(Neuf heures dix-huit minutes)
Mme Soucy : Bonjour. Je suis
accompagnée aujourd'hui de la représentante de la Table régionale des
organismes communautaires et bénévoles de la Montérégie ainsi qu'une quinzaine
d'organismes des secteurs de la santé mentale, déficience intellectuelle et
physique, proches aidants et actions bénévoles de la Montérégie.
En tant que députée de Saint-Hyacinthe, je
ne peux pas passer sous silence la présence d'organismes de mon comté ici, au Parlement :
le Centre Louis Bibeau, la Maison alternative de développement humain, la
Maison coeur Le Baluchon et la Maison des jeunes des Quatre-Vents.
Nous savons à quel point les organismes
communautaires jouent un rôle essentiel dans nos communautés. Nos organismes en
santé et services sociaux de la Montérégie ont de plus en plus de mal à
répondre aux besoins de la population. Pourquoi? Parce que les demandes de
soutien en Montérégie augmentent. Pourquoi? Parce que les organismes reçoivent
un financement à la mission qui est nettement insuffisant. Oui, nos organismes
ont la possibilité de présenter un projet au gouvernement et obtenir un financement
par projet, mais là ils sont confrontés à quelques problèmes. Plus souvent
qu'autrement, les délais sont totalement déraisonnables. On peut facilement
s'étirer de 10 à 12 mois avant qu'un projet soit choisi par le gouvernement.
Ça, c'est lorsqu'ils n'abandonnent pas le projet, donc ils ne cancellent pas le
projet, sans parler de la lourdeur administrative que ça crée pour les employés
des organismes. Et là le chèque n'est pas encore entre les mains de
l'organisme.
Donc, les organismes sont obligés
d'utiliser une marge de crédit pour pallier aux frais de roulement. Les organismes,
ils n'ont pas d'autre choix que d'aller dénicher du financement autonome, et c'est
de plus en plus difficile d'en obtenir puisqu'avec les coupures du gouvernement
Couillard, notamment dans le parc fiscal des municipalités... Alors, vous
pouvez vous imaginer le temps fou que les organismes passent à trouver des stratégies
de financement et, pendant ce temps-là, ils ne peuvent pas s'occuper de leur
mission.
Alors, la ministre Charlebois affirme que
son ministère offre une indexation aux programmes, aux organismes, mais une
indexation qui est de 0,7 %. On s'entend que ça ne paie même pas les frais
sur la marge de crédit qu'ils utilisent. Alors, 0,7 %, est-ce suffisant
pour dire qu'on a à coeur la pérennité de nos organismes?
Alors, maintenant, je vais céder... je
vais passer la parole aux organismes pour qu'ils vous expliquent, dans leur
quotidien c'est quoi, les difficultés qu'ils ont.
Le Modérateur
: Merci
beaucoup, Me Soucy. Alors, si je comprends bien, Mme Diane Delorme de
l'Action-services aux proches aidants de Longueuil. Mme Delorme.
Mme Delorme (Diane) : Exact. Alors,
bonjour. Alors, à tous les jours, les organismes travaillent au soutien, à
l'accompagnement, à l'écoute des proches aidants. De plus en plus, on voit nos
bureaux augmentés au niveau des demandes des proches aidants. Souvent, les
proches aidants arrivent à un niveau... tellement au niveau de détresse qu'on a
à peine à les aider dans leurs démarches. Ils sont souvent sortis du système de
santé parce qu'on a pris en charge, les aider. Donc, les proches aidants, eux,
ils sont ignorés.
Mais, à tous les jours, les groupes ont de
la difficulté, mais pourtant... un sujet qui est de l'actualité, ce sont les
proches aidants, mais pourtant, à tous les jours, les groupes ont de la
difficulté à répondre aux besoins, faute de financement adéquat. Merci.
Le Modérateur
: Merci,
Mme Delorme. Nous allons maintenant céder la parole à M. Patrick Thibert du Centre
d'action bénévole Vallée du Richelieu.
M. Thibert (Patrick) :
Bonjour. À tous les jours, les centres d'action bénévole font la promotion et
le développement de l'action bénévole, accueillent, soutiennent, forment et
reconnaissent les bénévoles. Ils offrent des services en soutien à domicile,
comme l'accompagnement transport médical, la popote roulante, l'aide aux
courses, des activités de socialisation, des visites et des appels sécurisants.
Ils soutiennent aussi les familles par l'aide alimentaire et pour le retour en
classe en plus d'aider d'autres organismes par la recherche et la référence de
bénévoles. Mais, à tous les jours, les groupes ont de la difficulté à répondre
aux besoins, faute de financement adéquat.
