(Huit heures vingt-deux minutes)
M. Lisée
: Bien,
le thème de notre réaction ce matin, c'est la violence, la violence et les
indépendantistes.
L'Assemblée nationale va être appelée cet
après-midi à dire que 800 blessés en Catalogne, que ce soient des
indépendantistes ou des tenants de l'unité, ce n'est pas acceptable et que
quelqu'un est responsable, c'est l'État espagnol. Et j'espère que le premier
ministre, qui est de retour aujourd'hui, va accepter de dire la vérité à ce
sujet-là. Parce que, si les démocraties ne disent rien, ça signifie qu'en bas
de 800 blessés on passe l'éponge; si vous volez des urnes, on passe
l'éponge; si vous matraquez des électeurs, on passe l'éponge; si vous cassez
les doigts d'une jeune femme qui veut voter, on passe l'éponge; si vous
ensanglantez des personnes âgées qui veulent voter, on passe l'éponge. Ne pas
parler lorsque la démocratie est bafouée brutalement dans un État démocratique,
c'est envoyer le signal à tous les autoritaires du monde que nous n'avons plus
de boussole morale.
Je vais vous parler de violence aussi
parce qu'hier il y a un commentateur à la télévision qui a fait une blague sur
la chasse aux séparatistes et que, si dans sa phrase il avait remplacé le mot
«séparatistes» par le mot «musulmans», «Noirs», «femmes», «handicapés»,
«Juifs», il ne serait plus à l'antenne. Ce serait terrible ce qu'on aurait
entendu. On s'attend à ce que la direction de TVA se pose exactement cette
question-là : S'il avait dit «Juifs», «Noirs», «musulmans», «femmes»,
«handicapés», quelle serait la sanction? On attend une réponse aujourd'hui.
La liberté d'expression, c'est essentiel,
mais ça vient avec une responsabilité. Et, dans une semaine où des indépendantistes
ont subi la violence, dans une nation où des indépendantistes ont été, il y a
quatre ans, victimes d'un attentat meurtrier, ce sont des propos qui ne
devraient jamais exister.
Alors, je pense que la direction de TVA a
une décision importante à prendre aujourd'hui face à la nature des propos qui
sont tenus sur son antenne et qu'elle donne la même réaction que si la phrase
avait été sur d'autres groupes dont on sait qu'il est inexcusable d'associer à
la violence. Merci.
Le Modérateur
: Merci,
M. Lisée. Micro de gauche, M. Boivin, Cogeco.
M. Boivin (Mathieu) :
Qu'est-ce que vous demandez, en fait, à TVA? Des excuses? M. Lavoie a déjà
spontanément, dit-il, diffusé des excuses sur Facebook. Vous demandez quoi exactement?
Que M. Lavoie soit retiré de l'antenne?
M. Lisée
: Je
demande à TVA d'agir exactement comme il agirait si M. Lavoie avait parlé
de la chasse aux Juifs, aux musulmans, aux Noirs ou à qui que ce soit d'autre.
M. Boivin (Mathieu) : Ça
voudrait dire, donc?
M. Lisée
: C'est à
eux à se poser cette question-là.
M. Boivin (Mathieu) : O.K.
Sur la question de l'âge de consommation du cannabis, M. Jolin-Barrette vient
de nous présenter la motion du mercredi qui va stipuler, demander, à tout le
moins, à tous les députés de voter pour consacrer 21 ans. Le PQ, c'est 18,
si je ne me trompe pas?
M. Lisée
: Le
consensus de l'ensemble des experts, c'est qu'on aimerait ça qu'il n'y a
personne qui le consomme avant 25 ans. Avant 25 ans, vous ne devriez
pas consommer parce que ça a un impact sur le cerveau, sur l'angoisse, sur la
concentration. Alors, si la CAQ veut se coller à la science sans être dans le
réel, ils devraient dire 25. Mais l'ensemble des intervenants, y compris des
centres de désintoxication, des gens qui sont dans le réel et qui travaillent là-dessus
tous les jours disent : Les gros consommateurs, c'est de 18 à 22 ans.
C'est les plus gros consommateurs. Ça fait que dire qu'ils ne peuvent pas les
acheter légalement, c'est les laisser chez les Hell's Angels avec une substance
qui est incontrôlée où il peut y avoir des opioïdes, et il n'y a personne qui
va leur dire, chez les Hell's : Vous savez, jusqu'à 25 ans, c'est
mauvais pour le cerveau.
