(Huit heures trente-sept minutes)
M.
Caire
:
Alors, bonjour, tout le monde. Aujourd'hui, évidemment, réagir à une autre
tuile sur la tête du Parti libéral, le témoignage de Mme Trépanier à la commission
Charbonneau, qui semble être contredit par ses propres courriels.
Ce que ça indique surtout, c'est un système
libéral de nomination partisane, un système rigoureux, un système strict, un système
qui a bien été respecté. C'est-à-dire qu'il y a un don, un post-it, une job. Et
ça, on ne déroge pas de ce planning-là de la part du Parti libéral.
Ce que ça amène maintenant comme réaction,
c'est : Qu'est-ce que Philippe Couillard, qu'est-ce que le premier
ministre, qu'est-ce que la chef du Parti libéral va faire? Il dit, il répète à
satiété que ça, c'est l'héritage de l'aire Charest. Ça, c'est le passé. Ça n'a
rien à voir avec son administration. Mais je suis désolé, mais ça a tout à voir
avec son administration. Et, si Philippe Couillard est sérieux, si vraiment il
veut rompre avec l'aire Charest, il doit faire les vérifications nécessaires
pour savoir qui, dans l'appareil public, a obtenu son poste en raison de son
allégeance ou de donations au Parti libéral du Québec. Alors, soit il condamne,
soit il cautionne, mais il ne peut pas rester assis sur la clôture. Pour nous,
c'est très clair. Et c'est la raison pour laquelle, aujourd'hui, nous lui
demandons de procéder à cette vérification-là parce qu'il y a quelques semaines
on parlait des Gilles et aujourd'hui on parle des nominations partisanes.
Alors, moi, ce matin, je suis
fonctionnaire. À ma gauche, j'ai un Gilles, à ma droite, j'ai un donateur
libéral. Qu'est-ce que je fais, là? C'est à ça que ça sert, la fonction
publique, au Québec, pour le Parti libéral? Nous, on dit non. Il faut que ça
arrête, il faut que ça arrête maintenant. Et le premier geste fort à poser,
c'est de s'assurer qu'il y a une vérification sur le nombre de personnes qui
doivent leur poste à leur allégeance libérale. Et c'est ce qu'on demande au premier
ministre ce matin.
Le Modérateur
: Merci
beaucoup, M. Caire. Alain Laforest, TVA Nouvelles.
M. Laforest (Alain) :
Bonjour, M. Caire. Le gouvernement ne cesse de répéter que tout est sous
enquête, que l'UPAC fait son travail, que le directeur des poursuites
criminelles fait son travail, et de laisser les institutions faire leur
travail. Est-ce que vous avez confiance aux institutions? Est-ce que vous
croyez que les institutions vont faire leur travail?
M.
Caire
: Bien,
écoutez, j'ai confiance aux institutions. Maintenant, il y en a un qui ne
semble jamais être au travail, c'est le gouvernement libéral. Oui, j'ai
confiance à la Vérificatrice générale, oui, j'ai confiance en l'UPAC. Mon
problème n'est pas là. Mon problème, c'est qu'on parle de nominations
partisanes, nominations qui sont en lien avec des allégeances politiques ou des
dons au Parti libéral qui ont conduit à des nominations à des conseils
d'administration ou à des postes en autorité dans l'appareil public. Alors, ça,
il faut qu'il y ait une vérification qui se fasse. Et, si Philippe Couillard
est sérieux, parce qu'il nous dit toujours : Ça, c'est l'aire Charest, bien,
ce matin, il a l'occasion de condamner ça et de dire : Écoutez, ce que
j'apprends me choque, ce que j'apprends me bouleverse, et j'annonce qu'il y
aura une vérification de tous les emplois, dans la fonction publique, qui sont
le fait de donations ou d'allégeance libérale. Sinon, s'il ne fait pas ça,
bien, il faut comprendre que Philippe Couillard cautionne ce qui s'est passé. Et,
à partir de là, l'héritage de Jean Charest, ce n'est pas l'héritage de Jean
Charest, c'est l'héritage libéral.
M. Laforest (Alain) :
Comment vous interprétez le fait, dans la séquence des événements, qu'il y a
cinq jours les allégations de M. Francoeur, tout le monde disait que
c'était grave et qu'il a fallu cinq jours pour qu'on déclenche une enquête
criminelle? Aujourd'hui, on arrive avec des allégations où quelqu'un se serait
parjuré devant la commission Charbonneau. Est-ce que ça doit prendre autant de
temps pour réagir?
M.
Caire
: Bien,
j'espère que non. J'espère que non. Écoutez, c'est pour ça qu'aujourd'hui on
dit : Le premier ministre doit agir — contrairement à son
habitude — rapidement, promptement, et ne pas faire comme il a fait,
en fait, jusque depuis le début de son mandat, être dans le déni.
