(Onze heures trente-neuf minutes)
Mme Poirier
: Merci.
Bonjour. Ce matin, nous sommes là parce que j'ai déposé une pétition de
1 872 pétitionnaires qui réclament, finalement, qu'en fonction de
l'accessibilité au numérique... et on nomme... on le nomme pour une première
fois, je pense, la fracture numérique. Alors, la fracture numérique, c'est
quoi? C'est le fait de ne pas avoir accès à l'Internet, de ne pas avoir accès à
du matériel informatique. Et je suis accompagnée ce matin, comme l'a nommé Valérie,
de La Puce communautaire, Informatique pour tous et Parole d'excluEs, qui vont
vous expliquer en détail de quoi il s'agit.
Alors, je passe la parole à Mme Lise
Vincelette. Ah? Est-ce que c'est toi? Bien, vas-y, vas-y. Louise St-Jacques, La
Puce communautaire.
Mme St-Jacques (Louise) :
Alors, bonjour. Évidemment, je ne vous annonce rien en vous disant que, dans
les technologies, ça évolue très rapidement, c'est en changement continuel et
ce n'est pas à la veille de changer. Donc, notre société s'informatise de plus
en plus. Ce n'est pas, aussi, une grande nouvelle que de dire que ça influence
tous les secteurs de notre vie, que ce soit de la façon dont on travaille ou de
la façon dont on cherche un emploi, de la façon dont on se divertit, on
s'informe et maintenant on se forme, et comment on consomme, et comment on
utilise les services, tous les services, les services financiers et les
services gouvernementaux.
Alors, on voit qu'avec l'avancée des
technologies, qui n'arrêteront pas, l'implication dans nos vies, qui est
constante, de connaître l'informatique devient une compétence de base comme le
français, comme l'anglais. Donc, pour bien vivre dans notre société, tous les
citoyens et citoyennes devraient avoir accès au numérique et être capables de
jouer tous ces rôles et devenir un citoyen à part entière.
Mais on se rend compte qu'il y a des
exclusions. Il y a des gens qui n'ont pas accès, pas accès soit à cause qu'ils
n'ont pas accès à l'équipement, pas accès à cause qu'ils n'ont pas l'Internet,
accès parce qu'ils n'ont pas le savoir-faire et qu'ils n'ont pas les moyens
d'être accompagnés dans ce savoir-faire-là d'utilisation égale à l'ordinateur
et à l'Internet. Alors, dans ce sens-là, on a des gens qui sont exclus. Et les
gens qui sont exclus sont des gens, évidemment, à faibles revenus, qui n'ont
pas accès aux ordinateurs et à la formation, les gens qui sont plus âgés, qui
ont moins accès à Internet, et les familles peu scolarisées sont souvent aussi
les plus démunies.
Alors, devant cette fracture-là qui est
là, on ne voudrait pas que le pont s'agrandisse, on voudrait qu'il se
rétrécisse et qu'il soit là de façon permanente. C'est un peu le geste qu'on
pose aujourd'hui en souhaitant adresser la fracture numérique et souhaiter
qu'il y ait une volonté pour qu'elle se résorbe. Merci à vous.
La Modératrice
: Merci,
Mme St-Jacques. Maintenant, Mme Lise Vincelette.
Mme Vincelette (Lise) :
Moi, je viens ici... Je suis membre du groupe Informatique pour tous. Je viens
vous expliquer un problème de beaucoup de citoyens. Il y a beaucoup de citoyens
qui vivent en situation d'exclusion informatique. Je voulais apprendre l'informatique
et les logiciels. À cet effet, je devais prendre des cours de base pour
m'initier à l'ordinateur et apprendre comment fonctionne Excel. Je voulais devenir
commis-comptable. Le problème, j'avais de la difficulté à comprendre le fonctionnement
de l'ordinateur et aller à la vitesse des autres élèves dans la classe. Je
n'avais pas un encadrement personnalisé, j'étais toujours en retard, alors il a
fallu que j'abandonne mon cours, ainsi que beaucoup d'autres élèves.
Puis j'ai eu de l'information. On m'a
informée qu'il y avait une maison qui s'appelle Parole d'excluEs où on donnait
des cours en informatique et dans d'autres programmes. Alors, j'ai été là. On appelle
ça, je crois, La Puce communautaire. Je commençais bien à maîtriser le fonctionnement,
l'ordinateur, mais ça a été discontinué par les coupures budgétaires du gouvernement.
Je vous présente ma cause en exemple pour affirmer qu'il est essentiel que le gouvernement
subventionne un programme de formation de base en informatique comme auparavant,
puis ça va aider beaucoup de gens à pouvoir se retrouver un emploi. Merci.
La Modératrice
: Merci.
Mme Amélie Daigle, maintenant.
