(Onze heures seize minutes)
M. Khadir
: Alors,
bonjour, tout le monde. Merci d'être présents. La situation de la sécurité à
l'aéroport de Montréal, bien sûr, a été portée à notre attention, et ça nous
préoccupe. L'idée que des gens avec des penchants pour le terrorisme islamique
puissent avoir accès au tarmac, avoir accès aux avions, ça ne fait pas bon
ménage avec le sentiment de sécurité. J'espère que les autorités de l'aéroport
qui ont répondu au reportage de J.E. sont pleinement conscientes de
cette préoccupation.
Il y a une dizaine d'années, on avait la
préoccupation pour les Hell's Angels, on se rappellera, là, qui,
malheureusement, avaient aussi, disons, des intérêts là et cherchaient à
infiltrer l'aéroport. Alors, il ne faudra pas que ça puisse être le cas
aujourd'hui pour des gens qui ont, sous divers prétextes, accès à l'aéroport et
qui, en même temps, puissent entretenir une quelconque sympathie pour le
mouvement terroriste qui se cache derrière l'islam radicalisé.
L'autre élément dans tout ça, c'est sûr
que la ligne est très mince entre tout ce qu'on fait pour assurer la sécurité,
compte tenu de ces dimensions géopolitiques que je viens de mentionner, et le
profilage racial. Il ne faudrait pas non plus qu'on tombe dans une espèce
d'obsession sécuritaire qui fait en sorte qu'on glisse sur la pente du
profilage racial.
Donc, j'espère que les différents niveaux
d'autorité ne se renverront pas la balle. Je pense que et M. Garneau, et M.
Coiteux, et les autorités de l'aéroport doivent plutôt travailler ensemble et
chacun agir de manière responsable devant cette situation à l'aéroport
Montréal-Trudeau. Voilà.
Mme Prince (Véronique) : M.
Khadir, qu'est-ce qu'il faudrait changer peut-être à l'avenir? Est-ce que les
inspections qui sont faites sur ces personnes-là à l'embauche devraient être
encore plus serrées? Est-ce qu'on devrait trouver des procédures pour pouvoir
leur empêcher carrément d'entrer à l'aéroport et de continuer d'y travailler?
Qu'est-ce qu'on peut faire de plus?
M. Khadir
: Bien, ce
que des sources… ce qu'une équipe de journalistes a essayé de faire, je suis
persuadé que les différentes agences de contrôle de sécurité devraient pouvoir
faire encore plus aisément. Donc, d'abord, s'assurer qu'il y a un contrôle sur
les activités et la nature des orientations et des penchants des différentes
personnes qui travaillent là.
Deuxièmement, c'est qu'il faut quand même
s'assurer que le fait que ça soit sous gestion privée puis qu'on multiplie les
contrats à des sous-contractants privés, ce ne soit pas autant de failles dans
le système, hein? On imagine bien, par exemple, ici, à l'Assemblée nationale,
les équipes politiques... je prends un exemple, là, les équipes politiques ne
relèguent pas à des équipes à l'extérieur du cadre politique quand il s'agit
d'enjeux qui ont une importance stratégique politique, qui doivent rester à
l'interne, qui sont des débats à l'interne. On le fait à l'interne.
Donc, dans des questions qui touchent la
sécurité, s'il y a une place où, j'espère, la voie de recours plus importants
et plus systématiques à de l'expertise interne au public fait sens, c'est bien
celle-là. Alors, je sais qu'on a un débat là-dessus depuis des années. Nous, on
pense que ça coûte juste trop cher pour le système, mais, en plus, c'est que ça
pourrait être... je me questionne si là il n'y a pas des failles dans des
couches successives de recours à des sous-contractants privés, autant de
problèmes qui surgissent.
M. Boivin (Mathieu) : M.
Khadir, est-ce que c'est valable, d'après vous, que les gens dont on a la
démonstration qu'ils sont en processus de radicalisation conservent leur
emploi? Je sais qu'on les a déplacés d'endroits, des secteurs sensibles. C'est
des gens qui continuent à être à l'emploi de l'aéroport. Est-ce que, d'après
vous, c'est des motifs qui pourraient, à leur face même, être suffisants pour
justifier des congédiements?
M. Khadir
: Bien, ce
qui justifie les congédiements, c'est s'il y a des gestes et actes répréhensibles
qui ont été posés, hein? On est en société de droit. On ne se base pas sur de
simples suspicions pour congédier les gens.
Maintenant, c'est sûr que les responsables
doivent quand même tenir compte de tout ça, puis, d'après ce que je comprends,
on a affecté cette personne à des tâches qui le mettent hors d'état de pouvoir
avoir un impact sur la sécurité. Moi, je pense que c'est valable. Il ne faut
pas tomber dans la chasse aux sorcières. C'est au départ, c'est dans
l'accompagnement qu'il faut prévoir ces choses-là, maintenant qu'on voit qu'il
y a des cas comme ça qui surviennent.
M. Croteau (Martin) : Sur un
autre sujet, est-ce qu'il faut interdire le double emploi aux officiers de la
SQ comme envisage de le faire le ministre Coiteux?
M. Khadir
: Je suis
juste étonné que c'est maintenant qu'on se réveille. Je suis un peu étonné
parce que là c'est des positions très, très sensibles à ce niveau
d'intervention. Que la personne puisse, en même temps, à parts égales, un
courtier immobilier... ça m'étonne un peu, et moi, je pense qu'on aurait dû...
Il me semble qu'à chaque fois ce gouvernement-là se réveille alentour d'une
controverse ou d'une crise révélée par les médias. Il y a un problème, là, de
compétence de ce gouvernement dans la gestion des affaires publiques. Merci.
(Fin à 11 h 21)