(Douze heures cinquante et une minutes)
M. Legault
:
Bonjour, tout le monde. Comme vous le savez, pour moi, la réussite des enfants,
c'est fondamental. Il faut donner la chance à chaque enfant de réussir, d'avoir
une éducation de qualité et d'obtenir un diplôme.
J'ai questionné le premier ministre ce
matin concernant le projet de loi n° 144 et j'ai été très déçu de la
réponse de Philippe Couillard. On a actuellement un problème avec ce qu'on
appelle les écoles illégales. Et, depuis cinq ans, le nombre d'enfants qui
fréquentent entre autres des écoles illégales à la maison a doublé en cinq ans.
On parle de milliers d'enfants qui sont donc dans des écoles illégales. Avec le
projet de loi n° 144, Philippe Couillard avait l'opportunité de mettre un
cadre à ces écoles. Tout ce qu'il a fait, c'est qu'il a dit : À partir de maintenant,
ces écoles, ces enfants devront être déclarés à une commission scolaire. C'est
tout.
Philippe Couillard a refusé des amendements
de Jean-François Roberge de la CAQ pour clairement indiquer dans la loi que
tous les enfants au Québec, qu'ils soient à la maison ou dans une école, peu
importe si elle est contrôlée par des individus ou par une commission scolaire,
tous les enfants doivent suivre le même curriculum.
Actuellement, ce n'est pas des hypothèses,
c'est réel, il y a des enfants qui n'ont pas de cours d'histoire, il y a des
enfants qui n'ont pas de cours de sciences, il y a des enfants qui n'ont pas la
chance de passer des examens du ministère de l'Éducation puis d'obtenir un
diplôme, un diplôme qui est si important pour faire son chemin dans la vie au point
de vue professionnel. Donc, avec la loi n° 144, Philippe Couillard vient
légaliser l'inacceptable.
Moi, je demande à Philippe Couillard de se
ressaisir, de prendre ses responsabilités et de modifier la loi n° 144
pour s'assurer que tous les enfants aient accès à une éducation de qualité puis
à un diplôme.
Sur ce, je vais céder la parole à
Jean-François Roberge, qui a défendu ce dossier depuis le début, qui va vous
donner un petit peu plus de détails.
M. Roberge : Merci
beaucoup, M. Legault. Entre ce que dit le ministre de l'Éducation
Sébastien Proulx et ce qu'il fait, il y a un abysse. Il y a un abysse très
sombre. Et, quand on jette la lumière sur ce qu'il veut faire, ce n'est pas
joli, joli, joli, parce qu'il prétend que jamais les écoles religieuses n'ont
été autant encadrées, que jamais on n'aura eu autant d'information sur les
jeunes qui font l'école à la maison.
La vérité, c'est que les mesures
coercitives qu'il vante tant, qui sont dans son projet de loi n° 144,
c'est-à-dire le droit de pénétrer sans avis dans des lieux où on soupçonne que
des enfants peuvent être scolarisés, le droit pour le ministère de donner des
amendes, même si c'est des amendes très salées, bien, ça ne s'appliquera
jamais. Et c'est ça qu'il faut bien comprendre. Ça ne s'appliquera jamais,
parce que pour, comme ça, intervenir, pour envoyer la DPJ ou pour intervenir et
faire fermer ces écoles-là, il faut que les jeunes soumettent un projet
d'apprentissage au ministère et que ce dernier ne soit pas accepté. Tout est
là. C'est l'article 2 du gouvernement. Et, dans cet article 2, bien,
on ne dit à peu près rien. On dit qu'un projet d'apprentissage, pour être
accepté, doit globalement prévoir quelque chose comme instruire, socialiser,
qualifier, voir quelques notions de littératie et d'arithmétique. C'est tout.
Ne cherchez pas plus loin, il n'y a rien d'autre. Alors, pour qu'un projet
d'apprentissage puisse être accepté, évidemment, bien il faudrait qu'il inclue
l'enseignement de toutes les notions du programme.
Les parents qui font l'école à la maison
peuvent bien enseigner les choses avec la pédagogie de leur choix, ils peuvent
moduler l'apprentissage à leur manière, ils peuvent aller au musée, ils peuvent
enseigner en communauté. Tout ça, c'est correct. Mais les jeunes dont les
parents font le choix de l'école à la maison doivent avoir la garantie qu'ils
vont voir l'ensemble des connaissances, l'ensemble des compétences et qu'ils
auront accès à un diplôme. Et toutes ces choses-là ne sont pas dans le projet
de loi. Et ce n'est pas des oublis, ce n'est pas des omissions, c'est
volontaire.