Alors, c'est quoi, la défense de Philippe
Couillard? C'est dire : Non, ce n'est pas arrivé, non, ce n'est pas aussi
grave. Les oppositions font tout un spectacle avec ça, et ce n'est pas moi,
c'est Jean Charest. Ça, c'est sa ligne de défense. Bien là, ce matin, là, il
faut que ça arrête parce que ce qu'on comprend c'est qu'il y avait un système
de nomination basé sur les dons et l'allégeance au Parti libéral. Et, si le
premier ministre s'en scandalise comme nous, bien, il doit faire les
vérifications. S'il ne fait pas de vérification, si, encore une fois, il nous
sert ses réponses insipides, inodores, incolores et sans saveur, bien, c'est
parce qu'il le cautionne et il fait sien l'héritage de Jean Charest.
Le Modérateur
:
Marc-André Gagnon, Journal de Montréal, Journal de Québec.
M. Gagnon (Marc-André) : Donc,
vous lancez un appel, vous demandez à Philippe Couillard de faire une espèce de
grand ménage dans la fonction publique, dans les conseils d'administration, en
fonction de leur allégeance politique, mais il n'y a sûrement pas juste des
incompétents, là, même s'ils sont d'allégeance libérale. Il y en a peut-être
qui sont d'autres allégeances politiques.Ce n'est pas un peu difficile de se
lancer dans un ménage comme ça?
M.
Caire
: Bien,
c'est peut-être difficile, mais c'est surtout ô combien nécessaire. Je vous
rappelle John MacKay, John MacKay, qui est à la tête de la SEPAQ, John MacKay
qui dit : Absolument. Je suis qualifié pour aller là. Écoutez, j'ai déjà
fait du camping sur les terrains de la SEPAQ, donc je suis qualifié pour être
le P.D.G. de l'organisation. Je veux dire, il y a des aberrations comme ça qui
doivent cesser parce que ça discrédite la fonction publique, ça discrédite les
postes. On ne veut pas ça.
On le dit, on le répète, on a une fonction
publique qui est compétente, on a une fonction publique qui est nécessaire à la
prestation de services publics. Et, quand on a un tant soit peu de respect pour
cette fonction publique là, bien, on ne se livre pas à ce qu'on apprend ce
matin dans le journal, c'est-à-dire le processus libéral établi par Violette
Trépanier : un don, un post-it, une job.
M. Gagnon (Marc-André) :
Selon vous, Mme Trépanier a menti?
M.
Caire
:
Écoutez, selon ce qu'on voit dans l'article, selon ce qu'on voit de ce qu'elle
a témoigné puis des courriels qu'elle a envoyés, il y a clairement un écart
entre les deux, là.
M. Gagnon (Marc-André) :
M. Lisée suggère une enquête pour parjure. Est-ce qu'elle devrait à tout
le moins s'expliquer?
M.
Caire
: Bien,
écoutez, je vais faire référence à la question de M. Laforest. C'est là où
je pense qu'on doit faire confiance à nos institutions. Les policiers ont pris
connaissance, comme nous tous, de ces informations-là, et je suis confiant que,
s'il y a là matière à enquête, ils vont ouvrir les enquêtes nécessaires.
Le Modérateur
: Simon
Boivin, journal Le Soleil.
M. Boivin (Simon) : M.
Caire, vous suggérez qu'on remonte jusqu'à quand pour ces vérifications-là? De
l'entrée au pouvoir du gouvernement Charest, 2003? Vous suggérez qu'on procède
comment exactement? Qu'on vérifie si une personne a donné au Parti libéral?
Comment vous suggérez qu'on procède puis jusqu'où vous voulez qu'on remonte?
M.
Caire
: Bien,
écoutez, d'abord, sur le comment, moi, je pense qu'il faut revoir l'ensemble
des emplois qui ont été pourvus par le gouvernement Charest. Donc, ça répond à
votre deuxième question : par le gouvernement Charest et le gouvernement
de Philippe Couillard, d'une part. Et, d'autre part, je pense qu'il va être
assez facile d'établir si ces gens-là ont été nommés en fonction d'une
allégeance politique. Donc, on l'a vu, là, dans les courriels qui ont été
rendus publics, il y a quand même des faits qui sont assez troublants sur le
fait que, bon, on s'inquiète de ce que cette personne-là est fédéraliste. Bien,
est-ce que c'est un critère, ça, pour nommer quelqu'un? Est-ce que cette personne-là
est membre du parti? Est-ce que c'est un critère, ça, pour nommer quelqu'un?
Est-ce que cette personne-là est un bon donateur libéral, hein? Quelqu'un qui
s'inquiétait d'un projet de construction d'un CLSC puis c'est un donateur. Ce
n'est pas un critère, ça, pour savoir si un projet va de l'avant ou non, s'il
l'a octroyé à tel ou tel. Ce n'est pas des critères. Ce n'est pas des critères.
