant, avec l'argent, les sommes importantes
engagées dans le système de santé, on peut faire encore mieux que ce qu'on fait
actuellement. Et c'est là qu'il faut innover, avoir des pratiques qui nous
permettent de mieux utiliser des fonds publics. Donc, je pense qu'il faut au
contraire rappeler qu'on est dans une démarche d'amélioration dont on voit
quelques résultats et qui va se poursuivre. Mais est-ce que demain le système
de santé peut répondre à 100 % des besoins avec des ressources limitées? Il
faut également prendre conscience des limitations inhérentes à un système de
santé publique.
M. Leitão : Il ne faut pas
oublier qu'on a 38, 39 milliards de dollars en santé par année. C'est
considérable.
M. Pilon-Larose (Hugo) : C'est
le maximum quasiment qu'on peut mettre dans le système...
M. Couillard : Ça dépend de
la croissance de l'économie. Tu sais, il y a les autres missions de l'État. Par
définition, l'argent qu'on met là, il ne va pas là. Par contre, en santé, il
faut minimalement reconduire les services qu'on donne puis faire un peu de développement
dans les endroits stratégiques et puis faire mieux. Alors, c'est pour ça que
lorsqu'on parlait, par exemple, de modifier le mode de financement des établissements
de santé, il y a des études en cours actuellement, mais on n'a pas débuté ça.
Je pense qu'il faut débuter ça pour le prochain mandat pour faire en sorte que
là on est un facteur de meilleure productivité.
Il faut utiliser encore mieux les sommes importantes
qu'on affecte à la santé, mais ça coûte cher partout, la santé, pas juste chez
nous. La différence, c'est c'est qui qui paie. Comme nous, on le paie
collectivement, on en prend directement conscience comme société. C'est important.
Et on a au Québec également, il faut le
rappeler, d'autres services publics que les autres provinces canadiennes, puis
on n'a parlé que d'elles, n'ont pas. Je parlais tantôt du tableau des
coûts médians de services de garde, c'est un important investissement, formidable
pour le Québec. Le taux de participation au travail des femmes, au Québec, est
maintenant le plus élevé grâce à cette modalité-là. L'assurance médicaments, au
Québec, également, est beaucoup plus généreuse que ce qui existe ailleurs, et
il y a quelques autres programmes de cet acabit-là.
M. Blais : L'assurance
parentale.
M. Couillard : L'assurance
parentale, mais ça, c'est l'employeur et l'employé. On paie, comme employeur,
pour ça.
Alors, il faut regarder toute cette
question dans l'ensemble. Peut-être que la bonne question, pour la santé, c'est :
Quel est le pourcentage de la richesse collective d'une société qu'il convient
d'affecter à la santé? Le pourcentage du PIB, si vous le voulez. Le Canada
n'est pas le pays qui dépense le moins dans la santé, mais est-ce que les
résultats sont nécessairement proportionnels à ce qu'on dépense? Je crois qu'on
peut faire pas mal mieux, parce qu'il y a des sociétés qui dépensent la même
chose ou moins, qui ont de meilleurs résultats, en termes surtout d'accès aux
soins.
M. Pilon-Larose (Hugo) : Vous
devez présenter cet hiver, après un peu plus de 25 ans, je crois, vous devez
présenter cet hiver une nouvelle politique culturelle, après 25 ans.
Quelle est la place qu'occupe la culture
dans vos priorités? On sait déjà qu'elle a été retardée, repoussée, il y a
eu beaucoup de changements de ministre au cours des derniers mois... la
place qu'occupe la culture puis à quoi est-ce que qu'on peut s'attendre de
cette politique-là?
M. Couillard : D'abord, pour
moi, c'est excessivement important, non pas parce que c'est ce qui exprime notre
identité québécoise, mais personnellement, moi, j'ai eu la chance de baigner
dans un milieu culturel très stimulant dans mon enfance, et je sais à quel
point ça m'a éclairé pour la suite des choses, et je veux que tous les enfants
du Québec aient accès à la culture.
Alors, la raison pour laquelle le dépôt de
la politique a été un peu différé dans le temps, ce n'est pas par manque
d'intérêt, au contraire. C'est qu'on ne voulait pas déposer un document qui ne
soit pas accompagné de moyens concrets et précis et dire aux gens : Plus
tard, vous verrez les moyens. D'ailleurs, le milieu culturel, récemment, disait
à notre ministre que, finalement, il trouve que c'était une bonne décision.