J'ai déposé un amendement pour préciser
qu'un projet d'apprentissage doit couvrir ou doit même viser à transmettre
l'ensemble du programme; le ministre et ses acolytes l'ont battu. J'ai déposé
un amendement pour dire : Au minimum, il faudrait qu'il y ait des notions
de sciences, même sans dire que c'est tout le programme; le ministre et ses
acolytes l'ont battu. J'ai déposé un amendement pour dire que, quand on
fait l'école à la maison, on doit prévoir la passation des examens
ministériels, quatrième année du primaire, sixième année du primaire,
secondaire IV, secondaire V; le ministre et ses acolytes l'ont battu.
Donc, ce qu'ils ont fait, en réalité,
c'est qu'ils ont permis à ce que des parents disent qu'ils vont faire l'école à
la maison, des parents qui ont peut-être eux-mêmes été scolarisés dans une
école illégale, qui vont faire l'école à la maison en faisant à peu près
n'importe quoi. Tous les projets d'apprentissage seront acceptés. Ensuite, ils
vont être capables d'envoyer leur jeune 15 heures, 20 heures, 30 heures
dans une école où on n'enseigne que la religion. Ces jeunes-là n'auront pas de
notion d'histoire, de sciences, ne seront jamais diplômés, et tout ça sera
légal.
Il est là, le drame. Il n'est pas dans le
fait que certains parents qui choisissent de faire l'école à la maison très,
très bien, en ce moment, pourront continuer de le faire très, très bien plus
tard. Ces gens-là font déjà des choses correctement et ne font pas partie du problème.
Le problème, c'est la légalisation des écoles illégales. Merci.
La Modératrice
: Merci
beaucoup. On va passer à la période de questions, en commençant par Hugo
Pilon-Larose de LaPresse.
M. Pilon-Larose (Hugo) :
M. Roberge, tout d'abord, quand le ministre a déjà dit par le passé qu'il
veut définir les conditions minimales du programme, là, qui sera suivi par les
enfants qui font l'école à la maison, par règlement plutôt que de l'instaurer
dans le projet de loi, ça ne vous rassure pas qu'il peut procéder ainsi?
M. Roberge : Bien, le mot
important de votre question, c'est «minimales». On est en bas du minimum. Je
comprends que, dans un projet de loi, il y a la loi puis il y a le règlement, mais
il faudrait que, dans la loi, on établisse le standard que les jeunes vont voir
le programme et auront une formation qui les mène à la diplomation.
Ensuite, par règlement, on peut dire combien
d'examens ils vont passer, est-ce qu'il y aura des examens par année ou aux
deux ans, est-ce qu'il vont rencontrer les gens de la commission scolaire aux
six mois ou aux deux ans, quelle latitude on leur donne, quel accompagnement on
leur donne. Mais, dans la loi, il doit y avoir une cible très, très claire. La
cible, c'est d'enseigner le programme puis de mener les jeunes à un diplôme. Après
ça on mettra le reste dans les règlements. Mais le ministre a refusé de mettre
la cible dans le projet de loi, il veut mettre la cible et les modalités. On ne
peut pas leur faire confiance.
M. Pilon-Larose (Hugo) :
Ma deuxième question, c'est pour M. Legault, sur un autre sujet. J'aimerais
savoir, au niveau de la taxation, est-ce que, selon vous, c'est une mesure qui
serait responsable pour un gouvernement, en termes de gestion des finances et
des programmes gouvernementaux, de ne plus taxer les biens matériels qui sont
vendus au Québec et de se priver de ces revenus-là pour l'État?
M. Legault
: Bon. On
est en train de faire une analyse. Vous savez qu'il y a une élection générale
l'année prochaine, donc tout le monde va faire des propositions. Et ce qu'on
souhaite d'abord, on l'a dit souvent, la CAQ, on souhaite réduire le fardeau
fiscal des Québécois. Pas l'augmenter, le réduire.
Maintenant, on est en train de regarder
différentes possibilités. Est-ce que certains produits, comme le livre
actuellement, pourraient être exemptés de taxes, autant en magasin qu'en ligne?