Ça fait que, si on prend une approche de
santé publique telle que proposée par les experts de la santé publique qui
disent : Écoutez, les consommateurs de 18 ans, il faut les amener à la
SAQ, qui va s'occuper de la marijuana pour vendre un produit qui est de qualité
et qui est moins dangereux, et les informer des dangers de la marijuana jusqu'à
25 ans... Alors, la CAQ, comme d'habitude, a une position simpliste qui ne
règle pas le problème et qui dit en plus : Bien, on va laisser au crime
organisé la plus grande part du marché.
Le Modérateur
: Merci.
M. Laforest, TVA.
M. Laforest (Alain) :
Bonjour... Je vais changer de crayon. M. Lisée, M. Trudeau a demandé
hier la perception de la TPS sur le cannabis. Vous en pensez quoi?
M. Lisée
: Bien,
je n'ai pas de difficulté à ce que la TPS soit perçue de façon juste sur tous
les produits, y compris les produits étrangers et y compris Netflix, mais il
faut que le fruit, l'équivalent de la TPS, soit reversé au Québec et aux
provinces, qui vont assumer l'essentiel des coûts associés à la légalisation de
la marijuana.
M. Laforest (Alain) :
Pourquoi Justin Trudeau dit qu'il veut récupérer alors qu'il demande aux
provinces de s'occuper de la vente, de la prévention, de la police... outre la
GRC, là, pour les autres provinces, là, mais c'est quand même les provinces qui
versent un montant au fédéral pour avoir ce corps de police?
M. Lisée
: Écoutez,
Justin Trudeau, depuis le début de ce débat, se fiche complètement des problèmes
que ça pose aux provinces. Il se fiche complètement des problèmes que ça pose
au Québec.
On n'a pas été consultés sur la décision
de fond de la légalisation, on n'a pas été consultés sur le calendrier. M. Trudeau
se comporte comme si on était dans un pays unitaire : lui décide, lui
impose, lui taxe puis il garde l'essentiel des revenus.
Le Modérateur
: Merci.
Mme Lamontagne.
Mme Lamontagne (Kathryne) :
À quel point vous pensez que l'outil Coaliste a été utile à la CAQ pour
l'élection dans Louis-Hébert lundi?
M. Lisée
: Je ne
sais pas.
Mme Lamontagne (Kathryne) :
Vous avez ce genre d'outil là au Parti québécois ou...
M. Lisée
: On a
tous des outils. On est présents sur Facebook... Oui, on a tous des outils
comme ça. Maintenant, c'est très difficile de mesurer l'impact de ces outils-là
dans tous les contextes.
On sait que Mme Clinton avait ces
outils-là mieux que M. Trump, et M. Trump est président. C'est vrai
qu'il a sans doute eu l'aide des Russes, alors... Je ne pense pas que c'est
notre cas. Alors, je ne peux pas vous répondre en disant quelle est la part que
ça a pu jouer dans le résultat.
Mme Lamontagne (Kathryne) :
Mais c'est utile?
M. Lisée
: C'est
sûr que c'est utile. Tout le monde utilise ce genre de choses pour rejoindre
des gens qui s'abreuvent de moins en moins aux médias traditionnels et de plus
en plus sur les médias sociaux. Donc, c'est suivre l'électeur là où il est.
C'est incontournable.
Le Modérateur
: Merci.
Dernière...
Mme Lamontagne (Kathryne) :
Sur un autre sujet, si vous me permettez, question primordiale. Je voulais
savoir si le Parti québécois était pour ou contre la chasse à l'écureuil.
M. Lisée
: Je n'ai
pas le goût de faire des blagues sur la chasse aujourd'hui.
Le Modérateur
: Merci.
M. Pilon-Larose.
M. Pilon-Larose (Hugo) :
Serez-vous insatisfait, au Parti québécois, si la direction de TVA décide autre
chose que de retirer des ondes Luc Lavoie?
M. Lisée
: Moi,
aujourd'hui, la responsabilité, elle est chez TVA. Ils ont une responsabilité.
Je vais réagir lorsqu'ils prendront leur décision. Mais je leur dis, là :
La décision que vous allez prendre, elle devrait être équivalente à celle que
vous prendriez si c'était un autre groupe qui avait été visé.
Une voix
: ...
M. Lisée
: Veux-tu
dire quelque chose?