Alors, la politique, elle va être déposée
et elle fera probablement l'objet d'une attention particulière du ministre des
Finances lors de son budget. Mais c'est important. C'est important, et je pense
que, d'après ce que je vois, que j'entends, il y aura des mesures intéressantes
là-dedans, pour l'accès à la culture surtout.
La Modératrice
: Merci.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Bonjour à tous. Marie-Michèle Sioui du Devoir.
M. Couillard, il y a un comité parlementaire à Ottawa qui vient de recommander
qu'on fasse du 29 janvier une journée de lutte à l'islamophobie et aux autres
formes de discrimination. Le mot «islamophobie» est là. Est-ce que ça pourrait
vous amener à bouger, à changer de position?
M. Couillard : Bien, écoutez,
moi, je vais répéter... je n'ai pas changé d'avis là-dessus, là. Je pense qu'il
est malvenu de singulariser une forme de racisme. L'islamophobie, telle que je
la comprends, là, c'est une forme de racisme dirigée vers les personnes de
confession musulmane. L'antisémitisme, c'est une forme de racisme dirigée vers
les personnes de confession juive. Le racisme envers les personnes de couleur
en est une autre manifestation.
Est-ce qu'il faut commencer à hiérarchiser
ou dire que cette forme racisme est supérieure, ou inférieure, ou prioritaire
ou non par rapport à une autre? Personnellement, je ne crois pas. Je pense
qu'il serait mieux de dédier une journée — d'ailleurs, ça existe déjà
et c'est une initiative que beaucoup de pays ont, et le Québec a ça — de
dédier une journée à la lutte contre le racisme et l'intolérance sous toutes
ses formes et reconnaître, parmi ces formes-là, la présence chez nous d'un
degré d'islamophobie, certainement, mais qui n'est pas la seule manifestation
du racisme. C'est ma position.
Mme Sioui
(Marie-Michèle) : Sur un autre sujet, quand on vous a parlé hier des
infirmières, vous avez dit vouloir travailler avec les syndicats pour trouver
des solutions. Vous l'avez un petit peu répété tout à l'heure. Ce matin, au
98,5, votre ministre de la Santé a dit exactement le contraire. Il a dit qu'il
n'allait pas demander de solutions aux syndicats.
Comment vous expliquez que vous disiez une
chose puis que le ministre de la Santé en dise une autre?
M. Couillard : Si, par
solution, on entend la réouverture de la convention collective, on est tous les
deux du même avis. Une convention collective, ça se signe, ça s'exécute et ça
se ne se rouvre pas. Alors, je pense que c'est ça qu'on veut dire tous les
deux. Ce que je répète, c'est que, si les sommes confirmées, disponibles, budgétées
ne conviennent pas maintenant, alors que curieusement l'entente a été saluée
auparavant, bien, qu'on nous le dise et qu'on nous suggère une autre façon de
les employer. Mais je ne vois pas beaucoup d'autres façons de le faire.
Ça fait des années que les infirmières
disaient : Bien, il faut nous donner plus de postes à temps complet pour
avoir moins de temps supplémentaire. On le fait, puis les gens n'appliquent pas
sur les postes. Alors, moi, je ne pense pas qu'on peut gérer une unité de soins
sur le sur appel puis le temps partiel. Ça devient ingérable, là. Alors, si on
veut stabiliser ça, il faut que beaucoup d'infirmières appliquent sur les
postes, qu'ils soient remplis en grand nombre. Sinon, j'ai peur qu'on s'engage
dans un cercle.
Mais moi, je suis toujours prêt à dialoguer
avec les gens, mais il n'est pas question de rouvrir une convention collective,
là. Il est question de voir comment est-ce qu'on peut mieux employer les sommes
qu'on a rendues, à leur demande, à leur demande, disponibles et qui ont été
saluées et qualifiées d'historiques au moment de la signature de la convention
ratifiée par 90 %, si ma mémoire est exacte, des membres du syndicat. Alors,
je pense qu'il faut une certaine cohérence également.
La Modératrice
: Merci.
M. Nadeau (Rémi) : Oui. Rémi Nadeau
du journal... Vous avez donné quelques éléments, mais c'est la dernière période
de travaux avant le rendez-vous électoral. Qu'est-ce qui est important pour
vous vraiment d'accomplir avant de partir en juin?
M. Couillard : Bien, je
pense qu'on a bien assis la relance historique du Québec depuis 2014. Tu sais,
la première question qu'on se pose quand on va voter, c'est : Est-ce que
je suis mieux qu'à la dernière élection? Est-ce que le Québec va mieux qu'en
2014? De façon incontestable, la réponse est oui, et c'est vrai pour la
majorité des régions et c'est vrai pour beaucoup de citoyens sur plusieurs
plans.