C'est une possibilité qu'on regarde. Mais, dans notre préparation de nos
propositions, ce qu'on veut, c'est l'équité.
Ça veut dire qu'un produit ou un service,
qu'il soit acheté ou consommé en magasin ou en ligne, devrait être taxé de la
même façon. Donc, soit qu'il est taxé, soit qu'il est détaxé, mais, au total,
ce qu'il faut, c'est que, pour chaque produit, chaque service, il y ait de
l'équité.
Maintenant, est-ce qu'il y aura un coût de
rattaché à ça? Ce qu'on sait, c'est que les libéraux, eux autres, sont prêts à
augmenter le fardeau fiscal des Québécois. Parce que, quand on dit qu'on va
ajouter certaines taxes qui ne sont pas payées actuellement, ça veut dire qu'il
y a encore de l'argent qui va sortir des poches des Québécois. Est-ce que ça va
être compensé par d'autres baisses? On a vu, là, depuis trois ans, le gouvernement
augmenter les tarifs de garderie, augmenter les tarifs d'électricité, augmenter
les taxes scolaires d'à peu près 1 300 $ par famille puis il a réduit
les impôts de 500 $. Donc, nous, ce qu'on veut, là, c'est qu'au bout de la
ligne, quand on additionne les impôts, les taxes, les tarifs, que les Québécois
en paient moins.
Maintenant, est-ce qu'il y a certains
services, certains produits qui devraient être exemptés de taxes? C'est quelque
chose qu'on regarde actuellement. Comme c'est fait pour le livre actuellement.
M. Pilon-Larose (Hugo) :
Donc, j'en comprends que, dans la démarche de Carlos Leitão, vous ne l'appuyez
pas en ce moment? Vous êtes contre ce qu'il fait?
M. Legault
: Bien,
on va attendre de voir ce qu'il propose.
M. Pilon-Larose (Hugo) :
Bien, on sait quand même ce qu'il propose.
M. Legault
: Bien,
si, au total, on vient encore augmenter le fardeau fiscal… Là, ce que j'ai
compris entre les lignes, ce matin, de Philippe Couillard, c'est qu'on peut
s'attendre, d'ici la fin du mois, à ce qu'il y ait des annonces de baisses
d'impôt. Combien? Nous, on a proposé 1,7 milliard, 500 $ par
personne. Bon. Là, lui, il nous dit qu'il va taxer plus certains produits en
ligne mais qu'il va réduire les impôts.
Bien, moi, je vais attendre de voir le
portrait global avant de vous dire si je suis d'accord ou je ne suis pas
d'accord. Je peux être ouvert à la possibilité que certains produits soient un
peu plus taxés, mais que ça soit compensé par une diminution d'impôt, de taxe,
tarif ailleurs. Mais, au total, là, les Québécois sont surtaxés. Les familles
étouffent. Il faut réduire le fardeau fiscal des Québécois, ça urge.
La Modératrice
: Merci
beaucoup. Patricia Cloutier, Le Soleil.
Mme Cloutier (Patricia) :
Je reviens brièvement sur le projet de loi n° 144. Vous allez voter
contre. Vous n'êtes pas prêt à reconnaître que c'est un premier pas dans une
direction dans laquelle il fallait aller, au Québec, là, pour ces enfants-là
dont on ne connaît pas l'existence?
M. Legault
: Oui, mais
ce qu'on demande, là, c'est assez simple puis c'est assez minimal : on
veut que les enfants qui reçoivent leur éducation à la maison, que ça soit le
même programme que tout le monde, incluant les sciences, incluant l'histoire.
On veut que ces enfants-là passent les examens du ministère. Il me semble que
ce n'est pas compliqué, ce n'est pas exagéré, c'est raisonnable.
Pourquoi Sébastien Proulx puis les
libéraux ont voté contre? Pourquoi? Moi, je pense que c'est à eux à répondre à
cette question-là. Pourquoi ils ont l'air de vouloir protéger les écoles
religieuses illégales? Qu'est-ce qui nous attend dans les règlements? Pourquoi
il ne le met pas dans le projet de loi? C'est ça qu'on se demande, là. Il me
semble que ce n'est pas compliqué de dire : Tous les enfants au Québec
vont avoir le même programme puis ils vont tous passer les examens du
ministère. Il me semble que ce n'est pas compliqué.
La Modératrice
: Merci.
Patrick Bellerose, Le Journal de Québec.