Le Modérateur
: Merci
beaucoup, M. Thibert. Maintenant, je vais céder la parole à M. Patrice
Désilets, qui est directeur du Halte au soleil, ainsi qu'un témoignage de M.
Robert Champagne, je crois, par la suite.
M. Désilets (Patrice) : Donc,
alors, le sous-financement, bien sûr, va affecter très lourdement les maisons
de répit de partout au Québec, hein? On doit s'occuper des gens, de la vie
quotidienne, donner les douches, leur faire à manger, s'occuper d'eux pendant
que les parents peuvent se reposer pendant quelques heures à quelques semaines.
Donc, c'est un défi constant d'essayer de maintenir tout ça en place pour aider
les gens.
On aimerait pouvoir combler à la demande
beaucoup plus en desservant le besoin qui est de 365 jours par année. Donc, les
parents ont besoin de répit, de se reposer et, quand ils tombent malades, de
pouvoir vaquer à s'occuper de leur enfant. Donc, ça, c'est un défi constant
pour tous les organismes en déficience intellectuelle.
Le Modérateur
: M.
Robert Champagne, pour son témoignage.
M. Champagne (Robert) : Oui,
bonjour. La ressource, pour moi, c'est très important. Voilà 13 ans, j'ai tombé
aidant naturel par la force des choses. Ma mère est décédée, donc j'héberge ma
soeur, qui est déficiente intellectuelle et physique, depuis 13 ans. Donc, la
ressource m'a aidé à continuer et à... elle m'aide à continuer et elle m'a aidé
à pouvoir donner le service à ma soeur que... je me demande où je pourrais me
revirer pour avoir du répit aussi. Donc, la maison Halte Soleil m'aide à
maintenir et à donner une qualité de vie à ma sœur qui en a besoin. Merci.
Le Modérateur
: Merci,
M. Champagne. Maintenant, Mme Suzanne Demers, vice-présidente du TROC‑Montérégie,
directrice de l'Auberge du coeur Le Baluchon
Mme Demers (Suzanne) : Alors,
merci, Mme Soucy, de nous accueillir aujourd'hui.
Alors, les organismes du secteur santé
mentale, du secteur de l'action bénévole, du secteur de la déficience intellectuelle,
déficience physique, trouble du spectre de l'autisme et du secteur des proches
aidants vous ont présenté aujourd'hui des témoignages vibrants des besoins des
communautés. Comment demeurer insensible aux douloureux témoignages que nous
entendons au quotidien et que nous venons d'entendre? Hélas, c'est pourtant le
cas des membres du gouvernement de Philippe Couillard. Ils sont totalement
insensibles aux besoins exprimés par la population. La ministre Charlebois et
le ministre Barrette nous disent qu'ils pensent à nous, mais ils ne passent pas
de la parole aux actes.
Les organismes communautaires ont fait
précédemment des démonstrations que l'adoption de politiques idéologiques et
d'austérité du gouvernement a réduit le Québec à la souffrance, à la détresse,
à la misère, à la pauvreté tellement les inégalités sociales ont augmenté. La
pression exercée par le désengagement de l'État est tellement forte que le
sous-financement chronique nous oblige à faire des choix difficiles comme
refuser du monde, couper des activités, mettre à pied du personnel qualifié et
constater aussi au quotidien l'essoufflement des membres des équipes de travail
et même d'envisager des fermetures partielles ou permanentes.
Un récent sondage du RQ-ACA révélait
qu'une large majorité de la population appuie nos revendications, dont celle en
faveur d'un financement adéquat et significatif des organismes communautaires.
La ministre Charlebois doit enfin
comprendre l'extrême urgence de la situation et s'engager pour que de nouveaux
crédits soient injectés dès le budget 2018‑2019 et que ces crédits doivent être
aussi à la hauteur de nos attentes et de nos besoins.
Je m'adresse ici spécifiquement à Mme
Charlebois. Mme Charlebois, mieux financer les organismes d'action communautaire
autonomes, c'est faire le seul choix responsable qui s'impose, nous permettre
collectivement de vivre dans une société juste et en santé.
Le Modérateur
: Merci
beaucoup, Mme Demers. Je cède maintenant la parole à la députée de
Saint-Hyacinthe.
Mme Soucy : Écoutez, je
pense que nos organismes communautaires font la démonstration et tendent la
main aujourd'hui au gouvernement pour qu'il passe de la parole aux actes.
Rappelons-nous que les organismes travaillent au quotidien avec les personnes
qui ont le plus besoin, qu'il faut avoir le courage, Mme la ministre, de
rehausser le financement à la mission pour assurer le maintien de notre
richesse collective. Merci.
Le Modérateur
: Merci
beaucoup, tout le monde, et bravo. Merci.
(Fin à 9 h 28)