Ce que je veux ajouter d'ici la fin du
mandat, un élément sur lequel on n'avait pas beaucoup insisté dans nos
présentations électorales en 2014, c'est la question de la qualité de vie, de
la conciliation travail-famille, du temps pour les familles, parce que c'est
devenu tellement actuel, tellement réel, qu'on a l'intention d'agir là-dessus
et qu'on a en plus maintenant des marges de manoeuvre pour le faire de façon
plus concrète. Un.
Deuxièmement, qu'est-ce qui est apparu? Et
moi, ça fait quelques années que je le disais, mais curieusement, ça ne
semblait pas retrouver d'écho. Quel est le défi économique majeur du Québec actuellement?
La pénurie de main-d'oeuvre. M. Legault n'en parle pas, en passant. Si vous
avez remarqué, il ne parle pas de ça, parce que, s'il parle de ça, il va
falloir qu'il reconnaisse qu'il s'est trompé pour l'immigration. Alors, il n'en
parlera pas ou peu.
Alors, la question de la pénurie de main-d'oeuvre,
il faut s'en occuper activement. David Heurtel, le collègue François Blais, les
autres sont là-dessus. Il faut qu'on soit capables, par exemple, de dire, pour
chaque région : Voici le nombre de travailleurs dont on a besoin. Et les
travailleurs vont venir pas seulement, mais ils vont venir beaucoup de
l'immigration. Il faut les amener dans les régions, et c'est maintenant près de
Montréal. Vous avez vu, même, près de Montréal, il y a des problèmes de pénurie.
Alors, la question de la qualité de vie, la
conciliation famille-travail-études et la question de la pénurie de
main-d'oeuvre constituent pour moi des enjeux de société majeurs sur lesquels
je veux déjà avoir déployé des actions lorsque le rendez-vous électoral se produira.
M. Nadeau (Rémi) : L'économie
va bien. Vous avez posé des gestes importants : baisses d'impôt, réduction
de taxe scolaire annoncée, et on voit que ça ne fonctionne pas selon les
sondages. Est-ce que vous avez comme la perception que le sentiment d'usure du
gouvernement, parce qu'il y a eu un gouvernement libéral évidemment avant le vôtre,
pendant plusieurs années, ne vient pas comme porter ombrage et faire en sorte
que le reste de votre travail est comme sous-estimé, autrement dit, par l'électorat.
M. Couillard : Écoutez, moi, je
vais répondre que, pour moi, on est récemment arrivés, là. Moi, je suis en
politique depuis moins longtemps que M. Legault, là, en passant, et puis
je demande un deuxième mandat, pas un 154e mandat, là, un deuxième mandat de
gouvernement. Et je pense que, compte tenu des résultats qu'on a obtenus, mais
pas seulement ça, des propositions qu'on va mettre sur la table, on va mériter
ce deuxième mandat-là. Le reste, c'est les électeurs qui répondront.
M. Leitão : En tout cas, vous
avez bien fait de constater que l'économie va bien.
M. Couillard : Oui, j'apprécie.
J'apprécie.
M. Leitão : Parce c'est ça,
l'économie va bien.
M. Plouffe (Robert)
:
Robert Plouffe, Journal de Montréal. Ce qui a beaucoup, sans jeter de
l'ombre sur vos annonces, mais ce qui a beaucoup retenu l'attention, c'est le
conflit larvé l'an passé entre évidemment Guy Ouellette, qui est votre député,
et M. Lafrenière. On croit comprendre que M. Ouellette, lui, aurait
préféré M. Gallant plutôt que M. Lafrenière.
Est-ce que vous pensez que ce genre de
conflit là, justement, ne vient pas nuire à votre propre gouvernement puis à
l'image du gouvernement? Est-ce que vous faites toujours confiance à M.
Ouellette? Le saviez-vous d'ailleurs qu'il préférait M. Gallant plutôt que M.
Lafrenière?
M. Couillard : M. Ouellette
va témoigner. C'est son devoir de citoyen, il va le faire. C'est un membre à
part entière de notre équipe. Je l'ai dit il y a plusieurs fois... il y a
plusieurs semaines. Je vais le répéter encore une fois aujourd'hui, la décision
de nomination, j'ai expliqué tantôt, le critère principal, c'était le critère
de la continuité. Puis je n'ai pas l'intention d'entrer dans les détails de qui
a dit quoi à qui à quel moment, parce qu'ultimement c'est ma décision. C'est la
décision du gouvernement de choisir, parmi trois personnes jugées éligibles au
poste, la personne qui est la mieux qualifiée, au moment présent, pour occuper
le poste. Pour moi, il était capital d'assurer la continuité de cette jeune organisation,
alors qu'elle commençait, on le voit, à mener beaucoup d'activités.