Mme Daigle (Amélie) :
Donc, en fait, comme mes collègues viennent de l'expliquer, l'exclusion
informatique existe, elle est bien réelle. On avait envie de vous donner un
autre exemple pour expliquer comment, oui, les technologies de l'information et
des communications peuvent conduire encore à une plus grande exclusion.
Parole d'excluEs, on est en train de
développer, avec des partenaires et un comité citoyen, l'ouverture d'un CPE
dans un quartier qui est marqué par la pauvreté, et on soutient ensemble les citoyens
qui vont inscrire leurs enfants en passant par la plateforme technologique 0-5 ans.
Ce qu'on a constaté, à travers le soutien qu'on a fait auprès des personnes qui
souhaitent inscrire leurs enfants, c'est qu'en réalité plusieurs d'entre elles
manquaient de compétences pour être en mesure de bien remplir les formulaires. Qu'est-ce
qu'on voit comme conséquence directe de cette réalité-là? C'est que ces
enfants-là ou ces familles-là, quand les administrateurs des CPE les
cherchaient dans le logiciel, les cherchaient dans la liste pour pouvoir les
inscrire au CPE, ils étaient absolument introuvables. Ce que ça veut dire,
c'est que, si on n'était pas là et qu'on n'était pas en processus
d'accompagnement, en communication avec le CPE, ces gens n'auraient jamais accès
à un service de garde qui est supposément accessible à tous. Ce n'est pas le cas
dans un cas comme celui-là.
Donc, ça démontre vraiment comment des
faibles compétences en littératie numérique, bien, ça constitue un obstacle
majeur à l'accès égalitaire à des services gouvernementaux et à d'autres
services administratifs qui, tranquillement, migrent de plus en plus vers
Internet.
C'est donc pour toutes ces raisons-là que
le groupe Informatique pour tous, Parole d'excluEs, La Puce communautaire ont
décidé de travailler à une pétition. Et aujourd'hui on est fiers de présenter
au-dessus de 1 800 signatures pour exiger que le gouvernement agisse
de manière cohérente pour favoriser l'accès aux technologies de l'information
et des communications. Ce qu'on réclame? On réclame que le gouvernement du
Québec s'engage à garantir l'accès à l'informatique pour tous. Comment? Par un
programme de formation permanent, continu, à travers des organismes
communautaires de proximité qui sont déjà en communication, en contact avec des
populations qui sont en exclusion, qui vivent de l'exclusion déjà et en plus
cette exclusion numérique, d'offrir des formations qui visent l'acquisition des
compétences, l'actualisation de ces connaissances, un esprit critique aussi à
l'usage des technologies de l'information et des communications.
On souhaite que ce programme puisse
renouveler et actualiser les laboratoires d'informatique dans les organisations
communautaires de proximité et que ce soit un programme de formation
structurant à la grandeur de la province du Québec, qu'il soit gratuit et
adapté aux besoins des personnes qui vivent en situation d'exclusion numérique.
La Modératrice : Merci, Mme Mireille
Jean.
Mme Jean : Merci. Alors, merci
beaucoup, tout le monde. Donc, c'est à titre de porte-parole de l'opposition
officielle au niveau de l'économie numérique que je vous adresse la parole
aujourd'hui. Lorsqu'on parle d'économie numérique, on entend souvent ou on
sous-entend souvent que c'est important, essentiel pour les gens d'affaires,
pour les entreprises. On comprend qu'Internet, que l'accès aux économies
numériques, aux technologies numériques permet d'augmenter la productivité des
entreprises, leur donne une vitrine sur le monde entier et permet au monde entier
de savoir qu'ils existent, donc ça augmente la productivité, la rentabilité et
l'efficacité de nos entreprises. Normalement, lorsqu'on parle d'économie numérique,
souvent, on va penser à ça.
Aujourd'hui, on a des témoignages que
l'économie numérique ne se limite pas aux transactions financières, aux
transactions commerciales des gens d'affaires. L'économie numérique, ça touche
aussi chacun des individus. Internet, les technologies d'aujourd'hui nous
permettent d'avoir accès au monde, nous permettent, par exemple, d'avoir accès
à des encyclopédies internationales. Lorsqu'on voit qu'il y a des personnes qui
sont exclues de ce monde-là, c'est des personnes qui n'ont pas accès aux
possibilités de s'épanouir, aux possibilités de s'épanouir intellectuellement,
économiquement et socialement. Donc, c'est important que le gouvernement
considère que, oui, l'économie numérique, c'est important qu'on supporte
l'implantation des technologies auprès des gens d'affaires, des entreprises, c'est
essentiel, mais c'est aussi important de considérer les individus ou les citoyens
du Québec qui n'ont pas accès actuellement et qui ont besoin de formation, qui
ont besoin d'infrastructures et que, dans toute politique d'économie numérique,
ces personnes-là doivent être aussi considérées. Merci.
La Modératrice
: Merci.
On va maintenant passer à période de questions. Pas de questions? Merci
beaucoup.
(Fin à 11 h 49)