Donc, à toutes les fois où on peut faire
la démonstration que ces critères-là sont intervenus, bien, moi, je pense qu'il
faut agir en conséquence.
M. Boivin (Simon) : Mais
juste une sous-question sur cette question-là. Le fait d'avoir donné au Parti
libéral, est-ce que ça vous disqualifie pour occuper un poste de la fonction
publique qui découle d'une nomination?
M.
Caire
: Bon,
d'abord, ça dépend quel poste. On va s'entendre. Il y a des postes où je pense
qu'il faut être exempt de ça. Mais, non, ça ne disqualifie pas pour l'ensemble
des postes de la fonction publique, c'est très clair. Le fait d'appartenir à un
parti politique ne le disqualifie pas. Par contre, on a le discours inverse. Ce
n'est pas : A-t-il été disqualifié parce que? C'est : A-t-il été
nommé parce que? Donc, ça ne doit pas être un critère, point. On est dans
l'absolu, là. Ça ne peut pas être un critère. Le fait d'être ou de ne pas être
membre d'un parti politique ne doit en aucun temps interférer dans le fait
d'une nomination ou d'une non-nomination.
M. Boivin (Simon) :
Advenant le cas où M. Couillard ne se plie pas à votre demande, est-ce que
vous vous engagez, la CAQ, à ce que, si vous prenez le pouvoir, vous allez
mener cette espèce d'enquête pour purger, là, la fonction publique puis les
sociétés d'État de tout ce qu'il peut y avoir de nominations partisanes
libérales? Est-ce que vous vous engagez à faire ça?
M.
Caire
: Je
vais attention au mot «purger» parce que l'idée, ce n'est pas la purge, c'est
de s'assurer de la compétence des individus et du bien-fondé de leur
nomination. Donc, oui, à cette question-là. Et ensuite, vous le savez, mon
collègue Benoit Charrette, député de Deux-Montagnes, a déposé un projet de loi
assez exhaustif sur les nominations partisanes. Donc, de quelle façon la CAQ
agirait dans le cadre de nomination, bien, écoutez, on a écrit un projet de loi
pour l'expliquer, là. Je pense que c'est assez clair, ce que nous, on souhaite
faire pour éviter qu'une nomination soit partisane.
M. Boivin (Simon) : Sur
les nominations passées, là, les nominations du gouvernement libéral, vous
feriez...
M.
Caire
: Oui,
oui, les vérifications en question. Comme j'ai dit, oui, c'est juste le mot
«purge» que je n'aimais pas parce que je ne veux pas qu'on ait l'impression que
la CAQ se livrerait à une chasse à tout ce qui est autre que caquiste, là. Ce
n'est pas l'objectif. Comme j'ai dit, notre objectif à nous, c'est de s'assurer
que l'allégeance politique n'est pas un critère ni d'un côté ni de l'autre,
strictes compétences.
Le Modérateur
: Hugo
Lavallée. Radio-Canada.
M. Lavallée (Hugo) :
Oui, bonjour. On apprenait hier que la circonscription de M. Poëti aurait
été offerte par les libéraux de façon non officielle, mais tout de même, à M. Francoeur
de la fraternité des policiers. Qu'est-ce que vous déduisez de cet
événement-là?
M.
Caire
:
Écoutez, loin de moi l'idée de commenter comment les libéraux gèrent leurs
candidatures. Par contre, la circonscription de Marguerite-Bourgeoys est
disponible pour un excellent candidat à la CAQ.
M. Lavallée (Hugo) : Ça
ne vous dit rien sur l'état d'esprit au sein du Parti libéral?
M.
Caire
: Bien,
c'est sûr que, mettons — là, on va vous donner une réponse théorique,
hein, très théorique — que je suis quelqu'un d'intègre et que je suis
au Parti libéral, c'est sûr que je dois avoir envie de prendre au moins deux
douches par jour.
Mme Plante (Caroline) :
Allez-vous courtiser M. Francoeur? Parce que, là, M. Lisée nous
disait tantôt qu'il serait peut-être intéressé. Vous, à la CAQ, ça vous
intéresse aussi sa candidature?
M.
Caire
:
Bien, écoutez, est-ce que M. Francoeur nous intéresse? C'est certainement
quelqu'un qui, dans l'espace public, vient de faire sa marque. Ceci étant dit,
avant de décider si quelqu'un est candidat dans une formation politique, encore
faut-il s'assurer que cette personne-là partage nos points de vue, partage nos
objectifs, partage notre vision du Québec. Je n'ai aucune idée si c'est le cas
de M. Francoeur. Donc, encore là, c'est sur le simple fait que
M. Francoeur, sur sa déclaration, a été un coup de tonnerre dans un ciel
bleu. À dire qu'on veut en faire un candidat, je ne sais pas. Ce serait très
certainement intéressant à rencontrer M. Francoeur et jaser de politique
avec lui si le coeur lui en dit, mais de là à dire qu'il serait candidat de la
CAQ... Jusqu'à quel point M. Francoeur épouse nos idées et notre
programme, je n'en ai aucune idée.