Mme
Maltais
:
Je peux-tu dire de quoi? Il y a eu un attentat au Centre culturel islamique,
est-ce que ce serait acceptable qu'on dise qu'on va partir la chasse aux
musulmans?
Mme Marois a été victime d'un
attentat. De mes amis, de mes collègues ici ont failli mourir dans un attentat,
et un commentateur chevronné que je respecte dit : Ah! moi aussi,
j'aimerais ça partir à la chasse aux séparatistes.
Je pense qu'on a le devoir de réclamer, de
la part de TVA, une réaction à la mesure de ce qui a été dit. Point final.
Le Modérateur
: Dernière,
M. Pilon-Larose.
M. Pilon-Larose (Hugo) :
Oui, dernière question. Là, on a appris hier, donc, que le gouvernement, avec
la motion qu'ils ont votée, là, veut imposer les taxes de vente aux géants
numériques. Selon vous, est-ce que les fournisseurs d'accès à Internet doivent
aussi contribuer, comme les câblodistributeurs, au fonds canadien des médias
pour financer des productions québécoises entre autres?
M. Lisée
: Ce qu'il
faut viser, c'est l'équité. Il faut viser l'équité de... Tous ceux qui vendent,
au Québec ou au Canada, des produits culturels doivent être traités
équitablement. Et ça, ça veut dire effectivement que chacun devrait contribuer
à la fiscalité, au fonds de production. Je pense qu'il faut y arriver.
Le Modérateur
: Merci.
M. Vigneault, Radio-Canada.
M. Vigneault (Nicolas) :
C'est quoi, une réaction à la hauteur? Vous avez dit, M. Lisée, d'entrée
de jeu : S'il avait tenu de tels propos à l'endroit d'autres groupes que
vous avez nommés, il ne serait plus en ondes. Est-ce que c'est ça que vous
demandez? Pourquoi vous ne le dites pas?
M. Lisée
: Je
demande à TVA de faire cette équation-là.
M. Vigneault (Nicolas) :
L'équation que vous faites, c'est qu'il devrait être retiré, si je comprends
bien?
M. Lisée
: Je vais
laisser la marge de manoeuvre à TVA. Je pense que la balle est dans leur camp.
M. Vigneault (Nicolas) :
Sur le cannabis. Évidemment, il y a des fédérations de médecins spécialistes
qui disaient quand même que 21 ans était peut-être un compromis. Je
comprends que l'association des psychiatres du Québec disait qu'il y avait des
dommages jusqu'à 25 ans, il y a des études là-dessus, mais l'espèce de
compromis qu'avaient trouvé aussi les fédérations de médecins, c'était autour
de 21 ans, n'est-ce pas? Vous dites que les fédérations de médecins n'ont
pas raison?
M. Lisée
: Mais,
si vous regardez l'ensemble de la consultation qui a été faite, les centres de
désintoxication, les gens de la santé publique, les gens qui sont dans le
milieu, ils disent : Écoutez, permettez-nous de leur parler quand ils ont
18 ans. Laissez-les pas chez les Hell's.
Et, tu sais, quand le réseau des centres
de désintox nous dit ça, bien on dit : Bien sûr! Eux, ils sont au
quotidien avec ces gens-là, ils essaient de les sortir de leur consommation de
drogues, donc je suis plutôt enclin à les écouter.
Le Modérateur
: Merci.
Mme Mathieu.
Mme Mathieu (Annie) :
Oui. J'aimerais savoir si les deux ou un des deux est abonné à Netflix et si
vous aviez l'intention de vous désabonner. Gabriel Nadeau-Dubois a fait ce
geste hier. Pensez-vous que c'est quelque chose qui pourrait avoir un impact
s'il y avait un appel ou si les chefs de partis y allaient de cette mesure?
M. Lisée
: Alors,
moi, je suis abonné. Et Netflix, là, ils attendent d'être imposés. Ils le sont
en Australie, ils le sont en Europe, ils le sont dans des États américains.
Netflix, quand un État a de la colonne vertébrale et les impose, ils acceptent
les règles du jeu.
Alors, je ne pense pas qu'ils soient
impressionnés par le désabonnement de Gabriel Nadeau-Dubois. Ce qu'ils veulent,
là, c'est que, si le gouvernement les impose, ils vont accepter. Puis, tant
qu'un gouvernement n'a pas la colonne vertébrale de les imposer, ils sont gras
dur. O.K.? Alors, c'est ça.