M. Bellerose (Patrick) :
Bonjour, M. Legault. Vous avez déjà promis, évidemment, des baisses
d'impôt. Est-ce que l'élimination de la TVQ viendrait s'ajouter à la baisse
d'impôt ou compenser la baisse d'impôt?
M. Legault
: Bien,
écoutez, il est trop tôt pour le dire, là.
M. Bellerose (Patrick) :
Bien, vous y réfléchissez, donc c'est un ou l'autre.
M. Legault
: Bien là,
on est en train d'y réfléchir, mais ça s'ajouterait. Ça s'ajouterait.
M. Bellerose (Patrick) :
Donc, les Québécois pourraient avoir des baisses d'impôt et en plus on enlève
la TVQ?
M. Legault
: Il
pourrait y avoir, puis là on parle d'un programme sur quatre ans, d'avoir, en
plus des baisses d'impôt de 500 $, un répit additionnel qui soit donné aux
Québécois. Est-ce que ça sera des taxes, des tarifs, des impôts? On regarde
beaucoup, beaucoup de scénarios actuellement, mais c'est certain que sur quatre
ans on veut réduire le fardeau fiscal de plus que 1 000 $ par
famille.
M. Bellerose (Patrick) :
Le commerce en ligne touche à peu près toutes les catégories de produits. Si
vous enlevez la TVQ sur une catégorie, allez-vous l'enlever sur toutes les
catégories qui sont en ligne?
M. Legault
: Non.
Ce qu'on regarde, c'est certaines catégories de produits ou de services. Mais
ce qu'on veut, c'est qu'un produit, là, qu'il soit vendu en ligne ou qu'il soit
vendu en magasin, on veut qu'il soit taxé de la même façon, même niveau.
M. Bellerose (Patrick) :
D'accord. Pour celles qui ne sont pas concernées, justement, est-ce qu'on
impose une taxe quand même? Pour les catégories qui ne sont pas concernées par
l'abolition de la TVQ, est-ce qu'on impose une taxe pour la vente de produits
en ligne d'un marchand américain?
M. Legault
: Bien,
c'est un objectif qui est visé, mais tout en maintenant... sans augmenter le
fardeau fiscal des Québécois. Donc, il faut qu'il y ait une compensation, si
c'est le choix qui est fait. On regarde différentes propositions.
Mais, actuellement, moi, je ne trouve pas
équitable qu'un vendeur en ligne américain ne paie pas la même taxe sur le même
produit qui est vendu ici en magasin ou en ligne.
M. Bellerose (Patrick) :
D'accord. Donc, si, dans cette catégorie-là, ce n'est pas aboli, on va imposer
la TVQ aux vendeurs américains en ligne?
M. Legault
: Ça va
être les deux la même chose. Tout le monde va payer la même taxe, va percevoir
la même taxe ou n'en percevra plus, mais ça va être équitable. Qu'on soit en
ligne, en magasin, au Québec, à l'étranger, ça va être le même niveau de taxes.
M. Bellerose (Patrick) :
Juste une précision. Donc, pourquoi y aller à la pièce et ne pas tout
simplement dire : Bien, c'est la même chose pour tous dans toutes les
catégories?
M. Legault
: Parce
qu'il y a peut-être une occasion de réduire les taxes sur certains produits. Il
y a cette possibilité-là. Puis, en même temps, ça serait une façon de réduire
le fardeau fiscal des Québécois au total. Parce qu'on ne veut pas, au total,
qu'il y ait d'augmentation du fardeau fiscal pour les Québécois.
La
Modératrice
: Merci beaucoup. Robert Dutrisac, Le Devoir.
M. Dutrisac
(Robert) : Bonjour, M. Legault.
M. Legault
:
Bonjour, M. Dutrisac.
M. Dutrisac
(Robert) : Il me semble qu'il y a quelques semaines vous disiez...
votre parti disait qu'il ne fallait pas taxer Netflix, par exemple?
M. Legault
:
Non, on a dit «équité». Allez voir nos communiqués de presse, là, on a
toujours «équité». Tout le monde taxé ou personne taxé, mais équité.
M. Dutrisac
(Robert) : O.K. J'aimerais vous entendre sur un débat qui a cours, là,
dans plusieurs pays, en Europe par exemple, c'est de taxer Google, de taxer
Facebook. Là, on a surtout parlé des taxes qui affectent les consommateurs,
mais là on parle plutôt de business-to-business, des taxes qui s'appliquent à
des services fournis à des entreprises. Les partis politiques, par exemple, ne
paient pas de taxes pour les données qu'ils paient à Facebook, en l'occurrence.