M. Plouffe (Robert)
:
Est-ce que M. Gallant faisait partie de cette courte liste?
M. Couillard : Je n'ai aucune
intention de parler de ça.
La Modératrice
: Merci.
M. Lecavalier.
M. Lecavalier (Charles) : M.
le premier ministre, sur le RQAP, est-ce que le plus gros employeur au Québec, c'est-à-dire
le gouvernement, va prêcher par l'exemple et permettre les souplesses que vous
voulez amener, là? Je pense au secteur aussi de la santé. Ça peut être
compliqué, dans le réseau de la santé, de permettre un retour progressif aux
infirmières.
M. Couillard : Bien oui, bien
sûr. Et, vous savez, la question de la productivité des gens... ce que j'ai dit
tantôt, puis j'en suis profondément convaincu, là, on n'aurait pas dit ça il y
a 10 ans, en passant, hein, mais maintenant je le dis avec beaucoup de
certitude, un employé heureux, moins inquiet pour ses enfants ou ses parents,
qui a le temps de souffler avec sa famille, c'est un employé plus productif. Puis
je pense qu'au total, au final, comme on dit, l'employeur y gagne, y compris
l'État.
Puis vous savez qu'il y a d'autres
dispositions qui existent, comme les congés différés, qui existent dans la
fonction publique, où quelqu'un peut s'absenter, acheter préalablement du temps
puis passer un an ou deux à l'écart du travail, et je pense que les employeurs
sont au fait de ça et s'y adaptent bien, d'où l'importance, comme disait Carlos
tantôt, de doter les organisations de bonnes ressources humaines, de bonnes
capacités de gestion de ressources humaines. Et, pour les petites entreprises,
elles n'ont pas les moyens, eux autres, de se constituer un département de ressources
humaines comme tel, là. Alors, je sais que Carlos regarde cette question-là avec
les employeurs, mais oui, bien sûr, ce serait absurde que l'État, comme
employeur, ne donne pas l'exemple.
M. Lecavalier (Charles) : Sur
les infirmières, bon, on parle, depuis quelques jours, là, de ces postes à
temps complet affichés, où il n'y a pas de candidature. Est-ce que ce n'est pas
la démonstration que les conditions de travail ne sont pas assez bonnes? On
sait, par exemple, que les infirmières peuvent avoir un très bon salaire dans
des agences privées. Peut-être qu'elles sont plus attirées par ces agences
plutôt que...
M. Couillard : Selon les
informations que j'ai, le recours aux agences privées n'a pas augmenté, même
qu'il a souvent diminué, mais vous pourrez vérifier ces chiffres-là avec le
ministère de la Santé.
Non, c'est que, puis je pense que je vais
le dire de façon très simple, lorsqu'on dépeint continuellement une image
négative du réseau de santé et même des postes à temps plein, bien, on arrive à
des résultats comme ça, alors que le poste à temps plein était recherché de
façon presque... presque un rêve, là, pour... Moi, je me souviens, quand
j'étais en pratique, que beaucoup d'infirmières étaient sur appel, attendaient
la possibilité d'avoir un poste à temps plein. Alors, on en offre maintenant. Il
faut absolument dire aux infirmières, et c'est à elles de se le dire ensemble :
O.K., on va remplir tous les postes à temps complet qui sont disponibles, on va
juger de l'impact sur le fameux TSO, là, temps supplémentaire obligatoire et,
s'il faut aller plus loin, on ira plus loin avec notre partenaire
gouvernemental. Mais il faut remplir ces postes-là parce que, sinon, ça devient
absurde. Tu sais, c'est comme un cercle vicieux dont on ne sortira jamais, là,
et je pense qu'il faut aller dans cette direction.
La Modératrice
: Merci.
On va y aller en anglais.
Mme Johnson (Maya) : Hello. Maya Johnson, CTV News. Good
afternoon, everyone. You've talked often about the sandwich generation. I've
heard that term used multiple times over the past couple of days. Why is your Government
paying particular attention to this specific demographic right now?