Mme Mathieu (Annie) :
Vous ne pensez pas que ce genre de mesure là, ça va...
M. Lisée
:
Vraiment, c'est folichon.
Mme Mathieu (Annie) : Une
question pour Mme Maltais. Votre candidat a eu un résultat qui était
inférieur à la dernière élection. Est-ce que pour vous ça vous fait craindre un
résultat similaire au prochain scrutin? Vous avez dit vendredi que vous
comptiez vous présenter en 2018.
Mme
Maltais
:
Non. Je prends ça pour les résultats d'une partielle où il y a eu une volonté
que j'ai entendue, vraiment, de dire : On sort les libéraux. Et puis les
médias nous disaient, puis les sondages disaient que c'était la CAQ qui pouvait
les sortir. Alors, on a sorti les libéraux. C'est ce que j'ai entendu. Ça ne
sera pas le cas de ma circonscription. Et il y a d'autres circonscriptions,
d'après moi, où on aurait pu mieux performer.
Alors, non. On écoute, on regarde, on
entend, mais ça ne nous... On va se préparer pour l'année prochaine.
Mme Mathieu (Annie) :
Vous êtes confiante?
Mme
Maltais
:
Oui.
Le Modérateur
: On va y
aller en anglais ensuite, s'il y a des questions en anglais. Mme Johnson?
Raquel?
Mme Johnson
(Maya) : Mr. Lisée, what is it that you're
asking exactly of the management of TVA with respect to Mr. Lavoie's comments
yesterday?
M. Lisée
: We're in a context where there has been an attempt four years ago
at the Métropolis on the life of sovereigntists. This week, in Catalonia,
police brutally wounded 800 people who wanted to vote on independence. Clearly,
this is not a joking matter. And I'm asking TVA to react as they would if the
phrase had concern Muslims, Jews, women, handicapped people. What would be the
sanction? It should be the same.
Mme Johnson
(Maya) : So you would like to see him taken
off the air?
M. Lisée
: We'll see what TVA decides.
Mme Johnson
(Maya) :OK. With respect to the legalization of marijuana, the CAQ is calling
for the age to be 21 years old. You're in agreement with the Government that it should be 18. Why do you
think that the CAQ is pushing for that age? And is it even realistic?
M. Lisée
: Well, we're listening to public health specialists and people in
detox centers, who came and told us: Make sure that at 18, 19, 20 they're not
with organized crime and the Hell's Angels. Create a situation where, at 18, 19, and 20, they come to a public service that gives
them a product that is not tainted, with information about the effects on the brain. The Hell's Angels, the dealers will
not give this information; they
will not give good quality. It may be tainted, it may be dangerous.
So, we're looking at
public health professionals that tell us: This is the best way to try to stem
the problem, never to leave it in the hands of organized crime.
Le Modérateur
: Merci.
Mme Fletcher
(Raquel) : Moi, j'ai des questions aussi!
Le Modérateur
: Mme Fletcher, micro de droite.
Mme Fletcher
(Raquel) : Just on another question on
marijuana as well. You know, we've been asking questions. Mr. Barrette has been
making statements since the caucus in Val-d'Or for a couple weeks. They still haven't presented a plan. Although,
to my understanding, the public consultations have finished. Do you think that they're dragging their heels on
this? What is your take on that?
M. Lisée
: I'm not sure. Maybe they haven't made the decision on some of the
items. It's not for me to say.
Mme Fletcher
(Raquel) : Do you see a problem with them
taking their time?
M. Lisée
: Well, I think, you know, other provinces have tabled and adopted
legislation months ago. They're far afield in trying to implement that for
July 1st of next year. Every passing week is a week lost in trying to be
organized. And my main concern is to correctly inform the population, especially the young, that
although it's going to be legal it is harmful to your brain.
Mme Fletcher
(Raquel) :OK. On just another issue, the Government plans to adopt Bill 99, modifying the Youth Protection Act.
Are you satisfied with this bill that they've presented and do you think that
there will be significant change coming from that?
M. Lisée
: Well, we worked from the outset on this bill. We had a good
collaboration, by the way, with the minister. I started the consultation; Dave Turcotte finished. I
think there are important
improvements in the bill, both for the youth, for young women, for First
Nations in Québec. There are clear improvements, yes.
Le Modérateur
: Merci.
M. Lisée
: Thank you.
(Fin à 8 h 39)