Est-ce que c'est normal? Est-ce qu'il faut taxer ces services-là fournis par
Facebook et par Google? Et je vous souligne qu'il y a beaucoup, beaucoup
d'argent qui transite à travers ces services-là.
M. Legault
:
Oui, oui. Je sais qu'il y a beaucoup, beaucoup d'argent, puis on doit
s'attendre à ce qu'il y ait de plus en plus d'argent. Et, ne serait-ce que par
souci d'équité pour les entreprises québécoises, il faut qu'il y ait une
équité. Donc, ce sont des choses qu'il faut regarder de façon très sérieuse.
Puis on ne peut
pas non seulement attendre le gouvernement fédéral, il y a des choses qui
peuvent être faites par le gouvernement du Québec. Ce n'est pas simple, mais il
doit y avoir une équité. Que ça soit business-to-business ou business-to-consommateur,
il faut être capable, à un moment donné, de voir une équité. Puis il y a de
plus en plus d'argent de concerné, effectivement.
M. Dutrisac
(Robert) : Donc, vous seriez d'avis qu'il faudrait appliquer cette
équité fiscale là...
M. Legault
:
Oui, aux entreprises.
M. Dutrisac
(Robert) : ...et à taxer Facebook ou Google pour ce type de services?
M. Legault
:
Bien, il faut que ça soit équitable, que des services comparables soient taxés
de la même façon, qu'ils soient consommés à l'international, en ligne ou
concrètement.
La
Modératrice
: Merci beaucoup. Mathieu Dion, Radio-Canada.
M. Dion
(Mathieu) : Juste une précision. Pourquoi vous dites qu'une taxe sur
Netflix, c'est une taxe de plus pour les contribuables, alors qu'il n'y a déjà
pas de taxe sur Netflix?
M. Legault
:
Bien, écoutez, on peut jouer sur les mots, mais actuellement il y a trop
d'argent qui sort des poches des consommateurs. Donc, si, demain matin, on
ajoutait une taxe, bien ce serait une taxe de plus dans les poches.
Par contre, je
vois très bien qu'il y a un problème, puis il ne faut pas le nier. Ça n'a pas
de bon sens que Netflix ne soit pas traité de la même façon que Tou.tv ou
qu'une autre entreprise comparable ici, au Québec. Donc, il faut assurer
l'équité.
Maintenant,
est-ce qu'il faut taxer les deux ou détaxer les deux? Une chose qui est sûre,
là, c'est qu'il faut qu'ils soient traités de la même façon, puis il faut qu'au
total on réduise le fardeau fiscal des Québécois.
M. Dion
(Mathieu) : O.K. Donc, c'est tout ou rien. Et, si c'est rien, M. ou
Mme Tout-le-monde, avec son ordinateur, décide de partir une compagnie dans son
sous-sol et n'est plus obligé de taxer, dans ce contexte-là?
M. Legault
: Si c'est
le choix qu'on prend. Mais moi, ce que je vous dis, là, c'est que c'est un
sujet complexe. On a des gens qui y travaillent actuellement. On va vous
revenir le plus tôt possible. Mais ce qu'on veut, c'est que les services
équivalents soient taxés d'une façon équivalente.
M. Dion (Mathieu) : Mais,
sur le «rien», là, ça serait raisonnable, ça, une situation comme celle-là?
M. Legault
: Bien,
il faut voir, là. Actuellement, ce n'est pas raisonnable que Netflix ne charge
pas une taxe et puis que Tou.tv soit obligé de charger une taxe. Ce n'est pas
équitable, pour moi.
La Modératrice
: Merci
beaucoup. Martin Croteau, LaPresse.
M. Croteau (Martin) :
Bonjour à tous. Bonjour, M. Legault.
M. Legault
:
Bonjour.
M. Croteau (Martin) :
Quel bilan faites-vous du passage de Denis Coderre à la mairie de
Montréal?
M. Legault
: Bien,
écoutez, Denis Coderre, bon, d'abord, rappelons-nous où on était il y a
quatre ans, hein? La réputation de Montréal n'était pas extraordinaire. Il y
avait eu toutes sortes de scandales de corruption. On n'a pas vu ça, là, dans
les dernières années. Donc on a amélioré l'image de Montréal. Donc, moi, je
pense que Denis Coderre, c'était un gars qui était un amoureux de
Montréal, puis il a fait beaucoup de travail pour faire avancer Montréal.