M. Couillard : Because we are a government of our time, first, and second, because
we listen to people. You know, when we went around in the recent months, I
always give the example of Isabelle Melançon, who did her by-election in
Verdun, I think, a year and a half ago, or some... in this ball park. I asked
her after : What did the families talk to you about the most? What do they
want? There was one word : «du temps», time. And then, we I see the
surveys, when I see what people say, what their priorities are in Québec particularly, I know that this is the
right moment and the right subject to be putting attention on.
So it's important,
because there's a big societal shift now on many aspects. Technology is one of
them, but this question of quality of life... You know, in my generation, work
was everything, work, work, work, to the extent that sometimes you don't spend
a lot of time with your family, and I regret that. I wish I would have spent
more time at certain moments with my family.
Now, the young families,
younger generations tell us : We don't want to live like this, you know.
And forget about this and that, other things you want to give me, I want time,
I want oxygen. So, when the CAQ tells Quebeckers that they think they don't work enough, we say no, they want more oxygen,
they want more time. So this is why. It's not something that we picked out in
the air, it's something that people talked to us about and this is the way to
govern.
Mme Johnson (Maya) : Can you explain how the changes to the Québec insurance plan would work, the provincial insurance plan, and
whether you believe employers will be on board as well despite your intentions?
M. Couillard : Well, first, employers must be on board, because, as is the case
now, the employee, before giving his or her program for parental leave, has to
present it to the employer and reach an agreement. So that's something that
exists and will still exist.
Now, what this adds is
flexibility, the possibility to stretch a little bit the time off with your
child, to come back progressively. For example, someone could elect to come
back progressively at four days a week. I know a lot of young families that
tell me that they wish they would have had this capacity to choose that way of
coming back to work. So it's essentially going around the question of
flexibility.
The other option would
have been to extend the length of the leave, but then you have to decrease the
benefits. Otherwise, you'll start charging more to the employers particularly
and also the employees. So we found it preferable to keep the length roughly as
it is now, but give more flexibility in how you use it. I think that's…
Mme Johnson (Maya) : So, it's flexible but cost neutral.
M. Couillard : Cost neutral. The employers and employees will not pay a cent more.
And why? By the way, it's interesting. Why is it the case, so there is a fund
created specifically for that? Why is there much money
in the fund? Because more people work, so more people work, more people pay for
the system, therefore we have more money, therefore we can increase the
benefits. And the wages are better. So, if the wages increase… So it's a
percentage, so people pay more by virtue of the percentage. So all come back to
the good, good standing of our economy right now in this and other things too.
La Modératrice
:
Merci.
Mme Montgomery
(Angelica) : Hello. Angelica Montgomery,
CBC. So, just to be clear on this, an employer does not have the power to say
that a woman can't go on maternity leave. Will an employer have the power to
say : No, you can't come back progressively or go on vacation. To what
extent will this be optional?
M. Couillard : Well, it's a negotiation process, you know. François, can they
refuse?
M. Blais :
Yes, yes, but you have to differentiate the parental leave and the maternal,
hein? For a woman, hein, it's impossible for an employer to say no, but, if you
want just to cut your leave into two or three parts, you have to negotiate an
agreement with your employer. It's now the actual situation. It will be the
situation after the change.
Mme Montgomery
(Angelica) : Now, we haven't got any kind of
press release on this or anything in writing. When are we going to see the
details to this idea in terms of…
M. Couillard : Sorry. When the bill will be tabled. Otherwise, I know people in
the Assembly that would a little bit mischievous and would say : Ah! you
gave details of your bill before you tabled it.
So, unfortunately… I
think you have the main direction where we're going to go, but you have to wait
until the bill is tabled, and it shouldn't be too long, François, before we do
this, and then you can actually see the details. And, of course, there will be
hearings and there will be discussions, and then hopefully we can adopt that
bill.
Mme Montgomery
(Angelica) : So what you're proposing right
now might not actually be what is implemented in the end. Are we expecting to
see this before you go to election?
M. Couillard : Of course. The bill will be tabled. Not only that, I want it to be
adopted. And that's going to be an interesting time because we're going to
adopt… to table the bill on parental leave, we're going to table the bill on the poverty plan.
So, if Opposition parties
play games and want to block or stop the bills, what
are they telling the public? That they don't want to
give parents more leaves, that they don't want to fight poverty.
Mr. Legault never talks about poverty. Maybe it's not interesting for him,
but we'll see. It will be revealing to see the way the Opposition parties will
deal with these proposals that are entirely to the advantage of families in
Québec.
Des voix
:
Merci.
(Fin à 14
h 24
)