Mme Plante (Caroline) :
Sur les nominations partisanes, il y en a sûrement eu, des nominations
partisanes péquistes aussi. Est-ce que vous feriez le même exercice pour tout
ce qui touche au PQ aussi?
M.
Caire
:
Bien, c'est clair qu'une nomination partisane ne doit pas avoir de couleur. Je
veux dire, le fait de condamner ça, on n'a pas de couleur quand on condamne une
nomination partisane.
Mme Plante (Caroline) :
Vous avez beaucoup parlé du Parti libéral, mais il y a eu des nominations
partisanes péquistes aussi.
M.
Caire
: Oui,
je comprends, mais, quand même, il faut quand même admettre que, depuis 2003,
avec une brève interruption, c'est quand même un gouvernement libéral qui est
en poste, d'une part. D'autre part, on a de nombreux exemples de liens entre
l'allégeance et/ou une contribution politique et une nomination, puis c'est
tout rattaché au Parti libéral. Ceci étant dit, est-ce que le gouvernement
péquiste s'est livré lui-même à des nominations partisanes? C'est très possible
puis, si c'est le cas, c'est tout aussi condamnable, et il n'y a pas de bonne
nomination partisane.
Mme Plante (Caroline) :
À quoi vous attendez-vous du témoignage de Robert Lafrenière demain en
crédits?
M.
Caire
:
Bien, je m'attends à ce que M. Lafrenière puisse faire le bilan de son
organisation, l'UPAC, parce qu'il y a quand même des sommes importantes qui
sont octroyées à l'UPAC. Donc, on s'attend à ce que M. Lafrenière puisse
nous présenter le bilan des actions qui ont été faites, les réalisations de
l'UPAC et non pas celles de Marteau, comprenons-nous bien, parce que Marteau,
les enquêtes de Marteau sont des enquêtes qui appartiennent à Marteau. Mais qu'est-ce
que l'UPAC a fait? Quelles sont les enquêtes — puis sans entrer
évidemment dans le fin détail des enquêtes, là, vous
comprendrez — qui relèvent vraiment de l'UPAC, et quel est le bilan?
Je pense que c'est essentiellement ce qu'on va demander à tout responsable
d'une organisation, quel est le bilan de son organisation.
Le Modérateur
: Ryan
Hicks, CBC.
M. Hicks
(Ryan) : Good morning.
M.
Caire
:
Good morning.
M. Hicks
(Ryan) : So, these
emails, these latest emails, what do they show?
M.
Caire
:
They show that there are contradictions between the testimony of Mme Trépanier
on the Charbonneau commission and what she really did with partisan
nominations. Those people were close from the Parti libéral du Québec, clearly
advantaged when it's time to be nominated on a board or to obtain contracts.
So, that shows it, I think.
M. Hicks
(Ryan) : You said that, if someone makes a
donation, their name gets on a post note and then they get a job.
M.
Caire
:
Yes, yes. That's the procedure in the Liberal Party, put in place by Mme
Trépanier, obviously : a donation, a post-it and a job. And it's clear
that was the path followed by everyone who wanted a job and who intervened with
Mme Trépanier.
M. Hicks
(Ryan) : What do you think the Premier should
do at this point?
M.
Caire
:
He should do a large inquiry to make sure that all those partisan nominations
are put away because he claimed that he's not Jean Charest, he's not the one
who did it, but he has now an occasion to cut with the past, to cut with the Charest's
administration. Will he do it? I don't know. I hope so.
M. Hicks
(Ryan) : Merci.
Le Modérateur
:
Maya Johnson, CTV.
Mme Johnson
(Maya) : Good morning, Mr. Caire.
M.
Caire
:
Good morning.
Mme Johnson
(Maya) : Is there some frustration within the
CAQ that what is happening with the Liberal Party right now is overshadowing
larger issues that really affect the day-to-day lives of Quebeckers such as the
health care system, for example?
M.
Caire
:
Well, obviously, we'd rather talk about other issues than ethics. Obviously,
we'd rather talk about health care, education, economy, but there is no other
choice for us to question the Government about that because it's so important.
And the testimony of Mme Trépanier is a good example of that because a lot of
people working in the public administration as a civil servant were nominated
because of their allegiance, because of their donations, and it's not a right
criterion. So, we must clean up the house and we must do it now. So, the one
who can do it is the Premier. So, will we do it? We hope
so. Thank you very much.
Mme Johnson
(Maya) : Merci.
(Fin à 8 h 54)