Maintenant, j'ai confiance que
Valérie Plante, à qui j'ai parlé et puis à qui j'avais déjà eu, dans le
passé, l'occasion de parler, je pense que ses idéaux, tu sais, sont aussi de
faire avancer Montréal. Je suis content, quand j'entends Valérie Plante
dire qu'il faut réduire le fardeau fiscal des familles montréalaises. Je suis
content d'entendre ça, là, c'est de la musique à mes oreilles.
M. Croteau (Martin) :
M. Coderre a dit que sa carrière en politique municipale est terminée.
Est-ce que ça serait un bon candidat pour la CAQ?
M. Legault
: Non.
M. Croteau (Martin) :
...
M. Legault
: Bien,
on ne veut pas avoir de... Dans son cas, c'est un ancien candidat ou ancien
député libéral, là. Non, ce n'est pas envisagé.
La Modératrice
: Merci
beaucoup. Juste une dernière petite question en français. Patrick Bellerose.
M. Bellerose (Patrick) :
Oui, une dernière, si vous permettez. Quelle est votre réaction, quand vous
voyez qu'il y a seulement 330 permis de travail qui ont été accordés aux
demandeurs d'asile qui sont arrivés cet été?
M. Legault
: Bien,
ça vient confirmer la mauvaise gestion des gouvernements. Ça a pris des
semaines sinon des mois avant que les deux gouvernements envoient un signal
fort aux réfugiés en leur disant que pour être acceptés il faudrait qu'ils
prouvent que leur vie était en danger dans leur pays. Ça a pris des semaines
avant que ce message-là soit clair.
Maintenant, je continue à penser que ça
n'a pas de bon sens, les délais pour avoir des réponses à savoir est-ce que
leur demande comme statut de réfugié va être acceptée ou non. Les délais n'ont
pas de bon sens. C'est là qu'est le problème. À la base, ce n'est pas normal
que ça prenne un an ou un an et demi. Il faut qu'on trouve le moyen. Puis ça
relève plus du gouvernement fédéral, mais qu'on mette en place les ressources nécessaires
pour donner les réponses à ces gens-là.
La Modératrice
: Merci
beaucoup. On va passer aux questions en anglais. Maya Johnson, CTV.
Mme Johnson
(Maya) : Good afternoon, Mr. Legault. Are you
taking a wait-and-see approach to the Liberals' proposal to impose the Québec
sales tax on Netflix?
M. Legault
: No, we're working, right now, on a major
proposal. Because, right now, we cannot talk only about Netflix; we have also
companies like Amazon and all kind of products and services that are concerned.
And the principle that we're trying to follow in our proposal — that
will be tabled in the next months — will be that we have to have
certain equity.
If a product or a service
is taxed, they have to be taxed even if they are online, like if you buy the
same product in a store. So, we're looking at the possibility of having less
tax or no tax on certain products or services, and we're looking at the
possibility also of having taxes on the same products online than taxes that
are paid right now when you buy this product in a store.
But, in total, we have to
decrease the tax burden of Quebeckers. We cannot increase the tax burden. So, I
understand, from Mr. Couillard and Mr. Leitão, that right now they
are ready to increase sales taxes on online products. I understand also that
they may announce a tax cut at the end of the month for 2017.
So, I won't wait and see,
net, what will be the impact on the tax burden of Quebeckers.
Mme
Johnson (Maya) :OK. Yes. That's what I meant, the
wait-and-see approach in termsof
what the Couillard government…
M. Legault
:
Yes, OK. But it doesn't mean that we will not make any proposal. The CAQ will
make proposals about solving this problem. And it's an important and increasing
problem about the non-equity with some companies like Amazon and Netflix.
Mme Johnson
(Maya) : But you're not ready to immediately
applause the Couillard government's moves at this moment, because you're
waiting to see…
M. Legault
: I'm not ready to tell you, no. I'm waiting, yes.
Mme Johnson
(Maya) : …about the overall tax burden on Quebeckers?
M. Legault
: Right. Right.
Mme Johnson
(Maya) :OK. Merci.
La Modératrice
: Merci
beaucoup.
M. Legault
:
Merci, tout le monde.
(Fin à 13 h 15)